Special Covid-19
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femmes demandaient à leurs homologues dans
l’armée de leur apprendre à conduire ou à parler
anglais... Mais je suis convaincue que nous pouvons
tous être des modèles en influençant simplement
une personne. Que vous soyez d’accord ou
pas, les femmes peuvent être des modèles. En brisant
simplement le plafond de verre, en brisant le
plancher de verre, en allant de l’avant, les femmes
sont déjà des modèles.
Trouvez-vous que, bien que les femmes aient leur
place légitime dans les forces armées, plus vous
montez dans la hiérarchie, plus les écarts sont
prononcés ? Si le principe de l’accès à l’emploi doit
être le même pour les femmes que pour les hommes
– donc basé sur les compétences et capacités
physiques, psychologiques et intellectuelles à
exercer la profession militaire et non sur une
considération de genre, il apparaît que les femmes
ont souvent des parcours professionnels différents
et sont moins nombreuses à atteindre les plus
hauts grades et postes de direction.
Oui, force est de constater que les femmes accèdent
plus difficilement à des postes de pouvoir.
De plus, on attend énormément des femmes qui
occupent des postes de direction, tant dans le
monde civil que militaire. L’échec est interdit aux
femmes. Elles ne sont pas autorisées à briser ce
que j’appelle le plancher de verre. Les femmes qui
échouent ne peuvent jamais s’en remettre alors
que les hommes qui échouent, si. Parce que cela
semble faire partie du jeu, de la vie , de l’ordre établi.
Toute mauvaise décision prise ou erreur commise
par une femme qui se trouve sous le feu des
projecteurs peut ruiner sa carrière définitivement.
C’est encore le cas aujourd’hui. Dans certaines industries,
on n’accepte pas encore pleinement que
des femmes occupent ces postes de direction, ce qui
augmente encore un petit peu la pression pour ces
femmes. Ici à l’OTAN, nous avons eu des femmes
comme premiers commandants. En plus d’être incroyablement
courageuses, ces femmes ont réellement
percé une nouvelle voie. Les projecteurs
sont braqués sur elles 24/24h. Je crois intimement
aux 33%, le chiffre de masse critique par lequel si
vous devez avoir 33% de quelque chose pour qu’il
devienne habituel. Si l’on considère qu’il faut avoir
33% de femmes pour que cela devienne la norme,
la première femme prend d’énormes risques, la
seconde en prend moins, et lorsque vous atteignez
ces 33%, leur présence est (presque) considérée
comme acceptable. Et c’est ce à quoi nous devons
parvenir ou aspirer. C’est la même chose pour
l’accès à l’emploi. Les femmes doivent décider ce
qu’elles veulent faire. Si je ne veux pas être dans
les forces spéciales parce que ce n’est pas mon
truc ou si je n’ai pas envie d’entrer dans l’armée,
c’est mon choix. Et personne n’a le droit de dire
aux femmes quelle profession elles doivent choisir.
C’est la même chose pour la police, les pompiers,
etc. Le choix d’une profession doit être basé sur
les compétences. Si vous échouez, vous échouez.
De même, je ne pense pas qu’il faille vous garder
simplement parce que vous êtes une femme ou un
homme, si vous n’êtes pas capable de faire le travail,
vous ne devriez pas être là. Mais je crois qu’il
faut abattre les obstacles structurels pour que les
femmes puissent entrer dans l’armée si elles le
souhaitent. Trop souvent, les femmes n’ont pas le
même accès à la formation… Alors qu’elles sont
prêtes à être déployées, parfois ne sont pas choisies
pour l’être en tant qu’officiers d’état-major.
Comment faire face à ces obstacles qui empêchent
les femmes d’arriver là où elles veulent ? C’est
une ruse pour retenir les femmes qui consiste à
leur dire « oui, nous allons tout ouvrir, nous allons
ouvrir le travail dans le cyber, mais vous n’aurez
pas de promotion et on ne vous donnera pas
toutes vos chances ». Nous sommes confrontés
à ces problèmes tous les jours…. Souvent, on les
déploie parce qu’elles peuvent parler aux femmes
ou alors, parce qu’elles sont très douées pour recueillir
des informations. Les compétences des
femmes se retrouvent dès lors marginalisées au
sein d’un service. Ces femmes ne sont pas rentrées
dans l’armée pour ça. Elles veulent aussi
pouvoir avoir la capacité de monter en grade dans
les submersibles. J’ai longuement discuté avec
un homme qui ne voulait pas de femmes dans les
sous-marins pour la simple raison qu’il y avait des
hommes et qu’ils seraient donc forcés à vivre en
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M.I.F.A. - Covid-19 - 2020