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GQ France

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Partir_Voyage<br />

SRI<br />

LANKA,<br />

L’ÎLE<br />

AUX<br />

TRÉSORS<br />

Quelques années<br />

après la fin de<br />

la guerre civile, le<br />

Sri Lanka, perle du<br />

sous-continent indien,<br />

est devenue une<br />

destination tentante.<br />

Civilisation millénaire,<br />

gastronomie riche<br />

et plages de rêve, il ne<br />

reste qu’à définir la<br />

durée de son séjour…<br />

Par Andrew Salomon<br />

Photographies Felix Odell<br />

Traduction Étienne Menu<br />

La guerre transforme parfois<br />

des voisins en ennemis. De paisibles<br />

communautés peuvent,<br />

en un clin d’œil, devenir les protagonistes<br />

de luttes sanguinaires<br />

– la Syrie, le Rwanda,<br />

le Kosovo. La reconstruction<br />

post-conflit, en revanche, est<br />

souvent longue et fastidieuse.<br />

Au terme de vingt-cinq années<br />

de carnage – qui ont fait plus de<br />

100 000 morts –, le Sri Lanka a<br />

su s’en tirer autrement. La paix<br />

qui y règne depuis peu a réussi<br />

à unir des ethnies autrefois violemment<br />

opposées. Cette harmonie<br />

discrète mais solide, le<br />

visiteur étranger la perçoit aussitôt<br />

arrivé sur l’île : elle colorera<br />

tout son séjour.<br />

Les barrages routiers ont disparu et avec eux les<br />

innombrables portraits de Mahinda Rajapakse, le<br />

président cinghalais et bouddhiste qui, en 2009, a<br />

brutalement écrasé les non moins brutaux Tigres<br />

tamouls hindouistes qui menaient une guérilla<br />

pour obtenir la construction d’un État indépendant.<br />

Plus de traces non plus des camionnettes<br />

blanches qui, après la victoire du gouvernement,<br />

embarquaient régulièrement les opposants présumés<br />

à la dictature népotiste. À la place s’est installée<br />

une forme inédite d’unité et d’ouverture. On<br />

la devine à ces grands panneaux portant le slogan<br />

« Une équipe, une nation » (on parle de cricket,<br />

sans surprise), que l’on voit un peu partout au<br />

bord des routes, ou encore à ces assiettes d’un<br />

restaurant d’hôtel, ornés de mots à la fois cinghalais<br />

et tamouls. Ce basculement historique est le<br />

résultat de l’élection présidentielle de 2015, remportée<br />

par le président Maithripala Sirisena, un<br />

progressiste qui a entrepris des réformes visant<br />

à combattre la corruption et à apaiser les<br />

tensions intercommunautaires. En moins de<br />

deux ans, il a restauré la démocratie dans le pays<br />

et la confiance de son peuple en lui-même. « Le<br />

Sri Lanka est l’un des rares endroits du monde<br />

où s’améliorent les libertés, et notamment la liberté<br />

d’expression, nous a ainsi déclaré l’ambassadeur<br />

américain Atul Keshap. Les gens avaient<br />

peur pendant la guerre et ont continué à avoir<br />

peur durant les années autoritaires qui ont suivi.<br />

Aujourd’hui, la peur les a quittés. »<br />

DESTINATION TROIS-EN-UN<br />

Cette « résilience » reflète plus largement<br />

l’histoire d’un peuple marquée par la violence<br />

et la perte. Ceylan, comme elle s’appelait<br />

alors, a d’abord été envahie par les<br />

Portugais en 1505. Puis les Néerlandais<br />

leur ont succédé en 1658 avant qu’en 1796, ces<br />

derniers ne cèdent eux-mêmes la place aux Britanniques.<br />

Leur départ, en 1948, fit naître<br />

ANTONY HUCHETTE<br />

LIFE 82<br />

Été 2017

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