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The Red Bulletin Avril 2020 (FR)

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<strong>FR</strong>ANCE<br />

AVRIL <strong>2020</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

À LA POINTE<br />

DE L’ESCRIME<br />

Comment MILES CHAMLEY-WATSON<br />

a dominé ses troubles de l’attention<br />

grâce au fleuret et rafraîchi son sport<br />

au plus haut niveau


Éditorial<br />

LA GUEULE<br />

DE L’EMPLOI ?<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

Costaud ce rappeur dans le magazine ! Pardon ?<br />

Vous voyez le fleuret… le masque ? Oui, il s’agit<br />

bien d’un sportif. Surprenant ? Pour ceux qui<br />

pensent qu’un champion d’escrime ressemble à…<br />

un champion d’escrime. Alors d’accord, Miles<br />

Chamley-Watson a autant d’encre et de blingbling<br />

sur le corps qu’un MC au sommet des charts,<br />

mais il s’agit bien d’un athlète au sommet de sa<br />

discipline. Celui qui a injecté une bonne dose de<br />

cool et de style dans une spécialité que beaucoup<br />

considèrent à tort comme old school et à des<br />

années lumière du lifestyle des nouvelles générations.<br />

C’est pourtant le fleuret qui a aidé cet Américain<br />

né à Londres à surmonter ses troubles de<br />

l’attention et à en devenir l’un des patrons mondiaux.<br />

Et Miles Chamley-Watson ne sera pas le<br />

seul à vous surprendre dans ce numéro…<br />

<strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA<br />

Enfant inspiré par le Commandant<br />

Cousteau dans les années<br />

80, ce photographe français<br />

d’aventure basé en Australie<br />

ne s’imaginait pas que sa carrière<br />

l’amènerait un jour à vivre<br />

sous la mer avec l’expédition<br />

Under <strong>The</strong> Pole page 56. Sous<br />

la banquise, dans les vagues<br />

du Pacifique ou près des sommets,<br />

il s’accomplit dans les<br />

lumières naturelles et lorsque<br />

les conditions de reportage<br />

deviennent plus compliquées.<br />

MICHAEL MULLER (COUVERTURE), <strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA/UNDER THE POLE/ZEPPELIN NETWORK<br />

Votre Rédaction<br />

Le photographe Franck Gazzola à l’entrée de la capsule<br />

et Ghislain Bardout (assis) sont partis pour trois jours<br />

d’immersion dans le cadre du projet Under <strong>The</strong> Pole.<br />

ANDY LEWIS<br />

« J’avais perdu le contact avec<br />

ce sport jusqu’à ce que la<br />

génération de Miles arrive et<br />

ravive mon amour », déclare<br />

l’ancien escrimeur. Aujourd’hui<br />

éditeur basé à L.A. et auteur<br />

de quatre livres, Lewis a écrit<br />

pour Fortune, le Los Angeles<br />

Times et le Hollywood Reporter.<br />

« Entendre Miles raconter<br />

son histoire sur la façon dont<br />

l’escrime a changé sa vie m’a<br />

rappelé toutes les façons dont<br />

l’escrime a changé la mienne. »<br />

Page 26<br />

THE RED BULLETIN 3


CONTENUS<br />

avril <strong>2020</strong><br />

26 L’autre escrime<br />

Le fleuret devait juste venir en<br />

aide à Miles Chamley-Watson,<br />

il en est devenu une icône pop<br />

36 Coureurs de cœur<br />

Pour le Wings for Life World Run,<br />

ils seront des milliers à s’élancer<br />

partout sur la planète<br />

48 Perdre le contrôle<br />

Elle aurait pu persévérer dans le<br />

ballet, la street dance a changé<br />

la vie d’Angyil McNeal<br />

56 Récif en danger<br />

Séjourner trois jours sous l’eau<br />

permet un état des lieux accéléré<br />

du monde du dessous<br />

68 Le point sur le rap<br />

Que savez-vous vraiment de ce<br />

rap français qui cartonne ?<br />

68<br />

Vous vous posez des<br />

questions sur le rap ?<br />

Mehdi a les réponses.<br />

6 Galerie : ouvrez bien vos yeux !<br />

12 Le dentier qui pourrait sauver la<br />

vie des joueurs de foot américain<br />

14 Pour votre prochain voyage en<br />

Angleterre, plongez dans le vrai<br />

16 La dernière interview de Daniel<br />

Craig en tant que James Bond ?<br />

18 La solution pour les sans-abri<br />

se trouve probablement dans<br />

des maisons imprimées<br />

20 De retour dans la série Star Trek,<br />

Picard est loin d’être congelé<br />

22 Des ballons et de l’art : pour<br />

penser la Syrie autrement<br />

24 Exclusif : Alicia Keys vous dit ce<br />

qu’elle écoute sur ses rollers !<br />

36<br />

C’est nécessaire : le 3 mai,<br />

vous serez à Rouen pour<br />

courir avec nous.<br />

80 Au Vietnam, oserez-vous vous<br />

lancer dans ces grottes de l’envergure<br />

d’une cathédrale ?<br />

84 Un incroyable casque développé<br />

pour la réalité virtuelle<br />

85 Du pilotage réel au virtuel… au<br />

pilotage réel à nouveau, la roue<br />

tourne pour James Baldwin<br />

86 Une montre Omega dédiée à 007<br />

et créée en collaboration avec<br />

l’acteur Daniel Craig<br />

88 Les meilleurs événements en<br />

France et les programmes les plus<br />

chauds à suivre sur <strong>Red</strong> Bull TV :<br />

ne ratez rien !<br />

90 Matos : du vélo, du vélo, du vélo !<br />

96 Ils et elles font <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

98 Nouria Newman dans les rapides<br />

de Patagonie<br />

ATIBA JEFFERSON, QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD, VINCENT CURUTCHET FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />

4 THE RED BULLETIN


48<br />

Issue d’un quartier<br />

tendu, Angyil s’est<br />

faite grâce à la danse.<br />

THE RED BULLETIN 5


LA CHAUSSÉE<br />

DES GÉANTS,<br />

IRLANDE DU NORD<br />

Figé dans<br />

le temps<br />

Aussi remarquables que soient ses<br />

talents de rider BMX, l’Autrichien<br />

d’origine croate Senad Grosic peine<br />

à rivaliser avec cette merveille naturelle<br />

qu’est la Chaussée des Géants. « L’histoire<br />

de cette image remonte à environ<br />

60 millions d’années. Une coulée de<br />

lave se refroidit et laisse ce vaste<br />

champ de pierres hexagonales »,<br />

explique le photographe allemand<br />

Lorenz Holder. Ce dernier saisit ce<br />

cliché alors que le soleil se couche<br />

sur ce site inscrit au patrimoine mondial<br />

de l’UNESCO. « De nos jours, rares<br />

sont les lieux sur terre où l’on peut<br />

admirer ces formations. »<br />

lorenzholder.com


7


ENGELBERG,<br />

SUISSE<br />

En noir<br />

et blanc ?<br />

Les photos primées ne sont pas toujours<br />

celles qui ont été imaginées ni planifiées<br />

en amont. Certaines parmi les plus étonnantes<br />

au monde sont le fruit d’un moment<br />

non prémédité. Ce cliché du skieur professionnel<br />

de haute montagne William<br />

Larsson, réalisé par le photographe Elias<br />

Lundh pour le concours <strong>Red</strong> Bull Illume,<br />

en est une belle illustration. « Ce jour-là,<br />

William et moi partons avec une tout autre<br />

idée en tête, mais toutes nos tentatives<br />

échouent, explique Lundh. Sur le chemin<br />

du retour, nous faisons quelques essais<br />

près d’une grande paroi rocheuse. C’est<br />

seulement au moment où j’utilise le drone<br />

que m’apparaît le potentiel de l’image.<br />

En appuyant sur le déclencheur, je comprends<br />

que nous tenons là quelque<br />

chose de spécial. »<br />

Instagram : @eliaslundh<br />

ELIAS LUNDH/RED BULL ILLUME, DAVID JARAMILLO RAMÍREZ/RED BULL ILLUME


SABANETA,<br />

COLOMBIE<br />

Terrain<br />

glissant<br />

Le mouvement du skateur Felipe<br />

Marin prend des allures de BD dans<br />

cette surprenante œuvre d’art<br />

du photographe colombien<br />

David Jaramillo Ramírez et du graphiste<br />

Camilo Bustamante. « J’ai<br />

voulu illustrer la capacité de l’athlète<br />

à vaincre ses propres peurs, explique<br />

Ramírez. Ici, la partie graphique<br />

figure les peurs qui hantent l’athlète<br />

dans l’exercice de sa passion. »<br />

davidjaraphoto.com<br />

9


PARC NATIONAL<br />

TSINGY DE BEMARAHA,<br />

MADAGASCAR<br />

Une leçon<br />

par foulée<br />

À exploit extraordinaire, préparation<br />

extraordinaire. Cela explique la présence<br />

du grimpeur Albert Villarroya Farrarós à<br />

Madagascar, pays non moins exceptionnel<br />

afin de préparer son tour du monde à pied.<br />

Une odyssée qui conduira l’Espagnol à travers<br />

les plus célèbres chaînes de montagne<br />

de la planète pendant quinze ans. Au menu,<br />

terrains rocheux évoquant la planète Mars<br />

et aiguilles calcaires abruptes où une<br />

concentration de tous les instants sera de<br />

mise, comme ici dans la réserve naturelle<br />

de Tsingy de Bemaraha. Hors des chemins<br />

balisés, le calcaire y devient instable et<br />

imprévisible. Un vrai test pour tout randonneur<br />

téméraire, et une préparation mentale<br />

et physique idéales pour un homme sur le<br />

point de faire le tour du globe…<br />

TYRONE BRADLEY


11


PREVENT BIOMETRICS<br />

Les bienfaits du<br />

mal aux dents<br />

Ce protège-dents high-tech préserve le sourire<br />

des athlètes, mais pourrait aussi leur sauver la vie.<br />

En plus de parer aux traumatismes<br />

dentaires et maxillaires, le premier<br />

protège-dents connecté alerte sur<br />

de potentiels dommages cérébraux.<br />

La NFL (National Football<br />

League) a un problème de<br />

commotion cérébrale. Une<br />

étude datant de 2018 révèle<br />

que chaque match de la<br />

saison de football américain<br />

compte, en moyenne,<br />

0,41 com motion cérébrale.<br />

Toujours selon cette enquête,<br />

plus de cent anciens joueurs<br />

souffrent actuellement d’encéphalopathie<br />

traumatique<br />

chronique (ETC), une maladie<br />

dégénérative du cerveau due<br />

aux coups répétés à la tête.<br />

En clair, les joueurs de football<br />

américain professionnels pratiquent<br />

un sport nuisant gravement<br />

à leur santé et les instances<br />

restent impuissantes<br />

face au problème.<br />

Prevent Biometrics, une<br />

start-up basée à Minneapolis,<br />

pense avoir la solution contre<br />

les blessures graves à la tête.<br />

Elle affirme avoir développé la<br />

première technologie capable<br />

de mesurer avec précision et<br />

en temps réel les impacts<br />

crâniens, en utilisant non pas<br />

les casques des joueurs, mais<br />

leurs protège-dents. « Les<br />

solutions disponibles à ce jour<br />

utilisent des capteurs placés<br />

dans les casques ou dans tout<br />

autre couvre-chef, a récemment<br />

déclaré à Forbes David<br />

Sigel, directeur général de<br />

Prevent Biometrics. Ces produits<br />

se sont avérés imprécis<br />

du fait que le casque bouge<br />

indépendamment de la tête. »<br />

Le protège-dents Prevent<br />

Biometrics enregistre la puissance,<br />

l’emplacement, la direction<br />

et le nombre d’impacts<br />

subis par le joueur puis transmet<br />

instantanément ces<br />

données à l’entraîneur au<br />

bord du terrain.<br />

« La communauté scientifique<br />

a par ailleurs établi que<br />

l’arcade dentaire supérieure<br />

constituait le point de mesure<br />

le plus précis, poursuit Sigel.<br />

Le crâne y est solidement fixé.<br />

Si le protège-dents Prevent<br />

Biometrics ne permet pas de<br />

diagnostiquer une commotion<br />

cérébrale, il aide les entraîneurs<br />

à mieux évaluer les blessures<br />

durant le match et à agir<br />

plus rapidement pour éviter<br />

des dommages irréversibles. »<br />

Ce dispositif minuscule pourrait<br />

résoudre l’un des plus gros<br />

problèmes du sport américain<br />

et rendre le football plus sûr.<br />

Il faut en tout cas l’espérer.<br />

PREVENT BIOMETRICS<br />

12 THE RED BULLETIN


Plus besoin de<br />

penser au jeton<br />

pour le casier de<br />

la pistoche…<br />

NAGE SAUVAGE<br />

Plongez dans le vrai<br />

Sian Anna Lewis livre ses meilleurs plans de baignade en pleine nature au<br />

Royaume-Uni. Pour votre prochain trip au UK... qu’importe le Brexit !<br />

La popularité du wild swimming<br />

— se baigner dans des<br />

étendues d’eau naturelle telles<br />

que les lacs, les rivières ou les<br />

océans — séduit toujours plus<br />

de monde ces dernières<br />

années. Une étude publiée par<br />

Sport England en 2019 révèle<br />

que plus de 4,1 millions de personnes<br />

au Royaume-Uni s’y<br />

sont adonnées entre novembre<br />

2017 et novembre 2018. Journaliste<br />

de voyage et d’aventure,<br />

Sian Anna Lewis en est<br />

l’une des plus ardentes partisanes<br />

en ligne et est à l’origine<br />

de bien des adeptes. « Nager<br />

en plein air dans un cadre<br />

naturel procure un sentiment<br />

de paix, confie Sian Anna<br />

Lewis, auteure du guide<br />

d’aventure au féminin <strong>The</strong> Girl<br />

Outdoors. Si vous travaillez<br />

en ville, passez beaucoup de<br />

temps sur votre ordinateur et<br />

menez une vie casanière, se<br />

promener est bien sûr génial,<br />

mais plonger dans l’eau est<br />

bien plus radical. Cela équivaut<br />

à un changement total d’environnement.<br />

» Pour s’en<br />

convaincre, Lewis recommande<br />

de localiser un site près<br />

de chez soi avant de s’aventurer<br />

plus loin. « Vérifiez au préalable<br />

la profondeur de l’eau et<br />

repérez le point d’accès et de<br />

sortie du lieu de baignade,<br />

conseille-t-elle. Les berges<br />

peuvent présenter des difficultés,<br />

mieux vaut être accompagné(e).<br />

Enfin, certains sites<br />

tels que les rivières en milieu<br />

urbain peuvent présenter un<br />

taux élevé de bactéries. La<br />

prudence est donc de mise. »<br />

Le top des spots wild<br />

swimming selon Sian<br />

Fairy Pools, Glenbrittle,<br />

Isle of Skye, Écosse<br />

« Un masque de plongée permet<br />

d’apprécier une visibilité<br />

sous l’eau exceptionnelle. Cela<br />

ressemble à une grotte avec<br />

ses petits lagons et arcs<br />

sous-marins où se faufiler. »<br />

Goldiggins Quarry,<br />

Bodmin Moor, Cornouailles<br />

« Un bassin naturel profond et<br />

magnifique dans une ancienne<br />

carrière bordée de rochers qui<br />

sont autant de plongeoirs de<br />

hauteurs différentes. »<br />

Sharrah Pool, Dartmoor<br />

National Park, Devon<br />

« Cette piscine à l’eau cristalline<br />

couleur d’émeraude se<br />

cache au bout d’un chemin longeant<br />

une rivière. Vous y nagerez<br />

entouré d’arbres au cœur<br />

de la forêt. Féerique. »<br />

Kenwood Ladies’ Pond,<br />

Hampstead Heath, Londres<br />

« Nul besoin de quitter Londres<br />

pour pratiquer le wild swimming.<br />

Cet endroit est l’un de<br />

mes préférés. En été, on en<br />

vient même à oublier que l’on<br />

est à Londres. Le pied ! »<br />

Tongue Pot, Eskdale,<br />

Lake District<br />

« On se croirait dans les tropiques<br />

si ce n’était l’eau glacée<br />

: petites chutes d’eau et<br />

succession de bassins en enfilade<br />

connectés. Certains sont<br />

parfaits pour y sauter. »<br />

thegirloutdoors.com<br />

JACOB LITTLE<br />

14 THE RED BULLETIN


DANIEL CRAIG<br />

« Le but, c’est de<br />

faire un bon film »<br />

C’est la fin d’une époque : Mourir peut attendre signe<br />

la dernière apparition de Daniel Craig sous les traits<br />

de James Bond. En quatorze ans, il sera devenu l’un des<br />

007 les plus populaires. Comment a-t-il fait ?<br />

the red bulletin : Vous incarnez<br />

un commissaire excentrique dans<br />

À couteaux tirés. Cherchez-vous<br />

une alternative au personnage de<br />

James Bond ?<br />

daniel craig: Je ne pensais pas à<br />

ça. Le scénario était excellent ! Une<br />

comédie de surcroît ! C’est rare.<br />

Le scénario de Mourir peut<br />

attendre vous a-t-il déçu ?<br />

Au contraire. Il a été écrit par l’incroyable<br />

Phoebe Waller-Bridge, la<br />

créatrice de la série Fleabag. C’était<br />

un privilège qu’elle s’implique dans<br />

ce projet, car n’ayant pas d’expérience<br />

avec Bond, elle apportait<br />

quelque chose d’original. Et puis<br />

c’est un processus collaboratif, on<br />

se base sur les éléments des romans.<br />

Quelle a été votre contribution ?<br />

Si j’ai une idée à 3 heures du matin,<br />

je l’écris, j’en parle à l’équipe, je les<br />

harcèle presque. Nous tournons ici<br />

pendant plusieurs mois, j’ai besoin<br />

de savoir comment tout va se passer.<br />

Les réalisateurs et les scénaristes<br />

définissent le scénario. Tolèrent -<br />

ils votre engagement ?<br />

Peu m’importe, car c’est ma façon de<br />

travailler. Notre but à tous, c’est de<br />

faire un bon film. Plus le scénario est<br />

bon, plus nous, les acteurs, sommes<br />

détendus et à même d’improviser.<br />

Quelle est l’idée derrière le<br />

concept de Bond ?<br />

Avant d’interpréter un rôle, je<br />

l’analyse de près : qu’est-ce qui l’influence<br />

? Pourquoi se comporte-t-il<br />

ainsi ? Je lui confère une profondeur<br />

psychologique pour le rendre intéressant,<br />

avec ses conflits intérieurs.<br />

Ainsi, je rends le personnage crédible.<br />

C’est comme ça que j’ai appris<br />

mon métier.<br />

Les derniers James Bond lèvent<br />

le voile sur la vie personnelle de<br />

l’agent 007. Pourquoi ?<br />

Ça a commencé avec Skyfall. Il<br />

semblait logique de poursuivre dans<br />

cette veine. Bond vieillit. Ce n’est<br />

pas un pochoir, c’est un individu<br />

dont l’histoire se poursuit d’un film<br />

à l’autre. Sans étoffer sa biographie,<br />

nous l’avons utilisée pour déclencher<br />

certains rebondissements<br />

dans l’intrigue.<br />

N’y a-t-il pas un côté de déjà-vu<br />

avec tous les films d’agent secret<br />

au cinéma ?<br />

Ce serait hypocrite de prétendre le<br />

contraire. Mais vous savez, on essaie<br />

toujours de réinventer la roue dans le<br />

milieu du cinéma. L’objectif est d’offrir<br />

au public un divertissement en<br />

rapport avec le présent. On se laisse<br />

influencer par d’autres films, sans les<br />

copier. C’est ça la clé.<br />

Les films de Bond collent-ils à<br />

l’actualité ?<br />

Elle fait partie de la donne. Mais<br />

il ne s’agit pas non plus d’épouser<br />

servilement les souhaits des fans.<br />

Le personnage de Bond a quelque<br />

chose d’intemporel. Il n’y a que<br />

comme ça qu’une histoire classique<br />

peut être racontée. Un film aussi<br />

peut vieillir rapidement.<br />

Quand vous avez endossé le rôle,<br />

vous n’avez pas fait l’unanimité.<br />

Comment avez-vous réussi à vous<br />

imposer ?<br />

J’ai tout de suite expliqué à la productrice,<br />

Barbara Broccoli, que je<br />

comptais sur la solidarité de l’équipe<br />

de réalisation. J’avais besoin d’être<br />

en confiance sur le plateau afin de<br />

pouvoir faire comme si j’étais vraiment<br />

James Bond. Pour me sentir<br />

partie intégrante du film, je devais<br />

pouvoir donner mon avis sur le scénario,<br />

le tournage, tout ça. Et c’est<br />

comme cela que ça s’est passé.<br />

Verra-t-on encore des films de<br />

James Bond au cinéma dans<br />

cinquante ans ?<br />

Ce sera sans moi ! Le personnage<br />

perdure car jusqu’ici, il a été préservé<br />

: les producteurs ne l’ont pas<br />

vendu à Hollywood. Ils ont réussi à<br />

donner à chaque film une identité<br />

propre. Si l’aspect financier était la<br />

seule chose qui intéressait les studios,<br />

Bond ne serait plus Bond depuis<br />

longtemps. Rendre chaque nouvel<br />

opus meilleur que le précédent,<br />

voilà qui pourra le garder pérenne.<br />

À condition que le public aime ! Sinon,<br />

il n’y a rien que je puisse faire.<br />

Mourir peut attendre,<br />

le 8 avril au cinéma<br />

ERIK TANNER/CONTOUR RÜDIGER STURM<br />

16 THE RED BULLETIN


« Le personnage de<br />

Bond a quelque<br />

chose d’intemporel. »<br />

Daniel Craig prend congé de 007 après<br />

quatorze ans de bons et loyaux services.<br />

THE RED BULLETIN 17


L’imprimante 3D<br />

Vulcan II en action<br />

(ci-contre) ; le<br />

ciment spécial<br />

utilisé par l’imprimante,<br />

le Lavacrete<br />

(ci-dessous) ; la<br />

première maison<br />

à impression 3D<br />

homologuée,<br />

conçue par Icon et<br />

New Story à Austin,<br />

Texas (à gauche).<br />

ICON BUILD<br />

Solution en béton<br />

À défaut de pouvoir imprimer des billets pour aider les sans-abri<br />

à se loger, une société imprime des maisons pour les héberger.<br />

L’État mexicain de Tabasco<br />

accueille dans l’une de ses<br />

zones rurales deux petites<br />

maisons compactes. A priori,<br />

elles n’ont rien de particulier,<br />

pourtant ces habitations pourraient<br />

révolutionner le logement.<br />

Elles ne se bâtissent<br />

pas, mais s’impriment en 3D.<br />

Procurer un toit aux habitants<br />

les plus pauvres de Tabasco<br />

marque la première phase du<br />

projet de l’entreprise Icon et de<br />

l’ONG New Story dont le but<br />

est de régler le problème des<br />

sans-abris. Ces derniers sont<br />

estimés à environ 150 millions<br />

à travers le monde, ajoutés<br />

aux 1,6 milliard de personnes<br />

vivant dans des logements<br />

précaires.<br />

Icon et New Story veulent<br />

fournir un habitat sûr et abordable<br />

aux familles dont la rue<br />

est le seul horizon. Cinquante<br />

unités sont prévues pour la<br />

communauté de Tabasco, en<br />

collaboration avec l’organisation<br />

mexicaine de logement<br />

social Échale. Les maisons —<br />

d’une superficie de 46 m² intégrant<br />

deux chambres, un<br />

salon, un bureau et une salle<br />

de bain — sont conçues avec<br />

les familles qui y vivront, puis<br />

imprimées en 3D sur les fondations<br />

avec un ciment spécial.<br />

Le toit, les portes, les fenêtres,<br />

la plomberie et l’électricité exigent<br />

une intervention humaine.<br />

L’objectif d’Icon est d’imprimer<br />

une maison en moins de<br />

24 heures, pour un coût de<br />

3 600 € environ. Les familles<br />

bénéficieront d’un prêt à taux<br />

zéro sur sept ans qu’elles rembourseront<br />

à raison de 10 €<br />

par semaine. « Il faut garder<br />

à l’esprit la spécificité de ce<br />

projet : nous ne sommes pas<br />

une société de R&D obsédée<br />

par l’innovation, explique<br />

Alexandria Lafci, cofondatrice<br />

de New Story. Le projet exclut<br />

le profit. Ces maisons sont<br />

destinées à des gens avec des<br />

besoins que nous impliquons<br />

à chaque étape du projet. Ce<br />

projet peut concrétiser un<br />

rêve de durabilité et d’équité<br />

sociale », explique Gretel Uribe,<br />

la responsable du développement<br />

pour Échale.<br />

L’imprimante 3D Vulcan II<br />

est disponible à l’achat dans le<br />

monde entier afin que d’autres<br />

villes puissent l’activer.<br />

iconbuild.com<br />

ICONBUILD.COM<br />

18 THE RED BULLETIN


COURONS POUR CEUX QUI NE LE PEUVENT PAS<br />

3 MAI <strong>2020</strong><br />

INSCRIVEZ<br />

VOUS<br />

ROUEN<br />

LA SEULE COURSE OÙ LA LIGNE D’ARRIVÉE VOUS RATTRAPE<br />

WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM


PATRICK STEWART<br />

Aujourd’hui se<br />

pense demain<br />

Comment l’occasion d’incarner à nouveau un personnage<br />

dans la nouvelle mouture de la série Star Trek a fait réfléchir<br />

l’un des acteurs les plus iconiques au monde sur le présent.<br />

La plupart des sujets politiques<br />

dans les séries paraissent plus<br />

importants et actuels que jamais,<br />

en <strong>2020</strong>. Pensez-vous que les<br />

thèmes sous-jacents sont plus<br />

graves aujourd’hui ?<br />

Clairement, il est plus important<br />

que jamais d’être politique. L’année<br />

dernière je me suis même vu proposer<br />

de prendre la nationalité<br />

américaine et de faire campagne<br />

pour un siège au Sénat. C’était une<br />

proposition sérieuse.<br />

L’an dernier, l’acteur mythique Sir<br />

Patrick Stewart s’est vu présenter<br />

l’occasion de revoir son passé et sa<br />

carrière en reprenant l’un de ses<br />

rôles les plus acclamés, celui du<br />

Capitaine Jean-Luc Picard de l’USS<br />

Enterprise, pour Star Trek : Picard,<br />

la série télévisée d’Amazon Prime.<br />

Quinze ans durant, entre 1987 et<br />

2002, Stewart détenait le rôle inspirant<br />

du Capitaine et dirigeant<br />

dans la série Star Trek : La Nouvelle<br />

Génération ainsi que dans quatre<br />

films, faisant passer un message de<br />

justice, de diplomatie et d’égalité.<br />

« Étant donné que notre monde<br />

avance d’un pas pour en reculer de<br />

deux par la suite, dit Stewart à propos<br />

de la nouvelle version de son<br />

personnage, je pense qu’il présente<br />

un grand nombre de traits de<br />

caractère de l’homme que nous<br />

avons connu dans La Nouvelle<br />

Génération : sa modestie, sa passion<br />

pour l’humanité et pour le futur<br />

du système solaire. » L’acteur de<br />

79 ans raconte à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

ce que cela lui a fait de reprendre<br />

ce rôle emblématique après plus<br />

de dix-huit ans, et de revenir à<br />

une série aussi puissante dans le<br />

nouveau paysage extra- terrestre<br />

de <strong>2020</strong>...<br />

the red bulletin : Lorsqu’on<br />

vous a offert le rôle, avez-vous<br />

senti l’envie de revenir ?<br />

patrick stewart : Pas du tout !<br />

Lorsque j’ai rencontré l’équipe de<br />

réalisateurs et de scénaristes, c’était<br />

pour leur dire que je ne reviendrais<br />

pas. Mais ils m’ont fait une proposition<br />

que je ne pouvais pas refuser…<br />

Qu’est-ce qui vous a séduit dans<br />

ce nouveau chapitre, et tout<br />

particulièrement dans votre<br />

personnage ?<br />

Nous habitons et travaillons dans<br />

un monde différent. Picard s’est<br />

détourné du monde et vit dans son<br />

château avec son chien, à cultiver<br />

du vin. Il est mécontent, fâché et<br />

coupable ; il a l’impression d’avoir<br />

échoué.<br />

Après tant d’années loin du personnage<br />

de Picard, avez-vous eu<br />

du mal à le retrouver ?<br />

Cet homme ne m’a jamais quitté ;<br />

il est toujours resté à l’intérieur de<br />

moi. Nous nous ressemblons en<br />

ce qui concerne nos convictions et<br />

notre vue sur le leadership. C’était<br />

une expérience épuisante et exaltante,<br />

mais je ne l’ai pas trouvée<br />

difficile. Par contre, ce que j’ai<br />

trouvé dur, c’est de retravailler<br />

avec mes anciens collègues de<br />

plateau Jonathan (Frakes, qui joue<br />

le commandant Riker, ndlr) et Brent<br />

( Spiner, qui joue le lieutenant commandant<br />

Data, ndlr). Ils m’ont<br />

beaucoup taquiné.<br />

Avez-vous toujours été aussi<br />

engagé politiquement ?<br />

J’ai été membre du parti travailliste<br />

pendant de nombreuses années,<br />

même si j’ai quelques doutes<br />

aujourd’hui.<br />

Star Trek a toujours soutenu la<br />

diplomatie et l’optimisme. Comment<br />

avez-vous vécu le fait de<br />

tourner ce nouveau chapitre tout<br />

en vivant à une époque beaucoup<br />

moins porteuse d’espoir pour un<br />

grand nombre de personnes ?<br />

Je pense qu’il y a toujours de l’espoir.<br />

Même si la situation est<br />

sombre en ce moment, d’autant<br />

plus en Europe, nous devons croire<br />

en un futur meilleur. Nous représentons<br />

le temps présent dans cette<br />

nouvelle série. C’est l’une des<br />

choses à laquelle nous croyions<br />

depuis le début, en faisant cette<br />

série : un monde plus juste, plus<br />

doux, et un monde plus modeste.<br />

C’est également ce que nous avons<br />

essayé d’intégrer à ce nouveau<br />

chapitre.<br />

Star Trek : Picard actuellement sur<br />

Amazon Prime Video<br />

SEBASTIAN KIM/AUGUST JESS HOLLAND<br />

20 THE RED BULLETIN


« Dans<br />

Star Trek, nous<br />

représentons le<br />

temps présent. »<br />

THE RED BULLETIN 21


Le souffle est dans<br />

le ballon : aperçu<br />

du projet Stereotype<br />

Inversion.<br />

Peinture, littérature, musique<br />

ou encore architecture, l’héritage<br />

culturel de la Syrie est<br />

abondant. Sa contribution au<br />

monde remonte à 9 000 ans<br />

avant Jésus-Christ. Mais avec<br />

les conflits et notamment le<br />

début de la guerre civile en<br />

2011, cet apport culturel est<br />

éclipsé par les factions en<br />

guerre et les effusions de sang.<br />

De jeunes artistes syriens<br />

tentent aujourd’hui de changer<br />

la donne en mettant à l’honneur<br />

l’abondance de nouveaux<br />

talents créatifs dans un pays<br />

que les médias relèguent aux<br />

mauvaises nouvelles.<br />

Alýa Ola Abbas est l’une des<br />

artistes de l’ALya Art Studio.<br />

Son projet novateur, Stereotype<br />

Inversion, vise à présenter<br />

la Syrie comme un lieu de<br />

créativité et d’espoir. « Je travaille<br />

et vis dans un pays qui<br />

ALYA ART STUDIO<br />

Élever la Syrie<br />

Avec ses œuvres qui redonnent vie, la créatrice<br />

syrienne Alýa Ola Abbas interroge la vision du monde<br />

sur son pays d’origine. Pour un futur positif.<br />

subit la guerre depuis environ<br />

dix ans, l’impact néfaste a fini<br />

par me perturber, explique-telle.<br />

Je travaille à partir de<br />

scènes du quotidien devenues<br />

des clichés et les remplace par<br />

des lieux pleins d’espoir afin<br />

d’interroger la situation et<br />

transformer ces lieux. » Abbas<br />

utilise la photographie, le film<br />

et les installations pour saisir<br />

des lieux à travers la Syrie. « La<br />

série de photos se compose<br />

d’environ sept images aux<br />

histoires différentes, préciset-elle.<br />

Les ballons symbolisent<br />

les idées créatives et les inventions<br />

modernes des gens d’ici ;<br />

pour leur donner confiance et<br />

renforcer leur détermination à<br />

atteindre la qualité de vie qu’ils<br />

souhaitent. »<br />

Chaque image est constituée<br />

de cinquante couches de<br />

photographies, associant des<br />

vues et des ballons afin de susciter<br />

des récits renouvelés de<br />

ces espaces. « Notre vie est<br />

faite de convictions, nous<br />

devons donc penser positivement<br />

et aspirer à un pouvoir<br />

réel, concret, affirme Abbas à<br />

propos de son projet. Les dernières<br />

pièces de Stereotype<br />

Inversion conceptualisent mes<br />

points de vue artistiques sur<br />

les questions sociales. »<br />

Instagram : @alya_art_studio<br />

ALÝA OLA ABBAS<br />

22 THE RED BULLETIN


ALICIA KEYS<br />

Roller<br />

skate of<br />

mind<br />

Quand l’artiste habituée des<br />

Grammys mais aussi actrice<br />

et militante veut souffler,<br />

elle le fait en roller, à l’écoute<br />

des sons qu’elle partage ici.<br />

L’Américaine Alicia Keys est un<br />

profil incontournable dans le<br />

monde de la musique. Depuis<br />

son succès en 2001 avec le<br />

single Fallin’, la New-Yorkaise<br />

enchaîne les disques multiplatines,<br />

cumule quinze Grammys<br />

et s’impose comme actrice et<br />

productrice de films. Mais Keys<br />

est aussi activiste politique et<br />

sociale, et mère de deux garçons.<br />

Pour la sortie de son septième<br />

album studio, ALICIA, la<br />

jeune femme de 39 ans révèle<br />

que le roller l’aide à se changer<br />

les idées. « Je le pratique beaucoup<br />

en famille, confie Keys.<br />

C’est super sympa. Et la musique<br />

entraînante en patins à roulettes<br />

est vivifiante, une vraie sensation<br />

de bonheur. » Nous vous<br />

livrons ici une sélection de sa<br />

playlist… aliciakeys.com<br />

Post Malone<br />

Circles (2019)<br />

« Les chansons de Post Malone<br />

sont super sur la piste quand<br />

tu es en roller. J’adore Congratulations<br />

(single du rappeur<br />

new-yorkais sorti en 2017,<br />

ndlr), mais je pense que Circles<br />

est encore meilleur. Ce morceau<br />

(classé quatrième de l’US<br />

Billboard Hot 100, ndlr) est<br />

génial, encore plus en roller,<br />

on a immédiatement envie de<br />

bouger. »<br />

Alicia Myers<br />

I Want To Thank You (1981)<br />

« J’adore l’écouter quand je<br />

suis en roller. (Elle chante.)<br />

“I wanna thank you, Heavenly<br />

Father, for shining your light on<br />

me… I know it couldn’t have<br />

happened without you.” Le<br />

rythme est incroyable – vous<br />

ne patinez plus, vous volez.<br />

C’est merveilleux. Un grand<br />

kiffe à découvrir absolument<br />

la prochaine fois que vous<br />

allez patiner. »<br />

Dr. Dre feat. Snoop Dogg<br />

Nuthin’ But A ’G’ Thang (1992)<br />

« La G-funk vous met le feu<br />

sur la piste. Tous les morceaux<br />

de <strong>The</strong> Chronic, un classique<br />

du hip-hop, de Dr. Dre et Snoop<br />

Dogg sont un bon choix. J’insiste,<br />

tout l’album est sublime,<br />

mais surtout Nuthin’ But A ‘G’<br />

Thang. C’est le genre de morceau<br />

avec du ressort, qui vous<br />

oblige à bouger, à vibrer, à<br />

danser et à vous éclater.<br />

Tout est là. »<br />

Alicia Keys<br />

Time Machine (2019)<br />

« Ai-je cité un de mes morceaux<br />

? Bien sûr que du Alicia<br />

Keys en roller c’est de la<br />

bombe – du moins Time<br />

Machine, et No One (2007).<br />

Durant mon enfance, il y avait<br />

un endroit dans le Bronx<br />

appelé “Skate Key“ où je traînais<br />

avec mes amis. Pendant<br />

que tous les autres patinaient,<br />

nous restions là, sages et<br />

mignons. (Rires) »<br />

SONY MUSIC MARCEL ANDERS<br />

24 THE RED BULLETIN


RED BULL SANS SUCRE<br />

MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />

<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

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« L’escrime, c’est ma<br />

Ritaline », plaisante<br />

Miles Chamley- Watson,<br />

ici à Los Angeles<br />

le 18 décembre 2019.<br />

L’AUTRE CÔTÉ<br />

DE LA LAME<br />

Connu pour son style caractéristique comme<br />

pour ses atouts athlétiques, l’escrimeur<br />

américain MILES CHAMLEY-WATSON a surmonté<br />

une jeunesse turbulente pour devenir la première<br />

star mainstream dans un sport de niche vieux<br />

comme le monde. Tokyo est dans son viseur.<br />

Texte ANDY LEWIS<br />

Photos MICHAEL MÜLLER<br />

27


our les non-initiés, il peut être difficile<br />

de suivre une compétition d’escrime. La<br />

lame bouge à une vitesse folle, la pointe<br />

semble disparaître sur les uniformes d’un<br />

blanc éclatant et la façon de compter les<br />

points reste un vrai mystère.<br />

Mais c’est tout autre chose lorsque<br />

Miles Chamley-Watson entre en scène.<br />

Ses mouvements fluides et élégants sont<br />

si singuliers – une touche entre les<br />

jambes ou encore une pichenette derrière<br />

le dos et totalement indéfendable<br />

sur le côté opposé de l’adversaire, bapti-<br />

Psée la « Chamley-Watson » – qu’il est<br />

impossible de ne pas faire la différence<br />

entre le vainqueur et le vaincu. Avec son<br />

style décontracté et imprévisible, et ses<br />

enchaînements inédits, Miles est aussi un<br />

phénomène en dehors de la piste (longue<br />

et étroite où s’affrontent les escrimeurs).<br />

Avec ses origines afro-américaines,<br />

son mètre quatre-vingt-treize, ses cheveux<br />

décolorés et son torse couvert de<br />

tatouages, il détonne dans un sport<br />

encore associé à des images de jeunes<br />

propres sur eux et qui respectent à la<br />

lettre les règles du marquis de Queensberry.<br />

Il cultive son look unique et soigne<br />

28 THE RED BULLETIN


Miles a remporté une<br />

médaille aux JO et<br />

cinq médailles aux<br />

championnats du<br />

monde en individuel<br />

et par équipes.<br />

sa réussite en tant que premier Américain<br />

à avoir remporté un championnat<br />

du monde d’escrime en individuel, ce qui<br />

lui permet de représenter des sponsors<br />

haut de gamme, d’entamer une carrière<br />

de mannequin, d’être reconnu sur les<br />

réseaux sociaux et de fréquenter de nombreuses<br />

stars.<br />

En transcendant un sport longtemps<br />

resté confidentiel, Miles Chamley-<br />

Watson est devenu le premier escrimeur<br />

à entrer dans le mainstream. Il a fait de<br />

l’escrime un sport qui compte, en tordant<br />

le cou à de nombreux postulats sur les<br />

sponsors et les revenus dans une discipline<br />

où les sommes d’argent qui entrent<br />

en jeu sont comparables à une simple<br />

erreur d’arrondi dans les sports professionnels<br />

les plus reconnus. Il offre un<br />

modèle ou a minima une source d’inspiration<br />

à d’autres athlètes de sports<br />

mineurs. Il leur montre comment dépasser<br />

le post-amateurisme, mais aussi maîtriser<br />

les réseaux sociaux et les univers<br />

virtuels, dans un monde où tous les athlètes<br />

peuvent jouir de leur quart d’heure<br />

de célébrité à l’occasion des Jeux olympiques<br />

du XXI e siècle. Et nous n’avons pas<br />

encore parlé de son histoire personnelle<br />

fascinante. Qui aurait cru que l’escrime<br />

lui permettrait de maîtriser ses troubles<br />

du déficit de l’attention sans médicaments<br />

?<br />

« C’est assez dingue de penser que la<br />

plupart des escrimeurs ont deux boulots,<br />

vivent chez leurs parents ou n’ont aucun<br />

sponsor. C’est dingue que cela arrive seulement<br />

maintenant. Alors que ce sport<br />

existe depuis la nuit des temps », s’étonne<br />

Miles Chamley-Watson quand on lui<br />

parle de son succès inattendu, tandis<br />

qu’il s’installe dans un fauteuil des<br />

THE RED BULLETIN 29


ureaux de <strong>Red</strong> Bull à Santa Monica.<br />

Nous sommes à la mi-décembre et Miles<br />

Chamley-Watson, vêtu d’un sweat-shirt<br />

de l’équipe des États-Unis et d’un teeshirt<br />

avec son propre logo MW, nous<br />

parle de sa vie et de sa carrière. Il a fait<br />

étape quelques jours à Los Angeles, entre<br />

un test olympique à Tokyo et Noël qu’il<br />

fêtera à New York.<br />

Né à Londres d’une mère angloafricaine<br />

et d’un père anglojamaïcain,<br />

Miles Chamley-Watson<br />

est arrivé à New York quand il avait neuf<br />

ans avec sa mère et son beau-père (son<br />

père vit toujours au Royaume-Uni).<br />

« Quand j’étais gosse, j’étais insupportable.<br />

Avec mon hyperactivité bien<br />

costaude, j’étais une vraie tornade.<br />

Impossible de me dire quoi que soit.<br />

J’étais une petite tête brûlée directement<br />

débarquée de Londres, raconte-t-il avec<br />

un fond d’accent britannique qui s’accentue<br />

à mesure qu’il s’enthousiasme. À<br />

l’école, les autres gamins me demandaient<br />

tout le temps de dire tel ou tel<br />

mot. Ça me gonflait !, se remémore-t-il.<br />

La moitié du temps, j’étais un fichu Blanc,<br />

et l’autre moitié, un métis de Londres. »<br />

Exit l’école publique, ses parents<br />

l’inscrivent au programme Quest de la<br />

Dwight School de Manhattan, destiné<br />

aux enfants souffrant de trouble déficit<br />

de l’attention avec ou sans hyperactivité<br />

(TDAH) et d’autres troubles de l’apprentissage.<br />

Dans le cadre de ce programme,<br />

Miles Chamley-Watson devait pratiquer<br />

un sport. L’une de ses enseignantes, Ellen<br />

Grayson, qui par la suite est devenue son<br />

mentor et son amie, l’a encouragé à tester<br />

le programme d’escrime dirigé par<br />

son mari, Eric. Ils pensaient que cela<br />

l’aiderait à se concentrer. Sa mère ne lui<br />

a demandé qu’une seule chose : « Tu dois<br />

t’y tenir pendant au moins trois mois. »<br />

« Il a adoré ça dès le premier jour, se<br />

souvient-elle. Jamais je ne l’ai entendu<br />

dire : « Je ne veux pas aller m’entraîner. »<br />

Depuis les tout premiers cours, il a voulu<br />

se surpasser, surtout quand les enfants<br />

se moquaient de lui. « Quand est-ce que<br />

tu vas t’en servir, de ton escrime ?, se<br />

moquaient-ils. Je leur répondais : “Vous<br />

verrez bien.” » Miles Chamley-Watson<br />

choisit le fleuret, qui descend tout droit<br />

des armes d’entraînement ancestrales<br />

et se révèle plus léger et flexible que les<br />

autres armes d’escrime, à savoir le sabre<br />

et l’épée. Au fleuret, il faut viser le torse<br />

uniquement. Le score est calculé électroniquement.<br />

Un léger appui sur un petit<br />

ressort de la pointe du fleuret allume<br />

une lumière. La veste conductrice<br />

« Il y aura toujours<br />

d’autres LeBron<br />

James, avance-t-il.<br />

Mais il n’y aura jamais<br />

qu’un seul Miles. »<br />

30


« JE VEUX ÊTRE DANS STAR WARS.<br />

JE SERAIS INCROYABLE. »


enregistre une lumière colorée si la cible<br />

est atteinte, et une lumière blanche dans<br />

le cas contraire.<br />

Miles Chamley-Watson décrit l’escrime<br />

comme « un sport intime et pur ».<br />

Il adore la vitesse (la pointe du fleuret,<br />

qui peut atteindre 160 km/h, est l’un<br />

des objets les plus rapides dans le sport)<br />

et le danger (le champion olympique<br />

Vladimir Smirnov a été tué en 1982 lorsqu’une<br />

lame a transpercé son masque et<br />

traversé son œil). Mais par-dessus tout,<br />

il aime le face-à-face avec l’adversaire.<br />

« Vous croisez littéralement le fer. Vous<br />

êtes devant votre adversaire, à armes<br />

égales. Qui sera le meilleur ? » Sa mère<br />

est convaincue qu’il aime avoir les projecteurs<br />

braqués sur lui. « Tout repose<br />

sur lui. Il n’y a personne d’autre à blâmer<br />

», explique-t-elle.<br />

Lorsque Miles Chamley-Watson dit :<br />

« Je mets mon masque d’escrime… et je<br />

deviens Superman », il serait aisé d’y voir<br />

S’AMUSER COMME UN<br />

CHAMPION D’ESCRIME<br />

Quand Miles arrive au <strong>Red</strong> Bull High Performance<br />

Center de Santa Monica, son entraîneur<br />

Tyler Jewell sait que l’escrimeur, réputé<br />

pour sa vivacité, risque de s’ennuyer à enchaîner<br />

les répétitions. Alors, il réserve un<br />

quart des sessions d’entraînement à des activités<br />

plus fun. Tyler Jewell a ainsi imaginé<br />

plusieurs jeux concurrentiels afin de remplacer<br />

les traditionnels exercices d’escrime. Voici<br />

cinq routines qui permettent à l’escrimeur<br />

de continuer à s’impliquer et rester réactif.<br />

1. UN AIR DE DODGEBALL<br />

Miles Chamley-Watson se tient entre deux<br />

lignes espacées de 2 mètres environ : il doit<br />

esquiver une balle de tennis tout en déchiffrant<br />

le petit symbole marqué dessus.<br />

2. DOUBLE VOLANT<br />

Dans cette variante déjantée du badminton,<br />

lorsqu’un joueur rate un volant, il doit courir<br />

le ramasser tandis que la personne en face<br />

sert immédiatement un autre volant.<br />

3. PRENDRE LA BALLE AU BOND<br />

Tyler Jewell envoie une balle de tennis à Miles<br />

Chamley-Watson et attend le dernier moment<br />

pour lui demander d’attraper la balle avec la<br />

main gauche, la droite ou les deux.<br />

4. AU PIED DE L’ARC-EN-CIEL<br />

Tyler Jewell jette plusieurs balles colorées<br />

au-dessus de Miles Chamley-Watson qui doit<br />

uniquement attraper la couleur demandée.<br />

5. . DING DONG<br />

Miles Chamley-Watson doit lancer une medecine-ball<br />

de 9 kilos à 3 mètres de hauteur afin<br />

de toucher une cloche accrochée au bout<br />

d’une corde. C’est aussi dur que ça en a l’air.<br />

la énième vantardise d’un athlète au<br />

sommet. Il ne serait d’ailleurs pas le<br />

premier à idolâtrer l’Homme d’acier :<br />

tout le monde sait que Shaquille O’Neal<br />

s’est fait tatouer le « S » de Superman.<br />

Mais il est difficile de ne pas y voir<br />

quelque chose de plus profond pour<br />

Miles Chamley- Watson. En vérité, se<br />

transformer en superhéros armé d’une<br />

épée lui permet d’échapper à ses troubles<br />

du comportement. Lorsque les Grayson<br />

ont émis l’idée que l’escrime aiderait le<br />

jeune Miles à se concentrer, ils ont visé<br />

juste. Une étude de 2012 a notamment<br />

montré que les sports comme l’escrime,<br />

qui nécessitent des adaptations et des<br />

déplacements constants, requièrent<br />

« une attention visuelle et une flexibilité<br />

considérables », ce qui peut être mis en<br />

corrélation avec des améliorations de<br />

l’attention, du traitement des informations<br />

et d’autres fonctions cognitives.<br />

Et il a toujours rejeté les traitements<br />

médicaux contre le TDAH. « L’escrime,<br />

c’est ma Ritaline », plaisante-t-il.<br />

L’avènement de Miles est survenu en<br />

même temps que l’avènement de l’escrime<br />

américaine, passée du statut de<br />

discipline obscure à celui de sport de<br />

niveau mondial au début du millénaire.<br />

En 2008, il remporte le championnat<br />

mondial junior par équipes, le tout premier<br />

pour les Américains, mais aussi<br />

participé à la première de ses douze compétitions<br />

seniors, championnats du<br />

monde et Jeux olympiques confondus.<br />

En 2010, il se hisse à la cinquième<br />

place aux championnats du monde. En<br />

2012, il fait une brève apparition au rang<br />

de n° 2 mondial avant de terminer sur<br />

une décevante 25 e place lors de ses premiers<br />

Jeux olympiques. L’année suivante,<br />

ses résultats sont colossaux : il remporte<br />

ses premiers championnats du monde<br />

en individuel pour les États-Unis et la<br />

première médaille par équipes du pays,<br />

une médaille d’argent. Aux Jeux olympiques<br />

de Rio de 2016, il termine 19 e ,<br />

tandis que l’équipe masculine américaine<br />

de fleuret repart avec sa toute première<br />

médaille en décrochant le bronze face<br />

à l’Italie. En 2019, son équipe décroche<br />

enfin le titre qui leur a longtemps<br />

échappé : celui de champion du monde.<br />

Il fait partie de la plus grande génération<br />

de fleurettistes américains. Depuis<br />

neuf ans, le quatuor infernal, composé de<br />

Miles Chamley-Watson, Gerek Meinhardt,<br />

Alexander Massialas et Race Imboden,<br />

représente les États-Unis au fleuret, ce qui<br />

constitue une longévité exceptionnelle.<br />

Les exploits individuels de chacun pourraient<br />

en faire des candidats tout à fait<br />

crédibles au titre de meilleur fleurettiste<br />

américain de tous les temps. Miles<br />

Chamley- Watson est le premier d’entre<br />

eux avec son titre mondial en individuel,<br />

alors qu’Alexander Massialas remportait<br />

une médaille d’argent à Rio et se classait<br />

n° 1 mondial. Gerek Meinhardt aussi a<br />

atteint le rang de n° 1 et fut le premier<br />

Américain à remporter une médaille aux<br />

championnats du monde (le bronze en<br />

2010), tandis que Race Imboden fut le<br />

premier à remporter un titre de la Coupe<br />

du monde qui récompense les résultats<br />

de toute une saison.<br />

Il faut le préciser, car c’est assez rare :<br />

les quatre hommes sont très proches,<br />

notamment en raison de la dizaine d’années<br />

passées ensemble à parcourir le<br />

monde. Miles Chamley-Watson est sans<br />

surprise le premier à se faire remarquer.<br />

« Vous pouvez faire confiance à Miles<br />

pour mettre l’ambiance dans un dîner<br />

d’équipe ou une réunion et vous faire<br />

rire, même si vous n’étiez pas parti pour »,<br />

s’amuse Gerek Meinhardt. L’étrange tandem<br />

formé par Miles Chamley- Watson et<br />

Gerek Meinhardt, qui partagent la même<br />

chambre lors des tournois depuis leur<br />

adolescence, est le plus solide. Pourtant,<br />

au contraire de Miles Chamley-Watson,<br />

Gerek Meinhardt est toujours d’humeur<br />

égale, calme, studieux et rigoureux.<br />

« Nous étions amis quand nous étions<br />

enfants, et nous avons grandi ensemble,<br />

ajoute Miles. Si vos amis ne sont pas là<br />

pour vous pousser, vous motiver à vous<br />

surpasser, alors changez d’amis. »<br />

Àl’université de Pennsylvanie, il avait<br />

la réputation de s’habiller à la mode<br />

pour trois francs six sous en mixant<br />

par exemple un sweat à capuche bon<br />

marché avec un jean qu’il avait savamment<br />

déchiré. Aujourd’hui, de grandes<br />

maisons comme Gucci et Prada sont ravis<br />

de le voir porter leurs créations. « J’adore<br />

les vêtements, confie-t-il. Vous enfilez un<br />

costume et vous pouvez faire ce que vous<br />

voulez. » Sa mère raconte aussi qu’il a<br />

toujours été « maniaque avec ses affaires.<br />

CE QU’IL AIME, C’EST LE FACE-À-FACE<br />

AVEC L’ADVERSAIRE : « CROISER LE FER. »<br />

32 THE RED BULLETIN


Pour lui, l’escrime<br />

devrait être plus<br />

populaire. « Si on<br />

peut voir du bowling<br />

à la télé, pourquoi<br />

pas de l’escrime ? »


SA DEVISE : « IL FAUT<br />

CRÉER UN HÉRITAGE,<br />

ET NON UN MOMENT. »


Toujours ! Il se montre particulièrement<br />

obsessionnel avec son équipement de<br />

compétition ».<br />

« Si mes affaires ne sont pas d’un blanc<br />

immaculé, je ne combats pas, ajoute-t-il.<br />

Mon équipement doit être nickel. J’ai au<br />

moins huit tenues. À côté de moi, Batman<br />

peut aller se rhabiller. »<br />

En 2012 sont apparus les tatouages.<br />

Des anneaux olympiques d’abord,<br />

puis d’autres sur les bras, un ange<br />

sur le dos, et Bruce Lee sur la jambe.<br />

Rien sur la gorge et le visage (« beaucoup<br />

trop agressif »). À chaque nouveau tournoi,<br />

c’est un rituel : un nouveau tatouage.<br />

« Je suis accro, concède-t-il. J’adore l’art.<br />

L’histoire. Souffrir. »<br />

Sa présence assidue dans le public de<br />

la New York Fashion Week lui a permis<br />

d’apparaître dans Vogue et d’être invité<br />

au Gala du Met. Depuis, il a arpenté les<br />

podiums pour Tommy Hilfiger et VFiles,<br />

et posé entre autres pour Rag & Bone,<br />

Todd Snyder et Coach. Ses divers sponsors,<br />

qui incluent Tiffany, Nike, les<br />

montres Bucherer et le champagne<br />

Mumm, reflètent parfaitement son<br />

attrait pour la mode. Son agent dans le<br />

mannequinat, Steven Bermudez chez<br />

IMG, met en avant « l’aura, la vision et<br />

la personnalité » de Miles, ainsi que son<br />

style très personnel. La mère de l’athlète<br />

explique que l’escrime l’a aidé à se<br />

démarquer. « Les gens veulent en savoir<br />

plus sur lui, car c’est un escrimeur, ce qui<br />

est assez inhabituel. »<br />

Il sait aussi se servir des réseaux<br />

sociaux. En témoignent tout un tas de<br />

vidéos YouTube consacrées à ses gestes<br />

inventifs et à sa passion pour son sport,<br />

ainsi que ses 146 000 followers sur Instagram.<br />

« Il a façonné sa carrière sur les<br />

réseaux sociaux de manière incroyable,<br />

et cela met indéniablement un coup de<br />

projecteur sur l’escrime », souligne Gerek<br />

Meinhardt.<br />

Le cercle amical de Miles Chamley-<br />

Watson inclut aussi bien des acteurs que<br />

des athlètes professionnels (parmi lesquels<br />

le champion de Formule 1 Lewis<br />

Hamilton, devenu un ami très proche).<br />

Avec plus de visibilité que n’importe quel<br />

autre escrimeur jusqu’à présent. Il n’y a<br />

que lui pour apparaître dans les tabloïds<br />

comme le possible nouveau crush de<br />

Rihanna (pour info, ils sont juste amis).<br />

Miles considère sa réussite en dehors<br />

de la piste d’escrime – une « saine distraction<br />

» qui lui apporte la sécurité financière<br />

dans un sport où les opportunités<br />

de gagner de l’argent sont quasi inexistantes<br />

– comme un excellent moyen de<br />

promouvoir l’escrime. Et toute hype mise<br />

à part, il se voit toujours comme le gamin<br />

qui ne rentrait pas dans les cases, à l’accent<br />

bizarre et qui pratiquait un drôle de<br />

sport. « Les enfants peuvent se retrouver<br />

en moi, car je parle au nom des enfants<br />

victimes de harcèlement. Je m’adresse<br />

aussi aux sportifs et aux enfants qui<br />

veulent devenir des modèles, quel que<br />

soit leur domaine de prédilection, ajoutet-il.<br />

Pas forcément aux enfants qui font<br />

de l’escrime. Juste aux enfants en général<br />

qui pratiquent des sports mineurs. »<br />

Tout est résumé dans la devise qu’il s’est<br />

créée (en plein milieu d’un vol vers la<br />

Chine pour les championnats du monde)<br />

afin de se motiver : « Crée un héritage,<br />

et non un moment. »<br />

Les Jeux de Tokyo tiennent à la fois<br />

de l’héritage qu’il construit et du grand<br />

moment, et pour l’heure, Miles fait partie<br />

des cinq escrimeurs en lice pour occuper<br />

l’une des quatre places de l’équipe nationale<br />

(le petit nouveau, Nick Itkin, champion<br />

du monde junior 2018, s’est<br />

immiscé et occupe la première place des<br />

qualifications à la fin de l’année 2019).<br />

Miles a eu quelques revers ces derniers<br />

temps, mais la qualification repose sur<br />

l’ensemble des meilleurs résultats des<br />

athlètes, et un seul tournoi peut totalement<br />

changer la donne. Il faudra donc<br />

attendre le dernier tournoi, à savoir les<br />

championnats nationaux qui se dérouleront<br />

au mois d’avril. Ce fut la même<br />

chose en 2012, l’année où Miles devait<br />

terminer dans les huit premiers pour<br />

rejoindre l’équipe olympique. À cette<br />

époque, il avait terminé cinquième.<br />

Nous sommes le lendemain de<br />

l’avant-première mondiale du dernier<br />

Star Wars quand Chamley-Watson arrive<br />

au <strong>Red</strong> Bull High Performance Center de<br />

Santa Monica, un peu avant 10 heures.<br />

Comme beaucoup, il est fan de Star Wars<br />

depuis son plus jeune âge. « Ils savent ce<br />

qu’ils font », concède-t-il à propos des<br />

combats de sabre laser pendant le film.<br />

Puis, avec ce charmant mélange d’enthousiasme<br />

juvénile et d’arrogance tranquille,<br />

il lâche : « Je veux être dans Star<br />

Wars. Ça serait trop cool ! Je serais<br />

incroyable », ajoute-t-il sans hésiter,<br />

comme si le recruter en tant que guerrier<br />

Jedi était une évidence.<br />

Improbable ? Devenir une star de<br />

cinéma ne semble pas moins étonnant<br />

aujourd’hui que l’idée de décrocher un<br />

titre de champion du monde, alors qu’il<br />

maniait un fleuret pour la première fois<br />

à la Dwight School et que les enfants lui<br />

demandaient, pour se moquer, de « jouer<br />

à l’épée ».<br />

Instagram : @fencer<br />

35


COUREZ<br />

POUR CEUX<br />

qui ne le peuvent pas<br />

VINCENT CURUTCHET FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN


La plus exceptionnelle<br />

des courses au monde, le<br />

Wings for Life World Run,<br />

revient à Rouen. Pour un<br />

kilomètre ou cinquante,<br />

chaque foulée compte.<br />

Texte HANS HAMMER<br />

Rouen, le 8 mai 2016 :<br />

ils sont plus de 4 000<br />

à s’élancer, rejoignant<br />

un total planétaire de<br />

130 732 coureurs.<br />

37


En pleine nature, en ville,<br />

sur des circuits automobiles,<br />

dans des tunnels, sur des ponts<br />

géants, dans des zones désertiques<br />

ou au bord de la mer,<br />

de jour, de nuit, sous la neige,<br />

la pluie, le soleil, les mains sur<br />

une poussette ou en poussant<br />

un ami en fauteuil roulant,<br />

en jonglant avec un ballon, déguisé(e)<br />

en nonne ou en Hulk… Tous les ans<br />

depuis 2014, une course hors du<br />

commun réunit des milliers de personnes<br />

qui s’élancent à la même<br />

heure, presque partout dans le monde,<br />

en respect d’une seule règle : courir<br />

le plus longtemps possible, jusqu’à<br />

ce qu’une catcher car (voiture balais)<br />

les rattrape, officialisant ainsi la fin<br />

de leur performance. Les quelques<br />

dizaines d’euros versés pour leur inscription<br />

sont intégralement reversés<br />

à la fondation caritative Wings for Life,<br />

dont le but est de lutter contre les<br />

lésions de la moelle épinière et réoffrir<br />

de la mobilité à des personnes<br />

qui en sont atteintes. Vous êtes désormais<br />

tout à fait informés du principe<br />

du Wings for Life World Run, qui a<br />

attiré plus de 120 000 participants en<br />

2019. Cette année, cette course formidable<br />

revient en France, à Rouen et<br />

si vous habitez trop loin de sa ligne<br />

de départ, vous pouvez devenir l’organisateur<br />

de votre propre course locale,<br />

grâce à l’App Run sur smartphone.<br />

Bonne course à toutes et tous !<br />

Combien de kilomètres pensez-vous pouvoir parcourir si vous participez à la plus grande<br />

course au monde ? 10 ? 20 ? 30 ? 40 ?!? Vous voyez ici Simon Munyutu, le vainqueur de<br />

l’édition 2015 organisée à Rouen et dans ses environs. Sa distance ? 74 kilomètres…<br />

1 but<br />

aider au financement<br />

de la recherche en vue<br />

de trouver un remède<br />

contre les lésions de<br />

la moelle épinière<br />

VINCENT CURUTCHET/LEO <strong>FR</strong>ANCIS/MARCEL LÄMMERHIRT/WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />

38 THE RED BULLETIN


3 mai<br />

départ à 13 heures<br />

du Wings for Life<br />

World Run <strong>2020</strong><br />

à Rouen et partout<br />

sur la planète en<br />

simultané<br />

Pour ces participants<br />

allemands aux abords de<br />

Munich durant l’édition<br />

2019, le Wings for Life<br />

World Run passe au vert.


La seule course où la ligne<br />

d’arrivée vous rattrape !<br />

Qu’importe la distance,<br />

votre effort contribuera<br />

à développer la recherche<br />

et entretenir l’espoir.<br />

186<br />

nationalités<br />

étaient engagées en 2019<br />

92 km<br />

le record absolu du<br />

Wings for Life World<br />

Run à Dubaï en 2017<br />

100 %<br />

des inscriptions à la<br />

course et des donations<br />

vont à la recherche sur<br />

les lésions de la moelle<br />

épinière<br />

NURI YILMAZER FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />

40


323<br />

courses<br />

organisées sur toute la<br />

planète en 2019<br />

Qu’importe la manière,<br />

tout le monde a une<br />

bonne raison de participer.<br />

À l’exemple de ce<br />

concurrent sud-africain<br />

lors de la course organisée<br />

à Pretoria en 2015.


1 103 276 km<br />

parcourus au total par tous les<br />

participants de l’édition 2019 du<br />

Wings for Life World Run<br />

1 mariage<br />

sur l’édition 2019 du Wings for Life<br />

World Run… et 1 demande en mariage<br />

Trop loin, Rouen ? Alors<br />

lancez-vous avec l’appli<br />

mobile Wings for Life<br />

World Run, comme ce<br />

gaillard à Paris en 2019.<br />

Au-dessus : du love pour<br />

cette coureuse turque.<br />

CRAIG KOLESKY/NURI YILMAZER/TEDDY MORELLEC<br />

THE RED BULLETIN 43


Ci-dessus : tandis que d’autres camarades courent sous la pluie ou la neige de par le monde, des conditions idéales pour les participants brésiliens à Rio en<br />

2019. Ci-dessous : à 12 000 km de là, le Portugais Hélder Santos à Dubaï, Émirats arabes unis, le 8 mai 2016. Il remporte la course avec 54,34 km parcourus.<br />

15 pays<br />

impliqués dans la<br />

recherche<br />

Australie<br />

Autriche<br />

Belgique<br />

Canada<br />

Finlande<br />

France<br />

Allemagne<br />

Italie<br />

Portugal<br />

Espagne<br />

Suède<br />

Suisse<br />

Royaume-Uni<br />

Uruguay<br />

USA<br />

MARCELO MARAGNI/JORGE FERRARI/SEBASTIAN MARKO/RICHARD STRÖM<br />

44 THE RED BULLETIN


Ci-dessus : Trins, Autriche. La course principale est organisée à Vienne, à 500 km de là, alors ces coureurs se sont rassemblés grâce à l’App Run mobile du<br />

Wings for Life World Run, pour une sortie fraîche ! Ci-dessous : la version suédoise de l’événement, sur le pont reliant l’île d’Öland au continent.<br />

THE RED BULLETIN 45


XX EDITOR ILLUSTRATOR


C’est ici que vous êtes<br />

attendu le 3 mai. Vos<br />

frais d’inscription seront<br />

intégralement reversés<br />

à la recherche contre<br />

les lésions de la moelle<br />

épinière.<br />

211<br />

projets de<br />

recherche ont<br />

été lancés depuis<br />

2005 grâce à<br />

la fondation à<br />

but non lucratif<br />

Wings for Life,<br />

fondée en 2004<br />

JULIEN CROSNIER FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />

ROUEN<br />

VOUS<br />

ATTEND !<br />

Le 3 mai à Rouen, il y aura<br />

(plus ou moins) deux stars<br />

en ville : vous, et la fameuse<br />

Catcher Car du Wings for<br />

Life World Run, cette voiture<br />

qui s’élancera 30 minutes<br />

après votre départ, et accélérera<br />

progressivement<br />

jusqu’à atteindre le plus performant<br />

des coureurs du<br />

jour. La dernière édition du<br />

Wings for Life World Run à<br />

Rouen a eu lieu en 2016,<br />

avec près de 4 000 participants,<br />

dont Anna Wasik, la<br />

femme la plus endurante de<br />

la journée, avec 43,44 km<br />

abattus, et Teddy Benzancon,<br />

arrêté par la voiture à<br />

l’approche du 60 e km. Cette<br />

année, cette course ouverte<br />

à tous vous entraînera pour<br />

des foulées mémorables aux<br />

abords de la cathédrale ou<br />

sur les rives de la Seine.<br />

Départ à 13 heures précises !<br />

Et n’oubliez pas, si vous êtes<br />

dans l’incapacité de rejoindre<br />

Rouen, vous pouvez<br />

participer grâce à l’App Run<br />

sur téléphone mobile, et préparer<br />

votre course (à Rouen<br />

ou ailleurs) en visitant le site<br />

wingsforlifeworldrun.com.<br />

Pour rejoindre le départ du<br />

Wings for Life World Run à<br />

Rouen et contribuer à la recherche<br />

sur les lésions de la<br />

moelle épinière, l’inscription<br />

à la course est de 39 €.<br />

47


« L’art peut inspirer un<br />

changement global »,<br />

dit la danseuse Angyil,<br />

qui posait ici à Kansas<br />

City le 13 janvier.<br />

Perdre<br />

le contrôle<br />

Née dans la zone à Kansas City, ANGELA<br />

«ANGYIL» MCNEAL a combattu l’adversité<br />

avec le ballet, mais c’est dans la danse de rue<br />

qu’elle a trouvé son terrain d’expression.<br />

Texte LAKIN STARLING<br />

Photos ATIBA JEFFERSON<br />

49


Kansas City, par un après-midi glacial,<br />

dans l’enceinte de la Paseo Academy of<br />

Fine and Performing Arts. Derrière les<br />

doubles portes qui mènent à l’auditorium<br />

de l’établissement, Angyil McNeal,<br />

ancienne élève de sa promotion 2010 et<br />

à présent artiste de street dance de<br />

renommée mondiale, boucle la boucle.<br />

Aujourd’hui, son établissement est l’un<br />

des lieux choisis par <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

pour le shooting photo. Bouillonnante<br />

d’énergie, Angyil s’anime à chaque flash,<br />

comme un oiseau. Ses bras se tordent<br />

dans le dos comme des ailes, et en l’espace<br />

de quelques secondes, elle se<br />

contorsionne et se retrouve le sommet du<br />

crâne au sol, les yeux rivés sur l’objectif.<br />

Angyil McNeal a un charisme hallucinant.<br />

Elle maîtrise son corps à la perfection.<br />

« J’ai senti que ça n’allait pas »,<br />

annonce-t-elle après avoir terminé un<br />

saut en tournoyant sur elle-même. Sans<br />

voir le cliché, elle corrige son pas et finit à<br />

l’endroit exact du repère. Cette précision<br />

est le résultat des cours de danse classique<br />

qu’Angyil McNeal a commencés à l’âge de<br />

10 ans. Toutes ces années de discipline<br />

transparaissent au travers de l’élégance et<br />

de l’attitude qu’elle apporte à sa technique<br />

de hip-hop.<br />

« J’ai commencé par la danse classique,<br />

la danse moderne et le jazz, puis<br />

j’ai été sélectionnée pour participer au<br />

stage de danse Alvin Ailey, raconte-t-elle.<br />

À l’époque, il se passait beaucoup de<br />

choses autour de chez moi et je ne voulais<br />

pas m’en mêler. Pour rester en<br />

dehors des problèmes, je dansais. »<br />

Angela « Angyil » McNeal est née au<br />

printemps 1992 à Kansas City, dans le<br />

Missouri. Élevée par une mère célibataire,<br />

Angyil a huit frères et sœurs qui,<br />

selon elle, ont parfois tenu le rôle de<br />

« cinq mères et trois pères ». C’est vrai<br />

qu’ils ont tout fait pour protéger la petite<br />

Angyil dans les conditions de vie difficiles<br />

des quartiers chauds de Kansas City<br />

où ils vivaient. Bien que sa famille ait<br />

apporté à Angyil une structure et un avenir<br />

plus prometteur, elle se souvient clairement<br />

de la douleur dont elle a été<br />

témoin et qu’elle a ressentie autour d’elle<br />

dans son enfance. « Nous déménagions<br />

souvent, se rappelle-t-elle. Vivre dans<br />

une maison pendant moins d’un an était<br />

parfaitement normal. » Parmi les nombreux<br />

quartiers dans lesquels la famille<br />

McNeal a vécu, Troost et Prospect sont<br />

les endroits où Angyil est restée le plus<br />

longtemps. « Prospect était vraiment l’un<br />

des pires quartiers à l’époque, et j’ai vu<br />

beaucoup de violence. Il y avait des fusillades,<br />

des gens se faisaient renverser… »,<br />

révèle-t-elle, avec un sourire nerveux.<br />

Nous pénétrons le studio de danse de<br />

l’école pour le shooting. C’est ici que son<br />

amour pour la danse s’est mué en passion<br />

dévorante. Son entrée en ces lieux,<br />

la Paseo Academy, a permis à Angyil<br />

McNeal d’avancer malgré l’environnement<br />

violent de son adolescence dans<br />

un quartier gangréné par le trafic et la<br />

consommation de drogue.<br />

Pourtant, Angyil McNeal a récemment<br />

fait l’acquisition d’une maison à Prospect,<br />

ce quartier dont elle est issue. Nous nous<br />

y rendons après le shooting. C’est un bungalow<br />

modeste mais spacieux, situé tout<br />

en haut d’un bloc, pas loin de son lycée.<br />

En ce moment, Angyil McNeal danse avec<br />

<strong>Red</strong> Bull, le Cirque du Soleil et World of<br />

Dance. Ce n’est donc pas rare pour elle<br />

de visiter trois pays en une seule semaine.<br />

« Mon quartier<br />

était l’un des<br />

plus violents. »<br />

50 THE RED BULLETIN


La précision d’une<br />

ballerine, et la rage<br />

d’une danseuse hiphop.<br />

Angyil au complet<br />

dans l’auditorium<br />

de son ancien bahut.


Quand elle n’est pas sur les routes, elle<br />

aime se retrouver chez elle dans sa communauté.<br />

Sa maison possède un soussol<br />

qu’elle veut transformer en salle de<br />

gym et de danse. Dans le séjour, des<br />

bandes sur le sol délimitent les contours<br />

des meubles qu’elle n’a pas eu le temps<br />

d’acheter. Nous nous asseyons donc sur<br />

des couvertures, comme si nous nous<br />

nous trouvions dans un espace de méditation.<br />

À 27 ans, Angyil McNeal a ressenti<br />

le besoin d’un peu de sécurité et de tranquillité,<br />

ce dont elle a tant manqué dans<br />

son enfance. Très tôt, elle a appris que<br />

pour danser à un niveau professionnel<br />

et réussir en dehors de sa ville natale, elle<br />

devait se débarrasser de ses peurs. Le<br />

talent de cette dernière a éclos durant<br />

son enfance, dans son jardin, pendant<br />

les fêtes d’été organisées avec sa famille.<br />

La jeune Angyil présentait ses mouvements<br />

de danse. Si ses sœurs aînées se<br />

moquaient d’elle au début, elle a tellement<br />

progressé que sa mère et ses sœurs<br />

ont réalisé qu’elle avait un réel talent.<br />

Pour la plupart des danseurs techniques,<br />

commencer la danse classique<br />

au collège, comme ce fut le<br />

cas pour Angyil McNeal, aurait été<br />

considéré comme un début très tardif.<br />

Mais le nombre incalculable d’heures<br />

passées à pratiquer pour les réunions de<br />

famille, ainsi que son envie et son talent<br />

naturel, l’ont aidée à se mettre à niveau.<br />

« Je suis convaincue que, lorsque vous<br />

êtes passionné par quelque chose, peu<br />

importe le moment auquel vous commencez.<br />

Votre passion vous aidera à rattraper<br />

votre retard , confie-t-elle. Vous<br />

resterez debout jusqu’au milieu de la<br />

nuit pour rattraper toutes ces années<br />

perdues. » Cette soif de danser s’est<br />

encore amplifiée quand, à 16 ans, elle a<br />

compris que la rigueur de la danse classique<br />

étouffait sa liberté de pensée et<br />

d’expression. Cette discipline était devenue<br />

trop stricte pour l’adolescente pleine<br />

d’énergie : Angyil sentait qu’elle avait<br />

plus à dire avec son corps que ce que la<br />

danse classique ne lui permettrait jamais.<br />

« Pendant un moment, la danse classique<br />

m’allait bien, parce que j’oubliais<br />

une grande partie de ma vie qui était faite<br />

de douleur, explique-t-elle. Mais en grandissant,<br />

je me suis rendu compte qu’on<br />

ne peut pas échapper à ce traumatisme.<br />

On ne peut pas échapper à la réalité. Et<br />

je voulais m’y plonger à corps perdu.<br />

J’avais l’impression qu’en danse classique,<br />

je devais faire semblant d’être quelqu’un<br />

que je n’étais pas tout le temps, poursuitelle.<br />

Je devais rassembler mes cheveux<br />

dans un chignon, mettre du maquillage<br />

et faire comme si tout allait bien. Mais<br />

j’ai des cheveux afro et j’en ai eu marre<br />

de les enduire de gel pour être sûre qu’ils<br />

ne s’échapperaient pas. Mon cœur me<br />

disait : “Ce n’est pas toi.” Cette vie-là ne<br />

me correspondait plus. »<br />

Après avoir obtenu très tôt son<br />

diplôme à la Paseo Academy, Angyil<br />

McNeal a raccroché ses pointes et suivi<br />

ce que lui dictait son cœur, à savoir pratiquer<br />

le hip-hop – et notamment le popping<br />

– à plein temps. Beaucoup de gens<br />

ont été déçus de la voir abandonner ce<br />

qu’ils pensaient être un billet pour la<br />

gloire. Finie l’élite du stage Alvin Ailey<br />

de Kansas City. Elle a pris la direction de<br />

New York pour travailler après avoir<br />

décroché son diplôme du secondaire.<br />

Pour Angyil McNeal, il n’y avait pas<br />

de retour en arrière possible. Si elle s’en<br />

allait, elle devait prendre des risques.<br />

À 16 ans, elle a déménagé dans le Bronx,<br />

à New York, avec la niaque pour seul<br />

bagage. Au début, sa famille était sceptique<br />

quant à son déménagement si lointain<br />

à un si jeune âge, mais elle en était<br />

« J’avais la<br />

dalle, dans<br />

tous les sens<br />

du terme. »<br />

aussi très fière. « J’avais la dalle, se<br />

souvient-elle. Dans tous les sens du<br />

terme. » Endurcie par son enfance à<br />

Prospect et à Troost, Angyil McNeal avait<br />

déjà quelques tuyaux pour réussir dans<br />

la vie, et elle s’est rapidement adaptée à<br />

la Grosse Pomme. Elle s’est fait des amis<br />

et a commencé à se produire dans le<br />

métro et dans la rue avec d’autres danseuses.<br />

Une fois, son crew a été arrêté<br />

pour mendicité lors d’une performance<br />

dans un train, mais elle revendique fièrement<br />

les clichés pris par la police,<br />

lorsque tout le monde a vogué. « Je me<br />

disais : “Si je dois aller en prison, c’est<br />

comme ça que je veux que ça arrive” »,<br />

s’amuse-t-elle.<br />

La brutalité des New-Yorkais n’a pas<br />

non plus dissuadé Angyil McNeal de danser.<br />

Elle s’est installée en ville et a continué<br />

à performer dans la rue pendant<br />

quatre ans. La plupart du temps, elle<br />

GETTY IMAGES<br />

52 THE RED BULLETIN


Une star de la danse urbaine dans la salle où elle a commencé sa formation en danse classique, avant de se lancer dans le freestyle.<br />

revenait chez elle avec un peu d’argent,<br />

et tout comme ses prestations dans le<br />

jardin familial, la rue lui offrait un<br />

espace gratuit pour pratiquer et améliorer<br />

ses mouvements. « Cela m’a appris<br />

à avoir confiance en moi, dévoile-t-elle.<br />

Cette période-là a vraiment été très dure.<br />

Elle a forgé mon caractère. »<br />

À18 ans, elle a eu une vision encore<br />

plus claire de son avenir dans la<br />

danse en s’inscrivant à son premier<br />

battle officiel. Débordante<br />

d’enthousiasme, Angyil McNeal s’est<br />

envolée pour Kansas City afin de concourir,<br />

mais comme elle l’explique, elle a<br />

perdu à cause d’obscures politiques et<br />

de la partialité des juges qui ont supposé<br />

qu’elle était une New-Yorkaise sur le terrain<br />

adverse, et non originaire de Kansas<br />

City. Cette défaite a marqué un tournant<br />

dans sa vie et l’a incitée à étudier et<br />

travailler assez dur pour pouvoir vivre de<br />

ses battles.<br />

La journée a été longue. Angyil<br />

McNeal fait une petite pause pour se<br />

verser un verre de vin blanc. Elle n’a pas<br />

souvent l’occasion de se détendre, et<br />

même pendant les moments de repos ou<br />

de calme, elle prend le temps d’échauffer<br />

ses muscles et de faire quelques pompes<br />

ou des squats pour garder la forme. Elle<br />

passe pratiquement toute sa vie dans<br />

des chambres d’hôtel à travers le monde,<br />

et il n’est pas rare qu’elle se fabrique son<br />

petit module de gym avec des chaises<br />

et des tables. Après une journée passée<br />

ensemble et une orgie de plats asiatiques,<br />

Angyil McNeal annonce qu’elle<br />

veut intégrer une session cardio et monter<br />

les escaliers en courant. Logique.<br />

Connue pour ses démonstrations de<br />

freestyle dans la plupart de ses performances<br />

et de ses battles, elle aime rester<br />

sur le qui-vive. En 2017, après huit<br />

années à vivre à New York, Angyil<br />

McNeal a osé déménager en Europe et<br />

se lancer dans la bataille. Avec à peine<br />

90 dollars sur son compte en banque,<br />

elle s’est installée à Amsterdam où elle<br />

a passé plusieurs mois à squatter des<br />

canapés avec des amis à Berlin, à Paris<br />

et au Danemark pour des compétitions.<br />

« Je gagnais tous les battles, raconte-telle.<br />

Les gens finissaient par se demander<br />

: “Mais c’est qui, cette fille ?” »<br />

Angyil McNeal était déjà connue aux<br />

États-Unis, mais sa réputation, ainsi que<br />

ses vidéos virales où on la voit dominer<br />

ses adversaires, se sont répandues à<br />

une vitesse grand V. Quand « Angyil la<br />

fille sympa » passe en mode battle, c’est<br />

scotchant. Elle devient obnubilée par<br />

la défaite de son adversaire. En octobre<br />

dernier, au <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style<br />

World Final de Paris, une compétition<br />

THE RED BULLETIN 53


« La danse<br />

m’a aidée à<br />

surmonter les<br />

traumatismes. »


TOMISLAV MOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />

Un phénomène à Paris : Angyil sur la finale mondiale du <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style 2019.<br />

mixte regroupant différents styles de<br />

street dance, elle a balayé l’un de ses<br />

concurrents lors d’un battle, sur un solo<br />

étourdissant au son de Get Ur Freak On<br />

de Missy Elliott. Elle ne planifie aucun de<br />

ses mouvements et pourtant tout est si<br />

fluide et énergique qu’on a parfois l’impression<br />

qu’Angyil McNeal disparaît complètement.<br />

(Lors de la finale mondiale,<br />

qui est le point d’orgue de plus de cinquante<br />

événements dans trente pays,<br />

Angyil McNeal a été la première finaliste<br />

officialisée.)<br />

En véritable Gémeaux, elle accède<br />

facilement à ses autres facettes.<br />

« Je peux me référer à des personnages<br />

de films et m’en inspirer »,<br />

explique-t-elle. Ce personnage peut avoir<br />

des pouvoirs surnaturels, comme être<br />

capable de grimper aux murs. Ou se<br />

montrer un peu inquiétant. « J’ai aussi<br />

un petit côté Joker, ajoute-t-elle. Tout<br />

dépend du son. » Certaines de ses<br />

contorsions paraissent particulièrement<br />

étranges pour le public, et je lui demande<br />

si réaliser ces poses incroyables ne lui<br />

semble pas aussi un peu surréaliste. « Par<br />

moments, je me vois et je me dis : ce n’est<br />

pas moi, admet-elle. Je suis comme possédée.<br />

Quelquefois, quand ça prend le<br />

dessus, je ne contrôle plus rien. À ce<br />

moment-là, c’est cette sensation qui<br />

contrôle tout, et elle me contrôle moi. »<br />

Les mouvements de danse d’Angyil<br />

McNeal dégagent une réelle spiritualité.<br />

Plus tôt dans l’après-midi, l’équipe s’est<br />

arrêtée pour la filmer en train de danser<br />

« J’essaie<br />

d’être aussi<br />

vulnérable que<br />

possible. »<br />

dans la rue : c’était comme si elle commandait<br />

au soleil de briller au-dessus<br />

d’elle alors qu’elle glissait tout en légèreté<br />

sur les flaques de neige fondue. Si<br />

ses vœux sont entendus, c’est qu’elle s’efforce<br />

de rester à l’écoute de soi-même.<br />

« Quand vous vous autorisez à être<br />

vous-même et que vous acceptez votre<br />

vulnérabilité, vous ne savez pas ce qu’il<br />

va se passer. En tant qu’artiste, j’essaie<br />

d’être aussi vulnérable que possible et de<br />

ressentir les choses au maximum »,<br />

confie-t-elle modestement.<br />

Selon elle, il est toujours possible de<br />

s’améliorer et de faire des progrès. Par<br />

conséquent, elle apprécie ses victoires<br />

mais reste humble. Il y a quelques<br />

années, elle a été invitée à un concours<br />

télévisé de la NBC, World of Dance, et on<br />

lui a même proposé de contourner les<br />

auditions pour être assurée de concourir.<br />

Si Angyil ai été rapidement éliminée pendant<br />

la deuxième saison, son style unique<br />

a eu un réel impact sur ce show.<br />

Pour l’un de ses solos effectués à l’occasion<br />

du reality-show, Angyil McNeal<br />

s’est glissée sur scène devant les célèbres<br />

juges Ne-Yo, Derek Hough et Jennifer<br />

Lopez. Et sur le morceau « bluesy » et<br />

pêchu de C2C, Down the Road, elle a<br />

époustouflé le public avec ses pops<br />

explosifs. Le coup de grâce ? Toute sa<br />

performance était freestyle. « Ils m’ont<br />

demandé de ne pas en faire, explique-telle.<br />

Et je leur ai dit : “Oh, bien sûr. Pas<br />

de freestyle. Vous vous fichez de moi ?”<br />

Je n’allais pas leur dire, mais c’était clair<br />

que j’allais faire du freestyle ! »,<br />

s’exclame-t-elle.<br />

Angyil McNeal a beaucoup appris<br />

de toutes ces opportunités et elle<br />

ne tient rien pour acquis. Depuis<br />

sept ans, elle enseigne la danse<br />

dans le monde entier. Au début, elle ne<br />

se sentait pas forcément prête à endosser<br />

un tel rôle, mais elle savait l’importance<br />

d’un mentor dans un univers comme la<br />

danse. « Ce serait égoïste de ma part de<br />

priver les gens de la même expérience et<br />

de les rejeter juste parce que je me sens<br />

comme ci ou comme ça dans ma vie personnelle<br />

ou que je n’ai pas envie<br />

d’enseigner. »<br />

Ce dévouement à diffuser son art<br />

laisse une impression d’authenticité sur<br />

les personnes qui l’entourent et les lieux<br />

où elle se rend. Il y en a même une<br />

preuve tangible. Dans son ancien quartier,<br />

on peut voir une fresque d’Angyil<br />

McNeal, réalisée par le collectif artistique<br />

IT-RA de Kansas City. Sur un mur situé à<br />

l’angle de la 31 e et de Troost, vous pouvez<br />

voir Angyil McNeal en ange noir, qui<br />

danse sur la ville. Et voir la véritable<br />

Angyil McNeal danser juste devant est un<br />

moment tout simplement inoubliable.<br />

« La danse m’a aidée à surmonter les<br />

traumatismes et toute cette folie, conclutelle.<br />

Je suis sûre que ça peut être la<br />

même chose pour beaucoup d’autres. Les<br />

arts, quels qu’ils soient, peuvent inspirer<br />

un changement global. »<br />

<strong>Red</strong> Bull Dance Your Style <strong>2020</strong><br />

Après une édition 2019 marquée par la<br />

présence d’Angyil pour sa finale mondiale<br />

à Paris, le <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style,<br />

un concours de dance ouvert à tous les<br />

styles, revient en France avec trois dates<br />

qualificatives courant mai (dans des villes<br />

tenues secrètes pour le moment) et une<br />

finale française à Bordeaux en septembre.<br />

C’est cette fois en Afrique du Sud que la<br />

grande finale planétaire du <strong>Red</strong> Bull Dance<br />

Your Style aura lieu, en fin d’année.<br />

Plus d’infos sur redbull.com<br />

THE RED BULLETIN 55


VUE À 360 °<br />

Les dômes de la<br />

capsule développée<br />

par Ghislain Bardout<br />

permettent de<br />

contempler les profondeurs<br />

marines<br />

sans faire de vagues.


RÉCIF EN<br />

DANGER<br />

L’homme connaît mieux la face cachée<br />

de la lune que les océans de sa propre<br />

planète. Deux explorateurs français,<br />

GHISLAIN et EMMANUELLE BARDOUT,<br />

ont plongé avec un prototype de capsule<br />

submersible unique pour faire un<br />

état des lieux et combler ces lacunes.<br />

Texte FELIX DIEWALD<br />

Photos <strong>FR</strong>ANCK GAZZOLA<br />

57


BAPTÊME<br />

SOUS-MARIN<br />

Août 2019, Polynésie<br />

française, site de<br />

Moorea. L’équipe du<br />

projet Under <strong>The</strong> Pole<br />

s’active pour l’installation<br />

et la mise<br />

en lévitation de la<br />

capsule par vingt<br />

mètres de profondeur.<br />

58


POURQUOI UN TEL PROJET ?<br />

« Under <strong>The</strong> Pole, c’est à la fois une<br />

solution : promouvoir une société décarbonée,<br />

et une inspiration : stimuler la<br />

passion de l’exploration et de la découverte<br />

tout en étant raisonnables pour<br />

nous et nos enfants. » Ghislain Bardout


PRÊTE À<br />

L’EMPLOI<br />

Si ça ne fuit pas dans<br />

un sens, ça ne fuira<br />

pas dans l’autre. C’est<br />

comme cela qu’on<br />

teste l’étanchéité<br />

de la capsule.<br />

60 THE RED BULLETIN


PASSE-PARTOUT<br />

Submersible, la<br />

capsule ne laisse pas<br />

de trace. Elle est<br />

idéale pour épouser<br />

la vie récifale.<br />

Plonger implique toujours de remonter<br />

au bout de quelques heures. Ghislain<br />

Bardout, explorateur et fondateur du<br />

projet Under <strong>The</strong> Pole, a fait l’expérience<br />

inverse : plonger dans l’optique de ne pas<br />

remonter… avant trois jours : « J’ai déjà<br />

plongé des milliers de fois. Se dire que là,<br />

on va rester en bas, c’est contraire à l’instinct,<br />

nous ne sommes pas des poissons !<br />

Trois jours, ça semble long, mais en fait,<br />

le temps passe vite. C’est une sensation<br />

familière, comme de faire du camping,<br />

mais sous l’eau. Le cap difficile à passer,<br />

ce sont les secondes avant de plonger. »<br />

Au petit matin, entre 4 et 5 heures, le<br />

récif corallien de Moorea, en Polynésie<br />

française, s’éveille. La quiétude nocturne<br />

fait place à une agitation grouillante mais<br />

méthodique. Ils sont deux ou trois par sessions<br />

de 72 heures à se relayer au fond de<br />

l’eau pour assister à cette chorégraphie<br />

matinale. Par vingt mètres de fond, Ghislain<br />

s’exclame, ému, la voix teintée d’hélium<br />

: « Là… je réalise mon rêve ! » Emmanuelle<br />

à son tour : « Vivre sous la mer, c’est<br />

un rêve d’enfant. C’est ce que m’a inspirée<br />

le Commandant Cousteau quand je regardais<br />

ses aventures à la télé. Expérimenter<br />

cela moi-même, c’est vraiment exceptionnel.<br />

» Le spectacle aquatique est d’autant<br />

plus grisant qu’il a lieu dans un prototype<br />

submersible conçu par les Bardout, qui<br />

permet de séjourner sous l’eau trois jours<br />

d’affilée, une première ! « La capsule est<br />

un habitat sous-marin d’où l’on peut<br />

observer le récif en continu, jour et nuit.<br />

Elle nous permet de sortir travailler et<br />

d’explorer le récif sans limite de temps<br />

dans la zone des 15 à 35 mètres de profondeur<br />

en étant extrêmement discret,<br />

précise Emmanuelle. J’ai plus appris sur<br />

la vie des poissons et du récif en trois<br />

jours dans la capsule qu’en quinze ans de<br />

POUR LE<br />

MEILLEUR<br />

Ils partagent leurs<br />

vies, leurs passions<br />

et leurs carrières :<br />

Ghislain Bardout,<br />

40 ans, ingénieur et<br />

plongeur professionnel,<br />

et Emmanuelle<br />

Périé-Bardout, 41 ans,<br />

skippeuse et experte<br />

polaire.<br />

THE RED BULLETIN 61


LE PROJET UNDER THE POLE III<br />

À bord du WHY, les deux explorateurs,<br />

leurs deux enfants et un chien ont<br />

passé trois ans autour du monde, d’un<br />

pôle et d’un océan à l’autre. Leur aventure<br />

se terminera au pôle Sud.<br />

ARCTIQUE<br />

juillet et août 2017<br />

avril 2018 à septembre 2019<br />

octobre 2019 à février <strong>2020</strong><br />

mars à mai <strong>2020</strong><br />

Sept mois<br />

sur place, de<br />

septembre 2017<br />

à mars 2018<br />

Concarneau,<br />

Bretagne<br />

PACIFIQUE<br />

Polynésie<br />

française<br />

ATLANTIQUE<br />

ANTARCTIQUE<br />

UNE CAPSULE DE VIE<br />

La saturation est l’équilibre que le plongeur<br />

atteint après un certain temps de<br />

séjour en immersion. À partir de ce<br />

moment, le plongeur peut rester à cette<br />

profondeur sans augmenter le temps<br />

nécessaire au retour en surface.<br />

plongée sous-marine. Avant, j’avais l’impression<br />

de ne faire que des incursions<br />

sous la mer. » La grande innovation réside<br />

dans la possibilité pour des chercheurs<br />

humains de se fondre dans les profondeurs<br />

océanes. « C’était très reposant d’observer<br />

l’océan par ce biais, souligne Ghislain.<br />

Être là sans restriction contrairement<br />

à ce qu’on apprend quand on commence à<br />

faire de la plongée. Je pouvais regarder le<br />

temps passer et les abysses. C’est mon<br />

rêve depuis que je suis gamin, et c’est un<br />

accomplissement en tant qu’explorateur. »<br />

Au bout d’un certain temps, la faune<br />

aquatique s’habitue à la capsule, voire elle<br />

62 THE RED BULLETIN


PAS DE<br />

PRESSION<br />

Le retour à la surface<br />

se fera en douceur :<br />

tous les trois mètres,<br />

le palier de décompression<br />

à respecter<br />

est de 25 minutes.<br />

la colonise. « Les dômes offrent une vision<br />

panoramique sur l’océan et la vie du récif,<br />

en mode diurne et nocturne. Ce ne sont<br />

plus les poissons qui sont en aquarium,<br />

c’est nous. Et en fond sonore, le chant des<br />

baleines », raconte Emmanuelle.<br />

Des modèles similaires ont été<br />

construits par l’industrie pétrolière dans<br />

les années soixante. Mais il s’agissait<br />

alors de gros containers de plongée, de<br />

scaphandres lourds, difficiles à monter et<br />

très coûteux. Cette capsule est facile à<br />

transporter et peu coûteuse, afin de proposer<br />

un observatoire submersible de<br />

longue durée.<br />

En quoi est-elle révolutionnaire ?<br />

« Notre vie est hors de l’eau. Rester<br />

sous l’eau pendant une longue<br />

période est un défi, nous avons<br />

donc besoin d’un abri et d’une<br />

atmosphère respirable. D’où le mélange<br />

d’hélium et d’oxygène insufflé dans la<br />

capsule grâce à un système d’aération sur<br />

mesure. Quand nous avons respiré l’atmosphère<br />

pour la première fois et compris<br />

que tout fonctionnait, ce fut fantastique !,<br />

s’exclame Ghislain. C’était l’aboutissement<br />

de trois ans de travail. » Révolutionnaire<br />

aussi « parce que sur un projet<br />

comme celui de la capsule, il faut savoir<br />

innover : toutes les phases sont compliquées,<br />

de la construction à la phase<br />

opérationnelle ».<br />

C’est en 2010, trois ans après le début<br />

de la mission Under <strong>The</strong> Pole, que l’ingénieur<br />

et plongeur Ghislain Bardout et la<br />

skippeuse et experte polaire Emmanuelle<br />

Périé-Bardout décident de quitter leur vie,<br />

leur boulot et leur maison en France, pour<br />

se consacrer à l’étude des fonds marins. Et<br />

pour fonder une famille. La première<br />

expédition, Under <strong>The</strong> Pole I, les mène au<br />

pôle Nord. « C’est à ce moment-là que j’ai<br />

réalisé que ce monde était voué à disparaître,<br />

à court ou moyen terme, car la<br />

THE RED BULLETIN 63


UN PROTOTYPE UNIQUE<br />

Elle permet à l’équipe de séjourner trois jours de suite<br />

sous l’eau. Entre deux sessions de plongée, les nageurs<br />

peuvent s’y restaurer et dormir. Son concepteur, Ghislain<br />

Bardout, la compare à un portaledge comme ceux que<br />

les grimpeurs utilisent pour dormir à même une paroi.<br />

1<br />

3,6 MÈTRES<br />

CUBES<br />

C’est l’espace dans la<br />

caspule de 3,2 m de<br />

long pour 1,5 m de<br />

diamètre. Trois plongeurs<br />

peuvent y tenir.<br />

2<br />

DÔMES EN<br />

PLEXIGLAS<br />

Ils offrent une vue<br />

panoramique sur les<br />

alentours et permettent<br />

d’observer la<br />

vie du récif de jour<br />

comme de nuit.<br />

4<br />

ATMOSPHÈRE<br />

Une machine a été<br />

programmée électroniquement<br />

pour<br />

insuffler un mélange<br />

d’hélium et d’oxygène<br />

dans la capsule. Le<br />

CO 2 rejeté est évacué<br />

par un système de<br />

filtres.<br />

3<br />

ACCÈS<br />

Il se fait par un moonpool<br />

dans le sol de la<br />

capsule. Bien que<br />

l’accès soit ouvert,<br />

l’eau ne pénètre pas à<br />

l’intérieur, et réduit la<br />

pression de l’air.<br />

5<br />

BALLAST<br />

La capsule, attachée<br />

à ces grands réservoirs<br />

eux-mêmes<br />

posés au sol, flotte<br />

dans l’eau en bougeant<br />

(marge d’un<br />

mètre) au rythme<br />

des courants.<br />

64


CAMPING<br />

SOUS-MARIN<br />

Longue de 3,20 m<br />

et d’un diamètre<br />

de 1,5 m, la capsule<br />

offre le confort d’une<br />

tente améliorée. Elle<br />

compte trois couchettes<br />

métalliques.


L’UNION FAIT<br />

LA FORCE<br />

La mission Under <strong>The</strong><br />

Pole a œuvré avec le<br />

Criobe, un éminent<br />

laboratoire français<br />

pour l’étude des écosystèmes<br />

coralliens.<br />

ALARMANT<br />

Après un inventaire des<br />

colonies susceptibles de<br />

se reproduire, les plongeurs<br />

n’en ont trouvé<br />

qu’une seule. Le rapport<br />

du GIEC (sept. 2019)<br />

annonce une disparition<br />

programmée des coraux<br />

pour 2050.<br />

SURVIE DE<br />

L’ESPÈCE<br />

En 2019, les coraux<br />

ont consacré l’essentiel<br />

de leur énergie à<br />

leur survie au détriment<br />

de leur reproduction.<br />

Ici, un cliché<br />

rare de la « ponte »<br />

des coraux.<br />

66 THE RED BULLETIN


anquise était déjà en train de fondre.<br />

C’est tragique, parce que le réchauffement<br />

climatique a des conséquences flagrantes<br />

sur la biodiversité et sur la manière de<br />

vivre des gens. »<br />

Après une période de doutes existentiels<br />

et financiers, la vente de leur maison<br />

et un regain de motivation, ils renchérissent<br />

avec Under <strong>The</strong> Pole II, direction le<br />

Groenland, en 2014 et 2015. « Mener une<br />

telle mission d’exploration implique beaucoup<br />

d’énergie. Je suis prêt à m’investir à<br />

fond, car c’est ma passion », déclare Ghislain.<br />

Deux enfants et un chien plus tard,<br />

en 2017, Under <strong>The</strong> Pole III voit le jour :<br />

une expédition de trois ans autour du<br />

monde, en traversant le Pacifique et<br />

l’Atlantique, d’un pôle à l’autre. Leur capsule<br />

innovante dans les bagages. « J’adore<br />

aller à la découverte d’endroits reculés.<br />

De nos jours, l’exploration en tant que<br />

telle doit aller de pair avec une mission<br />

scientifique afin de développer nos<br />

connaissances et notre compréhension de<br />

l’environnement, de l’impact du réchauffement<br />

climatique sur la biodiversité et<br />

enfin pour proposer des actions civiles.<br />

Il est essentiel d’inciter les générations<br />

futures à vivre de manière altruiste. »<br />

Ghislain et Emmanuelle Bardout<br />

passent plusieurs mois avec leur<br />

équipe de douze personnes sur<br />

leur goélette, le WHY, un clin<br />

d’œil au Pourquoi-Pas ? du Commandant<br />

Charcot. « 90 % des fonds<br />

marins nous sont inconnus. Nous possédons<br />

plus de cartes détaillées de la face<br />

cachée de la lune que des abysses de<br />

notre planète. » Selon les Bardout, élargir<br />

nos connaissances des océans constitue<br />

le plus gros challenge du siècle. Et cela<br />

afin de mieux préserver la planète et de<br />

réduire les dommages liés au dérèglement<br />

climatique.<br />

Car après avoir fait le constat de la<br />

fonte de la banquise au début des années<br />

2000, ils furent les témoins très récemment<br />

de multiples dégâts touchant 40 %<br />

du massif corallien : reproduction menacée<br />

(l’équipe a pu assister à la ponte des<br />

coraux, un phénomène très rare à observer<br />

n’ayant lieu que lors d’une fenêtre de<br />

neuf jours chaque année), blanchissement<br />

à cause du réchauffement des eaux<br />

de surface, etc. Face au vide de connaissances<br />

en la matière, Under <strong>The</strong> Pole III a<br />

hébergé le programme Deep Hope, qui<br />

consistait en l’analyse du rôle des coraux<br />

À TOUTES FINS<br />

UTILES<br />

La capsule sera<br />

financièrement<br />

abordable pour les<br />

missions scientifiques<br />

à venir.<br />

mésophotiques. Le plus profond corail<br />

rapporté par les plongeurs gisait à<br />

− 172 mètres. « À titre professionnel,<br />

mon sentiment le plus fort dernièrement,<br />

ça a été à la fin du programme Deep Hope<br />

parce que j’ai vraiment eu l’impression<br />

que les expéditions Under <strong>The</strong> Pole<br />

avaient servi à quelque chose, en faisant<br />

naître un espoir pour la biodiversité. »<br />

L’émission des gaz à effet de serre, et<br />

le CO 2 notamment, ont des répercussions<br />

néfastes sur les océans et les écosystèmes.<br />

Si cela continue, dans trente ans,<br />

la quasi-totalité du récif corallien sera<br />

détruit. « Et le fond de l’eau ne sera plus<br />

qu’un vaste désert. Car tout est lié, développe<br />

Ghislain. La mer fait partie de nos<br />

vies. » Il ne faut pas seulement montrer<br />

des images, il faut aussi chercher des<br />

solutions scientifiques et porter un message<br />

public. C’est ce qu’Emmanuelle fait,<br />

en lançant cet avertissement dans l’espoir<br />

d’être entendue : « Mon souhait, c’est<br />

que nos résultats soient entendus à un<br />

niveau politique. Car ce que nous avons<br />

constaté depuis le début d’Under <strong>The</strong><br />

Pole, c’est que le temps passe trop vite.<br />

Les décisions prises par les gouvernements<br />

sont trop lentes à être appliquées<br />

et à très court terme, la Terre est menacée,<br />

les océans sont menacés. Il faut que<br />

ces décisions et ces changements aient<br />

lieu maintenant ! »<br />

underthepole.com<br />

THE RED BULLETIN 67


Texte<br />

PIERRE-HENRI CAMY<br />

« LE RAP EST UNE MUSIQUE<br />

POPULAIRE COMME LES AUTRES »<br />

Le rap français n’a jamais été aussi varié et copieux.<br />

MEHDI MAIZI, journaliste spécialisé et présentateur du<br />

Rap Jeu fait le point sur la musique n° 1 des « jeunes ».


Un Julien Lepers new<br />

school ? Non ! Mehdi<br />

Maizi et ses invités du<br />

jour pour le Rap Jeu<br />

diffusé sur <strong>Red</strong> Binks,<br />

une chaîne YouTube<br />

dédiée au rap.<br />

QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />

69


« Techniquement, on peut rapper sur n’importe quoi :<br />

sur de la house ou sur un accordéon. »<br />

Vous adorez le rap français ?<br />

Vous le détestez ? Vous en êtes<br />

un expert ou n’en connaissez<br />

strictement rien ? Qu’importe :<br />

lisez cet article ! Mehdi Maizi<br />

(en photo à gauche), journaliste<br />

musical spécialisé dans<br />

cet univers et présentateur de<br />

l’émission Rap Jeu, vous offre<br />

une mise à jour sur la musique favorite<br />

des « jeunes ». Pour changer de point de<br />

vue sur ce(s) genre(s), ou vous conforter<br />

dans vos skills. Il vous l’assure : le rap<br />

français est bien plus que du rap.<br />

the red bulletin : Mehdi, depuis une<br />

dizaine d’années, vous vous êtes imposé<br />

comme un spécialiste du rap, et<br />

avez interviewé les grands noms de<br />

cette musique, souvent présentée<br />

comme « la plus écoutée en France ».<br />

On vous connaît également en tant<br />

qu’animateur du programme Rap Jeu,<br />

sur <strong>Red</strong> Binks, une chaîne YouTube<br />

dédiée au rap français. Qu’on l’aime<br />

ou non, le rap est partout ou presque<br />

aujourd’hui, mais comment le définir<br />

exactement ?<br />

mehdi maizi : Cela fait à peu près une<br />

trentaine d’années qu’il existe en tant<br />

qu’industrie musicale en France, et pendant<br />

longtemps, on pouvait le résumer<br />

à deux ou trois courants, ce qui n’est plus<br />

le cas aujourd’hui. En <strong>2020</strong>, le rap n’est<br />

plus uniquement un genre underground,<br />

même si l’on pourra citer des artistes qui<br />

pratiquent toujours un rap confidentiel,<br />

ou alternatif, mais il est un genre très<br />

vaste, extrêmement diversifié, avec plein<br />

de sous-genres, comme l’afro trap ou le<br />

cloud rap. Comme tous les genres musicaux<br />

qui durent, se renouvellent et s’imposent<br />

dans le temps, le rap est extrêmement<br />

riche, avec des stars, des gens<br />

moins connus, des carrières brisées.<br />

C’est une musique populaire comme<br />

toutes les autres, avec ses contrecultures,<br />

ses contre-pouvoirs.<br />

L’association « rap et populaire » doit<br />

déplaire à ses fans les plus hardcore ?<br />

Devenir populaire, c’est la victoire du<br />

rap. Même si certains nostalgiques le<br />

TEDDY MORELLEC, QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />

70 THE RED BULLETIN


Ils cumulent des millions<br />

d’écoutes sur les plateformes<br />

de streaming :<br />

Koba LaD (en haut)<br />

toujours bien équipé.<br />

À sa droite, Jok’Air et<br />

le buzzer rouge de Rap<br />

Jeu, la plus décalée des<br />

émissions dédiées au<br />

rap. En dessous, Di-Meh<br />

prend de la hauteur<br />

lors du tournage d’un<br />

freestyle de la chaîne<br />

<strong>Red</strong> Binks sur YouTube.<br />

À sa gauche, gourmette<br />

et canette pour le Barlou<br />

en chef, Seth Gueko.


Qui ne connaît toujours<br />

pas Charo ? Ci-dessus :<br />

le rappeur Niska accompagné<br />

de Maes. À leur<br />

droite, Hatik, récemment<br />

révélé dans la première<br />

série dédiée au rap français,<br />

Validé. En dessous :<br />

le plateau de Rap Jeu,<br />

qui accueillait fin 2019<br />

les rappeurs belges et<br />

toujours verts Caballero<br />

et Jeanjass, que vous<br />

voyez ici en pleine<br />

réflexion suite à une<br />

question fatale de Mehdi.


Quand il ne fume pas<br />

à fond, Lorenzo kick<br />

à fond sur les tournages<br />

de <strong>Red</strong> Binks.<br />

APOLLINE CORNUET/QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD<br />

regretteront, il est devenu une musique<br />

populaire comme une autre, avec ses<br />

bons et mauvais côtés.<br />

Quelle est la force du rap en France ?<br />

Sa capacité de renouvellement. Ça n’est<br />

pas une musique qui est figée. Le rap est<br />

une musique qui regarde toujours vers<br />

l’avant. Du coup, il est très compliqué de<br />

définir « le son rap ». Techniquement, on<br />

peut rapper sur n’importe quoi : sur de la<br />

house ou sur un accordéon. Le rap est assez<br />

malléable, c’est pour cela qu’il y aura<br />

toujours de nouveaux artistes, de nouveaux<br />

genres, de nouveaux sous-genres,<br />

de nouveaux producteurs qui relèvent le<br />

truc. Parce qu’on peut faire le rap avec<br />

rien, et aussi relever le rap avec rien.<br />

« Avec rien », ça veut dire quoi ?<br />

Prenons l’exemple de Pi’erre Bourne, qui<br />

a été un producteur américain très important<br />

ces dernières années. Il fait de la<br />

musique à base de logiciels, voire même<br />

de kits qui sont déjà prédéfinis, et qu’il<br />

modifie un petit peu, on pourrait même<br />

parler d’instrumentaux par accident,<br />

mais son travail a amené quelque chose<br />

de nouveau en termes de sonorités.<br />

Vous citez ce producteur américain,<br />

mais en observant les rappeurs français<br />

actuels, on a l’impression qu’ils<br />

se motivent dans le rap grâce à leur<br />

environnement immédiat : les autres<br />

« Demain, un rappeur bourgeois<br />

de province peut se lancer dans<br />

le rap et devenir très important. »<br />

artistes de leur quartier ou département,<br />

pas forcément ceux des USA,<br />

comme ce fut le cas par le passé…<br />

Le rappeur français inspire le rappeur<br />

français désormais ?<br />

Il y a en effet beaucoup de jeunes<br />

rappeurs aujourd’hui qui n’ont écouté<br />

que du rap français, voire très peu<br />

d’autres genres musicaux par ailleurs. Je<br />

le vois dans l’émission Rap Jeu, avec une<br />

épreuve comme le Roland Gamos, où il<br />

faut citer des collaborations entre différents<br />

rappeurs. Quand j’essaie de les lancer<br />

sur des artistes américains, beaucoup<br />

d’entre eux sont assez fébriles. C’est une<br />

vraie différence avec les années 2000,<br />

où il était à la mode de dire qu’on n’écoutait<br />

pas de rap français mais que des<br />

rappeurs américains. Dire que l’on écoutait<br />

ses homologues français, c’était la<br />

honte, et aujourd’hui, on a complètement<br />

dépassé ça.<br />

Dans Rap Jeu, justement, on a pu voir<br />

des rappeurs peu au fait des artistes<br />

locaux majeurs d’il y a une vingtaine<br />

d’années… On se souvient du fameux<br />

« C’est qui IAM ? », sorti en toute sincérité<br />

par un rappeur de 19 ans extrêmement<br />

populaire, Koba LaD...<br />

C’est l’une des séquences de Rap Jeu qui<br />

a le plus tourné sur les réseaux sociaux,<br />

mais il y en a eu d’autres, comme l’artiste<br />

Marwa Loud qui dit qu’elle ne sait pas<br />

qu’Ärsenik sont un duo, ou RK qui se<br />

trompe dans le nom de l’album d’IAM,<br />

L’école du micro d’argent, alors que c’est<br />

un disque mythique. Pour certains jeunes<br />

rappeurs comme Dinos, il est important<br />

de connaître tous ses classiques, à l’inverse,<br />

pour d’autres, absolument pas.<br />

L’histoire du rap français est relativement<br />

ancienne, avec ses chapelles et ses<br />

écoles, libre aux artistes de les connaître<br />

ou pas. C’est l’avantage et l’inconvénient<br />

de cette musique : comme les jeunes y<br />

font la loi, le respect des aînés et la volonté<br />

de transmettre une culture ne sont<br />

pas forcément présents. En revanche,<br />

c’est une musique qui n’a pas le temps<br />

de se reposer, de regarder derrière, et<br />

qui va toujours chercher la nouveauté.<br />

Du fait de cette dynamique toujours<br />

innovante, voire expérimentale du rap<br />

français avec toutes ses nouvelles<br />

formes de rap apparues ces dernières<br />

années, comment définir ce qu’il est<br />

musicalement ?<br />

Il y en a des dizaines de formes, et il se<br />

renouvelle toujours. Le rap en tant que<br />

musique ou son est compliqué à définir.<br />

THE RED BULLETIN 73


Ambiance<br />

metal pour<br />

Youv Dee, le<br />

fan d’Iron<br />

Maiden.<br />

Le flow du rap a connu nombre de<br />

mutations, et peut paraître plus facile<br />

aujourd’hui, moins complexe pour<br />

une oreille peu experte. Est-ce qu’il<br />

reste intéressant pour les vôtres ?<br />

Le flow du rap aujourd’hui est toujours<br />

très travaillé. J’ai interviewé le rappeur<br />

Isha, qui a 33 ans et qui rappe depuis<br />

longtemps. Je lui demandais s’il était<br />

plus dur de faire des morceaux très actuels<br />

de trap ou de boom bap à l’ancienne.<br />

Il m’a répondu : « Des morceaux<br />

de trap. Parce que des morceaux de<br />

boom bap, rapper 8 minutes en faisant<br />

des rimes, je sais le faire. Mais la trap,<br />

c’est faire de l’économie de mots, placer<br />

les bons mots aux bons endroits, trouver<br />

une autre manière de rimer, de faire<br />

des punchlines, de trouver des refrains. »<br />

Comme l’explique Isha, le rap aujourd’hui<br />

n’est pas moins travaillé, c’est une autre<br />

manière de travailler et d’écrire. Un<br />

rappeur qui va rimer 12 minutes sans<br />

refrain, ça peut sembler plus impressionnant<br />

qu’un morceau de 2 minutes où il<br />

y a moins de mots, mais ça ne l’est pas<br />

forcément. Quand comme moi tu as<br />

bouffé énormément de rap « traditionnel<br />

», tu as envie d’être surpris, de voir<br />

de nouvelles choses, de voir jusqu’où le<br />

rap peut aller.<br />

Le rap dans ses sonorités les plus<br />

innovantes est-il déjà présent sans que<br />

nous en soyons encore conscients ?<br />

On dira peut-être aujourd’hui d’un<br />

son que ce n’est pas du rap alors qu’il<br />

deviendra un standard d’ici quelques<br />

années, voire décennies ?<br />

Exactement. Si on cryogénisait un<br />

auditeur de 1995 et qu’on le réveillait<br />

en 2015 pour lui faire écouter le groupe<br />

PNL, à aucun moment il ne se dira que<br />

c’est du rap. Mais pour celui qui a écouté<br />

du rap depuis 1995, l’évolution est beaucoup<br />

plus logique, car il a vu par quoi<br />

le rap est passé. De même, si l’on fait<br />

écouter du rap des années 90 à des fans<br />

de PNL ou de rap actuel en leur disant<br />

« Écoute ! Écoute comment le mec rappe,<br />

il est bon ! », ils vont trouver ça profondément<br />

chiant, alors que c’est bien du rap<br />

et que ces gens sont des fans de rap.<br />

On entend souvent dire que le rap en<br />

France est la musique numéro un, la<br />

plus écoutée… Est-ce une réalité ?<br />

Ce sont des notions qu’il faut relativiser.<br />

Quand on regarde le top des streamings,<br />

il n’y a que des rappeurs, c’est une réalité.<br />

Si Gambi ou Heuss L’Enfoiré font plus<br />

de streams que Patrick Bruel, est-ce que<br />

cela veut dire qu’ils sont plus connus en<br />

France que Patrick Bruel ? Je ne pense<br />

pas. Si Patrick Bruel et Heuss L’Enfoiré<br />

sortent un album demain, Heuss L’Enfoiré<br />

fera de meilleurs chiffres en streaming<br />

que Patrick Bruel, mais il va vendre peutêtre<br />

cinq mille CD là où Patrick Bruel va<br />

en vendre quatre-vingt dix mille. Ce sont<br />

deux canaux très différents. Le streaming<br />

est en grande majorité utilisé par des<br />

jeunes, qui en grande majorité écoutent<br />

du rap, donc, forcément, le streaming est<br />

devenu le terrain de jeu des rappeurs. Là<br />

où dans les supermarchés et hypermarchés,<br />

c’est la variété qui vend des palettes<br />

de CD quand il y a de grosses sorties.<br />

Le succès du rap, au-delà des rappeurs<br />

eux-mêmes, est également très lié au<br />

travail des producteurs, qui créent les<br />

instrumentaux du rap. Par le passé, ils<br />

n’étaient pas forcément mis en avant,<br />

mais il semble qu’aujourd’hui, ils sont<br />

beaucoup plus identifiés...<br />

Il y a toujours eu des producteurs dans le<br />

rap, mais ils sont en effet beaucoup plus<br />

mis en avant. La preuve de cette évolution<br />

est l’avalanche d’albums réalisés par<br />

des producteurs, qui invitent des artistes<br />

et sortent un album. On peut citer les<br />

projets de Myth Syzer, Ikaz Boi, DJ Weedim<br />

ou Ghost Killer Track… Cela prouve<br />

un intérêt du public et du milieu pour ce<br />

genre de projets centrés autour de producteurs.<br />

Ils sont davantage respectés et<br />

identifiés, c’est une vraie nouveauté dans<br />

le rap français. Même les topliners sont<br />

identifiés aujourd’hui...<br />

« Quand je vois les artistes en<br />

promo ou lors de nos émissions,<br />

ils sont à l’heure, très respectueux,<br />

entourés d’attachés de<br />

presse. C’est une industrie,<br />

ils viennent au travail. »<br />

Dans le « gamos » du<br />

duo de rappeurs DTF.<br />

C’est quoi, un topliner ?<br />

Ce sont des gens qui, en studio, trouvent<br />

des mélodies pour des morceaux. C’est<br />

quelque chose qui était peu évoqué par<br />

le passé, car ça pouvait impliquer que le<br />

rappeur ne faisait pas tout lui-même,<br />

mais maintenant on sait que ça existe,<br />

notamment sur de gros albums, comme<br />

ceux de Booba. A partir du moment où<br />

Booba a tombé le masque et reconnu<br />

qu’il ne faisait pas tout lui-même, ça a<br />

décomplexé pas mal de gens. Les métiers<br />

de l’ombre sont plus identifiés que par le<br />

passé, et c’est un signe que cette musique<br />

se porte bien. Cela permet aussi de dire<br />

aux jeunes que dans l’industrie du rap,<br />

on peut être autre chose qu’un rappeur.<br />

Le rap assume des choses qu’il n’aurait<br />

pas forcément assumées par le passé ?<br />

Clairement. À partir du moment où le<br />

très puissant rappeur américain Young<br />

Thug s’affiche en robe sur la pochette de<br />

l’un de ses albums, tout en étant super<br />

gangster dans ses textes, les gens ont<br />

74 THE RED BULLETIN


APOLLINE CORNUET/QUENTIN MAHÉAS/LA CLEF PROD, WILLIAM K/LA CLEF PROD<br />

Le MC-acteur Gringe<br />

sur scène à Garorock.<br />

compris qu’on pouvait faire à peu près<br />

tout ce qu’on voulait dans le rap. Tout le<br />

monde peut rapper aujourd’hui. Demain,<br />

un rappeur bourgeois de province peut<br />

se lancer dans le rap et devenir très important.<br />

Si le mec est bon, cela ne posera<br />

de souci à personne. Et il pourra collaborer<br />

avec des rappeurs plus street. Les<br />

barrières sont tombées à ce niveau-là.<br />

La personnalité multiple du rap<br />

français en <strong>2020</strong> s’explique inévitablement<br />

par ses évolutions ces trente<br />

dernières années. Quels ont été selon<br />

vous les moments fondamentaux<br />

de son histoire ?<br />

En fait, il y a eu deux chocs côté business<br />

dans l’histoire du rap français : quand<br />

Skyrock décide de devenir une radio<br />

rap en 1996, puisque ça accompagne le<br />

développement du rap et lui donne ses<br />

premiers gros succès, ses disques d’or. Et<br />

quand vingt ans plus tard, le streaming<br />

est comptabilisé dans les ventes de musique<br />

: le streaming est venu sauver le rap<br />

commercialement. Toute cette musique<br />

qui était téléchargée, écoutée de manière<br />

illégale par le passé, est devenue légale,<br />

comme par magie.<br />

Vous êtes au contact de l’essentiel des<br />

artistes et des intervenants du business<br />

rap. Dans les coulisses, quel est<br />

le vrai visage du rap aujourd’hui ? Estil<br />

toujours aussi sulfureux qu’on veut<br />

bien le croire ou nous le faire croire ?<br />

S’est-il assagi ?<br />

Assagi, je ne sais pas. Je n’ai pas connu le<br />

rap dans les années 90, car j’étais trop<br />

« Rap Jeu prouve aux<br />

gens que l’on peut<br />

parler du rap<br />

différemment »<br />

SCH, Dinos, Bigflo & Oli, Niska,<br />

Seth Gueko, Mac Tyer, Kalash<br />

Criminel, Oxmo Puccino… Depuis<br />

un an, sur <strong>Red</strong> Binks, une chaîne<br />

YouTube dédiée au rap, les patrons<br />

du genre défilent sur le plateau<br />

de la déjà culte émission<br />

Rap Jeu : un quizz d’un nouveau<br />

genre imaginé par Mehdi Maizi.<br />

« Contrairement aux kids d’aujourd’hui,<br />

j’ai un ADN télé assez<br />

fort, explique Mehdi, le créateur<br />

du format Rap Jeu. J’ai beaucoup<br />

regardé la télé étant gamin, j’ai<br />

bouffé du jeu télé, donc je voulais<br />

depuis longtemps faire un<br />

jeu télé sur le rap, avec les codes<br />

de YouTube. Pour transmettre de<br />

la connaissance sur le rap, sans<br />

être chiant. Pendant longtemps,<br />

en France, on a très peu ri du rap,<br />

alors qu’il y a plein de choses qui<br />

sont risibles dans cet univers,<br />

que l’on peut détourner ou parodier,<br />

sans s’en moquer. Cela<br />

s’est confirmé quand les auteurs<br />

de Rap Jeu sont entrés dans la<br />

boucle et que le côté fun de<br />

l’émission a commencé à se<br />

dessiner. Dans Rap Jeu, on peut<br />

plaisanter avec les artistes et les<br />

gens, et en retirer quelque chose.<br />

Ce concept est peut-être le point<br />

de départ de plein d’autres<br />

projets, car il prouve au public<br />

que l’on peut parler du rap<br />

différemment. »<br />

Retrouvez Rap Jeu ainsi que<br />

des freestyles et projets studio<br />

exclusifs sur <strong>Red</strong> Binks :<br />

youtube.com/redbinks<br />

« Un rappeur qui va rimer 12<br />

minutes sans refrain, ça peut<br />

sembler plus impressionnant<br />

qu’un morceau de 2 minutes<br />

où il y a moins de mots, mais<br />

ça ne l’est pas forcément. »<br />

jeune, mais depuis une dizaine d’années<br />

que je suis actif dans cet univers, j’observe<br />

un milieu globalement très professionnel.<br />

Quand je vois les artistes en<br />

promo ou lors de nos émissions, ils sont<br />

à l’heure, très respectueux, entourés d’attachés<br />

de presse. C’est une industrie, ils<br />

viennent au travail. Avant d’être à temps<br />

plein dans le journalisme musical, j’ai<br />

bossé en entreprise, dans le conseil, dans<br />

un cadre très classique, et je n’ai pas vu<br />

dans le rap une différence fondamentale<br />

dans la manière dont les gens travaillent.<br />

Même si je m’amuse dans ce que je fais,<br />

la manière dont les gens travaillent dans<br />

cette industrie est celle de l’entreprise.<br />

C’est un milieu assez sain, et il y a parfois<br />

une différence entre ce que les rappeurs<br />

disent et ce qu’ils vivent. Les rappeurs<br />

sont assez jeunes et souvent encore innocents<br />

vis-à-vis de pas mal de choses.<br />

C’est un milieu assez normal, même s’il<br />

y a des gens extravagants dans le rap,<br />

comme partout.<br />

Venant d’un métier classique, qu’estce<br />

que cela vous a apporté d’évoluer<br />

dans le monde du rap ? Pourquoi il<br />

faut s’intéresser à cette musique, cette<br />

industrie ?<br />

À la base, ce qui m’a fait tomber dans le<br />

rap, ce sont les textes, un phrasé et des<br />

thèmes qui me touchaient, que l’on n’entendait<br />

pas dans d’autres genres musicaux.<br />

J’étais jeune, et le rap, en tant<br />

que musique de jeunes, m’apparaissait<br />

comme un truc pour ceux qui veulent<br />

conquérir le monde, ou plein d’idéalisme.<br />

Puis, plus tard, c’est d’avantage la musique<br />

qui m’a plu. Puis sa capacité à évoluer<br />

en permanence. Ce rap en tant que<br />

monstre polymorphe, qui peut prendre<br />

n’importe quelle apparence : on peut rapper<br />

sur n’importe quoi. Ce qui m’intéresse<br />

aujourd’hui, ça peut être le producteur<br />

à la mode, ou ce qui vient dynamiter<br />

cette musique.<br />

THE RED BULLETIN 75


C’EST LE<br />

PREMIER<br />

PAS QUI<br />

COMPTE<br />

Une randonnée de<br />

quinze ans autour<br />

du monde : Albert<br />

Villarroya Farrarós<br />

s’entraîne pour<br />

l’aventure de sa vie.<br />

76 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN PROMOTION<br />

Albert Villarroya Farrarós<br />

s’entraîne pour son « world<br />

walking tour » d’une durée<br />

de quinze ans.<br />

À<br />

l’âge adulte, beaucoup<br />

d’entre nous aspirent à<br />

découvrir le monde. Pour<br />

ce faire, il y a les adeptes de<br />

l’année sabbatique ou ceux<br />

des week-ends d’escapades entre<br />

amis. Mais rares sont ceux qui sont<br />

aussi déterminés à explorer la planète<br />

qu’Albert Villarroya Farrarós.<br />

Ce passionné d’aventure basé à<br />

Chamonix s’est mis en tête de parcourir<br />

le globe en quinze ans. À 18 ans,<br />

il met fin à ses études et sillonne les<br />

Pyrénées à vélo. Resté sur sa faim,<br />

il envisage une aventure en solitaire<br />

de grande envergure, seul moyen<br />

selon lui d’éprouver une liberté totale<br />

en pleine nature.<br />

Avec le soutien du fabricant de<br />

chaussures Merrell, Villarroya<br />

Farrarós s’entraîne pour atteindre<br />

cet objectif ambitieux. « Le physique<br />

et le mental sont les aspects clés de la<br />

préparation, explique-t-il. Le matin,<br />

j’escalade en solitaire des voies<br />

faciles, ou je pratique le bloc avant de<br />

partir au travail. L’après-midi, je fais<br />

de la course verticale avec des séries<br />

de sprints et de longues distances<br />

pour me préparer au défi qui m’attend.<br />

» Que peut motiver une entreprise<br />

d’une telle audace ?<br />

Si quelque chose vous gêne,<br />

changez cela !<br />

« Soit vous changez la chose ellemême,<br />

soit votre point de vue sur<br />

elle, dans les deux cas vous êtes seul<br />

en mesure d’agir, explique Villarroya<br />

Farrarós. Cela peut se traduire par<br />

le simple fait de parler à un inconnu<br />

pour créer un véritable lien humain,<br />

THE RED BULLETIN 77


THE RED BULLETIN PROMOTION<br />

LES MQM FLEX<br />

2.0 GTX DE<br />

MERRELL<br />

Été pluvieux, averse<br />

d’hiver ou neige, ces<br />

chaussures gardent<br />

vos pieds au sec.<br />

Résistantes, respirantes, imperméables : les MQM Flex 2.0 GTX sont idéales pour le challenge de Villarroya Farrarós.<br />

se rendre au travail à pied au lieu<br />

de prendre le bus, explorer une<br />

forêt, escalader une nouvelle montagne<br />

ou faire une randonnée à<br />

travers le monde.<br />

« Je viens du petit village de Sant<br />

Cugat, près de Barcelone. J’avais tout<br />

ce dont on peut rêver à mon âge :<br />

une maison, des amis, une famille et<br />

une petite amie qui m’aimait. Pourtant,<br />

j’avais l’impression de manquer<br />

de temps pour profiter de la vie. Je<br />

menais une vie rangée, réglée, sans<br />

la possibilité de faire de nouvelles<br />

rencontres. Cela devait cesser.<br />

« À dix-huit ans, j’ai décidé de partir<br />

en voyage, retrouver la nature et<br />

la sensation de liberté. J’ai travaillé<br />

tout l’été, obtenu deux semaines de<br />

vacances et me suis lancé à vélo à<br />

travers les Pyrénées. L’objectif était<br />

d’avaler des kilomètres jusqu’à épuisement.<br />

Et très vite, mon escapade<br />

de deux semaines m’a semblé déjà<br />

lointaine, un sentiment de vide m’a<br />

envahi. Changer de vie devenait<br />

alors une évidence. J’ai alors pris<br />

un vol pour l’Amérique du Sud avec<br />

l’idée de rentrer à pied. La distance<br />

étant trop grande pour l’évaluer en<br />

kilomètres, je me suis concentré sur<br />

ce qui m’importait le plus : le facteur<br />

humain. Mon objectif était alors très<br />

simple : rencontrer le plus de gens<br />

possible, découvrir leur mode de vie,<br />

leur culture et leurs centres d’intérêt,<br />

être en parfait accord avec moimême<br />

et adopter un mode de vie<br />

plus sain. De là est née l’idée folle<br />

d’un tour du monde à pied. Le projet<br />

était de parcourir toutes les grandes<br />

chaînes de montagne du monde en<br />

courant, marchant, et escalader les<br />

sommets si les conditions s’y<br />

prêtent. Mon idée a plu au fabricant<br />

de chaussures Merrell avec qui je<br />

collabore depuis.<br />

« Pour la préparation, nous avons<br />

choisi Madagascar qui, avec sa chaleur,<br />

ses jungles et ses montagnes<br />

isolées, constitue un terrain d’entraînement<br />

difficile. J’y ai découvert à<br />

ma grande joie des habitants attachants<br />

pouvant m’offrir l’interaction<br />

que je souhaitais y trouver. Il ne<br />

s’agissait pas de marcher sur la lune<br />

ou d’un grand chamboulement. Mais<br />

de faire le premier pas et de garder<br />

la cadence. »<br />

Rando, course, balade… Merrell<br />

propose un modèle unique se<br />

prêtant à toutes ces activités,<br />

quelle que soit la teneur en eau<br />

dans les collines et les montagnes.<br />

La nouvelle Merrell<br />

MQM Flex 2 convient aussi bien<br />

aux coureurs de fond assidus<br />

qu’aux randonneurs amateurs.<br />

Cette deuxième génération d’un<br />

modèle très prisé bénéficie<br />

d’une tige athlétique résistante,<br />

d’une semelle intermédiaire<br />

souple et d’une semelle extérieure<br />

adaptée à la montagne,<br />

alliant les caractéristiques<br />

appropriées aux deux usages.<br />

Joggeur urbain occasionnel,<br />

marathonien ou fan de basket,<br />

avec cette chaussure la météo<br />

n’est plus un obstacle. La<br />

membrane GORE-TEX apporte<br />

confort et style, et garde les<br />

pieds au sec par tous temps.<br />

Ajustement optimal<br />

Sa conception inédite et élastique<br />

réduit poids et points de<br />

pression. D’où un ajustement et<br />

une sensation de confort au max<br />

pour aller plus loin, longtemps.<br />

Une imperméabilité<br />

vraiment durable<br />

Pluies estivales ou flaques<br />

d’eau l’hiver, son étanchéité<br />

fiable se vérifie sur de courtes<br />

et longues distances.<br />

Respirabilité extrême<br />

L’humidité issue de la transpiration<br />

s’échappe et préserve<br />

ainsi votre confort, même lors<br />

d’une activité intense.<br />

Séchage rapide<br />

Une action prouvée : il préserve<br />

vos chaussures et vous permettra<br />

de repartir plus vite.<br />

TYRONE BRADLEY<br />

78 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

Expériences et équipements pour une vie améliorée<br />

SPÉLÉOLOGIE<br />

Hang Son<br />

Doong,<br />

Vietnam<br />

OXALIS ADVENTURE JOSHUA ZUKAS<br />

79


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

Merveille sauvage, la grotte Hang<br />

Son Doong n’est accessible qu’au<br />

prix d’un trek éprouvant.<br />

La crête sur laquelle j’avance avec<br />

prudence est longue de 50 mètres<br />

et effilée comme un rasoir. Elle<br />

surgit d’un cratère béant sculpté<br />

dans les entrailles de la Terre. « Quelle<br />

vue », lance mon guide Hieu. Je regarde<br />

vers le bas et en déduis qu’il plaisante,<br />

car mes yeux rencontrent le noir absolu<br />

d’un gouffre cosmique où en cas de chute<br />

je disparaîtrais dans le vide. Mais pour<br />

l’heure, le risque de glisser et de m’entailler<br />

la jambe me préoccupe davantage.<br />

C’est le troisième jour de notre excursion<br />

à la grotte de Hang Son Doong au<br />

Vietnam. Apparue il y a environ cinq<br />

millions d’années, elle est à ce jour la plus<br />

grande au monde : 5 km de long, 200 m<br />

de haut et 150 m de large, assez spacieuse<br />

pour abriter un pâté de maisons<br />

new-yorkais, gratte-ciel inclus. Sa taille<br />

imposante ne facilite pas pour autant sa<br />

localisation. Ce n’est qu’en 1991 que Hô<br />

Khanh, un bûcheron local, la découvre<br />

par hasard dans le parc national de Phong<br />

Nha-Ke Bang, au centre du Vietnam —<br />

un parc d’une superficie inférieure à Hong<br />

Kong — en cherchant un abri lors d’une<br />

tempête. Il mettra ensuite près de deux<br />

décennies pour la retrouver.<br />

En 2009, alors que la nouvelle de<br />

sa découverte se répand, il rejoint une<br />

expédition menée par la British Caving<br />

Association. Celle-ci mettra des mois à<br />

reconstituer son itinéraire. Pour atteindre<br />

la grotte, notre équipe de dix personnes<br />

traverse jungles et rivières souterraines<br />

et campe dans de vastes cavités. J’arrive<br />

enfin au bout de la crête. Alors que Hieu<br />

détache mon harnais, j’en profite pour<br />

me familiariser avec le lieu. Je comprends<br />

vite que mon guide ne plaisantait pas<br />

sur la vue, et que ce dont il parlait ne se<br />

trouve pas au-dessus de nous et pas<br />

en dessous. Obnubilé par mes pieds, je<br />

n’avais pas remarqué l’ouverture béante<br />

dans le toit de la grotte. Cet effondrement<br />

du plafond qu’on appelle doline résulte<br />

d’un séisme remontant à environ un<br />

demi-million d’années. Une brèche à travers<br />

la jungle où pénètre un gigantesque<br />

rayon de lumière révélant dans la grotte<br />

un spectacle des plus insolites : une luxuriante<br />

forêt tropicale souterraine recouvre<br />

le lit de la grotte. Hang Son Doong abrite<br />

des espèces végétales qui ailleurs, ont<br />

disparu depuis des centaines de milliers<br />

d’années. Plus fraîche et plus humide qu’à<br />

l’extérieur, la grotte a favorisé l’éclosion<br />

d’un écosystème unique en son genre. Un<br />

milieu en revanche peu accueillant pour<br />

l’homme : ce matin, je me suis réveillé<br />

tout trempé dans ma tente. « Les pieds<br />

risquent de pourrir s’ils ne sèchent pas »,<br />

m’avait-on prévenu avant le départ.<br />

Emboîtant le pas à Hieu, je remonte de<br />

l’abysse vers la lumière, bientôt englouti<br />

par la jungle souterraine. Une énorme<br />

stalagmite improbable recouverte de<br />

mousse perce à travers le feuillage :<br />

« On appelle ça le gâteau de mariage »,<br />

explique Hieu. Cela m’évoque plutôt un<br />

énorme tas de moisissure. « Vous pouvez<br />

monter au sommet si vous le souhaitez. »<br />

Je contemple le panorama. Le gazouillis<br />

des oiseaux me parvient de la surface à<br />

quelques centaines de mètres au-dessus.<br />

L’endroit est si préservé qu’on imagine<br />

sans peine ce que Hô Khanh a dû ressentir<br />

en pénétrant ici pour la première fois.<br />

À ce jour, le nombre de personnes<br />

ayant atteint le sommet de l’Everest est<br />

supérieur à celui des personnes ayant<br />

Trek au parc national<br />

Phong Nha-Ke Bang.<br />

80 THE RED BULLETIN


La « Grande Muraille<br />

du Vietnam », haute de<br />

90 mètres, constitue<br />

l’ultime obstacle.<br />

Hanoi<br />

RYAN DEBOODT, OXALIS ADVENTURE GETTY IMAGES<br />

pénétré dans Hang Son Doong, mais cela<br />

pourrait bientôt changer. Une fois son<br />

statut de plus grande grotte du monde<br />

confirmé, de nombreux aventuriers l’ont<br />

ajoutée à leur liste d’aventures. Pour faire<br />

face à l’afflux de visiteurs, un promoteur<br />

immobilier vietnamien propose en 2014<br />

la construction d’un téléphérique de<br />

10 km reliant le parc national de Phong<br />

Nha-Ke Bang à la grotte. Les autorités<br />

locales rejettent le projet suite à l’opposition<br />

massive des militants écologistes.<br />

En 2016, le président Obama s’invite dans<br />

le débat, déclarant lors de son dernier<br />

discours au peuple vietnamien : « Les<br />

Parc national<br />

Phong Nha-Ke Bang<br />

Dong Hoi<br />

Vietnam<br />

Rejoignez<br />

l’expédition<br />

PRIX : 2 700 €<br />

DURÉE : 4 jours d’exploration, comprenant<br />

trois nuits en camping et<br />

deux nuits en hôtel<br />

PÉRIODE : de janvier à août<br />

GROUPE : Six à dix personnes<br />

S’Y RENDRE : vol de Hanoi ou d’Hô-<br />

Chi-Minh-Ville à destination de Dong<br />

Hoi Airport, avec transfert à l’hôtel à<br />

Phong Nha pour un briefing.<br />

oxalisadventure.com<br />

THE RED BULLETIN 81


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

La grotte abrite des<br />

espèces végétales<br />

qui, ailleurs, ont<br />

disparu depuis des<br />

centaines de milliers<br />

d’années.<br />

En surface<br />

Hang Son Doong n’est pas<br />

l’unique grotte. Le parc national<br />

de Phong Nha-Ke Bang est un<br />

véritable paradis pour<br />

spéléologues.<br />

merveilles naturelles comme la baie<br />

d’Halong et la grotte Son Doong doivent<br />

être préservées pour nos enfants et<br />

petits-enfants. » Pour l’instant, Hang Son<br />

Doong n’est pas menacée et reste accessible<br />

au prix d’un trek éprouvant sous une<br />

humidité extrême, avec en bout de route<br />

un mur de calcaire de 90 m de haut : « la<br />

Grande Muraille du Vietnam ». Le franchir<br />

nécessite échelle et corde. En 2009, une<br />

première équipe d’étude mal préparée a<br />

dû rebrousser chemin. En tant qu’écrivain<br />

de voyages d’aventure installé au Vietnam,<br />

je cultive une saine addiction aux<br />

grottes, et les salles géantes de Hang<br />

Son Doong sont un excellent shoot.<br />

Cependant, les deux dolines géantes<br />

restent à mon goût le plus impressionnant,<br />

surtout la nuit. Avec 280 m de<br />

large — plus de deux fois la longueur d’un<br />

terrain de football — la plus grande des<br />

deux est une fenêtre en forme de goutte<br />

d’eau sur un ciel noir scintillant d’étoiles.<br />

Le seul lieu au monde où l’on peut les<br />

admirer depuis un camping souterrain.<br />

L’intérieur de l’incroyable<br />

Hang Son<br />

Doong au Vietnam.<br />

Hang Son Doong, la géante<br />

La plus grande salle (200 mètres de haut) dépasse les<br />

146 mètres de la pyramide de Khéops. L’Arc de Triomphe<br />

(50 mètres) semble petit devant certaines stalagmites<br />

(80 mètres), et la plus grande église au monde, la basilique<br />

Saint-Pierre de Rome (220 mètres de long), pourrait se<br />

glisser dans les 280 mètres de la plus grande doline.<br />

200 m<br />

Basilique<br />

Saint-Pierre<br />

Stalagmites<br />

Pyramide de<br />

Khéops<br />

Arc de<br />

Triomphe<br />

146 m<br />

50 m<br />

175 m<br />

150 m<br />

125 m<br />

100 m<br />

75 m<br />

50 m<br />

25 m<br />

HANG PYGMY<br />

Hang Son Doong en plus petite. Après<br />

une marche à travers la jungle humide,<br />

son entrée immense ouvre sur un<br />

jardin souterrain, avec quelques<br />

escalades à la corde vertigineuses.<br />

HANG VA<br />

À quelques kilomètres de Hang Son<br />

Doong et sans doute reliée à celleci,<br />

les stalagmites symétriques et<br />

coniques de Hang Va émergeant de<br />

l’eau verte des bassins rocheux font<br />

la joie des photographes.<br />

THIEN DUONG<br />

Initiation aux dominions souterrains<br />

de la région, la « Paradise Cave » dispose<br />

d’une passerelle en bois et de<br />

systèmes d’éclairage professionnels<br />

et, chose incroyable, l’accès à l’entrée<br />

est possible en voiture.<br />

Le paquetage<br />

Ce qu’il faut emporter<br />

BOULES QUIES<br />

Vous avez fui l’humanité, mais pas la<br />

foule. Le camping abrite des milliers<br />

de martinets très bruyants au moment<br />

d’aller se nourrir à 5 heures<br />

du matin.<br />

SPRAY ANTI-BESTIOLES<br />

N’arrachez jamais une sangsue de<br />

votre peau. Ses dents s’y coinceraient<br />

et augmenteraient le saignement.<br />

Un coup de spray suffit à la faire<br />

lâcher prise.<br />

DU TALC<br />

La seule façon d’éviter les mycoses<br />

aux pieds est de les sécher au moins<br />

une fois par jour. Oubliez la serviette<br />

humide, le talc fera bien mieux le job.<br />

RYAN DEBOODT GETTY IMAGES, KEVIN GOLL<br />

82 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Retrouvez votre prochain numéro le 30 avril avec et le 7 mai avec<br />

dans une sélection de points de vente et en abonnement.<br />

RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL


PERSPECTIVES<br />

gaming<br />

Six caméras —<br />

deux à l’avant,<br />

une au-dessus,<br />

une en dessous,<br />

et une sur les<br />

côtés — pour<br />

une vison à 310 °.<br />

Doté d’un arceau<br />

positionné sur<br />

le haut du crâne,<br />

le casque se<br />

relève comme<br />

une visière.<br />

DÉCOUVREZ<br />

Maître sensoriel<br />

HTC Vive Cosmos<br />

Les écouteurs<br />

se rabattent et<br />

s’ajustent verticalement<br />

aux oreilles.<br />

La prise mini jack<br />

permet d’utiliser<br />

d’autres écouteurs.<br />

Une réalité virtuelle convaincante ne se limite pas à la création<br />

d’un monde numérique, celle-ci doit intégrer la façon<br />

dont nous percevons notre environnement. En 1935, Stanley<br />

G. Weinbaum évoque pour la première fois la notion de « réalité<br />

virtuelle » dans son roman de science-fiction Pygmalion’s<br />

Spectacles. La technologie s’efforce depuis de concrétiser<br />

sa vision et le HTC Vive Cosmos marque une nouvelle étape<br />

dans cette quête. Le casque rabattable est ainsi équipé de<br />

six caméras de captation de mouvements « inside-out » ne<br />

nécessitant aucun capteur externe (« outside-in ») pour se<br />

situer dans l’espace réel. Le joueur peut ainsi éviter les<br />

objets extérieurs ou s’en servir. Un accessoire sans fil (non<br />

inclus) libère les écouteurs du PC. Enfin, les manettes ergonomiques<br />

sont dotées de motifs éclairés qui permettent aux<br />

caméras de mieux les détecter. Ce n’est pas encore la<br />

Matrice, mais nous nous en approchons. vive.com<br />

84 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

gaming<br />

PERFECTIONNER<br />

L’art de<br />

conduire<br />

sans<br />

conduire<br />

James Baldwin accède à la<br />

gloire en devenant le gamer<br />

le plus rapide au monde.<br />

Après avoir fait ses armes<br />

sur des simulateurs.<br />

VIVE, WORLD’S FASTEST GAMER TOM GUISE, MATT RAY<br />

Le réalisme des simulateurs<br />

de courses ne cesse de progresser.<br />

Les jeux tels que<br />

iRacing et Assetto Corsa<br />

numérisent des circuits<br />

célèbres. Résultat : une<br />

expérience toujours plus<br />

exaltante, le risque d’abîmer<br />

une machine coûteuse et<br />

inflammable en moins. Le<br />

tournoi World’s Fastest<br />

Gamer oppose stars de l’esport<br />

à celles des circuits<br />

réels, brouillant un peu plus<br />

les limites entre les deux<br />

mondes. En octobre dernier,<br />

James Baldwin, 22 ans,<br />

devient le deuxième homme<br />

à décrocher ce titre, et<br />

obtient un contrat d’un million<br />

de dollars pour piloter<br />

dans le monde réel. Le Britannique<br />

triomphe six ans<br />

après avoir renoncé à sa carrière<br />

de kart et de Formule<br />

Ford pour raison financière<br />

et parce qu’il jugeait son<br />

talent limité. Voici comment<br />

le jeu l’a remis en piste…<br />

Vitesse de réaction<br />

En 2010, une étude de chercheurs<br />

en sciences cognitives<br />

de l’université de Rochester<br />

révèle que les gamers mettent<br />

25 % moins de temps à<br />

prendre une décision correcte<br />

en analysant une situation.<br />

« Les jeux ont amélioré mon<br />

temps de réaction, explique<br />

Baldwin, et ma compréhension<br />

des facteurs de vitesse<br />

tels que l’usure des pneus et<br />

l’analyse du temps au tour. »<br />

« J’ai connu la peur de ma vie<br />

en accélérant à peine. »<br />

James Baldwin sur le pilotage réel<br />

Baldwin débute le sim<br />

racing en 2017 ; deux ans<br />

plus tard, il reçoit le prix<br />

du gamer le plus rapide<br />

au monde des mains de<br />

Juan Pablo Montoya,<br />

sa première idole en F1.<br />

Piloter sans compter<br />

Le coup est dur pour Baldwin<br />

lorsqu’il atteint ses limites en<br />

pilotage réel : « Enfant, on est<br />

émerveillé à l’idée d’accéder à<br />

la F1. Puis arrivé en pro, vous<br />

êtes battu, et comprenez que<br />

vous n’êtes pas aussi doué<br />

que vous le pensiez. Mais<br />

aujourd’hui, les sim initient à<br />

tous les aspects de la course,<br />

jusqu’au lien qui existe entre<br />

usure des pneus et freinage.<br />

Le tout sans vous ruiner, avec<br />

un temps de piste illimité. »<br />

Gagner en confiance<br />

Les simulateurs n’éliminent<br />

pas une chose : ce cap psychologique<br />

lorsque vous montez<br />

dans une vraie voiture.<br />

Baldwin sur le circuit californien de Laguna Seca.<br />

« Une dirt car n’a l’air de rien,<br />

mais son rapport puissance/<br />

poids est de 850 ch pour<br />

650 kilos soit plus que celui<br />

d’une F1. J’ai connu la peur de<br />

ma vie en appuyant à peine<br />

sur l’accélérateur. » Il effectue<br />

ensuite 70 % du tour à plein<br />

régime. « Faites abstraction<br />

de la vitesse et imaginez-vous<br />

dans un simulateur. »<br />

Trouver le rythme<br />

Le jeu vidéo répétitif crée une<br />

immersion totale et rend les<br />

tâches complexes plus aisées.<br />

Mais Baldwin expérimente<br />

l’opposé sur le circuit à<br />

Laguna Seca en Californie.<br />

« Ma voiture rencontre un problème<br />

aisément surmontable<br />

avec plus de présence d’esprit,<br />

au lieu de cela, je fais un<br />

tête à queue et me retrouve au<br />

milieu de la piste dans la direction<br />

opposée. » Une alerte qui<br />

lui permet de trouver son<br />

rythme et filer vers la victoire.<br />

THE RED BULLETIN 85


PERSPECTIVES<br />

équipement<br />

Daniel Craig reçoit de son<br />

père sa première Omega<br />

le jour de ses 18 ans.<br />

Trente-quatre ans plus<br />

tard, l’agent 007 a le<br />

privilège de créer son<br />

propre modèle.<br />

En 2006, Daniel Craig endosse pour la<br />

première fois le rôle de James Bond dans<br />

Casino Royale. À un moment du film,<br />

l’agent du Trésor britannique Vesper<br />

Lynd, incarné par Eva Green, sonde les<br />

goûts de l’impénétrable 007 en matière<br />

de montres : « Rolex » demande-t-elle ?<br />

« Non, Omega », réplique-t-il. Dès cet<br />

instant, Craig se distingue de toutes les<br />

incarnations plus guindées de ses prédécesseurs.<br />

En vérité, 007 porte une Omega<br />

depuis 1995 et Pierce Brosnan dans<br />

GoldenEye. Et le lien entre l’horloger<br />

suisse et Bond — plus précisément la<br />

Craig dans Casino<br />

Royale (2006), avec une<br />

Omega Seamaster<br />

Planet Ocean 600M.<br />

MATOS<br />

Le temps ne meurt jamais<br />

Omega Seamaster Diver 300M Édition 007<br />

ligne Seamaster — date de plus longtemps<br />

encore. Ian Fleming, le créateur du<br />

séduisant agent secret, s’inspire de vrais<br />

commandos rencontrés lors de son affectation<br />

aux renseignements de la marine<br />

britannique durant la Seconde Guerre<br />

mondiale et fait de Bond le commandant<br />

de la Réserve Navale Royale.<br />

En 1957, Omega lance la première<br />

Seamaster 300 en prenant pour modèle<br />

les montres-bracelets étanches de l’armée<br />

britannique durant la Guerre mondiale<br />

avec un joint torique en caoutchouc<br />

inspiré par les sous-marins de l’époque.<br />

La montre séduit les plongeurs de la<br />

marine britannique et en 1967, le ministère<br />

de la défense sollicite Omega pour<br />

une version « mil-spec » (spécification<br />

militaire), gravée d’un « 0552 » au dos qui<br />

indique la propriété de la Royal Navy.<br />

En 1995, la costumière de Bond,<br />

Lindy Hemming, prépare Brosnan pour<br />

GoldenEye, et décide que « le commandant<br />

Bond, officier de marine, plongeur<br />

et gentleman, portera la Seamaster au<br />

cadran bleu. » Depuis, la Seamaster 300<br />

ne quitte plus le poignet de 007. Pour<br />

marquer la dernière de Craig dans la<br />

peau de l’élégant espion dans Mourir<br />

peut attendre à l’affiche le 8 avril, Omega<br />

crée avec la collaboration de l’acteur,<br />

cette Seamaster Diver 300M Édition 007<br />

de 42 mm en titane de grade 2.<br />

« Omega a pris en compte mes suggestions,<br />

confie Craig. Par le passé, la<br />

maison m’a présenté des montres en<br />

titane et ma réaction demeure la même :<br />

la montre sait se faire oublier. Ils m’ont<br />

offert de la fabriquer. La différence en<br />

poids reste minime, mais énorme en<br />

confort. » L’influence de Craig s’est aussi<br />

exercée sur le bracelet de rechange<br />

NATO. « Depuis des années, je porte les<br />

montres avec ces bracelets. »<br />

L’authenticité militaire est également<br />

garantie. « Nous parlons ici d’héritage,<br />

celui des montres Omega de l’armée<br />

britannique durant la Seconde Guerre<br />

mondiale, poursuit-il. La montre intègre<br />

tous les éléments que je souhaitais voir<br />

réunis. » Le numéro de série au dos du<br />

boîtier est le plus significatif : « A » désigne<br />

la couronne vissée ; « 007 » se passe<br />

d’explication ; « 62 » est l’année du premier<br />

film, James Bond 007 contre D r No ;<br />

« 923 7697 » identifie une montre de plongée<br />

; et « 0552 » est un code naval.<br />

omegawatches.com<br />

TIM KENT, OMEGA TOM GUISE<br />

86 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

équipement<br />

XX EDITOR ILLUSTRATOR<br />

La nouvelle Omega<br />

honore la dernière<br />

mission de Daniel<br />

Craig dans la peau<br />

de James Bond.<br />

THE RED BULLETIN 87


CALENDRIER<br />

mars-avril<br />

21<br />

au 27 avril<br />

RED BULL CAN YOU MAKE IT?<br />

Voyager à travers l’Europe pendant sept jours avec des canettes de <strong>Red</strong> Bull comme seule monnaie<br />

d’échange, c’est le concept du <strong>Red</strong> Bull Can You Make It?. Cette année, la destination est Berlin<br />

et toutes les astuces seront permises pour s’y rendre depuis cinq points de départ en Europe, en<br />

respect de règles strictes : argent, téléphone, ordinateurs, tablettes ou autres dispositifs interdits.<br />

Imagination et toupet prennent le dessus dans une aventure à suivre sur canyoumakeit.redbull.com.<br />

9au 12 avril<br />

PACO TYSON<br />

Le festival de la culture club et rave<br />

inaugure son label avec les sessions<br />

d’Antigone, Paul Ritch et Discord aux<br />

<strong>Red</strong> Bull Studios Paris. Ces artistes<br />

se produiront sur l’événement, alignés<br />

avec des noms confirmés ou en devenir<br />

des scènes techno, house, hardtek<br />

et trance. Le <strong>Red</strong> Bull Boom Bus sera<br />

aussi de la partie pour une édition<br />

familiale avec son lot de propositions<br />

et d’aménagements sympathiques<br />

à destination du public.<br />

Parc de la Chantrerie, Nantes ;<br />

pacotyson.fr<br />

10<br />

au 25 avril<br />

RED BULL<br />

NEYMAR<br />

JR’S FIVE<br />

Le tournoi de football<br />

à cinq est de retour en<br />

France avec un concept<br />

fort : à chaque but encaissé,<br />

vous perdez un<br />

joueur, ou joueuse (car<br />

le <strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s<br />

Five est aussi ouvert<br />

aux filles). Les étapes<br />

qualificatives auront lieu<br />

à compter du 10 avril.<br />

La finale française aura<br />

lieu à Paris le 16 mai. Et<br />

en juillet, les gagnant(e)s<br />

se rendront à Rio pour la<br />

finale mondiale, et un<br />

match potentiel contre<br />

Neymar.<br />

redbullneymarjrsfive.<br />

com<br />

SANDRO ARABYAN/RED BULL CONTENT POOL, HADRIEN PICARD/RED BULL CONTENT POOL, PHILIPPELEVY.NET,<br />

DUTCH PHOTO AGENCY/RED BULL CONTENT POOL, ALESSANDRO SIMONE/RED BULL CONTENT POOL<br />

88 THE RED BULLETIN


CALENDRIER<br />

mars-avril<br />

28<br />

mars au 4 avril<br />

<strong>FR</strong>EERIDE<br />

WORLD TOUR<br />

LIVE La face déchiquetée<br />

du Bec des Rosses<br />

à Verbier, en Suisse, est<br />

un endroit parfait pour la<br />

finale du Freeride World<br />

Tour. Toujours un moment<br />

fort, voici un parcours<br />

qui sépare les meilleurs<br />

des autres. L’année<br />

dernière, la Suissesse<br />

Elisabeth Gerritzen et le<br />

Français Wadeck Gorak<br />

ont remporté la catégorie<br />

ski, et Marion Haerty (<strong>FR</strong>)<br />

et Jonathan Penfield (US)<br />

ont remporté l’or en<br />

snowboard. Remettront-ils<br />

ça en <strong>2020</strong> ?<br />

4et 5 avril<br />

SUPER<br />

FORMULA <strong>2020</strong><br />

LIVE Le championnat<br />

japonais de Super<br />

Formula et sa grille de<br />

départ internationale<br />

est l’une des plus rapides<br />

compétitions de<br />

sport auto. Le week-end<br />

à Suzuka ouvre la saison<br />

et le vainqueur sera<br />

désigné après sept<br />

courses.<br />

24<br />

mars au 5 avril<br />

DOOINIT FESTIVAL<br />

Le festival hip-hop rennais reçoit cette année le producteur <strong>The</strong><br />

Alchemist (notre photo) et DJ Nu-Mark, mais aussi les rappeurs<br />

Illa J, Awon, Sa-Roc et CJ Fly. Cette célébration du son hip-hop<br />

accueillera également une soirée jazz et la projection de la sériedocumentaire<br />

Lost in Traplanta. Rennes ; dooinit-festival.com<br />

21<br />

et 22 mars<br />

UCI MTB WORLD<br />

CUP DOWNHILL<br />

LIVE Pour <strong>2020</strong>, la<br />

Coupe du monde de<br />

descente dispose d’un<br />

tout nouveau site de<br />

lancement. Utilisé dans<br />

le passé par les teams<br />

et les marques de suspension<br />

pour des tests,<br />

Lousã au Portugal sera<br />

certainement une première<br />

étape populaire<br />

parmi les concurrents.<br />

28<br />

mars<br />

RED BULL UCI<br />

PUMP TRACK<br />

Sauts, virages serrés et<br />

inclinés : le <strong>Red</strong> Bull UCI<br />

Pump Track World<br />

Championship de Lyon<br />

est ouvert aux BMX et<br />

VTT sur la piste indoor<br />

de WeRide, et ça va envoyer<br />

! Avec des runs en<br />

solo pour débuter et déterminer<br />

les 32 meilleurs<br />

temps, puis les<br />

knock-out heat finals,<br />

entre pros et amateurs,<br />

qui désigneront les<br />

grands gagnants (un<br />

homme et une femme)<br />

qui s’envoleront pour<br />

l’Autriche et les championnats<br />

du monde les 4<br />

et 5 septembre.<br />

Park indoor WeRide,<br />

Vaulx-en-Velin ;<br />

weride.fr, redbull.com<br />

THE RED BULLETIN 89


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

En selle !<br />

Que ce soit pour dévaler les sentiers forestiers, avaler<br />

du kilomètre ou se déplacer en ville, on vous présente<br />

ici une sélection maison du matos vélo pour aborder<br />

<strong>2020</strong> sur deux roues… et avec style !<br />

VÉLOS<br />

Le vélo qu’il<br />

vous faut ?<br />

Route, trail ou gravel : une<br />

offre pour chaque pratique.<br />

Texte JOE LINDSEY<br />

CANNONDALE CAAD 13 ULTEGRA<br />

Les séries CAAD de chez Cannondale<br />

proposent un excellent rapport performance/prix<br />

et le cadre aluminium<br />

de cette 13 e génération est un must<br />

de souplesse et de stabilité. En<br />

Shimano Ultegra, avec une fourche<br />

carbone et des roues Fulcrum, il peut<br />

jouer dans la cour des grands.<br />

Env. 2 099 € ; cannondale.com<br />

MARIN PINE MOUNTAIN 2<br />

Ce vélo au cadre en acier et à la<br />

transmission basse est fait pour les<br />

longues virées et le bikepacking. Vélo<br />

de trail par excellence avec son cintre<br />

Bedroll et ses nombreux points de<br />

fixation, il favorise les sessions en<br />

singletrack, grâce à sa fourche<br />

RockShox et sa tige de selle Dropper.<br />

Env. 2 099 € ; marinbikes.com<br />

EN MONTAGNE<br />

Hautement désirable<br />

Canyon Neuron CF SLX 9.0 LTD<br />

Qui a dit que les vélos de trail devaient être lourds ? Si le Neuron affiche un<br />

débattement avant de 130 mm et des pneus imposants de 29 x 2,35 pouces,<br />

le modèle CF SLX 9.0 LTD pèse moins de 12 kilos. Fourche suspendue de chez<br />

Fox Factory, amortisseurs à quatre fixations (le top du top en matière de solidité<br />

en VTT), dérailleur arrière et freins à disque Shimano XTR, roues en carbone<br />

de chez DT Swiss : autant de qualités qui en font le vélo de trail idéal pour les<br />

équipées lointaines. 5 999 € ; canyon.com<br />

SALSA WARBIRD GRX 600<br />

Le Warbird a évolué et débarque avec<br />

son cadre en carbone agrémenté de<br />

fixations multiples pour sacs, bouteilles<br />

et garde-boues. Incontournable<br />

: sa géométrie typiquement<br />

gravel, gage de confort et de stabilité.<br />

Doté de la mécanique Shimano<br />

GRX il est taillé pour l’aventure.<br />

Env. 2 900 € ; salsacycles.com<br />

90 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

SPECIALIZED<br />

STUMP JUMPER<br />

EVO COMP ALLOY 29<br />

Chez Specialized, la gamme<br />

EVO s’adresse aux fans de<br />

vitesse et de sentiers un peu<br />

techniques. Avec son cadre<br />

en alu M5, un cockpit tout en<br />

finesse, un boîtier plus bas<br />

et un angle de direction plus<br />

fermé, il reste stable même<br />

lancé à grande vitesse ou<br />

dans des virages serrés.<br />

Les amateurs de bosses ne<br />

seront pas en reste, grâce<br />

à son large pneu avant,<br />

sa fourche Fox typique des<br />

vélos de descente et son débattement<br />

avant de 150 mm.<br />

3 499 € ; specialized.com<br />

THE RED BULLETIN 91


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

EN VILLE<br />

L’effet<br />

électricité<br />

Aventon Level<br />

D’un coup moitié moindre que celui<br />

d’un e-bike de même catégorie, le<br />

Aventon Level vient agacer l’un des<br />

derniers arguments qui restaient aux<br />

adversaires du vélo électrique : le prix.<br />

Avec son moteur capable de monter<br />

jusqu’à 45 km/h, on peut enfin aller<br />

aussi vite en montée qu’en descente.<br />

Cerise(s) sur le gâteau pour ce vélo :<br />

ses freins hydrauliques, ses<br />

garde-boues haute protection, son<br />

porte- bagages et son design urbain<br />

assurément classe.<br />

Env. 1 455 € ; aventon.com<br />

92 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

MATOS<br />

Jamais en<br />

difficulté<br />

Un bon vélo, c’est bien mais<br />

n’oubliez pas l’essentiel !<br />

SACOCHE DAKINE<br />

HOT LAPS GRIPPER<br />

Cette sacoche a la taille parfaite pour<br />

y ranger les outils indispensables à<br />

toute balade en VTT : chambre à air,<br />

cartouche CO 2 et kits de réparation.<br />

Discrète et compacte, elle sait se faire<br />

oublier aux côtés d’autres incontournables,<br />

comme le kit d’hydratation.<br />

Env. 20 € ; dakine.com<br />

À L’AVENTURE<br />

Barrez-vous !<br />

Sacoche de selle Revelate Terrapin 14L<br />

Pour les trips de plusieurs jours, on a trouvé la sacoche de bikepacking ultime,<br />

capable de transporter en toute sécurité votre matériel, sans déséquilibrer<br />

votre monture : la Terrapin 14L se fixe aisément de part et d’autre de la selle<br />

et n’en bouge plus de tout le voyage. Robuste, elle contient un sac étanche<br />

amovible et compressible. Env. 140 € ; revelatedesigns.com<br />

KIT D’ÉCLAIRAGE BLACKBURN<br />

LUMINATE 360<br />

Un kit réunissant deux modèles de<br />

lampe Blackburn avec deux balises<br />

latérales de 85 lumen. Les lampes<br />

avant et arrière projettent 400 et<br />

65 lumen et sont réglables. Batteries<br />

rechargeables de six heures.<br />

Env. 100 € ; blackburndesign.com<br />

EN VILLE<br />

Compact<br />

Tern HSD S8i<br />

MINI-POMPE SILCA TATTICO<br />

Une petite pompe en métal suffisamment<br />

puissante pour regonfler tout<br />

type de pneu et assez compacte pour<br />

tenir dans n’importe quelle poche. Le<br />

nec plus ultra : une version Bluetooth<br />

qui indique la pression de gonflage,<br />

pour encore plus de précision.<br />

Env. 50 € ; silca.cc<br />

Voici l’un des rejetons les plus aboutis de la marque Tern, qui s’est fait une réputation<br />

dans le vélo pliable : ce longtail cargo de la ligne Haul Stuff Daily (HSD) dispose en effet<br />

d’une capacité de chargement impressionnante pour un vélo de cette taille, grâce à<br />

son long porte-bagages pouvant accueillir colis ou siège enfant. Équipé d’un moteur<br />

Bosch Active Line pour une vitesse jusqu’à 32 km/h, d’un guidon pliable et d’une<br />

fourche téléscopique, le HSD S8i se range facilement dans un coffre de voiture.<br />

Env. 3 699 € ; ternbicycles.com<br />

THE RED BULLETIN 93


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

À PORTER<br />

Un style<br />

pratique<br />

Votre monture est stylée,<br />

parée et équipée, et vous ?<br />

SUR LA ROUTE<br />

Trek cool...<br />

Trek Domane SL 5 Disc<br />

VESTE À CAPUCHE<br />

7MESH OUTFLOW<br />

Voici une veste à capuche qui aura<br />

toute sa place dans votre sacoche :<br />

chaude et respirante grâce à son<br />

système isolant Primaloft Gold<br />

Active, elle est aussi légère et très<br />

peu encombrante. Pratique !<br />

Env. 260 € ; 7mesh.com<br />

Un vélo qui donne envie de tracer toujours plus loin, en toute sérénité. Suspensions<br />

IsoSpeed avant et arrière, rangement interne, large dégagement des pneus<br />

(jusqu’à 32c pour affronter même les routes les plus difficiles) et freins hydrauliques<br />

hyper puissants : autant d’atouts qui en font un compagnon fiable et très<br />

confortable pour les longues sorties. Env. 2 699 € ; trekbikes.com<br />

POMPES<br />

À vos pieds<br />

Chaussures Pearl Izumi<br />

Pro Road v5<br />

SAC À DOS OSPREY METRON<br />

Robuste, avec une grande capacité<br />

de rangement, ce sac de 26 L peut<br />

diminuer grâce à un système de compression<br />

par sangle. En vrai sac de<br />

cyclisme, il dispose d’une suspension<br />

AirScape anti-transpiration dans le<br />

dos et se montre très compact.<br />

Env. 140 € ; ospreyeurope.com<br />

Pour la 5 e version de sa<br />

chaussure star, Pearl a misé sur<br />

la sobriété. La semelle en fibre de<br />

carbone a été entièrement repensée<br />

afin d’éliminer le superflu, avec au<br />

final un gain de poids de 22 % et une<br />

meilleure respirabilité. Le tissage<br />

rappelle celui des chaussures de<br />

foot et la rend particulièrement<br />

agréable à porter pendant l’effort.<br />

Deux bandes élastiques viennent<br />

parfaire le maintien du pied.<br />

Env. 365 € ; pearlizumi.com<br />

POCHETTE RAPHA ESSENTIALS<br />

Que faire de votre smartphone et de<br />

vos objets de valeur en virée ? Placezles<br />

dans cette pochette étanche à la<br />

pluie et la transpiration, avec une<br />

cloison souple pour les papiers et<br />

cartes de crédit, ainsi qu’une poche<br />

zippée pour les pièces de monnaie.<br />

Env. 30 € ; rapha.cc<br />

94 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

spécial vélo<br />

LIV ENVILIV ADVANCED<br />

PRO 2 DISC<br />

Avis aux mordues de<br />

vitesse : avec son cadre et sa<br />

fourche aérodynamiques, ce<br />

modèle de chez Liv est<br />

conçu pour les coureuses.<br />

Ajoutez à cela un cadre en<br />

fibre de carbone, des roues<br />

en carbone ajustables selon<br />

la force du vent et le terrain,<br />

des freins hydrauliques,<br />

et vous obtenez la parfaite<br />

monture pour fendre la<br />

bise en toute sécurité.<br />

Env. 3 799 € ; liv-cycling.com<br />

THE RED BULLETIN 95


Mentions légales<br />

LA RÉDACTION<br />

THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans six pays.<br />

Vous voyez ici la une<br />

de l’édition américaine,<br />

honorant Angyil, l’une<br />

des stars locales de la<br />

danse urbaine…<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />

part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />

photos, illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

Rédacteur en chef<br />

Alexander Macheck<br />

Rédacteurs en chef adjoints<br />

Andreas Rottenschlager, Nina Treml<br />

Directeur créatif<br />

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Directeurs artistiques<br />

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Miles English, Tara Thompson<br />

Directeur photos<br />

Eva Kerschbaum<br />

Directeurs photos adjoints<br />

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Responsable des infos et du texte<br />

Andreas Wollinger<br />

Responsable de la production<br />

Marion Lukas-Wildmann<br />

Managing Editor<br />

Ulrich Corazza<br />

Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />

Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />

Booking photos<br />

Susie Forman, Ellen Haas, Tahira Mirza<br />

Directeur du management<br />

Stefan Ebner<br />

Directeur des ventes médias et partenariats<br />

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Publishing Management<br />

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Schmied, Melissa Stutz, Mia Wienerberger<br />

Marketing B2B & Communication<br />

Katrin Sigl (Dir.), Agnes Hager, Alexandra Ita,<br />

Teresa Kronreif, Stefan Portenkirchner<br />

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Mathias Blaha, Raffael Fritz, Thomas<br />

Hammerschmied, Marlene Hinterleitner,<br />

Valentina Pierer, Mariella Reithoffer,<br />

Verena Schörkhuber, Sara Wonka,<br />

Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart<br />

Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha<br />

Bunch, Simone Fischer, Martina Maier, Florian Solly<br />

Emplacements publicitaires<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Production Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />

Sabine Wessig<br />

Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.),<br />

Claudia Heis, Nenad Isailovi c, ̀<br />

Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher<br />

Fabrication Veronika Felder<br />

MIT Michael Thaler, Christoph Kocsisek<br />

Opérations Alexander Peham, Yvonne Tremmel<br />

Assistante du Management général<br />

Patricia Höreth<br />

Abonnements et distribution Peter Schiffer<br />

(Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser<br />

(Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />

Siège de la rédaction<br />

Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />

Fax +43 (0)1 90221-28809<br />

Web redbulletin.com<br />

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traductions, révision<br />

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Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

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THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

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Révision<br />

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Billy Kirnbauer-Walek<br />

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Hans Fleißner (Dir.),<br />

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Billy Kirnbauer-Walek<br />

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Sales Management <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

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Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

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THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

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Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Éditeur en chef<br />

David Caplan<br />

Directrice de publication<br />

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Country Project Management<br />

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Todd Peters,<br />

todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych,<br />

dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster,<br />

tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


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TRBMAG


Pour finir en beauté.<br />

La reine des rapides<br />

La championne du monde de kayak extrême Nouria Newman (en photo),<br />

parcourt les rivières les plus sauvages au monde. Ainsi, l’année dernière,<br />

la Française s’est jointe à ses compagnons kayakistes Erik Boomer et<br />

Ben Stookesberry pour un voyage en Patagonie afin de s’attaquer<br />

aux trois voies d’eau les plus féroces de la région connues sous<br />

le nom de « triple couronne ». redbull.com<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

n° 99 disponible<br />

dès le 30 avril<br />

<strong>2020</strong><br />

ERIK BOOMER/RED BULL CONTENT POOL<br />

98 THE RED BULLETIN


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DÈS LE 8 AVRIL AU CINÉMA<br />

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