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Essentiel Prépas N°56 - Janvier 2022

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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JANVIER <strong>2022</strong> | N° 56<br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

PORTRAIT<br />

Loïck Roche (Grenoble EM)<br />

DÉBAT<br />

Quelle place pour la recherche<br />

dans les Grandes écoles ?<br />

ACTUALITÉ<br />

Les « essentiels » du mois<br />

Choix des spécialités du bac :<br />

où en est-on ?


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

UNE RENTRÉE SOUS OMICRON<br />

Juste avant les fêtes l’Université d’Aix-Marseille annonçait le retour des<br />

cours à distance pour début <strong>2022</strong>. Éric Berton, le président d’une université qui<br />

regroupe 80 000 étudiants sur ses différents sites, justifiait ainsi la mesure : « C’est<br />

de la prévention. On anticipe une évolution défavorable de la 5e vague après les fêtes<br />

de Noël. Il s’agit aussi de préserver les examens sur sites, programmés à partir de<br />

mi-janvier ». Les cours sont donc délivrés à distance du 3 au 15 janvier <strong>2022</strong>. La mesure<br />

concerne tous les cursus sauf les étudiants en santé. Les travaux pratiques et<br />

les examens sont maintenus en présentiel.<br />

L’épineuse question des examens. Dans ce contexte la question de l’organisation<br />

des examens universitaires de la session de janvier <strong>2022</strong> est particulièrement tendue<br />

A l’université, la crainte d’une contamination massive pendant les examens titre<br />

ainsi Le Monde. Pour l’instant le ministère de l’Enseignement supérieur semble préférer<br />

faire le dos rond. « La décision a été prise de maintenir les examens en présentiel,<br />

ce qui est en réalité la demande majoritaire des étudiants », insistait ainsi Frédérique<br />

Vidal le 29 décembre sur franceinfo. Majoritaire mais pas unanime : saisi par un étudiant<br />

du centre de préparation au concours de la haute fonction publique de Paris-I<br />

Panthéon-Sorbonne, le Conseil d’Etat a jugé, le 2 janvier, que les étudiants peuvent<br />

passer leurs examens en présentiel, car « ils appartiennent à une classe d’âge dont le<br />

taux de vaccination est supérieur à 90 % et qu’ils pourront composer dans des conditions<br />

permettant le respect des règles de distanciation ».<br />

Pour l’instant les ministères de l’Éducation comme de l’Enseignement supérieur<br />

semblent préférer faire le dos rond. Il est vrai que les élèves comme<br />

leurs professeurs sont particulièrement bien vaccinés et, qu’en possession d’un<br />

schéma vaccinal complet, les probabilités de développer des formes graves du Covid<br />

semblent faibles avec Omicron. Pour autant ce sont chaque jour des centaines de milliers<br />

de Français qui sont contaminés ou sont cas contacts. Si l’assouplissement des<br />

règles de confinement permet de garder plus de classes ouvertes – et donc de sauvegarder<br />

l’économie dès lors que ce sont des enfants pas encore en âge de se garder<br />

seuls qui sont concernés – elle n’en porte pas moins le risque de laisser encore plus<br />

le virus se disséminer. Sans dire, comme au Royaume-Uni, « vivons avec le virus »,<br />

la France fait bien le choix d’une stratégie de cohabitation avec un Omicron certes<br />

apparemment moins dangereux mais néanmoins capable de désorganiser toute l’économie,<br />

sinon de mettre à bas l’organisation des hôpitaux.<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • TBS Education reprend son développement<br />

5 • EM Strasbourg présente son plan<br />

stratégique <strong>2022</strong>-27<br />

6 • Polémique sur la venue d’Eric Zemmour<br />

à ESCP<br />

8 • Les entreprises plébiscitent les étudiants<br />

français !<br />

9 • Un nouveau campus à Tours pour Excelia<br />

DOSSIER<br />

10 • Choix des spécialités du bac :<br />

où en est-on ?<br />

PORTRAIT<br />

13 • Loïck Roche : la révélation<br />

de l’enseignement<br />

DÉBAT<br />

17 • Quelle place pour la recherche<br />

dans les Grandes écoles ?<br />

Dans ce contexte le respect des gestes barrière paraît toujours aussi<br />

essentiel. La main sur le cœur, responsables universitaires et de Grandes écoles<br />

garantissent leur respect. Certes à l’entrée des campus les masques sont portés mais<br />

que dire de pauses café, évidemment démasquées, qui n’en finissent pas ? Comment<br />

ne pas évoquer ces masques qui ne recouvrent pas le nez ? Mais comment ne pas<br />

comprendre la lassitude d’une population, qui a<br />

joué massivement le jeu de la vaccination alors<br />

même qu’elle se savait moins en danger, une<br />

population qui a douloureusement vécu des<br />

confinements, face à un virus qui n’en finit pas<br />

de muter pour mieux nous atteindre ?<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Inseec Grande école<br />

2


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

TBS Education reprend<br />

son développement<br />

NOMINATIONS<br />

«<br />

Après un petit trou d’air dû à la pandémie, TBS<br />

reprend son ambitieuse stratégie immobilière.<br />

Développement de l’apprentissage, passage<br />

au statut de « société à mission », la directrice<br />

générale de TBS Education, Stéphanie Lavigne, a<br />

également fait le point sur les autres axes de développements<br />

de son école cette semaine. C’est tout<br />

particulièrement d’un programme Grande école, qui<br />

représente près de la moitié des quelques étudiants<br />

de TBS Education, qui retient aujourd’hui son attention.<br />

130 millions d’euros d’investissements immobiliers.<br />

La stratégie immobilière est au cœur du développement<br />

de TBS Education. Ce ne sont en effet pas moins de<br />

130 millions d’euros que TBS Education va investir<br />

dans les cinq ans à venir pour renouveler l’ensemble<br />

de son parc immobilier. Le nouveau vaisseau amiral de<br />

Toulouse devrait ainsi ouvrir ses portes en 2026 – le<br />

Covid puis des élections municipales reportées lui ont<br />

fait prendre deux ans de retard – alors que son permis<br />

de construire devrait être accordé en janvier <strong>2022</strong>. A<br />

Paris de nouveaux locaux devraient être quant à eux<br />

inaugurés dès 2024 sans qu’une implantation précise<br />

Le principal bâtiment TBS Education à Toulouse<br />

TBS Education<br />

ait encore été révélée. Dès juin <strong>2022</strong> l’école s’installera<br />

à Barcelone dans de nouveaux locaux au sein du tout<br />

nouveau quartier @22Barcelona. Tout proche de la mer,<br />

l’ex-quartier industriel de Poblenou accueille start up<br />

et écoles. Enfin un nouveau campus sera également<br />

ouvert à Casablanca.<br />

Société à mission. Faisant de TBS Education une<br />

« société à mission », ses nouveaux statuts vont être<br />

adoptés début <strong>2022</strong>. Sa « raison d’être » sera : « Grâce<br />

à une recherche à impact sociétal TBS Education forme<br />

une diversité d’acteurs ouverts et éclairés, qui pourront<br />

contribuer au sein de leurs organisations à l’évolution<br />

d’une économie responsable et soutenable ». « Ce<br />

passage au nouveau statut est un accélérateur de la<br />

transformation de l’école pour aligner sa stratégie »,<br />

établit Stéphanie Lavigne, qui a beaucoup travaillé pour<br />

la définir avec l’écologiste tout juste décédé Pierre<br />

Rahbi. « Tout acte a de l’impact et on peut déployer des<br />

dynamiques », insiste-t-elle en présentant l’engagement<br />

de l’école Together Building Sustainability.<br />

Ouverture sociale. L’ouverture sociale est au cœur du<br />

projet de Stéphanie Lavigne qui a initié cette année une<br />

réforme des frais de scolarité pour favoriser les élèves<br />

dont les revenus sont les plus bas. Un investissement<br />

de 500 000€ cette année partiellement financé par la<br />

fondation de l’école. De plus les boursiers de niveau 4<br />

à 7 sont particulièrement aidés : « Notre soutien ne doit<br />

pas dépasser la moitié des frais de scolarité pour que<br />

les étudiants s’engagent également ». Une ouverture<br />

sociale qui sera encore favorisée par le développement<br />

de l’alternance qui concerne aujourd’hui 48 % des<br />

étudiants. « Nous établir dans de nouveaux locaux<br />

à Paris va encore favoriser son développement en<br />

permettant aux étudiants travaillant dans des entreprises<br />

d’Île-de-France d’aller facilement en cours »,<br />

insiste la directrice.<br />

Trois grands axes de recherche. « Les 120 professeurs<br />

permanents de l’école produisent une recherche<br />

de plus en plus qualitative : 70 % de leurs articles sont<br />

publiés dans des revues de niveau 1 et 2 contre 30 % il y<br />

a six ans », se réjouit la directrice du PGE et des MSc de<br />

l’école, Anne Rivière. Les trois centres d’excellence de<br />

l’école sont, tout naturellement à Toulouse, Aeronautics<br />

& Space, mais aussi Artificial Intelligence & Business<br />

Analytics et enfin CSR Sustenable Development.<br />

4<br />

Frédéric Bretécher,<br />

professeur de culture générale<br />

en classe préparatoire<br />

à Nantes, membre du<br />

conseil d’administration<br />

de l’Association des<br />

Professeurs des classes<br />

préparatoires économiques<br />

et commerciales, rejoint<br />

la faculté d’Audencia pour<br />

« renforcer les actions auprès<br />

des classes préparatoires ».<br />

Il développera, à temps<br />

partiel, les actions de<br />

l’école à destination des<br />

étudiants préparationnaires,<br />

et contribuera au design<br />

des enseignements de<br />

culture générale au sein<br />

des programmes de<br />

l’école. Frédéric Bretécher<br />

est professeur agrégé de<br />

Lettres Classiques. Après<br />

des études en CPGE, à<br />

l’Université de Nantes et de<br />

Paris 7, il enseigne le grec<br />

ancien et le français au Lycée<br />

Externat des Enfants Nantais<br />

puis le Français-Philosophie<br />

en CPGE BCPST-Véto et la<br />

Culture Générale en ECS.<br />

Romain Vismara, étudiant<br />

en Master Grande Ecole<br />

(MGE) à BSB, vient d’être élu<br />

président du Bureau National<br />

des Etudiants en école de<br />

Management (BNEM). Il<br />

succède à Etienne Loos,<br />

étudiant à Skema, qui fut le<br />

premier président de cette<br />

association fondée en 2020<br />

et qui rassemble 25 grandes<br />

écoles de management de<br />

la CGE. Romain Vismara<br />

est aujourd’hui en contrat<br />

d’alternance chez Le Groupe<br />

La Poste où il est responsable<br />

de projet à la direction de la<br />

Transformation et Stratégie.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

EM Strasbourg présente son<br />

plan stratégique <strong>2022</strong>-27<br />

Cap sur l’Europe, des parcours plus individualisés pour ses étudiants,<br />

de nouveaux axes de recherche, le directeur général de l’EM Strasbourg,<br />

Herbert Castéran, a présenté fin 2021 son plan stratégique <strong>2022</strong>-27.<br />

Toujours plus européenne. C’est au cœur de son<br />

plan stratégique <strong>2022</strong>-27 : l’EM Strasbourg souhaite<br />

consolider son statut d’école de management référente<br />

en Europe. À la rentrée <strong>2022</strong>, elle ouvrira ainsi son<br />

premier campus européen à Kehl (Allemagne), ville<br />

limitrophe de Strasbourg. Une extension qui s’inscrit<br />

dans le projet de création du Cross- Border Management<br />

Institute (COMMIT) abritant l’offre de formations<br />

à caractère transfrontalier de l’école. La mise en place<br />

de nouvelles formations européennes constitue l’un des<br />

axes stratégiques. En 2021, un triple diplôme bachelor<br />

européen a ainsi été créé. Ce parcours permet à des<br />

étudiants bachelor de bénéficier d’un cursus de trois<br />

ans dans trois établissements européens de renom :<br />

l’EM Strasbourg, HEC Liège et l’Université de Hohenheim.<br />

Synergies avec l’université. Pour « affirmer sa<br />

singularité », l’EM Strasbourg entend d’abord d’exploiter<br />

davantage les synergies avec l’Université en proposant<br />

des parcours de formation à la carte et des partenariats<br />

avec d’autres composantes pour accroître l’offre de<br />

parcours double compétences. L’école entend également<br />

« mobiliser chaque acteur de l’EM Strasbourg pour<br />

devenir un établissement à impact social et environnemental<br />

positif ».<br />

Individualiser les parcours. À travers des entretiens<br />

individuels, des jeux en équipe pour développer les softs<br />

skills, des conseils professionnels l’école va proposer<br />

un parcours sur-mesure aux élèves leur permettant de<br />

s’épanouir. Une politique de digitalisation sera également<br />

impulsée pour innover pédagogiquement et accroître<br />

l’expérience des étudiants.<br />

pourront bénéficier de ce parcours et ainsi faire leur<br />

PGE avec un contrat d’apprentissage de 2 ans. Les<br />

étudiants auront donc le choix entre deux parcours à<br />

la carte : soit avec une année obligatoire à l’étranger,<br />

soit un autre davantage centré sur l’apprentissage.<br />

De nouveaux axes de recherche. Comment décrypter<br />

les processus de prise de décision dans un<br />

contexte d’incertitude ? Comment faire évoluer les<br />

organisations vers un management responsable et<br />

durable ? Comment assurer la réussite de la transformation<br />

digitale des organisations ? D’ici à 2027, l’EM<br />

Strasbourg souhaite encore renforcer son expertise<br />

distinctive dans le domaine de la prise de décision dans<br />

un environnement complexe, et développer de nouveaux<br />

projets de recherche transdisciplinaire.<br />

Défendre les classes préparatoires. Alors que la<br />

fermeture de classes préparatoires économiques et<br />

commerciales générales (ECG) se précise, l’EM Strasbourg<br />

a décidé de prendre la parole pour défendre<br />

ce modèle. « La classe prépa est un lieu de formation<br />

de la personnalité, de compréhension du monde, des<br />

grands enjeux dont à besoin chaque manager. À ce titre<br />

les classes prépas sont un véritable vivier en termes<br />

de qualité... », estime le directeur général de l’école<br />

Herbert Castéran qui insiste également sur le fait<br />

que « la diversité et le maillage territorial des classes<br />

préparatoires sont des vecteurs déterminants pour le<br />

futur des écoles de commerce ».<br />

NOMINATION<br />

Herbert Castéran a été<br />

élu président du réseau<br />

AlsaceTech lors du directoire<br />

du 9 décembre dernier. Le<br />

réseau AlsaceTech fédère 14<br />

grandes écoles d’ingénieurs,<br />

architecture, art, design<br />

et management d’Alsace<br />

depuis 2007. Il est le premier<br />

président dirigeant une<br />

école de management à<br />

prendre la direction de ce<br />

réseau depuis sa création.<br />

Réformer le PGE. En septembre <strong>2022</strong>, la totalité des<br />

parcours mention « Management » seront ouverts en<br />

double diplôme aux étudiants du PGE. Ainsi, le programme<br />

proposera 22 spécialisations en 3 ème année, contre 17<br />

aujourd’hui, et 12 double diplômes (7 aujourd’hui). Par<br />

ailleurs l’EM Strasbourg ouvre son PGE à l’apprentissage.<br />

À partir de la 2 ème année, 50 étudiants par promotion<br />

EM Strasbourg<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Polémique sur la venue<br />

d’Eric Zemmour à ESCP<br />

La venue d’Eric Zemmour à ESCP le 10 décembre<br />

2021 dans le cadre du cycle débats organisés par<br />

l’association étudiante Tribunes ESCP a suscité de<br />

nombreuses réactions. Une tribune, signée par<br />

plus de 700 étudiants et diplômés, a notamment dénoncé<br />

la « coupable neutralité de la direction ». Le directeur<br />

général de ESCP, Frank Bournois, leur a répondu dans<br />

une vidéo publiée sur son compte Linkedin. « Après<br />

avoir longuement écouté et échangé les nombreuses<br />

parties prenantes de notre Communauté ESCP Business<br />

School », il a pris plusieurs décisions afin que « puisse<br />

se poursuivre ce cycle de débats dans le respect de<br />

nos trois principes : diversité, inclusion et pluralisme ».<br />

« Condamnant » les propos du candidat Zemmour<br />

sur la communauté LGBT, « soutenant » les étudiants<br />

qui ont organisé le débat, il a décidé de « maintenir<br />

ce cycle de débats ». Un comité d’éthique consultatif<br />

sera créé pour encadrer à l’avenir ces débats qui ne<br />

seront plus diffusés en direct pour « en empêcher toute<br />

instrumentalisation » (leur diffusion sur YouTube Live<br />

n’existait que depuis le premier confinement). Enfin les<br />

valeurs de diversité et de pluralisme de l’école seront<br />

« explicitement affirmées au début de chaque débat ».<br />

EN BREF<br />

• Après une première<br />

expérience en 2020, BSB<br />

accueille en ce mois de<br />

janvier <strong>2022</strong> une nouvelle<br />

promotion d’une dizaine de<br />

réfugiés ou sous protection<br />

subsidiaire. Pendant 3 mois,<br />

à raison d’une vingtaine<br />

d’heures par semaine,<br />

ils suivent le programme<br />

(Re)Connect qui les<br />

immergera dans le monde<br />

de l’entreprise en bénéficiant<br />

du réseau de l’Ecole.<br />

• L’ESSEC Business School,<br />

L’Oréal, EssilorLuxottica<br />

et Bouygues lancent<br />

la première chaire<br />

internationale autour de<br />

l’économie circulaire, la<br />

Chaire Global Circular<br />

Economy. Dédiée aux<br />

étudiants du programme<br />

Grande école, la première<br />

promotion sortira en<br />

septembre <strong>2022</strong>.<br />

• SKEMA renforce son rôle<br />

au sein de l›Institut 3IA<br />

Côte d›Azur, l›un des 4<br />

Instituts interdisciplinaires<br />

français du programme<br />

national dédié à la recherche<br />

en intelligence artificielle.<br />

Elle le rejoint au sein de la<br />

communauté des membres<br />

fondateurs d’Université<br />

Côte d’Azur qui coordonne<br />

l’Institut, le CNRS, l’Inria,<br />

l’Inserm et Eurecom.<br />

L’EM Normandie s’interroge<br />

sur le « campus du futur »<br />

Après avoir lancé un appel à expérimentations<br />

(AAE) pour « équiper, déployer<br />

et expérimenter des solutions numériques<br />

innovantes », l’EM Normandie et le pôle<br />

de compétitivité Pôle TES ont sélectionné<br />

6 projets innovants pour concevoir le<br />

Le nouveau campus du Havre de l’EM Normandie<br />

EM Normandie<br />

« campus du futur ». L’objectif est de proposer<br />

aux étudiants, enseignants, collaborateurs<br />

et visiteurs, une « expérience<br />

unique, augmentée et connectée ». Cette<br />

évolution du « Smart Campus » si cher à<br />

l’EM Normandie se doit d’être un « bâtiment<br />

intelligent, piloté au moyen des<br />

nouvelles technologies et objets connectés<br />

assurant une expérience de vie dans<br />

le bâtiment plus sûre, modulaire, flexible<br />

prenant en compte les exigences de développement<br />

durable en termes énergétiques<br />

et sanitaires ». Six projets ont été<br />

retenus par un jury le 10 novembre dernier<br />

pour tester leurs solutions au sein<br />

du nouveau campus parisien de l’EM<br />

Normandie situé à Clichy La Garenne<br />

où l’école s’installera progressivement à<br />

partir de janvier <strong>2022</strong>.<br />

Les étudiants préfèrent<br />

les accréditées<br />

L’obtention d’au moins une des trois accréditations majeures<br />

des business schools (Equis, AACSB, Amba)<br />

a un impact similaire à une progression allant d’un à<br />

quatre rangs dans le classement des écoles de commerce<br />

publié par le magazine L’Étudiant. C’est l’une<br />

des conclusions d’une étude publiée dans la revue Economics<br />

of Education Review par Julien Jacqmin (NEO-<br />

MA Business School) et Mathieu Lefebvre (Aix-Marseille<br />

School of Economics) à partir des accréditations<br />

des écoles de commerce et des choix d’orientations des<br />

étudiants de 2004 à 2019 établis via la procédure centralisée<br />

du SIGEM.<br />

En savoir plus : Jacqmin, J. et M. Lefebvre (2021),<br />

The effect of International accreditations on students’<br />

revealed preferences : Evidence from French business<br />

schools. Economics of Education review. Vol. 85. 102192.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Les entreprises plébiscitent<br />

les étudiants français !<br />

C’est de peu devant les Britanniques mais, selon le<br />

Classement mondial de l’employabilité (Global<br />

Employability University Ranking and Survey),<br />

les établissements d’enseignement supérieur<br />

français se placent à la deuxième place du podium<br />

des diplômés les plus apprécies par les entreprises<br />

du monde entier. Les 11 000 managers de 22 pays qui<br />

ont participé à l’enquête, réalisée chaque année depuis<br />

2011 par le cabinet HR consultancy Emerging, ont en<br />

effet placé la France deuxième (7,32 % des votes) tout<br />

juste devant la Grande-Bretagne (7,29 %) mais bien loin<br />

des universités américaines qui écrasent le classement<br />

avec 25,41 % des suffrages. L’occasion de réaffirmer<br />

l’excellence du modèle universitaire français aux yeux<br />

des entreprises. « Notre réputation est bien entendu<br />

connue des recruteurs. À HEC nous recevons ainsi des<br />

entreprises présentes sur de nombreux continents qui<br />

viennent recruter des étudiants qu’elles emploieront<br />

ensuite dans le monde entier. Prenons un exemple :<br />

Bain & Company, l’un des cabinets de conseil les<br />

plus renommés au monde, vient ainsi recruter sur le<br />

campus avec une grande partie de ses bureaux dans<br />

le monde, qu’il s’agisse de New York, Dubaï, Hong Kong<br />

ou Londres. C’est une chance inouïe pour nos élèves,<br />

quelle que soit leur nationalité », établit le directeur<br />

général de HEC Paris, Eloïc Peyrache.<br />

En plaçant six universités dans le top 10 (MIT, Caltech,<br />

Harvard, Stanford, Yale et Princeton) les États-Unis<br />

s’imposent de très loin dans ce classement. Les Bri-<br />

tanniques placent quant à eux leurs deux championnes,<br />

Cambridge et Oxford, alors que l’université de Tokyo et<br />

la National University of Singapore viennent compléter<br />

ce top 10. Certes il faut remonter à la 22 ème place pour<br />

trouver le premier établissement français classé, CentraleSupélec,<br />

à la 25 ème pour trouver la première école<br />

de management (HEC bien sûr) et à la 55 ème la première<br />

université avec Sorbonne Université, mais beaucoup<br />

plus d’établissements français sont classés que de<br />

Britanniques. « Notre capacité d’attraction des meilleurs<br />

étudiants est excellente. Nous regardons par exemple<br />

de près quelle est la proportion, parmi les étudiants<br />

qui sont admis chez nous et dans d’autres institutions<br />

de premier plan, de ceux qui nous choisissent ou qui<br />

démissionnent. Le taux de confirmation est excellent »,<br />

explique encore Eloïc Peyrache.<br />

HEC Paris<br />

EN BREF<br />

• L’Essec lance la Chaire<br />

Talents de la Transition<br />

Écologique, à la fois<br />

Chaire pédagogique et<br />

de recherche. Sous la<br />

direction académique de<br />

Bernard Leca, professeur<br />

de l’ESSEC, et la direction<br />

exécutive d’Alexis de La<br />

Tour du Pin, la Chaire est<br />

créée en partenariat avec<br />

Capgemini Invent, BNP<br />

Paribas, le Citepa, et CY<br />

Cergy Paris Université. Le<br />

Campus de la Transition et<br />

l’association Bilan Carbone<br />

accompagnent également<br />

la Chaire à travers un<br />

partenariat pédagogique.<br />

• ICN Business School et les<br />

conseillers du commerce<br />

extérieur de la France<br />

(CCE) ont signé une<br />

convention de partenariat<br />

le 9 décembre. Dans ce<br />

cadre les conseillers du<br />

commerce extérieur de<br />

la France s’engagent à<br />

partager avec les étudiants<br />

d’ICN leurs expériences<br />

à l’étranger afin de les<br />

motiver à développer leur<br />

carrière internationalement.<br />

Les comités régionaux<br />

et territoriaux des CCE<br />

regrouperont des praticiens<br />

du commerce international<br />

en organisant rencontres,<br />

entretiens et conférences.<br />

Palmarès des écoles d’ingénieurs :<br />

Le Figaro couronne l’X et l’Insa Lyon<br />

Elles sont historiquement leaders dans<br />

leur catégorie. Logiquement ce sont<br />

l’Ecole polytechnique et l’Insa Lyon que<br />

Le Figaro sacre cette année dans ces classements<br />

des écoles d’ingénieurs d’excellence<br />

et des écoles postbac. 9 ème en 2020<br />

l’Ensta Paris a fait la belle opération de<br />

l’année en gagnant deux places au sein<br />

d’un top 10 dans lequel l’Insa Lyon fait<br />

également son apparition à la 8 ème place.<br />

Quatre autres écoles postbac se glissent<br />

dans le top 30 : les Universités de Technologie<br />

de Compiègne et Troyes, l’Insa<br />

Toulouse et l’Esilv, première école privée<br />

(25 ème dans le classement global et quatrième<br />

dans celui des postbac).<br />

• Emlyon obtient le label<br />

DD&RS, Développement<br />

Durable et Responsabilité<br />

Sociétale des établissements<br />

d’enseignement supérieur.<br />

• Le Groupe CMA CGM,<br />

un leader mondial du<br />

transport maritime et de la<br />

logistique, HEC Paris et la<br />

Fondation HEC ont signé<br />

un partenariat à Beyrouth.<br />

Dans ce cadre le Groupe<br />

CMA CGM soutiendra 20<br />

étudiants libanais par an<br />

pendant 10 ans au service<br />

du Liban de demain.<br />

Les candidats seront<br />

sélectionnés au sein des<br />

meilleures universités au<br />

Liban pour venir poursuivre<br />

leurs études à HEC Paris.<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Un nouveau campus<br />

à Tours pour Excelia<br />

Après avoir racheté l’Escem en 2021, Excelia va<br />

s’installer dans de nouveaux locaux à Tours. Le<br />

1 er janvier 2024, dans le Quartier des 2 Lions,<br />

au cœur d’un ensemble en développement<br />

où se côtoient déjà établissements d’enseignement<br />

supérieur et sièges sociaux d’entreprises, c’est sur une<br />

surface de 5300 m2 que s’étendra le nouveau campus.<br />

Il sera doté d’un amphithéâtre de 200 places, d’espaces<br />

de coworking et de salles de cours connectées et<br />

Une vue du quartier des Lions à Tours<br />

en comodalité. Élaboré selon le principe des « smart<br />

campus » il ouvrira de nouvelles opportunités d’amélioration<br />

de l’expérience apprenant avec une approche<br />

« totalement phygitale ». Un budget d’environ 2 M€ sera<br />

en effet mobilisé pour doter le campus d’équipements<br />

audio/vidéo, d’infrastructures informatiques et de<br />

mobilier adapté aux espaces d’apprentissage et de vie<br />

étudiante. Le site de Tours sera notamment connecté<br />

aux autres campus d’Excelia.<br />

D. R<br />

Des doctorants<br />

heureux<br />

67% des doctorants français<br />

et 71% des étrangers<br />

estiment que leur expérience<br />

correspond à leurs attentes<br />

et à leur vision du doctorat<br />

selon l’étude Le doctorat<br />

en France, Regards croisés<br />

sur la formation doctorale<br />

menée par le Réseau national<br />

de collèges doctoraux.<br />

11% des plus de 11 000<br />

doctorants interrogés se<br />

déclarent mécontents. Les<br />

doctorants estiment ainsi<br />

très majoritairement que<br />

leurs travaux de recherche<br />

se déroulent bien. Ils sont<br />

convaincus de l’intérêt et<br />

du sens de leurs travaux, à<br />

78%, ils voient clairement où<br />

ils vont et pourquoi, à 72%.<br />

Ils éprouvent une certaine<br />

fierté par rapport à ce qu’ils<br />

ont déjà réalisé, à 69%.<br />

87% estiment que c’est le<br />

facteur le plus déterminant<br />

pour que le doctorat soit<br />

une expérience positive.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Choix des spécialités du bac :<br />

où en est-on ?<br />

À la rentrée 2021, les choix de spécialités du bac<br />

général connaissent encore des évolutions marquantes.<br />

En terminale ce ainsi sont surtout les deux grandes<br />

spécialités scientifiques qui souffrent au profit des<br />

sciences économiques et sociales (SES), de l’histoire et<br />

des langues.<br />

inseec<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

LES SPÉCIALITÉS CHOISIES EN<br />

TERMINALE EN 2021<br />

Selon une note de la DEPP parue<br />

en décembre 2021 les deux<br />

grandes spécialités scientifiques<br />

de terminale souffrent encore en 2021<br />

avec une baisse deu choix des élèves<br />

de 3,7 % pour les mathématiques et de<br />

2,5 % pour la physique-chimie. De quoi<br />

interroger toutes les filières de l’enseignement<br />

supérieur qui font reposer leur<br />

recrutement sur les mathématiques<br />

En terminale générale les six enseignements<br />

de spécialité les plus choisis<br />

restent les mathématiques, les SES,<br />

la physique-chimie, l’histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques<br />

(HGGSP), les sciences de la vie et de la<br />

Terre (SVT) et langues.<br />

La doublette la plus fréquemment choisie<br />

est « mathématiques, physique-chimie »,<br />

suivie de « HGGSP, SES » et « physiquechimie,<br />

SVT ». Mais les choix de doublettes<br />

se diversifient plus qu’en 2020. Au total<br />

40 % des élèves de terminale en 2021<br />

suivent une doublette contenant uniquement<br />

des enseignements scientifiques.<br />

de Numérique et sciences informatiques<br />

(NSI) pour 8 % d’entre eux.<br />

Alors que les élèves d’origine sociale<br />

très favorisée représentent 39 % des<br />

élèves de terminale générale, ils sont<br />

surreprésentés parmi les élèves ayant<br />

choisi pour enseignement de spécialité les<br />

mathématiques (48 %), la physique-chimie<br />

(46 %) et dans une moindre mesure la<br />

musique (43 %). Les élèves d’origine<br />

sociale défavorisée (21 %) sont, eux, sur<br />

représentés en « littérature et LCA latin »<br />

(35 %), en HLP (26 %) et en LLCER (25 %) :<br />

- l’enseignement de spécialité le plus<br />

choisi par les élèves d’origine sociale<br />

très favorisée est« mathématiques »<br />

(46 %), suivi de physique- chimie (37 %)<br />

et SES (33 %) ;<br />

- pour les élèves d’origine sociale défavorisées,<br />

le trio de tête est SES (39 %),<br />

mathématiques (30 %) et HGGSP (29 %).<br />

Parcoursup a<br />

ouvert ses portes<br />

Nous ne sommes pas encore<br />

dans la phase de choix mais<br />

Parcoursup a déjà ouvert<br />

ses portes aux lycéens pour<br />

qu’ils aillent regarder de près<br />

chaque formation – elles<br />

sont plus 19 000 cette année<br />

dont 6 000 en apprentissage –<br />

proposée par la plateforme.<br />

La sous-représentation des filles dans<br />

toutes les matières scientifiques,<br />

hors Sciences de la vie et de la Terre<br />

(SVT), se confirme. Leur part dans la<br />

spécialité mathématiques chute même<br />

de deux points. Si les six enseignements<br />

de spécialité les plus choisis sont les<br />

mêmes pour les filles et pour les garçons<br />

leur ordre est donc différent :<br />

- pour les filles, l’enseignement de spécialité<br />

le plus choisi est SES (39 %), suivi<br />

de HGGSP (31 %), SVT (29 %), mathématiques<br />

(27 %), physique-chimie (26 %) et<br />

LLCER (24 %) ;<br />

- pour les garçons, le trio de tête est<br />

mathématiques (51 %), physique-chimie<br />

(37 %) et SES (32 %).<br />

L’enseignement qui arrive en septième<br />

position chez les filles est Humanités,<br />

littérature et philosophie (HLP) qui en<br />

concerne 15 %. Pour les garçons, il s’agit<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

On retrouve une proportion d’élèves<br />

des établissements privés (sous et hors<br />

contrat) légèrement plus importante dans<br />

les enseignements de mathématiques<br />

et de physique-chimie, respectivement<br />

27 % et 28 %, qu’en moyenne (24 %).<br />

Les élèves d’origine sociale très favorisée<br />

sont donc logiquement surreprésentés<br />

dans les doublettes « mathématiques,<br />

physique-chimie » (54 %) et « HGGSP,<br />

mathématiques » (56 %). Inversement, les<br />

élèves d’origine sociale défavorisée (21 %<br />

des élèves de terminale) sont surreprésentés<br />

dans les doublettes « HLP, SES »<br />

(29 %), « humanités littérature et philosophie,<br />

LLCER » (27 %), « SVT, SES » (27 %).<br />

LES SPÉCIALITÉS CHOISIES<br />

EN PREMIÈRE EN 2021<br />

Toujours selon la note de la DEPP parue<br />

en décembre 2021, les choix des<br />

élèves de première générale de 2021<br />

restent globalement proches des choix<br />

de 2020. Les écarts les plus importants<br />

à la hausse s’observent en SES (+ 0,7<br />

point) et en NSI (+ 0,6 point). À la baisse la<br />

physique-chimie (- 1,1 point) et les SVT (- 1<br />

point). Ainsi, à la rentrée 2021, 64 % des<br />

élèves de première générale étudient les<br />

mathématiques. Viennent ensuite les SES<br />

pour 45 % des élèves, la physique-chimie<br />

pour 42 % et les SVT pour 38 % d’entre<br />

eux. Les mathématiques remontent de<br />

0,3 point après une chute de près de<br />

cinq points en 2020.<br />

À la rentrée 2021, la triplette la plus choisie<br />

par les élèves de première générale<br />

reste « mathématiques, physique-chimie,<br />

SVT », pour 23 % d’entre eux, après 24 %<br />

en 2020 et 28 % en 2019.<br />

Mathématiques : un test privé pour évaluer<br />

les élèves de terminale<br />

Mais comment sélectionner de futurs élèves<br />

de classes préparatoires quand les lycées<br />

donnent des notes excellentes à tous leurs<br />

élèves ? Pour relever ce défi, l’association de<br />

professeurs AORES (Association pour une<br />

orientation raisonnée vers l’enseignement<br />

supérieur scientifique), dont fait notamment<br />

partie l’ancien proviseur de Louis-Le-Grand<br />

Michel Bouchaud, a décidé d’organiser<br />

son propre test de mathématiques : le<br />

TeSciA(Test Scientifique Avancé). Accessible<br />

à tous les élèves de terminale générale<br />

(spécialité mathématiques), il est destiné<br />

prioritairement aux élèves qui souhaitent<br />

intégrer une classe préparatoire scientifique.<br />

Ceux-ci pourront ensuite préciser leurs<br />

résultats dans sur PSP dans leur Projet<br />

de Formation Motivé ; le site internet<br />

de l’AORES offrira à partir du 10 avril un<br />

module de vérification des résultats qui<br />

préserve l’anonymat des candidats.<br />

Tescia comprend deux épreuves de<br />

mathématiques de 1h30 chacune,<br />

séparées par une pause. La première<br />

mesure la bonne dextérité technique et<br />

la rapidité ; la seconde, déclinée selon<br />

deux options (Mathématiques Expertes/<br />

Mathématiques Générales Avancées) évalue<br />

les capacités d’initiative, d’abstraction, et<br />

de réaction à des situations nouvelles.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

LOÏCK ROCHE<br />

Directeur général<br />

de Grenoble EM<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Loïck Roche : la révélation<br />

de l’enseignement<br />

On peut avoir un<br />

jour été au bord<br />

de l’exclusion du<br />

système scolaire et<br />

devenir directeur<br />

de l’une des plus<br />

prestigieuses écoles<br />

de management<br />

françaises. Ce<br />

destin, c’est celui de<br />

Loïck Roche : « Après<br />

le CM2 je devais être<br />

orienté vers ce qu’on<br />

appelait alors la « 6°<br />

de transition », en<br />

réalité, une voie sans<br />

issue dans l’attente<br />

d’avoir 14 ans et<br />

du droit de ne plus<br />

être scolarisé. Ce<br />

qui m’a sauvé, c’est<br />

d’avoir été admis,<br />

quelques jours avant<br />

la rentrée scolaire,<br />

dans un collège<br />

privé relevant des<br />

Apprentis d’Auteuil.<br />

Là, plutôt que de<br />

pointer mes 15 à 20<br />

fautes, on mettait<br />

en avant mes 15<br />

à 20 mots justes.<br />

Une pédagogie<br />

par la confiance<br />

qui est pour moi<br />

l’alpha et l’oméga<br />

de toute éducation,<br />

de l’enseignement<br />

mais aussi du<br />

management ».<br />

ÉTUDES DE PSYCHO ET ESSEC<br />

Revenu sur les bons rails de<br />

l’enseignement, loin de la « terrible<br />

timidité et du terrible ennui » que lui<br />

avaient inspiré ces années en école<br />

primaire, Loïck Roche vit ensuite<br />

des années collège et lycée plus<br />

normales. Alors qu’il prépare un bac<br />

scientifique, le bac D (Mathématiques<br />

et Biologie), arrive la question de<br />

l’orientation postbac : « Je ne savais<br />

pas vraiment ce que je voulais faire.<br />

On ne peut pas décréter pour tout le<br />

monde une orientation dès la seconde.<br />

Il faut multiplier les expériences pour<br />

découvrir son désir et parvenir à ce<br />

sentiment de « complétude » qui vous<br />

anime quand vous faites ce qui vous<br />

correspond vraiment. »<br />

Parce que les relations, mais aussi les<br />

comportements entre les personnes<br />

l’intéressent, Loïck Roche entre en<br />

fac de psychologie à Paris V. À la<br />

fin de sa licence, parce qu’il lui faut<br />

un travail, il passe le concours pour<br />

être instituteur. Pour conjuguer la<br />

poursuite de ses études en psycho<br />

et le métier d’instituteur « je me<br />

spécialise dans la psychologie<br />

de l’enfance, seule spécialisation<br />

possible, dont l’emploi du temps était<br />

compatible avec le travail d’instituteur.<br />

Les cours avaient lieu le soir, les<br />

mercredis et samedis après-midi ». Le<br />

voilà replongé dans l’univers de son<br />

enfance. À sa naissance ses parents<br />

ont habité durant deux ans dans<br />

un collège technique de Bagneux,<br />

dans une pièce d’un appartement de<br />

fonction qu’occupait l’oncle de son<br />

père qui dirigeait l’établissement.<br />

Loïck Roche poursuit en DEA<br />

(diplôme d’études approfondies, ce<br />

qui correspondrait aujourd’hui à un<br />

bac+5), puis commence un doctorat.<br />

Les 3 meilleurs élèves des DEA de<br />

psychologie de Paris V obtenant alors<br />

une bourse (sous forme de salaire<br />

pendant 2 ans), et parce qu’il est<br />

classé parmi les 3 premiers, il peut<br />

laisser de côté le métier d’instituteur.<br />

À la fin de sa première année de thèse,<br />

il passe le concours AST de l’ESSEC.<br />

Dès lors, en parallèle de l’ESSEC qu’il<br />

intègre en 1986 (promotion 1988), il<br />

continue sa thèse qu’il soutiendra en<br />

février 1987.<br />

Diplômé de l’ESSEC et docteur en<br />

psychologie, Loïck Roche choisit<br />

d’intégrer un cabinet de conseil en<br />

organisation. Et ne s’y épanouit guère.<br />

Sans vivre une déception, les missions<br />

sont souvent très semblables, l’ennui<br />

n’est pas loin. Après deux ans, il<br />

crée donc son propre cabinet en<br />

ressources humaines et organisation.<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

« J’ai beaucoup travaillé à ce momentlà<br />

avec le cabinet Nomesis dont un des<br />

principaux clients était EDF. Beaucoup<br />

de mes missions, cette fois beaucoup<br />

plus passionnantes se sont déroulées<br />

dans les centrales nucléaires, et<br />

beaucoup dans la centrale nucléaire<br />

de Penly, près de Dieppe, où l’on a<br />

mis en place des outils d’analyse des<br />

incidents. » C’est mieux mais ce n’est<br />

pas encore ça. Être indépendant<br />

est spécial : « Au début il faut faire<br />

beaucoup de commercial, trouver<br />

des clients, les fidéliser et, quand ça<br />

fonctionne, on passe le week-end<br />

à faire sa compta. On n’a quasiment<br />

pas de temps pour réfléchir, penser,<br />

écrire ! »<br />

UNE PREMIÈRE EXPÉRIENCE<br />

D’ENSEIGNEMENT<br />

Pendant ses études de psychologie,<br />

Loïck Roche a vécu sa première<br />

Loïck Roche mène le gala de Grenoble EM en 2019<br />

expérience d’enseignant dans<br />

l’enseignement supérieur. Il n’a que<br />

22 ans quand une professeure de<br />

Paris V lui propose de la remplacer<br />

et de délivrer un cours, cinq fois<br />

quatre heures, aux élèves de l’École<br />

normale de formation des instituteurs<br />

de Versailles. « Je n’avais aucune<br />

expérience, pas d’autres supports<br />

que des livres, et me voilà en train de<br />

parler psychologie de l’enfance à un<br />

auditoire absolument pas intéressé.<br />

Ce furent les heures les plus rudes de<br />

ma vie d’enseignant. »<br />

Ce sont les conseils de sa professeure<br />

qui vont lui permettre de s’en sortir :<br />

« À un moment, il faut se jeter à<br />

l’eau ». Au cours de sa quatrième<br />

séance, il trouve le déclic : « Je sors<br />

du plan de cours et des livres pour<br />

leur parler de la « méthode des<br />

jumeaux ». Comprendre si l’intelligence<br />

est héréditaire ou si elle dépend<br />

de l’environnement. Pour cela on a<br />

suivi des jumeaux qui avaient été<br />

séparés à la naissance et éduqués<br />

dans des familles très différentes.<br />

Sans surprise, ce sont les enfants<br />

qui peuvent vivre de nombreuses<br />

interactions qui connaissent les<br />

développements cognitifs les plus<br />

rapides. » Enfin, le professeur<br />

néophyte a en face de lui un auditoire<br />

passionné. Depuis il n’enseigne plus<br />

que comme cela. Plus jamais un seul<br />

support en salle de cours. Ni écrit,<br />

ni électronique. Que l’enseignement<br />

fasse 1 heure ou 36 heures. « Ce<br />

que je cherche, c’est enseigner en<br />

tenant compte du public, de ses<br />

attentes pour, à un moment donné,<br />

tout en traitant du sujet, m’autoriser<br />

à aller plus loin que ce qui était prévu,<br />

arriver à ce point de rupture que les<br />

psychanalystes appellent une pensée<br />

en mouvement. »<br />

Il doit également beaucoup à un<br />

ami, Stéphane André, créateur de<br />

l’École de l’art oratoire : « Regardez<br />

un homme politique, un manager ou<br />

un professeur. Avant de commencer<br />

son discours ou son cours il répète ce<br />

qu’il veut dire. Regardez maintenant<br />

un comédien avant d’entrer en scène :<br />

il fait le vide. Et quand il entre en<br />

scène, il va se nourrir des regards, de<br />

l’énergie du public. C’est pour cela que<br />

chaque représentation est toujours<br />

unique. Je pense qu’un cours doit être<br />

toujours unique. »<br />

D.R<br />

LA COMPLÉTUDE D’ÊTRE<br />

PROFESSEUR<br />

En 1991, alors qu’il a créé sa propre<br />

structure spécialisée en ressources<br />

humaines et organisation, une<br />

nouvelle opportunité d’enseigner lui<br />

est ouverte. D’abord à l’UFRAPS de<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Grenoble et, 2 ans plus tard, à l’ESC<br />

Clermont. « Il y avait peu de troncs<br />

communs et beaucoup de liberté pour<br />

les enseignants. J’ai donc développé<br />

des cours sur « la psychanalyse et le<br />

management », sur la « littérature et<br />

le management »... Une expérience<br />

qui est une vraie révélation : « J’ai<br />

beaucoup aimé enseigner, et j’aime<br />

toujours cela. Qui plus est, c’est un<br />

métier qui permet d’avoir du temps<br />

pour réfléchir, pour développer des<br />

pensées, pour écrire des articles ou<br />

des ouvrages ».<br />

Trois jours par semaine, Loïck Roche<br />

est consultant et les deux autres<br />

il enseigne. En 1995, il ferme son<br />

cabinet de consultant pour entrer à<br />

l’ESC Grenoble comme enseignant<br />

chercheur. « Au début, surtout<br />

enseignant ! Dans les années 90, il<br />

n’y avait quasiment pas d’activités<br />

de recherche dans les écoles de<br />

commerce. La recherche dans les<br />

écoles de management n’a réellement<br />

démarré qu’à la fin de la décennie<br />

avec l’arrivée des accréditations<br />

internationales. »<br />

Toujours curieux, il s’interroge :<br />

« Pourquoi certains passent à l’action<br />

et d’autres pas ». Pour répondre à<br />

cette question, tout en travaillant à<br />

plein temps, il va faire un doctorat de<br />

philosophie à l’UMPF (Grenoble 2) qu’il<br />

soutiendra en 2004 : « Introduction à<br />

la question de la volonté : approche<br />

philosophique et analytique de<br />

l’action » : « Je ne suis pas certain<br />

d’avoir trouvé la réponse mais je ne<br />

me pose plus la question ! » Quatre<br />

ans de travail dont il ne parle guère<br />

autour de lui. « Je ne me suis jamais<br />

considéré ni comme psychologue, ni<br />

comme philosophe. Je suis avant tout<br />

Loïck Roche dans son bureau de Grenoble EM<br />

un chef d’entreprise dans le domaine<br />

de l’enseignement supérieur »<br />

Le management, les sciences de<br />

gestion, restent au cœur de ses<br />

enseignements et interventions. Il<br />

a d’ailleurs passé en 2002 une HDR<br />

(habilitation à diriger les recherches)<br />

en sciences de gestion (à Lyon 3).<br />

Et suivra le programme Advanced<br />

Management Program (AMP) à<br />

Harvard en 2009.<br />

Prolifique, entre 1995 et aujourd’hui,<br />

il a écrit ou coécrit une trentaine<br />

d’ouvrages. Parmi ceux-ci : « Le Rire<br />

de la Joconde, Essai sur le suicide »,<br />

« Chacun est libre de réussir sa vie »,<br />

« Éloge du bien-être au travail »,<br />

« La Théorie du lotissement » et, le<br />

dernier, « Le manager, le migrant et<br />

le philosophe : Chroniques pour la<br />

paix économique ». Chaque semaine il<br />

publie une chronique dans un journal<br />

grenoblois, qu’il poste sur LinkedIn<br />

où il compte plus de 90 000 abonnés.<br />

Parmi les sujets, des prises de<br />

position très claires qu’il considère<br />

être un devoir pour un directeur de<br />

grande école : sur les caricatures,<br />

la pensée woke et la cancel culture,<br />

l’antisémitisme, l’islamo-gauchisme,<br />

la transition écologique, l’inceste,<br />

les VSS (violences sexuelles et<br />

sexistes),...<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL<br />

DE GRENOBLE EM<br />

L’enseignement, l’écriture, la<br />

recherche, un triptyque qui aurait<br />

pu suffire à Loïck Roche mais,<br />

comme pour ses études « j’ai<br />

toujours été poussé à aller au<br />

bout de ce qu’il était possible de<br />

faire ». Après avoir été responsable<br />

du département Management &<br />

Technologie, puis directeur de la<br />

pédagogie, de la recherche, doyen<br />

du corps professoral, directeur des<br />

opérations, il devient directeur adjoint<br />

de Grenoble EM en 2004 avant d’en<br />

prendre la direction en juillet 2012,<br />

succédant alors à Thierry Grange. « Le<br />

positionnement de l’école m’intéresse.<br />

Pour son identité, le management, la<br />

Grenoble EM<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Excellent judoka<br />

S’il n’a pas atteint le<br />

niveau d’un sportif de haut<br />

niveau, Loïck Roche était<br />

à sa « frontière » en judo.<br />

Grenoblois d’adoption c’est<br />

également un grand amateur<br />

de ski. Autre flèche à son<br />

arc, il pratique la gyroroue<br />

qu’il utilise pour ses<br />

déplacements dans Grenoble.<br />

Une réunion du conseil d’administration de Grenoble EM<br />

Grenoble EM<br />

technologie, l’innovation, mais aussi<br />

par ce que j’ai toujours aimé faire<br />

gagner des équipes et peut-être<br />

plus encore quand, justement, on n’a<br />

pas au départ tout ce qu’il faut pour<br />

gagner. »<br />

Sans aucune subvention de qui que<br />

ce soit, sur un territoire dynamique,<br />

le douzième de France, GEM doit<br />

peut-être travailler et innover plus<br />

que les autres pour continuer à<br />

progresser et être dans l’excellence :<br />

« La compétition entre les écoles est<br />

positive, mais trop de compétition et<br />

c’est un risque mortifère quand on<br />

commence à passer presque plus de<br />

temps à répondre aux classements<br />

qu’à se consacrer aux étudiants et aux<br />

entreprises », rappelle-t-il. Dans son<br />

ouvrage « La Théorie du lotissement »,<br />

celui qui fut également président du<br />

Chapitre des écoles de management<br />

de la Conférence des Grandes écoles<br />

(CGE), fait l’éloge de la réussite en<br />

équipe et de la paix économique en<br />

s’appuyant sur un concept simple :<br />

« ma maison a d’autant plus de valeur<br />

que la maison de mon voisin a de la<br />

valeur ».<br />

Ce qui l’interpelle aujourd’hui ? « Par<br />

exemple de voir des étudiants qui ont<br />

beaucoup de mal à porter le masque<br />

alors qu’on leur demande seulement<br />

d’être en conformité avec la loi. Nous<br />

enseignons des savoirs mais pas<br />

suffisamment les savoir-être, même si<br />

on parle tout le temps de soft skills. »<br />

La génération actuelle ? « Aussi<br />

formidables que sont beaucoup, une<br />

minorité, malheureusement peut-être<br />

C’est en gyroroue que Loïck Roche se déplace dans Grenoble.<br />

pas si minoritaire, est porteur des<br />

mêmes travers qu’une même minorité,<br />

elle aussi peut-être pas si minoritaire,<br />

des générations précédentes. »<br />

Son objectif alors ? « Former des<br />

personnes respectueuses d’abord<br />

d’elles-mêmes et de ce qu’il y a de<br />

plus précieux en elles, leur part<br />

d’humanité. C’est seulement parce<br />

qu’ils apprennent à se respecter, eux,<br />

que les étudiantes et les étudiants<br />

respecteront demain les autres et<br />

seront véritablement orientés People<br />

& Planet. »<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Quelle place pour<br />

la recherche<br />

dans les Grandes écoles ?<br />

Il fut un temps où les choses étaient simples : les universités produisaient<br />

de la recherche, les Grandes écoles répondaient aux besoins de professionnalisation<br />

des entreprises. Mais ça, c’était avant. Avant que la mondialisation rapproche<br />

les entités : en 2021 les universités forment des jeunes qui s’insèrent<br />

très bien sur le marché de l’emploi et les Grandes écoles produisent<br />

une recherche de première qualité.<br />

L’Inspection générale de l’éducation,<br />

du sport et de la recherche<br />

(Igésr) vient justement de publier<br />

un rapport passionnant sur La<br />

place de la recherche dans les grandes<br />

écoles et les écoles d’ingénieurs. Il en ressort<br />

notamment que « l’adossement des<br />

formations à la recherche s’est clairement<br />

accentué depuis ces dix dernières<br />

années sous le double mouvement des<br />

évaluations nationales et internationales.<br />

Des écoles qui pouvaient être tournées<br />

principalement vers l’enseignement ont<br />

investi le champ de la recherche. Non<br />

seulement, certaines écoles forment avec<br />

et par la recherche, mais elles forment<br />

aussi maintenant pour la recherche ».<br />

Ce tournant « recherche » est clairement<br />

perceptible via le changement de composition<br />

du corps enseignant, très largement<br />

constitué de titulaires d’un doctorat (ou<br />

parfois d’un PhD en ce qui concerne les<br />

écoles de commerce). L’accentuation de<br />

la compétition internationale pour recruter<br />

les meilleurs étudiants et enseignants<br />

a en effet incité les établissements à investir<br />

dans la recherche, qui constitue un<br />

« critère différenciant ». Mais attention, la<br />

mission de l’Igésr n’en constate pas moins<br />

que « si certaines écoles fonctionnent<br />

comme des opérateurs de recherche ou<br />

sont intégrées dans des politiques de site<br />

dynamiques, d’autres suivent sans être<br />

motrices, voire ont une faible production<br />

scientifique, ce qui est problématique au<br />

regard de leur statut et du devenir de<br />

leurs étudiants ».<br />

Des exigences liées<br />

aux grades<br />

La première des sept exigences de l’arrêté<br />

du 27 janvier 2020 relatif au cahier<br />

des charges des grades universitaires de<br />

licence et de master est celle de « garantir<br />

la qualité académique et un adossement<br />

à la recherche de la formation ».<br />

L’arrêté consacre ainsi le lien entre la<br />

qualité académique d’une formation<br />

et son adossement à la recherche : « le<br />

lien entre la formation et les activités<br />

de recherche et d’innovation contribue<br />

à garantir le niveau de qualité souhaité<br />

pour la collation du grade et l’actualité<br />

des savoirs et compétences enseignés ».<br />

De plus le cahier des charges ajoute une<br />

autre exigence : celle d’un adossement du<br />

programme à la recherche, en l’occurrence,<br />

pour le grade de licence, une initiation<br />

à la recherche et pour le grade de master,<br />

une formation à la recherche (via des<br />

conférences de chercheurs, des mémoires<br />

de recherche, lectures d’articles, etc., et<br />

plus largement un ancrage recherche de<br />

l’établissement au sein d’une politique de<br />

site). Comme le note l’Igésr entre 2014 et<br />

de 2020, l’adossement à la recherche est<br />

« devenu un critère à part entière » des<br />

évaluations de la Cefdg (Commission<br />

d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion) . Dans le cas d’une demande<br />

de grade de licence ou de master, les cri-<br />

Un laboratoire de recherche des Arts et Métiers<br />

Arts et Métiers<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

tères édictés par la Cefdg dans son référentiel<br />

d’évaluation pour octroyer un grade<br />

recouvrent ainsi le fait :<br />

d’avoir un corps professoral composé d’au<br />

moins 50 % de docteurs ;<br />

de justifier de 50 % du volume horaire<br />

assuré par des professeurs permanents<br />

pour le grade licence – et 66 % pour le<br />

grade master ;<br />

de justifier d’au moins un tiers du volume<br />

horaire pour le grade licence – et deux<br />

tiers pour le grade master – assurés par<br />

des professeurs permanents produisants,<br />

notamment en gestion<br />

La recherche nourrit la pédagogie de Grenoble EM<br />

Écoles d’ingénieurs :<br />

comment favoriser<br />

le doctorat ?<br />

La procédure d’évaluation des formations<br />

d’ingénieurs par la Commission des titres<br />

d’ingénieur (CTI) repose sur un document<br />

de références et d’orientations (R&O) dans<br />

lequel figure « la capacité à effectuer des<br />

travaux de recherche fondamentale ou<br />

appliquée, à mettre en place des dispositifs<br />

expérimentaux ». La comparaison du<br />

R&O 2020 avec ses versions antérieures<br />

montre que l’adossement à la recherche<br />

occupe une place de plus en plus importante<br />

dans la procédure d’accréditation<br />

de la CTI. Le lien recherche-formation a<br />

ainsi été promu au rang de critère majeur<br />

d’orientation stratégique d’une école d’ingénieurs,<br />

en même temps que la politique<br />

de site. Le R&O 2020 introduit ainsi plusieurs<br />

modifications avec, par exemple,<br />

l’exigence de partenariats recherche avec<br />

des laboratoires reconnus internationalement<br />

au-delà des simples « relations partenariales<br />

» évoquées par le R&O 2016.<br />

Cela reste un point noir des écoles d’ingénieurs<br />

: peu de leurs diplômés poursuivent<br />

ensuite leur cursus par une thèse.<br />

On compte ainsi environ 3,1 % en 2020<br />

d’ingénieurs faisant ce choix. Les disparités<br />

sont considérables : quand l’ESPCI<br />

compte le taux de poursuite en doctorat<br />

le plus élevé (53 % dans la promotion<br />

2020) et l’École polytechnique vise 30 %<br />

de poursuite d’études de ses ingénieurs<br />

en thèse, ils sont seulement 0,9 % dans<br />

les écoles d’ingénieurs privées à faire ce<br />

choix. Résultat : si le nombre d’ingénieurs<br />

qui s’inscrivent en thèse augmente régulièrement<br />

- il est passé de 1 444 en 2014<br />

à 1 571 en 2018, soit une augmentation de<br />

9 % - cela reste marginal.<br />

Une « académisation »<br />

des écoles de<br />

management<br />

Côté écoles de management on comptait<br />

349 thèses de gestion soutenues en 2018<br />

(contre 298 en 2017) avec une importante<br />

concentration, puisque huit établissements<br />

ont fait soutenir 42 % des thèses<br />

en 2018, dont une seule grande école, l’ES-<br />

SEC. Les autres écoles apparaissent plus<br />

loin dans le classement : HEC en 9 ème position,<br />

l’ESCP en 12 ème et Mines Paris-<br />

Tech en 16 ème . Ainsi, 91 % des thèses en<br />

gestion étaient produites par des universités<br />

en 2018. Ne pouvant pas, sauf cinq<br />

d’entre elles (HEC, ESCP, ESSEC, Rennes<br />

School of Business et l’Institut mines Télécom<br />

business school), délivrer de doctorat<br />

en propre, les écoles de commerce<br />

ont en effet développé des PhD.<br />

Les données disponibles de la Cefdg<br />

montrent ainsi que l’on assiste depuis ces<br />

dernières années à une « académisation »<br />

des écoles de management fondée sur le<br />

recrutement accru de PhD. En 2014, on<br />

comptait 58 % de titulaires d’un doctorat<br />

dans les écoles de commerce (dont 16 %<br />

d’un PhD) contre 64 % en 2018 (dont 20 %<br />

d’un PhD). En 2014, les deux-tiers (65 %)<br />

des écoles comptaient moins de 75 % de<br />

leurs enseignants titulaires d’un doctorat<br />

ou d’un PhD, elles n’étaient plus qu’une<br />

petite moitié (45 %) quatre ans plus tard.<br />

Écoles d’ingénieurs :<br />

cap sur la recherche<br />

partenariale<br />

En moyenne, en 2019, les dépenses recherche<br />

des écoles d’ingénieurs du P150<br />

(qui regroupe les crédits budgétaires que<br />

l’État consacre à l’enseignement supérieur<br />

et aux formations universitaires et retrace<br />

les crédits des établissements qui en sont<br />

opérateurs, soit 35 écoles d’ingénieurs<br />

en 2019) représentent 28 % de leurs ressources<br />

totales, soit un pourcentage semblable<br />

à celui des universités, qui se situent<br />

autour de 27 %.<br />

Si des écoles consacrent une très forte<br />

proportion de leur budget à l’effort de recherche<br />

(ENSMA Poitiers 51 %, ENSC<br />

Paris 45 %, ENSC Montpellier44 %, Centrale<br />

Nantes, 42 %), d’autres y consacrent<br />

une faible part (moins de 20 % pour SIG-<br />

MA de Clermont- Ferrand, INSEA de<br />

Cergy, INSA de Lyon, ENI de Saint-<br />

Étienne, INSA de Strasbourg). Une disparité<br />

qui se retrouve d’ailleurs au niveau<br />

des universités puisque, toujours en 2019,<br />

Sorbonne Université consacrait 52 % de<br />

ses dépenses à la recherche, l’université<br />

Paris Diderot 39 %, l’université de Bordeaux<br />

33 % et Amiens 28 % par exemple.<br />

La présence des industriels du début à<br />

la fin des formations et dans les conseils<br />

d’administration et de perfectionnement<br />

des écoles d’ingénieurs oriente leur recherche<br />

vers les partenariats industriels.<br />

Selon l’Igésr, ce phénomène est « amplifié<br />

depuis vingt ans par la présence de plus<br />

en plus forte de projets réalisés par des<br />

équipes d’élèves-ingénieurs sur des sujets<br />

fournis par les industriels ».<br />

Grenoble EM<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JANVIER <strong>2022</strong> N° 56<br />

Le rôle des écoles d’ingénieurs dans la recherche<br />

partenariale s’illustre dans leur<br />

implication dans les instituts Carnot (55 %<br />

de la recherche partenariale française). La<br />

moitié d’entre eux (dont les quatre plus importants<br />

par le chiffre d’affaires) sont ainsi<br />

portés par des écoles d’ingénieurs qui représentent<br />

50 % du chiffre d’affaires global.<br />

Sur les 39 instituts Carnot labellisés<br />

par le MESRI, les écoles d’ingénieurs sont<br />

partenaires actifs de 22.<br />

Écoles de management :<br />

la piste des étoiles<br />

Comme le note l’Igésr, « les classements<br />

nationaux et internationaux ont eu un<br />

impact grandissant pour les écoles de<br />

management avec cette particularité que<br />

seule la publication d’articles est prise en<br />

compte ». Selon l’Igésr il faut distinguer les<br />

écoles très peu productives en recherche<br />

(les EGS essentiellement), celles qui produisent<br />

moins de 200 publications par<br />

an (dont HEC et l’Essec) et celles qui en<br />

comptent entre 200 et 250 (MBS et ESCP)<br />

et enfin trois très prolifiques que sont l’Iéseg,<br />

l’Insead et Kedge.<br />

Au total le nombre d’articles publié par<br />

les écoles de management a progressé de<br />

1 442 en 2014 à 2 100 en 2018. Mais attention<br />

: il faut aussi prendre en compte le<br />

rang de ces publications. Concentrée sur<br />

les publications de rang 1* et 1, HEC en<br />

produisait 61 % en 2017, soit 30 % du total<br />

à elle seule. Alors que le taux d’encadrement<br />

moyen des étudiants a peu évolué<br />

entre 2014 (37 étudiants par enseignant) et<br />

2018 (39), le nombre moyen d’articles par<br />

école est passé de 27 à 41 (et de 82 à 101<br />

toutes publications confondues), sans que<br />

le nombre d’enseignants ait sensiblement<br />

augmenté sur la période.<br />

Ce qui a pu poser problème dans certaines<br />

écoles dont la production de recherche est<br />

sans commune mesure avec la qualité des<br />

enseignements. Un coût exorbitant qui finit<br />

par obérer leur recrutement même. Les<br />

écoles de taille moyenne se retrouvent en<br />

effet « face à des arbitrages pour optimiser<br />

leur budget recherche en fonction des<br />

productivités scientifiques supposées des<br />

chercheurs recrutés, des sous-domaines<br />

de recherche spécifiques (sur lesquels elles<br />

peuvent se différencier) et des montées en<br />

compétences internes. »<br />

Partenaires des<br />

universités (mais par trop)<br />

Comme l’explique l’Igésr, les écoles font<br />

« face à un dilemme entre la valeur ajoutée<br />

apportée par l’intégration à un regroupement,<br />

en termes d’interdisciplinarité,<br />

de moyens, d’attractivité et de visibilité<br />

internationale, et la conservation d’une<br />

autonomie de décision ». Comme le note<br />

l’Igésr, les écoles universitaires de recherche<br />

(EUR) ont « également été un vecteur<br />

de coopération pour les écoles d’ingénieurs<br />

et les grands établissements ». La<br />

première vague de l’appel à projet a retenu<br />

20 écoles d’ingénieurs impliquées dans<br />

douze EUR, trois de ces projets regroupant<br />

jusqu’à 4 écoles d’ingénieurs différentes,<br />

essentiellement publiques. Mais, seule une<br />

école d’ingénieurs est établissement porteur<br />

d’une EUR (ISAE-SUPAERO porte<br />

l’EUR TSAE). Et seule une école de commerce<br />

est impliquée dans une EUR : Skema<br />

dans l’EUR UCA DS4H).<br />

S’agissant justement des écoles de management,<br />

l’Igésr a pu également constater<br />

« des relations parfois difficiles avec les<br />

universités ». HEC ne participe ainsi à<br />

aucun des deux regroupements à Saclay,<br />

privilégiant une coopération via une école<br />

doctorale ou un Labex.<br />

Sébastien Gémon<br />

Les préconisations de l’Igésr<br />

Dans leur rapport les inspecteurs de<br />

l’Igésr font neuf recommandations dont<br />

celle pour l’ensemble des grandes écoles<br />

d’« interroger le positionnement, voire<br />

l’autonomie des écoles à faible impact au<br />

niveau de la recherche et favoriser leurs<br />

regroupements dans des ensembles<br />

plus vastes, leur permettant notamment<br />

de mieux répondre aux appels à projets<br />

nationaux et internationaux ».<br />

Plus spécifiquement du côté école<br />

d’ingénieurs, l’Igésr suggère notamment :<br />

- d’« intégrer le taux de poursuite en thèse<br />

des ingénieurs dans la contractualisation<br />

entre le MESRI et les écoles » et<br />

d’« engager une campagne de valorisation<br />

des docteurs de toutes les écoles » ;<br />

- de « consolider l’adossement à la<br />

recherche des classes préparatoires<br />

(initiation à la recherche, recrutements<br />

de docteurs, etc.) et encourager la<br />

poursuite des activités de recherche<br />

des professeurs par leur association<br />

Repères<br />

L’Igésr a retenu dans le<br />

périmètre de son étude 51<br />

établissements évalués par<br />

la Cefdg en 2018 pour les<br />

écoles de management, et<br />

203 établissements compris<br />

dans le périmètre des<br />

données dîtes certifiées<br />

de la CTI en 2020 pour<br />

les écoles d’ingénieurs.<br />

La question de<br />

l’adossement à la recherche<br />

des formations dans les<br />

écoles de management et<br />

d’ingénieurs est encadrée<br />

par l’article L. 642-1 du<br />

Code de l’éducation qui<br />

stipule que « La formation<br />

des ingénieurs et des<br />

gestionnaires [...] comporte<br />

une activité de recherche<br />

fondamentale ou appliquée ».<br />

à un laboratoire de recherche » ;<br />

- d’« intensifier la participation des<br />

enseignants-chercheurs des grandes<br />

écoles et écoles d’ingénieurs à des<br />

laboratoires de recherche associant<br />

universités et organismes de recherche,<br />

en l’intégrant comme critère des<br />

référentiels d’évaluation des écoles » ;<br />

- que « les stages en laboratoire permettent<br />

de délivrer le « quitus de stage ».<br />

Côté écoles de management,<br />

l’Igésr préconise :<br />

d’« inclure un critère d’adossement à<br />

la recherche » pour l’évaluation par la<br />

Cefdg (Commission d’évaluation des<br />

formations et diplômes de gestion) ;<br />

de faire « réaliser une évaluation des<br />

programmes de PhD des écoles de<br />

commerce par le Hcéres et intégrer<br />

au sein des critères de la Cefdg le<br />

devenir des masters en PhD ».<br />

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