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vient d’un village où il n’y a pas de lumière. “Là-bas, seuls les<br />

hommes sortent à la nuit tombée.”<br />

Le lundi et le vendredi soir, Doussou Konaté branche sa<br />

télévision sur les batteries de l’atelier et le village, tous âges<br />

confondus, se laisse emporter par Wiri Wiri, une série qui<br />

raconte les amours contrariés de Soumboulou et Jojo, parti<br />

en Europe. Un jour, elle espère brancher un petit frigo sur les<br />

batteries de son atelier, seules capables de supporter la charge<br />

de cet électroménager de luxe.<br />

Pour économiser ampoules et batteries, enfants et ados se<br />

réunissent pour faire leurs devoirs. L’ambiance est studieuse et<br />

joyeuse. On dit que les filles du village d’à côté, qui ne peuvent<br />

pas étudier le soir faute d’électricité, se marient beaucoup<br />

plus tôt qu’ici. Appuyé par l’ONG Tostan, relais du Barefoot<br />

College sur place, le succès de l’électrification de Keur Simbara<br />

a consolidé le rôle social des femmes, au travers de nombreuses<br />

associations. La commission solaire côtoie l’équipe de foot<br />

de filles, le club de danse, la coopérative des femmes. Baye<br />

Demba, le chef du village, consulte toujours les représentantes<br />

des femmes avant d’apposer son tampon encreur sur les<br />

documents.<br />

Le Barefoot College vient d’acquérir un terrain à Keur Simbara,<br />

pour construire un nouveau centre de formation. Ce sont<br />

les stagiaires du village aujourd’hui en Inde qui assureront<br />

leur formation. “Elles peuvent compter sur moi pour que<br />

je les épaule”, assure Doussou Konaté. “Les connaissances<br />

techniques nous donnent un plus. Mais notre vraie force est que<br />

nous savons nous entraider et transmettre.” n<br />

Aujourd’hui, c’est Dieynaba Diallo, une des filles de Doussou Konaté, qui monte sur le toit de l’atelier<br />

pour nettoyer les panneaux solaires. Doussou conduit les opérations du sol ferme !<br />

UNE EXPÉRIENCE QUI ESSAIME<br />

Le Barefoot College a d’abord appliqué sa philosophie à Tilonia,<br />

où des villageoises sont devenues expertes du solaire et ont<br />

développé de manière indépendante les techniques apprises<br />

lors de leur formation. Depuis le lancement du programme, il a<br />

formé un millier de solar mamas originaires de quatre-vingt-un<br />

pays, représentant 1 300 villages et 51 000 maisons. Ces solar<br />

mamas transmettent à leur tour leurs connaissances à des<br />

centaines de femmes. Trois Afghanes accueillies au Barefoot<br />

College ont par exemple permis à leur village d’être le premier<br />

de leur pays à fonctionner à l’énergie solaire. Elles ont formé<br />

vingt-sept femmes. Aujourd’hui, une centaine de villages en<br />

Afghanistan tire son électricité du soleil. Le Barefoot College a<br />

créé un deuxième campus à Zanzibar en 2015. Le prochain sera<br />

à Keur Simbara, au Sénégal. D’autres centres sont en projet<br />

au Burkina-Faso, au Liberia, au Sud-Soudan, au Guatemala.<br />

Créée en 2015, l’association Photos actions reportages responsables et solidaires<br />

(PARRS) a pour objectif d’organiser le financement et la visibilité de reportages<br />

photographiques témoignant de problématiques sociales, environnementales ou<br />

éthiques. PARRS soutient des partenariats entre photojournalistes et institutionnels<br />

(ONG, fondations, entreprises).<br />

#18 I MARS-AVRIL 2017 I Reportage I 27

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