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En psychiatrie, le doute ne profite jamais à l’interné.e.”<br />

Autrement dit, la protection légale des personnes hospitalisées<br />

sans consentement est largement insuffisante.<br />

“La psychiatrie est la seule spécialité où la parole du patient<br />

n’a pas de valeur”, observe de son côté Raphaël Mayet,<br />

avocat au barreau de Versailles, spécialisé dans la défense<br />

LES AUTORITÉS MÉDICALES BOTTENT EN TOUCHE<br />

Le milieu médical peine à se remettre en cause. “Ces femmes ne<br />

sont pas malades, mais que peut-on faire d’autre que les hospitaliser<br />

dans les situations de détresse ?” interroge Gisèle Apter, psychiatre<br />

et pédopsychiatre, membre du bureau du Syndicat des psychiatres des<br />

hôpitaux et présidente de la Société de l’information psychiatrique.<br />

Poussée dans ses retranchements, elle reconnaît toutefois que la<br />

psychiatrisation peut nuire, mais... “à cause des préjugés de la société<br />

sur la psychiatrie.” Et de rappeler : “Le problème en France est que la<br />

violence conjugale relève du social, donc on ne fait rien en médecine.<br />

Il n’y a aucune formation systématique, même en psychiatrie.” Alors<br />

que la loi du 9 juillet 2010 l’exige pourtant... Celle-ci stipule qu’une<br />

formation spécifique, initiale et continue, doit être délivrée (entre<br />

autres) aux médecins, personnels médicaux et paramédicaux, sur<br />

les violences intrafamiliales, les violences faites aux femmes et<br />

les mécanismes d’emprise psychologique. Par ailleurs, le réseau<br />

Solidarité femmes, qui gère le numéro de téléphone 39 19 Violences<br />

femmes info, édite un livret pour les professionnel.le.s de santé.<br />

“Il n’y a presque jamais d’hospitalisation contrainte non justifiée”,<br />

affirme de son côté Jean-Marie Faroudja, du Conseil national<br />

de l’Ordre des médecins. Pourtant, 8 à 9 % des hospitalisations<br />

non consenties sont annulées par le juge des libertés<br />

et de la détention. Et ce, malgré le fait que “les juges sont<br />

généralement frileux pour lever des mesures de contrainte.<br />

Par ailleurs, la mesure est souvent levée par le médecin juste avant<br />

le passage devant le juge”, remarque l’avocat Raphaël Mayet.<br />

Enfin, les établissements psychiatriques sont régulièrement<br />

épinglés par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté<br />

(CGLPL) pour leurs abus. Des questions se posent autour des trop<br />

grandes restrictions de libertés des patient.e.s, jusqu’à l’isolement<br />

complet, de la contention physique trop utilisée, ou encore<br />

d’une “augmentation troublante” des hospitalisations contraintes<br />

pointées en 2012 et actuellement sujet d’une étude dans plusieurs<br />

régions.<br />

La justice a reconnu que l'hospitalisation contrainte de Valérie Dubois, en 2010, à l'hôpital<br />

psychiatrique de Fleury-les-Aubrais (45), n'était pas justifiée. Les certificats ne mentionnaient<br />

que des actes relatés par son mari et non constatés par le corps médical.<br />

#18 I MARS-AVRIL 2017 I RepoRTAge I 51

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