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<strong>FR</strong>ANCE<br />
AVRIL <strong>2020</strong><br />
HORS DU COMMUN<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
À LA POINTE<br />
DE L’ESCRIME<br />
Comment MILES CHAMLEY-WATSON<br />
a dominé ses troubles de l’attention<br />
grâce au fleuret et rafraîchi son sport<br />
au plus haut niveau
Éditorial<br />
LA GUEULE<br />
DE L’EMPLOI ?<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
Costaud ce rappeur dans le magazine ! Pardon ?<br />
Vous voyez le fleuret… le masque ? Oui, il s’agit<br />
bien d’un sportif. Surprenant ? Pour ceux qui<br />
pensent qu’un champion d’escrime ressemble à…<br />
un champion d’escrime. Alors d’accord, Miles<br />
Chamley-Watson a autant d’encre et de blingbling<br />
sur le corps qu’un MC au sommet des charts,<br />
mais il s’agit bien d’un athlète au sommet de sa<br />
discipline. Celui qui a injecté une bonne dose de<br />
cool et de style dans une spécialité que beaucoup<br />
considèrent à tort comme old school et à des<br />
années lumière du lifestyle des nouvelles générations.<br />
C’est pourtant le fleuret qui a aidé cet Américain<br />
né à Londres à surmonter ses troubles de<br />
l’attention et à en devenir l’un des patrons mondiaux.<br />
Et Miles Chamley-Watson ne sera pas le<br />
seul à vous surprendre dans ce numéro…<br />
<strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA<br />
Enfant inspiré par le Commandant<br />
Cousteau dans les années<br />
80, ce photographe français<br />
d’aventure basé en Australie<br />
ne s’imaginait pas que sa carrière<br />
l’amènerait un jour à vivre<br />
sous la mer avec l’expédition<br />
Under <strong>The</strong> Pole page 56. Sous<br />
la banquise, dans les vagues<br />
du Pacifique ou près des sommets,<br />
il s’accomplit dans les<br />
lumières naturelles et lorsque<br />
les conditions de reportage<br />
deviennent plus compliquées.<br />
MICHAEL MULLER (COUVERTURE), <strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA/UNDER THE POLE/ZEPPELIN NETWORK<br />
Votre Rédaction<br />
Le photographe Franck Gazzola à l’entrée de la capsule<br />
et Ghislain Bardout (assis) sont partis pour trois jours<br />
d’immersion dans le cadre du projet Under <strong>The</strong> Pole.<br />
ANDY LEWIS<br />
« J’avais perdu le contact avec<br />
ce sport jusqu’à ce que la<br />
génération de Miles arrive et<br />
ravive mon amour », déclare<br />
l’ancien escrimeur. Aujourd’hui<br />
éditeur basé à L.A. et auteur<br />
de quatre livres, Lewis a écrit<br />
pour Fortune, le Los Angeles<br />
Times et le Hollywood Reporter.<br />
« Entendre Miles raconter<br />
son histoire sur la façon dont<br />
l’escrime a changé sa vie m’a<br />
rappelé toutes les façons dont<br />
l’escrime a changé la mienne. »<br />
Page 26<br />
THE RED BULLETIN 3
CONTENUS<br />
avril <strong>2020</strong><br />
26 L’autre escrime<br />
Le fleuret devait juste venir en<br />
aide à Miles Chamley-Watson,<br />
il en est devenu une icône pop<br />
36 Coureurs de cœur<br />
Pour le Wings for Life World Run,<br />
ils seront des milliers à s’élancer<br />
partout sur la planète<br />
48 Perdre le contrôle<br />
Elle aurait pu persévérer dans le<br />
ballet, la street dance a changé<br />
la vie d’Angyil McNeal<br />
56 Récif en danger<br />
Séjourner trois jours sous l’eau<br />
permet un état des lieux accéléré<br />
du monde du dessous<br />
68 Le point sur le rap<br />
Que savez-vous vraiment de ce<br />
rap français qui cartonne ?<br />
68<br />
Vous vous posez des<br />
questions sur le rap ?<br />
Mehdi a les réponses.<br />
6 Galerie : ouvrez bien vos yeux !<br />
12 Le dentier qui pourrait sauver la<br />
vie des joueurs de foot américain<br />
14 Pour votre prochain voyage en<br />
Angleterre, plongez dans le vrai<br />
16 La dernière interview de Daniel<br />
Craig en tant que James Bond ?<br />
18 La solution pour les sans-abri<br />
se trouve probablement dans<br />
des maisons imprimées<br />
20 De retour dans la série Star Trek,<br />
Picard est loin d’être congelé<br />
22 Des ballons et de l’art : pour<br />
penser la Syrie autrement<br />
24 Exclusif : Alicia Keys vous dit ce<br />
qu’elle écoute sur ses rollers !<br />
36<br />
C’est nécessaire : le 3 mai,<br />
vous serez à Rouen pour<br />
courir avec nous.<br />
80 Au Vietnam, oserez-vous vous<br />
lancer dans ces grottes de l’envergure<br />
d’une cathédrale ?<br />
84 Un incroyable casque développé<br />
pour la réalité virtuelle<br />
85 Du pilotage réel au virtuel… au<br />
pilotage réel à nouveau, la roue<br />
tourne pour James Baldwin<br />
86 Une montre Omega dédiée à 007<br />
et créée en collaboration avec<br />
l’acteur Daniel Craig<br />
88 Les meilleurs événements en<br />
France et les programmes les plus<br />
chauds à suivre sur <strong>Red</strong> Bull TV :<br />
ne ratez rien !<br />
90 Matos : du vélo, du vélo, du vélo !<br />
96 Ils et elles font <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
98 Nouria Newman dans les rapides<br />
de Patagonie<br />
ATIBA JEFFERSON, QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD, VINCENT CURUTCHET FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />
4 THE RED BULLETIN
48<br />
Issue d’un quartier<br />
tendu, Angyil s’est<br />
faite grâce à la danse.<br />
THE RED BULLETIN 5
LA CHAUSSÉE<br />
DES GÉANTS,<br />
IRLANDE DU NORD<br />
Figé dans<br />
le temps<br />
Aussi remarquables que soient ses<br />
talents de rider BMX, l’Autrichien<br />
d’origine croate Senad Grosic peine<br />
à rivaliser avec cette merveille naturelle<br />
qu’est la Chaussée des Géants. « L’histoire<br />
de cette image remonte à environ<br />
60 millions d’années. Une coulée de<br />
lave se refroidit et laisse ce vaste<br />
champ de pierres hexagonales »,<br />
explique le photographe allemand<br />
Lorenz Holder. Ce dernier saisit ce<br />
cliché alors que le soleil se couche<br />
sur ce site inscrit au patrimoine mondial<br />
de l’UNESCO. « De nos jours, rares<br />
sont les lieux sur terre où l’on peut<br />
admirer ces formations. »<br />
lorenzholder.com
7
ENGELBERG,<br />
SUISSE<br />
En noir<br />
et blanc ?<br />
Les photos primées ne sont pas toujours<br />
celles qui ont été imaginées ni planifiées<br />
en amont. Certaines parmi les plus étonnantes<br />
au monde sont le fruit d’un moment<br />
non prémédité. Ce cliché du skieur professionnel<br />
de haute montagne William<br />
Larsson, réalisé par le photographe Elias<br />
Lundh pour le concours <strong>Red</strong> Bull Illume,<br />
en est une belle illustration. « Ce jour-là,<br />
William et moi partons avec une tout autre<br />
idée en tête, mais toutes nos tentatives<br />
échouent, explique Lundh. Sur le chemin<br />
du retour, nous faisons quelques essais<br />
près d’une grande paroi rocheuse. C’est<br />
seulement au moment où j’utilise le drone<br />
que m’apparaît le potentiel de l’image.<br />
En appuyant sur le déclencheur, je comprends<br />
que nous tenons là quelque<br />
chose de spécial. »<br />
Instagram : @eliaslundh<br />
ELIAS LUNDH/RED BULL ILLUME, DAVID JARAMILLO RAMÍREZ/RED BULL ILLUME
SABANETA,<br />
COLOMBIE<br />
Terrain<br />
glissant<br />
Le mouvement du skateur Felipe<br />
Marin prend des allures de BD dans<br />
cette surprenante œuvre d’art<br />
du photographe colombien<br />
David Jaramillo Ramírez et du graphiste<br />
Camilo Bustamante. « J’ai<br />
voulu illustrer la capacité de l’athlète<br />
à vaincre ses propres peurs, explique<br />
Ramírez. Ici, la partie graphique<br />
figure les peurs qui hantent l’athlète<br />
dans l’exercice de sa passion. »<br />
davidjaraphoto.com<br />
9
PARC NATIONAL<br />
TSINGY DE BEMARAHA,<br />
MADAGASCAR<br />
Une leçon<br />
par foulée<br />
À exploit extraordinaire, préparation<br />
extraordinaire. Cela explique la présence<br />
du grimpeur Albert Villarroya Farrarós à<br />
Madagascar, pays non moins exceptionnel<br />
afin de préparer son tour du monde à pied.<br />
Une odyssée qui conduira l’Espagnol à travers<br />
les plus célèbres chaînes de montagne<br />
de la planète pendant quinze ans. Au menu,<br />
terrains rocheux évoquant la planète Mars<br />
et aiguilles calcaires abruptes où une<br />
concentration de tous les instants sera de<br />
mise, comme ici dans la réserve naturelle<br />
de Tsingy de Bemaraha. Hors des chemins<br />
balisés, le calcaire y devient instable et<br />
imprévisible. Un vrai test pour tout randonneur<br />
téméraire, et une préparation mentale<br />
et physique idéales pour un homme sur le<br />
point de faire le tour du globe…<br />
TYRONE BRADLEY
11
PREVENT BIOMETRICS<br />
Les bienfaits du<br />
mal aux dents<br />
Ce protège-dents high-tech préserve le sourire<br />
des athlètes, mais pourrait aussi leur sauver la vie.<br />
En plus de parer aux traumatismes<br />
dentaires et maxillaires, le premier<br />
protège-dents connecté alerte sur<br />
de potentiels dommages cérébraux.<br />
La NFL (National Football<br />
League) a un problème de<br />
commotion cérébrale. Une<br />
étude datant de 2018 révèle<br />
que chaque match de la<br />
saison de football américain<br />
compte, en moyenne,<br />
0,41 com motion cérébrale.<br />
Toujours selon cette enquête,<br />
plus de cent anciens joueurs<br />
souffrent actuellement d’encéphalopathie<br />
traumatique<br />
chronique (ETC), une maladie<br />
dégénérative du cerveau due<br />
aux coups répétés à la tête.<br />
En clair, les joueurs de football<br />
américain professionnels pratiquent<br />
un sport nuisant gravement<br />
à leur santé et les instances<br />
restent impuissantes<br />
face au problème.<br />
Prevent Biometrics, une<br />
start-up basée à Minneapolis,<br />
pense avoir la solution contre<br />
les blessures graves à la tête.<br />
Elle affirme avoir développé la<br />
première technologie capable<br />
de mesurer avec précision et<br />
en temps réel les impacts<br />
crâniens, en utilisant non pas<br />
les casques des joueurs, mais<br />
leurs protège-dents. « Les<br />
solutions disponibles à ce jour<br />
utilisent des capteurs placés<br />
dans les casques ou dans tout<br />
autre couvre-chef, a récemment<br />
déclaré à Forbes David<br />
Sigel, directeur général de<br />
Prevent Biometrics. Ces produits<br />
se sont avérés imprécis<br />
du fait que le casque bouge<br />
indépendamment de la tête. »<br />
Le protège-dents Prevent<br />
Biometrics enregistre la puissance,<br />
l’emplacement, la direction<br />
et le nombre d’impacts<br />
subis par le joueur puis transmet<br />
instantanément ces<br />
données à l’entraîneur au<br />
bord du terrain.<br />
« La communauté scientifique<br />
a par ailleurs établi que<br />
l’arcade dentaire supérieure<br />
constituait le point de mesure<br />
le plus précis, poursuit Sigel.<br />
Le crâne y est solidement fixé.<br />
Si le protège-dents Prevent<br />
Biometrics ne permet pas de<br />
diagnostiquer une commotion<br />
cérébrale, il aide les entraîneurs<br />
à mieux évaluer les blessures<br />
durant le match et à agir<br />
plus rapidement pour éviter<br />
des dommages irréversibles. »<br />
Ce dispositif minuscule pourrait<br />
résoudre l’un des plus gros<br />
problèmes du sport américain<br />
et rendre le football plus sûr.<br />
Il faut en tout cas l’espérer.<br />
PREVENT BIOMETRICS<br />
12 THE RED BULLETIN
Plus besoin de<br />
penser au jeton<br />
pour le casier de<br />
la pistoche…<br />
NAGE SAUVAGE<br />
Plongez dans le vrai<br />
Sian Anna Lewis livre ses meilleurs plans de baignade en pleine nature au<br />
Royaume-Uni. Pour votre prochain trip au UK... qu’importe le Brexit !<br />
La popularité du wild swimming<br />
— se baigner dans des<br />
étendues d’eau naturelle telles<br />
que les lacs, les rivières ou les<br />
océans — séduit toujours plus<br />
de monde ces dernières<br />
années. Une étude publiée par<br />
Sport England en 2019 révèle<br />
que plus de 4,1 millions de personnes<br />
au Royaume-Uni s’y<br />
sont adonnées entre novembre<br />
2017 et novembre 2018. Journaliste<br />
de voyage et d’aventure,<br />
Sian Anna Lewis en est<br />
l’une des plus ardentes partisanes<br />
en ligne et est à l’origine<br />
de bien des adeptes. « Nager<br />
en plein air dans un cadre<br />
naturel procure un sentiment<br />
de paix, confie Sian Anna<br />
Lewis, auteure du guide<br />
d’aventure au féminin <strong>The</strong> Girl<br />
Outdoors. Si vous travaillez<br />
en ville, passez beaucoup de<br />
temps sur votre ordinateur et<br />
menez une vie casanière, se<br />
promener est bien sûr génial,<br />
mais plonger dans l’eau est<br />
bien plus radical. Cela équivaut<br />
à un changement total d’environnement.<br />
» Pour s’en<br />
convaincre, Lewis recommande<br />
de localiser un site près<br />
de chez soi avant de s’aventurer<br />
plus loin. « Vérifiez au préalable<br />
la profondeur de l’eau et<br />
repérez le point d’accès et de<br />
sortie du lieu de baignade,<br />
conseille-t-elle. Les berges<br />
peuvent présenter des difficultés,<br />
mieux vaut être accompagné(e).<br />
Enfin, certains sites<br />
tels que les rivières en milieu<br />
urbain peuvent présenter un<br />
taux élevé de bactéries. La<br />
prudence est donc de mise. »<br />
Le top des spots wild<br />
swimming selon Sian<br />
Fairy Pools, Glenbrittle,<br />
Isle of Skye, Écosse<br />
« Un masque de plongée permet<br />
d’apprécier une visibilité<br />
sous l’eau exceptionnelle. Cela<br />
ressemble à une grotte avec<br />
ses petits lagons et arcs<br />
sous-marins où se faufiler. »<br />
Goldiggins Quarry,<br />
Bodmin Moor, Cornouailles<br />
« Un bassin naturel profond et<br />
magnifique dans une ancienne<br />
carrière bordée de rochers qui<br />
sont autant de plongeoirs de<br />
hauteurs différentes. »<br />
Sharrah Pool, Dartmoor<br />
National Park, Devon<br />
« Cette piscine à l’eau cristalline<br />
couleur d’émeraude se<br />
cache au bout d’un chemin longeant<br />
une rivière. Vous y nagerez<br />
entouré d’arbres au cœur<br />
de la forêt. Féerique. »<br />
Kenwood Ladies’ Pond,<br />
Hampstead Heath, Londres<br />
« Nul besoin de quitter Londres<br />
pour pratiquer le wild swimming.<br />
Cet endroit est l’un de<br />
mes préférés. En été, on en<br />
vient même à oublier que l’on<br />
est à Londres. Le pied ! »<br />
Tongue Pot, Eskdale,<br />
Lake District<br />
« On se croirait dans les tropiques<br />
si ce n’était l’eau glacée<br />
: petites chutes d’eau et<br />
succession de bassins en enfilade<br />
connectés. Certains sont<br />
parfaits pour y sauter. »<br />
thegirloutdoors.com<br />
JACOB LITTLE<br />
14 THE RED BULLETIN
DANIEL CRAIG<br />
« Le but, c’est de<br />
faire un bon film »<br />
C’est la fin d’une époque : Mourir peut attendre signe<br />
la dernière apparition de Daniel Craig sous les traits<br />
de James Bond. En quatorze ans, il sera devenu l’un des<br />
007 les plus populaires. Comment a-t-il fait ?<br />
the red bulletin : Vous incarnez<br />
un commissaire excentrique dans<br />
À couteaux tirés. Cherchez-vous<br />
une alternative au personnage de<br />
James Bond ?<br />
daniel craig: Je ne pensais pas à<br />
ça. Le scénario était excellent ! Une<br />
comédie de surcroît ! C’est rare.<br />
Le scénario de Mourir peut<br />
attendre vous a-t-il déçu ?<br />
Au contraire. Il a été écrit par l’incroyable<br />
Phoebe Waller-Bridge, la<br />
créatrice de la série Fleabag. C’était<br />
un privilège qu’elle s’implique dans<br />
ce projet, car n’ayant pas d’expérience<br />
avec Bond, elle apportait<br />
quelque chose d’original. Et puis<br />
c’est un processus collaboratif, on<br />
se base sur les éléments des romans.<br />
Quelle a été votre contribution ?<br />
Si j’ai une idée à 3 heures du matin,<br />
je l’écris, j’en parle à l’équipe, je les<br />
harcèle presque. Nous tournons ici<br />
pendant plusieurs mois, j’ai besoin<br />
de savoir comment tout va se passer.<br />
Les réalisateurs et les scénaristes<br />
définissent le scénario. Tolèrent -<br />
ils votre engagement ?<br />
Peu m’importe, car c’est ma façon de<br />
travailler. Notre but à tous, c’est de<br />
faire un bon film. Plus le scénario est<br />
bon, plus nous, les acteurs, sommes<br />
détendus et à même d’improviser.<br />
Quelle est l’idée derrière le<br />
concept de Bond ?<br />
Avant d’interpréter un rôle, je<br />
l’analyse de près : qu’est-ce qui l’influence<br />
? Pourquoi se comporte-t-il<br />
ainsi ? Je lui confère une profondeur<br />
psychologique pour le rendre intéressant,<br />
avec ses conflits intérieurs.<br />
Ainsi, je rends le personnage crédible.<br />
C’est comme ça que j’ai appris<br />
mon métier.<br />
Les derniers James Bond lèvent<br />
le voile sur la vie personnelle de<br />
l’agent 007. Pourquoi ?<br />
Ça a commencé avec Skyfall. Il<br />
semblait logique de poursuivre dans<br />
cette veine. Bond vieillit. Ce n’est<br />
pas un pochoir, c’est un individu<br />
dont l’histoire se poursuit d’un film<br />
à l’autre. Sans étoffer sa biographie,<br />
nous l’avons utilisée pour déclencher<br />
certains rebondissements<br />
dans l’intrigue.<br />
N’y a-t-il pas un côté de déjà-vu<br />
avec tous les films d’agent secret<br />
au cinéma ?<br />
Ce serait hypocrite de prétendre le<br />
contraire. Mais vous savez, on essaie<br />
toujours de réinventer la roue dans le<br />
milieu du cinéma. L’objectif est d’offrir<br />
au public un divertissement en<br />
rapport avec le présent. On se laisse<br />
influencer par d’autres films, sans les<br />
copier. C’est ça la clé.<br />
Les films de Bond collent-ils à<br />
l’actualité ?<br />
Elle fait partie de la donne. Mais<br />
il ne s’agit pas non plus d’épouser<br />
servilement les souhaits des fans.<br />
Le personnage de Bond a quelque<br />
chose d’intemporel. Il n’y a que<br />
comme ça qu’une histoire classique<br />
peut être racontée. Un film aussi<br />
peut vieillir rapidement.<br />
Quand vous avez endossé le rôle,<br />
vous n’avez pas fait l’unanimité.<br />
Comment avez-vous réussi à vous<br />
imposer ?<br />
J’ai tout de suite expliqué à la productrice,<br />
Barbara Broccoli, que je<br />
comptais sur la solidarité de l’équipe<br />
de réalisation. J’avais besoin d’être<br />
en confiance sur le plateau afin de<br />
pouvoir faire comme si j’étais vraiment<br />
James Bond. Pour me sentir<br />
partie intégrante du film, je devais<br />
pouvoir donner mon avis sur le scénario,<br />
le tournage, tout ça. Et c’est<br />
comme cela que ça s’est passé.<br />
Verra-t-on encore des films de<br />
James Bond au cinéma dans<br />
cinquante ans ?<br />
Ce sera sans moi ! Le personnage<br />
perdure car jusqu’ici, il a été préservé<br />
: les producteurs ne l’ont pas<br />
vendu à Hollywood. Ils ont réussi à<br />
donner à chaque film une identité<br />
propre. Si l’aspect financier était la<br />
seule chose qui intéressait les studios,<br />
Bond ne serait plus Bond depuis<br />
longtemps. Rendre chaque nouvel<br />
opus meilleur que le précédent,<br />
voilà qui pourra le garder pérenne.<br />
À condition que le public aime ! Sinon,<br />
il n’y a rien que je puisse faire.<br />
Mourir peut attendre,<br />
le 8 avril au cinéma<br />
ERIK TANNER/CONTOUR RÜDIGER STURM<br />
16 THE RED BULLETIN
« Le personnage de<br />
Bond a quelque<br />
chose d’intemporel. »<br />
Daniel Craig prend congé de 007 après<br />
quatorze ans de bons et loyaux services.<br />
THE RED BULLETIN 17
L’imprimante 3D<br />
Vulcan II en action<br />
(ci-contre) ; le<br />
ciment spécial<br />
utilisé par l’imprimante,<br />
le Lavacrete<br />
(ci-dessous) ; la<br />
première maison<br />
à impression 3D<br />
homologuée,<br />
conçue par Icon et<br />
New Story à Austin,<br />
Texas (à gauche).<br />
ICON BUILD<br />
Solution en béton<br />
À défaut de pouvoir imprimer des billets pour aider les sans-abri<br />
à se loger, une société imprime des maisons pour les héberger.<br />
L’État mexicain de Tabasco<br />
accueille dans l’une de ses<br />
zones rurales deux petites<br />
maisons compactes. A priori,<br />
elles n’ont rien de particulier,<br />
pourtant ces habitations pourraient<br />
révolutionner le logement.<br />
Elles ne se bâtissent<br />
pas, mais s’impriment en 3D.<br />
Procurer un toit aux habitants<br />
les plus pauvres de Tabasco<br />
marque la première phase du<br />
projet de l’entreprise Icon et de<br />
l’ONG New Story dont le but<br />
est de régler le problème des<br />
sans-abris. Ces derniers sont<br />
estimés à environ 150 millions<br />
à travers le monde, ajoutés<br />
aux 1,6 milliard de personnes<br />
vivant dans des logements<br />
précaires.<br />
Icon et New Story veulent<br />
fournir un habitat sûr et abordable<br />
aux familles dont la rue<br />
est le seul horizon. Cinquante<br />
unités sont prévues pour la<br />
communauté de Tabasco, en<br />
collaboration avec l’organisation<br />
mexicaine de logement<br />
social Échale. Les maisons —<br />
d’une superficie de 46 m² intégrant<br />
deux chambres, un<br />
salon, un bureau et une salle<br />
de bain — sont conçues avec<br />
les familles qui y vivront, puis<br />
imprimées en 3D sur les fondations<br />
avec un ciment spécial.<br />
Le toit, les portes, les fenêtres,<br />
la plomberie et l’électricité exigent<br />
une intervention humaine.<br />
L’objectif d’Icon est d’imprimer<br />
une maison en moins de<br />
24 heures, pour un coût de<br />
3 600 € environ. Les familles<br />
bénéficieront d’un prêt à taux<br />
zéro sur sept ans qu’elles rembourseront<br />
à raison de 10 €<br />
par semaine. « Il faut garder<br />
à l’esprit la spécificité de ce<br />
projet : nous ne sommes pas<br />
une société de R&D obsédée<br />
par l’innovation, explique<br />
Alexandria Lafci, cofondatrice<br />
de New Story. Le projet exclut<br />
le profit. Ces maisons sont<br />
destinées à des gens avec des<br />
besoins que nous impliquons<br />
à chaque étape du projet. Ce<br />
projet peut concrétiser un<br />
rêve de durabilité et d’équité<br />
sociale », explique Gretel Uribe,<br />
la responsable du développement<br />
pour Échale.<br />
L’imprimante 3D Vulcan II<br />
est disponible à l’achat dans le<br />
monde entier afin que d’autres<br />
villes puissent l’activer.<br />
iconbuild.com<br />
ICONBUILD.COM<br />
18 THE RED BULLETIN
COURONS POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PAS<br />
3 MAI <strong>2020</strong><br />
INSCRIVEZ<br />
VOUS<br />
ROUEN<br />
LA SEULE COURSE OÙ LA LIGNE D’ARRIVÉE VOUS RATTRAPE<br />
WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM
PATRICK STEWART<br />
Aujourd’hui se<br />
pense demain<br />
Comment l’occasion d’incarner à nouveau un personnage<br />
dans la nouvelle mouture de la série Star Trek a fait réfléchir<br />
l’un des acteurs les plus iconiques au monde sur le présent.<br />
La plupart des sujets politiques<br />
dans les séries paraissent plus<br />
importants et actuels que jamais,<br />
en <strong>2020</strong>. Pensez-vous que les<br />
thèmes sous-jacents sont plus<br />
graves aujourd’hui ?<br />
Clairement, il est plus important<br />
que jamais d’être politique. L’année<br />
dernière je me suis même vu proposer<br />
de prendre la nationalité<br />
américaine et de faire campagne<br />
pour un siège au Sénat. C’était une<br />
proposition sérieuse.<br />
L’an dernier, l’acteur mythique Sir<br />
Patrick Stewart s’est vu présenter<br />
l’occasion de revoir son passé et sa<br />
carrière en reprenant l’un de ses<br />
rôles les plus acclamés, celui du<br />
Capitaine Jean-Luc Picard de l’USS<br />
Enterprise, pour Star Trek : Picard,<br />
la série télévisée d’Amazon Prime.<br />
Quinze ans durant, entre 1987 et<br />
2002, Stewart détenait le rôle inspirant<br />
du Capitaine et dirigeant<br />
dans la série Star Trek : La Nouvelle<br />
Génération ainsi que dans quatre<br />
films, faisant passer un message de<br />
justice, de diplomatie et d’égalité.<br />
« Étant donné que notre monde<br />
avance d’un pas pour en reculer de<br />
deux par la suite, dit Stewart à propos<br />
de la nouvelle version de son<br />
personnage, je pense qu’il présente<br />
un grand nombre de traits de<br />
caractère de l’homme que nous<br />
avons connu dans La Nouvelle<br />
Génération : sa modestie, sa passion<br />
pour l’humanité et pour le futur<br />
du système solaire. » L’acteur de<br />
79 ans raconte à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
ce que cela lui a fait de reprendre<br />
ce rôle emblématique après plus<br />
de dix-huit ans, et de revenir à<br />
une série aussi puissante dans le<br />
nouveau paysage extra- terrestre<br />
de <strong>2020</strong>...<br />
the red bulletin : Lorsqu’on<br />
vous a offert le rôle, avez-vous<br />
senti l’envie de revenir ?<br />
patrick stewart : Pas du tout !<br />
Lorsque j’ai rencontré l’équipe de<br />
réalisateurs et de scénaristes, c’était<br />
pour leur dire que je ne reviendrais<br />
pas. Mais ils m’ont fait une proposition<br />
que je ne pouvais pas refuser…<br />
Qu’est-ce qui vous a séduit dans<br />
ce nouveau chapitre, et tout<br />
particulièrement dans votre<br />
personnage ?<br />
Nous habitons et travaillons dans<br />
un monde différent. Picard s’est<br />
détourné du monde et vit dans son<br />
château avec son chien, à cultiver<br />
du vin. Il est mécontent, fâché et<br />
coupable ; il a l’impression d’avoir<br />
échoué.<br />
Après tant d’années loin du personnage<br />
de Picard, avez-vous eu<br />
du mal à le retrouver ?<br />
Cet homme ne m’a jamais quitté ;<br />
il est toujours resté à l’intérieur de<br />
moi. Nous nous ressemblons en<br />
ce qui concerne nos convictions et<br />
notre vue sur le leadership. C’était<br />
une expérience épuisante et exaltante,<br />
mais je ne l’ai pas trouvée<br />
difficile. Par contre, ce que j’ai<br />
trouvé dur, c’est de retravailler<br />
avec mes anciens collègues de<br />
plateau Jonathan (Frakes, qui joue<br />
le commandant Riker, ndlr) et Brent<br />
( Spiner, qui joue le lieutenant commandant<br />
Data, ndlr). Ils m’ont<br />
beaucoup taquiné.<br />
Avez-vous toujours été aussi<br />
engagé politiquement ?<br />
J’ai été membre du parti travailliste<br />
pendant de nombreuses années,<br />
même si j’ai quelques doutes<br />
aujourd’hui.<br />
Star Trek a toujours soutenu la<br />
diplomatie et l’optimisme. Comment<br />
avez-vous vécu le fait de<br />
tourner ce nouveau chapitre tout<br />
en vivant à une époque beaucoup<br />
moins porteuse d’espoir pour un<br />
grand nombre de personnes ?<br />
Je pense qu’il y a toujours de l’espoir.<br />
Même si la situation est<br />
sombre en ce moment, d’autant<br />
plus en Europe, nous devons croire<br />
en un futur meilleur. Nous représentons<br />
le temps présent dans cette<br />
nouvelle série. C’est l’une des<br />
choses à laquelle nous croyions<br />
depuis le début, en faisant cette<br />
série : un monde plus juste, plus<br />
doux, et un monde plus modeste.<br />
C’est également ce que nous avons<br />
essayé d’intégrer à ce nouveau<br />
chapitre.<br />
Star Trek : Picard actuellement sur<br />
Amazon Prime Video<br />
SEBASTIAN KIM/AUGUST JESS HOLLAND<br />
20 THE RED BULLETIN
« Dans<br />
Star Trek, nous<br />
représentons le<br />
temps présent. »<br />
THE RED BULLETIN 21
Le souffle est dans<br />
le ballon : aperçu<br />
du projet Stereotype<br />
Inversion.<br />
Peinture, littérature, musique<br />
ou encore architecture, l’héritage<br />
culturel de la Syrie est<br />
abondant. Sa contribution au<br />
monde remonte à 9 000 ans<br />
avant Jésus-Christ. Mais avec<br />
les conflits et notamment le<br />
début de la guerre civile en<br />
2011, cet apport culturel est<br />
éclipsé par les factions en<br />
guerre et les effusions de sang.<br />
De jeunes artistes syriens<br />
tentent aujourd’hui de changer<br />
la donne en mettant à l’honneur<br />
l’abondance de nouveaux<br />
talents créatifs dans un pays<br />
que les médias relèguent aux<br />
mauvaises nouvelles.<br />
Alýa Ola Abbas est l’une des<br />
artistes de l’ALya Art Studio.<br />
Son projet novateur, Stereotype<br />
Inversion, vise à présenter<br />
la Syrie comme un lieu de<br />
créativité et d’espoir. « Je travaille<br />
et vis dans un pays qui<br />
ALYA ART STUDIO<br />
Élever la Syrie<br />
Avec ses œuvres qui redonnent vie, la créatrice<br />
syrienne Alýa Ola Abbas interroge la vision du monde<br />
sur son pays d’origine. Pour un futur positif.<br />
subit la guerre depuis environ<br />
dix ans, l’impact néfaste a fini<br />
par me perturber, explique-telle.<br />
Je travaille à partir de<br />
scènes du quotidien devenues<br />
des clichés et les remplace par<br />
des lieux pleins d’espoir afin<br />
d’interroger la situation et<br />
transformer ces lieux. » Abbas<br />
utilise la photographie, le film<br />
et les installations pour saisir<br />
des lieux à travers la Syrie. « La<br />
série de photos se compose<br />
d’environ sept images aux<br />
histoires différentes, préciset-elle.<br />
Les ballons symbolisent<br />
les idées créatives et les inventions<br />
modernes des gens d’ici ;<br />
pour leur donner confiance et<br />
renforcer leur détermination à<br />
atteindre la qualité de vie qu’ils<br />
souhaitent. »<br />
Chaque image est constituée<br />
de cinquante couches de<br />
photographies, associant des<br />
vues et des ballons afin de susciter<br />
des récits renouvelés de<br />
ces espaces. « Notre vie est<br />
faite de convictions, nous<br />
devons donc penser positivement<br />
et aspirer à un pouvoir<br />
réel, concret, affirme Abbas à<br />
propos de son projet. Les dernières<br />
pièces de Stereotype<br />
Inversion conceptualisent mes<br />
points de vue artistiques sur<br />
les questions sociales. »<br />
Instagram : @alya_art_studio<br />
ALÝA OLA ABBAS<br />
22 THE RED BULLETIN
ALICIA KEYS<br />
Roller<br />
skate of<br />
mind<br />
Quand l’artiste habituée des<br />
Grammys mais aussi actrice<br />
et militante veut souffler,<br />
elle le fait en roller, à l’écoute<br />
des sons qu’elle partage ici.<br />
L’Américaine Alicia Keys est un<br />
profil incontournable dans le<br />
monde de la musique. Depuis<br />
son succès en 2001 avec le<br />
single Fallin’, la New-Yorkaise<br />
enchaîne les disques multiplatines,<br />
cumule quinze Grammys<br />
et s’impose comme actrice et<br />
productrice de films. Mais Keys<br />
est aussi activiste politique et<br />
sociale, et mère de deux garçons.<br />
Pour la sortie de son septième<br />
album studio, ALICIA, la<br />
jeune femme de 39 ans révèle<br />
que le roller l’aide à se changer<br />
les idées. « Je le pratique beaucoup<br />
en famille, confie Keys.<br />
C’est super sympa. Et la musique<br />
entraînante en patins à roulettes<br />
est vivifiante, une vraie sensation<br />
de bonheur. » Nous vous<br />
livrons ici une sélection de sa<br />
playlist… aliciakeys.com<br />
Post Malone<br />
Circles (2019)<br />
« Les chansons de Post Malone<br />
sont super sur la piste quand<br />
tu es en roller. J’adore Congratulations<br />
(single du rappeur<br />
new-yorkais sorti en 2017,<br />
ndlr), mais je pense que Circles<br />
est encore meilleur. Ce morceau<br />
(classé quatrième de l’US<br />
Billboard Hot 100, ndlr) est<br />
génial, encore plus en roller,<br />
on a immédiatement envie de<br />
bouger. »<br />
Alicia Myers<br />
I Want To Thank You (1981)<br />
« J’adore l’écouter quand je<br />
suis en roller. (Elle chante.)<br />
“I wanna thank you, Heavenly<br />
Father, for shining your light on<br />
me… I know it couldn’t have<br />
happened without you.” Le<br />
rythme est incroyable – vous<br />
ne patinez plus, vous volez.<br />
C’est merveilleux. Un grand<br />
kiffe à découvrir absolument<br />
la prochaine fois que vous<br />
allez patiner. »<br />
Dr. Dre feat. Snoop Dogg<br />
Nuthin’ But A ’G’ Thang (1992)<br />
« La G-funk vous met le feu<br />
sur la piste. Tous les morceaux<br />
de <strong>The</strong> Chronic, un classique<br />
du hip-hop, de Dr. Dre et Snoop<br />
Dogg sont un bon choix. J’insiste,<br />
tout l’album est sublime,<br />
mais surtout Nuthin’ But A ‘G’<br />
Thang. C’est le genre de morceau<br />
avec du ressort, qui vous<br />
oblige à bouger, à vibrer, à<br />
danser et à vous éclater.<br />
Tout est là. »<br />
Alicia Keys<br />
Time Machine (2019)<br />
« Ai-je cité un de mes morceaux<br />
? Bien sûr que du Alicia<br />
Keys en roller c’est de la<br />
bombe – du moins Time<br />
Machine, et No One (2007).<br />
Durant mon enfance, il y avait<br />
un endroit dans le Bronx<br />
appelé “Skate Key“ où je traînais<br />
avec mes amis. Pendant<br />
que tous les autres patinaient,<br />
nous restions là, sages et<br />
mignons. (Rires) »<br />
SONY MUSIC MARCEL ANDERS<br />
24 THE RED BULLETIN
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« L’escrime, c’est ma<br />
Ritaline », plaisante<br />
Miles Chamley- Watson,<br />
ici à Los Angeles<br />
le 18 décembre 2019.<br />
L’AUTRE CÔTÉ<br />
DE LA LAME<br />
Connu pour son style caractéristique comme<br />
pour ses atouts athlétiques, l’escrimeur<br />
américain MILES CHAMLEY-WATSON a surmonté<br />
une jeunesse turbulente pour devenir la première<br />
star mainstream dans un sport de niche vieux<br />
comme le monde. Tokyo est dans son viseur.<br />
Texte ANDY LEWIS<br />
Photos MICHAEL MÜLLER<br />
27
our les non-initiés, il peut être difficile<br />
de suivre une compétition d’escrime. La<br />
lame bouge à une vitesse folle, la pointe<br />
semble disparaître sur les uniformes d’un<br />
blanc éclatant et la façon de compter les<br />
points reste un vrai mystère.<br />
Mais c’est tout autre chose lorsque<br />
Miles Chamley-Watson entre en scène.<br />
Ses mouvements fluides et élégants sont<br />
si singuliers – une touche entre les<br />
jambes ou encore une pichenette derrière<br />
le dos et totalement indéfendable<br />
sur le côté opposé de l’adversaire, bapti-<br />
Psée la « Chamley-Watson » – qu’il est<br />
impossible de ne pas faire la différence<br />
entre le vainqueur et le vaincu. Avec son<br />
style décontracté et imprévisible, et ses<br />
enchaînements inédits, Miles est aussi un<br />
phénomène en dehors de la piste (longue<br />
et étroite où s’affrontent les escrimeurs).<br />
Avec ses origines afro-américaines,<br />
son mètre quatre-vingt-treize, ses cheveux<br />
décolorés et son torse couvert de<br />
tatouages, il détonne dans un sport<br />
encore associé à des images de jeunes<br />
propres sur eux et qui respectent à la<br />
lettre les règles du marquis de Queensberry.<br />
Il cultive son look unique et soigne<br />
28 THE RED BULLETIN
Miles a remporté une<br />
médaille aux JO et<br />
cinq médailles aux<br />
championnats du<br />
monde en individuel<br />
et par équipes.<br />
sa réussite en tant que premier Américain<br />
à avoir remporté un championnat<br />
du monde d’escrime en individuel, ce qui<br />
lui permet de représenter des sponsors<br />
haut de gamme, d’entamer une carrière<br />
de mannequin, d’être reconnu sur les<br />
réseaux sociaux et de fréquenter de nombreuses<br />
stars.<br />
En transcendant un sport longtemps<br />
resté confidentiel, Miles Chamley-<br />
Watson est devenu le premier escrimeur<br />
à entrer dans le mainstream. Il a fait de<br />
l’escrime un sport qui compte, en tordant<br />
le cou à de nombreux postulats sur les<br />
sponsors et les revenus dans une discipline<br />
où les sommes d’argent qui entrent<br />
en jeu sont comparables à une simple<br />
erreur d’arrondi dans les sports professionnels<br />
les plus reconnus. Il offre un<br />
modèle ou a minima une source d’inspiration<br />
à d’autres athlètes de sports<br />
mineurs. Il leur montre comment dépasser<br />
le post-amateurisme, mais aussi maîtriser<br />
les réseaux sociaux et les univers<br />
virtuels, dans un monde où tous les athlètes<br />
peuvent jouir de leur quart d’heure<br />
de célébrité à l’occasion des Jeux olympiques<br />
du XXI e siècle. Et nous n’avons pas<br />
encore parlé de son histoire personnelle<br />
fascinante. Qui aurait cru que l’escrime<br />
lui permettrait de maîtriser ses troubles<br />
du déficit de l’attention sans médicaments<br />
?<br />
« C’est assez dingue de penser que la<br />
plupart des escrimeurs ont deux boulots,<br />
vivent chez leurs parents ou n’ont aucun<br />
sponsor. C’est dingue que cela arrive seulement<br />
maintenant. Alors que ce sport<br />
existe depuis la nuit des temps », s’étonne<br />
Miles Chamley-Watson quand on lui<br />
parle de son succès inattendu, tandis<br />
qu’il s’installe dans un fauteuil des<br />
THE RED BULLETIN 29
ureaux de <strong>Red</strong> Bull à Santa Monica.<br />
Nous sommes à la mi-décembre et Miles<br />
Chamley-Watson, vêtu d’un sweat-shirt<br />
de l’équipe des États-Unis et d’un teeshirt<br />
avec son propre logo MW, nous<br />
parle de sa vie et de sa carrière. Il a fait<br />
étape quelques jours à Los Angeles, entre<br />
un test olympique à Tokyo et Noël qu’il<br />
fêtera à New York.<br />
Né à Londres d’une mère angloafricaine<br />
et d’un père anglojamaïcain,<br />
Miles Chamley-Watson<br />
est arrivé à New York quand il avait neuf<br />
ans avec sa mère et son beau-père (son<br />
père vit toujours au Royaume-Uni).<br />
« Quand j’étais gosse, j’étais insupportable.<br />
Avec mon hyperactivité bien<br />
costaude, j’étais une vraie tornade.<br />
Impossible de me dire quoi que soit.<br />
J’étais une petite tête brûlée directement<br />
débarquée de Londres, raconte-t-il avec<br />
un fond d’accent britannique qui s’accentue<br />
à mesure qu’il s’enthousiasme. À<br />
l’école, les autres gamins me demandaient<br />
tout le temps de dire tel ou tel<br />
mot. Ça me gonflait !, se remémore-t-il.<br />
La moitié du temps, j’étais un fichu Blanc,<br />
et l’autre moitié, un métis de Londres. »<br />
Exit l’école publique, ses parents<br />
l’inscrivent au programme Quest de la<br />
Dwight School de Manhattan, destiné<br />
aux enfants souffrant de trouble déficit<br />
de l’attention avec ou sans hyperactivité<br />
(TDAH) et d’autres troubles de l’apprentissage.<br />
Dans le cadre de ce programme,<br />
Miles Chamley-Watson devait pratiquer<br />
un sport. L’une de ses enseignantes, Ellen<br />
Grayson, qui par la suite est devenue son<br />
mentor et son amie, l’a encouragé à tester<br />
le programme d’escrime dirigé par<br />
son mari, Eric. Ils pensaient que cela<br />
l’aiderait à se concentrer. Sa mère ne lui<br />
a demandé qu’une seule chose : « Tu dois<br />
t’y tenir pendant au moins trois mois. »<br />
« Il a adoré ça dès le premier jour, se<br />
souvient-elle. Jamais je ne l’ai entendu<br />
dire : « Je ne veux pas aller m’entraîner. »<br />
Depuis les tout premiers cours, il a voulu<br />
se surpasser, surtout quand les enfants<br />
se moquaient de lui. « Quand est-ce que<br />
tu vas t’en servir, de ton escrime ?, se<br />
moquaient-ils. Je leur répondais : “Vous<br />
verrez bien.” » Miles Chamley-Watson<br />
choisit le fleuret, qui descend tout droit<br />
des armes d’entraînement ancestrales<br />
et se révèle plus léger et flexible que les<br />
autres armes d’escrime, à savoir le sabre<br />
et l’épée. Au fleuret, il faut viser le torse<br />
uniquement. Le score est calculé électroniquement.<br />
Un léger appui sur un petit<br />
ressort de la pointe du fleuret allume<br />
une lumière. La veste conductrice<br />
« Il y aura toujours<br />
d’autres LeBron<br />
James, avance-t-il.<br />
Mais il n’y aura jamais<br />
qu’un seul Miles. »<br />
30
« JE VEUX ÊTRE DANS STAR WARS.<br />
JE SERAIS INCROYABLE. »
enregistre une lumière colorée si la cible<br />
est atteinte, et une lumière blanche dans<br />
le cas contraire.<br />
Miles Chamley-Watson décrit l’escrime<br />
comme « un sport intime et pur ».<br />
Il adore la vitesse (la pointe du fleuret,<br />
qui peut atteindre 160 km/h, est l’un<br />
des objets les plus rapides dans le sport)<br />
et le danger (le champion olympique<br />
Vladimir Smirnov a été tué en 1982 lorsqu’une<br />
lame a transpercé son masque et<br />
traversé son œil). Mais par-dessus tout,<br />
il aime le face-à-face avec l’adversaire.<br />
« Vous croisez littéralement le fer. Vous<br />
êtes devant votre adversaire, à armes<br />
égales. Qui sera le meilleur ? » Sa mère<br />
est convaincue qu’il aime avoir les projecteurs<br />
braqués sur lui. « Tout repose<br />
sur lui. Il n’y a personne d’autre à blâmer<br />
», explique-t-elle.<br />
Lorsque Miles Chamley-Watson dit :<br />
« Je mets mon masque d’escrime… et je<br />
deviens Superman », il serait aisé d’y voir<br />
S’AMUSER COMME UN<br />
CHAMPION D’ESCRIME<br />
Quand Miles arrive au <strong>Red</strong> Bull High Performance<br />
Center de Santa Monica, son entraîneur<br />
Tyler Jewell sait que l’escrimeur, réputé<br />
pour sa vivacité, risque de s’ennuyer à enchaîner<br />
les répétitions. Alors, il réserve un<br />
quart des sessions d’entraînement à des activités<br />
plus fun. Tyler Jewell a ainsi imaginé<br />
plusieurs jeux concurrentiels afin de remplacer<br />
les traditionnels exercices d’escrime. Voici<br />
cinq routines qui permettent à l’escrimeur<br />
de continuer à s’impliquer et rester réactif.<br />
1. UN AIR DE DODGEBALL<br />
Miles Chamley-Watson se tient entre deux<br />
lignes espacées de 2 mètres environ : il doit<br />
esquiver une balle de tennis tout en déchiffrant<br />
le petit symbole marqué dessus.<br />
2. DOUBLE VOLANT<br />
Dans cette variante déjantée du badminton,<br />
lorsqu’un joueur rate un volant, il doit courir<br />
le ramasser tandis que la personne en face<br />
sert immédiatement un autre volant.<br />
3. PRENDRE LA BALLE AU BOND<br />
Tyler Jewell envoie une balle de tennis à Miles<br />
Chamley-Watson et attend le dernier moment<br />
pour lui demander d’attraper la balle avec la<br />
main gauche, la droite ou les deux.<br />
4. AU PIED DE L’ARC-EN-CIEL<br />
Tyler Jewell jette plusieurs balles colorées<br />
au-dessus de Miles Chamley-Watson qui doit<br />
uniquement attraper la couleur demandée.<br />
5. . DING DONG<br />
Miles Chamley-Watson doit lancer une medecine-ball<br />
de 9 kilos à 3 mètres de hauteur afin<br />
de toucher une cloche accrochée au bout<br />
d’une corde. C’est aussi dur que ça en a l’air.<br />
la énième vantardise d’un athlète au<br />
sommet. Il ne serait d’ailleurs pas le<br />
premier à idolâtrer l’Homme d’acier :<br />
tout le monde sait que Shaquille O’Neal<br />
s’est fait tatouer le « S » de Superman.<br />
Mais il est difficile de ne pas y voir<br />
quelque chose de plus profond pour<br />
Miles Chamley- Watson. En vérité, se<br />
transformer en superhéros armé d’une<br />
épée lui permet d’échapper à ses troubles<br />
du comportement. Lorsque les Grayson<br />
ont émis l’idée que l’escrime aiderait le<br />
jeune Miles à se concentrer, ils ont visé<br />
juste. Une étude de 2012 a notamment<br />
montré que les sports comme l’escrime,<br />
qui nécessitent des adaptations et des<br />
déplacements constants, requièrent<br />
« une attention visuelle et une flexibilité<br />
considérables », ce qui peut être mis en<br />
corrélation avec des améliorations de<br />
l’attention, du traitement des informations<br />
et d’autres fonctions cognitives.<br />
Et il a toujours rejeté les traitements<br />
médicaux contre le TDAH. « L’escrime,<br />
c’est ma Ritaline », plaisante-t-il.<br />
L’avènement de Miles est survenu en<br />
même temps que l’avènement de l’escrime<br />
américaine, passée du statut de<br />
discipline obscure à celui de sport de<br />
niveau mondial au début du millénaire.<br />
En 2008, il remporte le championnat<br />
mondial junior par équipes, le tout premier<br />
pour les Américains, mais aussi<br />
participé à la première de ses douze compétitions<br />
seniors, championnats du<br />
monde et Jeux olympiques confondus.<br />
En 2010, il se hisse à la cinquième<br />
place aux championnats du monde. En<br />
2012, il fait une brève apparition au rang<br />
de n° 2 mondial avant de terminer sur<br />
une décevante 25 e place lors de ses premiers<br />
Jeux olympiques. L’année suivante,<br />
ses résultats sont colossaux : il remporte<br />
ses premiers championnats du monde<br />
en individuel pour les États-Unis et la<br />
première médaille par équipes du pays,<br />
une médaille d’argent. Aux Jeux olympiques<br />
de Rio de 2016, il termine 19 e ,<br />
tandis que l’équipe masculine américaine<br />
de fleuret repart avec sa toute première<br />
médaille en décrochant le bronze face<br />
à l’Italie. En 2019, son équipe décroche<br />
enfin le titre qui leur a longtemps<br />
échappé : celui de champion du monde.<br />
Il fait partie de la plus grande génération<br />
de fleurettistes américains. Depuis<br />
neuf ans, le quatuor infernal, composé de<br />
Miles Chamley-Watson, Gerek Meinhardt,<br />
Alexander Massialas et Race Imboden,<br />
représente les États-Unis au fleuret, ce qui<br />
constitue une longévité exceptionnelle.<br />
Les exploits individuels de chacun pourraient<br />
en faire des candidats tout à fait<br />
crédibles au titre de meilleur fleurettiste<br />
américain de tous les temps. Miles<br />
Chamley- Watson est le premier d’entre<br />
eux avec son titre mondial en individuel,<br />
alors qu’Alexander Massialas remportait<br />
une médaille d’argent à Rio et se classait<br />
n° 1 mondial. Gerek Meinhardt aussi a<br />
atteint le rang de n° 1 et fut le premier<br />
Américain à remporter une médaille aux<br />
championnats du monde (le bronze en<br />
2010), tandis que Race Imboden fut le<br />
premier à remporter un titre de la Coupe<br />
du monde qui récompense les résultats<br />
de toute une saison.<br />
Il faut le préciser, car c’est assez rare :<br />
les quatre hommes sont très proches,<br />
notamment en raison de la dizaine d’années<br />
passées ensemble à parcourir le<br />
monde. Miles Chamley-Watson est sans<br />
surprise le premier à se faire remarquer.<br />
« Vous pouvez faire confiance à Miles<br />
pour mettre l’ambiance dans un dîner<br />
d’équipe ou une réunion et vous faire<br />
rire, même si vous n’étiez pas parti pour »,<br />
s’amuse Gerek Meinhardt. L’étrange tandem<br />
formé par Miles Chamley- Watson et<br />
Gerek Meinhardt, qui partagent la même<br />
chambre lors des tournois depuis leur<br />
adolescence, est le plus solide. Pourtant,<br />
au contraire de Miles Chamley-Watson,<br />
Gerek Meinhardt est toujours d’humeur<br />
égale, calme, studieux et rigoureux.<br />
« Nous étions amis quand nous étions<br />
enfants, et nous avons grandi ensemble,<br />
ajoute Miles. Si vos amis ne sont pas là<br />
pour vous pousser, vous motiver à vous<br />
surpasser, alors changez d’amis. »<br />
Àl’université de Pennsylvanie, il avait<br />
la réputation de s’habiller à la mode<br />
pour trois francs six sous en mixant<br />
par exemple un sweat à capuche bon<br />
marché avec un jean qu’il avait savamment<br />
déchiré. Aujourd’hui, de grandes<br />
maisons comme Gucci et Prada sont ravis<br />
de le voir porter leurs créations. « J’adore<br />
les vêtements, confie-t-il. Vous enfilez un<br />
costume et vous pouvez faire ce que vous<br />
voulez. » Sa mère raconte aussi qu’il a<br />
toujours été « maniaque avec ses affaires.<br />
CE QU’IL AIME, C’EST LE FACE-À-FACE<br />
AVEC L’ADVERSAIRE : « CROISER LE FER. »<br />
32 THE RED BULLETIN
Pour lui, l’escrime<br />
devrait être plus<br />
populaire. « Si on<br />
peut voir du bowling<br />
à la télé, pourquoi<br />
pas de l’escrime ? »
SA DEVISE : « IL FAUT<br />
CRÉER UN HÉRITAGE,<br />
ET NON UN MOMENT. »
Toujours ! Il se montre particulièrement<br />
obsessionnel avec son équipement de<br />
compétition ».<br />
« Si mes affaires ne sont pas d’un blanc<br />
immaculé, je ne combats pas, ajoute-t-il.<br />
Mon équipement doit être nickel. J’ai au<br />
moins huit tenues. À côté de moi, Batman<br />
peut aller se rhabiller. »<br />
En 2012 sont apparus les tatouages.<br />
Des anneaux olympiques d’abord,<br />
puis d’autres sur les bras, un ange<br />
sur le dos, et Bruce Lee sur la jambe.<br />
Rien sur la gorge et le visage (« beaucoup<br />
trop agressif »). À chaque nouveau tournoi,<br />
c’est un rituel : un nouveau tatouage.<br />
« Je suis accro, concède-t-il. J’adore l’art.<br />
L’histoire. Souffrir. »<br />
Sa présence assidue dans le public de<br />
la New York Fashion Week lui a permis<br />
d’apparaître dans Vogue et d’être invité<br />
au Gala du Met. Depuis, il a arpenté les<br />
podiums pour Tommy Hilfiger et VFiles,<br />
et posé entre autres pour Rag & Bone,<br />
Todd Snyder et Coach. Ses divers sponsors,<br />
qui incluent Tiffany, Nike, les<br />
montres Bucherer et le champagne<br />
Mumm, reflètent parfaitement son<br />
attrait pour la mode. Son agent dans le<br />
mannequinat, Steven Bermudez chez<br />
IMG, met en avant « l’aura, la vision et<br />
la personnalité » de Miles, ainsi que son<br />
style très personnel. La mère de l’athlète<br />
explique que l’escrime l’a aidé à se<br />
démarquer. « Les gens veulent en savoir<br />
plus sur lui, car c’est un escrimeur, ce qui<br />
est assez inhabituel. »<br />
Il sait aussi se servir des réseaux<br />
sociaux. En témoignent tout un tas de<br />
vidéos YouTube consacrées à ses gestes<br />
inventifs et à sa passion pour son sport,<br />
ainsi que ses 146 000 followers sur Instagram.<br />
« Il a façonné sa carrière sur les<br />
réseaux sociaux de manière incroyable,<br />
et cela met indéniablement un coup de<br />
projecteur sur l’escrime », souligne Gerek<br />
Meinhardt.<br />
Le cercle amical de Miles Chamley-<br />
Watson inclut aussi bien des acteurs que<br />
des athlètes professionnels (parmi lesquels<br />
le champion de Formule 1 Lewis<br />
Hamilton, devenu un ami très proche).<br />
Avec plus de visibilité que n’importe quel<br />
autre escrimeur jusqu’à présent. Il n’y a<br />
que lui pour apparaître dans les tabloïds<br />
comme le possible nouveau crush de<br />
Rihanna (pour info, ils sont juste amis).<br />
Miles considère sa réussite en dehors<br />
de la piste d’escrime – une « saine distraction<br />
» qui lui apporte la sécurité financière<br />
dans un sport où les opportunités<br />
de gagner de l’argent sont quasi inexistantes<br />
– comme un excellent moyen de<br />
promouvoir l’escrime. Et toute hype mise<br />
à part, il se voit toujours comme le gamin<br />
qui ne rentrait pas dans les cases, à l’accent<br />
bizarre et qui pratiquait un drôle de<br />
sport. « Les enfants peuvent se retrouver<br />
en moi, car je parle au nom des enfants<br />
victimes de harcèlement. Je m’adresse<br />
aussi aux sportifs et aux enfants qui<br />
veulent devenir des modèles, quel que<br />
soit leur domaine de prédilection, ajoutet-il.<br />
Pas forcément aux enfants qui font<br />
de l’escrime. Juste aux enfants en général<br />
qui pratiquent des sports mineurs. »<br />
Tout est résumé dans la devise qu’il s’est<br />
créée (en plein milieu d’un vol vers la<br />
Chine pour les championnats du monde)<br />
afin de se motiver : « Crée un héritage,<br />
et non un moment. »<br />
Les Jeux de Tokyo tiennent à la fois<br />
de l’héritage qu’il construit et du grand<br />
moment, et pour l’heure, Miles fait partie<br />
des cinq escrimeurs en lice pour occuper<br />
l’une des quatre places de l’équipe nationale<br />
(le petit nouveau, Nick Itkin, champion<br />
du monde junior 2018, s’est<br />
immiscé et occupe la première place des<br />
qualifications à la fin de l’année 2019).<br />
Miles a eu quelques revers ces derniers<br />
temps, mais la qualification repose sur<br />
l’ensemble des meilleurs résultats des<br />
athlètes, et un seul tournoi peut totalement<br />
changer la donne. Il faudra donc<br />
attendre le dernier tournoi, à savoir les<br />
championnats nationaux qui se dérouleront<br />
au mois d’avril. Ce fut la même<br />
chose en 2012, l’année où Miles devait<br />
terminer dans les huit premiers pour<br />
rejoindre l’équipe olympique. À cette<br />
époque, il avait terminé cinquième.<br />
Nous sommes le lendemain de<br />
l’avant-première mondiale du dernier<br />
Star Wars quand Chamley-Watson arrive<br />
au <strong>Red</strong> Bull High Performance Center de<br />
Santa Monica, un peu avant 10 heures.<br />
Comme beaucoup, il est fan de Star Wars<br />
depuis son plus jeune âge. « Ils savent ce<br />
qu’ils font », concède-t-il à propos des<br />
combats de sabre laser pendant le film.<br />
Puis, avec ce charmant mélange d’enthousiasme<br />
juvénile et d’arrogance tranquille,<br />
il lâche : « Je veux être dans Star<br />
Wars. Ça serait trop cool ! Je serais<br />
incroyable », ajoute-t-il sans hésiter,<br />
comme si le recruter en tant que guerrier<br />
Jedi était une évidence.<br />
Improbable ? Devenir une star de<br />
cinéma ne semble pas moins étonnant<br />
aujourd’hui que l’idée de décrocher un<br />
titre de champion du monde, alors qu’il<br />
maniait un fleuret pour la première fois<br />
à la Dwight School et que les enfants lui<br />
demandaient, pour se moquer, de « jouer<br />
à l’épée ».<br />
Instagram : @fencer<br />
35
COUREZ<br />
POUR CEUX<br />
qui ne le peuvent pas<br />
VINCENT CURUTCHET FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN
La plus exceptionnelle<br />
des courses au monde, le<br />
Wings for Life World Run,<br />
revient à Rouen. Pour un<br />
kilomètre ou cinquante,<br />
chaque foulée compte.<br />
Texte HANS HAMMER<br />
Rouen, le 8 mai 2016 :<br />
ils sont plus de 4 000<br />
à s’élancer, rejoignant<br />
un total planétaire de<br />
130 732 coureurs.<br />
37
En pleine nature, en ville,<br />
sur des circuits automobiles,<br />
dans des tunnels, sur des ponts<br />
géants, dans des zones désertiques<br />
ou au bord de la mer,<br />
de jour, de nuit, sous la neige,<br />
la pluie, le soleil, les mains sur<br />
une poussette ou en poussant<br />
un ami en fauteuil roulant,<br />
en jonglant avec un ballon, déguisé(e)<br />
en nonne ou en Hulk… Tous les ans<br />
depuis 2014, une course hors du<br />
commun réunit des milliers de personnes<br />
qui s’élancent à la même<br />
heure, presque partout dans le monde,<br />
en respect d’une seule règle : courir<br />
le plus longtemps possible, jusqu’à<br />
ce qu’une catcher car (voiture balais)<br />
les rattrape, officialisant ainsi la fin<br />
de leur performance. Les quelques<br />
dizaines d’euros versés pour leur inscription<br />
sont intégralement reversés<br />
à la fondation caritative Wings for Life,<br />
dont le but est de lutter contre les<br />
lésions de la moelle épinière et réoffrir<br />
de la mobilité à des personnes<br />
qui en sont atteintes. Vous êtes désormais<br />
tout à fait informés du principe<br />
du Wings for Life World Run, qui a<br />
attiré plus de 120 000 participants en<br />
2019. Cette année, cette course formidable<br />
revient en France, à Rouen et<br />
si vous habitez trop loin de sa ligne<br />
de départ, vous pouvez devenir l’organisateur<br />
de votre propre course locale,<br />
grâce à l’App Run sur smartphone.<br />
Bonne course à toutes et tous !<br />
Combien de kilomètres pensez-vous pouvoir parcourir si vous participez à la plus grande<br />
course au monde ? 10 ? 20 ? 30 ? 40 ?!? Vous voyez ici Simon Munyutu, le vainqueur de<br />
l’édition 2015 organisée à Rouen et dans ses environs. Sa distance ? 74 kilomètres…<br />
1 but<br />
aider au financement<br />
de la recherche en vue<br />
de trouver un remède<br />
contre les lésions de<br />
la moelle épinière<br />
VINCENT CURUTCHET/LEO <strong>FR</strong>ANCIS/MARCEL LÄMMERHIRT/WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />
38 THE RED BULLETIN
3 mai<br />
départ à 13 heures<br />
du Wings for Life<br />
World Run <strong>2020</strong><br />
à Rouen et partout<br />
sur la planète en<br />
simultané<br />
Pour ces participants<br />
allemands aux abords de<br />
Munich durant l’édition<br />
2019, le Wings for Life<br />
World Run passe au vert.
La seule course où la ligne<br />
d’arrivée vous rattrape !<br />
Qu’importe la distance,<br />
votre effort contribuera<br />
à développer la recherche<br />
et entretenir l’espoir.<br />
186<br />
nationalités<br />
étaient engagées en 2019<br />
92 km<br />
le record absolu du<br />
Wings for Life World<br />
Run à Dubaï en 2017<br />
100 %<br />
des inscriptions à la<br />
course et des donations<br />
vont à la recherche sur<br />
les lésions de la moelle<br />
épinière<br />
NURI YILMAZER FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />
40
323<br />
courses<br />
organisées sur toute la<br />
planète en 2019<br />
Qu’importe la manière,<br />
tout le monde a une<br />
bonne raison de participer.<br />
À l’exemple de ce<br />
concurrent sud-africain<br />
lors de la course organisée<br />
à Pretoria en 2015.
1 103 276 km<br />
parcourus au total par tous les<br />
participants de l’édition 2019 du<br />
Wings for Life World Run<br />
1 mariage<br />
sur l’édition 2019 du Wings for Life<br />
World Run… et 1 demande en mariage<br />
Trop loin, Rouen ? Alors<br />
lancez-vous avec l’appli<br />
mobile Wings for Life<br />
World Run, comme ce<br />
gaillard à Paris en 2019.<br />
Au-dessus : du love pour<br />
cette coureuse turque.<br />
CRAIG KOLESKY/NURI YILMAZER/TEDDY MORELLEC<br />
THE RED BULLETIN 43
Ci-dessus : tandis que d’autres camarades courent sous la pluie ou la neige de par le monde, des conditions idéales pour les participants brésiliens à Rio en<br />
2019. Ci-dessous : à 12 000 km de là, le Portugais Hélder Santos à Dubaï, Émirats arabes unis, le 8 mai 2016. Il remporte la course avec 54,34 km parcourus.<br />
15 pays<br />
impliqués dans la<br />
recherche<br />
Australie<br />
Autriche<br />
Belgique<br />
Canada<br />
Finlande<br />
France<br />
Allemagne<br />
Italie<br />
Portugal<br />
Espagne<br />
Suède<br />
Suisse<br />
Royaume-Uni<br />
Uruguay<br />
USA<br />
MARCELO MARAGNI/JORGE FERRARI/SEBASTIAN MARKO/RICHARD STRÖM<br />
44 THE RED BULLETIN
Ci-dessus : Trins, Autriche. La course principale est organisée à Vienne, à 500 km de là, alors ces coureurs se sont rassemblés grâce à l’App Run mobile du<br />
Wings for Life World Run, pour une sortie fraîche ! Ci-dessous : la version suédoise de l’événement, sur le pont reliant l’île d’Öland au continent.<br />
THE RED BULLETIN 45
XX EDITOR ILLUSTRATOR
C’est ici que vous êtes<br />
attendu le 3 mai. Vos<br />
frais d’inscription seront<br />
intégralement reversés<br />
à la recherche contre<br />
les lésions de la moelle<br />
épinière.<br />
211<br />
projets de<br />
recherche ont<br />
été lancés depuis<br />
2005 grâce à<br />
la fondation à<br />
but non lucratif<br />
Wings for Life,<br />
fondée en 2004<br />
JULIEN CROSNIER FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />
ROUEN<br />
VOUS<br />
ATTEND !<br />
Le 3 mai à Rouen, il y aura<br />
(plus ou moins) deux stars<br />
en ville : vous, et la fameuse<br />
Catcher Car du Wings for<br />
Life World Run, cette voiture<br />
qui s’élancera 30 minutes<br />
après votre départ, et accélérera<br />
progressivement<br />
jusqu’à atteindre le plus performant<br />
des coureurs du<br />
jour. La dernière édition du<br />
Wings for Life World Run à<br />
Rouen a eu lieu en 2016,<br />
avec près de 4 000 participants,<br />
dont Anna Wasik, la<br />
femme la plus endurante de<br />
la journée, avec 43,44 km<br />
abattus, et Teddy Benzancon,<br />
arrêté par la voiture à<br />
l’approche du 60 e km. Cette<br />
année, cette course ouverte<br />
à tous vous entraînera pour<br />
des foulées mémorables aux<br />
abords de la cathédrale ou<br />
sur les rives de la Seine.<br />
Départ à 13 heures précises !<br />
Et n’oubliez pas, si vous êtes<br />
dans l’incapacité de rejoindre<br />
Rouen, vous pouvez<br />
participer grâce à l’App Run<br />
sur téléphone mobile, et préparer<br />
votre course (à Rouen<br />
ou ailleurs) en visitant le site<br />
wingsforlifeworldrun.com.<br />
Pour rejoindre le départ du<br />
Wings for Life World Run à<br />
Rouen et contribuer à la recherche<br />
sur les lésions de la<br />
moelle épinière, l’inscription<br />
à la course est de 39 €.<br />
47
« L’art peut inspirer un<br />
changement global »,<br />
dit la danseuse Angyil,<br />
qui posait ici à Kansas<br />
City le 13 janvier.<br />
Perdre<br />
le contrôle<br />
Née dans la zone à Kansas City, ANGELA<br />
«ANGYIL» MCNEAL a combattu l’adversité<br />
avec le ballet, mais c’est dans la danse de rue<br />
qu’elle a trouvé son terrain d’expression.<br />
Texte LAKIN STARLING<br />
Photos ATIBA JEFFERSON<br />
49
Kansas City, par un après-midi glacial,<br />
dans l’enceinte de la Paseo Academy of<br />
Fine and Performing Arts. Derrière les<br />
doubles portes qui mènent à l’auditorium<br />
de l’établissement, Angyil McNeal,<br />
ancienne élève de sa promotion 2010 et<br />
à présent artiste de street dance de<br />
renommée mondiale, boucle la boucle.<br />
Aujourd’hui, son établissement est l’un<br />
des lieux choisis par <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
pour le shooting photo. Bouillonnante<br />
d’énergie, Angyil s’anime à chaque flash,<br />
comme un oiseau. Ses bras se tordent<br />
dans le dos comme des ailes, et en l’espace<br />
de quelques secondes, elle se<br />
contorsionne et se retrouve le sommet du<br />
crâne au sol, les yeux rivés sur l’objectif.<br />
Angyil McNeal a un charisme hallucinant.<br />
Elle maîtrise son corps à la perfection.<br />
« J’ai senti que ça n’allait pas »,<br />
annonce-t-elle après avoir terminé un<br />
saut en tournoyant sur elle-même. Sans<br />
voir le cliché, elle corrige son pas et finit à<br />
l’endroit exact du repère. Cette précision<br />
est le résultat des cours de danse classique<br />
qu’Angyil McNeal a commencés à l’âge de<br />
10 ans. Toutes ces années de discipline<br />
transparaissent au travers de l’élégance et<br />
de l’attitude qu’elle apporte à sa technique<br />
de hip-hop.<br />
« J’ai commencé par la danse classique,<br />
la danse moderne et le jazz, puis<br />
j’ai été sélectionnée pour participer au<br />
stage de danse Alvin Ailey, raconte-t-elle.<br />
À l’époque, il se passait beaucoup de<br />
choses autour de chez moi et je ne voulais<br />
pas m’en mêler. Pour rester en<br />
dehors des problèmes, je dansais. »<br />
Angela « Angyil » McNeal est née au<br />
printemps 1992 à Kansas City, dans le<br />
Missouri. Élevée par une mère célibataire,<br />
Angyil a huit frères et sœurs qui,<br />
selon elle, ont parfois tenu le rôle de<br />
« cinq mères et trois pères ». C’est vrai<br />
qu’ils ont tout fait pour protéger la petite<br />
Angyil dans les conditions de vie difficiles<br />
des quartiers chauds de Kansas City<br />
où ils vivaient. Bien que sa famille ait<br />
apporté à Angyil une structure et un avenir<br />
plus prometteur, elle se souvient clairement<br />
de la douleur dont elle a été<br />
témoin et qu’elle a ressentie autour d’elle<br />
dans son enfance. « Nous déménagions<br />
souvent, se rappelle-t-elle. Vivre dans<br />
une maison pendant moins d’un an était<br />
parfaitement normal. » Parmi les nombreux<br />
quartiers dans lesquels la famille<br />
McNeal a vécu, Troost et Prospect sont<br />
les endroits où Angyil est restée le plus<br />
longtemps. « Prospect était vraiment l’un<br />
des pires quartiers à l’époque, et j’ai vu<br />
beaucoup de violence. Il y avait des fusillades,<br />
des gens se faisaient renverser… »,<br />
révèle-t-elle, avec un sourire nerveux.<br />
Nous pénétrons le studio de danse de<br />
l’école pour le shooting. C’est ici que son<br />
amour pour la danse s’est mué en passion<br />
dévorante. Son entrée en ces lieux,<br />
la Paseo Academy, a permis à Angyil<br />
McNeal d’avancer malgré l’environnement<br />
violent de son adolescence dans<br />
un quartier gangréné par le trafic et la<br />
consommation de drogue.<br />
Pourtant, Angyil McNeal a récemment<br />
fait l’acquisition d’une maison à Prospect,<br />
ce quartier dont elle est issue. Nous nous<br />
y rendons après le shooting. C’est un bungalow<br />
modeste mais spacieux, situé tout<br />
en haut d’un bloc, pas loin de son lycée.<br />
En ce moment, Angyil McNeal danse avec<br />
<strong>Red</strong> Bull, le Cirque du Soleil et World of<br />
Dance. Ce n’est donc pas rare pour elle<br />
de visiter trois pays en une seule semaine.<br />
« Mon quartier<br />
était l’un des<br />
plus violents. »<br />
50 THE RED BULLETIN
La précision d’une<br />
ballerine, et la rage<br />
d’une danseuse hiphop.<br />
Angyil au complet<br />
dans l’auditorium<br />
de son ancien bahut.
Quand elle n’est pas sur les routes, elle<br />
aime se retrouver chez elle dans sa communauté.<br />
Sa maison possède un soussol<br />
qu’elle veut transformer en salle de<br />
gym et de danse. Dans le séjour, des<br />
bandes sur le sol délimitent les contours<br />
des meubles qu’elle n’a pas eu le temps<br />
d’acheter. Nous nous asseyons donc sur<br />
des couvertures, comme si nous nous<br />
nous trouvions dans un espace de méditation.<br />
À 27 ans, Angyil McNeal a ressenti<br />
le besoin d’un peu de sécurité et de tranquillité,<br />
ce dont elle a tant manqué dans<br />
son enfance. Très tôt, elle a appris que<br />
pour danser à un niveau professionnel<br />
et réussir en dehors de sa ville natale, elle<br />
devait se débarrasser de ses peurs. Le<br />
talent de cette dernière a éclos durant<br />
son enfance, dans son jardin, pendant<br />
les fêtes d’été organisées avec sa famille.<br />
La jeune Angyil présentait ses mouvements<br />
de danse. Si ses sœurs aînées se<br />
moquaient d’elle au début, elle a tellement<br />
progressé que sa mère et ses sœurs<br />
ont réalisé qu’elle avait un réel talent.<br />
Pour la plupart des danseurs techniques,<br />
commencer la danse classique<br />
au collège, comme ce fut le<br />
cas pour Angyil McNeal, aurait été<br />
considéré comme un début très tardif.<br />
Mais le nombre incalculable d’heures<br />
passées à pratiquer pour les réunions de<br />
famille, ainsi que son envie et son talent<br />
naturel, l’ont aidée à se mettre à niveau.<br />
« Je suis convaincue que, lorsque vous<br />
êtes passionné par quelque chose, peu<br />
importe le moment auquel vous commencez.<br />
Votre passion vous aidera à rattraper<br />
votre retard , confie-t-elle. Vous<br />
resterez debout jusqu’au milieu de la<br />
nuit pour rattraper toutes ces années<br />
perdues. » Cette soif de danser s’est<br />
encore amplifiée quand, à 16 ans, elle a<br />
compris que la rigueur de la danse classique<br />
étouffait sa liberté de pensée et<br />
d’expression. Cette discipline était devenue<br />
trop stricte pour l’adolescente pleine<br />
d’énergie : Angyil sentait qu’elle avait<br />
plus à dire avec son corps que ce que la<br />
danse classique ne lui permettrait jamais.<br />
« Pendant un moment, la danse classique<br />
m’allait bien, parce que j’oubliais<br />
une grande partie de ma vie qui était faite<br />
de douleur, explique-t-elle. Mais en grandissant,<br />
je me suis rendu compte qu’on<br />
ne peut pas échapper à ce traumatisme.<br />
On ne peut pas échapper à la réalité. Et<br />
je voulais m’y plonger à corps perdu.<br />
J’avais l’impression qu’en danse classique,<br />
je devais faire semblant d’être quelqu’un<br />
que je n’étais pas tout le temps, poursuitelle.<br />
Je devais rassembler mes cheveux<br />
dans un chignon, mettre du maquillage<br />
et faire comme si tout allait bien. Mais<br />
j’ai des cheveux afro et j’en ai eu marre<br />
de les enduire de gel pour être sûre qu’ils<br />
ne s’échapperaient pas. Mon cœur me<br />
disait : “Ce n’est pas toi.” Cette vie-là ne<br />
me correspondait plus. »<br />
Après avoir obtenu très tôt son<br />
diplôme à la Paseo Academy, Angyil<br />
McNeal a raccroché ses pointes et suivi<br />
ce que lui dictait son cœur, à savoir pratiquer<br />
le hip-hop – et notamment le popping<br />
– à plein temps. Beaucoup de gens<br />
ont été déçus de la voir abandonner ce<br />
qu’ils pensaient être un billet pour la<br />
gloire. Finie l’élite du stage Alvin Ailey<br />
de Kansas City. Elle a pris la direction de<br />
New York pour travailler après avoir<br />
décroché son diplôme du secondaire.<br />
Pour Angyil McNeal, il n’y avait pas<br />
de retour en arrière possible. Si elle s’en<br />
allait, elle devait prendre des risques.<br />
À 16 ans, elle a déménagé dans le Bronx,<br />
à New York, avec la niaque pour seul<br />
bagage. Au début, sa famille était sceptique<br />
quant à son déménagement si lointain<br />
à un si jeune âge, mais elle en était<br />
« J’avais la<br />
dalle, dans<br />
tous les sens<br />
du terme. »<br />
aussi très fière. « J’avais la dalle, se<br />
souvient-elle. Dans tous les sens du<br />
terme. » Endurcie par son enfance à<br />
Prospect et à Troost, Angyil McNeal avait<br />
déjà quelques tuyaux pour réussir dans<br />
la vie, et elle s’est rapidement adaptée à<br />
la Grosse Pomme. Elle s’est fait des amis<br />
et a commencé à se produire dans le<br />
métro et dans la rue avec d’autres danseuses.<br />
Une fois, son crew a été arrêté<br />
pour mendicité lors d’une performance<br />
dans un train, mais elle revendique fièrement<br />
les clichés pris par la police,<br />
lorsque tout le monde a vogué. « Je me<br />
disais : “Si je dois aller en prison, c’est<br />
comme ça que je veux que ça arrive” »,<br />
s’amuse-t-elle.<br />
La brutalité des New-Yorkais n’a pas<br />
non plus dissuadé Angyil McNeal de danser.<br />
Elle s’est installée en ville et a continué<br />
à performer dans la rue pendant<br />
quatre ans. La plupart du temps, elle<br />
GETTY IMAGES<br />
52 THE RED BULLETIN
Une star de la danse urbaine dans la salle où elle a commencé sa formation en danse classique, avant de se lancer dans le freestyle.<br />
revenait chez elle avec un peu d’argent,<br />
et tout comme ses prestations dans le<br />
jardin familial, la rue lui offrait un<br />
espace gratuit pour pratiquer et améliorer<br />
ses mouvements. « Cela m’a appris<br />
à avoir confiance en moi, dévoile-t-elle.<br />
Cette période-là a vraiment été très dure.<br />
Elle a forgé mon caractère. »<br />
À18 ans, elle a eu une vision encore<br />
plus claire de son avenir dans la<br />
danse en s’inscrivant à son premier<br />
battle officiel. Débordante<br />
d’enthousiasme, Angyil McNeal s’est<br />
envolée pour Kansas City afin de concourir,<br />
mais comme elle l’explique, elle a<br />
perdu à cause d’obscures politiques et<br />
de la partialité des juges qui ont supposé<br />
qu’elle était une New-Yorkaise sur le terrain<br />
adverse, et non originaire de Kansas<br />
City. Cette défaite a marqué un tournant<br />
dans sa vie et l’a incitée à étudier et<br />
travailler assez dur pour pouvoir vivre de<br />
ses battles.<br />
La journée a été longue. Angyil<br />
McNeal fait une petite pause pour se<br />
verser un verre de vin blanc. Elle n’a pas<br />
souvent l’occasion de se détendre, et<br />
même pendant les moments de repos ou<br />
de calme, elle prend le temps d’échauffer<br />
ses muscles et de faire quelques pompes<br />
ou des squats pour garder la forme. Elle<br />
passe pratiquement toute sa vie dans<br />
des chambres d’hôtel à travers le monde,<br />
et il n’est pas rare qu’elle se fabrique son<br />
petit module de gym avec des chaises<br />
et des tables. Après une journée passée<br />
ensemble et une orgie de plats asiatiques,<br />
Angyil McNeal annonce qu’elle<br />
veut intégrer une session cardio et monter<br />
les escaliers en courant. Logique.<br />
Connue pour ses démonstrations de<br />
freestyle dans la plupart de ses performances<br />
et de ses battles, elle aime rester<br />
sur le qui-vive. En 2017, après huit<br />
années à vivre à New York, Angyil<br />
McNeal a osé déménager en Europe et<br />
se lancer dans la bataille. Avec à peine<br />
90 dollars sur son compte en banque,<br />
elle s’est installée à Amsterdam où elle<br />
a passé plusieurs mois à squatter des<br />
canapés avec des amis à Berlin, à Paris<br />
et au Danemark pour des compétitions.<br />
« Je gagnais tous les battles, raconte-telle.<br />
Les gens finissaient par se demander<br />
: “Mais c’est qui, cette fille ?” »<br />
Angyil McNeal était déjà connue aux<br />
États-Unis, mais sa réputation, ainsi que<br />
ses vidéos virales où on la voit dominer<br />
ses adversaires, se sont répandues à<br />
une vitesse grand V. Quand « Angyil la<br />
fille sympa » passe en mode battle, c’est<br />
scotchant. Elle devient obnubilée par<br />
la défaite de son adversaire. En octobre<br />
dernier, au <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style<br />
World Final de Paris, une compétition<br />
THE RED BULLETIN 53
« La danse<br />
m’a aidée à<br />
surmonter les<br />
traumatismes. »
TOMISLAV MOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />
Un phénomène à Paris : Angyil sur la finale mondiale du <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style 2019.<br />
mixte regroupant différents styles de<br />
street dance, elle a balayé l’un de ses<br />
concurrents lors d’un battle, sur un solo<br />
étourdissant au son de Get Ur Freak On<br />
de Missy Elliott. Elle ne planifie aucun de<br />
ses mouvements et pourtant tout est si<br />
fluide et énergique qu’on a parfois l’impression<br />
qu’Angyil McNeal disparaît complètement.<br />
(Lors de la finale mondiale,<br />
qui est le point d’orgue de plus de cinquante<br />
événements dans trente pays,<br />
Angyil McNeal a été la première finaliste<br />
officialisée.)<br />
En véritable Gémeaux, elle accède<br />
facilement à ses autres facettes.<br />
« Je peux me référer à des personnages<br />
de films et m’en inspirer »,<br />
explique-t-elle. Ce personnage peut avoir<br />
des pouvoirs surnaturels, comme être<br />
capable de grimper aux murs. Ou se<br />
montrer un peu inquiétant. « J’ai aussi<br />
un petit côté Joker, ajoute-t-elle. Tout<br />
dépend du son. » Certaines de ses<br />
contorsions paraissent particulièrement<br />
étranges pour le public, et je lui demande<br />
si réaliser ces poses incroyables ne lui<br />
semble pas aussi un peu surréaliste. « Par<br />
moments, je me vois et je me dis : ce n’est<br />
pas moi, admet-elle. Je suis comme possédée.<br />
Quelquefois, quand ça prend le<br />
dessus, je ne contrôle plus rien. À ce<br />
moment-là, c’est cette sensation qui<br />
contrôle tout, et elle me contrôle moi. »<br />
Les mouvements de danse d’Angyil<br />
McNeal dégagent une réelle spiritualité.<br />
Plus tôt dans l’après-midi, l’équipe s’est<br />
arrêtée pour la filmer en train de danser<br />
« J’essaie<br />
d’être aussi<br />
vulnérable que<br />
possible. »<br />
dans la rue : c’était comme si elle commandait<br />
au soleil de briller au-dessus<br />
d’elle alors qu’elle glissait tout en légèreté<br />
sur les flaques de neige fondue. Si<br />
ses vœux sont entendus, c’est qu’elle s’efforce<br />
de rester à l’écoute de soi-même.<br />
« Quand vous vous autorisez à être<br />
vous-même et que vous acceptez votre<br />
vulnérabilité, vous ne savez pas ce qu’il<br />
va se passer. En tant qu’artiste, j’essaie<br />
d’être aussi vulnérable que possible et de<br />
ressentir les choses au maximum »,<br />
confie-t-elle modestement.<br />
Selon elle, il est toujours possible de<br />
s’améliorer et de faire des progrès. Par<br />
conséquent, elle apprécie ses victoires<br />
mais reste humble. Il y a quelques<br />
années, elle a été invitée à un concours<br />
télévisé de la NBC, World of Dance, et on<br />
lui a même proposé de contourner les<br />
auditions pour être assurée de concourir.<br />
Si Angyil ai été rapidement éliminée pendant<br />
la deuxième saison, son style unique<br />
a eu un réel impact sur ce show.<br />
Pour l’un de ses solos effectués à l’occasion<br />
du reality-show, Angyil McNeal<br />
s’est glissée sur scène devant les célèbres<br />
juges Ne-Yo, Derek Hough et Jennifer<br />
Lopez. Et sur le morceau « bluesy » et<br />
pêchu de C2C, Down the Road, elle a<br />
époustouflé le public avec ses pops<br />
explosifs. Le coup de grâce ? Toute sa<br />
performance était freestyle. « Ils m’ont<br />
demandé de ne pas en faire, explique-telle.<br />
Et je leur ai dit : “Oh, bien sûr. Pas<br />
de freestyle. Vous vous fichez de moi ?”<br />
Je n’allais pas leur dire, mais c’était clair<br />
que j’allais faire du freestyle ! »,<br />
s’exclame-t-elle.<br />
Angyil McNeal a beaucoup appris<br />
de toutes ces opportunités et elle<br />
ne tient rien pour acquis. Depuis<br />
sept ans, elle enseigne la danse<br />
dans le monde entier. Au début, elle ne<br />
se sentait pas forcément prête à endosser<br />
un tel rôle, mais elle savait l’importance<br />
d’un mentor dans un univers comme la<br />
danse. « Ce serait égoïste de ma part de<br />
priver les gens de la même expérience et<br />
de les rejeter juste parce que je me sens<br />
comme ci ou comme ça dans ma vie personnelle<br />
ou que je n’ai pas envie<br />
d’enseigner. »<br />
Ce dévouement à diffuser son art<br />
laisse une impression d’authenticité sur<br />
les personnes qui l’entourent et les lieux<br />
où elle se rend. Il y en a même une<br />
preuve tangible. Dans son ancien quartier,<br />
on peut voir une fresque d’Angyil<br />
McNeal, réalisée par le collectif artistique<br />
IT-RA de Kansas City. Sur un mur situé à<br />
l’angle de la 31 e et de Troost, vous pouvez<br />
voir Angyil McNeal en ange noir, qui<br />
danse sur la ville. Et voir la véritable<br />
Angyil McNeal danser juste devant est un<br />
moment tout simplement inoubliable.<br />
« La danse m’a aidée à surmonter les<br />
traumatismes et toute cette folie, conclutelle.<br />
Je suis sûre que ça peut être la<br />
même chose pour beaucoup d’autres. Les<br />
arts, quels qu’ils soient, peuvent inspirer<br />
un changement global. »<br />
<strong>Red</strong> Bull Dance Your Style <strong>2020</strong><br />
Après une édition 2019 marquée par la<br />
présence d’Angyil pour sa finale mondiale<br />
à Paris, le <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style,<br />
un concours de dance ouvert à tous les<br />
styles, revient en France avec trois dates<br />
qualificatives courant mai (dans des villes<br />
tenues secrètes pour le moment) et une<br />
finale française à Bordeaux en septembre.<br />
C’est cette fois en Afrique du Sud que la<br />
grande finale planétaire du <strong>Red</strong> Bull Dance<br />
Your Style aura lieu, en fin d’année.<br />
Plus d’infos sur redbull.com<br />
THE RED BULLETIN 55
VUE À 360 °<br />
Les dômes de la<br />
capsule développée<br />
par Ghislain Bardout<br />
permettent de<br />
contempler les profondeurs<br />
marines<br />
sans faire de vagues.
RÉCIF EN<br />
DANGER<br />
L’homme connaît mieux la face cachée<br />
de la lune que les océans de sa propre<br />
planète. Deux explorateurs français,<br />
GHISLAIN et EMMANUELLE BARDOUT,<br />
ont plongé avec un prototype de capsule<br />
submersible unique pour faire un<br />
état des lieux et combler ces lacunes.<br />
Texte FELIX DIEWALD<br />
Photos <strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA<br />
57
BAPTÊME<br />
SOUS-MARIN<br />
Août 2019, Polynésie<br />
française, site de<br />
Moorea. L’équipe du<br />
projet Under <strong>The</strong> Pole<br />
s’active pour l’installation<br />
et la mise<br />
en lévitation de la<br />
capsule par vingt<br />
mètres de profondeur.<br />
58
POURQUOI UN TEL PROJET ?<br />
« Under <strong>The</strong> Pole, c’est à la fois une<br />
solution : promouvoir une société décarbonée,<br />
et une inspiration : stimuler la<br />
passion de l’exploration et de la découverte<br />
tout en étant raisonnables pour<br />
nous et nos enfants. » Ghislain Bardout
PRÊTE À<br />
L’EMPLOI<br />
Si ça ne fuit pas dans<br />
un sens, ça ne fuira<br />
pas dans l’autre. C’est<br />
comme cela qu’on<br />
teste l’étanchéité<br />
de la capsule.<br />
60 THE RED BULLETIN
PASSE-PARTOUT<br />
Submersible, la<br />
capsule ne laisse pas<br />
de trace. Elle est<br />
idéale pour épouser<br />
la vie récifale.<br />
Plonger implique toujours de remonter<br />
au bout de quelques heures. Ghislain<br />
Bardout, explorateur et fondateur du<br />
projet Under <strong>The</strong> Pole, a fait l’expérience<br />
inverse : plonger dans l’optique de ne pas<br />
remonter… avant trois jours : « J’ai déjà<br />
plongé des milliers de fois. Se dire que là,<br />
on va rester en bas, c’est contraire à l’instinct,<br />
nous ne sommes pas des poissons !<br />
Trois jours, ça semble long, mais en fait,<br />
le temps passe vite. C’est une sensation<br />
familière, comme de faire du camping,<br />
mais sous l’eau. Le cap difficile à passer,<br />
ce sont les secondes avant de plonger. »<br />
Au petit matin, entre 4 et 5 heures, le<br />
récif corallien de Moorea, en Polynésie<br />
française, s’éveille. La quiétude nocturne<br />
fait place à une agitation grouillante mais<br />
méthodique. Ils sont deux ou trois par sessions<br />
de 72 heures à se relayer au fond de<br />
l’eau pour assister à cette chorégraphie<br />
matinale. Par vingt mètres de fond, Ghislain<br />
s’exclame, ému, la voix teintée d’hélium<br />
: « Là… je réalise mon rêve ! » Emmanuelle<br />
à son tour : « Vivre sous la mer, c’est<br />
un rêve d’enfant. C’est ce que m’a inspirée<br />
le Commandant Cousteau quand je regardais<br />
ses aventures à la télé. Expérimenter<br />
cela moi-même, c’est vraiment exceptionnel.<br />
» Le spectacle aquatique est d’autant<br />
plus grisant qu’il a lieu dans un prototype<br />
submersible conçu par les Bardout, qui<br />
permet de séjourner sous l’eau trois jours<br />
d’affilée, une première ! « La capsule est<br />
un habitat sous-marin d’où l’on peut<br />
observer le récif en continu, jour et nuit.<br />
Elle nous permet de sortir travailler et<br />
d’explorer le récif sans limite de temps<br />
dans la zone des 15 à 35 mètres de profondeur<br />
en étant extrêmement discret,<br />
précise Emmanuelle. J’ai plus appris sur<br />
la vie des poissons et du récif en trois<br />
jours dans la capsule qu’en quinze ans de<br />
POUR LE<br />
MEILLEUR<br />
Ils partagent leurs<br />
vies, leurs passions<br />
et leurs carrières :<br />
Ghislain Bardout,<br />
40 ans, ingénieur et<br />
plongeur professionnel,<br />
et Emmanuelle<br />
Périé-Bardout, 41 ans,<br />
skippeuse et experte<br />
polaire.<br />
THE RED BULLETIN 61
LE PROJET UNDER THE POLE III<br />
À bord du WHY, les deux explorateurs,<br />
leurs deux enfants et un chien ont<br />
passé trois ans autour du monde, d’un<br />
pôle et d’un océan à l’autre. Leur aventure<br />
se terminera au pôle Sud.<br />
ARCTIQUE<br />
juillet et août 2017<br />
avril 2018 à septembre 2019<br />
octobre 2019 à février <strong>2020</strong><br />
mars à mai <strong>2020</strong><br />
Sept mois<br />
sur place, de<br />
septembre 2017<br />
à mars 2018<br />
Concarneau,<br />
Bretagne<br />
PACIFIQUE<br />
Polynésie<br />
française<br />
ATLANTIQUE<br />
ANTARCTIQUE<br />
UNE CAPSULE DE VIE<br />
La saturation est l’équilibre que le plongeur<br />
atteint après un certain temps de<br />
séjour en immersion. À partir de ce<br />
moment, le plongeur peut rester à cette<br />
profondeur sans augmenter le temps<br />
nécessaire au retour en surface.<br />
plongée sous-marine. Avant, j’avais l’impression<br />
de ne faire que des incursions<br />
sous la mer. » La grande innovation réside<br />
dans la possibilité pour des chercheurs<br />
humains de se fondre dans les profondeurs<br />
océanes. « C’était très reposant d’observer<br />
l’océan par ce biais, souligne Ghislain.<br />
Être là sans restriction contrairement<br />
à ce qu’on apprend quand on commence à<br />
faire de la plongée. Je pouvais regarder le<br />
temps passer et les abysses. C’est mon<br />
rêve depuis que je suis gamin, et c’est un<br />
accomplissement en tant qu’explorateur. »<br />
Au bout d’un certain temps, la faune<br />
aquatique s’habitue à la capsule, voire elle<br />
62 THE RED BULLETIN
PAS DE<br />
PRESSION<br />
Le retour à la surface<br />
se fera en douceur :<br />
tous les trois mètres,<br />
le palier de décompression<br />
à respecter<br />
est de 25 minutes.<br />
la colonise. « Les dômes offrent une vision<br />
panoramique sur l’océan et la vie du récif,<br />
en mode diurne et nocturne. Ce ne sont<br />
plus les poissons qui sont en aquarium,<br />
c’est nous. Et en fond sonore, le chant des<br />
baleines », raconte Emmanuelle.<br />
Des modèles similaires ont été<br />
construits par l’industrie pétrolière dans<br />
les années soixante. Mais il s’agissait<br />
alors de gros containers de plongée, de<br />
scaphandres lourds, difficiles à monter et<br />
très coûteux. Cette capsule est facile à<br />
transporter et peu coûteuse, afin de proposer<br />
un observatoire submersible de<br />
longue durée.<br />
En quoi est-elle révolutionnaire ?<br />
« Notre vie est hors de l’eau. Rester<br />
sous l’eau pendant une longue<br />
période est un défi, nous avons<br />
donc besoin d’un abri et d’une<br />
atmosphère respirable. D’où le mélange<br />
d’hélium et d’oxygène insufflé dans la<br />
capsule grâce à un système d’aération sur<br />
mesure. Quand nous avons respiré l’atmosphère<br />
pour la première fois et compris<br />
que tout fonctionnait, ce fut fantastique !,<br />
s’exclame Ghislain. C’était l’aboutissement<br />
de trois ans de travail. » Révolutionnaire<br />
aussi « parce que sur un projet<br />
comme celui de la capsule, il faut savoir<br />
innover : toutes les phases sont compliquées,<br />
de la construction à la phase<br />
opérationnelle ».<br />
C’est en 2010, trois ans après le début<br />
de la mission Under <strong>The</strong> Pole, que l’ingénieur<br />
et plongeur Ghislain Bardout et la<br />
skippeuse et experte polaire Emmanuelle<br />
Périé-Bardout décident de quitter leur vie,<br />
leur boulot et leur maison en France, pour<br />
se consacrer à l’étude des fonds marins. Et<br />
pour fonder une famille. La première<br />
expédition, Under <strong>The</strong> Pole I, les mène au<br />
pôle Nord. « C’est à ce moment-là que j’ai<br />
réalisé que ce monde était voué à disparaître,<br />
à court ou moyen terme, car la<br />
THE RED BULLETIN 63
UN PROTOTYPE UNIQUE<br />
Elle permet à l’équipe de séjourner trois jours de suite<br />
sous l’eau. Entre deux sessions de plongée, les nageurs<br />
peuvent s’y restaurer et dormir. Son concepteur, Ghislain<br />
Bardout, la compare à un portaledge comme ceux que<br />
les grimpeurs utilisent pour dormir à même une paroi.<br />
1<br />
3,6 MÈTRES<br />
CUBES<br />
C’est l’espace dans la<br />
caspule de 3,2 m de<br />
long pour 1,5 m de<br />
diamètre. Trois plongeurs<br />
peuvent y tenir.<br />
2<br />
DÔMES EN<br />
PLEXIGLAS<br />
Ils offrent une vue<br />
panoramique sur les<br />
alentours et permettent<br />
d’observer la<br />
vie du récif de jour<br />
comme de nuit.<br />
4<br />
ATMOSPHÈRE<br />
Une machine a été<br />
programmée électroniquement<br />
pour<br />
insuffler un mélange<br />
d’hélium et d’oxygène<br />
dans la capsule. Le<br />
CO 2 rejeté est évacué<br />
par un système de<br />
filtres.<br />
3<br />
ACCÈS<br />
Il se fait par un moonpool<br />
dans le sol de la<br />
capsule. Bien que<br />
l’accès soit ouvert,<br />
l’eau ne pénètre pas à<br />
l’intérieur, et réduit la<br />
pression de l’air.<br />
5<br />
BALLAST<br />
La capsule, attachée<br />
à ces grands réservoirs<br />
eux-mêmes<br />
posés au sol, flotte<br />
dans l’eau en bougeant<br />
(marge d’un<br />
mètre) au rythme<br />
des courants.<br />
64
CAMPING<br />
SOUS-MARIN<br />
Longue de 3,20 m<br />
et d’un diamètre<br />
de 1,5 m, la capsule<br />
offre le confort d’une<br />
tente améliorée. Elle<br />
compte trois couchettes<br />
métalliques.
L’UNION FAIT<br />
LA FORCE<br />
La mission Under <strong>The</strong><br />
Pole a œuvré avec le<br />
Criobe, un éminent<br />
laboratoire français<br />
pour l’étude des écosystèmes<br />
coralliens.<br />
ALARMANT<br />
Après un inventaire des<br />
colonies susceptibles de<br />
se reproduire, les plongeurs<br />
n’en ont trouvé<br />
qu’une seule. Le rapport<br />
du GIEC (sept. 2019)<br />
annonce une disparition<br />
programmée des coraux<br />
pour 2050.<br />
SURVIE DE<br />
L’ESPÈCE<br />
En 2019, les coraux<br />
ont consacré l’essentiel<br />
de leur énergie à<br />
leur survie au détriment<br />
de leur reproduction.<br />
Ici, un cliché<br />
rare de la « ponte »<br />
des coraux.<br />
66 THE RED BULLETIN
anquise était déjà en train de fondre.<br />
C’est tragique, parce que le réchauffement<br />
climatique a des conséquences flagrantes<br />
sur la biodiversité et sur la manière de<br />
vivre des gens. »<br />
Après une période de doutes existentiels<br />
et financiers, la vente de leur maison<br />
et un regain de motivation, ils renchérissent<br />
avec Under <strong>The</strong> Pole II, direction le<br />
Groenland, en 2014 et 2015. « Mener une<br />
telle mission d’exploration implique beaucoup<br />
d’énergie. Je suis prêt à m’investir à<br />
fond, car c’est ma passion », déclare Ghislain.<br />
Deux enfants et un chien plus tard,<br />
en 2017, Under <strong>The</strong> Pole III voit le jour :<br />
une expédition de trois ans autour du<br />
monde, en traversant le Pacifique et<br />
l’Atlantique, d’un pôle à l’autre. Leur capsule<br />
innovante dans les bagages. « J’adore<br />
aller à la découverte d’endroits reculés.<br />
De nos jours, l’exploration en tant que<br />
telle doit aller de pair avec une mission<br />
scientifique afin de développer nos<br />
connaissances et notre compréhension de<br />
l’environnement, de l’impact du réchauffement<br />
climatique sur la biodiversité et<br />
enfin pour proposer des actions civiles.<br />
Il est essentiel d’inciter les générations<br />
futures à vivre de manière altruiste. »<br />
Ghislain et Emmanuelle Bardout<br />
passent plusieurs mois avec leur<br />
équipe de douze personnes sur<br />
leur goélette, le WHY, un clin<br />
d’œil au Pourquoi-Pas ? du Commandant<br />
Charcot. « 90 % des fonds<br />
marins nous sont inconnus. Nous possédons<br />
plus de cartes détaillées de la face<br />
cachée de la lune que des abysses de<br />
notre planète. » Selon les Bardout, élargir<br />
nos connaissances des océans constitue<br />
le plus gros challenge du siècle. Et cela<br />
afin de mieux préserver la planète et de<br />
réduire les dommages liés au dérèglement<br />
climatique.<br />
Car après avoir fait le constat de la<br />
fonte de la banquise au début des années<br />
2000, ils furent les témoins très récemment<br />
de multiples dégâts touchant 40 %<br />
du massif corallien : reproduction menacée<br />
(l’équipe a pu assister à la ponte des<br />
coraux, un phénomène très rare à observer<br />
n’ayant lieu que lors d’une fenêtre de<br />
neuf jours chaque année), blanchissement<br />
à cause du réchauffement des eaux<br />
de surface, etc. Face au vide de connaissances<br />
en la matière, Under <strong>The</strong> Pole III a<br />
hébergé le programme Deep Hope, qui<br />
consistait en l’analyse du rôle des coraux<br />
À TOUTES FINS<br />
UTILES<br />
La capsule sera<br />
financièrement<br />
abordable pour les<br />
missions scientifiques<br />
à venir.<br />
mésophotiques. Le plus profond corail<br />
rapporté par les plongeurs gisait à<br />
− 172 mètres. « À titre professionnel,<br />
mon sentiment le plus fort dernièrement,<br />
ça a été à la fin du programme Deep Hope<br />
parce que j’ai vraiment eu l’impression<br />
que les expéditions Under <strong>The</strong> Pole<br />
avaient servi à quelque chose, en faisant<br />
naître un espoir pour la biodiversité. »<br />
L’émission des gaz à effet de serre, et<br />
le CO 2 notamment, ont des répercussions<br />
néfastes sur les océans et les écosystèmes.<br />
Si cela continue, dans trente ans,<br />
la quasi-totalité du récif corallien sera<br />
détruit. « Et le fond de l’eau ne sera plus<br />
qu’un vaste désert. Car tout est lié, développe<br />
Ghislain. La mer fait partie de nos<br />
vies. » Il ne faut pas seulement montrer<br />
des images, il faut aussi chercher des<br />
solutions scientifiques et porter un message<br />
public. C’est ce qu’Emmanuelle fait,<br />
en lançant cet avertissement dans l’espoir<br />
d’être entendue : « Mon souhait, c’est<br />
que nos résultats soient entendus à un<br />
niveau politique. Car ce que nous avons<br />
constaté depuis le début d’Under <strong>The</strong><br />
Pole, c’est que le temps passe trop vite.<br />
Les décisions prises par les gouvernements<br />
sont trop lentes à être appliquées<br />
et à très court terme, la Terre est menacée,<br />
les océans sont menacés. Il faut que<br />
ces décisions et ces changements aient<br />
lieu maintenant ! »<br />
underthepole.com<br />
THE RED BULLETIN 67
Texte<br />
PIERRE-HENRI CAMY<br />
« LE RAP EST UNE MUSIQUE<br />
POPULAIRE COMME LES AUTRES »<br />
Le rap français n’a jamais été aussi varié et copieux.<br />
MEHDI MAIZI, journaliste spécialisé et présentateur du<br />
Rap Jeu fait le point sur la musique n° 1 des « jeunes ».
Un Julien Lepers new<br />
school ? Non ! Mehdi<br />
Maizi et ses invités du<br />
jour pour le Rap Jeu<br />
diffusé sur <strong>Red</strong> Binks,<br />
une chaîne YouTube<br />
dédiée au rap.<br />
QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />
69
« Techniquement, on peut rapper sur n’importe quoi :<br />
sur de la house ou sur un accordéon. »<br />
Vous adorez le rap français ?<br />
Vous le détestez ? Vous en êtes<br />
un expert ou n’en connaissez<br />
strictement rien ? Qu’importe :<br />
lisez cet article ! Mehdi Maizi<br />
(en photo à gauche), journaliste<br />
musical spécialisé dans<br />
cet univers et présentateur de<br />
l’émission Rap Jeu, vous offre<br />
une mise à jour sur la musique favorite<br />
des « jeunes ». Pour changer de point de<br />
vue sur ce(s) genre(s), ou vous conforter<br />
dans vos skills. Il vous l’assure : le rap<br />
français est bien plus que du rap.<br />
the red bulletin : Mehdi, depuis une<br />
dizaine d’années, vous vous êtes imposé<br />
comme un spécialiste du rap, et<br />
avez interviewé les grands noms de<br />
cette musique, souvent présentée<br />
comme « la plus écoutée en France ».<br />
On vous connaît également en tant<br />
qu’animateur du programme Rap Jeu,<br />
sur <strong>Red</strong> Binks, une chaîne YouTube<br />
dédiée au rap français. Qu’on l’aime<br />
ou non, le rap est partout ou presque<br />
aujourd’hui, mais comment le définir<br />
exactement ?<br />
mehdi maizi : Cela fait à peu près une<br />
trentaine d’années qu’il existe en tant<br />
qu’industrie musicale en France, et pendant<br />
longtemps, on pouvait le résumer<br />
à deux ou trois courants, ce qui n’est plus<br />
le cas aujourd’hui. En <strong>2020</strong>, le rap n’est<br />
plus uniquement un genre underground,<br />
même si l’on pourra citer des artistes qui<br />
pratiquent toujours un rap confidentiel,<br />
ou alternatif, mais il est un genre très<br />
vaste, extrêmement diversifié, avec plein<br />
de sous-genres, comme l’afro trap ou le<br />
cloud rap. Comme tous les genres musicaux<br />
qui durent, se renouvellent et s’imposent<br />
dans le temps, le rap est extrêmement<br />
riche, avec des stars, des gens<br />
moins connus, des carrières brisées.<br />
C’est une musique populaire comme<br />
toutes les autres, avec ses contrecultures,<br />
ses contre-pouvoirs.<br />
L’association « rap et populaire » doit<br />
déplaire à ses fans les plus hardcore ?<br />
Devenir populaire, c’est la victoire du<br />
rap. Même si certains nostalgiques le<br />
TEDDY MORELLEC, QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />
70 THE RED BULLETIN
Ils cumulent des millions<br />
d’écoutes sur les plateformes<br />
de streaming :<br />
Koba LaD (en haut)<br />
toujours bien équipé.<br />
À sa droite, Jok’Air et<br />
le buzzer rouge de Rap<br />
Jeu, la plus décalée des<br />
émissions dédiées au<br />
rap. En dessous, Di-Meh<br />
prend de la hauteur<br />
lors du tournage d’un<br />
freestyle de la chaîne<br />
<strong>Red</strong> Binks sur YouTube.<br />
À sa gauche, gourmette<br />
et canette pour le Barlou<br />
en chef, Seth Gueko.
Qui ne connaît toujours<br />
pas Charo ? Ci-dessus :<br />
le rappeur Niska accompagné<br />
de Maes. À leur<br />
droite, Hatik, récemment<br />
révélé dans la première<br />
série dédiée au rap français,<br />
Validé. En dessous :<br />
le plateau de Rap Jeu,<br />
qui accueillait fin 2019<br />
les rappeurs belges et<br />
toujours verts Caballero<br />
et Jeanjass, que vous<br />
voyez ici en pleine<br />
réflexion suite à une<br />
question fatale de Mehdi.
Quand il ne fume pas<br />
à fond, Lorenzo kick<br />
à fond sur les tournages<br />
de <strong>Red</strong> Binks.<br />
APOLLINE CORNUET/QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />
regretteront, il est devenu une musique<br />
populaire comme une autre, avec ses<br />
bons et mauvais côtés.<br />
Quelle est la force du rap en France ?<br />
Sa capacité de renouvellement. Ça n’est<br />
pas une musique qui est figée. Le rap est<br />
une musique qui regarde toujours vers<br />
l’avant. Du coup, il est très compliqué de<br />
définir « le son rap ». Techniquement, on<br />
peut rapper sur n’importe quoi : sur de la<br />
house ou sur un accordéon. Le rap est assez<br />
malléable, c’est pour cela qu’il y aura<br />
toujours de nouveaux artistes, de nouveaux<br />
genres, de nouveaux sous-genres,<br />
de nouveaux producteurs qui relèvent le<br />
truc. Parce qu’on peut faire le rap avec<br />
rien, et aussi relever le rap avec rien.<br />
« Avec rien », ça veut dire quoi ?<br />
Prenons l’exemple de Pi’erre Bourne, qui<br />
a été un producteur américain très important<br />
ces dernières années. Il fait de la<br />
musique à base de logiciels, voire même<br />
de kits qui sont déjà prédéfinis, et qu’il<br />
modifie un petit peu, on pourrait même<br />
parler d’instrumentaux par accident,<br />
mais son travail a amené quelque chose<br />
de nouveau en termes de sonorités.<br />
Vous citez ce producteur américain,<br />
mais en observant les rappeurs français<br />
actuels, on a l’impression qu’ils<br />
se motivent dans le rap grâce à leur<br />
environnement immédiat : les autres<br />
« Demain, un rappeur bourgeois<br />
de province peut se lancer dans<br />
le rap et devenir très important. »<br />
artistes de leur quartier ou département,<br />
pas forcément ceux des USA,<br />
comme ce fut le cas par le passé…<br />
Le rappeur français inspire le rappeur<br />
français désormais ?<br />
Il y a en effet beaucoup de jeunes<br />
rappeurs aujourd’hui qui n’ont écouté<br />
que du rap français, voire très peu<br />
d’autres genres musicaux par ailleurs. Je<br />
le vois dans l’émission Rap Jeu, avec une<br />
épreuve comme le Roland Gamos, où il<br />
faut citer des collaborations entre différents<br />
rappeurs. Quand j’essaie de les lancer<br />
sur des artistes américains, beaucoup<br />
d’entre eux sont assez fébriles. C’est une<br />
vraie différence avec les années 2000,<br />
où il était à la mode de dire qu’on n’écoutait<br />
pas de rap français mais que des<br />
rappeurs américains. Dire que l’on écoutait<br />
ses homologues français, c’était la<br />
honte, et aujourd’hui, on a complètement<br />
dépassé ça.<br />
Dans Rap Jeu, justement, on a pu voir<br />
des rappeurs peu au fait des artistes<br />
locaux majeurs d’il y a une vingtaine<br />
d’années… On se souvient du fameux<br />
« C’est qui IAM ? », sorti en toute sincérité<br />
par un rappeur de 19 ans extrêmement<br />
populaire, Koba LaD...<br />
C’est l’une des séquences de Rap Jeu qui<br />
a le plus tourné sur les réseaux sociaux,<br />
mais il y en a eu d’autres, comme l’artiste<br />
Marwa Loud qui dit qu’elle ne sait pas<br />
qu’Ärsenik sont un duo, ou RK qui se<br />
trompe dans le nom de l’album d’IAM,<br />
L’école du micro d’argent, alors que c’est<br />
un disque mythique. Pour certains jeunes<br />
rappeurs comme Dinos, il est important<br />
de connaître tous ses classiques, à l’inverse,<br />
pour d’autres, absolument pas.<br />
L’histoire du rap français est relativement<br />
ancienne, avec ses chapelles et ses<br />
écoles, libre aux artistes de les connaître<br />
ou pas. C’est l’avantage et l’inconvénient<br />
de cette musique : comme les jeunes y<br />
font la loi, le respect des aînés et la volonté<br />
de transmettre une culture ne sont<br />
pas forcément présents. En revanche,<br />
c’est une musique qui n’a pas le temps<br />
de se reposer, de regarder derrière, et<br />
qui va toujours chercher la nouveauté.<br />
Du fait de cette dynamique toujours<br />
innovante, voire expérimentale du rap<br />
français avec toutes ses nouvelles<br />
formes de rap apparues ces dernières<br />
années, comment définir ce qu’il est<br />
musicalement ?<br />
Il y en a des dizaines de formes, et il se<br />
renouvelle toujours. Le rap en tant que<br />
musique ou son est compliqué à définir.<br />
THE RED BULLETIN 73
Ambiance<br />
metal pour<br />
Youv Dee, le<br />
fan d’Iron<br />
Maiden.<br />
Le flow du rap a connu nombre de<br />
mutations, et peut paraître plus facile<br />
aujourd’hui, moins complexe pour<br />
une oreille peu experte. Est-ce qu’il<br />
reste intéressant pour les vôtres ?<br />
Le flow du rap aujourd’hui est toujours<br />
très travaillé. J’ai interviewé le rappeur<br />
Isha, qui a 33 ans et qui rappe depuis<br />
longtemps. Je lui demandais s’il était<br />
plus dur de faire des morceaux très actuels<br />
de trap ou de boom bap à l’ancienne.<br />
Il m’a répondu : « Des morceaux<br />
de trap. Parce que des morceaux de<br />
boom bap, rapper 8 minutes en faisant<br />
des rimes, je sais le faire. Mais la trap,<br />
c’est faire de l’économie de mots, placer<br />
les bons mots aux bons endroits, trouver<br />
une autre manière de rimer, de faire<br />
des punchlines, de trouver des refrains. »<br />
Comme l’explique Isha, le rap aujourd’hui<br />
n’est pas moins travaillé, c’est une autre<br />
manière de travailler et d’écrire. Un<br />
rappeur qui va rimer 12 minutes sans<br />
refrain, ça peut sembler plus impressionnant<br />
qu’un morceau de 2 minutes où il<br />
y a moins de mots, mais ça ne l’est pas<br />
forcément. Quand comme moi tu as<br />
bouffé énormément de rap « traditionnel<br />
», tu as envie d’être surpris, de voir<br />
de nouvelles choses, de voir jusqu’où le<br />
rap peut aller.<br />
Le rap dans ses sonorités les plus<br />
innovantes est-il déjà présent sans que<br />
nous en soyons encore conscients ?<br />
On dira peut-être aujourd’hui d’un<br />
son que ce n’est pas du rap alors qu’il<br />
deviendra un standard d’ici quelques<br />
années, voire décennies ?<br />
Exactement. Si on cryogénisait un<br />
auditeur de 1995 et qu’on le réveillait<br />
en 2015 pour lui faire écouter le groupe<br />
PNL, à aucun moment il ne se dira que<br />
c’est du rap. Mais pour celui qui a écouté<br />
du rap depuis 1995, l’évolution est beaucoup<br />
plus logique, car il a vu par quoi<br />
le rap est passé. De même, si l’on fait<br />
écouter du rap des années 90 à des fans<br />
de PNL ou de rap actuel en leur disant<br />
« Écoute ! Écoute comment le mec rappe,<br />
il est bon ! », ils vont trouver ça profondément<br />
chiant, alors que c’est bien du rap<br />
et que ces gens sont des fans de rap.<br />
On entend souvent dire que le rap en<br />
France est la musique numéro un, la<br />
plus écoutée… Est-ce une réalité ?<br />
Ce sont des notions qu’il faut relativiser.<br />
Quand on regarde le top des streamings,<br />
il n’y a que des rappeurs, c’est une réalité.<br />
Si Gambi ou Heuss L’Enfoiré font plus<br />
de streams que Patrick Bruel, est-ce que<br />
cela veut dire qu’ils sont plus connus en<br />
France que Patrick Bruel ? Je ne pense<br />
pas. Si Patrick Bruel et Heuss L’Enfoiré<br />
sortent un album demain, Heuss L’Enfoiré<br />
fera de meilleurs chiffres en streaming<br />
que Patrick Bruel, mais il va vendre peutêtre<br />
cinq mille CD là où Patrick Bruel va<br />
en vendre quatre-vingt dix mille. Ce sont<br />
deux canaux très différents. Le streaming<br />
est en grande majorité utilisé par des<br />
jeunes, qui en grande majorité écoutent<br />
du rap, donc, forcément, le streaming est<br />
devenu le terrain de jeu des rappeurs. Là<br />
où dans les supermarchés et hypermarchés,<br />
c’est la variété qui vend des palettes<br />
de CD quand il y a de grosses sorties.<br />
Le succès du rap, au-delà des rappeurs<br />
eux-mêmes, est également très lié au<br />
travail des producteurs, qui créent les<br />
instrumentaux du rap. Par le passé, ils<br />
n’étaient pas forcément mis en avant,<br />
mais il semble qu’aujourd’hui, ils sont<br />
beaucoup plus identifiés...<br />
Il y a toujours eu des producteurs dans le<br />
rap, mais ils sont en effet beaucoup plus<br />
mis en avant. La preuve de cette évolution<br />
est l’avalanche d’albums réalisés par<br />
des producteurs, qui invitent des artistes<br />
et sortent un album. On peut citer les<br />
projets de Myth Syzer, Ikaz Boi, DJ Weedim<br />
ou Ghost Killer Track… Cela prouve<br />
un intérêt du public et du milieu pour ce<br />
genre de projets centrés autour de producteurs.<br />
Ils sont davantage respectés et<br />
identifiés, c’est une vraie nouveauté dans<br />
le rap français. Même les topliners sont<br />
identifiés aujourd’hui...<br />
« Quand je vois les artistes en<br />
promo ou lors de nos émissions,<br />
ils sont à l’heure, très respectueux,<br />
entourés d’attachés de<br />
presse. C’est une industrie,<br />
ils viennent au travail. »<br />
Dans le « gamos » du<br />
duo de rappeurs DTF.<br />
C’est quoi, un topliner ?<br />
Ce sont des gens qui, en studio, trouvent<br />
des mélodies pour des morceaux. C’est<br />
quelque chose qui était peu évoqué par<br />
le passé, car ça pouvait impliquer que le<br />
rappeur ne faisait pas tout lui-même,<br />
mais maintenant on sait que ça existe,<br />
notamment sur de gros albums, comme<br />
ceux de Booba. A partir du moment où<br />
Booba a tombé le masque et reconnu<br />
qu’il ne faisait pas tout lui-même, ça a<br />
décomplexé pas mal de gens. Les métiers<br />
de l’ombre sont plus identifiés que par le<br />
passé, et c’est un signe que cette musique<br />
se porte bien. Cela permet aussi de dire<br />
aux jeunes que dans l’industrie du rap,<br />
on peut être autre chose qu’un rappeur.<br />
Le rap assume des choses qu’il n’aurait<br />
pas forcément assumées par le passé ?<br />
Clairement. À partir du moment où le<br />
très puissant rappeur américain Young<br />
Thug s’affiche en robe sur la pochette de<br />
l’un de ses albums, tout en étant super<br />
gangster dans ses textes, les gens ont<br />
74 THE RED BULLETIN
APOLLINE CORNUET/QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD, WILLIAM K/LA CLEF PROD<br />
Le MC-acteur Gringe<br />
sur scène à Garorock.<br />
compris qu’on pouvait faire à peu près<br />
tout ce qu’on voulait dans le rap. Tout le<br />
monde peut rapper aujourd’hui. Demain,<br />
un rappeur bourgeois de province peut<br />
se lancer dans le rap et devenir très important.<br />
Si le mec est bon, cela ne posera<br />
de souci à personne. Et il pourra collaborer<br />
avec des rappeurs plus street. Les<br />
barrières sont tombées à ce niveau-là.<br />
La personnalité multiple du rap<br />
français en <strong>2020</strong> s’explique inévitablement<br />
par ses évolutions ces trente<br />
dernières années. Quels ont été selon<br />
vous les moments fondamentaux<br />
de son histoire ?<br />
En fait, il y a eu deux chocs côté business<br />
dans l’histoire du rap français : quand<br />
Skyrock décide de devenir une radio<br />
rap en 1996, puisque ça accompagne le<br />
développement du rap et lui donne ses<br />
premiers gros succès, ses disques d’or. Et<br />
quand vingt ans plus tard, le streaming<br />
est comptabilisé dans les ventes de musique<br />
: le streaming est venu sauver le rap<br />
commercialement. Toute cette musique<br />
qui était téléchargée, écoutée de manière<br />
illégale par le passé, est devenue légale,<br />
comme par magie.<br />
Vous êtes au contact de l’essentiel des<br />
artistes et des intervenants du business<br />
rap. Dans les coulisses, quel est<br />
le vrai visage du rap aujourd’hui ? Estil<br />
toujours aussi sulfureux qu’on veut<br />
bien le croire ou nous le faire croire ?<br />
S’est-il assagi ?<br />
Assagi, je ne sais pas. Je n’ai pas connu le<br />
rap dans les années 90, car j’étais trop<br />
« Rap Jeu prouve aux<br />
gens que l’on peut<br />
parler du rap<br />
différemment »<br />
SCH, Dinos, Bigflo & Oli, Niska,<br />
Seth Gueko, Mac Tyer, Kalash<br />
Criminel, Oxmo Puccino… Depuis<br />
un an, sur <strong>Red</strong> Binks, une chaîne<br />
YouTube dédiée au rap, les patrons<br />
du genre défilent sur le plateau<br />
de la déjà culte émission<br />
Rap Jeu : un quizz d’un nouveau<br />
genre imaginé par Mehdi Maizi.<br />
« Contrairement aux kids d’aujourd’hui,<br />
j’ai un ADN télé assez<br />
fort, explique Mehdi, le créateur<br />
du format Rap Jeu. J’ai beaucoup<br />
regardé la télé étant gamin, j’ai<br />
bouffé du jeu télé, donc je voulais<br />
depuis longtemps faire un<br />
jeu télé sur le rap, avec les codes<br />
de YouTube. Pour transmettre de<br />
la connaissance sur le rap, sans<br />
être chiant. Pendant longtemps,<br />
en France, on a très peu ri du rap,<br />
alors qu’il y a plein de choses qui<br />
sont risibles dans cet univers,<br />
que l’on peut détourner ou parodier,<br />
sans s’en moquer. Cela<br />
s’est confirmé quand les auteurs<br />
de Rap Jeu sont entrés dans la<br />
boucle et que le côté fun de<br />
l’émission a commencé à se<br />
dessiner. Dans Rap Jeu, on peut<br />
plaisanter avec les artistes et les<br />
gens, et en retirer quelque chose.<br />
Ce concept est peut-être le point<br />
de départ de plein d’autres<br />
projets, car il prouve au public<br />
que l’on peut parler du rap<br />
différemment. »<br />
Retrouvez Rap Jeu ainsi que<br />
des freestyles et projets studio<br />
exclusifs sur <strong>Red</strong> Binks :<br />
youtube.com/redbinks<br />
« Un rappeur qui va rimer 12<br />
minutes sans refrain, ça peut<br />
sembler plus impressionnant<br />
qu’un morceau de 2 minutes<br />
où il y a moins de mots, mais<br />
ça ne l’est pas forcément. »<br />
jeune, mais depuis une dizaine d’années<br />
que je suis actif dans cet univers, j’observe<br />
un milieu globalement très professionnel.<br />
Quand je vois les artistes en<br />
promo ou lors de nos émissions, ils sont<br />
à l’heure, très respectueux, entourés d’attachés<br />
de presse. C’est une industrie, ils<br />
viennent au travail. Avant d’être à temps<br />
plein dans le journalisme musical, j’ai<br />
bossé en entreprise, dans le conseil, dans<br />
un cadre très classique, et je n’ai pas vu<br />
dans le rap une différence fondamentale<br />
dans la manière dont les gens travaillent.<br />
Même si je m’amuse dans ce que je fais,<br />
la manière dont les gens travaillent dans<br />
cette industrie est celle de l’entreprise.<br />
C’est un milieu assez sain, et il y a parfois<br />
une différence entre ce que les rappeurs<br />
disent et ce qu’ils vivent. Les rappeurs<br />
sont assez jeunes et souvent encore innocents<br />
vis-à-vis de pas mal de choses.<br />
C’est un milieu assez normal, même s’il<br />
y a des gens extravagants dans le rap,<br />
comme partout.<br />
Venant d’un métier classique, qu’estce<br />
que cela vous a apporté d’évoluer<br />
dans le monde du rap ? Pourquoi il<br />
faut s’intéresser à cette musique, cette<br />
industrie ?<br />
À la base, ce qui m’a fait tomber dans le<br />
rap, ce sont les textes, un phrasé et des<br />
thèmes qui me touchaient, que l’on n’entendait<br />
pas dans d’autres genres musicaux.<br />
J’étais jeune, et le rap, en tant<br />
que musique de jeunes, m’apparaissait<br />
comme un truc pour ceux qui veulent<br />
conquérir le monde, ou plein d’idéalisme.<br />
Puis, plus tard, c’est d’avantage la musique<br />
qui m’a plu. Puis sa capacité à évoluer<br />
en permanence. Ce rap en tant que<br />
monstre polymorphe, qui peut prendre<br />
n’importe quelle apparence : on peut rapper<br />
sur n’importe quoi. Ce qui m’intéresse<br />
aujourd’hui, ça peut être le producteur<br />
à la mode, ou ce qui vient dynamiter<br />
cette musique.<br />
THE RED BULLETIN 75
C’EST LE<br />
PREMIER<br />
PAS QUI<br />
COMPTE<br />
Une randonnée de<br />
quinze ans autour<br />
du monde : Albert<br />
Villarroya Farrarós<br />
s’entraîne pour<br />
l’aventure de sa vie.<br />
76 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN PROMOTION<br />
Albert Villarroya Farrarós<br />
s’entraîne pour son « world<br />
walking tour » d’une durée<br />
de quinze ans.<br />
À<br />
l’âge adulte, beaucoup<br />
d’entre nous aspirent à<br />
découvrir le monde. Pour<br />
ce faire, il y a les adeptes de<br />
l’année sabbatique ou ceux<br />
des week-ends d’escapades entre<br />
amis. Mais rares sont ceux qui sont<br />
aussi déterminés à explorer la planète<br />
qu’Albert Villarroya Farrarós.<br />
Ce passionné d’aventure basé à<br />
Chamonix s’est mis en tête de parcourir<br />
le globe en quinze ans. À 18 ans,<br />
il met fin à ses études et sillonne les<br />
Pyrénées à vélo. Resté sur sa faim,<br />
il envisage une aventure en solitaire<br />
de grande envergure, seul moyen<br />
selon lui d’éprouver une liberté totale<br />
en pleine nature.<br />
Avec le soutien du fabricant de<br />
chaussures Merrell, Villarroya<br />
Farrarós s’entraîne pour atteindre<br />
cet objectif ambitieux. « Le physique<br />
et le mental sont les aspects clés de la<br />
préparation, explique-t-il. Le matin,<br />
j’escalade en solitaire des voies<br />
faciles, ou je pratique le bloc avant de<br />
partir au travail. L’après-midi, je fais<br />
de la course verticale avec des séries<br />
de sprints et de longues distances<br />
pour me préparer au défi qui m’attend.<br />
» Que peut motiver une entreprise<br />
d’une telle audace ?<br />
Si quelque chose vous gêne,<br />
changez cela !<br />
« Soit vous changez la chose ellemême,<br />
soit votre point de vue sur<br />
elle, dans les deux cas vous êtes seul<br />
en mesure d’agir, explique Villarroya<br />
Farrarós. Cela peut se traduire par<br />
le simple fait de parler à un inconnu<br />
pour créer un véritable lien humain,<br />
THE RED BULLETIN 77
THE RED BULLETIN PROMOTION<br />
LES MQM FLEX<br />
2.0 GTX DE<br />
MERRELL<br />
Été pluvieux, averse<br />
d’hiver ou neige, ces<br />
chaussures gardent<br />
vos pieds au sec.<br />
Résistantes, respirantes, imperméables : les MQM Flex 2.0 GTX sont idéales pour le challenge de Villarroya Farrarós.<br />
se rendre au travail à pied au lieu<br />
de prendre le bus, explorer une<br />
forêt, escalader une nouvelle montagne<br />
ou faire une randonnée à<br />
travers le monde.<br />
« Je viens du petit village de Sant<br />
Cugat, près de Barcelone. J’avais tout<br />
ce dont on peut rêver à mon âge :<br />
une maison, des amis, une famille et<br />
une petite amie qui m’aimait. Pourtant,<br />
j’avais l’impression de manquer<br />
de temps pour profiter de la vie. Je<br />
menais une vie rangée, réglée, sans<br />
la possibilité de faire de nouvelles<br />
rencontres. Cela devait cesser.<br />
« À dix-huit ans, j’ai décidé de partir<br />
en voyage, retrouver la nature et<br />
la sensation de liberté. J’ai travaillé<br />
tout l’été, obtenu deux semaines de<br />
vacances et me suis lancé à vélo à<br />
travers les Pyrénées. L’objectif était<br />
d’avaler des kilomètres jusqu’à épuisement.<br />
Et très vite, mon escapade<br />
de deux semaines m’a semblé déjà<br />
lointaine, un sentiment de vide m’a<br />
envahi. Changer de vie devenait<br />
alors une évidence. J’ai alors pris<br />
un vol pour l’Amérique du Sud avec<br />
l’idée de rentrer à pied. La distance<br />
étant trop grande pour l’évaluer en<br />
kilomètres, je me suis concentré sur<br />
ce qui m’importait le plus : le facteur<br />
humain. Mon objectif était alors très<br />
simple : rencontrer le plus de gens<br />
possible, découvrir leur mode de vie,<br />
leur culture et leurs centres d’intérêt,<br />
être en parfait accord avec moimême<br />
et adopter un mode de vie<br />
plus sain. De là est née l’idée folle<br />
d’un tour du monde à pied. Le projet<br />
était de parcourir toutes les grandes<br />
chaînes de montagne du monde en<br />
courant, marchant, et escalader les<br />
sommets si les conditions s’y<br />
prêtent. Mon idée a plu au fabricant<br />
de chaussures Merrell avec qui je<br />
collabore depuis.<br />
« Pour la préparation, nous avons<br />
choisi Madagascar qui, avec sa chaleur,<br />
ses jungles et ses montagnes<br />
isolées, constitue un terrain d’entraînement<br />
difficile. J’y ai découvert à<br />
ma grande joie des habitants attachants<br />
pouvant m’offrir l’interaction<br />
que je souhaitais y trouver. Il ne<br />
s’agissait pas de marcher sur la lune<br />
ou d’un grand chamboulement. Mais<br />
de faire le premier pas et de garder<br />
la cadence. »<br />
Rando, course, balade… Merrell<br />
propose un modèle unique se<br />
prêtant à toutes ces activités,<br />
quelle que soit la teneur en eau<br />
dans les collines et les montagnes.<br />
La nouvelle Merrell<br />
MQM Flex 2 convient aussi bien<br />
aux coureurs de fond assidus<br />
qu’aux randonneurs amateurs.<br />
Cette deuxième génération d’un<br />
modèle très prisé bénéficie<br />
d’une tige athlétique résistante,<br />
d’une semelle intermédiaire<br />
souple et d’une semelle extérieure<br />
adaptée à la montagne,<br />
alliant les caractéristiques<br />
appropriées aux deux usages.<br />
Joggeur urbain occasionnel,<br />
marathonien ou fan de basket,<br />
avec cette chaussure la météo<br />
n’est plus un obstacle. La<br />
membrane GORE-TEX apporte<br />
confort et style, et garde les<br />
pieds au sec par tous temps.<br />
Ajustement optimal<br />
Sa conception inédite et élastique<br />
réduit poids et points de<br />
pression. D’où un ajustement et<br />
une sensation de confort au max<br />
pour aller plus loin, longtemps.<br />
Une imperméabilité<br />
vraiment durable<br />
Pluies estivales ou flaques<br />
d’eau l’hiver, son étanchéité<br />
fiable se vérifie sur de courtes<br />
et longues distances.<br />
Respirabilité extrême<br />
L’humidité issue de la transpiration<br />
s’échappe et préserve<br />
ainsi votre confort, même lors<br />
d’une activité intense.<br />
Séchage rapide<br />
Une action prouvée : il préserve<br />
vos chaussures et vous permettra<br />
de repartir plus vite.<br />
TYRONE BRADLEY<br />
78 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
Expériences et équipements pour une vie améliorée<br />
SPÉLÉOLOGIE<br />
Hang Son<br />
Doong,<br />
Vietnam<br />
OXALIS ADVENTURE JOSHUA ZUKAS<br />
79
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
Merveille sauvage, la grotte Hang<br />
Son Doong n’est accessible qu’au<br />
prix d’un trek éprouvant.<br />
La crête sur laquelle j’avance avec<br />
prudence est longue de 50 mètres<br />
et effilée comme un rasoir. Elle<br />
surgit d’un cratère béant sculpté<br />
dans les entrailles de la Terre. « Quelle<br />
vue », lance mon guide Hieu. Je regarde<br />
vers le bas et en déduis qu’il plaisante,<br />
car mes yeux rencontrent le noir absolu<br />
d’un gouffre cosmique où en cas de chute<br />
je disparaîtrais dans le vide. Mais pour<br />
l’heure, le risque de glisser et de m’entailler<br />
la jambe me préoccupe davantage.<br />
C’est le troisième jour de notre excursion<br />
à la grotte de Hang Son Doong au<br />
Vietnam. Apparue il y a environ cinq<br />
millions d’années, elle est à ce jour la plus<br />
grande au monde : 5 km de long, 200 m<br />
de haut et 150 m de large, assez spacieuse<br />
pour abriter un pâté de maisons<br />
new-yorkais, gratte-ciel inclus. Sa taille<br />
imposante ne facilite pas pour autant sa<br />
localisation. Ce n’est qu’en 1991 que Hô<br />
Khanh, un bûcheron local, la découvre<br />
par hasard dans le parc national de Phong<br />
Nha-Ke Bang, au centre du Vietnam —<br />
un parc d’une superficie inférieure à Hong<br />
Kong — en cherchant un abri lors d’une<br />
tempête. Il mettra ensuite près de deux<br />
décennies pour la retrouver.<br />
En 2009, alors que la nouvelle de<br />
sa découverte se répand, il rejoint une<br />
expédition menée par la British Caving<br />
Association. Celle-ci mettra des mois à<br />
reconstituer son itinéraire. Pour atteindre<br />
la grotte, notre équipe de dix personnes<br />
traverse jungles et rivières souterraines<br />
et campe dans de vastes cavités. J’arrive<br />
enfin au bout de la crête. Alors que Hieu<br />
détache mon harnais, j’en profite pour<br />
me familiariser avec le lieu. Je comprends<br />
vite que mon guide ne plaisantait pas<br />
sur la vue, et que ce dont il parlait ne se<br />
trouve pas au-dessus de nous et pas<br />
en dessous. Obnubilé par mes pieds, je<br />
n’avais pas remarqué l’ouverture béante<br />
dans le toit de la grotte. Cet effondrement<br />
du plafond qu’on appelle doline résulte<br />
d’un séisme remontant à environ un<br />
demi-million d’années. Une brèche à travers<br />
la jungle où pénètre un gigantesque<br />
rayon de lumière révélant dans la grotte<br />
un spectacle des plus insolites : une luxuriante<br />
forêt tropicale souterraine recouvre<br />
le lit de la grotte. Hang Son Doong abrite<br />
des espèces végétales qui ailleurs, ont<br />
disparu depuis des centaines de milliers<br />
d’années. Plus fraîche et plus humide qu’à<br />
l’extérieur, la grotte a favorisé l’éclosion<br />
d’un écosystème unique en son genre. Un<br />
milieu en revanche peu accueillant pour<br />
l’homme : ce matin, je me suis réveillé<br />
tout trempé dans ma tente. « Les pieds<br />
risquent de pourrir s’ils ne sèchent pas »,<br />
m’avait-on prévenu avant le départ.<br />
Emboîtant le pas à Hieu, je remonte de<br />
l’abysse vers la lumière, bientôt englouti<br />
par la jungle souterraine. Une énorme<br />
stalagmite improbable recouverte de<br />
mousse perce à travers le feuillage :<br />
« On appelle ça le gâteau de mariage »,<br />
explique Hieu. Cela m’évoque plutôt un<br />
énorme tas de moisissure. « Vous pouvez<br />
monter au sommet si vous le souhaitez. »<br />
Je contemple le panorama. Le gazouillis<br />
des oiseaux me parvient de la surface à<br />
quelques centaines de mètres au-dessus.<br />
L’endroit est si préservé qu’on imagine<br />
sans peine ce que Hô Khanh a dû ressentir<br />
en pénétrant ici pour la première fois.<br />
À ce jour, le nombre de personnes<br />
ayant atteint le sommet de l’Everest est<br />
supérieur à celui des personnes ayant<br />
Trek au parc national<br />
Phong Nha-Ke Bang.<br />
80 THE RED BULLETIN
La « Grande Muraille<br />
du Vietnam », haute de<br />
90 mètres, constitue<br />
l’ultime obstacle.<br />
Hanoi<br />
RYAN DEBOODT, OXALIS ADVENTURE GETTY IMAGES<br />
pénétré dans Hang Son Doong, mais cela<br />
pourrait bientôt changer. Une fois son<br />
statut de plus grande grotte du monde<br />
confirmé, de nombreux aventuriers l’ont<br />
ajoutée à leur liste d’aventures. Pour faire<br />
face à l’afflux de visiteurs, un promoteur<br />
immobilier vietnamien propose en 2014<br />
la construction d’un téléphérique de<br />
10 km reliant le parc national de Phong<br />
Nha-Ke Bang à la grotte. Les autorités<br />
locales rejettent le projet suite à l’opposition<br />
massive des militants écologistes.<br />
En 2016, le président Obama s’invite dans<br />
le débat, déclarant lors de son dernier<br />
discours au peuple vietnamien : « Les<br />
Parc national<br />
Phong Nha-Ke Bang<br />
Dong Hoi<br />
Vietnam<br />
Rejoignez<br />
l’expédition<br />
PRIX : 2 700 €<br />
DURÉE : 4 jours d’exploration, comprenant<br />
trois nuits en camping et<br />
deux nuits en hôtel<br />
PÉRIODE : de janvier à août<br />
GROUPE : Six à dix personnes<br />
S’Y RENDRE : vol de Hanoi ou d’Hô-<br />
Chi-Minh-Ville à destination de Dong<br />
Hoi Airport, avec transfert à l’hôtel à<br />
Phong Nha pour un briefing.<br />
oxalisadventure.com<br />
THE RED BULLETIN 81
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
La grotte abrite des<br />
espèces végétales<br />
qui, ailleurs, ont<br />
disparu depuis des<br />
centaines de milliers<br />
d’années.<br />
En surface<br />
Hang Son Doong n’est pas<br />
l’unique grotte. Le parc national<br />
de Phong Nha-Ke Bang est un<br />
véritable paradis pour<br />
spéléologues.<br />
merveilles naturelles comme la baie<br />
d’Halong et la grotte Son Doong doivent<br />
être préservées pour nos enfants et<br />
petits-enfants. » Pour l’instant, Hang Son<br />
Doong n’est pas menacée et reste accessible<br />
au prix d’un trek éprouvant sous une<br />
humidité extrême, avec en bout de route<br />
un mur de calcaire de 90 m de haut : « la<br />
Grande Muraille du Vietnam ». Le franchir<br />
nécessite échelle et corde. En 2009, une<br />
première équipe d’étude mal préparée a<br />
dû rebrousser chemin. En tant qu’écrivain<br />
de voyages d’aventure installé au Vietnam,<br />
je cultive une saine addiction aux<br />
grottes, et les salles géantes de Hang<br />
Son Doong sont un excellent shoot.<br />
Cependant, les deux dolines géantes<br />
restent à mon goût le plus impressionnant,<br />
surtout la nuit. Avec 280 m de<br />
large — plus de deux fois la longueur d’un<br />
terrain de football — la plus grande des<br />
deux est une fenêtre en forme de goutte<br />
d’eau sur un ciel noir scintillant d’étoiles.<br />
Le seul lieu au monde où l’on peut les<br />
admirer depuis un camping souterrain.<br />
L’intérieur de l’incroyable<br />
Hang Son<br />
Doong au Vietnam.<br />
Hang Son Doong, la géante<br />
La plus grande salle (200 mètres de haut) dépasse les<br />
146 mètres de la pyramide de Khéops. L’Arc de Triomphe<br />
(50 mètres) semble petit devant certaines stalagmites<br />
(80 mètres), et la plus grande église au monde, la basilique<br />
Saint-Pierre de Rome (220 mètres de long), pourrait se<br />
glisser dans les 280 mètres de la plus grande doline.<br />
200 m<br />
Basilique<br />
Saint-Pierre<br />
Stalagmites<br />
Pyramide de<br />
Khéops<br />
Arc de<br />
Triomphe<br />
146 m<br />
50 m<br />
175 m<br />
150 m<br />
125 m<br />
100 m<br />
75 m<br />
50 m<br />
25 m<br />
HANG PYGMY<br />
Hang Son Doong en plus petite. Après<br />
une marche à travers la jungle humide,<br />
son entrée immense ouvre sur un<br />
jardin souterrain, avec quelques<br />
escalades à la corde vertigineuses.<br />
HANG VA<br />
À quelques kilomètres de Hang Son<br />
Doong et sans doute reliée à celleci,<br />
les stalagmites symétriques et<br />
coniques de Hang Va émergeant de<br />
l’eau verte des bassins rocheux font<br />
la joie des photographes.<br />
THIEN DUONG<br />
Initiation aux dominions souterrains<br />
de la région, la « Paradise Cave » dispose<br />
d’une passerelle en bois et de<br />
systèmes d’éclairage professionnels<br />
et, chose incroyable, l’accès à l’entrée<br />
est possible en voiture.<br />
Le paquetage<br />
Ce qu’il faut emporter<br />
BOULES QUIES<br />
Vous avez fui l’humanité, mais pas la<br />
foule. Le camping abrite des milliers<br />
de martinets très bruyants au moment<br />
d’aller se nourrir à 5 heures<br />
du matin.<br />
SPRAY ANTI-BESTIOLES<br />
N’arrachez jamais une sangsue de<br />
votre peau. Ses dents s’y coinceraient<br />
et augmenteraient le saignement.<br />
Un coup de spray suffit à la faire<br />
lâcher prise.<br />
DU TALC<br />
La seule façon d’éviter les mycoses<br />
aux pieds est de les sécher au moins<br />
une fois par jour. Oubliez la serviette<br />
humide, le talc fera bien mieux le job.<br />
RYAN DEBOODT GETTY IMAGES, KEVIN GOLL<br />
82 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Retrouvez votre prochain numéro le 30 avril avec et le 7 mai avec<br />
dans une sélection de points de vente et en abonnement.<br />
RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL
PERSPECTIVES<br />
gaming<br />
Six caméras —<br />
deux à l’avant,<br />
une au-dessus,<br />
une en dessous,<br />
et une sur les<br />
côtés — pour<br />
une vison à 310 °.<br />
Doté d’un arceau<br />
positionné sur<br />
le haut du crâne,<br />
le casque se<br />
relève comme<br />
une visière.<br />
DÉCOUVREZ<br />
Maître sensoriel<br />
HTC Vive Cosmos<br />
Les écouteurs<br />
se rabattent et<br />
s’ajustent verticalement<br />
aux oreilles.<br />
La prise mini jack<br />
permet d’utiliser<br />
d’autres écouteurs.<br />
Une réalité virtuelle convaincante ne se limite pas à la création<br />
d’un monde numérique, celle-ci doit intégrer la façon<br />
dont nous percevons notre environnement. En 1935, Stanley<br />
G. Weinbaum évoque pour la première fois la notion de « réalité<br />
virtuelle » dans son roman de science-fiction Pygmalion’s<br />
Spectacles. La technologie s’efforce depuis de concrétiser<br />
sa vision et le HTC Vive Cosmos marque une nouvelle étape<br />
dans cette quête. Le casque rabattable est ainsi équipé de<br />
six caméras de captation de mouvements « inside-out » ne<br />
nécessitant aucun capteur externe (« outside-in ») pour se<br />
situer dans l’espace réel. Le joueur peut ainsi éviter les<br />
objets extérieurs ou s’en servir. Un accessoire sans fil (non<br />
inclus) libère les écouteurs du PC. Enfin, les manettes ergonomiques<br />
sont dotées de motifs éclairés qui permettent aux<br />
caméras de mieux les détecter. Ce n’est pas encore la<br />
Matrice, mais nous nous en approchons. vive.com<br />
84 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
gaming<br />
PERFECTIONNER<br />
L’art de<br />
conduire<br />
sans<br />
conduire<br />
James Baldwin accède à la<br />
gloire en devenant le gamer<br />
le plus rapide au monde.<br />
Après avoir fait ses armes<br />
sur des simulateurs.<br />
VIVE, WORLD’S FASTEST GAMER TOM GUISE, MATT RAY<br />
Le réalisme des simulateurs<br />
de courses ne cesse de progresser.<br />
Les jeux tels que<br />
iRacing et Assetto Corsa<br />
numérisent des circuits<br />
célèbres. Résultat : une<br />
expérience toujours plus<br />
exaltante, le risque d’abîmer<br />
une machine coûteuse et<br />
inflammable en moins. Le<br />
tournoi World’s Fastest<br />
Gamer oppose stars de l’esport<br />
à celles des circuits<br />
réels, brouillant un peu plus<br />
les limites entre les deux<br />
mondes. En octobre dernier,<br />
James Baldwin, 22 ans,<br />
devient le deuxième homme<br />
à décrocher ce titre, et<br />
obtient un contrat d’un million<br />
de dollars pour piloter<br />
dans le monde réel. Le Britannique<br />
triomphe six ans<br />
après avoir renoncé à sa carrière<br />
de kart et de Formule<br />
Ford pour raison financière<br />
et parce qu’il jugeait son<br />
talent limité. Voici comment<br />
le jeu l’a remis en piste…<br />
Vitesse de réaction<br />
En 2010, une étude de chercheurs<br />
en sciences cognitives<br />
de l’université de Rochester<br />
révèle que les gamers mettent<br />
25 % moins de temps à<br />
prendre une décision correcte<br />
en analysant une situation.<br />
« Les jeux ont amélioré mon<br />
temps de réaction, explique<br />
Baldwin, et ma compréhension<br />
des facteurs de vitesse<br />
tels que l’usure des pneus et<br />
l’analyse du temps au tour. »<br />
« J’ai connu la peur de ma vie<br />
en accélérant à peine. »<br />
James Baldwin sur le pilotage réel<br />
Baldwin débute le sim<br />
racing en 2017 ; deux ans<br />
plus tard, il reçoit le prix<br />
du gamer le plus rapide<br />
au monde des mains de<br />
Juan Pablo Montoya,<br />
sa première idole en F1.<br />
Piloter sans compter<br />
Le coup est dur pour Baldwin<br />
lorsqu’il atteint ses limites en<br />
pilotage réel : « Enfant, on est<br />
émerveillé à l’idée d’accéder à<br />
la F1. Puis arrivé en pro, vous<br />
êtes battu, et comprenez que<br />
vous n’êtes pas aussi doué<br />
que vous le pensiez. Mais<br />
aujourd’hui, les sim initient à<br />
tous les aspects de la course,<br />
jusqu’au lien qui existe entre<br />
usure des pneus et freinage.<br />
Le tout sans vous ruiner, avec<br />
un temps de piste illimité. »<br />
Gagner en confiance<br />
Les simulateurs n’éliminent<br />
pas une chose : ce cap psychologique<br />
lorsque vous montez<br />
dans une vraie voiture.<br />
Baldwin sur le circuit californien de Laguna Seca.<br />
« Une dirt car n’a l’air de rien,<br />
mais son rapport puissance/<br />
poids est de 850 ch pour<br />
650 kilos soit plus que celui<br />
d’une F1. J’ai connu la peur de<br />
ma vie en appuyant à peine<br />
sur l’accélérateur. » Il effectue<br />
ensuite 70 % du tour à plein<br />
régime. « Faites abstraction<br />
de la vitesse et imaginez-vous<br />
dans un simulateur. »<br />
Trouver le rythme<br />
Le jeu vidéo répétitif crée une<br />
immersion totale et rend les<br />
tâches complexes plus aisées.<br />
Mais Baldwin expérimente<br />
l’opposé sur le circuit à<br />
Laguna Seca en Californie.<br />
« Ma voiture rencontre un problème<br />
aisément surmontable<br />
avec plus de présence d’esprit,<br />
au lieu de cela, je fais un<br />
tête à queue et me retrouve au<br />
milieu de la piste dans la direction<br />
opposée. » Une alerte qui<br />
lui permet de trouver son<br />
rythme et filer vers la victoire.<br />
THE RED BULLETIN 85
PERSPECTIVES<br />
équipement<br />
Daniel Craig reçoit de son<br />
père sa première Omega<br />
le jour de ses 18 ans.<br />
Trente-quatre ans plus<br />
tard, l’agent 007 a le<br />
privilège de créer son<br />
propre modèle.<br />
En 2006, Daniel Craig endosse pour la<br />
première fois le rôle de James Bond dans<br />
Casino Royale. À un moment du film,<br />
l’agent du Trésor britannique Vesper<br />
Lynd, incarné par Eva Green, sonde les<br />
goûts de l’impénétrable 007 en matière<br />
de montres : « Rolex » demande-t-elle ?<br />
« Non, Omega », réplique-t-il. Dès cet<br />
instant, Craig se distingue de toutes les<br />
incarnations plus guindées de ses prédécesseurs.<br />
En vérité, 007 porte une Omega<br />
depuis 1995 et Pierce Brosnan dans<br />
GoldenEye. Et le lien entre l’horloger<br />
suisse et Bond — plus précisément la<br />
Craig dans Casino<br />
Royale (2006), avec une<br />
Omega Seamaster<br />
Planet Ocean 600M.<br />
MATOS<br />
Le temps ne meurt jamais<br />
Omega Seamaster Diver 300M Édition 007<br />
ligne Seamaster — date de plus longtemps<br />
encore. Ian Fleming, le créateur du<br />
séduisant agent secret, s’inspire de vrais<br />
commandos rencontrés lors de son affectation<br />
aux renseignements de la marine<br />
britannique durant la Seconde Guerre<br />
mondiale et fait de Bond le commandant<br />
de la Réserve Navale Royale.<br />
En 1957, Omega lance la première<br />
Seamaster 300 en prenant pour modèle<br />
les montres-bracelets étanches de l’armée<br />
britannique durant la Guerre mondiale<br />
avec un joint torique en caoutchouc<br />
inspiré par les sous-marins de l’époque.<br />
La montre séduit les plongeurs de la<br />
marine britannique et en 1967, le ministère<br />
de la défense sollicite Omega pour<br />
une version « mil-spec » (spécification<br />
militaire), gravée d’un « 0552 » au dos qui<br />
indique la propriété de la Royal Navy.<br />
En 1995, la costumière de Bond,<br />
Lindy Hemming, prépare Brosnan pour<br />
GoldenEye, et décide que « le commandant<br />
Bond, officier de marine, plongeur<br />
et gentleman, portera la Seamaster au<br />
cadran bleu. » Depuis, la Seamaster 300<br />
ne quitte plus le poignet de 007. Pour<br />
marquer la dernière de Craig dans la<br />
peau de l’élégant espion dans Mourir<br />
peut attendre à l’affiche le 8 avril, Omega<br />
crée avec la collaboration de l’acteur,<br />
cette Seamaster Diver 300M Édition 007<br />
de 42 mm en titane de grade 2.<br />
« Omega a pris en compte mes suggestions,<br />
confie Craig. Par le passé, la<br />
maison m’a présenté des montres en<br />
titane et ma réaction demeure la même :<br />
la montre sait se faire oublier. Ils m’ont<br />
offert de la fabriquer. La différence en<br />
poids reste minime, mais énorme en<br />
confort. » L’influence de Craig s’est aussi<br />
exercée sur le bracelet de rechange<br />
NATO. « Depuis des années, je porte les<br />
montres avec ces bracelets. »<br />
L’authenticité militaire est également<br />
garantie. « Nous parlons ici d’héritage,<br />
celui des montres Omega de l’armée<br />
britannique durant la Seconde Guerre<br />
mondiale, poursuit-il. La montre intègre<br />
tous les éléments que je souhaitais voir<br />
réunis. » Le numéro de série au dos du<br />
boîtier est le plus significatif : « A » désigne<br />
la couronne vissée ; « 007 » se passe<br />
d’explication ; « 62 » est l’année du premier<br />
film, James Bond 007 contre D r No ;<br />
« 923 7697 » identifie une montre de plongée<br />
; et « 0552 » est un code naval.<br />
omegawatches.com<br />
TIM KENT, OMEGA TOM GUISE<br />
86 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
équipement<br />
XX EDITOR ILLUSTRATOR<br />
La nouvelle Omega<br />
honore la dernière<br />
mission de Daniel<br />
Craig dans la peau<br />
de James Bond.<br />
THE RED BULLETIN 87
CALENDRIER<br />
mars-avril<br />
21<br />
au 27 avril<br />
RED BULL CAN YOU MAKE IT?<br />
Voyager à travers l’Europe pendant sept jours avec des canettes de <strong>Red</strong> Bull comme seule monnaie<br />
d’échange, c’est le concept du <strong>Red</strong> Bull Can You Make It?. Cette année, la destination est Berlin<br />
et toutes les astuces seront permises pour s’y rendre depuis cinq points de départ en Europe, en<br />
respect de règles strictes : argent, téléphone, ordinateurs, tablettes ou autres dispositifs interdits.<br />
Imagination et toupet prennent le dessus dans une aventure à suivre sur canyoumakeit.redbull.com.<br />
9au 12 avril<br />
PACO TYSON<br />
Le festival de la culture club et rave<br />
inaugure son label avec les sessions<br />
d’Antigone, Paul Ritch et Discord aux<br />
<strong>Red</strong> Bull Studios Paris. Ces artistes<br />
se produiront sur l’événement, alignés<br />
avec des noms confirmés ou en devenir<br />
des scènes techno, house, hardtek<br />
et trance. Le <strong>Red</strong> Bull Boom Bus sera<br />
aussi de la partie pour une édition<br />
familiale avec son lot de propositions<br />
et d’aménagements sympathiques<br />
à destination du public.<br />
Parc de la Chantrerie, Nantes ;<br />
pacotyson.fr<br />
10<br />
au 25 avril<br />
RED BULL<br />
NEYMAR<br />
JR’S FIVE<br />
Le tournoi de football<br />
à cinq est de retour en<br />
France avec un concept<br />
fort : à chaque but encaissé,<br />
vous perdez un<br />
joueur, ou joueuse (car<br />
le <strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s<br />
Five est aussi ouvert<br />
aux filles). Les étapes<br />
qualificatives auront lieu<br />
à compter du 10 avril.<br />
La finale française aura<br />
lieu à Paris le 16 mai. Et<br />
en juillet, les gagnant(e)s<br />
se rendront à Rio pour la<br />
finale mondiale, et un<br />
match potentiel contre<br />
Neymar.<br />
redbullneymarjrsfive.<br />
com<br />
SANDRO ARABYAN/RED BULL CONTENT POOL, HADRIEN PICARD/RED BULL CONTENT POOL, PHILIPPELEVY.NET,<br />
DUTCH PHOTO AGENCY/RED BULL CONTENT POOL, ALESSANDRO SIMONE/RED BULL CONTENT POOL<br />
88 THE RED BULLETIN
CALENDRIER<br />
mars-avril<br />
28<br />
mars au 4 avril<br />
<strong>FR</strong>EERIDE<br />
WORLD TOUR<br />
LIVE La face déchiquetée<br />
du Bec des Rosses<br />
à Verbier, en Suisse, est<br />
un endroit parfait pour la<br />
finale du Freeride World<br />
Tour. Toujours un moment<br />
fort, voici un parcours<br />
qui sépare les meilleurs<br />
des autres. L’année<br />
dernière, la Suissesse<br />
Elisabeth Gerritzen et le<br />
Français Wadeck Gorak<br />
ont remporté la catégorie<br />
ski, et Marion Haerty (<strong>FR</strong>)<br />
et Jonathan Penfield (US)<br />
ont remporté l’or en<br />
snowboard. Remettront-ils<br />
ça en <strong>2020</strong> ?<br />
4et 5 avril<br />
SUPER<br />
FORMULA <strong>2020</strong><br />
LIVE Le championnat<br />
japonais de Super<br />
Formula et sa grille de<br />
départ internationale<br />
est l’une des plus rapides<br />
compétitions de<br />
sport auto. Le week-end<br />
à Suzuka ouvre la saison<br />
et le vainqueur sera<br />
désigné après sept<br />
courses.<br />
24<br />
mars au 5 avril<br />
DOOINIT FESTIVAL<br />
Le festival hip-hop rennais reçoit cette année le producteur <strong>The</strong><br />
Alchemist (notre photo) et DJ Nu-Mark, mais aussi les rappeurs<br />
Illa J, Awon, Sa-Roc et CJ Fly. Cette célébration du son hip-hop<br />
accueillera également une soirée jazz et la projection de la sériedocumentaire<br />
Lost in Traplanta. Rennes ; dooinit-festival.com<br />
21<br />
et 22 mars<br />
UCI MTB WORLD<br />
CUP DOWNHILL<br />
LIVE Pour <strong>2020</strong>, la<br />
Coupe du monde de<br />
descente dispose d’un<br />
tout nouveau site de<br />
lancement. Utilisé dans<br />
le passé par les teams<br />
et les marques de suspension<br />
pour des tests,<br />
Lousã au Portugal sera<br />
certainement une première<br />
étape populaire<br />
parmi les concurrents.<br />
28<br />
mars<br />
RED BULL UCI<br />
PUMP TRACK<br />
Sauts, virages serrés et<br />
inclinés : le <strong>Red</strong> Bull UCI<br />
Pump Track World<br />
Championship de Lyon<br />
est ouvert aux BMX et<br />
VTT sur la piste indoor<br />
de WeRide, et ça va envoyer<br />
! Avec des runs en<br />
solo pour débuter et déterminer<br />
les 32 meilleurs<br />
temps, puis les<br />
knock-out heat finals,<br />
entre pros et amateurs,<br />
qui désigneront les<br />
grands gagnants (un<br />
homme et une femme)<br />
qui s’envoleront pour<br />
l’Autriche et les championnats<br />
du monde les 4<br />
et 5 septembre.<br />
Park indoor WeRide,<br />
Vaulx-en-Velin ;<br />
weride.fr, redbull.com<br />
THE RED BULLETIN 89
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
En selle !<br />
Que ce soit pour dévaler les sentiers forestiers, avaler<br />
du kilomètre ou se déplacer en ville, on vous présente<br />
ici une sélection maison du matos vélo pour aborder<br />
<strong>2020</strong> sur deux roues… et avec style !<br />
VÉLOS<br />
Le vélo qu’il<br />
vous faut ?<br />
Route, trail ou gravel : une<br />
offre pour chaque pratique.<br />
Texte JOE LINDSEY<br />
CANNONDALE CAAD 13 ULTEGRA<br />
Les séries CAAD de chez Cannondale<br />
proposent un excellent rapport performance/prix<br />
et le cadre aluminium<br />
de cette 13 e génération est un must<br />
de souplesse et de stabilité. En<br />
Shimano Ultegra, avec une fourche<br />
carbone et des roues Fulcrum, il peut<br />
jouer dans la cour des grands.<br />
Env. 2 099 € ; cannondale.com<br />
MARIN PINE MOUNTAIN 2<br />
Ce vélo au cadre en acier et à la<br />
transmission basse est fait pour les<br />
longues virées et le bikepacking. Vélo<br />
de trail par excellence avec son cintre<br />
Bedroll et ses nombreux points de<br />
fixation, il favorise les sessions en<br />
singletrack, grâce à sa fourche<br />
RockShox et sa tige de selle Dropper.<br />
Env. 2 099 € ; marinbikes.com<br />
EN MONTAGNE<br />
Hautement désirable<br />
Canyon Neuron CF SLX 9.0 LTD<br />
Qui a dit que les vélos de trail devaient être lourds ? Si le Neuron affiche un<br />
débattement avant de 130 mm et des pneus imposants de 29 x 2,35 pouces,<br />
le modèle CF SLX 9.0 LTD pèse moins de 12 kilos. Fourche suspendue de chez<br />
Fox Factory, amortisseurs à quatre fixations (le top du top en matière de solidité<br />
en VTT), dérailleur arrière et freins à disque Shimano XTR, roues en carbone<br />
de chez DT Swiss : autant de qualités qui en font le vélo de trail idéal pour les<br />
équipées lointaines. 5 999 € ; canyon.com<br />
SALSA WARBIRD GRX 600<br />
Le Warbird a évolué et débarque avec<br />
son cadre en carbone agrémenté de<br />
fixations multiples pour sacs, bouteilles<br />
et garde-boues. Incontournable<br />
: sa géométrie typiquement<br />
gravel, gage de confort et de stabilité.<br />
Doté de la mécanique Shimano<br />
GRX il est taillé pour l’aventure.<br />
Env. 2 900 € ; salsacycles.com<br />
90 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
SPECIALIZED<br />
STUMP JUMPER<br />
EVO COMP ALLOY 29<br />
Chez Specialized, la gamme<br />
EVO s’adresse aux fans de<br />
vitesse et de sentiers un peu<br />
techniques. Avec son cadre<br />
en alu M5, un cockpit tout en<br />
finesse, un boîtier plus bas<br />
et un angle de direction plus<br />
fermé, il reste stable même<br />
lancé à grande vitesse ou<br />
dans des virages serrés.<br />
Les amateurs de bosses ne<br />
seront pas en reste, grâce<br />
à son large pneu avant,<br />
sa fourche Fox typique des<br />
vélos de descente et son débattement<br />
avant de 150 mm.<br />
3 499 € ; specialized.com<br />
THE RED BULLETIN 91
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
EN VILLE<br />
L’effet<br />
électricité<br />
Aventon Level<br />
D’un coup moitié moindre que celui<br />
d’un e-bike de même catégorie, le<br />
Aventon Level vient agacer l’un des<br />
derniers arguments qui restaient aux<br />
adversaires du vélo électrique : le prix.<br />
Avec son moteur capable de monter<br />
jusqu’à 45 km/h, on peut enfin aller<br />
aussi vite en montée qu’en descente.<br />
Cerise(s) sur le gâteau pour ce vélo :<br />
ses freins hydrauliques, ses<br />
garde-boues haute protection, son<br />
porte- bagages et son design urbain<br />
assurément classe.<br />
Env. 1 455 € ; aventon.com<br />
92 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
MATOS<br />
Jamais en<br />
difficulté<br />
Un bon vélo, c’est bien mais<br />
n’oubliez pas l’essentiel !<br />
SACOCHE DAKINE<br />
HOT LAPS GRIPPER<br />
Cette sacoche a la taille parfaite pour<br />
y ranger les outils indispensables à<br />
toute balade en VTT : chambre à air,<br />
cartouche CO 2 et kits de réparation.<br />
Discrète et compacte, elle sait se faire<br />
oublier aux côtés d’autres incontournables,<br />
comme le kit d’hydratation.<br />
Env. 20 € ; dakine.com<br />
À L’AVENTURE<br />
Barrez-vous !<br />
Sacoche de selle Revelate Terrapin 14L<br />
Pour les trips de plusieurs jours, on a trouvé la sacoche de bikepacking ultime,<br />
capable de transporter en toute sécurité votre matériel, sans déséquilibrer<br />
votre monture : la Terrapin 14L se fixe aisément de part et d’autre de la selle<br />
et n’en bouge plus de tout le voyage. Robuste, elle contient un sac étanche<br />
amovible et compressible. Env. 140 € ; revelatedesigns.com<br />
KIT D’ÉCLAIRAGE BLACKBURN<br />
LUMINATE 360<br />
Un kit réunissant deux modèles de<br />
lampe Blackburn avec deux balises<br />
latérales de 85 lumen. Les lampes<br />
avant et arrière projettent 400 et<br />
65 lumen et sont réglables. Batteries<br />
rechargeables de six heures.<br />
Env. 100 € ; blackburndesign.com<br />
EN VILLE<br />
Compact<br />
Tern HSD S8i<br />
MINI-POMPE SILCA TATTICO<br />
Une petite pompe en métal suffisamment<br />
puissante pour regonfler tout<br />
type de pneu et assez compacte pour<br />
tenir dans n’importe quelle poche. Le<br />
nec plus ultra : une version Bluetooth<br />
qui indique la pression de gonflage,<br />
pour encore plus de précision.<br />
Env. 50 € ; silca.cc<br />
Voici l’un des rejetons les plus aboutis de la marque Tern, qui s’est fait une réputation<br />
dans le vélo pliable : ce longtail cargo de la ligne Haul Stuff Daily (HSD) dispose en effet<br />
d’une capacité de chargement impressionnante pour un vélo de cette taille, grâce à<br />
son long porte-bagages pouvant accueillir colis ou siège enfant. Équipé d’un moteur<br />
Bosch Active Line pour une vitesse jusqu’à 32 km/h, d’un guidon pliable et d’une<br />
fourche téléscopique, le HSD S8i se range facilement dans un coffre de voiture.<br />
Env. 3 699 € ; ternbicycles.com<br />
THE RED BULLETIN 93
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
À PORTER<br />
Un style<br />
pratique<br />
Votre monture est stylée,<br />
parée et équipée, et vous ?<br />
SUR LA ROUTE<br />
Trek cool...<br />
Trek Domane SL 5 Disc<br />
VESTE À CAPUCHE<br />
7MESH OUTFLOW<br />
Voici une veste à capuche qui aura<br />
toute sa place dans votre sacoche :<br />
chaude et respirante grâce à son<br />
système isolant Primaloft Gold<br />
Active, elle est aussi légère et très<br />
peu encombrante. Pratique !<br />
Env. 260 € ; 7mesh.com<br />
Un vélo qui donne envie de tracer toujours plus loin, en toute sérénité. Suspensions<br />
IsoSpeed avant et arrière, rangement interne, large dégagement des pneus<br />
(jusqu’à 32c pour affronter même les routes les plus difficiles) et freins hydrauliques<br />
hyper puissants : autant d’atouts qui en font un compagnon fiable et très<br />
confortable pour les longues sorties. Env. 2 699 € ; trekbikes.com<br />
POMPES<br />
À vos pieds<br />
Chaussures Pearl Izumi<br />
Pro Road v5<br />
SAC À DOS OSPREY METRON<br />
Robuste, avec une grande capacité<br />
de rangement, ce sac de 26 L peut<br />
diminuer grâce à un système de compression<br />
par sangle. En vrai sac de<br />
cyclisme, il dispose d’une suspension<br />
AirScape anti-transpiration dans le<br />
dos et se montre très compact.<br />
Env. 140 € ; ospreyeurope.com<br />
Pour la 5 e version de sa<br />
chaussure star, Pearl a misé sur<br />
la sobriété. La semelle en fibre de<br />
carbone a été entièrement repensée<br />
afin d’éliminer le superflu, avec au<br />
final un gain de poids de 22 % et une<br />
meilleure respirabilité. Le tissage<br />
rappelle celui des chaussures de<br />
foot et la rend particulièrement<br />
agréable à porter pendant l’effort.<br />
Deux bandes élastiques viennent<br />
parfaire le maintien du pied.<br />
Env. 365 € ; pearlizumi.com<br />
POCHETTE RAPHA ESSENTIALS<br />
Que faire de votre smartphone et de<br />
vos objets de valeur en virée ? Placezles<br />
dans cette pochette étanche à la<br />
pluie et la transpiration, avec une<br />
cloison souple pour les papiers et<br />
cartes de crédit, ainsi qu’une poche<br />
zippée pour les pièces de monnaie.<br />
Env. 30 € ; rapha.cc<br />
94 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
spécial vélo<br />
LIV ENVILIV ADVANCED<br />
PRO 2 DISC<br />
Avis aux mordues de<br />
vitesse : avec son cadre et sa<br />
fourche aérodynamiques, ce<br />
modèle de chez Liv est<br />
conçu pour les coureuses.<br />
Ajoutez à cela un cadre en<br />
fibre de carbone, des roues<br />
en carbone ajustables selon<br />
la force du vent et le terrain,<br />
des freins hydrauliques,<br />
et vous obtenez la parfaite<br />
monture pour fendre la<br />
bise en toute sécurité.<br />
Env. 3 799 € ; liv-cycling.com<br />
THE RED BULLETIN 95
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LA RÉDACTION<br />
THE RED<br />
BULLETIN<br />
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<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans six pays.<br />
Vous voyez ici la une<br />
de l’édition américaine,<br />
honorant Angyil, l’une<br />
des stars locales de la<br />
danse urbaine…<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
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part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />
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TRBMAG
Pour finir en beauté.<br />
La reine des rapides<br />
La championne du monde de kayak extrême Nouria Newman (en photo),<br />
parcourt les rivières les plus sauvages au monde. Ainsi, l’année dernière,<br />
la Française s’est jointe à ses compagnons kayakistes Erik Boomer et<br />
Ben Stookesberry pour un voyage en Patagonie afin de s’attaquer<br />
aux trois voies d’eau les plus féroces de la région connues sous<br />
le nom de « triple couronne ». redbull.com<br />
Le prochain<br />
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n° 99 disponible<br />
dès le 30 avril<br />
<strong>2020</strong><br />
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