You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Toujours ! Il se montre particulièrement<br />
obsessionnel avec son équipement de<br />
compétition ».<br />
« Si mes affaires ne sont pas d’un blanc<br />
immaculé, je ne combats pas, ajoute-t-il.<br />
Mon équipement doit être nickel. J’ai au<br />
moins huit tenues. À côté de moi, Batman<br />
peut aller se rhabiller. »<br />
En 2012 sont apparus les tatouages.<br />
Des anneaux olympiques d’abord,<br />
puis d’autres sur les bras, un ange<br />
sur le dos, et Bruce Lee sur la jambe.<br />
Rien sur la gorge et le visage (« beaucoup<br />
trop agressif »). À chaque nouveau tournoi,<br />
c’est un rituel : un nouveau tatouage.<br />
« Je suis accro, concède-t-il. J’adore l’art.<br />
L’histoire. Souffrir. »<br />
Sa présence assidue dans le public de<br />
la New York Fashion Week lui a permis<br />
d’apparaître dans Vogue et d’être invité<br />
au Gala du Met. Depuis, il a arpenté les<br />
podiums pour Tommy Hilfiger et VFiles,<br />
et posé entre autres pour Rag & Bone,<br />
Todd Snyder et Coach. Ses divers sponsors,<br />
qui incluent Tiffany, Nike, les<br />
montres Bucherer et le champagne<br />
Mumm, reflètent parfaitement son<br />
attrait pour la mode. Son agent dans le<br />
mannequinat, Steven Bermudez chez<br />
IMG, met en avant « l’aura, la vision et<br />
la personnalité » de Miles, ainsi que son<br />
style très personnel. La mère de l’athlète<br />
explique que l’escrime l’a aidé à se<br />
démarquer. « Les gens veulent en savoir<br />
plus sur lui, car c’est un escrimeur, ce qui<br />
est assez inhabituel. »<br />
Il sait aussi se servir des réseaux<br />
sociaux. En témoignent tout un tas de<br />
vidéos YouTube consacrées à ses gestes<br />
inventifs et à sa passion pour son sport,<br />
ainsi que ses 146 000 followers sur Instagram.<br />
« Il a façonné sa carrière sur les<br />
réseaux sociaux de manière incroyable,<br />
et cela met indéniablement un coup de<br />
projecteur sur l’escrime », souligne Gerek<br />
Meinhardt.<br />
Le cercle amical de Miles Chamley-<br />
Watson inclut aussi bien des acteurs que<br />
des athlètes professionnels (parmi lesquels<br />
le champion de Formule 1 Lewis<br />
Hamilton, devenu un ami très proche).<br />
Avec plus de visibilité que n’importe quel<br />
autre escrimeur jusqu’à présent. Il n’y a<br />
que lui pour apparaître dans les tabloïds<br />
comme le possible nouveau crush de<br />
Rihanna (pour info, ils sont juste amis).<br />
Miles considère sa réussite en dehors<br />
de la piste d’escrime – une « saine distraction<br />
» qui lui apporte la sécurité financière<br />
dans un sport où les opportunités<br />
de gagner de l’argent sont quasi inexistantes<br />
– comme un excellent moyen de<br />
promouvoir l’escrime. Et toute hype mise<br />
à part, il se voit toujours comme le gamin<br />
qui ne rentrait pas dans les cases, à l’accent<br />
bizarre et qui pratiquait un drôle de<br />
sport. « Les enfants peuvent se retrouver<br />
en moi, car je parle au nom des enfants<br />
victimes de harcèlement. Je m’adresse<br />
aussi aux sportifs et aux enfants qui<br />
veulent devenir des modèles, quel que<br />
soit leur domaine de prédilection, ajoutet-il.<br />
Pas forcément aux enfants qui font<br />
de l’escrime. Juste aux enfants en général<br />
qui pratiquent des sports mineurs. »<br />
Tout est résumé dans la devise qu’il s’est<br />
créée (en plein milieu d’un vol vers la<br />
Chine pour les championnats du monde)<br />
afin de se motiver : « Crée un héritage,<br />
et non un moment. »<br />
Les Jeux de Tokyo tiennent à la fois<br />
de l’héritage qu’il construit et du grand<br />
moment, et pour l’heure, Miles fait partie<br />
des cinq escrimeurs en lice pour occuper<br />
l’une des quatre places de l’équipe nationale<br />
(le petit nouveau, Nick Itkin, champion<br />
du monde junior 2018, s’est<br />
immiscé et occupe la première place des<br />
qualifications à la fin de l’année 2019).<br />
Miles a eu quelques revers ces derniers<br />
temps, mais la qualification repose sur<br />
l’ensemble des meilleurs résultats des<br />
athlètes, et un seul tournoi peut totalement<br />
changer la donne. Il faudra donc<br />
attendre le dernier tournoi, à savoir les<br />
championnats nationaux qui se dérouleront<br />
au mois d’avril. Ce fut la même<br />
chose en 2012, l’année où Miles devait<br />
terminer dans les huit premiers pour<br />
rejoindre l’équipe olympique. À cette<br />
époque, il avait terminé cinquième.<br />
Nous sommes le lendemain de<br />
l’avant-première mondiale du dernier<br />
Star Wars quand Chamley-Watson arrive<br />
au <strong>Red</strong> Bull High Performance Center de<br />
Santa Monica, un peu avant 10 heures.<br />
Comme beaucoup, il est fan de Star Wars<br />
depuis son plus jeune âge. « Ils savent ce<br />
qu’ils font », concède-t-il à propos des<br />
combats de sabre laser pendant le film.<br />
Puis, avec ce charmant mélange d’enthousiasme<br />
juvénile et d’arrogance tranquille,<br />
il lâche : « Je veux être dans Star<br />
Wars. Ça serait trop cool ! Je serais<br />
incroyable », ajoute-t-il sans hésiter,<br />
comme si le recruter en tant que guerrier<br />
Jedi était une évidence.<br />
Improbable ? Devenir une star de<br />
cinéma ne semble pas moins étonnant<br />
aujourd’hui que l’idée de décrocher un<br />
titre de champion du monde, alors qu’il<br />
maniait un fleuret pour la première fois<br />
à la Dwight School et que les enfants lui<br />
demandaient, pour se moquer, de « jouer<br />
à l’épée ».<br />
Instagram : @fencer<br />
35