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le niveau réel des prises dépasse de 40 pour cent celui

des prises déclarées. Des taux d’exploitation de cette

ampleur compromettent gravement la gestion durable des

écosystèmes marins. 64

L’aquaculture a augmenté de 245 % entre 1992 et 2009,

cette croissance se produisant principalement en Asie. La

production mondiale de produits d’aquaculture est passée

de 14 millions de tonnes en 1992 à près de 51 millions de

tonnes en 2009, un chiffre qui représente plus de la moitié

des prises de poissons sauvages. Cette industrie a créé des

emplois et d’importants avantages économiques, mais

l’environnement en a souffert en raison de la disparition

de mangroves, d’une mauvaise gestion des déchets de

poissons, d’un apport énorme d’antibiotiques, de l’impact

de la production et des prises de grandes quantités de

petits poissons pour l’alimentation des poissons d’élevage,

ainsi que de la concurrence entre poissons d’élevage

échappés et poissons sauvages de zones voisines. 65

Les principales sources de conflits au sujet des pêches et

des ressources marines sont les suivantes :

• La pêche légale et illégale par des navires étrangers

entrant en concurrence avec des pêcheurs locaux ;

• Les différends à propos de l’accès à des ressources ou

de leur répartition entre communautés de pêche ;

• La concurrence à propos de zones de pêche

productives ou d’espèces marines ciblées ;

• La non-reconnaissance de droits à des ressources ou

le manque de définition juridictionnelle ;

• La pollution et les autres menaces pesant sur les

habitats marins, notamment sur les mangroves et les

récifs coralliens ;

• Les tensions entre les intérêts respectifs des besoins

de subsistance, du commerce et de la conservation ;

• L’utilisation de technologies et les capacités de prise ; et

• La gestion de mouvements transfrontières de stocks de

poissons et le partage des avantages qui en découlent.

2.6 Aires protégées

En 2010, plus de 148 000 aires protégées avaient été

aménagées à travers le monde. Elles couvraient près de

13 % des zones terrestres ou 17 millions de kilomètres

carrés, une superficie égale à celle de la Fédération de

Russie. 66 Cependant les aires marines protégées ne couvrent

qu’environ 7 % des eaux côtières (situées à moins de 12

milles marins du littoral) et légèrement plus de 1,4 % des

océans. Par le Protocole de Nagoya, négocié en octobre

2010, les gouvernements du monde ont fixé de nouvelles

cibles en vue d’accroître l’étendue mondiale des aires

protégées. Aux termes d’un plan en 20 points, ils se sont

engagées à protéger, d’ici à 2020, 17 pour cent des eaux

terrestres et intérieures et 10 pour cent des zones côtières et

marines, notamment celles d’importance particulière pour

la biodiversité et pour les services écosystémiques. 67

Les aires protégées abritent une grande diversité

biologique et constituent une source importante de

richesses matérielles et non matérielles. Elles représentent

des stocks importants de capital naturel, culturel et

social, assurant les moyens de subsistance et le bien-être

de nombreuses populations. Ainsi, une étude menée en

2003 a montré que 33 des 105 villes les plus peuplées du

monde puisent une part importante de leur eau potable

dans des aires protégées. 68 Obtenir cette eau par d’autres

moyens serait probablement onéreux et au-delà des

moyens de certaines de ces villes. 69

À mesure que la population mondiale s’accroît et que

la demande en ressources naturelles augmente, les aires

protégées deviennent plus importantes mais aussi plus

menacées sur le plan national. Par ailleurs, pour la plupart

des gouvernements, il est difficile, voire impossible, de

contrôler les menaces externes qui pèsent sur leurs aires

protégées. Parmi ces menaces figurent le changement

climatique, les évolutions au-delà des frontières nationales,

la pollution transfrontière, la présence d’espèces

envahissantes, la fragmentation des habitats et la perte de

couloirs de migration d’animaux sauvages. Ces menaces

ne feront que s’intensifier dans les décennies à venir. Il

est pertinent de noter que plus de 80 % des conflits armés

qui ont eu lieu au cours du dernier demi-siècle se sont

déroulés, du point de vue biologique, dans certaines des

zones les plus diverses et menacées de la terre. 70

En dépit de leur importance évidente pour les humains,

les services écosystémiques et la valeur des aires

protégées sont souvent ignorés lorsqu’on décide de

convertir des zones naturelles en sols « économiquement

plus productifs » en procédant à l’installation

d’infrastructures, en y consacrant des activités agricoles

commerciales ou en les utilisant à des fins de pâturage.

Plusieurs facteurs expliquent cet état de choses. En

première lieu, jusqu’à une date récente, on n’a pas bien

compris la nature des services écosystémiques. Il arrive

souvent que leur valeur ne devienne évidente qu’à

partir du moment où ces services sont perdus et où des

alternatives doivent leur être trouvées. En deuxième lieu,

même au niveau local, les services écosystémiques ne

sont souvent payants qu’au bout d’un certain temps, alors

que d’autres actions peuvent dégager des avantages plus

rapides mais nuisibles aux écosystèmes. Des populations

22

GUIDE PRATIQUE POUR LA PRÉVENTION ET LA GESTION DES

CONFLITS LIÉS À LA TERRE ET AUX RESSOURCES NATURELLES

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