Faim de vie. Le témoignage poignant d'une fin de vie
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FAIM DE VIE<br />
rue du Moulineau. L’humidité montait <strong>de</strong> tous les<br />
murs, aussi, nous nous étions réfugiés dans la<br />
pièce la plus salubre que nos parents chauffaient<br />
jour et nuit.<br />
Papa avait installé un petit lit d’un mètre vingt<br />
pour eux près <strong>de</strong> la cheminée, pour Marie-Ange,<br />
on regroupait les <strong>de</strong>ux fauteuils du salon face à<br />
face et je dormais sur le divan. Un matin, papa<br />
nous a réveillées en nous annonçant que maman<br />
était allée «chercher» une petite sœur. Nous baignions<br />
dans une telle naïveté que nous n’avions<br />
pas remarqué que le ventre <strong>de</strong> maman s’était arrondi<br />
et qu’une <strong>vie</strong> s’y était préparée en silence.<br />
Laurence était l’enfant <strong>de</strong>s retrouvailles, fruit<br />
<strong>de</strong> la rencontre d’amour <strong>de</strong> mes parents au soir<br />
<strong>de</strong> notre arrivée le 19 mars après une séparation<br />
<strong>de</strong> plusieurs mois.<br />
Laurence portait en elle toute la peine <strong>de</strong><br />
maman qui pleurait l’éloignement <strong>de</strong> ses parents,<br />
son déracinement sur une terre étrangère;<br />
elle portait tout l’espoir d’une <strong>vie</strong> nouvelle où<br />
tout était à découvrir.<br />
Mais cet espoir était empreint d’angoisses car<br />
tout était «peurs» pour maman :peur <strong>de</strong> ne pas<br />
comprendre, d’être incompris; peur <strong>de</strong> déranger,<br />
d’être agressés, rejetés.<br />
Pour tout cela, nos parents nous gardaient à<br />
distance <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> méconnu.<br />
Marie-Ange et moi avions connu l’ouverture<br />
sans limites <strong>de</strong> l’Andalousie, les maisons aux patios<br />
communautaires où petits et grands se regroupaient<br />
pour <strong>de</strong> longues soirées, les portes<br />
ouvertes à toute heure, les enfants qui passaient<br />
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