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Gaumont Pathé! Le mag - Mai 2017

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L’INSOLITE DU MOIS<br />

Tunnel<br />

ÉNORME SUCCÈS EN CORÉE DU SUD, CE FILM CATASTROPHE SUR UN HOMME COINCÉ DANS<br />

UN TUNNEL ÉCROULÉ CONFIRME LA VITALITÉ ET LA CRÉATIVITÉ DU CINÉMA CORÉEN.<br />

PAR FRANÇOIS CHAMPY<br />

Ha Jung-woo<br />

dans « Tunnel ».<br />

<strong>Le</strong>s films coréens n’en finissent plus de dévorer le<br />

box-oce local. L’été dernier, après les zombies<br />

de Dernier train pour Busan qui ont attiré onze millions<br />

de spectateurs, le survivant de Tunnel a réuni<br />

sept millions de personnes en salles. Depuis le début des<br />

années 2000, le cinéma coréen enfante des succès et des<br />

réalisateurs de talent à la pelle : Kim Ki-duk (Printemps, été,<br />

automne, hiver et… printemps), Park Chan-wook (Old Boy),<br />

Bong Joon-ho (The Host), <strong>Le</strong>e Chang-dong (Secret Sunshine),<br />

Na Hong-jin (The Murderer)… Et maintenant Yeon Sang-ho<br />

(Dernier train pour Busan) et Kim Seong-hun (Tunnel). Un<br />

tel foisonnement créatif n’est pas sans rappeler celui qui<br />

caractérisait les nouvelles vagues européennes dans les<br />

années 60. À cette diérence près que le cinéma coréen<br />

se distingue surtout pour son appétit pour les films dits<br />

« de genre » : polars labyrinthiques, films fantastiques<br />

et d’horreur incroyablement angoissants et gore, thrillers<br />

malsains… <strong>Le</strong>s réalisateurs explorent et explosent les limites<br />

pour des résultats bluants d’audace.<br />

Un film politique et humaniste<br />

Prenez Tunnel. Il s’agit bien d’un film catastrophe mais<br />

la catastrophe en elle-même (l’écroulement d’un tunnel<br />

au moment du passage d’une voiture) dure environ<br />

cinq minutes là où, dans un blockbuster américain, elle<br />

aurait occupé un tiers de l’histoire. De même, le cinéaste<br />

ne s’intéresse qu’à un personnage en détresse alors qu’en<br />

général, dans ce type de production, ils sont plusieurs à<br />

vivre le drame et à en aronter ensemble les conséquences.<br />

Comme ses confrères, Kim Seong-hun pervertit les codes<br />

d’un genre bien défini pour aller vers autre chose, ici une<br />

critique en règle de la bureaucratie coréenne, coupable de<br />

vouloir transformer le pays (et ses infrastructures) à la vitesse<br />

grand V au mépris des règles de sécurité. <strong>Le</strong> réalisateur<br />

définit mieux que personne les enjeux de son film : « Un<br />

type ordinaire, n’ayant commis aucune faute, se retrouve<br />

pris au piège d’une catastrophe provoquée par des erreurs<br />

de la société. » Tunnel passe donc des scènes de survie à<br />

l’intérieur de la carcasse de la voiture, où est coincé le héros,<br />

aux scènes à l’extérieur du sinistre où s’activent le valeureux<br />

chef des pompiers, l’épouse bouleversée du malheureux et<br />

les représentants hypocrites du gouvernement. Avec cette<br />

terrible question en suspens : jusqu’à quel point faut-il<br />

utiliser l’argent des contribuables pour sauver la vie d’un<br />

seul homme dont on ne sait pas s’il est encore vivant (la<br />

batterie du portable finit évidemment par se vider) ? Au-delà<br />

du simple film de genre, à la mise en scène inventive (une<br />

nécessité pour rendre prenante la tentative de survie du<br />

héros dans deux mètres carrés !), Tunnel nous interroge sur<br />

notre échelle de valeurs et sur notre humanité.<br />

TUNNEL<br />

Réalisation : Kim Seong-hun<br />

Avec : Ha Jung-woo, Doona Bae...<br />

Genre : Drame<br />

Durée : 2 h 06<br />

SORTIE : 3 MAI<br />

16<br />

LES CINÉMAS GAUMONT ET PATHÉ

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