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GQ France

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Bouger_Bateaux<br />

Dans trois ans, en 2020, l’entreprise Boesch fêtera ses<br />

100 ans. À sa tête aujourd’hui, l’arrière-petit-fils du fondateur,<br />

Markus Boesch. Après avoir fait ses armes dans l’informatique,<br />

il est revenu au début des années 2000 dans le giron<br />

familial, pour moderniser sans la déformer, l’entreprise<br />

que son père et son oncle dirigeaient. Si le destin de Riva, son rival<br />

transalpin passé sous pavillon chinois, a été intimement lié à celui<br />

de la jet-set monégasque, celui de Boesch, à l’inverse, est lié<br />

à de discrets et riches propriétaires. Construits dans le souci du<br />

respect d’une culture et d’une rigueur toute protestante, ces canots<br />

de bois, toujours fabriqués à la main et assemblés avec soin<br />

au bord du lac de Zurich, sont les derniers vestiges d’une tradition<br />

d’excellence suisse méconnue.<br />

En 1900, Jakob Boesch est un jeune charpentier de marine. Sur les<br />

rives du lac de Zurich, quelques artisans fabriquent à la commande<br />

de petites embarcations. Jakob Boesch fait appel à leurs services<br />

pendant une vingtaine d’années, jusqu’à ce que l’un d’eux fasse<br />

faillite au lendemain de la Première Guerre mondiale. À l’époque,<br />

l’atelier a pour voisin le célèbre et prospère chocolatier Lindt,<br />

installé sur l’autre rive. Jakob Boesch prend son courage à deux<br />

mains et décroche un rendez-vous avec le directeur financier du<br />

chocolatier. Par chance, celui-ci, versé dans le nautisme, apprécie<br />

le projet. Boesch le convainc de le financer, certain que son<br />

talent fera le reste. Sous son impulsion, l’entreprise redémarre<br />

et bientôt Jakob Boesch est rejoint par son fils Walter, qui dès le<br />

milieu des années 1920 se passionne pour cette nouvelle génération<br />

de canots à moteur, aux lignes effilées et aux motorisations<br />

puissantes. Au début des années 1930, alors que l’essentiel des<br />

motorisations se concentre sur la partie arrière, Walter Boesch a<br />

l’idée d’avancer la position du moteur pour le placer au centre du<br />

bateau et limiter ainsi la sensation d’écrasement arrière lors de la<br />

poussée. De cette manière, les bateaux déjaugent beaucoup plus<br />

vite que leurs concurrents, atteignent leur vitesse maximum en un<br />

temps plus court et surtout, créent un sillage bien moins important.<br />

Après-guerre, cette particularité va intéresser les sportifs et<br />

asseoir la réputation du chantier helvète.<br />

LA COQUELUCHE DES CHAMPIONS<br />

Au début des années 1950, le ski nautique débarque en Europe.<br />

Les Américains, qui surclassent habituellement leurs homologues<br />

européens, sont très impressionnés par la faible hauteur<br />

de sillage des bateaux Boesch qui permet aux athlètes de<br />

slalomer derrière, dans de bien meilleures conditions. Aidé<br />

par une parité monétaire qui rend les productions suisses compétitives,<br />

le chantier connaît un succès sans précédent. Agiles, rapides,<br />

les Boesch deviennent la coqueluche des champions. À tel<br />

point que de 1960 à 1976, Boesch est intronisé fournisseur officiel<br />

de bateaux des championnats européens de ski nautique, puis des<br />

championnats du monde jusqu’en 1991. Aujourd’hui encore, tous les<br />

bateaux de ski nautique ont conservé ce principe de moteur central.<br />

En parallèle, la maison continue d’améliorer le poids des embarcations<br />

pour augmenter la vitesse, réduire la consommation et<br />

la taille du sillage. Après un voyage aux États-Unis en 1964, Walter<br />

Boesch découvre qu’en mélangeant différentes couches d’acajou<br />

et d’époxy, certains fabricants réussissent à marier légèreté, rigidité<br />

et beauté du bois verni. Walter Boesch adopte à son tour cette<br />

nouvelle technique, tout en prenant soin de ne jamais trahir son<br />

histoire : faire de beaux bateaux, en famille, pour des clients si peu<br />

nombreux qu’ils sont tous devenus des amis.<br />

Norme écologique oblige, la dernière innovation made in Boesch<br />

est la possibilité d’implanter des moteurs électriques dernier cri<br />

sur les embarcations. Suite aux restrictions en vigueur dans les<br />

eaux intérieures de certains pays comme l’Autriche, l’Allemagne<br />

ou dans certains cantons suisses, il devenait impossible pour les<br />

clients d’utiliser leur motorisation habituelle. Aujourd’hui, pour un<br />

usage journalier, les 100 kW (environ 135 chevaux-vapeur) électriques<br />

convainquent près d’un client sur trois. Certes, il est toujours<br />

possible de choisir de puissants V8. Mais en se positionnant<br />

ainsi, en mariant patrimoine et pertinence énergétique, le<br />

chantier a réussi à créer une niche dans laquelle aucun autre en<br />

Europe n’a posé la moindre hélice. Aujourd’hui, via le site internet,<br />

les demandes pour des bateaux Boesch affluent du monde<br />

entier : Asie, États-Unis, Golfe… Mais l’entreprise helvète ne<br />

court pas après les clients éloignés, préférant garder le lien privilégié<br />

qui les unit à ceux qui, de père en fils, leur sont fidèles.<br />

Le seul relais de croissance qui émerge n’est d’ailleurs que la<br />

restauration des premières embarcations, réalisées par leurs<br />

aïeux… Sur près de 4 000 bateaux fabriqués en cent ans, plus de<br />

3 000 naviguent encore…<br />

BOESCH. DE 6,25 M À 10 M, DE 140 000 À 630 000 € HT (HORS OPTIONS).<br />

Le destin s’empare de l’entreprise<br />

au début des années 1930,<br />

quand Walter, fils de Jakob, a l’idée<br />

d’installer le moteur au centre<br />

du bateau et non plus à l’arrière.<br />

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LIFE 70<br />

Été 2017

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