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Magazine BEAST #15 2019

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#Technology | AI<br />

69<br />

Quelle IA pour reproduire la créativité de l’humain ?<br />

Contrairement à de nombreux acteurs du secteur et<br />

experts en nouvelles technologies, le créateur de Siri ne<br />

distingue pas les IA faible et forte. Selon Luc Julia, cette<br />

dernière n’a pas lieu d’être : «Aujourd’hui, les scientifiques<br />

ne connaissent et ne comprennent que 20 à 40% de notre<br />

cerveau, il est dès lors impossible de répliquer un humain,<br />

et donc de créer ce que certains désignent comme une<br />

intelligence artificielle forte, ou même une intelligence<br />

indépendante quelle qu’elle soit». De manière très simple<br />

et directe, Luc Julia décrit l’intelligence en un seul et<br />

unique terme : innovation. «Il s’agit de créer quelque<br />

chose qui n’existe pas, de casser les règles, ce que ces<br />

intelligences artificielles ne seront jamais en mesure de<br />

faire ! Du moins, pas avec les méthodes et techniques<br />

actuelles, se basant sur les maths et les statistiques.<br />

Nous pourrons potentiellement en rediscuter lorsque<br />

la biophysique et la biologie seront intégrées au processus<br />

et concept dit d’intelligence artificielle, afin d’imiter<br />

le cerveau humain et de répliquer ses capacités de<br />

création,» poursuit l’expert. A l’heure actuelle, il s’interroge<br />

sur le comportement d’un véhicule autonome au rondpoint<br />

de l’Etoile à Paris, où les règles de conduite ne sont<br />

qu’illusion et à l’approche duquel chaque conducteur doit<br />

prendre une décision, des initiatives – voire des risques<br />

– afin de circuler. Pour Luc Julia, une voiture autonome<br />

de niveau 5 n’y parviendrait pas, car il est impossible<br />

d’imaginer tous les scénarios possibles, trop de véhicules<br />

et d’autres paramètres entrant en compte.<br />

Luc Julia reconnait la puissance des applications d’IA et<br />

leurs avantages dans de nombreux secteurs et notamment<br />

dans les transports. Une voiture autonome de niveau 3<br />

ou 4 pourra permettre de transporter leurs utilisateurs<br />

le long de routes classiques. Ces solutions confèrent<br />

plusieurs avantages, entre la réduction de stress et la<br />

possibilité de maximiser la valeur du temps passé dans son<br />

véhicule. Des challenges importants se dressent encore<br />

face à ces «services», avec en tête le développement<br />

de Smart Cities accompagnées d’un réseau routier<br />

totalement redesigné. C’est aussi le cas de la médecine,<br />

avec toute la multitude de données et d’informations<br />

pouvant être extraites du corps du patient. «L’IA que je<br />

défends et qui se base sur les mathématiques, permettra<br />

la génération de statistiques intéressantes et clés dans<br />

le traitement de maladies, et même dans la prévention<br />

de celles-ci. On retrouve d’ores-et-déjà des banques de<br />

données concernant les cancers du sein, on utilise les<br />

données d’imagerie, etc,» ajoute Luc Julia. Il poursuit :<br />

«l’analyse de telles données permettra aux médecins,<br />

tout aussi bons qu’ils soient, de détecter plus rapidement<br />

des maladies ou futurs symptômes».<br />

Il évoque également les «gadgets» de la vie de tous les<br />

jours, avec des objets – et notamment les smartphones –<br />

qui assistent leurs utilisateurs et facilitent leur quotidien.<br />

Pour Luc Julia qui vit dans une maison intelligente<br />

depuis près de 20 ans, il est aujourd’hui inconcevable<br />

de descendre manuellement les stores et volets à son<br />

domicile… Ces applications, entre Big Data, Intelligence<br />

Artificielle et Internet des Objets représentent<br />

aujourd’hui un gain de temps considérable et pourraient,<br />

ironiquement, favoriser les interactions sociales.<br />

Intégrer l’Intelligence Artificielle à ses process<br />

Dans le cadre du développement et de l’utilisation de<br />

tels services, Luc Julia préconise le concept de «Smart<br />

Data» plutôt que celui de «Big Data». «Mathématiques et<br />

statistiques requièrent beaucoup d’énergie. Les données<br />

sont centralisées dans des datacentres qui doivent<br />

être refroidis et consomment énormément. En résumé,<br />

une énergie démente est nécessaire… Il s’agit d’une<br />

aberration technologique. Dès lors, dans cette tentative<br />

d’imiter le cerveau humain, essayons d’utiliser moins de<br />

données, pour remplacer le Big Data par un Small Data qui<br />

serait moins énergivore,» explique l’expert tech.<br />

Luc Julia, dans l’approche de ces nouvelles technologies,<br />

conseille de se rapprocher de véritables experts dans les<br />

domaines concernés, avec des professionnels maîtrisant<br />

ces innovations et comprenant le métier et le secteur dans<br />

lequel évolue le client. Il ajoute : «Puis, il est nécessaire<br />

de recruter un Data Science au sein même des équipes :<br />

les données, les chiffres et leurs analyses ne mentent pas.<br />

Ils pourront alors modéliser les concepts, qui pourront à<br />

ce moment être transcrits dans un algorithme par des<br />

développeurs. Il faut également garder en tête que l’IA ne<br />

va pas transformer le métier, mais qu’elle vise aujourd’hui<br />

à assister et à améliorer les performances et l’efficacité».<br />

Quant à la communication auprès des équipes –<br />

et postures – à adopter dans l’intégration de ces nouvelles<br />

technologies, Luc Julia préconise un dialogue franc sur<br />

l’évolution probable des tâches : «les collaborateurs ne<br />

vont pas être remplacés, il est important de le leur rappeler.<br />

La transformation de certaines tâches redondantes et<br />

répétitives donnera l’opportunité d’ajouter une nouvelle<br />

valeur au(x) service(s)». Rappelons également que 85%<br />

des métiers de 2035 n’existent pas à l’heure actuelle<br />

et que par le passé, plusieurs industries, notamment<br />

en Allemagne, en prenant le pari de la robotisation<br />

(de certaines tâches), ont pu conserver les places de<br />

leaders avec une forte création d’emplois et un taux de<br />

chômage faible, quand d’autres n’ont que très peu agi,<br />

pour aujourd’hui se retrouver à la traîne…<br />

<strong>BEAST</strong> MAGAZINE <strong>#15</strong>

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