le magazine CNC, été 2019
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C’est de loin l’aspect <strong>le</strong> plus formidab<strong>le</strong><br />
du programme. Il y a actuel<strong>le</strong>ment plus de<br />
26 000 utilisateurs de iNaturalist au Canada.<br />
Environ 1 million d’observations de 18 000 espèces<br />
différentes ont <strong>été</strong> enregistrées depuis<br />
son lancement en 2015. Ces observations enrichissent<br />
la base de données mondia<strong>le</strong>, qui comprend<br />
15 millions d’observations vérifiab<strong>le</strong>s.<br />
Un monde à découvrir<br />
« Grâce aux observations de citoyens scientifiques,<br />
nous recevons des rapports sur des<br />
espèces jamais vues dans la région », nous dit<br />
James Pagé, spécialiste des espèces en péril<br />
et de la biodiversité à la Fédération canadienne<br />
de la faune. « On peut donc se demander<br />
: est-ce que ces espèces se sont vraiment<br />
déplacées vers <strong>le</strong> nord, est-ce plutôt<br />
une conséquence des changements climatiques,<br />
ou est-ce simp<strong>le</strong>ment parce que<br />
dorénavant <strong>le</strong>s gens nous en informent? »<br />
James Pagé a contribué à la version canadienne<br />
de l’application iNaturalist, en collaboration<br />
avec Parcs Canada, <strong>le</strong> Musée royal de<br />
l’Ontario et NatureServe Canada pour créer<br />
une base de données spécifique aux espèces<br />
nordiques du Canada.<br />
Grâce aux téléphones intelligents et aux<br />
applications, la science n’est plus uniquement<br />
à la portée des universitaires. Les observations<br />
des citoyens sont importantes, car el<strong>le</strong>s<br />
sont souvent faites à l’extérieur des sites habituel<strong>le</strong>ment<br />
fréquentés par la communauté<br />
scientifique. « Peu importe <strong>le</strong>ur niveau de<br />
compétence, vos experts ne peuvent pas être<br />
partout », mentionne James Pagé. « Avec<br />
toutes <strong>le</strong>urs activités en p<strong>le</strong>in air, <strong>le</strong>s citoyens<br />
scientifiques peuvent couvrir beaucoup plus<br />
de territoire. »<br />
Il y a plusieurs sites, même dans <strong>le</strong> sud du<br />
Canada, où <strong>le</strong>s plantes et <strong>le</strong>s animaux n’ont<br />
pas encore <strong>été</strong> inventoriés. Maintenant, tout<br />
<strong>le</strong> monde peut fournir des observations importantes<br />
pouvant servir à prendre des décisions<br />
éclairées sur de nombreux aspects<br />
allant des politiques aux plans d’aménagement<br />
des parcs.<br />
« Cela ouvre tout un monde de découvertes<br />
», mentionne Dan Kraus, biologiste<br />
principal en conservation à <strong>CNC</strong>. « On peut<br />
faci<strong>le</strong>ment voir où aucune donnée n’a <strong>été</strong><br />
entrée sur iNaturalist, puis comb<strong>le</strong>r ce<br />
manque. Lorsqu’il y a plusieurs milliers de<br />
personnes qui <strong>le</strong> font, nous obtenons une<br />
quantité incroyab<strong>le</strong> de nouvel<strong>le</strong>s informations<br />
que nous pouvons utiliser de manière<br />
novatrice pour protéger la nature. »<br />
À mesure que <strong>le</strong>s citoyens enregistrent<br />
<strong>le</strong>urs observations sur iNaturalist, <strong>le</strong>s chercheurs<br />
de partout dans <strong>le</strong> monde ont accès à<br />
ces données vérifiées. Ils découvrent de nouvel<strong>le</strong>s<br />
aires de répartition ou tendances, et<br />
de nouveaux statuts de populations, incluant<br />
des données pour <strong>le</strong>s espèces en péril. Plusieurs<br />
artic<strong>le</strong>s publiés dans des revues scientifiques<br />
spécialisées contiennent des données<br />
provenant de iNaturalist.<br />
« Ce qu’il y a de formidab<strong>le</strong> avec cette technologie,<br />
c’est que quiconque désirant contribuer<br />
à la protection de la nature et à sa conservation<br />
peut <strong>le</strong> faire de façon significative », affirme<br />
Dan Kraus. « Ces données nous donnent<br />
de nouveaux indices sur la distribution des<br />
espèces et sur <strong>le</strong>ur utilisation des milieux naturels.<br />
Dans la perspective de <strong>CNC</strong>, <strong>le</strong>s données<br />
permettent de déterminer <strong>le</strong>s besoins en<br />
conservation pour <strong>le</strong>s espèces. »<br />
Au Canada, iNaturalist a déjà permis<br />
de découvrir de nouvel<strong>le</strong>s espèces. Lorsque<br />
<strong>le</strong> biologiste Colin Jones y a enregistré l’observation<br />
d’une écrevisse, d’autres experts<br />
du Centre d’information sur <strong>le</strong> patrimoine<br />
naturel de l’Ontario ont confirmé qu’il s’agissait<br />
de l’écrevisse cambarus polychromatus,<br />
une nouvel<strong>le</strong> espèce au pays. « Peut-être<br />
que d’autres l’avaient vue auparavant, mais<br />
ils n’avaient jamais eu accès à un expert<br />
pour <strong>le</strong>s aider à l’identifier, avec l’aide<br />
de <strong>le</strong>ur téléphone intelligent » explique<br />
Dan Kraus.<br />
Page de gauche : Vice-roi; application iNaturalist.<br />
Cette page : Isthme de Chignectou;<br />
Adam Cheeseman sur <strong>le</strong> terrain.<br />
Ainsi, la technologie soutient l’apprentissage<br />
en aidant <strong>le</strong>s gens à identifier <strong>le</strong>s espèces plus<br />
rapidement, qu’ils soient dans <strong>le</strong>ur patelin ou<br />
en voyage. Les ornithologues et <strong>le</strong>s naturalistes<br />
trouvent l’application uti<strong>le</strong>, car ils n’ont plus<br />
besoin d’apporter <strong>le</strong>urs volumineux guides<br />
d’identification et <strong>le</strong>urs carnets de notes. Les<br />
observations qu’ils enregistrent sont aussi disponib<strong>le</strong>s<br />
pour <strong>le</strong>urs pairs et pour <strong>le</strong>s scientifiques.<br />
iNaturalist a même une application appelée<br />
Seek qui ne nécessite par d’information<br />
personnel<strong>le</strong> et qui s’adresse à toute la famil<strong>le</strong>.<br />
« Ceux qui travail<strong>le</strong>nt en conservation<br />
craignent souvent que la technologie nous<br />
éloigne de la nature , mentionne M. Kraus.<br />
Mais ces applications nous aident à nous<br />
connecter avec la nature d’une façon qui était<br />
impossib<strong>le</strong> auparavant. Maintenant, nous<br />
pouvons tous participer au partage d’informations<br />
qui auront des retombées positives pour<br />
la conservation. »<br />
De retour sur l’accotement, Adam Cheeseman<br />
remet <strong>le</strong> vice-roi au sol. « Un jour, j’ai<br />
trouvé 3 espèces de papillons différentes sur<br />
une distance de 100 à 200 mètres. » Debout,<br />
il regarde au loin <strong>le</strong>s champs d’asters et d’épilobes<br />
montés en graines. « Lorsque vous<br />
conduisez, vous ne pensez pas aux petites<br />
espèces avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s vous entrez en interaction…<br />
à l’incroyab<strong>le</strong> diversité de la vie qui<br />
existe <strong>le</strong> long de nos routes. »<br />
Puis, Adam retourne vers la voiture. « Il y a<br />
tel<strong>le</strong>ment de choses auxquel<strong>le</strong>s nous ne pensons<br />
pas, n’est-ce pas? Jusqu’à ce qu’on ra<strong>le</strong>ntisse<br />
et qu’on mette <strong>le</strong> nez dehors. »1<br />
MIKE DEMBECK.<br />
SCIENCE CITOYENNE<br />
Vous pouvez contribuer aux efforts de <strong>CNC</strong> en envoyant vos observations à eBird et iNaturalist<br />
Bien que <strong>CNC</strong> rassemb<strong>le</strong> des employés formidab<strong>le</strong>s, ces derniers ne peuvent être<br />
présents partout à la fois. Les personnes qui visitent <strong>le</strong>s propri<strong>été</strong>s de <strong>CNC</strong> et <strong>le</strong>urs<br />
environs peuvent nous aider grandement à approfondir nos connaissances de ces<br />
milieux naturels en enregistrant dans iNaturalist <strong>le</strong>urs observations de la faune, de<br />
la flore et des champignons qui s’y trouvent. Il est aussi possib<strong>le</strong> d’enregistrer ses<br />
observations d’oiseaux dans eBird. Le personnel scientifique et d’intendance de <strong>CNC</strong><br />
a accès à ces observations pour en savoir davantage sur <strong>le</strong>s espèces présentes dans<br />
<strong>le</strong>s environs.<br />
Avec <strong>le</strong> temps, la quantité de données amassées par <strong>le</strong>s citoyens scientifiques<br />
donnera à <strong>CNC</strong> et aux scientifiques d’à travers <strong>le</strong> monde une compréhension sans<br />
précédent de la tail<strong>le</strong> des populations, de la répartition, ainsi que de la période de<br />
migration, de nidification et de floraison d’espèces rares, tout comme de cel<strong>le</strong>s<br />
plus communes. Cette information sera intégrée dans notre planification à l’échel<strong>le</strong> des<br />
propri<strong>été</strong>s et aussi à cel<strong>le</strong> du paysage. Cela nous assurera que nos propri<strong>été</strong>s seront<br />
gérées de manière à y protéger des espèces rares et en déclin, ainsi que <strong>le</strong>urs habitats.<br />
Nous pouvons éga<strong>le</strong>ment utiliser <strong>le</strong>s données des citoyens pour mieux comprendre<br />
<strong>le</strong>s besoins des personnes qui visitent nos propri<strong>été</strong>s. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> personnel de<br />
<strong>CNC</strong> espère éventuel<strong>le</strong>ment savoir quels sentiers sont <strong>le</strong>s plus fréquentés<br />
et à quel moment de l’année, en partie grâce aux données recueillies.<br />
Ainsi, nous pourrons consacrer nos ressources à l’entretien et à l’amélioration des<br />
sentiers et des d’autres infrastructures, et ce, avec efficacité et stratégie.<br />
conservationdelanature.ca<br />
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