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Étude de cas 9 : Des droits mal définis et des pressions transfrontalières entraînent

des conflits en République centrafricaine

La poursuite de conflits entre agriculteurs et éleveurs itinérants dans le nord de la République centrafricaine (RCA)

fournit l’exemple d’une situation où une mauvaise GRN et des pressions transfrontalières combinées conduit à une

multiplication des affrontements sur l’usage de pâturages.

Dans cette région, l’usage partagé des ressources a historiquement été régi par une série d’ententes tacites ou

explicites, ou de processus de négociation tribaux. Cependant, l’accroissement de la population des éleveurs a

provoqué la défaillance des systèmes traditionnels et les tensions se sont accrues. Celles-ci ont été aggravées par

le manque de clarté dans les droits d’usage et d’accès aux ressources de la terre, particulièrement dans l’est et le

nord-est du pays. La situation a été exacerbée davantage par des déplacements transfrontières de troupeaux venant

du Tchad et du Soudan, poussés par les conflits et la sécheresse qui perdurent sur une partie de leur parcours. Les

troupeaux provenant d’au-delà de la frontière seraient apparemment plus nombreux et leurs propriétaires, mieux

armés, ne seraient guère inquiétés par les forces de sécurité centrafricaines.

Les conflits à propos des droits de passage, d’accès à de l’eau, de dommages aux cultures et de braconnage de

gibier local sont devenus plus fréquents, ce qui entraîne une escalade de la violence. Les enfants des éleveurs

itinérants Mbororo ont été enlevés et détenus contre rançon, ce qui a poussé ces éleveurs à acquérir des armes plus

sophistiquées pour pouvoir se défendre. Les agriculteurs sédentaires ont réagi par des mesures semblables. Les

affrontements avec les éleveurs itinérants ont également fait monter le prix de la viande de bœuf, rendant la viande

de brousse économiquement plus avantageuse et augmentant encore plus les pressions sur la faune sauvage. Les

éleveurs itinérants ont également été accusés d’avoir allumé des incendies qui ont détruit des cultures et du cheptel.

Il leur est en outre reproché de surexploiter les ressources en faune sauvage.

Les changements environnementaux et sociaux ont contribué à l’aggravation du problème. Du fait de l’aridité qui

affecte le Sahel, y compris les parties sud du Tchad et du Soudan, les superficies viables de pâturage de saison

sèche se sont amenuisées, poussant les gardeurs de troupeaux en direction des pâturages extensifs plus tempérés

de la RCA. L’instabilité a également apporté des modifications aux habitudes migratoires saisonnières, certains

pâturages ayant été rendus inaccessibles en raison d’actes de banditisme accrus.

Une évaluation menée sur le terrain par le PNUE en 2008 a conclu que les tensions croissantes entre groupes

pastoraux locaux et transfrontaliers et agriculteurs sédentaires, et l’absence de processus de résolution de différends,

représentaient une « bombe à retardement » et une cause importante d’instabilité dans cette région souvent affectée

par des tensions. 124

Source : PNUE : « Risques et opportunités présentés par les ressources naturelles et l’environnement pour la consolidation de la

paix en République centrafricaine - Projet », Rapport de mission du PNUE, Genève, 2009.

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GUIDE PRATIQUE POUR LA PRÉVENTION ET LA GESTION DES

CONFLITS LIÉS À LA TERRE ET AUX RESSOURCES NATURELLES

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