Special Covid-19
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à tous ceux qui veulent rejoindre l’armée, et une
fois encore, tout le monde doit avoir la possibilité
de s’élever. Les droits des LGBT, la diversité des
sexes, des races et des religions contribuent tous
à une meilleure intégration de la main-d’œuvre,
du pays ou de l’environnement. C’est pourquoi les
femmes doivent être plus nombreuses.
J’ai travaillé pendant 17 ans dans le maintien de
la paix. Partout où je vais, je pose aux femmes la
même question : « vous sentez-vous plus en sécurité
si une femme est présente » et la plupart
du temps elles répondent non. Si vous creusez un
peu, elles diront : « Je ne pense pas qu’une femme
puissent être assez forte pour me protéger » ou
dans certains cas - comme au Sud Soudan - elles
disent : « Je n’aime pas les uniformes, parce qu’ils
me font peur. Ce sont les uniformes qui ont créé
la violence et je ne veux pas d’uniformes autour
de moi ». Il faut donc replacer tout cela dans son
contexte, et c’est là que j’ai le sentiment que les
Nations unies ont parfois emprunté une voie qui
ne me semble pas la bonne. Vous ne pouvez pas
mettre une femme – disons une femme comme
moi qui a des cheveux roux feu et qui parle très
clairement avec un accent anglais – dans un environnement
congolais et vous attendez des
femmes locales qu’elles me fassent confiance.
Parce que ça ne marche pas comme ça. En tant
que femmes, nous ne nous faisons pas instinctivement
confiance. D’ailleurs, les femmes ne votent
pas pour d’autres femmes…
Les femmes ne soutiennent pas les autres femmes.
Il n’y a pas un esprit de sororité ou de camaraderie
qui leur permette de se protéger mutuellement.
L’idée que nous allons mettre une femme en place
afin que tout le monde la soutienne et l’aime pour
apporter la paix au monde est complètement utopiste.
Cependant, les femmes font de meilleurs tireurs
d’élite, parce qu’elles ont une meilleure coordination
œil-main, leur pouls est moins fort. C’est
un fait. Il faudrait accepter que les hommes soient
meilleurs dans certains domaines et que les
femmes aient leurs spécialités. Mais déployer des
femmes et en supposant que toutes les femmes
sont pacifiques... 30% des combattants sont des
femmes. La montée des femmes terroristes croît
de manière exponentielle, mais nous préférons
continuer de dire que toutes les femmes sont pacifiques
et s’entraident…
Ce discours m’irrite profondément. Je pense que
les femmes devraient être respectées en tant que
militaires, en tant que soldats capables de faire
leur travail au même titre que leurs homologues
masculins, et que si elles veulent être déployées
(où que ce soit), elles devraient pouvoir le faire. Et
que si elles servent bien, elles devraient être dans
les forces armées, et si elles ne le font pas, elles
ne devraient pas, comme n’importe quel homme.
C’est la ligne à suivre. Dire qu’elles peuvent aider
les autres parce qu’elles sont gentilles n’aide
en rien leur carrière. N’oublions pas qu’elles se
sont engagées dans l’armée pour être officier ou
soldat, pas pour être infirmière. Donc, avec tout
le respect que je dois à Ban Ki-moon, je ne suis
pas d’accord et je pense que nous devons mieux
contextualiser et faire plus de recherche sur ce
sujet. C’est bien sûr mon opinion personnelle en
tant que personne ayant été déployée et venant
d’un milieu féministe. Je pense qu’il est important
de souligner que toutes les femmes ne pensent
pas de la même manière. Toutes les femmes ne
veulent pas la même chose, et il faudrait arrêter
de penser qu’une femme va s’asseoir à la table
des négociations pour parler au nom de toutes ses
consœurs.
Y a-t-il un écart entre le droit à l’égalité et la
vulnérabilité des femmes, comme le prévoit
l’article 119, deuxième paragraphe, de la
Convention IV de Genève de 1949 en matière de
sanctions disciplinaires : « Il sera tenu compte de
l’âge, du sexe et de l’état de santé de l’interné » et
l’article 76, paragraphe 1, du Protocole additionnel
I de 1977 prévoit « l’objet d’un respect particulier
et seront protégées » ?
Malheureusement, le langage de la fin des années
quarante n’a pas été revu... Je ne pense pas
que les femmes soient vulnérables. Je crois que
les femmes peuvent être en danger mais qu’elles
ne sont pas vulnérables par défaut. Certaines
femmes peuvent être aussi dangereuses que les
hommes, voire plus. Mettre les droits des femmes
en rapport avec la vulnérabilité et le respect s’oppose
au mandat de l’égalité des sexes. Des mots
comme « valeurs » et « morale » ne font pas référence
aux hommes. À l’OTAN, nous avons un système
de valeurs qui concerne tout le monde : si
vous voulez être un être humain et si vous voulez
aider les gens et faire du bon travail. Pourtant, ce
langage est toujours attaché aux femmes. Nous
ne devons pas seulement respecter les femmes,
nous devons respecter tout le monde. Nous devrions
peut-être avoir un peu plus de gentillesse
dans le monde, mais cela ne devrait pas être lié
aux femmes. La plupart des choses écrites dans
les années 40 et 50 reflètent un langage qui nous
pose encore quelques problèmes. Alors oui, respectez
les femmes, mais le respect ne signifie pas
de prendre des décisions à leur place pour les protéger.
Dans certains pays du monde ou certaines
organisations, on dira « nous ne mettrons pas -
par exemple - les femmes en service de nuit ou
ne les laisserons pas monter la garde la nuit pour
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M.I.F.A. - Covid-19 - 2020