Catalogue Bouticycle 2020

LES ENFANTS DU TOUR
ONT LE SOURIRE
LE TOUR, VOUS EN AVEZ LA RESPONSABILITÉ
AUTANT QUE LA DIRECTION. QUEL RÔLE
DONNEZ-VOUS À LA TRANSMISSION DANS
CETTE CHARGE ?
CP: Un rôle central. C’est ma mission et une chance
pour moi de perpétuer et de développer cette relation
unique que le Tour entretient avec ses publics.
La transmission, c’est une affaire de petits
gestes autant que de grandes ambitions. En 2016,
à Megève ville étape de Haute-Savoie, je vois un
petit gamin sur la ligne de départ avec un regard
incroyable. Son père est à ses côtés. Noyé dans la
foule, il dégage quelque-chose, pourtant sans rien
dire. Je suis touché. Ce gamin, je partage avec lui
la même émotion. Entre nous deux, il y a le Tour.
Comme je dis souvent " Les gens qui aiment le Tour
se reconnaissent entre eux ". Je l’invite dans ma
voiture. Le gosse monte. Il est aux anges. Presque
autant que moi… C’est ça la transmission. C’est
rien et c’est tout.
LE GOSSE MONTE. IL EST AUX
ANGES. PRESQUE AUTANT QUE
MOI… C’EST ÇA LA TRANSMISSION.
C’EST RIEN ET C’EST TOUT.
Marine De Lestapis
LE TOUR, VOUS EN AVEZ AUSSI REÇU LA
CHARGE ET VOUS LA TRANSMETTREZ UN
JOUR. COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CELA ET
QUELLE IMPORTANCE DONNEZ-VOUS À CET
HÉRITAGE?
CP: Jean-Marie LEBLANC, mon prédécesseur, était
dans cette logique de transmission. Il ne m’a pas attendu
pour cela. Au début, j’étais son adjoint. Il me
disait : " Regarde, imprègne toi de ce qui se passe
sur le bord de la route. C’est le moment idéal pour
comprendre ". C’était dingue, après des années de
carrière professionnelle dans le journalisme, je redevenais
l’enfant qui écoutait le Tour à la radio et
en famille. Un retour aux sources. Là où la transmission
avait commencé à œuvrer pour moi, dans
mon amour pour le Tour de France. La radio est un
média magique pour le vélo. Je m’emploie chaque
année pourtant à donner au Tour une dimension
visuelle encore plus fantastique, avec tous les gens
de talent qui m’entourent. Et en particulier grâce
au travail formidable de France Télévision. Mais
la radio laissait une part de rêve unique se créer
autour des commentaires, que notre imagination
comblait. On est bien toujours dans cette zone sensible,
entre nostalgie, avenir et modernité. C’est le
sens de la vie. Cet héritage émotionnel est très bien
passé entre Jean-Marie et moi. Le Tour pour nous, a
le goût de l’enfance, comme le vélo d’ailleurs.
Maintenant, imaginer aujourd’hui quelle est la personne
idéale pour perpétuer l’histoire du Tour est
difficile. Il faut donner quand on a la charge du Tour.
Et un peu comme dans la vie, quand on donne, on
reçoit plus souvent. Parfois, il faut prendre garde
à se préserver un peu de l’enthousiasme que la
France du Tour, ses régions, ses villes et ses élus
nous témoignent. En clair, les invitations à déjeuner
sont redoutables autant qu’agréables. Et mon taux
de cholestérol doit rester dans les clous, ce qui est
un travail de résistance d’une intensité rare pour
quelqu’un comme moi.
D’UNE CERTAINE MANIÈRE, PERSONNE
N’EST RÉELLEMENT PROPRIÉTAIRE DU TOUR
ET POURTANT TOUT LE MONDE EN A LA
RESPONSABILITÉ. LES COUREURS, LE PUBLIC,
L’ORGANISATEUR BIEN SÛR ET TOUS LES
GENS QUI LE SUIVENT. CETTE TRANSMISSION
ET RESPONSABILITÉ COLLECTIVE SONT
SANS DOUTE UN DES ASPECTS LES PLUS
COMPLEXES À GÉRER ?
CP: Le Tour appartient à tous ceux qui l’aiment.
Chez ASO et avec la famille Amaury, nous sommes
au centre de cette responsabilité et des obligations
qui en découlent. Le Tour doit être protégé pour ne
pas être complice des dérapages liés aux excès que
le sport cycliste, aussi exigeant qu’ingrat parfois,
peut et a suscité. Les coureurs, les équipes, les fédérations,
les médias et instances dirigeantes du
cyclisme mondial ont une responsabilité vis-à-vis du
Tour. Les spectateurs aussi d’ailleurs, par leur com-
Pauline BALLET
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