Interviewdu moisDR FADWAQachach22 I Santé+ Magazine
PARLEZ-NOUS DE VOUS ETDE VOTRE PARCOURSDr Fadwa Qachach, Oncologue-Radiothérapeute. J’ai effectuéma formation entre le CHU deCasablanca et l’institut Jules Bordetà Bruxelles.OÙ EST-CE QUE VOUS EXERCEZ ?J’ai choisi d’ouvrir le premiercabinet spécialisé en Oncologie àMohammedia. Je prends en chargemes patients et je les accompagneà Casablanca au cours de leursséances de chimiothérapie etde radiothérapie, en attendantl’ouverture d’une clinique spécialiséeà Mohammedia.AU MAROC, LES FEMMES SONTDE PLUS EN PLUS TOUCHÉES PARLE CANCER DU SEIN, QUELLES ENSONT LES CAUSES SELON VOUS ?L’augmentation de l’incidencedu cancer du sein est unphénomène mondial ; Ceci esten partie secondaire à l’évolutiondes pratiques de dépistage.L’instauration de ces programmess’accompagne souvent d’uneaugmentation des chiffres au coursdes premières années suivie d’unestagnation.D’autres facteurs peuvent êtreresponsables de cette recrudescencenotamment le changement demode vie devenu plus sédentaireavec une hausse du taux d’obésitéet le changement des habitudesalimentaires des marocains.PEUT-ON PRÉVENIR LE CANCERDU SEIN ?La prévention est possible en luttantcontre les facteurs de risque surlesquels on peut agir. L’exercicephysique, une alimentation saine, laréduction de consommation d’alcoolet de tabac peuvent réduire sasurvenue à long terme.On peut également agir sur lesfacteurs hormonaux exogènes,tels que la prise prolongée detraitement hormonal substitutifaprès la ménopause, des traitementshormonaux visant à augmenter lafécondité, ou de contraceptionhormonale.TOUTESUNIES PARUNE MÊMECOULEUR !L’effet protecteur de l’allaitement aété démontré dans certaines études,surtout lorsque sa durée dépasse lessix mois.QUELS SONT LES SYMPTÔMESPOTENTIELLEMENTANNONCIATEURS D’UN CANCERDU SEIN ?Dans les stades précoces, lecancer est souvent silencieux. Lessymptômes apparaissent lorsque latumeur devient assez grosse pourêtre palpée ou lorsqu’elle envahitles tissus voisins. Habituellement,la femme sentira une masse fermeet dure au niveau du sein ou del’aisselle, celle-ci est rarementdouloureuse et ne change pas aucours du cycle.On peut également remarquerun changement de l’aspect oude la taille du sein, la peau peutdevenir rouge ou avoir l’aspect ditde peau d’orange. Il peut y avoirun écoulement mamelonnairetransparent ou teinté de sang voiremême la rétraction du mamelon.Dans certains cas avancés oumétastatiques, les manifestationsvont correspondre à l’organeconcerné. En cas d’atteinte osseuse,des douleurs peuvent être ressentiesau niveau des os, avec la survenued’éventuelles fractures spontanées.Une jaunisse peut apparaitre sile foie est atteint ou même unessoufflement si c’est le poumonqui l’est.POURQUOI EST-IL IMPORTANTDE SE FAIRE DÉPISTER ?Le dépistage est avant tout unmoyen de rassurer la femmesur l’absence d’anomalie dansson sein. Un diagnostic précoceaugmente l’efficacité du traitementet le rend moins lourd pour lapatiente. Celle-ci pourra dansla majorité des cas sauver sonsein, ce qui l’affectera beaucoupmoins autant physiquementque psychologiquement. Ledépistage permet enfin de réduireconsidérablement les soins médicauxlongs et coûteux .ON ENTEND SOUVENT QUELE RISQUE DE DÉVELOPPER UNCANCER DU SEIN AUGMENTEAVEC L’ÂGE, EST-CE VRAI ? ET ÀPARTIR DE QUEL ÂGE LES FEMMESDOIVENT ELLES PENSER À LAPRÉVENTION ?Il est certain que le risque dedévelopper un cancer du seinaugmente avec l’âge. Dans lamajorité des cas, ce cancer survientautour de 50-60 ans. Cependant,cette maladie peut affecter lesfemmes à des âges très différents.Ceci explique l’intérêt du dépistagepar mammographie, chaque deuxans, chez toute femme âgée de 50à 75 ans.La prévention devrait, par ailleurs,commencer dès le plus jeune âgepar les moyens cités précédemmentet par l’auto-palpation mensuelle dusein à partir de 25 ans.PEUT-ON ÉVITER LE TRAITEMENTPAR CHIMIOTHÉRAPIE EN CASD’UN DÉPISTAGE PRÉCOCE ?La chimiothérapie peut être évitéepour les petites tumeurs, si lesganglions ne sont pas touchés.Le traitement consistera en unechirurgie conservatrice du seinsuivie d’une radiothérapie et d’unehormonothérapie si la tumeur estdotée de récepteurs hormonaux.Depuis quelques années, desanalyses génétiques de la tumeursont également utilisées danscertaines situations, pour déterminersi la patiente est à bas ou haut risquede récidive et donc à orienter lechoix du traitement adéquat.www.santeplus.ma I 23