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Présence 2019/12 - 2020/01

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8 PRÉSENCE N o 10 DÉC. 2019 - JAN. 2020 DOSSIER

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE ET LA CRÈCHE DE NOËL

DOSSIER PRÉSENCE N o 10 DÉC. 2019 - JAN. 2020 9

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE ET LA CRÈCHE DE NOËL

La tradition de Noël s’installait

peu à peu et des chrétiens commencèrent

à vénérer une crèche

dans une grotte des environs de

Bethléem, supposée être le lieu

même de la nativité. Au Moyen

Âge, des pièces de théâtre et des

représentations scéniques devenaient

très populaires : les « Mystères

». Ils tiraient leurs origines

dans les évènements de la vie

chrétienne, mais aussi dans les

anciennes Saturnales qui avaient

perduré.

Les Pères de l’Église tentèrent

alors de diminuer l’influence de

ces pratiques en leur opposant

des pièces et des tableaux vivants

ayant pour thème principal la

naissance de Jésus, fondée sur le

récit des Évangiles de Matthieu et

de Luc. On y fait revivre la quête

d’un logement, la naissance,

l’adoration des bergers, puis

celle des mages. Ces « Mystères

de Noël » sont joués sur les parvis

des églises par des paroissiens

devenus acteurs, des figurants le

plus souvent richement vêtus.

Vint alors une autre façon d’évoquer

la Nativité. Nous voici en

1223. Saint-François d’Assises se

trouvait à Greccio, un village dans

le Latium, proche de la ville de

Rieti, à une centaine de kilomètres

d’Assise. Un de ses amis possédant

une grotte, il lui demanda d’installer

une mangeoire avec du foin, un

bœuf et un âne. Puis en présence

d’une grande foule, il célébra la

messe de Noël, la mangeoire lui

servant d’autel. Depuis, on continua

de faire des crèches vivantes

au moment des célébrations de

Noël, et cette tradition a perduré

jusqu’à nos jours.

La Contre-Réforme

La Réforme protestante fut très

réticente vis-à-vis des représentations

figurées, proches du théâtre.

Elle condamnait la Crèche et lui

préfèra le développement de la

tradition, venue du Nord, autour

du sapin, comme symbole de la

Nativité. En réaction, c’est lors de

la Contre-Réforme que le thème

de la Crèche est repris, avec dès le

XV e siècle des figures non animées.

Les Jésuites prennent alors

conscience du pouvoir d’enseignement

de ces compositions et

ils en font rapidement un outil didactique.

L’une des plus anciennes

Crèches mentionnée se trouvait à

Prague et datait de 1562. Disparue,

elle servit de modèle à d’autres réalisations

plus récentes. Mais, petit à

petit, au cours des siècles suivants,

des figurines immobiles apparaissent.

L’Italie, et plus particulièrement

Naples est le berceau de la

« Crèche moderne », telle qu’elle

nous est parvenue.

Les personnages sont des statues

colorées, parfois à taille humaine.

Les grandes Crèches napolitaines

de la période classique présentent

des personnages faits d’étoupe armée

de fil de fer, puis richement

revêtus de costume et d’étoffes de

qualité. Les visages sont en terrecuite

peinte, les yeux en verre. Généralement

installées dans les églises,

dès le XVII e siècle, les Crèches

commencent à décorer les riches

demeures aristocratiques. Dans

la tradition napolitaine, la Crèche

restitue souvent un décor de ruine

romaine, symbolisant ainsi la fin de

la civilisation antique face à l’essor

de la chrétienté. La mangeoire est située

au centre et elle ne sera garnie

de l’enfant Jésus qu’au soir de Noël.

La Crèche est entourée de Marie,

de Joseph, mais aussi des bergers et

leurs agneaux, des anges et, parfois,

on place une étoile au-dessus de la

Crèche qui rappelle qu’elle a pour

mission de guider les Mages qui

viennent de l’Orient.

filé, en porcelaine, en cire, en mie

de pain, en bois sculpté, parfois

même en pâte de sel ou en terre

cuite.

La Révolution française interdit de

présenter en public des scènes religieuses,

et, ainsi, elle favorise indirectement

l’apparition de Crèches

domestiques.

Mais comme tout un chacun n’est

pas obligatoirement passé maître

dans l’art de sculpter des figurines,

c’est également l’apparition d’un

petit commerce qui peu à peu devient

incontournable lorsque l’on

évoque la Crèche de Noël.

Le Santon

Il s’agit bien entendu de la tradition

de ces figurines, dont le nom

en vieux provençal est « Santoun »

ce qui signifie « Petit saint ».

Reprenant comme base les

thèmes du modèle napolitain, la

Crèche provençale l’enrichit en y

introduisant tout le petit peuple

des villages et des rues, petits

métiers des traditions locales,

tambourinaire, poissonnière rémouleur

ou berger, tous porteurs

d’offrandes.

Depuis le début du XIX e siècle les

figurines sont réalisées en argile

rouge de Provence. La capitale du

santon de Provence est Marseille,

et c’est dans cette région que l’on

rencontre le plus grand nombre

d’artisans « santonnier ». Pour

reprendre le mot d’un des santonniers

les plus connus, Marcel

Carbonel, le santonnier « créatif et

inspiré, de la glaise, de ses mains

puis du pinceau, fait surgir le réel

à la rencontre de la légende. Ainsi

naît le santon, figé dans l’attitude

qui le distingue et le rend digne de

rejoindre le petit peuple de la mythologie

provençale ».

Entre le Pays de Forcalquier et la

Montagne de Lure, sur un promontoire

se trouve le village de

Dauphin, et, au sommet du village,

une église récemment restaurée.

C’est là que se trouve l’une des plus

belles Crèche de Provence.

Certains santons datent du XVIII e

siècle et comptent parmi les plus

anciens de Provence. Leurs vêtements

étaient confiés à l’origine à

des familles du village et certains

ont été soigneusement conservés.

Crèches du Monde

Mais d’autres Crèches ont également

été célèbres. La reine de

France Anne d’Autriche, en 1645,

en avait fait installer une dans la

chapelle du Val-de-Grâce. Les figurines

étaient de grandeur réelle,

richement décorées et habillées.

Nous avons déjà cité les Crèches

napolitaines, mais il faudrait

évoquer Malte, l’Allemagne, l’Autriche,

la Belgique, les Pays-Bas,

le Luxembourg, la Suisse bien

sûr, la Scandinavie, l’Espagne aux

Crèches omniprésentes, la Catalogne

où les associations de « créchistes

» pullulent, mais aussi le

Portugal où les artisans « barrista »

modèlent des statuettes depuis le

XV e siècle. Il y a aussi une magnifique

Crèche au château de Krivoklát

en République Tchèque, notamment

et encore bien d’autres.

On peut citer aussi cette Crèche

amérindienne qui provient de la

collection du Conseil de bandes

Progressivement, les Crèches

entrent dans les maisons plus

humbles. Elles sont alors le plus

souvent faites de figurines en verre

Crèche napolitaine du XVIII e siècle – Région de Caserte Crèche à Dauphin Crèche amérindienne

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