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Ces constats faits, l’erreur serait de compter les points pour<br />

opposer les un.e.s aux autres et d’asséner des généralités (“les<br />

filles ceci, les garçons cela”). Les garçons sont plus nombreux<br />

que les filles parmi les décrocheur.euse.s. Les femmes sont<br />

plus nombreuses que les hommes parmi les enseignant.e.s,<br />

notamment en primaire. Et l’on a tôt fait de corréler l’un et<br />

l’autre, diffusant l’idée que la féminisation de l’enseignement<br />

expliquerait l’échec des garçons. De même, le cliché court encore,<br />

notamment chez les intéressées, que les filles seraient “nulles en<br />

maths”. Les résultats des évaluations nationales montrent en fait<br />

que ce sont les garçons qui sont moins bons en français.<br />

ET POUR VOUS ?<br />

“LES IDENTITÉS MASCULINES ET<br />

FÉMININES, QUI S’ÉLABORENT LARGEMENT<br />

EN DEHORS DU CADRE SCOLAIRE,<br />

PRÉPARENT DIVERSEMENT LES GARÇONS<br />

ET LES FILLES À LEUR RÔLE D’ÉLÈVE.<br />

”<br />

Si les garçons sont souvent moins bons élèves que les filles,<br />

ce n’est pas parce que l’école serait sexiste, mais parce que<br />

la construction de l’identité masculine, qui passe notamment<br />

par la prise de risque, la confrontation à l’autorité (là où les<br />

filles apprennent précocement l’obéissance et la nécessité<br />

de se conformer à la règle ou la norme), s’accommode mal des<br />

règles du fonctionnement scolaire. Autrement dit, les identités<br />

masculines et féminines, qui s’élaborent largement en dehors<br />

du cadre scolaire, préparent diversement les garçons et les<br />

filles à leur rôle d’élève. Dans la plupart des milieux sociaux,<br />

les normes de féminité coïncident avec ce qu’on attend d’un.e<br />

bon.ne élève.<br />

Notre école fonctionne comme une caisse de résonance : elle<br />

amplifie des phénomènes observables dans nos sociétés. La<br />

mixité est une révolution pédagogique qui n’a pas porté ses<br />

fruits. Elle n’a pas été mise en œuvre pour produire de l’égalité<br />

entre les sexes, donc, sans surprise, elle n’en produit pas. D’un<br />

autre côté, lutter contre les inégalités à l’école ne passera pas<br />

par la non-mixité : on n’a jamais mis fin à une situation d’inégalité<br />

en prônant la ségrégation ! Il faut en revanche œuvrer à une<br />

mixité consciente et informée, pensée dans ses modalités<br />

comme dans ses effets, négatifs et positifs. Une mixité qui<br />

prend en compte les différences et veille à ce qu’elles ne<br />

génèrent plus de discriminations. n<br />

Onessa, 18 ans<br />

“Dans ma formation<br />

de sport-études,<br />

des professeur.e.s<br />

avantageaient les garçons.<br />

Pour un projet de classe, on<br />

a réalisé un dossier sur les<br />

stéréotypes dans le sport<br />

et on l’a fait remonter aux<br />

enseignant.e.s.”<br />

Priscilla, 27 ans<br />

“Je suis dans une filière<br />

agroalimentaire, on est<br />

50 % de filles et 50 %<br />

de garçons. L’égalité, c’est<br />

super : cela montre qu’on<br />

peut toutes et tous réussir<br />

dans les mêmes secteurs<br />

ou métiers.”<br />

Laetitia, 35 ans<br />

“Les étudiantes ne sont<br />

pas préparées à faire face<br />

aux inégalités dans le<br />

monde du travail, comme<br />

les différences d’évolution<br />

de carrière entre femmes<br />

et hommes. Il faudrait les<br />

sensibiliser à ces questions<br />

dès le secondaire.”<br />

Martin, 21 ans<br />

“Pour moi l’école ne parvient<br />

pas à contrer les inégalités,<br />

elle reproduit les différences<br />

crées par la famille,<br />

la société. C’est dommage :<br />

on ne devrait pas mettre<br />

les enfants dans des cases<br />

aussi vite et aussi tôt.”<br />

#18 I MARS-AVRIL 2017 I Parole d'experte I 13<br />

(1) Source : étude PISA OCDE 2015<br />

BIOGRAPHIE EXPRESS<br />

Historienne, agrégée et docteure, Muriel Salle est maîtresse<br />

de conférences en histoire à l’université Claude Bernard<br />

Lyon 1 depuis 2010. Elle est particulièrement investie dans<br />

la formation des enseignant.e.s et des professionnel.le.s<br />

de santé. Vice-présidente de l’Association de recherche pour<br />

le genre en éducation et formation (ARGEF), elle est aussi<br />

membre du groupe Genre égalité mixité (GEM) de l’École<br />

supérieure du professorat et de l’éducation.<br />

Denis, 39 ans<br />

“Souvent les enfants<br />

reproduisent des schémas,<br />

les garçons ne veulent<br />

pas que les filles jouent<br />

au foot... C’est à ce niveau<br />

là qu’il faudrait intervenir,<br />

dans la cour de récréation,<br />

dans les jeux.”<br />

Séverine, 41 ans<br />

“Je pense que les problèmes<br />

commencent surtout<br />

à se poser à partir du collège,<br />

à l’adolescence. Il faudrait<br />

encourager la pratique<br />

d’activités mixtes,<br />

pour montrer aux élèves<br />

qu’ils.elles peuvent tou.te.s<br />

faire les mêmes choses.”

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