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The Red Bulletin France - Décembre 2017

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RIMAC<br />

avant d’être financés. J’ai emprunté à tout le monde.<br />

À commencer par les 3 P – potes, parents et passionnés.<br />

» Malgré cela, Rimac est formel : il ne lui est jamais<br />

venu à l’idée de poursuivre son rêve en dehors<br />

de la Croatie. « Enzo Ferrari était de Modène et<br />

l’usine Ferrari est là-bas. Ferdinand Porsche était de<br />

Stuttgart et l’usine Porsche est à Stuttgart. Je suis<br />

d’ici, alors pourquoi devrais-je aller ailleurs ? »<br />

Autre facteur essentiel pour Rimac : développer<br />

toute la technologie en interne, une position radicale,<br />

mais qui, selon le Croate, leur éviterait les erreurs fatales<br />

commises par certains de leurs contemporains.<br />

« Nous n’avons pas eu d’autre choix que de développer<br />

nous-même la technologie, non seulement pour<br />

une question d’argent, mais aussi parce que la technologie<br />

que je voulais n’existait pas. »<br />

Entouré de seulement sept employés au départ,<br />

Rimac met un an à développer sa voiture. En 2011,<br />

au salon de l’auto de Genève, le petit groupe présente<br />

un prototype qui fait sensation. « À cette époque,<br />

Tesla n’en était pas au même point qu’aujourd’hui.<br />

Les choses étaient différentes quand on a commencé.<br />

Pour les gens, une voiture électrique, c’était forcément<br />

un veau. »<br />

Sous les lumières scintillantes du Palexpo qui<br />

abrite le salon, la Concept One brille alors tel un<br />

bijou futuriste. En coulisse, la situation est loin d’être<br />

aussi reluisante. « On était vraiment dans la merde.<br />

L’avenir de l’entreprise reposait sur des clients potentiels<br />

et je n’avais même pas de quoi leur payer un<br />

repas. C’était super dur. »<br />

La solution pour Rimac : revenir à ce qu’il savait<br />

faire de mieux, à savoir développer des technologies,<br />

mais pour d’autres entreprises, cette fois. « Notre voiture<br />

évoluait avec le temps, mais petit à petit, notre<br />

entreprise est devenue un fournisseur de technologie.<br />

Nous sommes en passe de devenir un acteur majeur<br />

dans ce domaine pour tous types d’entreprises<br />

de l’industrie automobile, du secteur naval et bien<br />

d’autres. » Dans les années qui ont suivi le salon de<br />

Genève, Rimac a vendu un certain nombre d’exemplaires<br />

de la Concept One, et en mars de cette année,<br />

le Croate a fait son grand retour sur le salon avec une<br />

version allégée et plus puissante de sa voiture, la S,<br />

« LA PROCHAINE ÉTAPE, C’EST<br />

LA PRODUCTION EN SÉRIE. ON<br />

NE RESTERA PAS UNE NICHE. »<br />

un joli pied de nez à ceux qui l’avaient envoyé balader<br />

en 2011, considérant son entreprise comme un<br />

projet fumeux de plus qui ne verrait jamais le jour.<br />

Mais aujourd’hui, la Concept One ne représente<br />

qu’une seule facette d’une entreprise en pleine expansion.<br />

« Cette voiture, au final, c’est plus une vitrine<br />

pour montrer ce dont nous sommes capables.<br />

Ce n’est qu’une toute petite partie de notre entreprise.<br />

Nous sommes près de 300 aujourd’hui. On<br />

n’aurait jamais connu une telle croissance si on s’était<br />

contentés de fabriquer des voitures. »<br />

La Concept One a deux vitesses (contre une pour la plupart<br />

des voitures électriques). On enclenche la première, et la<br />

version S passe de 0 à 100 km/h en environ 2,5 secondes.<br />

Alors que nombre de partenaires technologiques<br />

de Rimac doivent rester hautement confidentiels,<br />

d’autres s’affichent fièrement, à l’image de la collaboration<br />

entre Aston Martin et <strong>Red</strong> Bull Racing<br />

(l’AMRB001, rebaptisée Valkyrie) qui bénéficiera<br />

ainsi de la technologie de Rimac pour la batterie.<br />

« C’est un truc énorme, surtout parce qu’on collabore<br />

avec <strong>Red</strong> Bull Racing et Adrian Newey, le plus grand<br />

ingénieur F1 de l’histoire », déclare Rimac. Il s’est<br />

également associé avec son grand héros, Christian<br />

von Koenigsegg. « Ce qui nous lie, c’est notre côté très<br />

technique, explique Rimac. Il n’est pas du genre à<br />

pinailler et son objectif, ce n’est pas de s’en mettre<br />

plein les poches. Ça ne l’intéresse pas. Et c’est pareil<br />

pour moi. Je veux me dépasser, placer la barre plus<br />

haut. Je veux être le meilleur dans ce que je fais. Je<br />

veux que notre petite entreprise repousse les limites<br />

dans cette industrie. »<br />

Non pas que Rimac ne veuille pas voir grandir<br />

son entreprise. « La prochaine étape, c’est la<br />

production en série. On ne veut pas se contenter<br />

de one-shots et de projets de niche. C’est<br />

un bon business, mais nous ambitionnons de<br />

produire en grande quantité. Nous nous considérons<br />

comme un leader dans le passage à l’électrique,<br />

la connectivité et la technologie des véhicules<br />

électriques. »<br />

Maintenant que l’entreprise se concentre sur le<br />

développement de technologies, est-ce que la<br />

Concept One sera la dernière voiture fabriquée par<br />

Mate Rimac ?<br />

« Pas du tout. Il y en aura d’autres. Fabriquer des<br />

voitures, ce n’est pas le business le plus rentable qui<br />

soit, mais c’est ma passion et c’est aussi un parfait<br />

terrain de jeu pour mettre en avant le potentiel des<br />

voitures électriques. Quand on a une voiture à fabriquer,<br />

qu’il faut la faire fonctionner et la rendre sûre,<br />

on comprend mieux les défis que cela implique et<br />

cela nous donne un avantage. Un avantage qui coûte<br />

les yeux de la tête, en revanche ! Quand on veut se<br />

lancer dans un truc de ce genre, la persévérance, c’est<br />

un facteur-clé. C’est super difficile et il faut s’y préparer.<br />

On sacrifie toute vie privée. C’est prenant, ça<br />

vous isole et ça devient une véritable obsession…<br />

mais c’est tellement enrichissant. Au final, ajoute-t-il<br />

en guise de conclusion, ce qui m’a amené là, depuis<br />

un examen de science à l’école jusqu’à la création de<br />

cette entreprise, c’est la curiosité. Je brûle toujours<br />

tellement de savoir ce qui va se passer ensuite. »<br />

rimac-automobili.com<br />

THE RED BULLETIN 75

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