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Kansas City, par un après-midi glacial,<br />
dans l’enceinte de la Paseo Academy of<br />
Fine and Performing Arts. Derrière les<br />
doubles portes qui mènent à l’auditorium<br />
de l’établissement, Angyil McNeal,<br />
ancienne élève de sa promotion 2010 et<br />
à présent artiste de street dance de<br />
renommée mondiale, boucle la boucle.<br />
Aujourd’hui, son établissement est l’un<br />
des lieux choisis par <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
pour le shooting photo. Bouillonnante<br />
d’énergie, Angyil s’anime à chaque flash,<br />
comme un oiseau. Ses bras se tordent<br />
dans le dos comme des ailes, et en l’espace<br />
de quelques secondes, elle se<br />
contorsionne et se retrouve le sommet du<br />
crâne au sol, les yeux rivés sur l’objectif.<br />
Angyil McNeal a un charisme hallucinant.<br />
Elle maîtrise son corps à la perfection.<br />
« J’ai senti que ça n’allait pas »,<br />
annonce-t-elle après avoir terminé un<br />
saut en tournoyant sur elle-même. Sans<br />
voir le cliché, elle corrige son pas et finit à<br />
l’endroit exact du repère. Cette précision<br />
est le résultat des cours de danse classique<br />
qu’Angyil McNeal a commencés à l’âge de<br />
10 ans. Toutes ces années de discipline<br />
transparaissent au travers de l’élégance et<br />
de l’attitude qu’elle apporte à sa technique<br />
de hip-hop.<br />
« J’ai commencé par la danse classique,<br />
la danse moderne et le jazz, puis<br />
j’ai été sélectionnée pour participer au<br />
stage de danse Alvin Ailey, raconte-t-elle.<br />
À l’époque, il se passait beaucoup de<br />
choses autour de chez moi et je ne voulais<br />
pas m’en mêler. Pour rester en<br />
dehors des problèmes, je dansais. »<br />
Angela « Angyil » McNeal est née au<br />
printemps 1992 à Kansas City, dans le<br />
Missouri. Élevée par une mère célibataire,<br />
Angyil a huit frères et sœurs qui,<br />
selon elle, ont parfois tenu le rôle de<br />
« cinq mères et trois pères ». C’est vrai<br />
qu’ils ont tout fait pour protéger la petite<br />
Angyil dans les conditions de vie difficiles<br />
des quartiers chauds de Kansas City<br />
où ils vivaient. Bien que sa famille ait<br />
apporté à Angyil une structure et un avenir<br />
plus prometteur, elle se souvient clairement<br />
de la douleur dont elle a été<br />
témoin et qu’elle a ressentie autour d’elle<br />
dans son enfance. « Nous déménagions<br />
souvent, se rappelle-t-elle. Vivre dans<br />
une maison pendant moins d’un an était<br />
parfaitement normal. » Parmi les nombreux<br />
quartiers dans lesquels la famille<br />
McNeal a vécu, Troost et Prospect sont<br />
les endroits où Angyil est restée le plus<br />
longtemps. « Prospect était vraiment l’un<br />
des pires quartiers à l’époque, et j’ai vu<br />
beaucoup de violence. Il y avait des fusillades,<br />
des gens se faisaient renverser… »,<br />
révèle-t-elle, avec un sourire nerveux.<br />
Nous pénétrons le studio de danse de<br />
l’école pour le shooting. C’est ici que son<br />
amour pour la danse s’est mué en passion<br />
dévorante. Son entrée en ces lieux,<br />
la Paseo Academy, a permis à Angyil<br />
McNeal d’avancer malgré l’environnement<br />
violent de son adolescence dans<br />
un quartier gangréné par le trafic et la<br />
consommation de drogue.<br />
Pourtant, Angyil McNeal a récemment<br />
fait l’acquisition d’une maison à Prospect,<br />
ce quartier dont elle est issue. Nous nous<br />
y rendons après le shooting. C’est un bungalow<br />
modeste mais spacieux, situé tout<br />
en haut d’un bloc, pas loin de son lycée.<br />
En ce moment, Angyil McNeal danse avec<br />
<strong>Red</strong> Bull, le Cirque du Soleil et World of<br />
Dance. Ce n’est donc pas rare pour elle<br />
de visiter trois pays en une seule semaine.<br />
« Mon quartier<br />
était l’un des<br />
plus violents. »<br />
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