renewable-resources
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par une diminution de la disponibilité par habitant de
ressources critiques, conduisant potentiellement à une
concurrence accrue entre utilisateurs ainsi qu’à des
tensions. Cette situation se présente surtout lorsqu’un
groupe d’utilisateurs cause des dégradations au détriment
d’un autre groupe.
Des variations naturelles, notamment en eau, peuvent
modifier l’offre de ressources renouvelables, tandis que
des infrastructures mal entretenues ou un manque
d’investissement dans les infrastructures peuvent
également affecter l’offre de ressources.
La troisième et dernière cause de raréfaction de ressources
renouvelables est due à des « facteurs structurels ». Ceuxci
entrent en jeu lorsque les groupes différents d’une société
ne jouissent pas d’un accès égal à des ressources. Alors que
la rareté structurelle peut résulter d’une mauvaise GRN
Étude de cas 1 : La raréfaction de ressources renouvelables au Darfour constitue un
facteur de la poursuite de conflits violents dans cette région 94
Le Soudan est le théâtre de conflits armés et de troubles civils depuis plus d’un demi-siècle. Au Darfour, des
sécheresses répétées, des pressions démographiques et la marginalisation politique ont, parmi d’autres facteurs,
plongé la région dans un cycle de violence et d’anarchie qui a entraîné plus de 300 000 pertes de vies humaines et le
déplacement de deux millions de personnes depuis 2003.
Les causes du conflit au Darfour sont complexes, et beaucoup d’entre elles n’ont guère de rapports avec
l’environnement ou les ressources naturelles. Cependant, la variabilité du climat de la région, la rareté de l’eau et la
perte continue de terres fertiles se sont avérées être des facteurs sous-jacents importants. 95 Une étude des causes
du conflit au Darfour portant sur la période de 1930 à 2000 a, par exemple, montré que la concurrence à laquelle les
habitants de la région se livrent pour disposer de terres pastorales et de sources d’eau a été à l’origine de la plupart
des confrontations locales au cours des 70 dernières années. 96,97
Depuis plusieurs dizaines d’années, la forte croissance de la densité démographique dans la région exerce des
pressions sur les moyens de subsistance sédentaires et pastoraux traditionnels sous la forme d’une augmentation
des besoins en ressources naturelles rares, notamment en eau et en terres. En raison de la croissance
démographique, la pression exercée sur les pâturages a augmenté, ce qui a contribué à une réduction du couvert
végétal. À son tour, ce phénomène a accéléré le processus de désertification qui affecte la région et a réduit le volume
et la qualité de la terre végétale.
De plus, la région fait face à une forte baisse de la pluviosité - 16 des 20 années les plus sèches enregistrées à ce jour
sont postérieures à 1972 – qui provoque la défaillance des récoltes et une diminution des pâturages.
Dans l’ensemble, l’augmentation régulière de la densité du bétail, assortie d’une diminution de la superficie, de
l’accessibilité et de la qualité des pâturages, a conduit à une situation de surpâturage et de dégradation des sols. Il en
a résulté une concurrence violente entre les agriculteurs, les nomades et les éleveurs itinérants dans une région où 75
% de la population dépend directement des ressources naturelles pour ses moyens de subsistance. 98
Les stratégies d’adaptation qui s’offrent aux sociétés pastorales soudanaises sont : (i) entrer directement en concurrence
avec d’autres éleveurs itinérants à la recherche de pâturages plus productifs ; (ii) amener et faire paître leur bétail sur des
terres cultivées sans consentement ; et (iii) réduire la concurrence en évinçant d’autres éleveurs itinérants et agriculteurs
de terres précédemment partagées. 99 Chacune de ces stratégies entraîne un risque de conflit violent. 100
Avant 1970, il existait un système bien documenté de résolution de conflits de ce type qui faisait appel à des
mécanismes établis de médiation et de règlement de différends. Depuis lors, des réformes légales et des décennies
de conflits ont pour l’essentiel détruit un grand nombre de ces structures et procédures traditionnelles sans leur
trouver d’alternatives valables. Pour cette raison, le processus global de paix dans la région passera obligatoirement
par la mise en place de mécanismes de gouvernance et de résolution de différends dont l’importance pour affronter
la rareté des ressources et prévenir les conflits sera cruciale. La variabilité du climat, qui est potentiellement liée au
réchauffement général, aggravera encore la rareté de l’eau, l’infertilité du sol et la concurrence autour de ressources
en voie de diminution. Cela augmentera d’autant l’importance d’une gouvernance efficace et d’alertes avancées.
Source : PNUE : « Évaluation environnementale post-conflit au Soudan », PNUE, Genève, 2007.
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GUIDE PRATIQUE POUR LA PRÉVENTION ET LA GESTION DES
CONFLITS LIÉS À LA TERRE ET AUX RESSOURCES NATURELLES