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The Red Bulletin Avril 2020 (FR)

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DANIEL CRAIG<br />

« Le but, c’est de<br />

faire un bon film »<br />

C’est la fin d’une époque : Mourir peut attendre signe<br />

la dernière apparition de Daniel Craig sous les traits<br />

de James Bond. En quatorze ans, il sera devenu l’un des<br />

007 les plus populaires. Comment a-t-il fait ?<br />

the red bulletin : Vous incarnez<br />

un commissaire excentrique dans<br />

À couteaux tirés. Cherchez-vous<br />

une alternative au personnage de<br />

James Bond ?<br />

daniel craig: Je ne pensais pas à<br />

ça. Le scénario était excellent ! Une<br />

comédie de surcroît ! C’est rare.<br />

Le scénario de Mourir peut<br />

attendre vous a-t-il déçu ?<br />

Au contraire. Il a été écrit par l’incroyable<br />

Phoebe Waller-Bridge, la<br />

créatrice de la série Fleabag. C’était<br />

un privilège qu’elle s’implique dans<br />

ce projet, car n’ayant pas d’expérience<br />

avec Bond, elle apportait<br />

quelque chose d’original. Et puis<br />

c’est un processus collaboratif, on<br />

se base sur les éléments des romans.<br />

Quelle a été votre contribution ?<br />

Si j’ai une idée à 3 heures du matin,<br />

je l’écris, j’en parle à l’équipe, je les<br />

harcèle presque. Nous tournons ici<br />

pendant plusieurs mois, j’ai besoin<br />

de savoir comment tout va se passer.<br />

Les réalisateurs et les scénaristes<br />

définissent le scénario. Tolèrent -<br />

ils votre engagement ?<br />

Peu m’importe, car c’est ma façon de<br />

travailler. Notre but à tous, c’est de<br />

faire un bon film. Plus le scénario est<br />

bon, plus nous, les acteurs, sommes<br />

détendus et à même d’improviser.<br />

Quelle est l’idée derrière le<br />

concept de Bond ?<br />

Avant d’interpréter un rôle, je<br />

l’analyse de près : qu’est-ce qui l’influence<br />

? Pourquoi se comporte-t-il<br />

ainsi ? Je lui confère une profondeur<br />

psychologique pour le rendre intéressant,<br />

avec ses conflits intérieurs.<br />

Ainsi, je rends le personnage crédible.<br />

C’est comme ça que j’ai appris<br />

mon métier.<br />

Les derniers James Bond lèvent<br />

le voile sur la vie personnelle de<br />

l’agent 007. Pourquoi ?<br />

Ça a commencé avec Skyfall. Il<br />

semblait logique de poursuivre dans<br />

cette veine. Bond vieillit. Ce n’est<br />

pas un pochoir, c’est un individu<br />

dont l’histoire se poursuit d’un film<br />

à l’autre. Sans étoffer sa biographie,<br />

nous l’avons utilisée pour déclencher<br />

certains rebondissements<br />

dans l’intrigue.<br />

N’y a-t-il pas un côté de déjà-vu<br />

avec tous les films d’agent secret<br />

au cinéma ?<br />

Ce serait hypocrite de prétendre le<br />

contraire. Mais vous savez, on essaie<br />

toujours de réinventer la roue dans le<br />

milieu du cinéma. L’objectif est d’offrir<br />

au public un divertissement en<br />

rapport avec le présent. On se laisse<br />

influencer par d’autres films, sans les<br />

copier. C’est ça la clé.<br />

Les films de Bond collent-ils à<br />

l’actualité ?<br />

Elle fait partie de la donne. Mais<br />

il ne s’agit pas non plus d’épouser<br />

servilement les souhaits des fans.<br />

Le personnage de Bond a quelque<br />

chose d’intemporel. Il n’y a que<br />

comme ça qu’une histoire classique<br />

peut être racontée. Un film aussi<br />

peut vieillir rapidement.<br />

Quand vous avez endossé le rôle,<br />

vous n’avez pas fait l’unanimité.<br />

Comment avez-vous réussi à vous<br />

imposer ?<br />

J’ai tout de suite expliqué à la productrice,<br />

Barbara Broccoli, que je<br />

comptais sur la solidarité de l’équipe<br />

de réalisation. J’avais besoin d’être<br />

en confiance sur le plateau afin de<br />

pouvoir faire comme si j’étais vraiment<br />

James Bond. Pour me sentir<br />

partie intégrante du film, je devais<br />

pouvoir donner mon avis sur le scénario,<br />

le tournage, tout ça. Et c’est<br />

comme cela que ça s’est passé.<br />

Verra-t-on encore des films de<br />

James Bond au cinéma dans<br />

cinquante ans ?<br />

Ce sera sans moi ! Le personnage<br />

perdure car jusqu’ici, il a été préservé<br />

: les producteurs ne l’ont pas<br />

vendu à Hollywood. Ils ont réussi à<br />

donner à chaque film une identité<br />

propre. Si l’aspect financier était la<br />

seule chose qui intéressait les studios,<br />

Bond ne serait plus Bond depuis<br />

longtemps. Rendre chaque nouvel<br />

opus meilleur que le précédent,<br />

voilà qui pourra le garder pérenne.<br />

À condition que le public aime ! Sinon,<br />

il n’y a rien que je puisse faire.<br />

Mourir peut attendre,<br />

le 8 avril au cinéma<br />

ERIK TANNER/CONTOUR RÜDIGER STURM<br />

16 THE RED BULLETIN

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