Henri Jarrié - Arcade PACA

Henri Jarrié [1924-2004]
plus haut de la hiérarchie, se situe la «musica mundana»,
l’harmonie des sphères. Un peu en dessous, vient la «musica
humana», qui considère que l’homme, en tant que
microcosme, est lui aussi régi par l’harmonie. Troisième
branche de la Musica, la «musica instrumentalis» concerne
l’art des sons, vocaux comme instrumentaux et l’art de la
composition. Elle maintient et fortifie l’âme, c’est-à-dire la
musica humana ; celle-ci reproduit le modèle de la musica
mundana, qui est un modèle d’ordre divin. Ainsi, par la
musique, se relient ciel et terre…
Les techniques sérielles, en grande partie fondées sur des
considérations d’ordre mathématique ne pouvaient que séduire
une personnalité imprégnée de philosophie médiévale
comme l’était Henri Jarrié. Faire confiance à la rigueur
de l’écriture n’occulte pas cependant pour lui le désir de
toucher et d’être compris. «Je cherche à écrire une musique
qui soit autonome comme art, tout en étant signifiante. Elle
doit avoir une signification humaine. Selon moi, la musique
est faite pour rassembler les hommes», disait-il lors
d’une interview avec Jean Abel, critique musical du Provençal,
en avril 68. Ce qui faisait qualifier son style de «sérialisme
à visage humain» par un autre critique. Clin d’œil
à l’expression de «socialisme à visage humain» utilisée à
l’époque pour les républiques soviétiques non alignées ; à
un moment où la musique contemporaine se situait dans un
sérialisme drastique.
Les caractéristiques de son style découlent de ces principes
d’ordre : une écriture linéaire, faisant appel au contrepoint,
aux imitations, aux renversements. Un tissage de courbes
ou de plans sonores se croisant, se mélangeant ou se répondant.
Une matière volontiers transparente, d’une grande
économie de moyens. Des pièces souvent très brèves, mais
cependant très construites, évitant tout bavardage ou tout
épanchement jugé inutile…
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