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The Red Bulletin Avril 2020 (FR)

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enregistre une lumière colorée si la cible<br />

est atteinte, et une lumière blanche dans<br />

le cas contraire.<br />

Miles Chamley-Watson décrit l’escrime<br />

comme « un sport intime et pur ».<br />

Il adore la vitesse (la pointe du fleuret,<br />

qui peut atteindre 160 km/h, est l’un<br />

des objets les plus rapides dans le sport)<br />

et le danger (le champion olympique<br />

Vladimir Smirnov a été tué en 1982 lorsqu’une<br />

lame a transpercé son masque et<br />

traversé son œil). Mais par-dessus tout,<br />

il aime le face-à-face avec l’adversaire.<br />

« Vous croisez littéralement le fer. Vous<br />

êtes devant votre adversaire, à armes<br />

égales. Qui sera le meilleur ? » Sa mère<br />

est convaincue qu’il aime avoir les projecteurs<br />

braqués sur lui. « Tout repose<br />

sur lui. Il n’y a personne d’autre à blâmer<br />

», explique-t-elle.<br />

Lorsque Miles Chamley-Watson dit :<br />

« Je mets mon masque d’escrime… et je<br />

deviens Superman », il serait aisé d’y voir<br />

S’AMUSER COMME UN<br />

CHAMPION D’ESCRIME<br />

Quand Miles arrive au <strong>Red</strong> Bull High Performance<br />

Center de Santa Monica, son entraîneur<br />

Tyler Jewell sait que l’escrimeur, réputé<br />

pour sa vivacité, risque de s’ennuyer à enchaîner<br />

les répétitions. Alors, il réserve un<br />

quart des sessions d’entraînement à des activités<br />

plus fun. Tyler Jewell a ainsi imaginé<br />

plusieurs jeux concurrentiels afin de remplacer<br />

les traditionnels exercices d’escrime. Voici<br />

cinq routines qui permettent à l’escrimeur<br />

de continuer à s’impliquer et rester réactif.<br />

1. UN AIR DE DODGEBALL<br />

Miles Chamley-Watson se tient entre deux<br />

lignes espacées de 2 mètres environ : il doit<br />

esquiver une balle de tennis tout en déchiffrant<br />

le petit symbole marqué dessus.<br />

2. DOUBLE VOLANT<br />

Dans cette variante déjantée du badminton,<br />

lorsqu’un joueur rate un volant, il doit courir<br />

le ramasser tandis que la personne en face<br />

sert immédiatement un autre volant.<br />

3. PRENDRE LA BALLE AU BOND<br />

Tyler Jewell envoie une balle de tennis à Miles<br />

Chamley-Watson et attend le dernier moment<br />

pour lui demander d’attraper la balle avec la<br />

main gauche, la droite ou les deux.<br />

4. AU PIED DE L’ARC-EN-CIEL<br />

Tyler Jewell jette plusieurs balles colorées<br />

au-dessus de Miles Chamley-Watson qui doit<br />

uniquement attraper la couleur demandée.<br />

5. . DING DONG<br />

Miles Chamley-Watson doit lancer une medecine-ball<br />

de 9 kilos à 3 mètres de hauteur afin<br />

de toucher une cloche accrochée au bout<br />

d’une corde. C’est aussi dur que ça en a l’air.<br />

la énième vantardise d’un athlète au<br />

sommet. Il ne serait d’ailleurs pas le<br />

premier à idolâtrer l’Homme d’acier :<br />

tout le monde sait que Shaquille O’Neal<br />

s’est fait tatouer le « S » de Superman.<br />

Mais il est difficile de ne pas y voir<br />

quelque chose de plus profond pour<br />

Miles Chamley- Watson. En vérité, se<br />

transformer en superhéros armé d’une<br />

épée lui permet d’échapper à ses troubles<br />

du comportement. Lorsque les Grayson<br />

ont émis l’idée que l’escrime aiderait le<br />

jeune Miles à se concentrer, ils ont visé<br />

juste. Une étude de 2012 a notamment<br />

montré que les sports comme l’escrime,<br />

qui nécessitent des adaptations et des<br />

déplacements constants, requièrent<br />

« une attention visuelle et une flexibilité<br />

considérables », ce qui peut être mis en<br />

corrélation avec des améliorations de<br />

l’attention, du traitement des informations<br />

et d’autres fonctions cognitives.<br />

Et il a toujours rejeté les traitements<br />

médicaux contre le TDAH. « L’escrime,<br />

c’est ma Ritaline », plaisante-t-il.<br />

L’avènement de Miles est survenu en<br />

même temps que l’avènement de l’escrime<br />

américaine, passée du statut de<br />

discipline obscure à celui de sport de<br />

niveau mondial au début du millénaire.<br />

En 2008, il remporte le championnat<br />

mondial junior par équipes, le tout premier<br />

pour les Américains, mais aussi<br />

participé à la première de ses douze compétitions<br />

seniors, championnats du<br />

monde et Jeux olympiques confondus.<br />

En 2010, il se hisse à la cinquième<br />

place aux championnats du monde. En<br />

2012, il fait une brève apparition au rang<br />

de n° 2 mondial avant de terminer sur<br />

une décevante 25 e place lors de ses premiers<br />

Jeux olympiques. L’année suivante,<br />

ses résultats sont colossaux : il remporte<br />

ses premiers championnats du monde<br />

en individuel pour les États-Unis et la<br />

première médaille par équipes du pays,<br />

une médaille d’argent. Aux Jeux olympiques<br />

de Rio de 2016, il termine 19 e ,<br />

tandis que l’équipe masculine américaine<br />

de fleuret repart avec sa toute première<br />

médaille en décrochant le bronze face<br />

à l’Italie. En 2019, son équipe décroche<br />

enfin le titre qui leur a longtemps<br />

échappé : celui de champion du monde.<br />

Il fait partie de la plus grande génération<br />

de fleurettistes américains. Depuis<br />

neuf ans, le quatuor infernal, composé de<br />

Miles Chamley-Watson, Gerek Meinhardt,<br />

Alexander Massialas et Race Imboden,<br />

représente les États-Unis au fleuret, ce qui<br />

constitue une longévité exceptionnelle.<br />

Les exploits individuels de chacun pourraient<br />

en faire des candidats tout à fait<br />

crédibles au titre de meilleur fleurettiste<br />

américain de tous les temps. Miles<br />

Chamley- Watson est le premier d’entre<br />

eux avec son titre mondial en individuel,<br />

alors qu’Alexander Massialas remportait<br />

une médaille d’argent à Rio et se classait<br />

n° 1 mondial. Gerek Meinhardt aussi a<br />

atteint le rang de n° 1 et fut le premier<br />

Américain à remporter une médaille aux<br />

championnats du monde (le bronze en<br />

2010), tandis que Race Imboden fut le<br />

premier à remporter un titre de la Coupe<br />

du monde qui récompense les résultats<br />

de toute une saison.<br />

Il faut le préciser, car c’est assez rare :<br />

les quatre hommes sont très proches,<br />

notamment en raison de la dizaine d’années<br />

passées ensemble à parcourir le<br />

monde. Miles Chamley-Watson est sans<br />

surprise le premier à se faire remarquer.<br />

« Vous pouvez faire confiance à Miles<br />

pour mettre l’ambiance dans un dîner<br />

d’équipe ou une réunion et vous faire<br />

rire, même si vous n’étiez pas parti pour »,<br />

s’amuse Gerek Meinhardt. L’étrange tandem<br />

formé par Miles Chamley- Watson et<br />

Gerek Meinhardt, qui partagent la même<br />

chambre lors des tournois depuis leur<br />

adolescence, est le plus solide. Pourtant,<br />

au contraire de Miles Chamley-Watson,<br />

Gerek Meinhardt est toujours d’humeur<br />

égale, calme, studieux et rigoureux.<br />

« Nous étions amis quand nous étions<br />

enfants, et nous avons grandi ensemble,<br />

ajoute Miles. Si vos amis ne sont pas là<br />

pour vous pousser, vous motiver à vous<br />

surpasser, alors changez d’amis. »<br />

Àl’université de Pennsylvanie, il avait<br />

la réputation de s’habiller à la mode<br />

pour trois francs six sous en mixant<br />

par exemple un sweat à capuche bon<br />

marché avec un jean qu’il avait savamment<br />

déchiré. Aujourd’hui, de grandes<br />

maisons comme Gucci et Prada sont ravis<br />

de le voir porter leurs créations. « J’adore<br />

les vêtements, confie-t-il. Vous enfilez un<br />

costume et vous pouvez faire ce que vous<br />

voulez. » Sa mère raconte aussi qu’il a<br />

toujours été « maniaque avec ses affaires.<br />

CE QU’IL AIME, C’EST LE FACE-À-FACE<br />

AVEC L’ADVERSAIRE : « CROISER LE FER. »<br />

32 THE RED BULLETIN

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