Qualité Référence 94
Spécial Numérique et focus : Aéronautique, spatial et défense
Spécial Numérique et focus :
Aéronautique, spatial et défense
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Septembre 2022 à Février 2023 / Trimestriel / 20€ N° <strong>94</strong>-95<br />
Septembre 2022 à Février 2023 / Trimestriel / 20€ Spécial Numérique et focus Aéronautique, spatial et défense<br />
Dossier<br />
Spécial Numérique et focus<br />
Aéronautique, spatial et défense 24<br />
CERTIFICATION, CONSEIL<br />
Le marché de la certification en 2022 et les<br />
perspectives pour 2023 45<br />
PREVENTION DES RISQUES,<br />
ENVIRONNEMENT<br />
L’exactitude des valeurs : un prérequis indispensable<br />
pour bien gérer ses risques 22<br />
EXCELLENCE, DÉMARCHE<br />
Comment l’innovation prépare-t-elle<br />
à la résilience ? 65<br />
OUTILS QUALITÉ<br />
Santé et environnement : quelles<br />
solutions pour la gestion des risques<br />
et de la qualité ? 69
ÉDITORIAL<br />
©DR<br />
De la Refondation Numérique<br />
à l’Industrie Zéro Carbone<br />
Valérie Brenugat<br />
Rédactrice en chef<br />
En novembre dernier, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition<br />
numérique et des Télécommunications avait lancé le Conseil National de la Refondation<br />
« Numérique ». Il réunit des représentants des forces politiques, des partenaires sociaux,<br />
des élus locaux, des représentants du monde économique et associatif. Dans ce numéro<br />
double, le dossier sur le numérique révèle les résultats de deux études : l’une sur l’impact<br />
de la crise sanitaire sur la maturité digitale de la France et l’autre sur la maturité digitale<br />
des services <strong>Qualité</strong> et HSE. Des avis<br />
d’experts traitent, quant à eux, du risque<br />
cyber des organisations et de l’agilité<br />
des processus.<br />
En outre, le 15 novembre, le ministre<br />
délégué chargé de l’Industrie, Roland<br />
Lescure, a réuni les dirigeants des 50<br />
sites industriels les plus émetteurs et les<br />
représentants de leurs filières au sein<br />
« Les entreprises devront proposer<br />
sous cinq mois plusieurs scenarios<br />
de transition écologique utilisant des<br />
technologies de rupture afin d’atteindre<br />
l’objectif global fixé par le président de<br />
la République»<br />
du Conseil National de l’Industrie afin de lancer l’initiative « Industrie Zéro Carbone » qui<br />
portera la planification écologique de l’industrie. Cet échange fait suite à la demande exposée<br />
par le président de la République que soient élaborées des feuilles de route de décarbonation<br />
afin de diviser par deux les émissions industrielles de gaz à effet de serre en dix ans, et<br />
d’ajouter le soutien financier de l’Etat aux efforts des industriels dans une logique de contrats<br />
de transition écologique. Les entreprises devront proposer sous cinq mois plusieurs scenarios<br />
de transition écologique utilisant des technologies de rupture afin d’atteindre l’objectif<br />
global fixé. Les scenarios les plus efficaces budgétairement seront retenus pour établir le<br />
niveau d’effort de l’industrie pour la prochaine Stratégie Nationale Bas Carbone et le niveau<br />
de soutien public associé. La décarbonation est donc un des sujets d’actualité abordés dans<br />
plusieurs dossiers de ce numéro. Ces feuilles de route de décarbonation en cours d’élaboration<br />
permettront-elles atteindre les objectifs fixés sans difficultés ?<br />
Valérie Brenugat<br />
Envie de réagir ?<br />
@qualiref<br />
redaction@qualite-references.com<br />
ÉDITEUR<br />
MRJ Informatique<br />
22, Boulevard Gambetta<br />
92130 Issy-les-Moulineaux<br />
Tél. : 01 84 19 38 10<br />
Fax : 01 34 29 61 02<br />
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Direction :<br />
Michaël Lévy<br />
Directeur de publication :<br />
Jérémie Roboh<br />
Directeur des rédactions :<br />
Olivier Guillon<br />
Rédactrice en chef :<br />
Valérie Brenugat<br />
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Sonia Cheniti<br />
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la-revue/<br />
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numérique : 60 € TTC<br />
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Conception graphique :<br />
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Impression :<br />
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6, avenue Jean d’Alembert<br />
78190 Trappes<br />
N°ISSN :<br />
1293-2<strong>94</strong>9<br />
Dépôt légal : à parution<br />
Périodicité : Trimestrielle<br />
Numéro : <strong>94</strong>/95<br />
Date :<br />
Septembre-Octobre-<br />
Novembre-Décembre 2022<br />
-Janvier-Février 2023<br />
RÉDACTION<br />
Rédactrice en chef<br />
Valérie Brenugat<br />
Comité de rédaction : Christian<br />
Doucet (AME), Pierre Girault (AFQP, Air<br />
France), Olec Kovalevsky (Performance<br />
<strong>Qualité</strong> TPE – PME).<br />
Ont contribué au numéro :<br />
Valérie Brenugat, Christian Doucet,<br />
Olec Kovalevsky, Olivier Javel et<br />
Pierre Lacoin (1792avocats), Loïc<br />
Le Dréau (FM Global), Jean-Philippe<br />
Guillemin (Apixit), Frederick<br />
Benaben et Xavier Lorca (IMT Mines<br />
Albi), Pierre Bregeault et Jean-Michel<br />
Rey (Posithot), Vincent Etchebehere<br />
(Air France), Olivier Guillaumon<br />
(MAP Space Coatings), Georges Abi<br />
Rached (AB Certification), Laurent<br />
Croguennec (Bureau Veritas Certification),<br />
Olivier Audebert (SGS France),<br />
Philippe Defiolle, Olivier Fauroux et<br />
Philippe Roudier (LRQA), Julien Nizri<br />
(Afnor Certification), Gil Doat (Eco CO2),<br />
Sébastien Beague et Claire Trubert<br />
(Centre Hospitalier de Dunkerque),<br />
François Versini (Digilence), Lisa<br />
Bossu (Hôpital des Quinze-Vingt),<br />
Pierre Girault .<br />
Crédits Photos :<br />
iStock<br />
Encartage : Kern Sohn<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 3
SOMMAIRE<br />
DOSSIER<br />
DOSSIER<br />
Spécial Numérique<br />
25 L’impact de la crise sanitaire sur la maturité digitale de la<br />
France : une étude BCG-Medef<br />
28 Rapport 2022 sur la maturité digitale des services <strong>Qualité</strong> et HSE<br />
30 Comment estimer le risque cyber des organisations ?<br />
32 Agilité des processus<br />
Focus Aéronautique, spatial et défense<br />
34 La densité de défauts au cœur de l’Assurance <strong>Qualité</strong> !<br />
38 Air France : vers un horizon vert<br />
41 MAP Space Coatings : un haut niveau de qualité allié à une démarche<br />
environnementale forte<br />
24<br />
Éditorial<br />
03 De la Refondation Numérique à<br />
l’Industrie Zéro Carbone<br />
Billet<br />
08 L’Excellence au pied du mur<br />
Tribune<br />
10 Zoom contextuel et nouvelles<br />
perspectives<br />
Actualités<br />
12 Biodivercity Life pour la biodiversité<br />
d’un site et le bien-être de ses<br />
occupants<br />
14 Un nouveau président pour Gesip<br />
16 Une mobilisation pour la<br />
décarbonation et les économies<br />
d’énergie<br />
TPE-PME<br />
17 Premiers pas en <strong>Qualité</strong> dans<br />
les TPE – PME<br />
Prévention des risques,<br />
Environnement<br />
22 L’exactitude des valeurs : un prérequis<br />
indispensable pour bien gérer ses<br />
risques<br />
Formation, Conseil,<br />
Certification<br />
45 AB Certification, Afnor Certification,<br />
Bureau Veritas Certification France,<br />
LRQA France et SGS France : regards<br />
croisés<br />
58 Air France : les carburants durables, un<br />
levier pour sa politique de décarbonation<br />
60 Le transport routier en transition<br />
63 Discrimination positive, attention à<br />
l’interdiction des discriminations<br />
Excellence, Démarche,<br />
Management<br />
65 Comment l’innovation prépare-t-elle à<br />
la résilience ?<br />
67 Mutations du travail : obligation de<br />
reclassement et formation à la charge<br />
de l’employeur<br />
Outils <strong>Qualité</strong><br />
69 Comment libérer le potentiel du digital<br />
en santé par la qualité ?<br />
72 Apport de l’Intelligence Artificielle<br />
à la performance opérationnelle et<br />
environnementale de la gestion des<br />
réseaux d’eau<br />
74 Hôpital des Quinze-Vingt : la<br />
responsable <strong>Qualité</strong> du laboratoire<br />
témoigne<br />
09 Boite à livres<br />
76 Agenda<br />
Outils<br />
78 Sommaire / Index<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 5
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LES TEMPS FORTS<br />
©DR © AdobeStock_263073481<br />
©DR<br />
©DR<br />
DOSSIER<br />
FORMATION, CONSEIL<br />
EXCELLENCE, DÉMARCHE…<br />
OUTILS QUALITÉ<br />
Spécial Numérique et focus Aéronautique,<br />
spatial et défense p 24 à 44<br />
L’étude BCG-Medef révèle que la plupart des entreprises françaises se sont<br />
adaptées aux principales attentes numériques suite à la crise sanitaire.<br />
BlueKanGo dévoile aussi les résultats de la première enquête européenne sur la<br />
maturité digitale des services <strong>Qualité</strong> et HSE. En outre, Apixit expose comment<br />
estimer le risque cyber des organisations. Le Directeur du laboratoire Deep-<br />
Turtle partage, quant à lui, son expertise sur l’agilité des processus. Par ailleurs,<br />
Posithot explique comment l’utilisation de la spectroscopie d’annihilation de<br />
positrons permet d’identifier des défauts. En outre, Air France présente sa<br />
politique environnementale dans les transports. Enfin, MAP Space Coatings<br />
commente sa gestion de la qualité.<br />
Le marché de la certification en 2022<br />
et les perspectives pour 2023 p 45 à 57<br />
Georges Abi Rached, Directeur Général d’AB Certification, Laurent<br />
Croguennec, Président Directeur Général de Bureau Veritas Certification,<br />
Olivier Audebert, Directeur Technique et Développements chez SGS<br />
France, Philippe Defiolle, Responsable des auditeurs, Olivier Fauroux,<br />
Responsable Technique Durabilité et Philippe Roudier, responsable Aéro,<br />
Défense et Cybersécurité chez LRQA France et Julien Nizri, directeur<br />
d’Afnor Certification dressent un bilan sur le marché de la certification<br />
en 2022. Ils dévoilent aussi leurs projets de développement en 2023.<br />
Comment l’innovation prépare-t-elle<br />
à la résilience ? p 65 à 66<br />
Dans un avis d’expert, les Médecins Réanimateurs du Service de Médecine<br />
Intensive et Réanimation du Centre Hospitalier de Dunkerque, Dr Sébastien<br />
Beague, et Dr Claire Trubert, constatent que depuis 2020, le terme Résilience<br />
aura été plus employé dans le secteur de la Santé comme une aspiration<br />
rassurante au calme du monde d’avant après deux ans d’épreuves<br />
organisationnelles, fonctionnelles et individuelles. Focus<br />
Santé et environnement : quelles<br />
solutions pour la gestion des risques<br />
et de la qualité ? p 69 à 75<br />
Le président du Comité Scientifique eSanté de la société Digilence explique<br />
comment libérer le potentiel du digital en santé par la qualité. Apport de l’Intelligence<br />
Artificielle à la performance opérationnelle et environnementale de la<br />
gestion des réseaux d’eau. Le Directeur du centre Génie Industriel d’IMT Mines<br />
Albi présente, quant à lui, l’apport de l’Intelligence Artificielle à la performance<br />
opérationnelle et environnementale de la gestion des réseaux d’eau. Enfin, la<br />
responsable <strong>Qualité</strong> du laboratoire de l’Hôpital des Quinze-Vingt, témoigne sur<br />
l’utilisation de ses outils dans un établissement public de santé.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 7
BILLET<br />
L’EXCELLENCE<br />
AU PIED DU MUR<br />
“Les français sont le peuple européen<br />
de la culture par excellence”<br />
(Hermann von Keyserling :“Analyse spectrale de l’Europe”)<br />
©DR<br />
Christian Doucet,<br />
membre du comité<br />
éditorial et auteur<br />
d’ouvrages.<br />
Nous connaissons<br />
actuellement des<br />
bouleversements :<br />
• Le réchauffement<br />
climatique et la limitation<br />
indispensable des<br />
émissions de gaz à effet<br />
de serre (COV), qui vont<br />
entraîner des répercussions<br />
considérables sur nos modes<br />
de vie, de transports et nos<br />
structures industrielles<br />
(pensons par exemple aux<br />
industries automobile<br />
et aéronautique mais<br />
pratiquement toutes seront<br />
concernées),<br />
• La guerre en Ukraine,<br />
dont les répercussions<br />
sont multiples et<br />
mondiales (inflation,<br />
ruptures de chaînes<br />
d’approvisionnement,<br />
pénuries de pétrole, de<br />
gaz et de céréales) va sans<br />
doute amener à revoir<br />
la mondialisation et à<br />
modifier de façon durable<br />
les relations internationales<br />
et économiques<br />
• la pandémie du CoVid19,<br />
de son côté, a invité dans<br />
l’entreprise un mode de<br />
travail inatten-du : le<br />
télétravail, qui améliore les<br />
conditions de travail des<br />
cadres essentiellement et<br />
ren-force l’évolution vers<br />
l’entreprise « étendue »<br />
avec des collaborateurs<br />
pouvant être répartis<br />
géographiquement.<br />
• Les pénuries actuelles<br />
de personnel (hôtellerierestauration,<br />
bâtiment,<br />
santé, chauffeurs, etc.…)<br />
vont-elles se poursuivre ? Un<br />
nouvel équilibre semble en<br />
train de se mettre en place<br />
avec des salaires plus élevés<br />
et des conditions de travail<br />
améliorées.<br />
Toutes ces évolutions<br />
sont de nature à accroître<br />
les coûts de revient<br />
(approvisionnements,<br />
salaires, énergie...), et les<br />
entreprises peuvent avoir<br />
envie de reconstituer leur<br />
marge au détriment de la<br />
quali-té des matières et des<br />
productions.<br />
Tous ceux qui suivent<br />
assidument cette rubrique<br />
(il y en a, je le sais !) savent<br />
que la qualité qui rapporte,<br />
c’est l’excellence, c’est-à-dire<br />
la capacité à obtenir, grâce<br />
à notre effort de qualité à<br />
tous les niveaux, une très<br />
belle image auprès des<br />
clients réels et potentiels,<br />
image qui permet ensuite<br />
de développer nos ventes à<br />
notre prix. L’excellence doit<br />
normalement être le résultat<br />
d’une dé-marche qualité<br />
bien menée.<br />
Et n’oublions pas que<br />
notre richesse provient<br />
essentiellement de nos<br />
ventes extérieures, qui<br />
sont directement liées<br />
à cette excellence. Plus<br />
notre renommée est forte,<br />
mieux ça marche. Citons<br />
l’aéronautique, le tourisme,<br />
le luxe, etc... Partout où les<br />
clients sont heureux de se<br />
fournir chez nous, les affaires<br />
fleurissent.<br />
Il ne faudrait donc pas que les<br />
difficultés inévitables à venir<br />
nous poussent à baisser la<br />
garde. Au contraire, lorsque<br />
les coûts augmentent, c’est<br />
le renom et la qualité des<br />
produits et des services qu’il<br />
faut renforcer, afin que les<br />
prix de vente puissent suivre.<br />
Notre choix est simple :<br />
décidons de réussir !<br />
●<br />
8<br />
I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
A LIRE, VOIR, ÉCOUTER<br />
BOITE À OUTILS<br />
UNE MEILLEURE ÉLOQUENCE AU QUOTIDIEN<br />
Cet ouvrage analyse les codes de la prise de parole et des dialogues sous toutes leurs formes. En comprenant<br />
davantage un interlocuteur et ce qui se joue dans l’échange, la communication sera alors pertinente.<br />
Avec des conseils sur la manière de poser sa voix, d’exprimer un sentiment ou de répondre à un reproche,<br />
ce guide permet de maîtriser l’art de l’éloquence pour être à l’aise avec tout le monde et en toute situation.<br />
Éric Cobast est professeur agrégé de l’Université. Ancien directeur académique, il a créé «l’Académie de<br />
l’Éloquence». Dirigeant de l’agence SWN, il accompagne de nombreuses entreprises et personnalités dans<br />
leur communication.<br />
« L’incroyable pouvoir de l’éloquence au quotidien », Éric Cobast, Eyrolles, 224 p, 16,90 €, www.<br />
editions-eyrolles.com<br />
50 ÉPISODES MANAGÉRIAUX<br />
Réunis sous le nom « Eleven - collectif de coachs », 11 coachs expérimentés ont mis en commun leur<br />
expertise afin de traiter, en 50 épisodes de vie managériale, des cas concrets inspirés par leur pratique.<br />
Les auteurs de cet ouvrage croisent leurs regards au travers de techniques créatives afin d’aborder<br />
des situations managériales. Exposé en séquence courte, chaque épisode, ancré dans le réel, permet<br />
de prendre du recul, de s’interroger sur sa posture de manager, et à envisager de nouvelles perspectives<br />
d’action. Cet ouvrage est destiné aux managers et aux dirigeants, ainsi qu’aux coachs et aux<br />
professionnels des RH.<br />
« 50 épisodes managériaux - Des coachs racontent et décryptent ! », Eleven - collectif de<br />
coachs, Afnor Editions, 176 p, 28 €, www.boutique.afnor.org/livres<br />
LE LEAN MANAGEMENT AU CŒUR DES SERVICES<br />
Mis en situation dans le secteur des services, ce guide de référence présente et développe chaque grand<br />
principe du Lean avec plusieurs exemples et cas pratiques. Il permet de transformer durablement et<br />
en profondeur une entreprise et d’apporter de l’énergie à une équipe.<br />
Formé à la pratique du Lean chez Toyota, Olivier René a été directeur de l’organisation et du Lean<br />
management du groupe Auchan. En 2019, il crée Kaizenco, son cabinet de conseil et d’accompagnement<br />
en Lean management. Bertrand De Graeve découvre, quant à lui, le Lean en étant un chef de<br />
secteur dans la grande distribution. Après avoir été directeur qualité et méthodes, il rejoint un cabinet<br />
de conseil expert en Lean management. En 2021, il fonde Cap Kaizen. Il accompagne la mise en<br />
œuvre de démarches d’amélioration continue.<br />
« Le Lean management au cœur des services », Olivier René, Bertrand De Graeve et Didier<br />
Leroy, Alisio, 288 p, 25 €, www.editionsleduc.com<br />
AUTOPSIE D’UN BURN-OUT<br />
Passionnée et engagée, Aude Selly s’était consacrée totalement à son travail. Mais à 33 ans, elle y<br />
a laissé sa santé, brisée par un burn-out la poussant au geste ultime suivi d’une hospitalisation. A<br />
partir de son témoignage, l’autrice devenue spécialiste et formatrice sur le sujet du burn-out, répond<br />
aux questions fondamentales afin d’éviter les conditions de son apparition et réussir sa guérison.<br />
Cet ouvrage s’inspire des trois livres consacrés au sujet par Aude Selly : « Quand le travail vous tue<br />
: Histoire d’un burn-out et de sa guérison », « Burn-out et après ? Comment le prévenir - Comment<br />
se reconstruire » et « Renaissance : Il y a une vie après le burn-out ». S’il en reprend le meilleur, il va<br />
plus loin en insistant particulièrement sur les signes annonciateurs, les solutions à mettre en place<br />
pour l’éviter, et comment se relever après avoir été touché.<br />
« Autopsie d’un burn-out », Aude Selly, Dunod, 240 p, 19,90 €, www.dunod.com<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 9
TRIBUNE<br />
FRANCE QUALITÉ<br />
Zoom contextuel et<br />
nouvelles perspectives<br />
©DR<br />
Pierre Girault, Président de<br />
France <strong>Qualité</strong> et membre du<br />
Comité Éditorial de <strong>Qualité</strong><br />
<strong>Référence</strong>s<br />
L’actualité relative aux démarches de progrès et de maîtrise des risques, se<br />
révèle particulièrement dense dans notre pays. France <strong>Qualité</strong>, organisation<br />
représentative de la communauté des professionnels concernés, souhaite<br />
partager un point global sur le sujet. Et ce, en exclusivité pour <strong>Qualité</strong><br />
<strong>Référence</strong>s, revue bien connue de la communauté. Trois thématiques générales<br />
font l’actualité du moment en France : le social, la sobriété, les « solutions ».<br />
Clairement, tous les acteurs<br />
politiques, économiques, sociaux,<br />
citoyens, cherchent une réponse à<br />
la problématique du devenir postcrise<br />
sanitaire et tensions économiques. On<br />
Cvoit que des préoccupations liées au déficit du<br />
commerce extérieur, au besoin de trésorerie des<br />
entreprises, au développement du numérique,<br />
demeurent prégnantes. De fait, le réseau France<br />
<strong>Qualité</strong> s’est engagé dans le débat, présentant dix<br />
préconisations aux Pouvoirs Publics. Un certain<br />
nombre d’entre elles, dont l’essor de promotions<br />
qualitatives des produits français à l’étranger,<br />
l’intégration de sensibilisations aux méthodes/<br />
outils d’amélioration continue, d’excellence,<br />
dans les cursus d’enseignement supérieur,<br />
retiennent d’ores et déjà l’attention. Nous<br />
poursuivrons les contacts avec les responsables<br />
ministériels - en témoigne la dernière lettre<br />
reçue de notre interlocutrice référente, Cheffe<br />
du Cabinet de Madame Marlène Schiappa, qui<br />
figure ci-contre. Heureusement, oui, la <strong>Qualité</strong><br />
peut et doit apporter des solutions !<br />
S’agissant de la sobriété écologiqueénergétique,<br />
les organismes publics et privés<br />
sont confrontés à la double nécessité d’une<br />
action durable et de résultats tangibles ; cela<br />
requiert du pragmatisme, de la méthodologie :<br />
là encore, la tribune publiée récemment et<br />
conjointement avec le Collège des Directeurs<br />
du Développement Durable, suscite de multiples<br />
réactions positives, sans doute parce qu’elle<br />
met l’accent sur plusieurs résonances... À<br />
savoir le fait que les démarches d’amélioration<br />
10 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
TRIBUNE<br />
permettent d’abord et avant tout d’éviter<br />
la «non» ainsi que la «sur»-qualité, donc<br />
assurent une consolidation de la sobriété,<br />
mais aussi renforcent l’efficience des<br />
processus en matière de consommation<br />
d’énergie.<br />
Il est par ailleurs nouveau que les synergies<br />
<strong>Qualité</strong>-Environnement [et par conséquent<br />
la présence de représentants spécialisés],<br />
s’avèrent au menu de grands congrès RSE,<br />
comme Produrable ou le World Impact Summit de Bordeaux<br />
(30 novembre & 1er décembre).<br />
Reste le volet social, soit plutôt la famille d’enjeux <strong>Qualité</strong><br />
de Vie et Conditions de Travail, bien-être. Beaucoup d’outils<br />
<strong>Qualité</strong>, tels que les ateliers participatifs, management visuel<br />
et reconnaissances, programmes de suggestions, méthodes de<br />
résolution de problèmes, sans oublier l’approche processus,<br />
sont de nature à conforter des liens de confiance, y compris en<br />
transverse, entre les équipes. Gageons<br />
que notre campagne promotionnelle<br />
à venir, consacrée au dispositif<br />
Concordance d’excellence relationnelle<br />
- c’est un scoop -, puisse en faciliter<br />
l’appropriation. Quant à la fonction<br />
<strong>Qualité</strong> elle-même, elle apparaît, au<br />
vu d’études successives, notamment<br />
celle du Cabinet franco-canadien<br />
Pyx4, porteuse en termes d’emploi.<br />
Manifestement au regard des considérations précédentes. Voilà<br />
pourquoi France <strong>Qualité</strong>, dans son rôle de veille, après avoir<br />
diffusé des podcasts sur le Manager <strong>Qualité</strong> du futur, prévoit<br />
d’en réaliser d’autres au premier trimestre 2023, davantage<br />
centrés compétences voulues.<br />
« Heureusement, oui,<br />
la <strong>Qualité</strong> peut<br />
et doit apporter<br />
des solutions ! »<br />
Je crois que l’on n’a décidément pas fini d’évoquer de telles<br />
opportunités - merci de votre attention ! ●<br />
Pierre Girault<br />
PATRONNES<br />
Si les femmes représentent 52 % de la<br />
population française, seulement 3 dirigeantes<br />
occupent des postes de responsabilité<br />
dans des sociétés cotées au CAC<br />
40. Sur les 120 plus grandes entreprises<br />
françaises, elles sont 18 à avoir atteint<br />
le poste le plus élevé. Dans le monde de<br />
la Tech, alors que les femmes créent 24<br />
% des start-up, elles n’obtiennent que 12<br />
% des fonds levés chaque année. Pourtant,<br />
les 52 femmes de ce livre ont réussi à<br />
devenir numéro une de leurs entreprises.<br />
Elles racontent leurs parcours.<br />
Et comme leur ascension est rarement<br />
accompagnée d’un manuel, Patronnes<br />
est le mode d’emploi, sans langue de<br />
bois, inspiré par ces femmes qui ont<br />
réussi à atteindre le sommet. Parmi les 52<br />
portraits de patronnes, figurent ceux de<br />
Catherine MacGregor, Delphine Arnault<br />
et Delphine Ernotte Cunci.<br />
« Patronnes », Elodie Andriot,<br />
Albin Michel, 320 p., 22,90 €<br />
www.albin-michel.fr<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 11
ACTUALITÉS<br />
IMMOBILIER<br />
Le label Biodivercity Life a été<br />
lancé en novembre dernier<br />
dans le Campus Evergreen du<br />
groupe Crédit Agricole, site<br />
pilote situé à Montrouge (92).<br />
Tout actif immobilier existant<br />
en exploitation depuis plus<br />
d’un an peut prétendre à cette<br />
labellisation. Un propriétaire,<br />
un gestionnaire, des usagers ou<br />
les services généraux peuvent<br />
en faire la demande comme tout<br />
acteur participant à la gestion<br />
des locaux et espaces végétalisés<br />
d’un site.<br />
«La labellisation Biodivercity Life<br />
nous permet d’aller au-delà de<br />
l’effet spectaculaire des 8 hectares<br />
du campus Eveergreen pour donner<br />
à la diversité de la faune et de la flore leur<br />
pleine place. » déclare Catherine Pouliquen,<br />
directrice RSE et Innovation chez Crédit<br />
Agricole Immobilier (CAI). Ce label note,<br />
affiche et améliore la performance des actifs<br />
existants vis-à-vis de leur niveau de prise<br />
en compte de la biodiversité au bénéfice<br />
du vivant et de de leurs occupants. Son<br />
but : valoriser le potentiel biodiversité d’un<br />
actif et favoriser le bien-être des usagers<br />
à travers un processus d’engagement<br />
vers une amélioration continue. Le label<br />
permet ainsi à chaque site existant de<br />
mieux intégrer le vivant et de participer<br />
concrètement, visiblement, localement à<br />
la transition écologique locale.<br />
Quatre prérequis sont nécessaires à la<br />
labellisation BiodiverCity Life : être<br />
accompagné d’un assesseur (écologue<br />
ou agronome ayant une expérience<br />
dans le milieu urbain) accrédité par le<br />
Cibi et formé au label, lancer une étude<br />
écologique du site et de son contexte,<br />
une surface des espaces végétalisés du<br />
site d’au moins 100 m² et un bâtiment<br />
livré depuis 1 an minimum. Le processus<br />
de la labellisation comprend plusieurs<br />
phases. La labellisation du projet (étude<br />
du site et plan d’action sur 3 ans)<br />
nécessite l’intervention d’un auditeur<br />
Biodivercity Life<br />
d’un site et le bien-être<br />
Le campus Evergreen du groupe Crédit Agricole labelisé<br />
qui labellise le plan d’action après l’étude<br />
du dossier et l’audit du site. Puis il y a<br />
la mise en œuvre du plan d’action avec<br />
la participation du jardinier. Ensuite, le<br />
suivi est assuré avec l’outil de pilotage.<br />
Après, la phase de l’amélioration continue<br />
consiste en un renouvellement pour un<br />
cycle de 3 ans avec un nouveau plan<br />
d’action et nouvelle notation). Enfin,<br />
elle se termine par un engagement et un<br />
audit de renouvellement. Les projets sont<br />
labellisés à l’issue d’un double contrôle<br />
de l’atteinte des objectifs du référentiel<br />
par une évaluation assesseur puis par<br />
un vérificateur d’un organisme tiers<br />
indépendant. Ils obtiennent une notation<br />
sur les 4 axes composant le référentiel.<br />
Le label BiodiverCity Life propose une<br />
démarche d’engagement et d’amélioration<br />
continue pour des sites existants sur le<br />
sujet de la biodiversité. Cela passe par<br />
un engagement par la connaissance de<br />
la biodiversité et biophilie du site, la<br />
mobilisation et l’engagement des différents<br />
acteurs ainsi que la mise en place d’une<br />
dynamique d’amélioration continue. Elle<br />
permet aussi de renforcer une valeur<br />
écologique déterminée en fonction de la<br />
qualité écologique, de la fonctionnalité<br />
A gauche, Jean-François Farnault,<br />
Animateur <strong>Qualité</strong> et Environnement / Chief<br />
Risk Officer au CAI et à droite, Jérémy<br />
Durand, Ecologue accrédité Biodivercity chez<br />
ARP-ASTRANCE.<br />
© Valérie Brénugat<br />
12 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
ACTUALITÉS<br />
© Valérie Brénugat<br />
pour la biodiversité<br />
de ses occupants<br />
écologique et de la capacité d’accueil des<br />
habitats écologiques du site. Par ailleurs,<br />
cette labellisation se traduit par un<br />
renforcement écologique avec une gestion<br />
écologique et différenciée des espaces verts,<br />
un accueil du Vivant, un renforcement des<br />
continuités écologiques. Elle atteste aussi<br />
une contribution du bâti à la biodiversité<br />
tout en limitant des impacts. Elle entraine<br />
également un renforcement biophilique :<br />
Les ruches du Campus Evergreen<br />
© Valérie Brénugat<br />
biophilie des espaces intérieurs et extérieurs,<br />
sensibilisation et éducation à la biodiversité,<br />
santé des usagers, implication des usagers<br />
et agriculture urbaine.<br />
LE CAMPUS EVERGREEN,<br />
UN SITE PILOTE<br />
Les équipes de l’immobilier d’exploitation<br />
du CAI ont œuvré à l’obtention du label<br />
pilote Biodivercity Life en 2020. Ainsi, le<br />
Campus Evergreen figure parmi les 9 sites<br />
labellisés avec ses 4 hectares de biodiversité<br />
sur 8 au total, son jardin japonais et ses<br />
bassins d’agrément. Plusieurs acteurs sont<br />
intervenus dans la labellisation. Le DIMEX<br />
du Crédit Agricole Immobilier en a assuré<br />
le pilotage. Catherine Pouliquen remarque<br />
à propos du rôle de ce pilotage : « Nous<br />
sommes intervenus à double titre : notre<br />
rôle d’accompagnement sur l’exploitation<br />
du site de Crédit Agricole SA et en tant que<br />
reporting manager pour des investisseurs<br />
institutionnels sur le site Campus Europa<br />
Avenue à Bois-Colombes. On a donc<br />
contribué à la co-construction de ce label.<br />
Cela s’inscrit dans une démarche plus<br />
large Nature en Ville by CAI. En tant que<br />
promoteur, on propose des logements et<br />
des bureaux. Cela se traduit au quotidien<br />
dans la façon de penser nos projets et dans<br />
l’aménagement en intégrant l’homme et<br />
la nature et dans la manière de réaliser<br />
ces ensembles immobiliers. » En outre,<br />
l’entreprise Jardins de Gally a été chargée de<br />
la gestion des espaces verts respectueuse de<br />
l’environnement et favorisant la biodiversité<br />
et la sensibilisation des occupants. La LPO<br />
s’est occupé, quant à elle, du label lié à la<br />
préservation des espèces sur le campus.<br />
Par ailleurs, ARP Astrance, assesseur<br />
BiodiverCity du site, est intervenu<br />
sur la partie Conseil en immobilier et<br />
développement durable, Deloitte sur la<br />
certification et Cibi sur la délivrance du<br />
Des labels<br />
pour construire<br />
et habiter<br />
avec le vivant<br />
Créés en 2013, les labels<br />
Biodiversity accompagnent les<br />
projets de construction neufs, de<br />
rénovation de l’îlot bâti au quartier<br />
ainsi que les sites existants dans une<br />
démarche favorable à un meilleur<br />
équilibre Homme-Nature dans<br />
les villes. Leurs objectifs : faire<br />
grandir dans un cadre structuré<br />
la place donnée à la Biodiversité<br />
dans l’acte de construire et les<br />
métiers de l’immobilier. Ces outils<br />
destinés aux porteurs de projet<br />
immobiliers, des gestionnaires<br />
d’actifs et les exploitants de sites<br />
urbains permettent d’agir pour<br />
la biodiversité locale et créer une<br />
valeur écologique et une valeur<br />
d’usage biophilique.<br />
label. Enfin, le Crédit Agricole a été le<br />
dernier acteur dans ce processus.<br />
Les actions en faveur de la biodiversité<br />
déployées en lien avec le label ont été<br />
la réalisation d’études écologique et<br />
biophilique, le partenariat avec la LPO<br />
pour un accompagnement pour les actions<br />
en lien avec la biodiversité, le changement<br />
de prestataire pour la gestion des espaces<br />
verts. Elles ont concerné aussi l’activité<br />
d’animation et sensibilisation autour des<br />
espaces verts, la mise en place de panneaux<br />
pour le passage des canards, la zone de<br />
tonte tardive ou raisonnée, la création<br />
de prairies fleuries, le maintien des trois<br />
ruches et la réduction de la fréquence<br />
d’arrosage. Enfin, dans une démarche<br />
d’amélioration globale du cadre de vie, de<br />
la prise en compte de la biodiversité et des<br />
usagers du site, ARP Astrance a réalisé un<br />
benchmarking des solutions biodiversité<br />
et biophilie pouvant être apportées sur<br />
le site autant dans les espaces extérieurs<br />
qu’intérieurs ●<br />
Valérie Brenugat<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 13
ACTUALITÉS<br />
ASSOCIATION<br />
Un nouveau président<br />
pour Gesip<br />
©DR<br />
L’association d’industriels français et internationaux spécialisée<br />
dans la sécurité industrielle a nommé Cyril de Coatpont au poste de<br />
Président.<br />
Cyril de Coatpont Président du Gesip<br />
et Vice-Président Santé et Sécurité<br />
au Travail de TotalEnergies<br />
Des exercices dans<br />
le centre du CNPP<br />
du Vernon (Eure)<br />
Diplômé du Master en<br />
ingénierie de mécanique<br />
des fluides à l’Ecole Centrale,<br />
le président du Gesip, Cyril<br />
de Coatpont, a débuté sa carrière chez<br />
Schlumberger Wireline and Testing en<br />
1995 en tant qu’ingénieur de terrain<br />
Wireline au Pérou et en Equateur avant<br />
de faire sa carrière chez Total. En 1997, il a<br />
rejoint la compagnie dans la maintenance<br />
et les opérations sur les plates-formes<br />
offshore au Moyen-Orient et en Asie du<br />
Sud-Est. Il a eu occupé plusieurs postes<br />
dans l’ingénierie et la gestion de projets,<br />
dans des programmes en eaux profondes<br />
et onshore, en Afrique et en Asie du<br />
Sud-Est ainsi que dans l’ingénierie de<br />
développement sur le terrain, au siège de<br />
Total. En juillet 2016, il est devenu Vice-<br />
Président Projet et Construction pour<br />
la branche Exploration et Production.<br />
Puis il a travaillé en septembre 2017 sur<br />
le projet Kaombo. Nommé Directeur des<br />
Projets et de la Construction de la Branche<br />
Raffinage-Chimie de Total jusqu’à l’été<br />
2021, il rejoint en septembre 2021 la<br />
Holding de la Société en tant que Vice-<br />
Président Santé et Sécurité au Travail.<br />
Cette association exerce, en effet, des<br />
activités liées à la qualité. Cyril de<br />
Coatpont déclare à ce propos : « Nous<br />
proposons des prestations comme la<br />
qualification des émulseurs qui fait partie<br />
du contrôle <strong>Qualité</strong>. Nous allons vérifier<br />
sur le terrain et à grande échelle que les<br />
produits sont bien efficaces et ont une<br />
bonne qualité. Il en ressort un agrément<br />
Gesip. Cela signifie que dans le cadre<br />
du protocole agréé par les autorités, on<br />
peut rajouter un certain nombre de tests<br />
et en donner un agrément. Cela est plus<br />
confortable pour des adhérents et des<br />
acheteurs de produits. Ils savent que le<br />
produit a été testé de façon indépendante<br />
et qui répond à leurs besoins. »<br />
En outre, David Audouin, Directeur<br />
des Centres de Formation et des Essais,<br />
ajoute : « En termes de qualité, il y a<br />
aussi le système de gestion de la sécurité.<br />
On est dans le process du management<br />
de la sécurité. Quand on fait un audit<br />
on conseille sur la défense de l’incendie,<br />
on va essayer de challenger. On pourra<br />
dire de redimensionner la défense contre<br />
l’incendie. Par exemple, par rapport au<br />
risque, on peut dire quel débit, il faut avoir<br />
et pendant quel temps. »<br />
Le président du Gesip note aussi : « On<br />
revoit les POI (plan d’opération interne).<br />
Par exemple, en cas de crise, cela consiste à<br />
organiser le site. Les prestations concernent<br />
alors soit l’aide à l’industriel à rédiger le<br />
POI, soit l’auditer (revoir la qualité, le<br />
critiquer). » Le Directeur des Centres<br />
de Formation et des Essais remarque<br />
également : « Souvent, on va demander<br />
le document, les outils et les procédures.<br />
Souvent, cela finit par un exercice in situ<br />
dans lequel on va illustrer les points à<br />
améliorer à partir d’expériences qu’on<br />
a organisé pour définir un scénario.<br />
Finalement, on se positionne parfois<br />
© Valérie Brénugat<br />
14 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
ACTUALITÉS<br />
© Valérie Brénugat<br />
Gesip vérifie la qualité des émulseurs sur<br />
leur capacité réelle à l’extinction.<br />
comme la Dreal mais avec un point de vue<br />
prescripteur. »<br />
Par ailleurs, les formations ont obtenu<br />
le renouvellement des certifications<br />
Qualiopi l’année dernière. David Audoin<br />
précise : « Pour nous, la certification est<br />
la poursuite par l’administration que nos<br />
guides soient reconnus. Concernant les<br />
extincteurs sans fluor, nous avons des<br />
réunions avec l’administration. Gesip est<br />
alors reconnu comme l’interlocuteur de<br />
l’administration avec des organisations<br />
comme France Chimie ou d’autres<br />
associations industrielles ». Si les centres<br />
de formation, notamment à l’étranger<br />
(Tunisie, Madagascar), veulent l’agrément<br />
Gesip, l’association fait alors un contrôle<br />
<strong>Qualité</strong>. Le Directeur des Centres de<br />
Formation et des Essais précise : «<br />
L’installation doit être Safe et Protection<br />
de l’environnement. L’équipe pédagogique<br />
est alors challengée. Cela a été le cas avec<br />
un groupe canadien. Deux formateurs<br />
permanents se sont rendus sur place. »<br />
Ainsi, selon une périodicité prédéfinie<br />
ou à définir, Gesip contrôlera que tout<br />
respecte bien le processus sur lequel son<br />
partenaire s’est bien engagé ●<br />
Valérie Brenugat<br />
A propos du Gesip<br />
Née de la volonté de ces entreprises<br />
d’améliorer la sécurité industrielle<br />
il y a 70 ans, l’association Gesip<br />
rassemble 60 industriels spécialisés.<br />
Les membres sont issus des<br />
secteurs du gaz, du pétrole, de la<br />
chimie, du traitement des eaux et<br />
des déchets. L’association souhaite<br />
se développer sur de nouveaux<br />
secteurs comme l’hydrogène. Si la<br />
plupart des sociétés sont françaises,<br />
il y a aussi des entreprises<br />
africaines : principalement de la<br />
Tunisie, le Cameroun et la Côte<br />
d’ivoire, soit au total une dizaine<br />
de pays africains. Par ailleurs,<br />
Gesip a signé des partenariats avec<br />
l’Allemagne et compte se développer<br />
à l’international.<br />
LA SMART METROLOGY<br />
Convaincus qu’elle pourrait de nouveau changer le monde,<br />
Jean-Michel Pou et Laurent Leblond développent dans ce livre<br />
leur réflexion sur la rénovation de la métrologie au XXI e siècle :<br />
la Smart metrology.<br />
A l’ère du Big Data, les auteurs ambitionnent<br />
de permettre à la métrologie<br />
d’occuper sa véritable place dans les<br />
organisations industrielles, et au-delà<br />
du cadre des systèmes <strong>Qualité</strong> des entreprises.<br />
La première partie de cet ouvrage livre<br />
une description de la métrologie en général<br />
et expose les raisons pour lesquelles<br />
elle est si mal exploitée. Dans une seconde<br />
partie, les auteurs présentent toutes les<br />
évolutions souhaitables pour favoriser une<br />
approche rénovée de la mesure. Avec des<br />
exemples d’application, ils expliquent les<br />
gains attendus dans de nombreux secteurs<br />
de l’activité industrielle.<br />
Ce livre est destiné aux métrologues,<br />
mais aussi à toutes les personnes concernées<br />
par les mesures dans les organisations.<br />
Jean-Michel Pou, président fondateur de la société Delta Mu,<br />
membre de la commission AFNOR X07b « Métrologie », est aussi<br />
président du cluster d’excellence Auvergne Efficience Industrielle.<br />
En outre, il a été responsable d’accréditation Cofrac (Auvergne<br />
<strong>Qualité</strong>), directeur technique et commercial (BEA Métrologie),<br />
directeur général délégué (A+Métrologie) et président du GIE<br />
(groupement d’intérêt économique)<br />
Quantum Metwork<br />
Laurent Leblond, expert en Statistique<br />
Industrielle pour le Groupe PSA à la<br />
direction <strong>Qualité</strong>, diplômé de l’École<br />
nationale de la statistique et de l’administration<br />
économique (ENSAE), a<br />
commencé sa carrière comme ingénieur<br />
d’étude à l’Institut national de la santé<br />
et de la recherche médicale (INSERM).<br />
Aujourd’hui, il développe des référentiels<br />
appliqués à la qualité, conseille les<br />
métiers de la conception et de la fabrication<br />
automobile en statistique industrielle<br />
dont la métrologie. Enfin, il<br />
est expert auprès de la commission «<br />
Statistique » d’AFNOR et membre de la<br />
Société Française de Statistique.<br />
« La Smart Metrology », Jean-Michel Pou et Laurent<br />
Leblond, Afnor Editions, 208 p, 23 €<br />
www.boutique.afnor.org<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 15
ACTUALITÉS<br />
ENVIRONNEMENT<br />
Une mobilisation<br />
pour la décarbonation<br />
et les économies d’énergie<br />
La démarche « Je Décarbone », initiée par le Comité stratégique de filière des Nouveaux Systèmes Energétiques,<br />
met en relation les offreurs et demandeurs de solutions de décarbonation avec deux objectifs principaux. Elle<br />
consiste à promouvoir les solutions technologiques françaises pour en accélérer le déploiement et la diminution<br />
des coûts. En outre, elle accompagne les industriels dans leur décarbonation et leur économie d’énergie et<br />
plus particulièrement dans l’identification des solutions et des acteurs avec lesquels ils peuvent travailler.<br />
Cette communauté « Je Décarbone » est animée par<br />
le Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes<br />
Energétiques, en partenariat avec l’Alliance Allice<br />
et le CEA. « Je Décarbone » bénéficie du soutien du<br />
ministère de la Transition énergétique, du ministère chargé de<br />
l’Industrie, du Secrétariat général à l’Investissement et de l’Ademe<br />
dans le cadre de France 2030. La démarche est parrainée par<br />
une équipe de 13 industriels : Capgemini, Dalkia, Edf, Engie<br />
Solutions, Grdf, Greenflex, GRTGaz, John Cockerill, Naldéo,<br />
Schneider Electric, Technip Energies, Terega et TotalEnergies. Une<br />
trentaine d’organisations jouent un rôle central de mobilisation<br />
des offreurs de solutions ou de diffusion de l’information auprès<br />
des industriels.<br />
Stéphane Michel, Directeur Général de Gaz Renewables & Power<br />
TotalEnergies et co-président du CSF Nouveaux Systèmes Energétiques<br />
déclare : « Je suis frappé par le nombre de clients qui depuis<br />
2 ans viennent nous voir pour nous demander comment ils doivent<br />
décarboner parce que leurs clients le leur demandent. Cette clientèle<br />
souhaite la preuve de décarbonation, on est alors dans des sujets<br />
ISO et de qualité. C’est donc un point dont les responsables <strong>Qualité</strong><br />
doivent se saisir. Donc en termes d’offre de conseils sur ces sujets,<br />
on ne peut qu’inciter les professionnels qui aident les entreprises<br />
en termes d’environnement de s’inscrire sur la plateforme parce<br />
que ce geste de le faire est la preuve qu’on s’engage. »<br />
Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia et co-présidente du CSF Nouveaux<br />
Systèmes Energétiques ajoute : « Nous voulons des acteurs de la<br />
qualité. La certification est une façon dont on regardera l’inscription<br />
des acteurs sur notre plateforme. Quand il y a beaucoup de<br />
monde, la certification a alors de la valeur. »<br />
UNE DÉMARCHE DE LONG TERME<br />
Le site je-decarbone.fr facilite le parcours des industriels cherchant<br />
à se décarboner en leur proposant des informations pratiques et<br />
les aident à identifier les solutions adaptées à leur besoin via une<br />
plateforme de mise en relation. Elle comprend déjà 450 entreprises<br />
Signature du Pacte de décarbonation<br />
référencées et 600 dossiers sont en cours d’instruction. L’objectif<br />
des rencontres IDécarbone consiste à fournir l’information la plus<br />
individualisée au plus près des industriels, sur les territoires et<br />
dans les différentes filières. En partenariat étroit avec l’écosystème<br />
de chaque région et de chaque filière industrielle française, les<br />
rencontres IDécarbone se dérouleront partout en France d’ici<br />
la fin de l’année 2023 et s’articuleront autour de présentation de<br />
solutions et de rendez-vous en B2B.<br />
SIGNATURE D’UN PACTE DE MOBILISATION<br />
Outre l’Etat et les 13 entreprises du premier cercle (Core Team), 25<br />
associations ont également signé le pacte marquant l’engagement<br />
des chacune des parties prenantes à se mobiliser pour accélérer<br />
la décarbonation et les économies d’énergie tout en développant<br />
une filière française d’offres au service de la décarbonation et<br />
de l’efficacité énergétique : l’A3M, l’AIF, l’Afpac, l’Ania, Axelera,<br />
Aluminium France, Cap Energies, CCI France, la CME, le CSF<br />
Mines et Métallurgie, Derbi, la Fedene, FEE, France Hydrogène,<br />
France Industrie, le Gimelec, InnoEnergy, Les entreprises<br />
s’engagent, le Medef, le Pexe, le SER, le Serce, Syntec Ingénierie,<br />
Tenerrdis et Think SmartGrids ●<br />
Valérie Brenugat<br />
© Valérie Brénugat<br />
16 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
TPE-PME<br />
TRIBUNE<br />
« Premiers pas numériques<br />
en <strong>Qualité</strong> dans les TPE – PME »<br />
© DR<br />
Olec Kovalevsky<br />
consultant- formateur,<br />
gérant d’Avantage <strong>Qualité</strong><br />
Pour cette dernière contribution de l’année,<br />
nous vous offrons un condensé des sujets<br />
qui nous ont occupés en 2022, riche en<br />
nouveautés : Qualiopi, processus métiers<br />
et numérisation des systèmes qualité.<br />
Mehdi Jabrane, fondateur de Mapotempo et directeur<br />
général adjoint de Woop, partage son expérience de<br />
lancement d’une démarche qualité dans son organisation.<br />
Son premier chantier a été la mise en place<br />
d’un processus de formation des utilisateurs du<br />
logiciel Mapotempo. Le travail a abouti à la certification<br />
Qualiopi de son organisme de formation<br />
en juillet dernier.<br />
Performance <strong>Qualité</strong> TPE – PME est honoré d’avoir<br />
indirectement contribué à ce succès au travers de la<br />
mise à disposition d’une consultante spécialisée et<br />
de notre application numérique « QUALITE – OF »,<br />
développée à partir du framework de notre partenaire<br />
AnCodea, pour faciliter la mise en conformité au<br />
référentiel Qualiopi.<br />
Cette contribution nous a fait rencontrer Gontran<br />
Boizanté, consultant en gestion des processus et<br />
fondateur de la plateforme Geeers, application informatique<br />
d’exécution pilotée des procédures, qui a<br />
accompagné Mapotempo dans ce projet.<br />
C’est avec grand plaisir qu’il a accepté de collaborer<br />
à cet article en recueillant le témoignage de Mapotempo<br />
puis en nous faisant partager son expérience<br />
dans l’automatisation des processus et procédures.<br />
Notre collaboration ne s’arrête pas là et cette rencontre<br />
fortuite nous incite à joindre nos forces et nos<br />
compétences, en 2023 et au-delà, pour accompagner<br />
la transition numérique des TPE – PME et de leurs<br />
processus métiers ●<br />
Olec Kovalevsky<br />
olec.kovalevsky@gmail.com<br />
Premiers pas en qualité chez<br />
Mapotempo by Woop,<br />
spécialiste de l’optimisation<br />
des tournées de livraison<br />
Entretien avec Mehdi jabrane, propos recueillis par<br />
Gontran Boizanté<br />
Gontran Boizanté :<br />
MAPOTEMPO EST D’ABORD UNE SOLUTION<br />
NUMÉRIQUE, AVEC UN LOGICIEL D’OPTIMISATION<br />
DES TOURNÉES DE LIVRAISON. POURQUOI<br />
S’INTÉRESSER À LA QUALITÉ DANS CET UNIVERS DE<br />
LA TECH ?<br />
Medhi Jabrane : La qualité s’applique partout ! Comme<br />
toute organisation, nous avons des processus qui permettent de<br />
répondre aux besoins de nos clients. Nous sommes une plateforme<br />
numérique, donc c’est vrai que nous transformons avant tout des<br />
données. Mais notre plateforme est souvent essentielle dans les<br />
opérations quotidiennes chez nos clients. Nous nous devons de<br />
toujours améliorer nos standards de qualité. C’est une évidence<br />
pour moi, dans la Tech comme ailleurs.<br />
G.B : LE PREMIER PROJET A ABOUTI À LA<br />
CERTIFICATION QUALIOPI ! POURQUOI AS-TU CHOISI<br />
CET OBJECTIF POUR DÉMARRER ?<br />
M.J : Une plateforme numérique ne sert à rien si les utilisateurs<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 17
TPE-PME<br />
Gontran et Mehdi célébrant<br />
la certification Qualiopi<br />
de Mapotempo (juillet 2022).<br />
ne sont pas formés à son usage. L’algorithme embarqué dans<br />
notre solution permet d’optimiser les distances, les temps<br />
de trajets ou encore le nombre de véhicules nécessaires pour<br />
réaliser des tournées de livraison. Il y a beaucoup de variables<br />
qui peuvent influer sur le calcul de l’optimisation. C’est donc<br />
dans l’intérêt de nos clients qu’ils soient bien formés à l’usage<br />
de Mapotempo. Cela augmente la satisfaction client. En même<br />
temps, cela diminue les demandes de support, ce qui allège la<br />
charge sur nos équipes. Cet objectif était donc prioritaire. Avec<br />
la certification Qualiopi en bonus !<br />
G.B : COMMENT S’EST DÉROULÉ CE PROJET DE<br />
CERTIFICATION ?<br />
MJ : D’abord, nous nous sommes rapprochés du groupement<br />
Performance <strong>Qualité</strong> TPE-PME, qui nous a accompagné dans la<br />
compréhension du référentiel. Dans ce cadre, nous avons utilisé<br />
le logiciel collaboratif AnCodea pour bien se préparer à l’audit.<br />
C’était bienvenu car parfois les exigences nous ont paru difficiles<br />
à décrypter. Rapidement nous avons compris les attendus.<br />
La deuxième phase a été de rassembler les équipes et de mettre<br />
à plat notre système documentaire et nos procédures. J’en<br />
profite pour te remercier Gontran de nous avoir accompagnés<br />
sur ce sujet !<br />
Enfin nous avons évidemment numérisé nos procédures sur<br />
la plateforme Geeers. En tant qu’entreprise Tech, c’est assez<br />
naturel d’utiliser les dernières innovations pour améliorer<br />
notre fonctionnement !<br />
G.B : COMMENT LES ÉQUIPES ONT-ELLES<br />
ACCUEILLI CETTE DÉMARCHE ?<br />
M.J : Les équipes étaient en demande pour améliorer ce<br />
processus. Les échanges ont été dynamiques et chacun a essayé<br />
d’expliquer aux autres ses actions quotidiennes dans le cadre de<br />
ce processus. Ces temps d’échange ont permis de clarifier les<br />
rôles de chacun et les informations qui devaient être partagées.<br />
L’usage de Geeers a permis de rendre visible ce travail avec des<br />
procédures numérisées.<br />
G.B : DES DIFFICULTÉS SUR LA ROUTE ?<br />
M.J : L’audit Qualiopi n’a pas été validé immédiatement. Quelques<br />
non-conformités ont été relevées. Nous avons su les traiter en<br />
moins d’un mois de manière collective. De mon point de vue,<br />
l’important c’est de grandir en tant qu’organisation.<br />
G.B : QUELLE SUITE ENVISAGES-TU ?<br />
M.J : Je souhaite évidemment continuer sur notre lancée.<br />
Nous travaillons maintenant sur le processus de traitement<br />
des commandes clients. Le but est d’être plus efficient, pour<br />
nos clients bien sûr, mais aussi pour nos équipes en interne.<br />
Quel plaisir de voir nos processus s’exécuter de manière fluide<br />
tout en assurant la conformité par rapport à nos standards<br />
de qualité ! ●<br />
Propos recueillis par Gontran Boizanté<br />
18 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
TPE-PME<br />
Automatisation :<br />
jusqu’à quel point ?<br />
Entretien avec Gontran Boizanté, fondateur de Geeers, plateforme de gestion et d’automatisation des procédures.<br />
Olec Kovalevsky :<br />
POUR COMMENCER GONTRAN, PEUX-TU NOUS<br />
PLANTER LE DÉCOR ACTUEL DANS LE MONDE DE<br />
L’AUTOMATISATION DES PROCESSUS, DU RPA, DU<br />
BPM ETC. ?<br />
Gontran Boizanté : Le RPA, pour Robotic Process<br />
Automation, est un terme qui a pris de l’ampleur ces<br />
dernières années. L’idée du RPA<br />
est d’automatiser un processus,<br />
c’est-à-dire de retirer l’intervention<br />
humaine dans sa réalisation.<br />
On pourrait penser bien sûr<br />
aux processus impliquant des<br />
transformations physiques,<br />
comme par exemple sur une ligne<br />
de production. En fait, le terme<br />
RPA réfère plutôt aux processus<br />
de transformation de données.<br />
De nombreux acteurs logiciels<br />
ont développé des solutions<br />
d’automatisation avec une idée<br />
simple : traiter les données plus<br />
rapidement et éviter les erreurs<br />
humaines.<br />
O.K : LE RPA EST UNE IDÉE<br />
SÉDUISANTE. PEUX-TU<br />
NOUS DONNER QUELQUES<br />
EXEMPLES CONCRETS ?<br />
G.B : Le monde s’est massivement<br />
numérisé. C’est une évidence.<br />
Nous vivons entourés<br />
d’applications logicielles dans<br />
notre quotidien personnel et au<br />
travail. Nous sommes donc tous<br />
générateurs, consommateurs et<br />
aussi manipulateurs de données.<br />
L’automatisation du traitement<br />
des données présente, au premier<br />
regard, beaucoup de bénéfices.<br />
Toutes les tâches rébarbatives<br />
sont des candidates idéales pour<br />
l’automatisation. Je pense, par<br />
Principe d’utilisation de Geeers :<br />
un déclencheur active la séquence<br />
d’actions prédéfinies.<br />
exemple, à la génération automatique de documents (rapports,<br />
factures,...), à la génération automatique d’informations dans<br />
des tableurs, ou bien à l’envoi d’emails lorsqu’un événement<br />
précis se réalise.<br />
O.K : JUSTEMENT, QUELS SONT LES BÉNÉFICES DE<br />
L’AUTOMATISATION ?<br />
© DR<br />
G.B : Le fait que les données soient<br />
traitées presque instantanément selon<br />
des règles logiques prédéterminées est<br />
un bénéfice évident. Certaines actions<br />
qui nécessitent plusieurs minutes ou<br />
même plusieurs heures peuvent être<br />
exécutées en un clin d’œil, sur des<br />
volumes importants de données, sans<br />
même s’en apercevoir.<br />
On voit tout de suite un corollaire.<br />
Ces fameuses règles logiques<br />
prédéterminées doivent être bien<br />
définies et couvrir toutes les situations.<br />
Ce n’est pas toujours possible. Dans ce<br />
cas, une automatisation complète n’est<br />
pas la solution. Il faudra maintenir<br />
des actions humaines à des étapes<br />
clés du processus.<br />
Un deuxième bénéfice est d’éviter<br />
les erreurs humaines de saisie ou<br />
de recopie de données. On a tous<br />
l’expérience du tableur qui doit être<br />
“nettoyé” manuellement avant de<br />
pouvoir en exploiter les données.<br />
Mais attention, invariablement les<br />
automatisations vont exécuter ce<br />
qu’on leur a demandé de faire, ni plus,<br />
ni moins. C’est là qu’il faut prendre<br />
la mesure du RPA. Une personne<br />
pourra certes faire des erreurs, mais<br />
elle en corrige aussi beaucoup, et peut<br />
adapter les données en fonction d’un<br />
contexte souvent variable. A l’inverse,<br />
une automatisation mal calibrée<br />
pourra générer de la donnée inutile,<br />
voire erronée.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 19
TPE-PME<br />
O.K : LE RPA A DONC DES INCONVÉNIENTS.<br />
PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS ?<br />
G.B : Oui, il y a des écueils à éviter quand on se lance dans<br />
l’automatisation des processus d’une entreprise.<br />
Par nature, l’automatisation se réalise sans intervention<br />
humaine. On ne peut que constater le résultat de<br />
l’automatisation. Avec le temps, on oublie que l’automatisation<br />
existe, et on ne sait même plus comment elle fonctionne.<br />
Si on multiplie les automatisations en cascade dans une<br />
entreprise, il y a des risques sérieux pour les opérations.<br />
Par exemple, une simple mise à jour d’un logiciel dans une<br />
chaîne automatisée peut venir bloquer un processus entier.<br />
Si la personne qui a mis en place l’automatisation n’est pas<br />
disponible, on peut vite rentrer dans une situation de crise.<br />
Il y a ici un risque de dépendance envers l’automatisation.<br />
On remarque aussi le besoin de maintenance du système.<br />
Un autre inconvénient découle d’une confusion possible entre<br />
automatisé et optimisé : un processus automatisé n’est pas<br />
forcément un processus optimisé ! Automatiser sans avoir<br />
réfléchi à son processus, à sa finalité, aux résultats attendus,<br />
c’est mettre la charrue avant les bœufs. On peut se retrouver<br />
avec des usines à gaz, c’est-à-dire avec des enchaînements<br />
d’actions automatiques qui au final n’apportent pas la valeur<br />
ajoutée souhaitée. Des données se dupliquent et s’accumulent,<br />
rendant le système et la structure de données illisibles, tout<br />
en consommant plus d’espace sur les serveurs.<br />
O.K : QUELLES SONT TES RECOMMANDATIONS<br />
POUR ÉVITER CES SITUATIONS ?<br />
G.B : Ne pas commencer par l’automatisation ! Il faut voir<br />
l’automatisation comme la cerise sur le gâteau. Et le gâteau,<br />
c’est de bien cartographier et optimiser ses processus, quitte à<br />
ce que les actions restent manuelles dans un premier temps. De<br />
manière générale, il faut conserver la maîtrise du savoir-faire<br />
de l’entreprise et ne pas le diluer dans des automatisations<br />
dont on oublie les tenants et les aboutissants.<br />
Il y a beaucoup de temps et d’efficacité à gagner, même en<br />
conservant un processus manuel. Par exemple, on peut<br />
commencer par mieux orchestrer les actions entre les<br />
différentes personnes impliquées dans le processus.<br />
Une autre recommandation est de ne pas se focaliser sur la<br />
réduction d’effectif grâce à l’automatisation. Souvent, on le<br />
voit bien dans les entreprises, les collaborateurs n’ont pas<br />
assez de temps pour faire tout ce qui serait utile qu’ils fassent<br />
et qu’ils voudraient faire. L’automatisation peut avoir pour<br />
effet de libérer du temps qui sera consacré à d’autres activités,<br />
d’analyse et d’amélioration par exemple, non automatisables<br />
et à plus forte valeur ajoutée.<br />
O.K : TU RECOMMANDES DONC DE NE PAS<br />
DÉBUTER LES PROJETS D’AMÉLIORATION<br />
PAR L’AUTOMATISATION. N’EST-CE PAS<br />
CONTRADICTOIRE AVEC LA PLATEFORME QUE TU<br />
COMMERCIALISES ?<br />
G.B : Justement, Geeers est avant tout une plateforme de<br />
gestion des procédures. L’automatisation vient dans un<br />
deuxième temps. La plateforme permet de rassembler le savoirfaire<br />
de l’entreprise, matérialisé sous forme de procédures.<br />
Contrairement aux outils purement RPA, Geeers est d’abord<br />
un outil BPM (Business Process Management) qui permet<br />
d’inclure des actions manuelles dans les flux opérationnels.<br />
Comme illustré ci-contre, le principe d’utilisation de Geeers<br />
est celui d’un flux de séquences : un déclencheur active la<br />
séquence d’actions prédéfinies. Les personnes concernées sont<br />
informées au bon moment et disposent des données nécessaires<br />
pour réaliser leurs tâches. Des actions automatiques peuvent<br />
être ajoutées à n’importe quel endroit dans la procédure.<br />
Bien sûr, il peut être utile d’automatiser l’envoi d’emails ou<br />
bien le transfert de données vers un système tiers. C’est un<br />
gain de temps et Geeers permet cela. Mais notre motivation<br />
première est de fluidifier les transferts d’informations entre<br />
les personnes et d’orchestrer les actions au sein d’une équipe.<br />
C’est là que se situent les gains les plus importants. On le<br />
voit régulièrement chez nos clients.<br />
O.K : LE BPM EST SOUVENT ÉVOQUÉ DANS<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES. POURRAIS-TU NOUS<br />
EN DIRE PLUS ET PARTAGER QUELQUES<br />
RÉALISATIONS CONCRÈTES CHEZ TES CLIENTS ?<br />
G.B : C’est vrai que le BPM prend enfin la place qu’il mérite<br />
dans les organisations. Pour ma part, je visualise une<br />
entreprise comme un ensemble de processus et de procédures<br />
qui relient les besoins clients à leur satisfaction.<br />
Ces processus sont transversaux par nature. Chez Mapotempo<br />
(cf. témoignage ci-dessus) nous avons mis en place plusieurs<br />
procédures. Dans tous les cas, différents “services” sont<br />
impliqués.<br />
Par exemple, la procédure de traitement d’une commande<br />
implique l’équipe commerciale, l’équipe marketing, l’équipe<br />
de facturation, l’équipe de formation et bien sûr l’équipe<br />
technique. Toutes ces personnes ont des métiers différents,<br />
des compétences particulières, elles travaillent souvent à<br />
distance, mais elles collaborent de manière ordonnée pour<br />
traiter la commande du client dans un temps record et avec<br />
une traçabilité assurée.<br />
Le rôle de Geeers dans un déroulement d’affaire est d’informer<br />
20 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
TPE-PME<br />
les bonnes personnes, au bon moment, avec les bonnes données,<br />
pour qu’elles réalisent leurs tâches. Cela évite de nombreux<br />
allers-retours par mails, messages, etc. C’est un gain de temps<br />
énorme !<br />
Ce type de procédure de traitement des commandes concerne<br />
beaucoup de nos clients évidemment. D’autres exemples<br />
peuvent être cités : une procédure de maintenance préventive<br />
d’un parc automobile, une procédure de création de bon de<br />
commande, une procédure d’approbation d’utilisation d’un<br />
produit chimique dangereux.<br />
Chaque entreprise a ses spécificités. En même temps, on<br />
retrouve souvent des besoins similaires. L’expertise que nous<br />
développons chez Geeers permet à chaque fois d’être encore<br />
plus performant dans le déploiement et la numérisation du<br />
BPM dans les organisations.<br />
O.K : QUELS SONT LES RETOURS DES UTILISATEURS<br />
DE LA PLATEFORME JUSQU’À PRÉSENT ?<br />
G.B : Le premier contact avec le BPM est toujours un peu<br />
déstabilisant. Cela demande de changer son regard sur<br />
l’organisation et de se poser des questions fondamentales. Quels<br />
sont les besoins des clients ? Quels processus mettre en place<br />
pour y répondre ? Pour chaque processus, quelle est la finalité<br />
précise et mesurable ? Quelles sont les données d’entrée ? Quelles<br />
ressources pour réaliser ces processus ? Quelles informations<br />
doivent transiter ? L’interface de Geeers permet d’outiller cette<br />
démarche, qui est nécessairement progressive. Les utilisateurs<br />
commencent par une première procédure, puis une deuxième, et<br />
ainsi de suite. Ce qui est le plus apprécié, c’est la simplicité visuelle<br />
de l’interface. Je pense que le BPM doit être accessible à tout un<br />
chacun, et non pas réservé à des experts. C’est notre mission ●<br />
Propos recueillis par Olec Kovalevsky<br />
BIODIVERSITÉ<br />
Dans cet ouvrage, l’auteure explique les<br />
méthodes et les principes d’action afin de<br />
mettre en œuvre efficacement une démarche<br />
dans une entreprise et un système managérial,<br />
se basant notamment sur la norme NF<br />
X32-001 Biodiversité - Démarche biodiversité<br />
des organisations - Exigences et lignes<br />
directrices.<br />
Implication des parties prenantes, place de la<br />
gouvernance, veille réglementaire, diagnostic,<br />
stratégie et plan d’action, surveillance des<br />
résultats… : toutes les composantes et conditions<br />
d’un succès sont analysées et décortiquées<br />
de façon pratique pour en assurer la<br />
maîtrise opérationnelle. L’ouvrage présente<br />
aussi les outils afin de concevoir facilement<br />
un scénario adapté à son activité.<br />
Ingénieure en biochimie, biologie et microbiologie,<br />
Geneviève Girod exerce des activités<br />
de conseil en environnement et responsabilité<br />
sociétale depuis plus de trente ans.<br />
« Biodiversité », Geneviève Girod,<br />
Afnor Editions, 126 p, 28 €<br />
www.boutique.afnor.org/livres<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 21
PRÉVENTION DES RISQUES, ENVIRONNEMENT<br />
TRIBUNE<br />
L’exactitude des valeurs :<br />
un prérequis indispensable<br />
pour bien gérer ses risques<br />
Déclarer des valeurs fiables est fondamental pour le processus de souscription, mais aussi pour garantir<br />
qu’un programme de gestion des risques atteindra ses objectifs : renforcer la résilience des entreprises,<br />
limiter les arrêts d’activité et accélérer la reprise en cas de sinistre.<br />
Si le calcul des valeurs d’assurance semble<br />
souvent fastidieux, il est néanmoins<br />
crucial pour protéger efficacement toute<br />
activité. Une entreprise insuffisamment<br />
assurée, disposant de services inadéquats ou<br />
mal conseillée risque en effet de mettre en place<br />
des mesures de gestion des risques inadaptées.<br />
Le secteur de l’assurance dommages aux biens<br />
est confronté à un problème récurrent de sousdéclaration<br />
de valeurs. Il arrive trop souvent<br />
que les frais engagés pour reconstruire un site<br />
et relancer l’activité après un incendie, une<br />
inondation ou un autre événement naturel soient<br />
1,5 à 2 fois supérieurs aux valeurs déclarées.<br />
De tels écarts s’expliquent sans doute par le<br />
fait que la valeur des biens et équipements ne<br />
suit pas uniquement l’indexation générale des prix, mais doit<br />
aussi prendre en compte des facteurs comme l’évolution de la<br />
réglementation, les difficultés d’approvisionnement ou encore<br />
les délais de construction.<br />
Au premier abord, on pourrait penser que seul l’assureur<br />
est impacté, dans la mesure où le sinistre est de toute façon<br />
couvert. Son ratio sinistres/primes s’en trouvera affecté, mais<br />
il parviendra bien à rétablir l’équilibre d’une façon ou d’une<br />
autre, par exemple en surfant sur la tendance haussière des taux<br />
de prime ! Ce n’est pas impossible, mais il n’en reste pas moins<br />
qu’un partenariat assuré-assureur n’est jamais plus performant<br />
que lorsqu’il est fondé sur des valeurs fiables.<br />
Alors pourquoi les valeurs sont-elles sous-déclarées ? Pour<br />
réduire les coûts, diront les cyniques. Considérons ensemble<br />
des motifs moins litigieux.<br />
FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE VALEURS<br />
COMPTABLES ET VALEURS D’ASSURANCE<br />
La première cause de sous-déclaration des valeurs peut<br />
être l’inertie. Une entreprise va par exemple reconduire<br />
automatiquement, pendant des années, la même limite<br />
©DR<br />
Loïc Le Dréau, Directeur général<br />
des Opérations de Paris de FM<br />
Global<br />
contractuelle d’indemnité. Les montants de<br />
garanties ayant précédemment été validés au<br />
plus haut niveau, les valeurs déclarées ne sont<br />
pas contrôlées chaque année pour vérifier que<br />
ces montants demeurent adaptés. L’évolution des<br />
activités de l’entreprise, la valeur créée depuis<br />
les derniers calculs et l’inflation ne sont donc<br />
pas pris en compte.<br />
La deuxième cause de sous-déclaration la<br />
plus courante est le recours systématique aux<br />
documents comptables. La valeur des actifs dans<br />
le bilan, ou le coût d’acquisition d’une nouvelle<br />
entité, ne peuvent pas être directement convertis<br />
en valeurs d’assurance. Si un site acquis il y a<br />
15 ans pour 150 millions de dollars est détruit<br />
lors d’un sinistre, son coût de reconstruction<br />
pourrait être bien supérieur, sans oublier les pertes d’exploitation<br />
qui perdureront pendant de longs mois. Pour protéger son<br />
entreprise, il est indispensable de couvrir tous les risques, de<br />
s’y préparer, d’établir des priorités et de les gérer.<br />
Autre exemple : un distributeur a décuplé son chiffre d’affaires<br />
pendant la pandémie en déployant le « click and collect ».<br />
La valeur de l’entreprise est montée en flèche sans qu’elle<br />
augmente sa surface commerciale. Comme ses garanties sont<br />
basées sur son ancien modèle d’activité, si un incendie ou une<br />
inondation endommageait l’un de ses centres de distribution<br />
clés, l’assurance ne correspondrait pas à son nouveau volume<br />
de revenus. L’entreprise serait donc insuffisamment assurée et<br />
ses clients risqueraient de ne pas revenir en magasin une fois<br />
les stocks reconstitués.<br />
ÊTRE PROACTIF POUR MIEUX PROTÉGER<br />
Bénéficier d’une couverture d’assurance adaptée n’est toutefois<br />
pas la seule raison pour laquelle vos équipes devraient prendre<br />
le temps de générer des valeurs fiables. Les directeurs financiers<br />
en particulier peuvent en tirer parti pour :<br />
• Comprendre le risque. Des valeurs fiables offrent des données<br />
22 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
PRÉVENTION DES RISQUES, ENVIRONNEMENT<br />
© DR<br />
Le siège social de FM Global à Johnston aux États-Unis<br />
robustes et objectives qui permettent d’identifier les sites essentiels<br />
à la continuité des activités.<br />
• Gérer le risque. Comment gérer le risque sans le quantifier<br />
? Si l’on ne connait pas le véritable montant des pertes liées<br />
à la destruction d’un site et à son indisponibilité prolongée,<br />
l’appétence au risque ne sera qu’une approximation.<br />
• Définir les priorités de réduction des risques. Le budget de la<br />
plupart des entreprises n’est pas illimité. Quantifier le risque est<br />
donc indispensable pour déterminer les priorités d’investissement.<br />
• Déclarer le risque. L’assureur est un partenaire de toute équipe<br />
de gestion des risques. Il se base sur les valeurs déclarées pour<br />
déployer les capacités correspondant au risque. Des valeurs<br />
inexactes pourraient donc l’amener à dépasser son seuil<br />
d’appétence au risque.<br />
Déclarer des valeurs fiables est fondamental pour le processus<br />
de souscription, mais aussi pour garantir que le programme de<br />
gestion des risques atteindra ses objectifs : renforcer la résilience<br />
de son entreprise, limiter les arrêts d’activité et accélérer la<br />
reprise en cas de sinistre.<br />
En définitive, mieux vaut ne pas attendre qu’un sinistre révèle les<br />
vulnérabilités d’une entreprise. Agir dès à présent pour éviter les<br />
mauvaises surprises, voilà l’une des dimensions incontournables<br />
de la résilience<br />
Loïc Le Dréau<br />
EXPÉRIMENTER LA QUALITÉ À L’UNIVERSITÉ<br />
Les universités françaises connaissent une transformation<br />
à un rythme accéléré depuis l’adoption de la loi portant sur<br />
les libertés et les responsabilités de 2007. Dans ce nouveau<br />
paysage universitaire, la gestion des établissements devient<br />
un enjeu majeur. Ce livre, issu d’une thèse de doctorat,<br />
s’est penché sur le déploiement d’un instrument de gestion<br />
inspiré par le New Public Management. Celle-ci est une<br />
démarche qualité, mise en place afin d’améliorer l’efficacité<br />
des services administratifs d’une université. En se basant<br />
sur une expérience vécue, l’auteur s’est questionné sur les<br />
effets de l’instrumentation de gestion en usage. Une attention<br />
particulière est consacrée, d’une part, aux surprises<br />
surgissant dans l’action, et, d’autre part, à la façon dont<br />
les acteurs négocient les effets produits. L’ouvrage explique<br />
ainsi l’importance de l’expérimentation comme méthode<br />
de transformation des organisations publiques et propose<br />
une redéfinition du rôle du manager public.<br />
Anthropologue et linguiste de formation initiale, Alvin<br />
Panjeta est docteur en management, maître de conférences<br />
à l’IAE de Paris-Est (UPEC) et chercheur à l’IRG (UPEC/<br />
Université Gustave Eiffel).<br />
« Expérimenter la qualité à l’université »,<br />
Alvin Panjeta, L’Harmattan,<br />
244 p, 25,5 €<br />
www.editions-harmattan.fr<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 23
DOSSIER<br />
SPÉCIAL NUMÉRIQUE : DE LA CYBERSÉCURITÉ AU PROCESSUS<br />
SOMMAIRE<br />
25 L’impact de la crise<br />
sanitaire sur la<br />
maturité digitale de la<br />
France : une étude BCG-<br />
Medef<br />
28 Rapport 2022 sur la<br />
maturité digitale des<br />
services <strong>Qualité</strong> et HSE<br />
30 Comment estimer<br />
le risque cyber des<br />
organisations ?<br />
32 Agilité des processus<br />
© Image de senivpetro sur Freepik<br />
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
SOMMAIRE<br />
34 La densité de défauts<br />
au cœur de l’Assurance<br />
<strong>Qualité</strong> !<br />
38 Air France : vers un<br />
horizon vert<br />
41 MAP Space Coatings :<br />
un haut niveau de qualité<br />
allié à une démarche<br />
environnementale forte<br />
© DR<br />
24 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
DOSSIER<br />
© DR<br />
© DR<br />
Christian Poyau,<br />
co-président de la<br />
commission Mutations<br />
numériques et impacts<br />
sociétaux du numérique<br />
du Medef<br />
RAPPORT<br />
L’impact de la crise<br />
sanitaire sur la maturité<br />
digitale de la France :<br />
une étude BCG-Medef<br />
Selon l’étude BCG-Medef, les entreprises françaises se sont globalement<br />
adaptées aux principales attentes numériques à la suite de la crise sanitaire.<br />
Cela n’a pas transformé en profondeur leur activité. La crise sanitaire a imposé<br />
un changement de paradigme dans les usages des outils numériques pour les<br />
individus –collaborateurs et clients –et pour le fonctionnement des entreprises.<br />
Alors que les sociétés ne plaçaient pas la transformation numérique en tête<br />
de leurs priorités en 2019, le Covid a accéléré les mutations à l’œuvre depuis<br />
plusieurs années et les a contraintes à s’adapter rapidement.<br />
© DR<br />
© DR<br />
Pascale Dumas,<br />
co-présidente de la<br />
commission Mutations<br />
numériques et impacts<br />
sociétaux du numérique<br />
du Medef<br />
Alexandre Aractingi,<br />
Managing Director &<br />
Partner chez BCG<br />
Clémentine Desigaud,<br />
consultante chez BCG<br />
Les entreprises françaises se sont<br />
globalement adaptées pour répondre<br />
aux nouvelles attentes issues de<br />
la crise. Afin de répondre aux<br />
collaborateurs qui recherchent un nouvel<br />
équilibre entre la souplesse permise par<br />
le télétravail et le lien social qui se crée en<br />
entreprise, des modes de travail plus flexibles et<br />
des outils numériques de communication et de<br />
collaboration ont été mises en place. A cause de<br />
la multiplication des actes malveillants pendant<br />
la crise sanitaire et des points d’attaque avec<br />
la mise en œuvre en urgence du télétravail, la<br />
cybersécurité devient une préoccupation des<br />
chefs d’entreprise et fait l’objet de démarches<br />
de sensibilisation et d’accompagnement. Par<br />
ailleurs, Christian Poyau, co-président de la<br />
commission Mutations numériques et impacts<br />
sociétaux du numérique du Medef déclare à<br />
propos des préconisations sur la cybersécurité :<br />
« Il faut prendre le sujet de cybersécurité au<br />
bon niveau : c’est une vraie menace. Nous<br />
avons donc lancé Alerte Cyber afin d’aider<br />
les entreprises à prendre conscience de ces<br />
sujets et de répondre de la meilleure manière<br />
possible. Si vous mettez à jour vos systèmes et<br />
évitez les mots de passe simplistes, vous résolvez<br />
une partie des problèmes. Il faut le prendre en<br />
compte sérieusement. Il poursuit : « De plus en<br />
plus d’entreprises, notamment les plus grandes,<br />
demandent des qualifications ISO ou d’autres<br />
certifications sur le côté cybersécurité. Vous<br />
pouvez, en effet, être référencé dans un grand<br />
groupe si vous respectez un certain niveau de<br />
qualité comme l’ISO 27 000. Ce point important<br />
permet de sensibiliser les entreprises mais elles le<br />
perçoivent comme une contrainte. Car cela peut<br />
aussi être coûteux. Mais cela permet un certain<br />
niveau de qualité de fonctionnement avec une<br />
entreprise cliente qui est souvent une grande<br />
société. C’est aussi une manière concurrentielle<br />
car les entreprises asiatiques répondent moins<br />
bien à ces exigences. Donc on pousse vers cela<br />
sans excès de réglementation. Mais pour le<br />
versant sécurité, cela est indispensable. »<br />
Devant l’accent mis sur la responsabilité<br />
sociétale des entreprises par le public, les<br />
entreprises cherchent à diminuer l’empreinte<br />
carbone de leurs ressources numériques et à<br />
mobiliser les outils numériques afin de réduire<br />
l’empreinte globale de leur activité. En outre,<br />
Pascale Dumas, co-présidente de la commission<br />
Mutations numériques et impacts sociétaux<br />
du numérique du Medef : « La RSE devient un<br />
critère de notation qui permet de se positionner<br />
et réguler naturellement le marché. » Christian<br />
Poyau note quant à lui : « La technologie a<br />
bien sûr des répercussions négatives mais<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 25
DOSSIER<br />
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
elle a également des conséquences positives. Nous sommes<br />
convaincus que la somme des impacts positifs est très largement<br />
supérieure à la somme des impacts négatifs. Le télétravail, la<br />
télémédecine et le commerce à distance en sont des exemples.<br />
On peut se battre sur certains points d’amélioration concernant<br />
le numérique comme les « devices » consommateurs de terres<br />
rares. La technique au sens large et encore plus les technologies<br />
numériques sont des vecteurs positifs pour agir sur ces sujets<br />
extrêmement importants comme le réchauffement climatique.<br />
La tech est donc éthique. »<br />
Une plateforme pour gérer le bilan Carbone dans les TPE, PME et ETI<br />
Mais les entreprises françaises ne se sont pas encore engagées<br />
dans une transformation numérique en profondeur de leurs<br />
activités. Ainsi, elles dématérialisent certains processus<br />
(ressources humaines, relation client) et ont débuté la mise en<br />
place de nouveaux modes de commercialisation et de publicité<br />
avec la crise sanitaire, mais ils peuvent encore progresser sur<br />
la vente en ligne.<br />
Ainsi, les sociétés sont encore peu nombreuses à s’emparer<br />
du potentiel des données afin de moderniser et de gagner<br />
en compétitivité dans la conduite de leurs opérations. En<br />
particulier, le manque de compétences et de financement<br />
© DR ©DR<br />
peut représenter un frein à la transformation numérique<br />
avancée des entreprises.<br />
Néanmoins, des disparités sont visibles parmi les chefs<br />
d’entreprise qui ont répondu à l’enquête en ligne de BCG et<br />
du Medef, pourtant a priori les plus sensibles au numérique.<br />
Ces entreprises sensibilisées, souvent localisées dans des<br />
territoires dynamiques, se sont servies du numérique comme<br />
d’un facilitateur (pour vendre en ligne ou mettre en place de<br />
nouveaux modes de travail), mais elles se soient encore peu<br />
engagées dans une transformation avancée (par exemple, en<br />
exploitant leurs données).<br />
ACCROÎTRE LA COMPÉTITIVITÉ NUMÉRIQUE DES<br />
ENTREPRISES FRANÇAISES<br />
Selon BCG et le Medef, la France doit fédérer l’ensemble du<br />
tissu économique autour d’ambitions de transformation<br />
communes afin d’augmenter la compétitivité numérique<br />
de ses entreprises. Au-delà de la dématérialisation des<br />
relations avec les clients et les collaborateurs, le numérique<br />
et en particulier la valorisation des données modifieront<br />
les modèles économiques et les processus de production.<br />
Dans ce contexte d’accélération, l’étude propose deux pistes<br />
de réflexion pour renforcer la maturité digitale du tissu<br />
économique et consolider la position de la France dans la<br />
course internationale. La première proposition porte sur la<br />
création d’une dynamique d’entraînement afin de favoriser<br />
la transformation des entreprises traditionnelles. Quant à<br />
la seconde piste, elle concerne le soutien de l’émergence de<br />
filières par secteurs afin de faciliter l’émergence et l’adoption<br />
d’innovations répondant à des besoins métiers spécifiques. En<br />
effet, si la France a renforcé sa position en matière d’innovation<br />
numérique, en capitalisant sur ses forces (qualité de la R&D,<br />
formation d’excellence) et en consolidant le financement de<br />
l’innovation, ses entreprises traditionnelles demeurent en retard<br />
sur l’adoption des nouvelles technologies numériques. Ces<br />
filières, idéalement pan européennes pour bénéficier d’effets<br />
d’échelle face aux géants américains et chinois, favoriseraient la<br />
collaboration entre les scale-ups du numérique et les entreprises<br />
traditionnelles afin de déployer à grande échelle des solutions<br />
spécifiques.<br />
En outre, BCG et le Medef préconisent de continuer à attirer des<br />
investisseurs en capital risque afin que les start-up françaises<br />
aient des moyens financiers nécessaires à leur accélération.<br />
La création de champions nationaux ou européens, d’une<br />
taille suffisante pour proposer des services compétitifs face<br />
à leurs concurrents américains et chinois, permettrait aux<br />
entreprises de s’appuyer sur des offres de services favorisant leur<br />
26 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
DOSSIER<br />
Le manque de talents qualifiés pouvant<br />
accompagner les PME dans la transformation<br />
profonde de leurs processus constituerait<br />
un frein majeur pour l’avenir.<br />
© DR<br />
transformation digitale. En outre, Pascale Dumas remarque :<br />
« On constate un développement de start-ups qui aident les<br />
entreprises à sécuriser et authentifier les accès. Elles commencent<br />
à apporter une vraie valeur ajoutée en irriguant le territoire<br />
français et européen. Ce sujet majeur montre cette volonté de<br />
numérisation des entreprises parce qu’un des freins est la peur<br />
de perdre ses données et ses clients. »<br />
De plus, BCG et le Medef proposent de former en masse<br />
des travailleurs qualifiés, sachant exploiter le potentiel des<br />
outils numériques pour la transformation des entreprises,<br />
en particulier des PME. Outre l’intérêt sur l’innovation et<br />
l’excellence, la France doit relever le défi de l’adoption et de<br />
l’emploi du numérique par le du tissu économique, au-delà de<br />
la transformation de la relation client déjà amorcée. Le manque<br />
de talents qualifiés pouvant accompagner les PME dans la<br />
transformation profonde de leurs processus constituerait un<br />
frein majeur pour l’avenir.<br />
La seconde piste de réflexion du Medef et de BCG est de<br />
consolider les actions visant à effacer les disparités persistantes<br />
sur notre territoire. Cela passe par la consolidation du rôle<br />
de l’Etat comme catalyseur et tiers de confiance, notamment<br />
pour les petites entreprises, moins bien dotées que les grandes.<br />
Les efforts de la France (aides à la transformation numérique,<br />
ouverture des données publiques) et de l’Europe (encadrement<br />
du marché du numérique) doivent continuer pour accompagner<br />
la transformation numérique des entreprises, par exemple<br />
en rendant les financements plus visibles et accessibles pour<br />
les petites entreprises, en généralisant l’identité numérique<br />
et favorisant la confiance dans les services numériques<br />
(développement de normes de sécurité ou de qualité sur le<br />
modèle du cloud de confiance).<br />
Par ailleurs, BCG et le Medef conseillent de garantir un accès<br />
de qualité au très haut débit sur tout le territoire. La couverture<br />
encore incomplète contribue à creuser les disparités d’adoption<br />
d’un territoire à l’autre. Selon BCG et le Medef, l’accélération et<br />
l’amplification des plans de déploiement de la fibre et de la 5G,<br />
notamment pour l’industrie, semblent alors être une priorité.<br />
Enfin, BCG et le Medef préconisent de permettre à chaque<br />
Français de maîtriser un socle minimal de compétences<br />
digitales, à la fois dans son rôle de consommateur et dans son<br />
rôle de salarié ou entrepreneur. Le manque de compétences et<br />
la défiance des Français vis à vis des technologies numériques<br />
représentent aujourd’hui un frein à leur adoption par les<br />
sociétés.<br />
Face à ces enjeux, une collaboration efficace entre la sphère<br />
publique et la sphère privée permettra à la France d’arriver<br />
à une maturité numérique. Selon BCG et le Medef, les<br />
entreprises doivent donc se mobiliser sur le sujet (formation des<br />
salariés, recours à des spécialistes freelance, digitalisation des<br />
processus...) pour faire émerger une véritable pôle numérique<br />
aux côtés de la sphère publique ●<br />
Valérie Brenugat<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 27
DOSSIER<br />
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
ETUDE<br />
Rapport 2022 sur la maturité digitale<br />
des services <strong>Qualité</strong> et HSE<br />
La société BlueKanGo, présente les résultats de la première enquête européenne sur la maturité digitale<br />
des services <strong>Qualité</strong> et HSE réalisée par Manuel Muller et Mélanie Cascelli avec le soutien de France<br />
<strong>Qualité</strong>, Inforisque, Blog QHSE, HSE People et QAEC. 406 entreprises et responsables QHSE ont été, en effet,<br />
interrogés entre le 18 janvier et le 25 mars dernier dans différents continents : 72 % Europe (majoritairement<br />
en France), 15% Afrique, 12% Amérique et 1 % Asie.<br />
©DR<br />
Manuel Muller, directeur<br />
Communication de BlueKanGo<br />
Mélanie Cascelli, Responsable<br />
Pôle Content chez BlueKanGo<br />
Les entreprises sont majoritairement à l’ère de la<br />
bureautique. 28 % des entreprises interrogés utilisent<br />
principalement du papier. 52 % font appel à des<br />
outils bureautiques (Word/Excel/Powerpoint) ou<br />
des applications métiers et échangent surtout par emails. 20 %<br />
sont dotées d’un espace travail collaboratif (Digital Workplace)<br />
avec des applications accessibles en mobilité, une GED unifiée<br />
et des outils de communication intégrés.<br />
Les formulaires papiers et outils bureautiques sont largement<br />
présents dans les services QHSE. Dans un Système de<br />
Management totalement digital, les formulaires digitaux<br />
(tablette, smartphone…) remplacent les outils bureautiques.<br />
De plus, les workflows évitent les échanges d’emails et alertent<br />
automatiquement les destinataires (information ou action).<br />
Enfin, cela permet d’avoir un plan d’actions unique digitalisé<br />
pour le suivi Ainsi, les services QHSE des entreprises font<br />
appel aux papiers et outils bureautiques (50 %), aux logiciels<br />
métiers type ERP (26 %), au logiciel QHSE (16 %), au système<br />
de management QHSE 100 % digital (8 %).<br />
En outre, les veilles réglementaires et Applications Mobiles<br />
sont les plus utilisées par les services QHSE. 40% utilisent,<br />
en effet, un service de veille réglementaire en ligne. 34%<br />
emploient des applications terrain sur smartphone, tablettes<br />
(checklists, audits…). 28% font appel à une plateforme dédiée<br />
afin de piloter l’ensemble des activités <strong>Qualité</strong> et HSE. 11%<br />
utilisent des objets connectés type capteurs (IoT) pour remonter<br />
des informations terrain. S’il y a un intérêt marqué pour les<br />
applications mobiles, les applications terrain Veille occupe la<br />
première place du podium, suivi par la plateforme dédié puis<br />
la veille réglementaire. Enfin, les cas d’usage d’applications<br />
mobiles concernent les audits terrain, les inspections, les<br />
contrôles de matériel…<br />
© DR<br />
© DR<br />
©DR<br />
28 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
DOSSIER<br />
Par ailleurs, les principaux freins aux projets de digitalisation<br />
sont le manque de budgets (45,12 %), le manque d’infomations<br />
(25,37 %), la faiblie intérêt des décideurs (19,51 %) et ROI pas<br />
clair (10 %) Toutefois, un investissement est envisagé en 2022 :<br />
oui (42,40 %), non (16,60 %) et pas encore (41%). De plus, 64,1%<br />
des entreprises interrogées estiment qu’il leur faudra 5 années<br />
pour digitaliser entièrement leur système de management QHSE.<br />
Dans le classement des priorités pour 2022, viennent en tête le<br />
maintien ou l’obtention d’une certification puis l’allègement<br />
du travail administratif et l’amélioration des processus.<br />
D’autres priorités suivent la mise en place d’un suivi d’actions<br />
plus performant ; la réduction des incidents/accidents, non<br />
conformités... ; la mise en place un système de management<br />
intégré QHSE ; un engagement plus fort dans la RSE ; Répondre<br />
à des enjeux RH (turnover, recrutement...) : l’investissement<br />
dans des outils de production ou robotique ; Autres.<br />
Comme le responsable QHSE occupe une fonction transversale<br />
au sein des organisations, il peut travailler avec d’autres services :<br />
Production (27,30 %) ; Direction générale (20 %) ; Maintenance,<br />
inspection, contrôle (18,30 %), RH (17,60 %) et Achat (9,40 %).<br />
Parmi les quatre sujets sur lesquels les services QHSE sont<br />
régulièrement sollicités, figurent la Conformité <strong>Qualité</strong>, la<br />
Culture SST, le Reporting et la RSE. Selon 65% des entreprises<br />
interrogées, la RSE doit être portée par le service QHSE.<br />
En conclusion, cette étude apporte des enseignements<br />
principaux. Les services QHSE présentent des interactions<br />
fortes dans les organisations sur des sujets transverses. Si la<br />
bureautique est encore largement présente, le digital présente<br />
une opportunité intéressante pour fluidifier le travail avec les<br />
autres services. En outre, la collecte d’informations terrain<br />
avec des applications mobiles répond aux défis de mobilité.<br />
Mais les entreprises n’ont pas encore basculé dans le 4.0 et<br />
il n’est pas constaté un engouement fort actuellement pour<br />
les IoT. Enfin, Si la RSE est un sujet incontournable pour les<br />
services QHSE, ceux-ci constituent une ressource centrale<br />
pour faciliter le reporting RSE à condition de disposer d’un<br />
système de management mature ●<br />
Valérie Brenugat<br />
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QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 29
DOSSIER<br />
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Comment estimer<br />
le risque cyber<br />
des organisations ?<br />
En 2021, les attaques informatiques ont généré plus de 5700<br />
milliards de dollars d’après le Clusit. Les cybercriminels ne<br />
cessent de perfectionner leurs méthodes pour améliorer leur<br />
efficacité en ciblant de plus en plus leurs attaques.<br />
© DR<br />
© DR<br />
Jean-Philippe Guillemin, Responsable de<br />
l’Offre Cybersécurité chez Apixit<br />
On assiste à un élargissement<br />
de ces attaques vers des<br />
entreprises de secteurs<br />
d’activité et de tailles<br />
différentes. Auparavant, les attaques<br />
étaient dirigées vers des structures de<br />
grande taille car le temps nécessaire à<br />
leur mise en œuvre ne permettait pas de<br />
les rentabiliser sur de petits périmètres.<br />
Désormais, la menace pèse sur tous les<br />
secteurs d’activités et toutes les tailles<br />
d’organisations.<br />
Entre 2020 et 2021, les cyberattaques<br />
enregistrées ont bondi de 50% (source :<br />
Check Point Research). Comme l’indique<br />
un rapport de l’ANSSI portant sur<br />
les rançongiciels, cette recrudescence<br />
concerne autant les grandes entreprises<br />
que les Services Publics, ETI, PME, TPE.<br />
©DR<br />
UN CONTEXTE CYBER QUI<br />
ÉVOLUE…<br />
Il est plus simple de réaliser une attaque<br />
en utilisant des ressources accessibles sur<br />
internet : l’outillage s’est banalisé.<br />
Les Systèmes d’Information connaissent<br />
de nouvelles évolutions telles que la<br />
migration vers le Cloud et le télétravail.<br />
Ces transformations introduisent de<br />
nouvelles failles qui sont exploitées par<br />
des cyberattaquants. Des mesures adaptées<br />
doivent donc être appliquées.<br />
… DES ATTAQUES TOUJOURS PLUS<br />
CIBLÉES<br />
La vulnérabilité des entreprises est<br />
aggravée par le ciblage des attaques,<br />
de plus en plus adaptées au profil et au<br />
contexte d’une entreprise ou d’un secteur<br />
d’activité. Les attaques sectorielles sont en<br />
pleine recrudescence. Pour preuve, celles<br />
qui ont impacté les hôpitaux durant la crise<br />
sanitaire : la continuité des soins, enjeu<br />
majeur du monde hospitalier, a servi de<br />
levier de chantage à l’extorsion.<br />
Les attaques ciblées s’appuient par exemple<br />
sur :<br />
• La connaissance de certains process<br />
propres au secteur d’activité ou à<br />
l’entreprise<br />
• L’identité des managers<br />
• Les spécificités techniques du SI<br />
30 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
DOSSIER<br />
© DR<br />
• Les enjeux métiers<br />
Ce ciblage permet aux attaquants de<br />
pénaliser l’organisation via la prise en<br />
compte de ses principaux enjeux pour<br />
« frapper là où ça fait mal ». Dans le cadre<br />
d’une entreprise industrielle, il s’agira<br />
principalement de réduire voire bloquer<br />
sa capacité à produire, tandis que pour un<br />
institut de recherche il s’agira davantage<br />
d’exfiltrer des données confidentielles.<br />
QUELLES MESURES POUR FAIRE<br />
FACE À CE PHÉNOMÈNE ?<br />
Les cybers-délinquants ont donc<br />
aujourd’hui une bonne vision des<br />
ressources essentielles et des faiblesses<br />
de leurs cibles. Mais qu’en est-il des<br />
entreprises elles-mêmes ? Disposent-elles<br />
d’une aussi bonne visibilité de leurs enjeux<br />
et de leurs vulnérabilités ?<br />
Selon Harmonie Technologie, les PME<br />
et ETI manquent d’éclairage pour<br />
prioriser leurs actions et mettre en place<br />
une gouvernance de leur cybersécurité.<br />
Aussi, on constate un retard voire une<br />
absence de gouvernance pour une majorité<br />
d’entreprises de taille intermédiaire : elles<br />
n’ont pas réalisé d’analyse de risques,<br />
élément fondamental de la politique de<br />
sécurité.<br />
La démarche d’analyse de risques prend du<br />
temps, elle doit être précédée d’une mise<br />
en conformité avec les bonnes pratiques<br />
déjà connues et normalisées.<br />
Il s’agit d’une stratégie en quatre temps :<br />
1. Sensibiliser les utilisateurs aux risques<br />
2. Renforcer la résistance du SI : mise en<br />
conformité avec les bonnes pratiques<br />
3. Protéger ce qui a de la valeur : mise au<br />
point d’un plan de sécurité incluant des<br />
sauvegardes permanentes en respectant la<br />
règle des 3 – 2 – 1 : 3 copies des données,<br />
stockées sur 2 supports différents en<br />
conservant 1 copie de la sauvegarde<br />
hors-site.<br />
4. Renforcer la résilience : gestion<br />
opérationnelle de la sécurité<br />
Les bonnes pratiques, répertoriées dans<br />
différents référentiels tels que l’annexe ISO<br />
27002 ou le Guide d’Hygiène Informatique<br />
de l’ANSSI, constituent les « quickwin<br />
», c’est-à-dire, le minimum essentiel<br />
devant être mis en œuvre pour protéger<br />
l’entreprise. Sans pour autant rechercher<br />
la labélisation, un audit de cartographie<br />
fondé sur l’un de ces référentiels, permet<br />
à l’entreprise de disposer rapidement d’un<br />
plan de mise en conformité selon les failles<br />
identifiées.<br />
Une analyse de risques définira les mesures<br />
de protection des valeurs stratégiques de<br />
l’entreprise, afin de préserver la continuité<br />
de service, les données sensibles, ou<br />
l’image de marque selon les priorités<br />
contextuelles. Pour mener à bien cette<br />
analyse, les ressources critiques de<br />
l’organisation doivent être identifiées<br />
et des mesures de protections de plus<br />
grande envergure doivent être déployées.<br />
Les référentiels ISO 27005 et EBIOS RM<br />
permettent d’apprécier et de traiter ces<br />
menaces.<br />
Dans un troisième temps, la mise en place<br />
d’un pilotage en 24/7 opéré par une équipe<br />
d’experts disposants d’outils d’analyse va<br />
permettre d’augmenter la résilience de<br />
l’entreprise. Ceci, en assurant en temps réel<br />
une détection efficace des cyber-attaques<br />
et des comportements suspects. Ce centre<br />
opérationnel de sécurité est couramment<br />
appelé SOC.<br />
LA CYBERSÉCURITÉ, UN<br />
SUJET CRITIQUE DANS UN<br />
CONTEXTE CYBER EN PLEINE<br />
EFFERVESCENCE<br />
Le risque cyber est donc un enjeu du<br />
quotidien pour toutes les organisations,<br />
et ce, indépendamment de leur taille et de<br />
leur secteur d’activité. Face à des attaques<br />
toujours plus complexes et ingénieuses, les<br />
entreprises doivent définir une stratégie<br />
de sécurité basée sur des référentiels mais<br />
également mettre en place des mesures de<br />
détection et de protection éprouvées dans<br />
un contexte de SI qui ne cesse de s’élargir.<br />
Dans un monde où la transformation<br />
digitale rythme la productivité et la<br />
croissance économique, il ne fait aucun<br />
doute que ces enjeux, déjà primordiaux,<br />
ne vont cesser de prendre de l’ampleur<br />
dans les prochaines années ●<br />
Jean-Philippe Guillemin<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 31
DOSSIER<br />
SPÉCIAL NUMÉRIQUE<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Agilité des processus<br />
L’historique de l’apparition, de l’intégration et de l’évolution des<br />
processus dans le monde professionnel et plus généralement dans le<br />
quotidien de nos sociétés s’inscrit dans une trajectoire aussi singulière<br />
que mécanique. Les activités humaines se sont d’abord centrées<br />
autour des compétences (aptitudes humaines et outils), rapidement<br />
complétées par les informations (données, consignes, et éléments<br />
contextuels).<br />
©DR<br />
Frederick<br />
Benaben,<br />
Directeur du<br />
laboratoire<br />
commun Deep-<br />
Turtle entre<br />
Iterop et IMT<br />
Mines Albi<br />
Les processus sont ensuite<br />
apparus comme une solution<br />
coupler ces activités, comme<br />
un moyen de séquencer (avec la<br />
notion de circulation des informations et<br />
des consommables) et de structurer les<br />
activités à mener (et donc les compétences<br />
à mettre en œuvre) pour atteindre des<br />
objectifs identifiés. Pour autant, ces<br />
processus, alors qu’ils visaient à fluidifier<br />
et améliorer la dynamique des activités<br />
ont très largement été perçus comme des<br />
carcans contraignants, allant à l’inverse<br />
de l’initiative, et limitant l’expression des<br />
expertises. Cet état de fait relève en réalité<br />
de trois causes principales.<br />
D’abord, historiquement, les approches<br />
autour des processus se focalisaient surtout<br />
sur leur définition et leur optimisation ;<br />
considérant qu’une fois formalisé, le<br />
processus était intégré à l’activité de<br />
l’organisation. Cette vision implique que<br />
les acteurs en charge de la mise en œuvre<br />
des compétences nécessaires à la réalisation<br />
maitrisent le séquencement des activités<br />
pour respecter la structure du processus.<br />
Ensuite, la granularité des activités<br />
élémentaires qui composent les processus<br />
s’avère critique. En effet, ce niveau de<br />
précision des activités est à confronté au<br />
niveau d’expertise des ressources censées<br />
mettre en œuvre les compétences requises.<br />
Le processus se doit alors de solliciter<br />
les ressources au niveau exact de leur<br />
compétence, ni trop bas (frustration de<br />
la ressource face à ce qu’on lui demande),<br />
ni trop haut (incapacité de la ressource à<br />
réaliser ce qu’on lui demande).<br />
Enfin, la troisième cause concerne l’agilité<br />
des processus. Les processus sont, par<br />
essence, des composants représentatifs de<br />
la dynamique de l’organisation et à ce titre<br />
doivent coller à ses évolutions. Pourtant,<br />
les schémas de processus, souvent des<br />
schématisations visuelles ou des descriptifs<br />
procéduraux, sont délicats à mettre à jour,<br />
encore plus si on se réfère à la nécessité de<br />
faire en sorte que les ressources humaines<br />
les maitrisent (ce qui rend les évolutions<br />
fréquentes problématiques en termes<br />
d’assimilation).<br />
L’AGILITÉ DES PROCESSUS COMME<br />
MOTEUR DE LEUR ÉVOLUTION<br />
Plusieurs évolutions ont permis d’atténuer<br />
ces faiblesses (e.g. l’automatisation de<br />
l’orchestration des processus pour la<br />
première, les approches par compétences<br />
et les architectures orientées services pour<br />
la deuxième) mais si on se focalise sur la<br />
troisième cause et la question de l’agilité,<br />
on peut s’engager dans les considérations<br />
suivantes.<br />
Le bâtiment principal d’IMT Mines Albi<br />
Tout d’abord, la question de l’agilité des<br />
processus relève, a minima, de deux<br />
niveaux différents. Le premier niveau<br />
est celui de l’agilité de conception qui<br />
se focalise sur l’évolution continue du<br />
processus pour coller aux mutations de<br />
l’organisation. Le second est celui de<br />
l’agilité d’exécution qui concerne la façon<br />
dont un processus en cours de réalisation<br />
peut nécessiter des adaptations ponctuelles.<br />
L’agilité de conception a été très étudiée et a<br />
globalement été solutionnée par l’évolution<br />
des orchestrateurs de processus. Ces outils<br />
logiciels, s’ils permettent d’affranchir les<br />
ressources humaines de la maîtrise du<br />
séquencement des processus pour se<br />
concentrer sur la réalisation des activités<br />
relevant de leur expertise, s’appuyaient<br />
initialement sur des schémas structurels<br />
codés informatiquement. Toute évolution<br />
32 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
DOSSIER<br />
Un expert entre<br />
Atlanta et Pékin<br />
Professeur au Centre Génie Industriel<br />
(CGI) de l’IMT Mines Albi, Frederick<br />
Benaben est Adjunct Professor au H.<br />
Milton Stewart School of Industrial<br />
and Systems Engineering (ISyE)<br />
du Georgia Institute of Technology)<br />
ainsi qu’à la School of Economics<br />
and Management de Beijing Jiaotong<br />
University (BJTU). Il est également<br />
Directeur du laboratoire commun<br />
Deep-Turtle entre la société Iterop<br />
(Dassault Systèmes ou 3DS) et le CGI<br />
travaillant sur l’agilité des processus.<br />
des modèles de processus (pour s’adapter<br />
à des contraintes internes ou externes)<br />
nécessitait par conséquent une charge<br />
de travail conséquente pour modifier ces<br />
schémas structurels. Les orchestrateurs<br />
de processus ont donc évolué pour être<br />
aujourd’hui capable de lire à la volée des<br />
modèles de processus. Métaphoriquement,<br />
ces orchestrateurs qui se comportaient<br />
comme des boîtes à musique jouant la<br />
mélodie gravée sur leur cylindre, se sont<br />
transformés en orgues de barbarie capables<br />
de jouer toute musique inscrite sur des<br />
cartes à trous. Cette évolution permet donc<br />
aux orchestrateurs d’exécuter tout nouveau<br />
processus sans évolution significative du<br />
logiciel, simplement en lisant un nouveau<br />
fichier descriptif du processus modifié (les<br />
seules nuances concernent l’accès aux<br />
nouvelles données et aux nouveaux services<br />
que l’évolution du processus nécessite).<br />
L’agilité d’exécution est beaucoup plus<br />
délicate à ce jour car elle concerne les<br />
processus très instables, i.e. ceux dont<br />
l’exécution peut prendre de multiples<br />
formes selon le contexte. La première<br />
solution, laborieuse, consiste à modéliser<br />
toutes les options possibles pour ces<br />
processus et de décrire les justes critères<br />
de sélection entre ces options. C’est<br />
parfois une approche raisonnable selon<br />
la combinatoire et la clarté des options. Une<br />
autre approche relève de la convergence<br />
entre conception et exécution des processus.<br />
Il s’agit de permettre à l’orchestrateur de<br />
processus de construire le processus dans<br />
une temporalité similaire à son exécution.<br />
Symboliquement, l’orchestrateur devient<br />
alors un improvisateur qui, sur la base<br />
des informations contextuelles, définit le<br />
© IMT Mines Albi<br />
processus qu’il exécute : le séquencement<br />
des tâches, l’affectation aux ressources,<br />
la génération ou la transmission des<br />
informations, sont définies au moment<br />
où elles sont nécessaires, dictées par la<br />
poursuite des objectifs du processus. Cette<br />
approche concerne essentiellement les<br />
processus sociaux et apporte un soutien aux<br />
initiatives qu’elle outille et dont elle permet<br />
d’assurer la cohérence avec la poursuite des<br />
objectifs inhérents au processus.<br />
UNE AMBITION AUSSI DÉLICATE À<br />
ATTEINDRE QU’INCONTOURNABLE<br />
En conclusion, l’agilité des processus<br />
est une problématique aussi complexe<br />
qu’incontournable. Le nécessaire<br />
compromis entre formalisation et agilité<br />
est un incontournable de l’évolution des<br />
organisations en quête de performance,<br />
d’efficacité, d’efficience, de pertinence, de<br />
qualité et de respect des humains qui les<br />
composent. Les critères selon lesquels un<br />
processus est défini à un instant donné<br />
peuvent ne plus être valable dans un avenir<br />
proche ou tout simplement ne pas être<br />
valable pour une exécution particulière. Ce<br />
sont là les considérations sur lesquelles les<br />
systèmes d’information en devenir doivent<br />
se pencher pour assurer une pertinence et<br />
une légitimité à leur offre métier ●<br />
Frederick Benaben<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 33
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
AVIS D’EXPERT<br />
La densité de défauts<br />
au cœur de l’Assurance<br />
<strong>Qualité</strong> !<br />
Le focus mis sur la densité des défauts au niveau atomique est<br />
permis par une technique d’identification des défauts connue sous<br />
le nom de «spectroscopie d’annihilation de positrons». Développée<br />
pour les laboratoires de recherche depuis les années 1970, elle peut<br />
désormais accéder à une application industrielle grâce à la génération<br />
de positrons non radioactifs maîtrisée par Posithôt. L’objectif de cette<br />
manufacture d’antimatière : éradiquer les risques de défaillance en<br />
étalonnant et en mesurant les cracks avant leur apparition !<br />
© DR<br />
Jean-Michel<br />
Rey, Présidentfondateur<br />
de<br />
Posithôt<br />
© DR<br />
Pierre Bregeault,<br />
Chief commercial<br />
officer chez<br />
Posithôt<br />
QU’EST-CE QUE LA DENSITÉ DE DÉFAUTS<br />
AU NIVEAU ATOMIQUE DES MATÉRIAUX ?<br />
Notre mission est de maîtriser l’évolution de la densité de<br />
défauts dans le but d’éradiquer les risques de défaillances. Elle<br />
concerne les matériaux, produits et installations fonctionnant<br />
sous de fortes contraintes mécaniques, thermiques, électriques<br />
ou photoniques. En conséquence, elle réduit les impacts<br />
économiques et sociaux des défaillances.<br />
Cette nouvelle technique permet ainsi de mesurer les fissures,<br />
ou autre mécanisme de vieillissement, avant leur apparition<br />
et ainsi de prédire son évolution avec un temps d’avance, en<br />
utilisant une méthodologie de mesure à haute résolution.<br />
Le niveau de densité manquant à l’échelle atomique et sa<br />
diminution sous des sollicitations continues, répétitives<br />
ou abruptes est l’outil et le chainon manquant maintenant<br />
disponible, abordable et ouvert aux utilisateurs finaux<br />
industriels et aux opérateurs des matériaux transformés pour<br />
très logiquement comprendre, expliquer, mesurer, maîtriser,<br />
prédire et prévenir les augmentations de densité de défauts, les<br />
micro-fissures, les macro-fissures et les défaillances totales ou<br />
les crashs qui successivement en découlent sur les matériaux<br />
sous contrainte.<br />
Matériaux des pièces, organes,<br />
produits et installations sous<br />
contrainte<br />
Sollicitations de nature<br />
mécanique, thermique,<br />
électrique ou photonique<br />
Evolution de leurs densités<br />
de défauts au niveau<br />
atomique<br />
Perte de densité au niveau atomique,<br />
apparition de microfissures, de macro-fissures<br />
puis de la rupture et du crash<br />
Perte de la fonctionnalité et<br />
de la sûreté de fonctionnement<br />
des pièces et organes<br />
34 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
DOSSIER<br />
Vue d’ensemble Endurance II<br />
© DR<br />
UN NOUVEL ÉQUIPEMENT INDUSTRIEL<br />
Posithôt, une jeune société française issue des travaux du<br />
CEA-IRFU, a ainsi développé une manière innovante et<br />
industrielle d’utiliser la spectroscopie de positrons, la manière<br />
la plus sensible de mesurer la densité de défauts au niveau<br />
atomique, en utilisant une technologie non radioactive pour<br />
produire des positrons. Grâce à cela, Posithôt a développé<br />
un savoir-faire unique pour prévenir en amont les risques<br />
de défaillance.<br />
Nos travaux ont été lauréats du concours ILAB en 2014,<br />
du concours Innov’up Leader de la région Ile de France<br />
en 2018, du forum d’innovation TechConnect à Boston en<br />
2019, du challenge CNES lanceurs de demain en 2021, et nos<br />
réalisations concrètes ont été financé par le PIA (programme<br />
des Investissements d’Avenir) pour la construction d’AM<br />
Gen – Endurance II le premier générateur de positons, non<br />
radioactif et à vocation industrielle, et par nos clients.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 35
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
Pour atteindre cet objectif, nous mesurons et comparons<br />
l’évolution en surface de la densité de défauts au niveau<br />
atomique des matériaux, monocouches ou multicouches,<br />
comme un signe d’alerte précoce de leur défaillance. La<br />
possibilité de mesurer les fissures avant leur apparition permet<br />
à nos clients industriels de prendre une longueur d’avance<br />
dans la prévention du risque de défaillance. Cette mesure leur<br />
permet d’augmenter le MTBF (Mean Time Between Failure) tel<br />
qu’il est défini par exemple par la FAA, grâce à une meilleure<br />
sensibilité aux petits défauts. Elle leur permet également<br />
d’améliorer la qualité de la conception, de la fabrication et de<br />
la maintenance par rapport aux exigences de fonctionnalité,<br />
de sécurité de fonctionnement et de durée.<br />
Pour ce faire, nous utilisons une méthodologie spécifique<br />
et développons des équipements industriels dédiés, dont un<br />
générateur de positrons non radioactifs et des équipements<br />
d’analyse spécifiques fonctionnant sous vide poussé. En<br />
d’autres termes, nous proposons un moyen non destructif,<br />
dédié à l’analyse des défauts et ayant la résolution du TEM<br />
(microscope électronique à transmission).<br />
Selon la nature, la géométrie et la volumétrie des produits,<br />
systèmes ou installations dédiés à l’analyse non destructive<br />
des défauts, l’installation se veut soit statique, soit mobile sur<br />
des camions spécifiques, la seule source d’énergie requise<br />
étant une alimentation électrique d’environ 40 KVA, maxi<br />
50 KVA. Pour l’équipement complet, une salle de contrôle<br />
est nécessaire. Pour l’équipement d’essai, la chambre à vide<br />
poussé contient la pièce analysée ou est localisée autour<br />
de la zone analysée. L’introduction et le déplacement des<br />
pièces à analyser sont soit manuels, soit semi-automatisés,<br />
soit automatisés.<br />
PRÉVENIR LA DÉFAILLANCE DES PIÈCES ET<br />
ORGANES<br />
Afin d’éradiquer les risques de défaillances et d’assurer<br />
l’assurance qualité des pièces et organes sous contrainte,<br />
notre suggestion, notre offre scientifique et technique,<br />
est donc de mesurer, au niveau atomique, la densité des<br />
défauts et son évolution, de la comparer à des signatures de<br />
défauts prédéterminées et de déterminer le temps restant en<br />
fonctionnement.<br />
Sa mise en œuvre de manière industrielle présente de<br />
manière directe ou indirecte la somme des bénéfices ou<br />
intérêts suivants : permettre d’améliorer la conception<br />
(optimisation du dimensionnement et des calculs), de mieux<br />
acheter (optimisation des panels de fournisseurs et des critères<br />
d’approvisionnement), de mieux produire (optimisation des<br />
processus générant des défauts), de mieux utiliser (optimisation<br />
du temps entre inspection), de mieux entretenir (optimisation<br />
du temps moyen entre défaillances et des équipements de<br />
test), de mieux réparer (optimisation des processus de remise<br />
en état), de moins consommer et payer (optimisation de la<br />
quantité de rebuts de fabrication et de pièces de rechange) ou<br />
de mieux assurer (optimisation des coûts de garantie, de la<br />
couverture interne et des primes d’assurance pour les risques<br />
techniques).<br />
Pour tous les utilisateurs de nos équipements et services,<br />
supportant une continuité de risque soit de conception,<br />
d’achats, de production, de défaillance opérationnelle ou de<br />
remplacement mais aussi un risque de réputation, c’est un<br />
moyen fort de mieux protéger et d’être mieux protégé par<br />
un processus innovant de qualification et de requalification.<br />
Réduction du risque technique<br />
Au moment de la conception<br />
Au moment de la production (pre ou<br />
post-production)<br />
Equipements industriels de test<br />
de pré et post production par<br />
annihilation de positons générés de<br />
manière non radioactive<br />
Quantification et qualification de<br />
la durée de vie prévisionnelle des<br />
pièces et organes série<br />
Au moment de la maintenance et de<br />
la réparation<br />
Equipements industriels de test de<br />
maintenance et de réparation par<br />
annihilation de positons générés de<br />
manière non radioactive<br />
Quantification et qualification de la<br />
durée de vie résiduelle des pièces et<br />
organes utilisés<br />
Réduction des coûts de nonqualité<br />
Mise en œuvre d’un processus<br />
continu de métrie de la densité de<br />
défauts au niveau atomique<br />
Equipements industriels de test<br />
de recherche et d’ingénierie par<br />
annihilation de positons générés de<br />
manière non radioactive<br />
Quantification et qualification de<br />
la durée de vie prévisionnelle des<br />
pièces et organes prototypes<br />
Prévention des pertes de<br />
fonctionnalité et de sûreté de<br />
fonctionnement<br />
Etalonnage, mesure, test et<br />
contrôle non destructif des<br />
matériaux<br />
Quantification et qualification du<br />
MTBF des pièces et organes<br />
Réduction des coûts de<br />
conception, d’exploitation et<br />
d’utilisation<br />
Optimisation du dimensionnement<br />
et de la durabilité des pièces et<br />
organes<br />
Réduction des entrants non<br />
qualifiés et des rebuts de<br />
fabrication<br />
Optimisation des consommations de<br />
pièces de rechange<br />
Réduction des coûts de garantie et<br />
de couverture du risque technique<br />
Inscription dans une politique<br />
continue de qualité et de sûreté<br />
de fonctionnement des pièces et<br />
organes sous contrainte sur les<br />
différents programmes<br />
Compréhension et validation fine<br />
en amont du comportement et de la<br />
tenue sous contrainte dans le temps<br />
des pièces et organes développés et<br />
mis au point<br />
Assurance-qualité de la production<br />
dans un contexte de rareté, de<br />
manque de disponibilité, de rupture<br />
de chaine d’approvisionnement,<br />
et d’augmentation des coûts des<br />
matières et de l’énergie<br />
Optimisation des temps de bon<br />
fonctionnement et d’utilisation<br />
sans incident, réduction des arrêts<br />
d’utilisation pour maintenance<br />
préventive, réduction des arrêts<br />
d’utilisation pour maintenance<br />
curative<br />
Inscription dans un politique<br />
continue de réduction des coûts<br />
et de sustainabilité des pièces et<br />
organes sous contrainte sur les<br />
différents programmes<br />
36 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
DOSSIER<br />
Pour en savoir +<br />
Veuillez trouver ci-dessous les<br />
coordonnées du scientifique de notre<br />
équipe pour travailler avec votre équipe<br />
technique et vos experts en durabilité sur<br />
les pièces et composants préoccupants en<br />
termes de fonctionnalité et de sécurité de<br />
fonctionnement :<br />
M. Jean-Michel REY<br />
jean-michel.rey@posithot.com<br />
Tél. : +33 6 52 02 65 60<br />
Afin de vous apporter définitivement la<br />
démonstration et la preuve scientifique,<br />
pouvons-nous vous proposer de travailler<br />
à prix coûtant sur un premier contrat de<br />
caractérisation d’un matériau préoccupant<br />
pour votre entreprise ?<br />
Pour assurer la confidentialité des opérations,<br />
nous avons l’habitude de procéder<br />
de la manière suivante : En 1 : de signer<br />
un NDA (Votre proposition de NDA sera<br />
la nôtre, je vous renverrai un exemplaire<br />
signé dès réception). En 2 : de définir à<br />
l’issue de l’analyse scientifique et technique<br />
préliminaire de votre étude de cas<br />
l’étendue des travaux détaillés à réaliser<br />
et l’offre de service correspondante pour<br />
votre entreprise. En 3 : de compléter vos<br />
ressources internes afin d’aider et de<br />
déployer l’information et la solution à<br />
travers votre organisation et d’atteindre<br />
pleinement les résultats attendus. En<br />
4 : de procéder aux opérations matérielles<br />
nécessaires (Pour cette première<br />
phase : Détermination, envoi et<br />
réception des échantillons des parties<br />
et organes préoccupants en termes de<br />
fonctionnalité et de sécurité de fonctionnement,<br />
caractéristiques, représentativité,<br />
préparations, mesures,<br />
rapport d’analyse différentielle) et à<br />
leur suivi. En 5 : d’assurer ensemble le<br />
bon déroulement et la bonne intégration<br />
des travaux ●<br />
ASSURER LEUR SURETÉ DE FONCTIONNEMENT<br />
Il apparait que les défis et les contraintes auxquels les produits<br />
et systèmes complexes ainsi que les pièces techniques sont<br />
confrontées en exploitation sont d’une importance vitale<br />
non seulement pour les personnes qui les servent ou qui les<br />
utilisent, mais aussi pour leurs fournisseurs, leurs intégrateurs<br />
et leurs donneurs d’ordre. A ce titre, nous sommes heureux de<br />
développer de nouvelles applications industrielles pertinentes et<br />
utiles dans le domaine du militaire et de la sécurité, du spatial<br />
et de l’aviation, des semi-conducteurs et de l’électronique, de la<br />
production et de la distribution d’énergie, de l’automobile et de<br />
la mobilité décarbonée. Nos travaux et réalisations participent<br />
de manière significative à leurs chaines d’assurance-qualité<br />
sur leurs différents programmes ●<br />
Pierre Bregeault et Jean-Michel Rey<br />
PUB SOC 190X125 N°2287.qxp_Mise en page 1 21/12/2022 16:44 Page 1<br />
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QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 37
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
AÉRIEN<br />
Air France :<br />
vers une horizon vert<br />
Depuis 1933, la compagnie Air France porte haut les couleurs de la<br />
France à travers le monde entier. Avec une activité répartie entre le<br />
transport aérien de passagers, le fret, la maintenance et l’entretien<br />
aéronautique, elle est un acteur majeur du secteur aérien. Plus de<br />
40 000 collaborateurs se mobilisent au quotidien pour proposer à<br />
chaque client, une expérience de voyage unique.<br />
© DR<br />
Vincent Etchebehere, Directeur<br />
Développement durable et nouvelles<br />
mobilités chez Air France<br />
QUELS SONT LES ENJEUX<br />
DU TRANSPORT D’UNE<br />
COMPAGNIE AÉRIENNE LIÉS À<br />
L’ENVIRONNEMENT ?<br />
Vincent Etchebehere : La part de<br />
l’aviation dans les émissions mondiales<br />
de CO2 est aujourd’hui de 2 à 3%. Avec<br />
un trafic aérien en pleine expansion, elle<br />
pourrait augmenter significativement<br />
si nous ne nous mobilisons pas. La<br />
transformation nécessaire pour faire du<br />
transport aérien une industrie plus durable<br />
est peut-être sans doute le plus gros grand<br />
défi que nous allons devoir relever.<br />
Air France évalue les émissions totales<br />
générées en 2019 directement ou<br />
indirectement par notre activité à 20<br />
millions de tonnes de CO2.<br />
Plus de 90% de nos émissions totales sont<br />
liées au kérosène consommé par nos<br />
avions. Le déploiement à grande échelle<br />
de certains leviers de décarbonation, au<br />
premier rang, les SAFs, va être progressif.<br />
La décarbonation de l’aviation sera<br />
difficile, et prendra du temps. Elle<br />
nécessite une étroite coordination entre<br />
l’ensemble des acteurs, avionneurs,<br />
motoristes, fournisseurs de carburants,<br />
aéroports, contrôle aérien, pouvoirs<br />
publics, institut de recherche et monde<br />
académique.<br />
C’est un défi immense pour notre secteur<br />
qui joue un rôle sociétal clé : il rapproche<br />
les hommes, les cultures et les économies.<br />
COMMENT «AIR FRANCE ACT»,<br />
UN PROGRAMME PRÉSENTANT<br />
LA NOUVELLE TRAJECTOIRE DE<br />
RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE<br />
CO2 DE LA COMPAGNIE, A-T-IL<br />
ÉTÉ CONÇU ?<br />
V.E : L’urgence climatique est aujourd’hui<br />
une évidence pour la très grande majorité<br />
des acteurs du transport aérien. Depuis<br />
15 ans, Air France intègre, année après<br />
L’urgence climatique<br />
est aujourd’hui une évidence<br />
pour la très grande<br />
majorité des acteurs<br />
du transport aérien.<br />
année, les enjeux écologiques dans sa<br />
stratégie, jusqu’à faire de la transition<br />
écologique une priorité stratégique<br />
majeure aujourd’hui. Et ce d’autant<br />
plus que l’attente de nos clients et de<br />
nos salariés est toujours plus forte sur<br />
ce sujet. Le programme Air France Act<br />
vient souligner et faire connaitre les<br />
engagements d’Air France pour accélérer<br />
cette transition auprès d’un public large.<br />
Dans le cadre du programme Air France<br />
ACT, la compagnie s’est engagée à<br />
réduire de 30 % ses émissions de CO2<br />
par passager-kilomètre d’ici à 2030<br />
par rapport à 2019, soit 12 % en valeur<br />
absolue, à travers des investissements<br />
importants en faveur du renouvellement<br />
de sa flotte par des avions de nouvelle<br />
génération, l’utilisation de solutions<br />
innovantes pour réduire sa consommation<br />
de carburant ou encore à se mobiliser<br />
pour la création d’une future filière<br />
de Carburant Aviation Durable pour<br />
une aviation française responsable,<br />
économiquement viable et pérenne.<br />
QUELLES SONT VOS ACTIONS<br />
PRINCIPALES POUR ATTEINDRE<br />
L’OBJECTIF DE ZÉRO ÉMISSION<br />
NETTE D’ICI 2050 ?<br />
V.E : Pour contribuer à l’atteinte des<br />
objectifs de l’Accord de Paris visant<br />
38 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
DOSSIER<br />
par l’action des équipages d’Air France<br />
formés à ces pratiques, permettent une<br />
réduction moyenne de 2 à 3 % d’émissions<br />
de CO2.<br />
à limiter le réchauffement climatique<br />
en-deçà de +2°C, la trajectoire de<br />
réduction des émissions de CO2 de la<br />
compagnie repose sur trois piliers :<br />
• réduire en priorité les émissions directes<br />
générées par les opérations d’Air France,<br />
• réduire les émissions indirectes,<br />
en amont et aval des activités de la<br />
compagnie,<br />
• contribuer en complément à des<br />
projets permettant de retirer du CO2 de<br />
l’atmosphère.<br />
Pour atteindre ses objectifs, Air France<br />
active tous les leviers de décarbonation<br />
à sa disposition :<br />
- Le renouvellement de la flotte avec des<br />
avions de nouvelle génération - Airbus<br />
A220, Airbus A350 - plus économes en<br />
carburant, émettant jusqu’à 25 % de CO2<br />
en moins, et dont l’empreinte sonore est<br />
réduite de 33 % en moyenne. D’ici 2030,<br />
ces appareils représenteront 70 % de la<br />
flotte Air France contre 7 % aujourd’hui<br />
grâce à un investissement d’un milliard<br />
d’euro par an d’ici 2025.<br />
- Le recours accru aux Carburants<br />
d’Aviation Durables (SAF), permettant<br />
80 % de réduction d’émissions de CO2 en<br />
moyenne sur le cycle de vie du carburant,<br />
et n’entrant pas en compétition avec la<br />
chaîne alimentaire. Depuis 2022, et<br />
conformément au mandat d’incorporation<br />
français, Air France incorpore l’équivalent<br />
de 1 % de Carburant d’Aviation Durable<br />
sur ses vols au départ de France. D’ici<br />
2030, la compagnie vise au moins 10 %<br />
d’incorporation sur l’ensemble de ses vols,<br />
et 63 % en 2050.<br />
- La pratique de l’éco-pilotage : roulage sur<br />
un moteur au sol quand cela est possible,<br />
trajectoires de vol optimisées grâce à<br />
l’intelligence artificielle, descente en<br />
continu en collaboration avec le contrôle<br />
aérien... Ces initiatives, rendues possibles<br />
Une restauration<br />
plus responsable<br />
en cabine Business<br />
© DR<br />
- La mise en place d’une restauration<br />
plus responsable, pour en diminuer<br />
l’empreinte carbone. A bord et dans<br />
ses salons, Air France privilégie, quand<br />
cela est possible, les produits locaux<br />
et de saison. La compagnie propose<br />
progressivement la présélection des plats<br />
avant le vol en cabine Business sur longcourrier,<br />
luttant ainsi activement contre<br />
le gaspillage alimentaire. En outre, d’ici<br />
fin 2022, Air France aura supprimé 90 %<br />
des plastiques à usage unique par rapport<br />
à 2018, après avoir remplacé en 2019 les<br />
gobelets, couverts et autres bâtonnets en<br />
plastique par des alternatives durables.<br />
- Le développement de l’intermodalité,<br />
afin de proposer des alternatives de<br />
transport à faible empreinte carbone<br />
pour les trajets de courte distance,<br />
notamment dans le cadre du renforcement<br />
du partenariat entre Air France et la SNCF.<br />
© DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 39
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
LES EFFORTS POUR<br />
RÉDUIRE L’EMPREINTE<br />
ENVIRONNEMENTALE VONT-ILS<br />
AVOIR DES IMPACTS AU NIVEAU<br />
DES CLIENTS, AU NIVEAU DES PRIX<br />
ET DU SERVICE RENDU ?<br />
V.E : De manière générale, la transition<br />
énergétique engendrera très probablement<br />
une augmentation des coûts dans<br />
le domaine des transports, comme<br />
dans beaucoup d’autres secteurs. La<br />
décarbonation du transport aérien<br />
nécessite des investissements conséquents,<br />
l’aviation étant l’un des secteurs les plus<br />
coûteux à décarboner (réduire 1 tonne de<br />
CO2 dans le secteur coûte, par exemple,<br />
plus de 5 fois plus cher que dans les<br />
secteurs de production d’énergie ou<br />
l’agriculture).<br />
Ces surcoûts se reflèteront probablement<br />
sur le prix des billets d’avion. Il faudra<br />
payer plus cher pour voler à l’avenir, mais<br />
ceci permettra de voyager en émettant<br />
moins de gaz à effet de serre. Nous<br />
sommes conscients qu’il s’agira d’un effort<br />
supplémentaire de la part de nos clients,<br />
et nous nous engageons à les informer<br />
de manière transparente sur le montant<br />
et l’impact concret de leur contribution<br />
à nos réductions d’émissions. C’est un<br />
effort qui sera graduel et dont l’ampleur ne<br />
devrait néanmoins pas remettre en cause<br />
la démocratisation du transport aérien<br />
et la qualité de services, auxquelles nous<br />
sommes tous attachés.<br />
COMMENT AIR FRANCE SE SITUE-<br />
T-IL PAR RAPPORT AUX AUTRES<br />
COMPAGNIES DU TRANSPORT<br />
AÉRIEN ET DE LEURS EFFORTS<br />
POUR RÉDUIRE LEUR IMPACT<br />
ENVIRONNEMENTAL ?<br />
V.E : Il est indispensable que les<br />
compagnies aériennes ainsi que tous les<br />
acteurs de la chaîne de valeur travaillent<br />
ensemble à une réduction de l’impact<br />
environnemental du transport aérien.<br />
La réponse aux enjeux de durabilité ne<br />
Un pilote d’Air France<br />
« La réponse aux enjeux<br />
de durabilité ne peut être<br />
que collective. »<br />
peut être que collective.<br />
Ainsi, l’industrie s’est engagée, par le biais<br />
de IATA (International Air Transportation<br />
Association), à fixer un cap vers zéro<br />
émission nette en 2050.<br />
Par ailleurs, le développement des leviers<br />
des décarbonations (appareils de nouvelle<br />
génération /avec nouveaux modes de<br />
propulsion, filières industrielles de SAFs),<br />
pourra bénéficier à toutes les compagnies<br />
au niveau mondial.<br />
EN QUOI CONSISTE LE PROJET<br />
OCTAVIE LANCÉ EN JUILLET<br />
DERNIER ?<br />
V.E : L’optimisation des opérations<br />
aériennes est un des leviers majeurs de<br />
réduction des émissions de gaz à effet de<br />
serre du transport aérien commercial.<br />
Celle-ci consiste à permettre aux avions<br />
commerciaux de suivre des plans de vols<br />
les plus efficients possibles, en empruntant<br />
des trajectoires plus directes et en ajustant<br />
en temps réel l’altitude et la vitesse aux<br />
conditions du jour.<br />
Le bénéfice estimé de la mise en place de<br />
ces mesures en Europe est une réduction<br />
des émissions CO2 de l’ordre de 10 % dès<br />
2025.<br />
En créant des espaces aériens au sein<br />
desquels les pilotes peuvent plus facilement<br />
solliciter auprès du contrôle aérien des<br />
trajectoires plus directes, des ajustements<br />
d’altitude et de vitesse, le concept Green<br />
Flag se positionne comme un nouveau<br />
modèle de référence de gestion de l’espace<br />
aérien axé sur l’éco-responsabilité<br />
Le projet Octavie a récemment permis<br />
d’évaluer le concept Green Flag. Afin<br />
d’ouvrir la voie, Thales, Air France,<br />
la DSNA, l’Onera, Atmosphère, CGX<br />
et le Cerfacs se sont associés dans le<br />
cadre du projet Octavie (Optimisation<br />
Collaborative du Transport Aérien Visà-vis<br />
de l’Environnement), soutenu par<br />
région Occitanie, pour expérimenter en<br />
conditions réelles le concept Green Flag<br />
au cours de deux vols Paris-Toulouse. Les<br />
premiers résultats sont prometteurs ●<br />
Propos recueillis par Valérie Brenugat<br />
© DR<br />
40 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
DOSSIER<br />
ESPACE<br />
MAP Space Coatings : un haut niveau<br />
de qualité allié à une démarche<br />
environnementale forte<br />
MAP Space Coatings est une entreprise ariégeoise spécialiste des revêtements dédiés à la réduction du<br />
risque des missions spatiales (revêtements de contrôle thermique pour satellites, adhésifs pour satellites,<br />
conformal coatings pour l’électronique des satellites, lubrifiants pour les mécanismes des satellites,<br />
revêtements de contrôle thermique et électrique pour lanceurs) et services dédiés à l’industrie spatiale<br />
(finition thermique du satellite et les caractérisations physico-chimiques). Entretien<br />
© DR<br />
Olivier Guillaumon, directeur général de MAP<br />
Space Coatings<br />
COMMENT LES ATTENTES DE<br />
LA NEW SPACE VIS-À-VIS DE LA<br />
QUALITÉ SE DIFFÉRENCIENT-<br />
ELLES PAR RAPPORT AU SECTEUR<br />
SPATIAL TRADITIONNEL ?<br />
Olivier Guillaumon : Les attentes de<br />
la <strong>Qualité</strong> sont importantes dans le<br />
spatial. Le fait d’avoir des systèmes du<br />
management de la qualité qui soient<br />
certifiés EN 9100 et ISO 9001 et a obtenu<br />
l’agrément du savoir-faire du Cnes<br />
donnent une garantie opérationnelle en<br />
termes d’OTD OQD essentiellement<br />
en termes de » quality delivery » que ce<br />
soit au niveau du produit ou du service.<br />
MAP Space Coatings fait de la conception,<br />
de la fabrication et de la mise en œuvre<br />
des revêtements destinés aux satellites<br />
et aux lanceurs. Nous intervenons aussi<br />
comme fournisseur de produits. Donc<br />
les revêtements vendus à nos clients qui<br />
eux-mêmes réalisent leurs prestations<br />
d’application sur leurs pièces de satellites<br />
ou de lanceurs. De plus, nous exerçons<br />
une activité sur un rang supérieur où nous<br />
fournissons la prestation d’application sur<br />
des satellites que nous recevons. Ainsi,<br />
les niveaux de qualité et de certification<br />
concernent à la fois la fourniture du<br />
produit et la prestation de l’application.<br />
Pour le New Space, les solutions utilisées<br />
doivent être déjà éprouvées. Donc les<br />
qualifications à mettre en œuvre sont<br />
minimes. Les revêtements ont été donc<br />
qualifiés. Les process de prestations mis<br />
en œuvre sont garantis par le Cnes au<br />
travers de l’agrément ASF . Cela permet<br />
de faire bénéficier à cette industrie à la<br />
fois de produits et de services qualifiés<br />
sur lesquels il n’y a pas de qualifications<br />
QUELS OUTILS INFORMATIQUES<br />
UTILISEZ-VOUS POUR GÉRER LA<br />
QUALITÉ ?<br />
O.G : Nous utilisons l’ERP Odoo qui<br />
centralise la totalité des processus. En fait,<br />
nous avons numérisé les processus et les<br />
avons intégrés dans cette solution. Celle-ci<br />
fait le lien entre la partie productive (les<br />
achats de stock, la logistique, les ordres<br />
de fabrication des produits, la gestion des<br />
finitions thermiques) et le module <strong>Qualité</strong><br />
qui peut intervenir à tous les niveaux avec<br />
zéro ressaisie et redondance.<br />
COMMENT EFFECTUEZ-VOUS<br />
LE CONTRÔLE QUALITÉ DE VOS<br />
REVÊTEMENTS ?<br />
O.G : En production, nous intervenons<br />
en terme de qualité très en amont. Il<br />
faut savoir qu’il n’y a pas de matières<br />
premières dédiées au revêtement de<br />
satellites et de lanceurs. Nous pouvons<br />
acheter de la matière première qui est<br />
utilisée dans d’autres industries. Nous<br />
effectuons alors des contrôles pour trier<br />
entre les lots et ne garder que les lots qui<br />
peuvent nous intéresser. Donc il y a un<br />
premier niveau de contrôle. Autre solution<br />
: nous pouvons concevoir notre propre<br />
matière première. Dans le cadre E 9100,<br />
la conception est rattachée à la qualité<br />
dans un objectif de traçabilité. Lors<br />
de la conception, il faut vérifier qu’on<br />
pourra retrouver les mêmes démarches<br />
et les mêmes étapes quand on sera au<br />
stade de la fabrication de cette matière<br />
première. Donc la qualité intervient sur<br />
la fabrication de la matière première et la<br />
conception des revêtements qui utilisent<br />
ces matières premières. Elle est aussi<br />
présente dans le transfert de la production<br />
pour garantir que ce qui a été conçu est<br />
ce qu’on retrouve dans la fabrication avec<br />
les contrôles associés systématiques sur<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 41
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
© DR<br />
tous les lots en production que ce soit<br />
dans les matières premières ou pour les<br />
fabrications effectuées à partir de ces<br />
matières premières.<br />
Nous avons également un autre niveau<br />
qui est la prestation d’application où<br />
des contrôles sont réalisés à la fois sur le<br />
process de mise en œuvre, que ce soient<br />
les préparations de surface, l’application<br />
où il y a des contrôles sur le process de<br />
mise en œuvre (la préparation de surface,<br />
les masquages, l’emballage) et les produits<br />
qui sont à nouveau contrôlés. Ceux-ci<br />
subiront les mêmes tests. Donc la qualité<br />
se trouve aussi sur trois niveaux : les<br />
matières premières, les fabrications et<br />
l’application. Elle intervient également<br />
sur la traçabilité et la répétibilité entre<br />
la conception (matières premières ou les<br />
fabrications ou application) et le produit<br />
ainsi que sur la formation. La qualité<br />
vérifiera effectivement que le savoir est<br />
bien enregistré et enseigné à toutes les<br />
personnes afin de maintenir tous les<br />
savoirs.<br />
QUELLE EST VOTRE DÉMARCHE<br />
ENVIRONNEMENTALE<br />
PARTICULIÈREMENT FORTE AVEC<br />
VOTRE NOUVELLE USINE À HAUTE<br />
VALEUR TECHNOLOGIQUE ?<br />
O.G : Nous intervenons à plusieurs<br />
niveaux dans l’écoconception du bâtiment<br />
Application d’un revêtement<br />
de contrôle thermique<br />
sur une pièce de satellite<br />
(RT 2012). Donc le bâtiment est peu<br />
énergivore. Nous avons aussi un plan<br />
de réduction des besoins énergétiques<br />
à travers des actions ciblées par rapport<br />
à la problématique énergétique qui se<br />
posera au niveau de la consommation<br />
de l’électricité et des gaz. De plus, grâce<br />
à notre conception du bâtiment, l’hiver,<br />
le soleil peut entrer par les ouvertures et<br />
réchauffe l’atmosphère. L’été, nous avons<br />
également une ombre portée pour avoir<br />
un éclairage direct dans les bureaux.<br />
Par ailleurs, nous avons mis en place un<br />
système d’éco-tondeuse avec des moutons<br />
pour gérer tous nos espaces verts afin<br />
de les maintenir sans avoir à mettre des<br />
intrants, des engrais et des pesticides.<br />
Concernant la production, nous<br />
supprimons quasiment tous les<br />
récipients en verre par des emballages<br />
en polyéthylène recyclés. Le coût de<br />
production en tonnes de carbone est, en<br />
effet, beaucoup plus faible. Au niveau des<br />
transports de nos marchandises, nous<br />
avons remplacé les caisses en bois par des<br />
cartons recyclés plus légers. Nous avons<br />
ainsi réduit l’impact des transports au<br />
niveau du carbone ainsi qu’au niveau du<br />
traitement du bois.<br />
Concernant les formulations, nous<br />
pouvions utiliser des solvants responsables<br />
de dégagements du CO2 et des Composés<br />
Organiques volatiles pouvant attaquer la<br />
couche d’ozone. Ils sont les composants<br />
historiques dans les revêtements de type<br />
peintures par exemple. Maintenant, nous<br />
sommes en train de basculer dans la phase<br />
aqueuse. La toxicité pour les utilisateurs<br />
est donc moindre. En terme de protection<br />
de l’environnement, nous avons également<br />
un impact direct. Enfin, concernant les<br />
transports, tous les solvants étaient<br />
inflammables.<br />
COMMENT CE NOUVEL OUTIL<br />
PERFORMANT VOUS PERMET-IL<br />
DE VOUS IMPOSER SUR LE<br />
MARCHÉ MONDIAL AVEC UNE<br />
OFFRE PRODUIT SE PRÉSENTANT<br />
COMME LA PLUS «VERTE» DE<br />
VOTRE MARCHÉ ?<br />
O.G : Nous sommes les seuls à proposer<br />
des produits verts par rapport à nos<br />
concurrents américains. Ainsi, nous avons<br />
un impact faible sur l’environnement<br />
et les opérateurs. Le management et la<br />
qualité jouent un rôle important. Il faut<br />
savoir qu’il y a une réglementation Reach<br />
en Europe visant à supprimer tous les<br />
produits dangereux à plus ou moyen<br />
Préparation d’un revêtement<br />
de contrôle thermique avant<br />
application sur pièce satellite<br />
42 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
DOSSIER<br />
terme.<br />
Map Space Coatings et son département<br />
<strong>Qualité</strong> participent au groupe de travail<br />
de l’Agence Spatiale Européenne (ESA)<br />
pour trouver des solutions alternatives<br />
aux produits qui seront bientôt obsolètes.<br />
Nous avons donc une approche globale<br />
qui ne concerne pas que la performance<br />
du produit : la toxicité et l’impact<br />
environnemental du produit mais aussi<br />
une stratégie visant à être proactif pour<br />
proposer des solutions alternatives à nos<br />
clients avant d’arriver à une situation où on<br />
ne pourrait plus utiliser certains produits.<br />
COMMENT VOTRE NOUVELLE<br />
STRATÉGIE D’ENTREPRISE<br />
PERMET-ELLE UN MEILLEUR<br />
NIVEAU DE QUALITÉ ?<br />
O.G : L’ERP nous permet de plus<br />
systématiser et de verrouiller les choses<br />
et d’avoir des flux plus maîtrisés. Le fait de<br />
fabriquer nos propres matières premières<br />
permet d’avoir moins de dépendance<br />
vis-à-vis des références commerciales.<br />
Ces matières premières sont fabriquées<br />
© DR<br />
Contrôle d’un adhésif thermique<br />
à usage spatial<br />
à partir de substances élémentaires. Par<br />
ailleurs, nous disposons de formations<br />
et nous capitalisons à travers de retours<br />
d’expériences.<br />
COMMENT MAP SPACE<br />
COATINGS PRODUIT-IL SES<br />
PROPRES MATIÈRES PREMIÈRES<br />
TOUT EN ANTICIPANT<br />
LES RÈGLEMENTATIONS<br />
ENVIRONNEMENTALES AFIN<br />
DE DIMINUER L’UTILISATION DE<br />
SUBSTANCES TOXIQUES POUR LES<br />
USAGES INDUSTRIELS ?<br />
O.G : Nous arrivons à anticiper en<br />
participant au groupe de l’ESA sur la<br />
réglementation Reach. De plus, nous<br />
investissons aussi 16% de notre chiffre<br />
d’affaires annuel dans la R&D. Nous<br />
sommes les seules jeunes sociétés spatiales<br />
à faire un tel investissement. Nous avons<br />
des collaborations avec des centres<br />
scientifiques. Nous leur achèterons des<br />
briques technologiques pour posséder nos<br />
propres propriétés intellectuelles et nos<br />
propres procédés quand nous fabriquons<br />
la matière première. De plus, nous<br />
capitalisons sur le retour d’expériences.<br />
VOTRE ENTREPRISE EST<br />
IMPLANTÉE EN CORÉE, JAPON,<br />
INDE ET CHINE. QUELLES SONT<br />
LES SPÉCIFICITÉS DE VOS<br />
SERVICES RELATIFS À LA QUALITÉ<br />
VERS CES MARCHÉS ?<br />
O.G : Le plus important est en lien avec<br />
le transport des marchandises à l’export<br />
(douane…). Il y a, en effet, un fort impact<br />
sur la réglementation IATA concernant le<br />
transport des matières premières par avion.<br />
Ensuite, nous analysons les besoins de nos<br />
clients et nous sommes à leur écoute. Cela<br />
nous permet d’y répondre par le biais des<br />
transports, des stockages et des formations<br />
des opérateurs sur site pour les aider à<br />
utiliser les produits.<br />
POURQUOI MAP SPACE COATINGS<br />
EST LA SEULE SOCIÉTÉ AU MONDE<br />
À DISPOSER D’UNE ÉQUIPE DE<br />
RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT<br />
INTÉGRÉE LUI PERMETTANT<br />
D’EFFECTUER UNE QUALIFICATION<br />
PERMANENTE DE SES<br />
REVÊTEMENTS SUR DE NOUVEAUX<br />
PROJETS ?<br />
O.G : Nous sommes les seuls à la fois à<br />
concevoir les matières premières, nos<br />
produits et nos process d’application et<br />
à fabriquer nos matières premières et nos<br />
produits et à réaliser nos applications des<br />
© DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 43
DOSSIER FOCUS AÉRONAUTIQUE, SPATIAL ET DÉFENSE<br />
revêtements sur les pièces de satellites.<br />
Nous sommes, en fait, focalisés sur les<br />
revêtements des satellites et des lanceurs :<br />
cela n’est pas le cas de nos concurrents<br />
ayant des activités dans d’autres domaines<br />
(aéronautique, militaire).<br />
A QUELS NIVEAUX VOS<br />
PARTENAIRES INTERVIENNENT-<br />
ILS DANS CETTE QUALIFICATION ?<br />
O.G : Nous avons des contrats de<br />
recherches avec le Cnes et l’ESA. Nous<br />
avons aussi noué des partenariats<br />
concernant les qualifications comme les<br />
tests de vieillissement sur les revêtements<br />
et les mesures. Ainsi, nous travaillons<br />
avec plusieurs centres scientifiques<br />
comme l’Onera et l’ESTEC de l’ESA. Par<br />
ailleurs, nous faisons faire aux universités<br />
des études très en amont pour pouvoir<br />
maitriser des briques technologiques<br />
qu’on n’a pas actuellement. Ainsi, nous<br />
avons réalisé des partenariats avec des<br />
universités comme Paul Sabatier à<br />
Toulouse.<br />
VOTRE KIT DE RETOUCHE<br />
D’USAGES POUR RÉALISER LES<br />
FINITIONS SUR LES PIÈCES<br />
D’UN SATELLITE A ÉTÉ LANCÉ<br />
CETTE ANNÉE. COMMENT<br />
INTÉGREZ-VOUS À LA FOIS LA<br />
PRATICITÉ ET LE PARAMÈTRE<br />
ENVIRONNEMENTAL AU CŒUR DE<br />
VOS DÉMARCHES ?<br />
O.G : Nous ne réfléchissons pas<br />
uniquement que sur la partie technique<br />
du produit. Nous analysons aussi la<br />
chaine des valeurs de nos clients afin<br />
de chercher les besoins endeuillés pour<br />
proposer des solutions qui répondent à la<br />
fois à leurs besoins et à la simplification<br />
des process. Cela permet de gagner du<br />
temps et d’assurer d’être bon au premier<br />
coup dans une démarche Lean. Mais<br />
nous introduisons en même temps une<br />
dimension environnementale de telle<br />
sorte qu’il n’y a pas de risques majeurs<br />
au niveau de l’usage des produits (COV,<br />
protection de l’environnement) ●<br />
Propos recueillis<br />
par Valérie Brenugat<br />
ai16709504675_190x125_PSW_2023_Pub_MRJ.pdf 1 13/12/2022 17:54:27<br />
C<br />
M<br />
J<br />
M<br />
J<br />
J<br />
MJ<br />
N<br />
44<br />
I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
INTERVIEW<br />
AB Certification, Afnor Certification,<br />
Bureau Veritas Certification France,<br />
LRQA France et SGS France<br />
REGARDS CROISÉS<br />
(G.A.R) Georges Abi Rached,<br />
Directeur Général d’AB<br />
Certification<br />
(L.C) Laurent Croguennec,<br />
Président Directeur Général de<br />
Bureau Veritas Certification France<br />
(O.A) Olivier Audebert, Directeur<br />
Technique et Développements<br />
chez SGS France<br />
(PhD) Philippe Defiolle,<br />
Responsable des auditeurs chez<br />
LRQA France<br />
(OFA) Olivier Fauroux,<br />
Responsable Technique Durabilité<br />
chez LRQA France<br />
(J.N) Julien Nizri,<br />
Directeur<br />
d’Afnor Certification<br />
(PHR) Philippe Roudier,<br />
Responsable Aéro, Défense et<br />
Cybersécurité chez LRQA France<br />
><br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 45
FORMATION, TPE - PME CONSEIL, CERTIFICATION<br />
© ISTOCK<br />
QUELS SONT LES FAITS<br />
MARQUANTS DE VOTRE<br />
ORGANISME EN 2022 ?<br />
Georges Abi Rached : AB Certification<br />
a beaucoup évolué en 2022 avec une<br />
embauche accrue de personnel pour<br />
répondre à la demande des clients et<br />
aussi pour la mise en place de nouveaux<br />
projets. Au fil des ans, AB Certification<br />
est devenu l’un des principaux organismes<br />
certificateurs français. Et en 2022, avec<br />
la prise de fonction de notre nouveau<br />
Président, Monsieur Christian Gypakis,<br />
nous en prenons non seulement conscience,<br />
mais nous mettons en place les moyens<br />
nécessaires à la fois en consolidant notre<br />
position de généraliste de la certification,<br />
tout en renforçant la diversité de nos offres<br />
de certification et d’évaluation dans les<br />
Produits et Services. AB Certification<br />
a passé le cap des 3000 clients en 2022,<br />
essentiellement des PME et des TPE. Et<br />
également AB est devenu cette année un<br />
organisme certificateur QSE et Énergie<br />
prépondérant chez certains grands groupes<br />
français. Ceci grâce à la qualité de nos<br />
prestations et le niveau de satisfaction<br />
élevé de nos clients.<br />
Nous sommes très vigilants sur la qualité<br />
de nos prestations et de nos auditeurs.<br />
En 2022, AB s’est armé de ressources et<br />
de compétences pour passer à la vitesse<br />
supérieure, et si AB continue sur sa lancée,<br />
nous estimons une croissance de 15 à 20%<br />
par an pour les cinq prochaines années.<br />
Olivier Audebert :<br />
a. Développement des activités dans le<br />
domaine du nucléaire : premiers audits<br />
de certification selon la nouvelle norme<br />
ISO 1<strong>94</strong>43 (organisations de la chaîne<br />
d’approvisionnement du secteur de l’énergie<br />
nucléaire) ;<br />
b. Développement des certifications et<br />
audits dans le domaine de l’IT : nouvelle<br />
certification RGPD / ISO 27701 / ISO 27001<br />
/ HDS (Hébergeur de données de santé) ;<br />
c. Mise en œuvre de nouveaux dispositifs<br />
d’audit dans le domaine de l’économie<br />
circulaire : par exemple, prestations d’audits<br />
dans le cadre du fonds de réparation pour<br />
le compte d’éco-organismes / prestations<br />
d’audit de prévention des pertes de<br />
GPI (Granulés Plastiques Industriels)<br />
dans l’environnement en réponse aux<br />
prescriptions du décret n° 2021-461 du 16<br />
avril 2021 ;<br />
d. Lancement de la démarche d’évaluation<br />
selon le référentiel HAS à l’attention des<br />
ESSMS (Etablissements et Services Sociaux<br />
et Médico-Sociaux) ;<br />
e. Développement de nouvelles prestations<br />
et labels dans le domaine de l’ESG et de<br />
la RSE.<br />
Laurent Croguennec : La période Covid<br />
a perturbé les cycles de certification. L’année<br />
2022 a marqué un retour à la normale, avec<br />
une reprise de l’activité sur les normes ISO<br />
9001 et ISO 14001. En complément, comme<br />
Bureau Veritas Certification a obtenu son<br />
accréditation Cofrac pour la certification<br />
ISO 45001, fin 2021, nous avons connu<br />
une progression significative sur cette<br />
certification.<br />
Pour nous, l’année 2022 a aussi permis de<br />
développer de nouveaux projets. Ils sont soit<br />
en lien avec les certifications QSE, comme<br />
la réglementation sur les granulés plastiques<br />
qui s’adresse aux industriels et s’appuie sur<br />
l’ISO 9001, soit sur des schémas tout à fait<br />
nouveaux comme le Label QualiRépar ou<br />
le label Employeur Pro-Vélo. Ces deux initiatives<br />
s’appuient sur des audits sur site qui<br />
nous sont confiés par les organismes qui<br />
pilotent ces projets.<br />
Philippe Defiolle : En premier lieu, la<br />
L’audit à distance<br />
avait été le premier pas<br />
vente de LRQA au fonds d’investissements<br />
Goldmann and Sachs qui a eu lieu toute fin<br />
2021. Même si nos pratiques n’ont pas changé,<br />
les transferts d’outils et d’organisation avec<br />
un renforcement des hubs mondiaux nous<br />
ont bien occupés, tout en gardant le contact<br />
avec nos clients. Ensuite, et en continuité avec<br />
les hubs mondiaux, nous sommes rentrés<br />
de plein pied dans l’ère du Digital, l’audit à<br />
distance avait été le premier pas, désormais,<br />
nous devons raisonner Digital. Et enfin,<br />
fruit de la refonte de nos process ces deux<br />
dernières années, une organisation locale<br />
française qui a été allégée.<br />
Olivier Fauroux : L’acquisition d’Elevate<br />
Ltd permet également à LRQA de monter<br />
une marche et de se positionner en tant<br />
que leader mondial de la durabilité et<br />
de la transparence des données et des<br />
informations de la supply chain. Elevate<br />
conçoit, construit et opère les services liés à<br />
la durabilité. Ces services comprennent des<br />
évaluations, des conseils et des analyses qui<br />
fournissent de nombreux impacts positifs<br />
pour nos clients dans le domaine de l’ESG.<br />
Julien Nizri : En 2022, la crise sanitaire<br />
est toujours là bien qu’amoindrie. Mais<br />
aux résurgences sporadiques du virus<br />
affectant désormais surtout nos activités<br />
à l’international, s’est ajoutée bien sûr la<br />
terrible invasion de l’Ukraine par la Russie<br />
et ses conséquences mondiales qu’elles soient<br />
géopolitiques, sociales, économiques ou<br />
industrielles.<br />
Nous subissons les effets de l’inflation dans<br />
nos vies personnelles comme dans notre<br />
activité. Ces crises ont aussi bouleversé les<br />
échanges mondiaux, avec des pénuries de<br />
46 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
TPE - PME<br />
matières premières et composantes frappant<br />
de plein fouet les activités de nombre de<br />
nos clients industriels. Cela nous conduit à<br />
toujours plus d’agilité et de flexibilité tout<br />
en conservant la rigueur et l’impartialité qui<br />
caractérisent nos prestations d’évaluation,<br />
d’inspection et de certification.<br />
Malgré ce contexte, l’année 2022 devrait à<br />
nouveau être très satisfaisante en termes de<br />
résultats pour Afnor Certification en France<br />
et à l’international. Si les certifications du<br />
triptyque <strong>Qualité</strong> – Sécurité –Environnement<br />
représentent toujours une part majeure de<br />
notre activité, la croissance est portée par<br />
les certifications sectorielles (aéronautique,<br />
ferroviaire, automobile, Agro-alimentaire,<br />
Energie) et par les attentes très fortes des<br />
entreprises et du public sur les thématiques<br />
de la Responsabilité Sociétale des Entreprises,<br />
et de la Confiance Numérique.<br />
Non seulement les clients d’Afnor Certification<br />
nous renouvellent leur confiance<br />
d’années en année, mais nous avons répondu<br />
aux besoins de nouveaux clients, notamment<br />
grands comptes.<br />
2022, c’est aussi l’année du retour au présentiel<br />
tout en capitalisant sur la valeur ajoutée<br />
d’une part d’activité à distance bien maîtrisée,<br />
bien outillée et pertinente.<br />
Quel plaisir partagé d’aller à nouveau, en<br />
respectant les règles de sécurité, chez nos<br />
clients et à la rencontre des entreprises et des<br />
partenaires lors d’évènements et de salons<br />
incontournables tels que : Produrable, Energaïa,<br />
EnergyTime, le Forum international<br />
de la cybersécurité, Préventica, les Congrès<br />
du Gifen, de l’ANDRH, de l’UNSAF, du<br />
dépannage-remorquage, des déménageurs,<br />
Preventica, le Salon des professionnels de<br />
l’amiante, Territorialis, ….<br />
© DR<br />
2022 a également été marquée par le développement<br />
de partenariats publics ou privés<br />
dans de nombreux domaines. Nous avons<br />
ainsi rejoint le campus Cyber et noué de<br />
nombreux partenariats dans le champ de<br />
la confiance numérique notamment avec :<br />
- BPI France et FranceNum dans le cadre de<br />
l’initiation des TPE et PME aux bons réflexes<br />
en matière de CyberSécurité ;<br />
- Le CErcle des Femmes de la CYberSécurité ;<br />
- Cybermalveillance.gouv.fr qui valorise les<br />
professionnels en sécurité numérique grâce<br />
au label ExpertCyber ;<br />
- Le ministère de la Justice qui a développé<br />
Certilis, la marque de garantie pour les plateformes<br />
de résolution des litiges en ligne :<br />
conciliation, médiation et arbitrage.<br />
- La Fédération Française de la CyberSécurité.<br />
Et nous terminerons l’année sur un sujet<br />
qui nous tient particulièrement à cœur avec<br />
un évènement organisé le 19 décembre, la<br />
4 e édition du Club des labelisés Diversité et<br />
Egalité en présence notamment de la Ministre<br />
déléguée auprès de la Première ministre,<br />
chargée de l’Égalité entre les femmes et les<br />
hommes, de la Diversité et de l’Égalité des<br />
chances et du Ministre de la Transformation<br />
et de la Fonction publiques.<br />
QUELLES CONSÉQUENCES LES<br />
CRISES DU COVID-19 ET LA<br />
GUERRE EN UKRAINE ONT-ELLES<br />
EU SUR VOS ACTIVITÉS EN<br />
2022 ? COMMENT L’AVEZ-VOUS<br />
SURMONTÉ ?<br />
G.A.R : AB Certification n’a pas été impacté,<br />
Comité LRQA Paris Octobre 2022<br />
Afnor Certification ayant un campus Cyber<br />
a noué de nombreux partenariats dan<br />
le champ de la confiance numérique.<br />
pour le moment, par la crise du Covid 19<br />
et par la guerre en Ukraine. L’impact du<br />
Covid 19 a été la réorganisation au sein d’AB<br />
Certification pour répondre au mieux à nos<br />
clients en mettant en place, suivant les règles<br />
internationales, les procédures et processus<br />
adéquats pour permettre à nos auditeurs<br />
et à nos clients de réaliser les audits de la<br />
manière la plus sûre possible et en utilisant<br />
la possibilité de réaliser les audits à distance.<br />
Toutefois, depuis début 2022, la pratique<br />
des audits à distance s’est considérablement<br />
réduite afin de réaliser les audits sur le terrain<br />
et être en empathie avec nos clients lors des<br />
audits. Les audits à distance ont beaucoup<br />
« AB Certification n’a pas été<br />
impacté, pour le moment, par<br />
la crise du Covid 19 et par la<br />
guerre en Ukraine. »<br />
Georges Abi Rached<br />
© DR © DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 47
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
d’avantages mais réduisent le contact humain<br />
lors des audits.<br />
O.A : La crise sanitaire liée au Covid-19 n’a<br />
plus d’influence particulière sur nos activités.<br />
Là, où en 2020, la réalisation de la quasitotalité<br />
des audits avait été stoppée sur le<br />
premier semestre avec une forte reprise en fin<br />
d’année sans pouvoir rattraper complétement<br />
le retard pris, les deux dernières années n’ont<br />
pas été impactées par la crise sanitaire.<br />
Certes, certains clients ont revu leur stratégie<br />
à moyen terme relativement à la certification<br />
(arrêt de certains référentiels ou report de<br />
projets), mais en parallèle, des clients se sont<br />
engagés dans de nouveaux projets.<br />
Concernant la crise en Ukraine, elle ne met<br />
pas en évidence de conséquences visibles<br />
quant aux démarches dites classiques (<strong>Qualité</strong><br />
/ Environnement / Santé sécurité au travail).<br />
Par contre, cette crise révèle l’intérêt<br />
croissant et très fort sur des thématiques<br />
particulières telles que la sécurité des SMSI et<br />
des données avec la certification ISO 27001<br />
et la certification RGPD, ou l’énergie et la<br />
certification ISO 5001 en lien avec la crise<br />
énergétique.<br />
L. C : L’impact lié au Covid-19 a été limité.<br />
Nous étions équipés pour mener des audits<br />
à distance. Nous avons beaucoup appris<br />
des premières semaines où nous avons dû<br />
réaliser ces audits. Depuis, notre process<br />
pour les audits en distanciel a été formalisé,<br />
en accord avec les règles IAF MD 4 et nous<br />
avons réalisé des points avec nos auditeurs<br />
pour partager leur retour d’expérience.<br />
Pour notre part, le conflit Russo-ukrainien<br />
ne nous a pas directement impacté.<br />
Ph.D : L’impact direct au niveau du Groupe<br />
a été l’arrêt de nos activités en Russie,<br />
principalement notre bureau de Saint-<br />
Pétersbourg, tout en accompagnant nos<br />
clients qui avaient des activités certifiées<br />
en Russie. L’impact est beaucoup plus<br />
aujourd’hui chez nos clients avec la crise<br />
de l’énergie et la mise en sommeil d’activités<br />
industrielles tout en veillant à ne pas perdre<br />
l’atout d’être certifié. Concernant la Covid,<br />
comme toute entreprise qui a du personnel,<br />
nous sommes soumis à quelques rechutes,<br />
d’ailleurs, nous avons choisi la prudence en<br />
maintenant le télétravail.<br />
O.F.A : L’incertitude liée au contexte<br />
international pousse les entreprises à se<br />
concentrer sur ce qu’elles maîtrisent, leur<br />
cœur de métier, et à être le plus performant<br />
possible sur ce domaine de façon à pouvoir<br />
absorber les aléas liés à l’incertitude. Opérer<br />
un système de management fiable qui permet<br />
de vérifier la maîtrise du cœur de métier<br />
est plus que jamais au cœur de la stratégie<br />
des entreprises.<br />
Il faut également évoquer la crise climatique.<br />
Chez LRQA, nous sommes nombreux à penser<br />
que celle-ci a déjà commencé à influencer<br />
les comportements individuels mais également<br />
au niveau de l’entreprise et que cette<br />
tendance va fatalement s’accélérer. A l’heure<br />
des réseaux sociaux, le greenwashing peut<br />
s’avérer fatal et les dirigeants sont de plus<br />
en plus soucieux de la cohérence entre leurs<br />
déclarations et les actes. A ce titre, nous<br />
remarquons un intérêt croissant pour les<br />
vérifications de gaz à effet de serre par des<br />
tiers de confiance dans tous les domaines<br />
(norme ISO 14064-1 par exemple).<br />
EN SEPTEMBRE, L’ISO A PUBLIÉ<br />
SON ENQUÊTE ANNUELLE<br />
CONCERNANT L’ANNÉE 2021<br />
SUR LA CERTIFICATION DANS LE<br />
MONDE. QUELS SONT LES POINTS<br />
IMPORTANTS À RETENIR ?<br />
G.A.R : L’augmentation du nombre de<br />
certification en Grande Bretagne et la<br />
stagnation du nombre de certification en<br />
France et en Allemagne. Malheureusement,<br />
il y a un léger recul pour de la certification<br />
ISO 14001 en France et en Allemagne. Alors<br />
que cette norme, dans le contexte actuel et<br />
surtout en Europe, devrait être en croissance.<br />
O.A : En France, l’année 2021 a mis en<br />
évidence une stagnation du nombre de<br />
certificats ISO 9001 et ISO 14001 après une<br />
hausse les deux années précédentes. Ceci est<br />
à comparer avec la forte évolution du nombre<br />
de ces certificats à l’échelle mondiale avec<br />
une croissance de 10 % pour les certificats<br />
ISO 9001 et de 13 % pour les certificats ISO<br />
14001. La stagnation au niveau français peut<br />
La crise en Ukraine révèle un intérêt<br />
très fort sur des thématiques<br />
particulières telle que la sécurité<br />
des SMSI et des données avec la<br />
certification ISO 27001.<br />
s’expliquer par le retour à une défiance des<br />
démarches de certification classiques par<br />
les entreprises françaises après 2 années de<br />
reprise. L’essoufflement de ces démarches<br />
volontaires visible depuis plusieurs années<br />
a marqué le pas ces 2 dernières années mais<br />
semble apparaître de nouveau.<br />
Le nombre de certificats ISO 45001, quant à<br />
lui, a logiquement fortement augmenté, du<br />
« En France, l’année 2021<br />
a mis en évidence une<br />
stagnation du nombre de<br />
certificats ISO 9001 et ISO<br />
14001 après une hausse les<br />
deux années précédentes. »<br />
Olivier Audebert<br />
fait du transfert définitif de la certification<br />
OHSAS 18001 vers cette nouvelle norme.<br />
Ainsi, la hausse a été de 49 % au niveau<br />
français, avec un volume de 164 certificats<br />
sous accréditation en valeur absolue, ce qui<br />
reste faible, comparativement aux 48 %<br />
d’augmentation au niveau mondial avec<br />
près de 277 000 certificats.<br />
Par ailleurs, nous pouvons constater le maintien<br />
d’une forte augmentation du nombre de<br />
certificats ISO 27001 en France, avec près de<br />
55 % de nouveaux certificats, augmentation<br />
beaucoup plus forte que les années précé-<br />
48 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
© DR<br />
dentes, à l’instar de l’augmentation de ces<br />
certificats au niveau mondial de l’ordre de<br />
31 %. Concernant la France, ceci s’explique<br />
par le rattrapage par la France de son retard<br />
sur ce standard, comparativement aux autres<br />
pays équivalents tels que l’Allemagne, le<br />
Royaume-Uni ou le Japon avec un nombre<br />
de certificats dans ces pays, qui est trois à<br />
dix fois plus important qu’en France. Et<br />
cette augmentation à tous les niveaux s’explique<br />
aussi par les enjeux de sécurité des<br />
données et des systèmes d’information des<br />
entreprises et organisation dans un contexte<br />
économique et géopolitique à fort risque<br />
sur ces questions au regard de l’actualité<br />
en Ukraine notamment.<br />
Le nombre de certificats ISO 50001 en<br />
Les normes Cyber/IT (l’ISO 27001<br />
et l’ISO 20000) connaissent<br />
une croissance supérieure à 30%.<br />
© DR<br />
France, quant à lui, enregistre une stagnation<br />
après une baisse en 2020, contrairement à<br />
une augmentation continue du nombre de<br />
certificats à l’échelle mondiale depuis plusieurs<br />
années. En France, ceci s’explique par<br />
les effets de la crise qui ont remis en question<br />
les démarches volontaires de valorisation des<br />
politiques de réductions des consommations<br />
énergétiques et par l’absence d’intérêt des<br />
entreprises pour ces démarches volontaires<br />
pour répondre aux exigences introduites<br />
par la réglementation française en matière<br />
d’audits énergétiques.<br />
On peut par ailleurs noter l’apparition de<br />
statistiques pour de nouvelles normes qui<br />
seront intéressantes à décrypter les années<br />
prochaines, telles que l’ISO 20121 sur l’événementiel<br />
durable ou l’ISO 37001 destinée<br />
aux systèmes de management anticorruption.<br />
L. C : Il est toujours intéressant de recevoir<br />
ces chiffres par pays et par normes. On<br />
constate quelques progressions importantes,<br />
notamment en ISO 45001 (+54,6% entre 2020<br />
et 2021). C’est une dynamique intéressante<br />
pour cette norme. De même, les normes<br />
Cyber/IT (l’ISO 27001 et l’ISO 20000)<br />
connaissent une croissance supérieure à 30%.<br />
Il faut néanmoins rester prudent sur l’analyse<br />
de ces chiffres. Des pays n’avaient pas<br />
répondu en 2020 et certains organismes<br />
n’ont pas répondu en 2021. La comparaison<br />
entre les deux années n’est donc pas facile,<br />
d’autant que les pays ont été diversement<br />
impactés par le Covid (périodes de fermeture<br />
ou restrictions différentes).<br />
Une continuité avec l’enquête précédente,<br />
on voit que les référentiels historiques (9001,<br />
14001, …) restent prédominants mais ne<br />
sont plus en croissance.<br />
QUEL EST LE BILAN DE LA<br />
DERNIÈRE RÉUNION ANNUELLE<br />
DE L’ISO ?<br />
G.A.R : AB Certification participe<br />
activement à la commission X542 « <strong>Qualité</strong><br />
et Management » pour être un acteur<br />
principal dans l’évolution des normes tant<br />
françaises qu’internationales. Le cahier<br />
des charges pour la révision de la norme<br />
ISO 9001 est en cours de finalisation par le<br />
Groupe de Travail TG05. Il n’y aurait pas<br />
de révisions des normes ISO 9001 et 14001<br />
prochainement. Probablement courant 2024<br />
voire 2025.<br />
DEPUIS FIN 2021, PARMI DES<br />
NOUVELLES NORMES, FIGURENT<br />
ISO22329:2021 (SÉCURITÉ ET<br />
RÉSILIENCE<br />
- GESTION DES SITUATIONS<br />
D’URGENCE), ISO/TS<br />
5798:2022 (SYSTÈMES<br />
D’ESSAI POUR DIAGNOSTIC<br />
IN VITRO — EXIGENCES ET<br />
RECOMMANDATIONS POUR LA<br />
DÉTECTION DU CORONAVIRUS<br />
2 ASSOCIÉ AU SYNDROME<br />
RESPIRATOIRE AIGU SÉVÈRE<br />
(SARS-COV-2) PAR DES MÉTHODES<br />
D’AMPLIFICATION DES ACIDES<br />
NUCLÉIQUES) ET ISO 42500<br />
(ÉCONOMIE DU PARTAGE –<br />
PRINCIPES GÉNÉRAUX). QUELLES<br />
SONT LES ATTENTES DES<br />
ORGANISATIONS EN FRANCE<br />
PAR RAPPORT À CES NOUVELLES<br />
NORMES ? QUELLE EST LA<br />
DEMANDE DE CERTIFICATION<br />
DE CES NORMES EN FRANCE ?<br />
COMMENT VOYEZ-VOUS SON<br />
ÉVOLUTION ?<br />
G.A.R : C’est encore un peu tôt pour se<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 49
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
prononcer sur ces différentes normes. Les<br />
entreprises posent des questions sur le<br />
déroulé et l’opportunité de la mise en place<br />
de ces normes et surtout des avantages de<br />
la certification dans ce cas. La norme ISO<br />
42500 est une norme ISO et non transposée,<br />
à ce jour en norme française. D’ailleurs,<br />
elle n’existe qu’en anglais. De même pour<br />
la norme ISO 22329.<br />
O.A : A ce jour, nous n’avons noté aucune<br />
sollicitation sur ces nouveaux référentiels.<br />
Il est important de dire que c’est rarement<br />
l’organisme certificateur qui est interrogé<br />
par les entreprises sur ces sujets de nouvelles<br />
normes ne conduisant pas à une certification<br />
(plus à une évaluation), car nous ne sommes<br />
pas identifiés comme des acteurs pouvant<br />
accompagner, du fait de notre statut<br />
particulier de tiers indépendant.<br />
Concernant les référentiels des années précédentes,<br />
nous constatons la même chose :<br />
ces documents normatifs sont des outils et<br />
des guides utiles pour les entreprises, mais<br />
ils ne conduisent que très rarement à une<br />
démarche de certification. Ceci s’explique<br />
notamment par le fait que la prescription,<br />
aussi bien publique que celle induite par le<br />
marché, est quasi inexistante et de ce fait, ne<br />
favorise pas le développement de ces activités.<br />
Nous avons toutefois pu noter des sollicitations<br />
très ponctuelles sur les normes<br />
suivantes :<br />
- Soit plus anciennes : ISO 37001 (Anticorruption)<br />
/ ISO 18788 (Management des<br />
opérations de sécurité privée)<br />
- Soit plus récentes : ISO 14097 (Gestion des<br />
gaz à effet de serre et activités associées) /<br />
ISO 37000 (Gouvernance des organismes).<br />
L. C : Ces normes ne sont pas forcément<br />
dans notre domaine d’activité. Pour celles<br />
qui pourraient nous concerner (ISO 42500<br />
et ISO 22329), nous n’avons pas de demande<br />
de la part de nos clients. A Bureau Veritas<br />
« Nos process sont<br />
maintenant bien éprouvés. »<br />
Audit de certification Qualiopi<br />
Certification, nous développons nos<br />
compétences sur une norme quand nous<br />
pouvons travailler sur les aspects pratiques<br />
avec un ou deux clients pilotes.<br />
PhD : Très honnêtement, nos clients ne<br />
nous ont pas sollicités sur ces nouvelles<br />
normes, qui nous semblent un peu liée à<br />
des circonstances exceptionnelles et nous<br />
continuons à nous poser la question de leur<br />
pérennité. Dans tout développement, c’est<br />
un point majeur à prendre en compte avec<br />
une vision sur le long terme.<br />
OFA : Les nouvelles normes de la série<br />
14000 sont en revanche très attendues et en<br />
particulier la norme ISO 14068 qui va établir<br />
un consensus international sur les allégations<br />
de neutralité carbone. A l’heure où les Etats,<br />
les collectivités, les entreprises, les produits<br />
clament leurs objectifs de neutralité carbone<br />
à l’horizon 2050 pour respecter les Accords<br />
de Paris, il est devenu primordial de définir<br />
ce que signifie ce terme pour là encore éviter<br />
les déclarations de type greenwashing.<br />
QUELLES RÉPERCUSSIONS<br />
LES NOUVELLES VERSIONS OU<br />
NOUVELLES NORMES EN 2021<br />
ONT-ELLES EU SUR VOTRE<br />
ACTIVITÉ EN 2022 ?<br />
G.A.R : En 2022, AB Certification a<br />
continué à évoluer dans le cadre du<br />
référentiel Qualiopi pour les organismes de<br />
formation, ainsi que dans le secteur médical,<br />
médico-social et social. Sans oublier le QSE<br />
et l’Énergie.<br />
des processus de transition au cours de<br />
l’année. Les seules transitions gérées au<br />
cours de l’année 2022 sont celles relatives<br />
à des normes d’accréditation : par exemple,<br />
l’application de la nouvelle version de<br />
l’ISO 50003, ayant des conséquences sur<br />
le processus de certification et les offres<br />
destinées aux clients. Toutefois, l’année 2022<br />
voit la publication de la nouvelle norme ISO<br />
27001 qui va conduire à un processus de<br />
transition qui sera mis en œuvre à partir<br />
de 2023 et s’étalera sur 3 années jusqu’en<br />
© DR<br />
Laurent Croguennec<br />
O.A :<br />
a. Nous n’avons pas eu à mettre en œuvre<br />
Audit de certification ISO 9001<br />
50 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
octobre 2025.<br />
b. Concernant les nouvelles normes ISO,<br />
nous n’avons pas engagé de démarches<br />
de développement de nouvelles activités<br />
en 2022. Par contre, la norme ISO 1<strong>94</strong>43<br />
(déclinaison de l’ISO 9001 au secteur de la<br />
chaîne d’approvisionnement dans le domaine<br />
du nucléaire) a révélé un réel intérêt de la part<br />
du secteur et a donc conduit à de nombreuses<br />
opportunités commerciales.<br />
L. C : Nous avons chaque année des normes<br />
qui évoluent. Nos process sont maintenant<br />
bien éprouvés. Nous gérons les besoins de<br />
formations internes (auditeurs et chargés<br />
de client) et bien sûr, nous informons nos<br />
clients à la fois par des emailings et très<br />
souvent par des webinars, si les évolutions<br />
sont significatives. Sur cette fin d’année,<br />
nous traitons notamment le changement<br />
de version pour la certification HVE ou<br />
encore le référentiel BRC .<br />
© DR<br />
Remise du double label Egalité-Diversité à Vinci,<br />
en présence des ministres Isabelle Rome,<br />
Olivier Dussopt et Stanislas Guérini et de Julien Nizri,<br />
directeur d’AFNOR Certification.<br />
Ph.D : Peu en 2022, le référentiel RNQ<br />
Qualiopi a atteint son point d’orgue fin<br />
2021 de part les exigences réglementaires.<br />
J.N : En 2022, l’activité d’Afnor Certification<br />
est impactée à la fois par l’évolution de<br />
normes d’accréditation c’est-à-dire celles<br />
visant les obligations du certificateur et<br />
l’évolution de normes qui concernent<br />
directement les entreprises ou organisations<br />
candidates à la certification.<br />
Sur le management de l’énergie, sujet ô<br />
combien stratégique dans le contexte international<br />
actuel, nous avons finalisé fin 2022<br />
la transition vers la version de la norme ISO<br />
50003 (Systèmes de management de l’énergie<br />
— Exigences pour les organismes procédant<br />
à l’audit et à la certification de systèmes de<br />
management de l’énergie) publiée en mai<br />
2021. Les évolutions de la norme ont pour<br />
impacts principaux une simplification dans<br />
la qualification des auditeurs intervenant sur<br />
la certification ISO 50001 et une évolution<br />
des éléments à prendre en compte pour la<br />
durée des audits.<br />
Pour le domaine des Dispositif Médicaux,<br />
Afnor Certification met en application pour<br />
la certification ISO 13485 les exigences<br />
publiées en février 2022 par l’International<br />
Accreditation Forum (IAF) dans une<br />
nouvelle version du document référencé<br />
sous l’intitulé IAF MD9. Ce document offre<br />
une définition mise à jour d’un « Dispositif<br />
Médical fini » et implique, parmi d’autres<br />
points, une évolution des durées d’audit dans<br />
le cas d’une combinaison avec un audit ISO<br />
9001 ainsi que la réalisation d’audits inopinés<br />
- sur demande des Autorités Compétentes<br />
des Etats Membres de l’UE. Nous suivons<br />
de très près ces évolutions qui assurent un<br />
lien toujours plus étroit dans le champ des<br />
dispositifs médicaux entre la certification de<br />
système de management et la certification<br />
de produit. A ce titre, nous avons poursuivi<br />
en 2022 nos efforts pour être désignés organisme<br />
notifié pour le marquage CE des dispositifs<br />
médicaux non implantables.<br />
Dans le secteur aéronautique, une nouvelle<br />
version de l’EN 9104, norme régissant les<br />
« Exigences relatives à la certification dans<br />
l’aéronautique, l’espace et la défense », a été<br />
publiée en janvier 2022. Elle décline les exigences<br />
d’accréditation pour les certifications<br />
aéronautiques EN 9100, EN 9110 et EN 9120<br />
ainsi que les exigences pour toutes les parties<br />
prenantes du schéma : donneurs d’ordre<br />
(IAQG et ses représentants, les Organismes<br />
d’Accréditation, les clients, etc.). Le déploiement<br />
de ces évolutions scandera l’année 2023.<br />
Sur la thématique Cybersécurité, la nouvelle<br />
norme ISO 27001 a été publiée le 21<br />
octobre dernier, les principaux changements<br />
© DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 51
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
concernent les mesures de sécurité à appliquer<br />
par les entreprises avec l’intégration<br />
de 11 nouvelles mesures de sécurité pour<br />
prendre en compte le contexte actuel des<br />
entreprises (utilisation du cloud, préparation<br />
des outils numériques pour la continuité<br />
d’activité, …). Les nouveaux candidats à<br />
la certification doivent donc dorénavant<br />
se confirmer à cette nouvelle version et les<br />
certifiés doivent opérer leur transition.<br />
D’AUTRES RÉFÉRENTIELS<br />
DE CERTIFICATION SONT EN<br />
CROISSANCE OU ÉMERGENT.<br />
COMMENT VOTRE ORGANISME<br />
ÉLABORE-T-IL SA STRATÉGIE<br />
DE DIVERSIFICATION ? QUELS<br />
RÉFÉRENTIELS DÉVELOPPEZ-<br />
VOUS ?<br />
G.A.R : AB Certification renforce la diversité<br />
de ses offres de certification et d’évaluation<br />
dans le domaine médical, où AB est déjà<br />
bien reconnu, dans le social et le médicosocial,<br />
et dans le domaine des organismes<br />
de formation avec le référentiel Qualiopi.<br />
Et nous souhaitons nous développer dans<br />
toutes les démarches concernant la responsabilité<br />
sociétale des entreprises. En<br />
effet, AB Certification est aussi membre<br />
de la commission DDRS de l’Afnor pour<br />
le développement et la révision de normes<br />
dans le Développement Durable et la Responsabilité<br />
Sociétale des entreprises. De même,<br />
AB Certification a été sélectionné pour de<br />
nouveaux marchés tels que la RATP et des<br />
grands groupes. Mais le point fort de AB<br />
Certification, c’est sa proximité avec les PME<br />
qui font l’essentiel de sa clientèle, même si se<br />
dessine l’ouverture de nouveaux horizons<br />
vers les grandes structures.<br />
O.A :<br />
« Nous croyons également beaucoup en l’ISO 14064, sujet dont<br />
nous venons de réaliser les premiers audits »<br />
Philippe Defiolle<br />
a. La protection des données (à travers<br />
la réglementation RGPD ou la norme<br />
ISO 27701) et plus généralement ce qui<br />
concerne la sécurité des informations<br />
(avec la norme ISO 27001) est un sujet de<br />
très forte actualité. Des attaques mettant<br />
en question les systèmes de sécurité des<br />
informations des entreprises sont très<br />
régulièrement médiatisées et nécessitent<br />
un renforcement de la protection de leur<br />
système, notamment de la part des grandes<br />
multinationales. Ces entreprises doivent<br />
ainsi donner des garanties à leurs clients<br />
sur la maîtrise de leur SMSI et des données<br />
qu’elles utilisent. La publication récente de<br />
dispositifs de certification garantissant la<br />
mise en œuvre du règlement général sur la<br />
protection des données au niveau européen<br />
renforce les possibilités de développement<br />
des activités de certification.<br />
b. La réglementation française sur<br />
l’économie circulaire avec la loi AGEC (loi<br />
anti-gaspillage pour une économie circulaire)<br />
a été l’opportunité du développement de<br />
nombreuses réflexions dans le champ de<br />
l’audit et de la certification en 2022. Des<br />
problématiques telles que le gaspillage<br />
alimentaire, le recyclage des déchets, la<br />
sortie de statut de déchet deviennent des<br />
sujets prioritaires nécessitant une attention<br />
particulière. Ceci a conduit SGS à élaborer<br />
des partenariats avec des grands acteurs<br />
directement impliqués dans les domaines<br />
de l’économie circulaire. Autour de cette<br />
thématique, se mettent en œuvre à la fois<br />
« Dans le domaine Cyber,<br />
des nouveautés sont<br />
apparues au cours<br />
de cette année. »<br />
Philippe Roudier<br />
des prestations d’inspection, de contrôle<br />
et d’audit.<br />
c. De même, la tendance de développement<br />
des démarches volontaires dans le domaine<br />
de la RSE s’est renforcée en 2022, avec des<br />
initiatives dans le domaine de l’événementiel,<br />
de la biodiversité, de la protection des<br />
modérateurs de contenus sur les réseaux<br />
sociaux, du mécénat. La prise de conscience<br />
au sein des organisations se confirme, la<br />
RSE représentant un mix efficient entre la<br />
stratégie, la réduction des coûts (achats,<br />
énergie) et le bien-être des ressources<br />
humaines (qualité de vie au travail, gestion<br />
de carrières et innovation).<br />
L. C : A Bureau Veritas Certification, nous<br />
avons mis en place une cellule innovation.<br />
Elle est chargée d’identifier les nouvelles<br />
52 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
normes, de collecter les demandes clients<br />
et de conduire une étude de marché. Nous<br />
souhaitons proposer une large gamme de<br />
services et être le contact unique pour les<br />
certifications de nos clients.<br />
Notre priorité se porte vers les services de<br />
la LIGNE VERTE by BV. C’est-à-dire les<br />
audits et certifications qui contribuent au<br />
développement durable. Nous avons de plus<br />
en plus de demandes. Nous développons<br />
nos activités sur les enjeux carbone (sur les<br />
bases de l’ISO 14064). Nous auditons des<br />
entreprises sur des approches sur mesure sur<br />
la base de référentiels mixant gouvernance,<br />
environnement et social.<br />
Nous avons aussi tout un volet de certification<br />
sur les biocarburants (REDII) ou sur<br />
l’emploi des matières plastiques (ISCC, audit<br />
sur les granulés plastiques…).<br />
Ph.D : Toujours en relation avec le contexte<br />
mondial de l’énergie, nous avons développé<br />
l’ISO 1<strong>94</strong>43 que ce soit au niveau mondial<br />
ou français, nos clients français ont tout de<br />
suite répondu présent avec un bon résultat<br />
pour cette première année. Nous croyons<br />
également beaucoup en l’ISO 14064, sujet<br />
dont nous venons de réaliser les premiers<br />
audits. Notre stratégie est bien d’être acteur<br />
sur le marché de la certification, mais la<br />
communication que nous faisons en amont,<br />
ou en retour d’expérience (webinar ou site<br />
web) montre l’attrait de nos clients.<br />
O.F.A : On peut également citer le décret<br />
2021-461 dit Décret GPI qui oblige les<br />
entreprises productrices ou utilisatrices<br />
de granulé de plastique industriel à mettre<br />
en place des procédures et des moyens de<br />
« Le constat de la COP 27<br />
est à la fois terrible<br />
et porteur d’espoir »<br />
Julien Nizri<br />
confinement adaptés pour éviter la dispersion<br />
de leurs GPI dans l’environnement. L’audit de<br />
ces dispositions a généré un surcroît d’activité<br />
pour LRQA en 2022. Plus généralement le<br />
domaine de la production responsable est<br />
porteur, ce qui est en lien avec la stratégie<br />
de développement de LRQA sur le marché<br />
de la RSE et de la durabilité.<br />
Afnor Certification continue<br />
son positionnement<br />
sur les énergies<br />
renouvelables<br />
© DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 53
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
P.H.R : Dans le domaine Cyber, des<br />
nouveautés sont apparues au cours de cette<br />
année. La protection de la vie privée dispose,<br />
à présent, de son référentiel propre, l’ISO<br />
27701, reprenant pour partie les exigences<br />
du Règlement Général pour la Protection des<br />
Données (RGPD) et les exigences d’autres<br />
référentiels internationaux. La norme de<br />
Système de Management de la Sécurité de<br />
l’Information ISO 27001 et la norme ISO<br />
27002 associées ont pour leur part été revues<br />
et actualisées, intégrant à titre d’exemple, des<br />
mesures relatives au Cloud ou à l’utilisation<br />
des Technologies de l’Information et de<br />
la Communication dans le cadre de la<br />
continuité d’activité.<br />
Dans le domaine Aéronautique, c’est l’évolution<br />
du schéma qui tient en haleine tous<br />
les acteurs, avec des reports successifs dans<br />
le déploiement des référentiels et des outils<br />
associés.<br />
COMMENT LA FRANCE SE<br />
DISTINGUE-T-ELLE DES AUTRES<br />
PAYS EUROPÉENS DANS SA<br />
DEMANDE DE CERTIFICATION ISO ?<br />
QUELS SECTEURS D’ACTIVITÉ<br />
SONT LES PLUS DEMANDEURS<br />
DANS LES NORMES CITÉES DANS<br />
L’ENQUÊTE ISO ?<br />
G.A.R : Malheureusement, la France se<br />
distingue plutôt dans la stagnation du<br />
nombre d’entreprises certifiées par rapport<br />
aux autres pays européens. Il y a un fort<br />
potentiel d’élargissement de la demande<br />
de certification pour tous types de normes.<br />
O.A :<br />
• On constate que la France présente toujours<br />
un niveau de certification inférieur à<br />
la plupart des autres pays ayant un contexte<br />
économique comparable.<br />
• Notre pays à travers son fonctionnement<br />
et sa culture est très orienté vers des<br />
démarches locales s’appuyant sur des obligations<br />
réglementaires locales. Ainsi, les<br />
démarches volontaires ont beaucoup de mal<br />
à se développer et à s’inscrire dans la durée.<br />
• En France les secteurs les plus développés<br />
en termes de certification sont :<br />
Les locaux<br />
de l’Afnor<br />
à Saint-Denis (91)<br />
54 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
« Dans le domaine Cyber,<br />
des nouveautés sont<br />
apparues au cours de cette<br />
année. » Olivier Fauroux<br />
I. Dans le domaine industriel : la<br />
métallurgie / l’électronique / la plasturgie et<br />
associés / la construction / l’agro-alimentaire;<br />
II. Dans le domaine des services : le<br />
transport / le retail / les bureaux d’étude.<br />
L. C : Comme dans la plupart des économies<br />
matures, les certifications « historiques » QSE<br />
marquent le pas, en France. La dynamique<br />
est cependant très forte sur les certifications<br />
spécialisées par filière comme dans le<br />
secteur de la santé, par exemple (ISO 13445<br />
– dispositifs médicaux) ou encore dans le<br />
domaine de la sécurité des aliments (ISO<br />
22000, FSSC 22000…).<br />
Les enjeux de la cybersécurité, de la gestion<br />
de crise et de la continuité d’activité dynamisent<br />
les certifications correspondantes.<br />
Toutes ces démarches s’appuient sur les<br />
fondamentaux des systèmes de management.<br />
L’ISO 9001 a encore de belles années<br />
devant elle et sert de colonne vertébrale à<br />
la gestion des enjeux globaux. La Nouvelle<br />
<strong>Qualité</strong> portée par l’AFQP montre comment<br />
la qualité est au cœur de la performance<br />
sociétale des organisations.<br />
QUELS SONT VOS PROJETS POUR<br />
2023 ?<br />
G.A.R : Tel qu’indiqué ci-dessus, pour 2023,<br />
AB Certification renforcera la diversité de<br />
ses offres de certification et d’évaluation<br />
dans le domaine médical, dans le social et<br />
le médico-social et le référentiel Qualiopi.<br />
Mais le développement des normes QSE<br />
et Énergie restera prépondérant chez AB<br />
Certification ainsi que le développement<br />
des normes de systèmes de management<br />
telles que l’ISO 27001 pour la sécurité de<br />
l’information, l’ISO 37001 pour l’anti-corruption<br />
et bien d’autres normes.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 55
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
O. A :<br />
Notre politique de développement repose<br />
sur 6 thématiques principales :<br />
a. Le développement du dispositif<br />
d’évaluation HAS pour les ESSMS, en<br />
parallèle de nos certifications et labels<br />
existants dans le domaine du médico-social ;<br />
b. La capitalisation de notre expérience<br />
sur la nouvelle réglementation européenne<br />
(MDR) concernant le marquage CE des<br />
dispositifs médicaux avec une politique de<br />
réponse aux multiples demandes des acteurs<br />
du secteur pour les différents référentiels du<br />
secteur (marquage CE / certification ISO<br />
13485 / MDSAP / UKCA) ;<br />
c. La montée en puissance de la certification<br />
ISO 1<strong>94</strong>43 dans le domaine du nucléaire en<br />
répondant aux attentes des fournisseurs des<br />
grandes acteurs de ce domaine économique ;<br />
d. La poursuite du développement des<br />
audits et évaluations dans le domaine de<br />
l’ESG et de la RSE ;<br />
e. Le renforcement des partenariats avec les<br />
éco-organismes pour répondre aux diverses<br />
exigences crées par la loi AGEC.<br />
f. Le renforcement de nos activités<br />
d’audits dans le domaine de l’industrie<br />
pharmaceutique et des cosmétiques.<br />
L. C : Nous allons poursuivre notre<br />
développement sur les enjeux RSE, la<br />
vérification des empreintes carbone des<br />
produits et organisations ou encore la<br />
vérification des rapports extra-financiers<br />
par exemple.<br />
L’innovation est toujours au cœur de notre<br />
modèle, nous allons continuer à accompagner<br />
les besoins de valorisation des bonnes<br />
pratiques de nos clients et leur permettre<br />
de rester toujours plus résilients dans cette<br />
période de profondes mutations écologiques,<br />
économiques et sociales.<br />
Par ailleurs, 2023 va être une année riche<br />
en transition de normes (EN 9100, ISO<br />
50001, mise en œuvre de HVE V4…) :<br />
nous sommes prêts pour accompagner<br />
nos clients sur ces sujets.<br />
Ph.D : Les projets évoqués, ci-dessus,<br />
mais également tout ce qui est lié à la<br />
cybersécurité. La France semble frileuse sur<br />
le sujet, les démarches sont majoritairement<br />
dans les grands groupes avec une approche<br />
« top down », mais les choses évoluent,<br />
on peut enfin espérer que la 27001, par<br />
exemple, soit considérée comme un système<br />
de management.<br />
J.N : Les défis à relever sont donc nombreux,<br />
au premier rang desquels celui de la<br />
transition écologique. Nous le voyons dans<br />
nos quotidiens avec l’impact actuel de la crise<br />
énergétique, nos modèles de société doivent<br />
changer. Le constat de la COP 27 est à la fois<br />
terrible et porteur d’espoir. Il est déjà presque<br />
trop tard mais la mobilisation est désormais<br />
unanime. Et les normes volontaires tout<br />
comme la certification ont un rôle essentiel<br />
à jouer pour lutter réellement contre le<br />
réchauffement climatique, notamment en<br />
harmonisant et en contrôlant les allégations<br />
relatives à la neutralité carbone.<br />
Plus généralement, la crise sanitaire a renforcé<br />
l’attente de nos concitoyens d’être rassurés<br />
sur la qualité des produits et services<br />
qu’ils consomment et cela dans un contexte<br />
de mutations profondes.<br />
Notre environnement économique, industriel<br />
et social est en transformation dans<br />
le cadre d’une triple transition. Transition<br />
écologique, transition numérique et transition<br />
démographique. Afnor Certification<br />
souhaite s’inscrire encore davantage dans<br />
la vie des entreprises et des organisations<br />
comme levier de facilitation et de sécurisation<br />
de ces transitions qui influencent nos<br />
choix quant à la typologie des prestations<br />
que nous développons et promouvons.<br />
Concernant la transition écologique, au-delà<br />
des certifications incontournables que sont<br />
les certifications ISO 14001 et ISO 50001 et<br />
l’AFAQ Biodiversité, nous renforçons notre<br />
proposition sur plusieurs volets étroitement<br />
imbriqués.<br />
Sur l’Energie : la certification ISO 1<strong>94</strong>43<br />
pour la qualité dans le nucléaire poursuivra<br />
son rôle pour la structuration de la filière<br />
en une période critique. Parallèlement,<br />
nous poursuivons notre positionnement<br />
sur les énergies renouvelables, avec la qualification<br />
des Infrastructures de Recharge<br />
pour Véhicules Electriques (IRVE) et les<br />
débuts prometteurs de notre activité sur<br />
l’Agrivoltaïsme.<br />
Promoteur d’une économie plus circulaire<br />
depuis 30 ans au travers notamment<br />
des Ecolabels Européens, nous abordons<br />
sereinement leur ouverture progressive<br />
aux autres certificateurs. 2023 sera pour<br />
Afnor Certification l’année de la structuration<br />
d’une gamme regroupant les sujets de<br />
l’éco-conception, de la durabilité, la réparabilité<br />
ou du reconditionnement des produits<br />
que ce soit avec des marques Afnor comme<br />
NF Environnement, en intervenant en tant<br />
que partenaires de label tels que Qualirepar<br />
ou le label Anti-gaspillage alimentaire<br />
portés par les pouvoirs publics ou encore<br />
des démarches Origine France Garantie et<br />
Relation Client 100% France.<br />
En matière de RSE, la future directive<br />
européenne dite CSRD , sur le reporting<br />
extra-financier, impactera le label Engagé<br />
RSE, avec l’objectif de pouvoir en faire un<br />
outil au service des responsables RSE pour<br />
faciliter le futur reporting de durabilité<br />
CSRD.<br />
Cette transition écologique va de pair avec la<br />
poursuite de la digitalisation de nos métiers,<br />
de nos outils, de nos modes de consommations<br />
dans une économie toujours plus<br />
numérisée. La digitalisation interroge aussi<br />
notre rapport à la protection des données<br />
personnelles et l’usage éthique de l’intelligence<br />
artificielle, notamment pour la reconnaissance<br />
faciale. Mais la digitalisation est<br />
aussi porteuse d’espoir et d’ambitions fortes.<br />
Elle permet ainsi de transformer et changer<br />
les modèles économiques existants, les<br />
modèles de consommation, les structures<br />
socio-économiques, les décisions politiques,<br />
juridiques, les modèles organisationnels et les<br />
barrières culturelles. Nous nous inscrivons<br />
résolument dans cette transition numérique<br />
en développant nos certifications et labels<br />
ISO 27 000, CERTILIS, DPO, EBIOS, etc; en<br />
structurant les équipes autour d’une practice<br />
confiance numérique<br />
56 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
Une troisième transition à prendre en<br />
compte en 2023 est démographique. Nous<br />
l’avons tous vécue à travers le développement<br />
du télétravail mais aussi des audits à<br />
distance. Elle interroge le rapport à l’espace,<br />
la reconfiguration des territoires entre Paris<br />
et la Province, et au niveau mondial entre<br />
les grandes métropoles et les nouvelles aires<br />
urbaines décentralisées. Cette transition<br />
impacte aussi notre rapport aux générations,<br />
à la manière de consommer mais aussi à<br />
la manière dont on fait Société. Ainsi des<br />
certifications dans des domaines aussi divers<br />
que l’anti-corruption, la qualité des services<br />
public (intervention d’Afnor pour la labellisation<br />
France SERVICE, Service Public +), la<br />
sécurité alimentaire (IFS, BRC, FSSC22000),<br />
les dispositifs médicaux, la conformité des<br />
ESSMS ou encore l’égalité et la diversité<br />
accompagnent les transformations sociales<br />
que les entreprises et organisations continueront<br />
à déployer en 2023.<br />
POUVEZ-VOUS INDIQUER<br />
UN EXEMPLE ORIGINAL DE<br />
CERTIFICATION QUE VOUS AVEZ<br />
DÉLIVRÉ À UNE SOCIÉTÉ OU<br />
ORGANISATION RÉCEMMENT ?<br />
COMMENT AVEZ-VOUS PROCÉDÉ ?<br />
G.A.R : Chaque entreprise est originale<br />
dans son approche de la démarche de<br />
certification et nous la considérons comme<br />
unique dans notre panel de clientèle. AB<br />
Certification procède toujours de la même<br />
manière en essayant de comprendre les<br />
attentes et les besoins de chaque client<br />
afin de lui proposer l’auditeur ou l’équipe<br />
d’audit la plus adaptée à sa configuration.<br />
Un auditeur de grandes structures n’est<br />
pas nécessairement adapté à une petite<br />
structure. Le choix de l’auditeur fait<br />
partie de la force d’AB Certification ainsi<br />
que la réactivité et l’approche humaine<br />
de l’ensemble des collaborateurs d’AB<br />
Certification.<br />
L. C : Voici deux sujets intéressants et<br />
emblématiques : l’audit des émissions<br />
carbone du Beluga<br />
…et la certification<br />
ISO 20121 de l’office du<br />
tourisme de Marseille.<br />
O.F.A : Nous avons<br />
récemment certifié les<br />
émissions de gaz à effet<br />
de serre sur les scopes<br />
1, 2 et 3 d’un vignoble<br />
Grand Cru de Saint-Emilion. Les vignobles<br />
eux aussi s’engagent dans la course à la<br />
neutralité carbone au travers de l’initiative<br />
IWCA (International Wineries for Climate<br />
Action) qui vise à décarboner l’industrie<br />
globale du vin ! ●<br />
Propos recueillis<br />
par Valérie Brenugat<br />
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QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 57
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
ENERGIE<br />
Air France : les<br />
carburants durables,<br />
un levier pour sa politique<br />
de décarbonation<br />
Dès 2011, Air France et KLM ont figuré parmi les premières<br />
compagnies à effectuer des vols commerciaux,<br />
démontrant l’utilisation possible d’énergie<br />
alternative aux carburants fossiles.<br />
Depuis de nombreuses années, les compagnies aériennes Air France et KLM participent à la recherche et au<br />
développement des programmes dans le domaine des carburants alternatifs. Le programme SAF Corporate<br />
donne aux entreprises clientes d’Air France l’opportunité de devenir acteurs de la réduction des émissions de<br />
CO₂ dans le cadre de leurs voyages d’affaires.<br />
©DR<br />
Vincent<br />
Etchebehere,<br />
Directeur<br />
Développement<br />
durable et<br />
nouvelles<br />
mobilités chez Air<br />
France<br />
POURQUOI LE GROUPE AIR<br />
FRANCE S’EST-IL ENGAGÉ<br />
AUPRÈS DE SBTI POUR CERTIFIER<br />
QUE SA TRAJECTOIRE DE<br />
DÉCARBONATION À COURT TERME<br />
EST COMPATIBLE AVEC L’ACCORD<br />
DE PARIS ?<br />
V.E : L’Accord de Paris sur le climat<br />
(COP-21) vise à limiter le réchauffement<br />
climatique bien en deçà de 2°C d’ici à la<br />
fin du siècle en mettant à contribution<br />
tous les acteurs au sein de la société.<br />
En tant qu’organisme scientifique<br />
indépendant, Science Based Target<br />
initiative (SBTi) a réalisé un travail<br />
extrêmement important, et nécessaire,<br />
consistant à décliner les objectifs de<br />
réduction d’émissions de gaz à effet de<br />
serre au niveau planétaire (alignés avec<br />
l’Accord de Paris) par secteur d’activité.<br />
Ce découpage sectoriel des réductions des<br />
émissions est fait actuellement à l’échelle<br />
nationale par les gouvernements qui<br />
fixent les budgets carbone sectoriels, et de<br />
manière implicite par l’Union Européenne<br />
au travers de Fit for 55 quand elle fixe les<br />
objectifs de chaque secteur ; SBTi vient<br />
compléter ces démarches des institutions<br />
nationales et supranationales en proposant<br />
des objectifs sectoriels à l’échelle mondiale.<br />
L’initiative SBTI vise ainsi à encourager<br />
les entreprises à définir des objectifs de<br />
réduction d’émissions basés sur ce que<br />
la science définit comme nécessaire pour<br />
limiter le réchauffement climatique bien<br />
en-deçà de 2°C à la fin du siècle. SBTi a<br />
ainsi défini une trajectoire de réduction<br />
d’émissions cible pour l’aérien en<br />
septembre 2021. Air France a alors<br />
annoncé son engagement à respecter cette<br />
trajectoire sectorielle. Concrètement, cela<br />
signifie qu’Air France doit atteindre une<br />
réduction de 30% d’émissions par passager<br />
kilomètre transporté en 2030 par rapport<br />
à 2019. Air France a soumis cet objectif<br />
à SBTi, pour validation puis suivi année<br />
par année de notre trajectoire.<br />
L’avion Airbus A350<br />
est plus économe en carburant.<br />
©DR<br />
COMMENT AIR FRANCE<br />
SÉLECTIONNE-T-IL SES<br />
NOUVEAUX CARBURANTS<br />
D’AVIATION DURABLES ?<br />
V.E : Air France ne sélectionne que des<br />
carburants dont la durabilité est avérée.<br />
Les nouveaux carburants d’aviation<br />
durables sont de deux types. Les<br />
biocarburants de 2e génération sont issus de<br />
biomasse – notamment d’huiles usagées, de<br />
déchets agricoles, forestiers et municipaux<br />
biogéniques, ne concurrençant pas les<br />
cultures alimentaires. Ces biocarburants<br />
sont disponibles dès maintenant. Quant<br />
aux carburants de synthèse, ils sont encore<br />
au stade de R&D, appelés également<br />
« Power-to-liquid » ou « e-fuels », élaborés<br />
à partir de CO2 capté dans l’atmosphère et<br />
d’hydrogène, extrait de l’eau en utilisant de<br />
l’énergie qui doit être bas-carbone.<br />
Air France est particulièrement exigeante<br />
quant aux critères de durabilité : réduction<br />
substantielle des émissions de CO2, un<br />
impact minime sur la biodiversité, l’absence<br />
de concurrence avec les productions<br />
alimentaires ou l’accès aux ressources<br />
alimentaires et un impact positif sur le<br />
développement local. Il n’y a pas d’huile de<br />
palme dans les SAF qui sont utilisés par Air<br />
France qui bénéficient systématiquement<br />
d’un certificat de durabilité émis et certifiée<br />
par des organismes indépendants et<br />
mondialement reconnus comme le RSB<br />
ou ISCC+.<br />
58 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
COMMENT LA COMPAGNIE ŒUVRE-<br />
T-ELLE AVEC SES PARTENAIRES<br />
INDUSTRIELS ET ACADÉMIQUES<br />
ET INSTITUTS DE RECHERCHE<br />
POUR L’ÉMERGENCE RAPIDE DE<br />
FILIÈRES DE PRODUCTION DE CES<br />
CARBURANTS ?<br />
V.E : Air France a été à l’initiative et a<br />
signé en 2017 un Engagement pour la<br />
Croissance Verte (ECV) avec les ministères<br />
de la Transition écologique et solidaire,<br />
des Transports et de l’Économie et des<br />
Finances, ainsi que quatre autres grands<br />
groupes industriels français (Airbus,<br />
Safran, Suez et Total). Cet ECV visait<br />
à promouvoir l’émergence de filières<br />
de carburant aéronautique durable en<br />
France. Ses conclusions ont été publiées<br />
en janvier 2020, ainsi qu’une feuille de route<br />
gouvernementale française fixant sur la<br />
base des recommandations de l’ECV, les<br />
principes et l’ambition de l’intégration du<br />
carburant aéronautique durable.<br />
Très concrètement, Air France, dans le<br />
cadre des Appels à Manifestation d’Intérêts,<br />
soutient depuis juillet 2020, plusieurs<br />
nouveaux programmes de production de<br />
Carburant Alternatif Durable en France et<br />
en Europe. En recherchant des partenaires<br />
industriels et logistiques pour s’associer en<br />
consortium, le Groupe stimule l’ensemble<br />
des technologies innovantes, avec des<br />
carburants alternatifs qui seront issus de<br />
l’économie circulaire (huiles usagées de<br />
cuissons) de résidus de bois, de déchets<br />
ménagers ou encore dans le futur des<br />
carburants de synthèse conçus à partir<br />
d’électricité verte et de carbone.<br />
COMMENT LE PROGRAMME<br />
SAF CORPORATE PERMET-IL<br />
AUX CLIENTS ENTREPRISES DE<br />
CONTRIBUER FINANCIÈREMENT<br />
À L’APPROVISIONNEMENT ET<br />
À L’EMPLOI DE SAF AU-DELÀ<br />
DE L’INCORPORATION<br />
RÉGLEMENTAIRE ?<br />
V.E : Les clients Corporate d’Air France et<br />
de KLM, après une estimation des émissions<br />
de CO2 liées à leurs déplacements, peuvent<br />
déterminer une contribution annuelle qu’ils<br />
souhaitent consacrer au programme SAF<br />
Corporate. Toutes les contributions d’Air<br />
France et de KLM sont investies dans l’approvisionnement<br />
et la consommation de<br />
SAF. L’objectif est de soutenir la création<br />
d’une industrie du carburant d’aviation<br />
durable qui garantit un transport aérien<br />
de plus en plus éco-responsable. En investissant<br />
dans ce programme corporate, les<br />
entreprises contribuent concrètement à la<br />
transition écologique du transport aérien<br />
en soutenant des solutions innovantes ●<br />
Propos recueillis par Valérie Brenugat<br />
Portail de la qualité,<br />
sécurité et de<br />
l’environnement.<br />
Le site leader en<br />
organisation de la<br />
performance.<br />
Quality & Co est le site portail<br />
de la performance en entreprise.<br />
Vous y trouverez tous<br />
les acteurs du marché<br />
de la certification<br />
et de la qualité<br />
(Consultants, Formateurs,<br />
Certificateurs, Editeurs<br />
de logiciels…).<br />
www.qualityandco.com<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 59
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
LABELLISATION<br />
Le transport routier en transition<br />
Le secteur des transports est un maillon stratégique dans l’économie et plus largement la vie au quotidien<br />
d’un territoire. La France ne fait pas exception et est, de plus, un pays de transit européen.<br />
Gil Doat,<br />
responsable du<br />
programme Eve<br />
chez Eco CO2<br />
©DR<br />
Le secteur des transports fait face à<br />
différentes problématiques : une<br />
qualité de service en progression<br />
constante, des enjeux de<br />
transition énergétique et écologique,<br />
une sécurité impérative pour les biens<br />
et les personnes, une faible attractivité<br />
professionnelle qui met les emplois en<br />
tension, une concurrence sur un territoire<br />
européen où l’harmonisation sociale et<br />
fiscale ne sont pas encore abouties et<br />
un contexte de différentes crises qui<br />
se succèdent (tensions sociales, crise<br />
sanitaire, conflits armés). Gil Doat,<br />
responsable du programme Eve chez<br />
Eco CO2, note à ce propos : « Toutes ces<br />
problématiques imposent à la profession<br />
une grande réactivité au jour le jour, en<br />
même temps qu’une vision stratégique à<br />
plus longue échéance : ces deux facettes<br />
demandent de prendre aujourd’hui des<br />
décisions qui impacteront le court-terme<br />
comme le long terme. »<br />
Par ailleurs, le transport est<br />
structurellement consommateur<br />
d’énergies fossiles (pétrole, gaz) et, par<br />
voie de conséquence, émetteur de gaz à<br />
effet de serre. La stratégie nationale bas<br />
carbone (SNBC) de la France rappelle que<br />
le transport représente 31% des émissions<br />
nationales, dont plus de la moitié pour les<br />
voitures particulières (54%), 18% pour le<br />
transport routier de marchandises et 3%<br />
pour le transport routier de voyageurs.<br />
Or les enjeux climatiques occupent de plus<br />
en plus de place dans le paysage politique<br />
du pays, ainsi que dans les relations<br />
économiques entre les différents acteurs.<br />
La SNBC vise, pour le secteur des<br />
transports, une réduction de 28% des<br />
émissions de GES à 2030 par rapport<br />
à l’année de référence 2015, et une<br />
décarbonation complète à horizon 2050.<br />
Les entreprises de transport routier<br />
La société ABV a reçu le trophée<br />
de la meilleure performance<br />
environnementale du programme EVE.<br />
sont donc en recherche constante<br />
d’amélioration de leur impact<br />
environnemental et ce, depuis de longues<br />
années.<br />
LE PROGRAMME EVE<br />
POUR RÉDUIRE L’IMPACT<br />
ENVIRONNEMENTAL<br />
Le programme EVE est une démarche<br />
globale pour développer une synergie<br />
vertueuse entre les acteurs du secteur en<br />
©DR<br />
©Autocars Vincent Bobet<br />
60 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
faveur de l’environnement. Afin d’atteindre<br />
l’objectif fixé par la SNBC, le secteur du<br />
transport et de la logistique se mobilise.<br />
Le programme EVE d’Engagements<br />
Volontaires pour l’Environnement intègre<br />
les chargeurs (avec le dispositif FRET21),<br />
les commissionnaires de transport (avec<br />
le dispositif EVcom) et les transporteurs<br />
(avec le dispositif Objectif CO 2<br />
) dans<br />
une démarche globale, soutenue par<br />
les instances publiques (ministère<br />
de la Transition écologique et de la<br />
Cohésion des territoires, le ministère<br />
de la Transition écologique, chargé des<br />
Transports et l’Ademe, l’agence de la<br />
Transition écologique) et les organisations<br />
professionnelles du secteur (AUTF, CGF,<br />
FNTR, FNTV, OTRE et Union TLF).<br />
En outre, la convergence des objectifs<br />
des acteurs du transport et de la chaîne<br />
logistique facilite la mise en œuvre de<br />
solutions concrètes afin de réduire les<br />
émissions de gaz à effet de serre et de<br />
polluants.<br />
Ainsi, le programme EVE s’adapte<br />
en fonction des activités de chaque<br />
entreprise et du niveau d’engagement<br />
environnemental.<br />
Le programme est composé de 2 démarches<br />
complémentaires. Premièrement :<br />
l’entreprise s’engage à diminuer ses<br />
émissions grâce à un accompagnement sur<br />
3 ans. Deuxièmement : une reconnaissance<br />
de la performance environnementale à<br />
travers le label Objectif CO 2<br />
est à la<br />
disposition des transporteurs routiers<br />
de marchandises et de voyageurs.<br />
Eco CO 2<br />
met donc à la disposition du<br />
programme EVE, une équipe afin d’aider<br />
les entreprises dans ces démarches,<br />
les accompagner tout au long de leur<br />
engagement dans le programme, et<br />
organiser leur promotion avec l’aide<br />
des organisations professionnelles et de<br />
l’Ademe.<br />
Ainsi, depuis le début du programme<br />
EVE en 2018, plus de 5800 entreprises<br />
ont été sensibilisées par les organisations<br />
professionnelles et près de 2000 ont validé<br />
leur engagement dans le programme EVE.<br />
Ces sociétés se sont engagées à réduire<br />
chaque année, leurs émissions de plus de<br />
la journée des Trophées EVE du 9 juin 2022<br />
1.6 millions de tonnes CO 2<br />
e. Enfin, plus<br />
de 500 entreprises ont également obtenu<br />
le label Objectif CO 2<br />
, témoignant d’une<br />
bonne performance environnementale.<br />
Le label Objectif CO 2<br />
est la reconnaissance<br />
d’un niveau de performance énergétique<br />
et environnementale élevé pour les<br />
transporteurs routiers de marchandises<br />
et de voyageurs les plus vertueux. Son<br />
attribution est certifiée sur la base d’un<br />
audit préalable externe durant lequel sont<br />
vérifiés la fiabilité des données et le niveau<br />
de performance de l’activité par rapport<br />
au référentiel HBEFA. Reconnu par les<br />
professionnels du secteur, le label devient<br />
un critère de sélection pour les donneurs<br />
d’ordre sensibilisés ou engagés dans le<br />
cadre des dispositifs FRET21 et EVcom.<br />
Ce label peut s’obtenir pour toute entreprise<br />
de transport routier en suivant plusieurs<br />
étapes. D’abord, une sensibilisation au<br />
programme EVE est réalisée grâce aux<br />
organisations professionnelles porteuses<br />
du programme. Puis la société bénéficie<br />
d’un accompagnement à la demande de<br />
labellisation par un chargé de mission<br />
Eco CO 2<br />
, avec une évaluation préalable<br />
des performances. Ensuite, un processus<br />
de labellisation est entièrement sécurisé<br />
sur l’espace numérique consacré au<br />
programme. Des données sont auditées<br />
par un expert habilité et comparées au<br />
référentiel européen HBEFA. Enfin, un<br />
label officiel pour 3 ans est validé par des<br />
représentants du ministère, de l’Ademe et<br />
des organisations professionnelles.<br />
DES ENTREPRISES LABELLISÉES<br />
Deux sociétés labellisées récemment ont<br />
reçu le trophée de la meilleure performance<br />
environnementale lors de la journée des<br />
Trophées EVE du 9 juin dernier. Lauréate<br />
du trophée « Meilleure performance<br />
environnementale d’une entreprise de<br />
transport routier de voyageurs de moins<br />
de 50 salariés », Autocars Vincent Bobet<br />
(ABV) est une PME familiale localisée à<br />
Theix-Noyalo sur les rives du Golfe du<br />
Morbihan. Elle met à la disposition de<br />
ses clients un parc d’autocars récents<br />
de 8 à 63 places aux dernières normes<br />
technologiques et environnementales<br />
(Euro 6 et électrique) en matière de confort<br />
et de sécurité.<br />
En 2018, AVB a lancé le tout premier<br />
autocar électrique d’une capacité de<br />
59 places dans le Grand Ouest afin<br />
de transporter des voyageurs sur des<br />
excursions de 150 à 180 km dans le<br />
Morbihan. En 2019, un second car<br />
électrique a rejoint la flotte de l’entreprise<br />
AVB pour effectuer la ligne régionale<br />
BreizhGo N°8 entre Damgan et Vannes<br />
©Xavier Granet<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 61
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
© Xavier Granet<br />
soit 320 km/jour. En 2020, les besoins en<br />
charge des 2 cars électriques sont couverts<br />
par l’installation de 515 m2 de panneaux<br />
solaires sur le toit de l’entreprise.<br />
Pour compléter ses actions de réduction<br />
des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES),<br />
la société AVB a formé ses conducteurs à<br />
l’écoconduite. En parallèle, elle a mis en<br />
place un système de phyto-épuration sur le<br />
parking afin de recycler à 100% en circuit<br />
fermé les eaux de lavage des véhicules.<br />
Grâce à ces actions menées depuis 2019,<br />
l’entreprise de 12 salariés économise<br />
chaque année 133 tonnes de CO 2<br />
.<br />
Lauréate du trophée « Meilleure<br />
performance environnementale d’une<br />
entreprise de transport routier de<br />
marchandises de plus de 50 salariés »,<br />
Lenoir Transports SAS, entreprise basée<br />
en Haute Marne, dispose, quant à elle, de<br />
trois activités. Spécialisée dans le transport<br />
volumineux national, qui représente à<br />
lui-seul, 50 % de son activité, elle assure<br />
également des prestations de transport<br />
traditionnel (20 %) et de distribution<br />
régionale (30 %).<br />
Pour la 2 e fois, l’entreprise Lenoir<br />
Transports obtient le label Objectif CO 2<br />
en s’appuyant sur 4 axes. Concernant<br />
le carburant, des objectifs de réduction<br />
rigoureux sont fixés depuis 2017 et jusqu’en<br />
2024. Un collaborateur est, d’ailleurs,<br />
délégué au suivi de la consommation de<br />
l’entreprise et l’ensemble des conducteurs<br />
Le trophée de « Meilleure performance<br />
environnementale d’une entreprise de transport<br />
routier de marchandises de plus de 50 salariés »<br />
Eco CO 2<br />
labelisé Coq vert<br />
reçoivent leur évaluation de conduite<br />
(accélération, freinage, ralenti) chaque<br />
semaine sur leur ordinateur de bord.<br />
En outre, le choix de véhicules adaptés,<br />
allégés et sobres ont permis la progression à<br />
travers un renouvellement régulier du parc,<br />
dont plusieurs camions circulant au gaz<br />
naturel liquéfié (GNL). La réduction des<br />
kilomètres à vide et l’amélioration du taux<br />
de charge a également été une action forte<br />
mise en œuvre via le réseau de transport<br />
et la sensibilisation des collaborateurs.<br />
Enfin, 80% des conducteurs ont suivi<br />
des formations internes et externes à la<br />
conduite économique et rationnelle. Gil<br />
Doat ajoute : « Ils sont de plus motivés par<br />
des challenges et des primes » ●<br />
Valérie Brenugat<br />
Eco CO 2<br />
crée des solutions pour accélérer la transition écologique par le<br />
changement des comportements des citoyens et des organisations. Depuis 2009,<br />
l’éco-entreprise déploie des programmes d’accompagnement sur les économies<br />
d’énergie et la mobilité durable, conçoit des solutions connectées et réalise des<br />
études sur la conduite du changement et la maîtrise de l’énergie.<br />
Avec un capital majoritairement détenu par ses collaborateurs, Eco CO2 affirme<br />
son indépendance et ses valeurs résolument tournées vers l’humain et l’intérêt<br />
collectif.<br />
Eco CO 2<br />
est labelisé Coq vert depuis mars 2022. Créée par Bpifrance, cette<br />
communauté a pour but d’accompagner les TPE et les PME dans la transition<br />
écologique et de fédérer les entrepreneurs ayant amorcé cette transition. Pour<br />
intégrer la communauté du Coq Vert, une entreprise doit soit montrer qu’elle<br />
a entamé sa transition écologique (via une aide Ademe, un soutien Bpifrance<br />
dédié à la transition écologique ou un label spécifique identifié par l’Ademe et le<br />
Ministère de la Transition Ecologique), soit qu’elle fournit une solution permettant<br />
d’accélérer la transition du tissu économique. Des critères qu’Eco CO 2<br />
franchit sans<br />
difficulté.<br />
Pour être reçue dans la communauté du Cop Vert, l’entreprise s’engage à placer<br />
les convictions suivantes au cœur de sa stratégie. La première conviction est de<br />
limiter les dérèglements climatiques et restaurer la biodiversité afin de préserver<br />
les services écosystémiques, Eco CO 2<br />
veut faire de la transition écologique une<br />
nécessité pour la pérennité de l’entreprise et une opportunité de création de<br />
valeur et d’emplois qui nécessitent une évolution de son fonctionnement, Elle<br />
souhaite faire connaître les nouvelles solutions et innovations technologiques<br />
et organisationnelles. Elle se mobilise également pour fédérer et mobiliser les<br />
communautés d’entrepreneurs localement et ainsi déclencher leur engagement<br />
pour la transition écologique, En s’engageant dans la transition écologique de<br />
l’entreprise, elle opère une transformation du modèle économique compatible<br />
avec l’objectif de neutralité carbone à long terme, Dernier engagement : mettre<br />
en place une stratégie contribuant significativement aux enjeux de protection<br />
et de préservation de la biodiversité et des écosystèmes, de transition vers une<br />
économie circulaire, d’adaptation au changement climatique, de prévention des<br />
pollutions et d’utilisation durable des ressources naturelles. « Autant de points qui<br />
tiennent particulièrement à cœur à Eco CO 2<br />
et que l’entreprise a toujours placés au<br />
centre de son développement » conclut Gil Doat.<br />
62 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
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AVIS D’EXPERT<br />
Discrimination<br />
positive,<br />
attention<br />
à l’interdiction<br />
des discriminations<br />
La discrimination positive ou<br />
action positive (traduction<br />
littérale de l’anglais<br />
« affirmative action ») est<br />
une politique ayant pour<br />
objet de favoriser certaines<br />
catégories de personnes<br />
que l’on estime être<br />
désavantagées.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 63
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION DIVERSITÉ ET INCLUSION<br />
Le but de ces mesures est de rétablir<br />
l’égalité des chances en luttant<br />
contre une situation inégalitaire<br />
grâce à la mise en place plus ou<br />
moins temporairement de mesures ellesmêmes<br />
inégalitaires. On cherche ainsi à<br />
compenser ou éliminer une discrimination<br />
en créant une discrimination « positive ».<br />
Il peut donc être tentant, en tant<br />
qu’employeur, de mettre en place une<br />
discrimination positive que ce soit lors<br />
du recrutement ou lors de l’avancement<br />
des salariés. Cela afin de favoriser une<br />
catégorie de population qui pourrait être<br />
sous représentée dans les effectifs.<br />
Mais attention, en France la discrimination<br />
est passible de trois ans d’emprisonnement<br />
et 45 000 € d’amende (article 225-2 du code<br />
pénal), et la loi ne connait que de rares<br />
exceptions.<br />
L’INTERDICTION DES<br />
DISCRIMINATIONS EN DROIT<br />
DU TRAVAIL<br />
Le code du travail aux articles L1132-1<br />
à L1132-4 interdit expressément les<br />
discriminations.<br />
Aucune des mesures prises par l’employeur<br />
ne doit avoir pour origine un motif que la<br />
loi considère comme discriminatoire. La<br />
mesure la plus connue est évidemment<br />
l’interdiction des discriminations à<br />
l’embauche. Mais l’article L1132-1 du<br />
code du travail détaille toute une liste<br />
de comportements prohibés, le but étant<br />
de protéger les salariés durant toute leur<br />
période d’emploi et d’éviter qu’ils ne<br />
puissent être sanctionnés en fonction<br />
de leur sexe, de leurs mœurs, de leur<br />
orientation sexuelle, de leur âge, …<br />
Au total, la loi reconnait 25 critères de<br />
discrimination interdits<br />
L’ÉGALITÉ DEVANT LA LOI, UN<br />
PRINCIPE CONSTITUTIONNEL<br />
Cette interdiction générale prévue<br />
dans le code du travail et qui semble<br />
empêcher la discrimination positive n’est<br />
que l’expression d’un principe à valeur<br />
constitutionnel : l’égalité.<br />
Olivier Javel,<br />
Avocat à la Cour<br />
chez 1792 Avocats<br />
Le premier alinéa de l’article 1er de la<br />
Constitution de 1958 prévoit que « la<br />
France est une République indivisible,<br />
laïque, démocratique et sociale. Elle assure<br />
l’égalité devant la loi de tous les citoyens,<br />
sans distinction d’origine, de race ou de<br />
religion. « … » ».<br />
De façon plus précise, l’article 6 de la<br />
Déclaration des droits de l’homme et du<br />
citoyen dispose que « Elle [la loi] doit être<br />
la même pour tous soit qu’elle protège, soit<br />
qu’elle punisse. Tous les citoyens étant<br />
égaux à ses yeux sont également admissibles<br />
à toutes dignités, places et emplois publics,<br />
selon leur capacité, et sans autre distinction<br />
que celle de leurs vertus et de leurs talents ».<br />
C’est pourquoi il est couramment dit que<br />
la loi doit être aveugle. Elle ne peut pas<br />
servir à favoriser un groupe.<br />
LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE :<br />
LES CAS DE DISCRIMINATION<br />
POSITIVE ADMIS<br />
Puisque le code du travail prévoit une<br />
interdiction générale des discriminations en<br />
droit du travail, pour qu’une discrimination<br />
positive puisse exister il faut qu’une loi<br />
prévoit des exceptions.<br />
Le conseil constitutionnel estime que le<br />
principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que<br />
le législateur règle de façon différente des<br />
situations différentes, ni à ce qu’il déroge à<br />
l’égalité pour des raisons d’intérêt général,<br />
pourvu que la différence de traitement qui<br />
en résulte soit en rapport avec l’objet de la<br />
loi qui l’établit.<br />
Ainsi, la loi peut prévoir, à la condition<br />
de les justifier par des éléments objectifs,<br />
des différences de traitement qui ont pour<br />
conséquence une discrimination positive.<br />
C’est pourquoi les femmes (L1142-4 du code<br />
du travail) et les travailleurs handicapés<br />
(L1133-4 du code du travail) peuvent faire<br />
l’objet d’une discrimination positive. Mais<br />
les exceptions prévues dans le code du travail<br />
sont très peu nombreuses. En France, sauf<br />
dans des cas très particuliers, un employeur<br />
privé ne peut pas instaurer une politique<br />
de discrimination positive et ce quand bien<br />
même ses intentions seraient louables.<br />
PREUVE DE LA DISCRIMINATION<br />
Les employeurs doivent se montrer<br />
particulièrement vigilants. Le risque<br />
de condamnation est facilité par un<br />
aménagement du système probatoire.<br />
En principe, la preuve d’un fait juridique<br />
doit être rapportée par la personne qui<br />
allègue l’existence dudit fait.<br />
Cependant, l’article L1134-1 du code du<br />
travail a aménagé la preuve. La personne<br />
qui se prétend victime d’une discrimination<br />
doit présenter au juge des éléments de<br />
faits qui laisse supposer l’existence d’une<br />
discrimination (directe ou indirecte).<br />
La discrimination supposée a pour effet<br />
de créer un renversement du risque<br />
probatoire. Ce sera à la partie défenderesse<br />
de démontrer l’absence de discrimination.<br />
Or, la preuve d’un fait négatif peut être très<br />
difficile à rapporter ●<br />
Olivier Javel<br />
© DR<br />
64 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
INNOVATION ET RÉSILIENCE<br />
EXCELLENCE, DÉMARCHE, MANAGEMENT<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Comment l’innovation<br />
prépare-t-elle à la résilience ?<br />
Jamais, depuis 2020, le terme Résilience n’aura été plus utilisé dans le domaine de la Santé, telle une<br />
aspiration rassurante au calme du monde d’avant après 2 ans d’épreuves organisationnelles, fonctionnelles<br />
et individuelles.<br />
La résilience est un concept<br />
récent, complexe et<br />
évolutif que l’on peut<br />
résumer par « la capacité<br />
à rebondir face à l’adversité, à<br />
s’adapter, à se rétablir et à retrouver<br />
l’accès à une vie pleine de sens<br />
et productive. » J.Rodríguez,<br />
M.Zaccarelli & D.Ricardo Pérez<br />
(2006). Cette définition met<br />
l’accent sur la prise en compte<br />
et le sens donné aux événements<br />
passés, et pas forcément terminés.<br />
La Résilience n’est donc pas le<br />
retour à l’état initial mais bien la<br />
capacité à construire un « monde »<br />
nouveau dans un environnement en<br />
perpétuel changement en apprenant<br />
du passé.<br />
DES AVENIRS INCERTAINS<br />
Personne ne mettra en doute<br />
l’importance et la multitude des<br />
impacts de ces 2 dernières années<br />
de pandémie, sans compter ceux<br />
encore à venir. Pourtant, il faut<br />
continuer à garantir les qualités<br />
de prises en charge et de services.<br />
SAVOIR ÊTRE CURIEUX<br />
L’implémentation avec succès<br />
de l’EFQM® dans un service de<br />
soins, ici un service de Médecine<br />
Intensive et Réanimation, reste<br />
exceptionnel en France. Plus qu’une<br />
réelle innovation managériale,<br />
son utilisation à compter de 2019<br />
© DR<br />
© DR<br />
Dr Sébastien<br />
Beague, Médecin<br />
Réanimateur,<br />
Service de Médecine<br />
Intensive et<br />
Réanimation, Centre<br />
Hospitalier de<br />
Dunkerque<br />
Dr Claire<br />
Trubert, Médecin<br />
Réanimateur,<br />
Service de Médecine<br />
Intensive et<br />
Réanimation, Centre<br />
Hospitalier de<br />
Dunkerque<br />
relève ici plutôt d’une curiosité créatrice ou<br />
curiosité managériale. Cette implémentation<br />
a nécessité une Culture <strong>Qualité</strong> de service<br />
éprouvée et une implication de tous les<br />
personnels médicaux et paramédicaux du<br />
service mais elle a contribué à l’améliorer par<br />
la méthodologie même du système EFQM® :<br />
Auto-évaluation, Prise en compte des besoins,<br />
ressentis de chacun et la clarté des résultats<br />
par la méthode RADAR.<br />
Après la Résistance au début de la pandémie,<br />
à l’heure des RETEX (début de la Résilience),<br />
il est apparu que le service avait été en<br />
mesure de répondre aux besoins de prise en<br />
charge de la population par son organisation<br />
managériale et fonctionnelle : Culture<br />
<strong>Qualité</strong> ancrée, formations, analyse du<br />
risque systématisée, procédures formalisées<br />
et appropriées, moyens de communication<br />
fonctionnels, clients connus et interfaces<br />
Centre Hospitalier de Dunkerque<br />
© DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 65
EXCELLENCE, DÉMARCHE, MANAGEMENT<br />
INNOVATION ET RÉSILIENCE<br />
organisées, travail en équipe, connaissance des<br />
besoins de chacun, suivi d’indicateurs (y compris<br />
de satisfaction) et contrôle médico-économique.<br />
Un tableau de bord formalise cette vision globale,<br />
transversale, interprofessionnelle des dirigeants.<br />
Durant la crise, cela nous a permis une grande<br />
flexibilité en termes de capacités d’hospitalisation<br />
et de modifications des prises en charge au fil<br />
des recommandations et pénuries diverses.<br />
L’EFQM® est une démarche de « <strong>Qualité</strong> Totale »<br />
qui fournit un cadre global de référence pour le<br />
management de l’organisation afin de développer<br />
une excellence durable donc évolutive par des<br />
résultats performants remarquables (mesurés<br />
et comparés), qui satisfont ou dépassent les<br />
attentes de l’ensemble des parties prenantes. Les<br />
particularités de l’EFQM® sont particulièrement<br />
positives dans le contexte actuel : l’EFQM® place<br />
la stratégie comme partie prenante à part entière (avec ses besoins<br />
et exigences propres qui doivent être satisfaits et cohérents<br />
avec ceux des autres acteurs), l’EFQM® place la collectivité et<br />
l’environnement comme partie prenante : ceci assure la durabilité<br />
du succès par une adaptation continue aux transformations du<br />
monde extérieur (y compris environnementales et sociétales).<br />
Il ouvre la parole à tous, à écoute égale. Ce modèle est<br />
personnalisable et déclinable à tous types de taille d’effectif,<br />
d’activité, de système directionnel. Enfin, la logique RADAR<br />
invite à gérer et planifier les modalités de réévaluation. Ainsi,<br />
sa clarté, ses ambitions, son état d’esprit, et sa méthodologie,<br />
sont parfaitement en accord avec les aspirations collectives et<br />
individuelles d’un service de Médecine en sortie de crise ou non.<br />
AVOIR DE L’AMBITION ET INSTAURER UNE CULTURE<br />
DE LA RÉSILIENCE<br />
Equipe du Service de<br />
Médecine Intensive<br />
et Réanimation du<br />
Centre Hospitalier<br />
de Dunkerque<br />
La vision purement médicale de la prise en charge trouve ses<br />
limites dans un monde de la Santé où la performance ne se résume<br />
plus à « sauver des vies » ou à « équilibrer les budgets en fonction<br />
de l’activité » (approche médico-économique). Il est temps de<br />
considérer les satisfactions : du patient bien sûr, pas toujours<br />
bien entendu ; des proches avec leurs aspirations propres ; du<br />
personnel, médical et paramédical, encadrants et soignants,<br />
dont les aspirations professionnelles et personnelles évoluent<br />
tandis que l’hôpital reste encore un milieu traditionnaliste,<br />
conservateur, hiérarchisé, segmenté ; mais aussi de la société<br />
qui demande l’égalité d’accès aux soins, ainsi qu’un contrôle<br />
budgétaire, et enfin, celle de certains managers, peu formés aux<br />
outils mais qui doivent malgré tout, faire tourner leur service.<br />
Grâce à l’EFQM®, le pilotage éclairé par l’expérience et guidé<br />
par les indicateurs devrait permettre d’avoir l’ambition de<br />
systématiquement atteindre tous les objectifs fixés, pour tous<br />
les acteurs et de manière durable et évolutive.<br />
Avoir de l’ambition permet d’affronter les grands défis des<br />
années à venir pour de multiples raisons. C’est ce qui booste<br />
la créativité, rend le travail stimulant et lui donne un sens<br />
augmenté pour les personnels. La crise sanitaire n’a pas encore<br />
montré toutes ses conséquences mais a démontré la nécessité<br />
d’un système organisationnel élaboré et solide préexistant,<br />
afin de gérer les changements inattendus de façon agile, sans<br />
impacter négativement la qualité de fonctionnement des services<br />
malgré des conditions dégradées. La nécessité de concilier tous<br />
les acteurs et critères génère de la nouveauté pour surseoir au<br />
compromis. L’hôpital devient une entité soumise à la loi du marché<br />
(attractivité, rentabilité), et qui évolue sans cesse (nouveaux<br />
métiers : IPA). La pratique médicale glisse d’une logique de<br />
« moyens » à une logique de « résultats » avec des exigences<br />
de pertinence et performance associées, et tend vers le « sur<br />
mesure ». Les compétences organisationnelles et managériales<br />
vont être une plus-value modifiant les rapports entre les différentes<br />
catégories professionnelles de l’hôpital mais surtout dans un<br />
environnement mouvant tel qu’actuellement. Enfin, la <strong>Qualité</strong><br />
de Vie au Travail devient un critère majeur de fidélisation au<br />
sein des services et établissements fragilisés.<br />
Avoir de l’ambition, c’est être curieux et créatif, c’est garder de<br />
l’optimisme, du positivisme, c’est écouter et être bienveillant<br />
(QVT). C’est positionner le « Mieux vivre pour tous » au cœur<br />
des priorités managériales des services de soins avec comme<br />
outils la communication (intelligence collective), l’entraide,<br />
l’écoute, la reconnaissance, la réassurance et la sérénité. Il<br />
est de la responsabilité des manageurs d’être ambitieux et de<br />
modifier leurs organisations managériales pour rebondir !<br />
Utiliser l’EFQM® en Santé, c’est innover (être curieux) pour<br />
créer une réelle Culture de la Résilience au sein des services<br />
(adaptation continue positive et rassurante) et pouvoir s’adapter<br />
à l’avenir (aux avenirs) ! ●<br />
Sébastien Beague et Claire Trubert<br />
© DR<br />
66 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
TRAVAIL EN MUTATION<br />
EXCELLENCE, DÉMARCHE, MANAGEMENT<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Mutations du<br />
travail : obligation<br />
de reclassement<br />
et formation<br />
à la charge de<br />
l’employeur<br />
La loi impose deux<br />
obligations à l’employeur<br />
afin de permettre<br />
l’adaptation de ses salariés<br />
à la transformation de leurs<br />
conditions, personnelles<br />
ou structurelles, de<br />
travail : une obligation<br />
d’adaptation de ses salariés,<br />
au moyen de formations<br />
complémentaires, et une<br />
obligation de reclassement,<br />
en cas de difficultés<br />
économiques de la société<br />
ou d’inaptitude du salarié.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 67
EXCELLENCE, DÉMARCHE, MANAGEMENT<br />
TRAVAIL EN MUTATION<br />
Le but de ce dispositif est clair :<br />
favoriser le maintien de l’emploi<br />
comme règle, pour faire en<br />
sorte que le licenciement reste<br />
l’exception.<br />
L’OBLIGATION DE FORMATION,<br />
À FIN D’ADAPTATION DES<br />
SALARIÉS À L’ÉVOLUTION DE<br />
LEUR POSTE<br />
En application de l’article L 6321-1 du<br />
code du travail, l’employeur doit assurer<br />
« l’adaptation des salariés à leur poste de<br />
travail » et veiller au « maintien de leur<br />
capacité à occuper un emploi, au regard,<br />
notamment, de l’évolution des emplois,<br />
des technologies et des organisations ».<br />
Adapter, c’est notamment former, et cette<br />
obligation implique d’assurer au salarié<br />
une formation professionnelle continue<br />
pendant toute la durée de la relation de<br />
travail (Cass. Soc. 21.04.2017 : n°15-28640).<br />
L’employeur est considéré avoir satisfait<br />
à cette obligation si le salarié refuse<br />
toute proposition de formation (Cass. soc.<br />
13.02.2008, n°06-43844), ou lorsqu’il a mis<br />
en œuvre pendant plusieurs années des<br />
formations au bénéfice des salariés (Cass.<br />
soc. 03.11.2011, n°10-217<strong>94</strong>).<br />
L’initiative de ces formations pèse sur<br />
l’employeur, et c’est donc à lui de proposer<br />
des formations à ses salariés, peu<br />
important que ces-derniers n’en aient pas<br />
fait la demande (Cass. soc. 12 oct. 2016 :<br />
n° 15-19811).<br />
Cette obligation n’est pas négociable :<br />
dans un arrêt du 21 avril 2017 , la Cour<br />
de Cassation a sanctionné un arrêt d’appel<br />
qui avait retenu à tort que « les formations<br />
visées par l’article L. 6321-1 du code du<br />
travail restent une simple faculté et non<br />
une obligation pour l’employeur », et<br />
condamné l’employeur.<br />
Les formations suivies par le salarié doivent<br />
en outre être en adéquation avec son poste<br />
de travail, et notamment au regard des<br />
nouvelles missions qui lui sont confiées<br />
(Cass. Soc. 15 janv. 2020 n° 18-13676).<br />
Si un licenciement pour insuffisance professionnelle<br />
devait être prononcé alors<br />
qu’il n’a pas été satisfait à cette obligation,<br />
Pierre Lacoin,<br />
Avocat à la Cour<br />
chez 1792 Avocats<br />
il serait évidemment dénué de cause réelle<br />
et sérieuse.<br />
Par ailleurs, si l’absence de formation cause<br />
un préjudice au salarié, il peut demander<br />
des dommages-intérêts hors même toute<br />
procédure de licenciement à son encontre.<br />
A défaut de stipulations plus favorables de<br />
la convention collective, c’est en application<br />
de l’article L.6315-1 du Code du travail<br />
que doit avoir lieu un entretien bi-annuel<br />
différent de celui d’évaluation du salarié,<br />
consacré à ses perspectives d’évolution<br />
professionnelle, notamment en termes<br />
de qualifications et d’emploi.<br />
Par ailleurs, un entretien d’état des lieux<br />
récapitulatif du parcours professionnel<br />
du salarié, permettant de vérifier s’il a<br />
suivi au moins une action de formation,<br />
acquis des éléments de certification, et<br />
bénéficié d’une progression salariale ou<br />
professionnelle, doit avoir lieu a minima<br />
tous les 6 ans.<br />
L’OBLIGATION DE<br />
RECLASSEMENT, AFIN D’ÉVITER<br />
LES LICENCIEMENTS<br />
Cette obligation concerne les licenciements<br />
pour motif économique, ou pour<br />
inaptitude.<br />
Dans le premier cas, si l’entreprise<br />
présente des difficultés économiques<br />
sérieuses entraînant une suppression<br />
© DR<br />
ou une modification d’un de ses postes<br />
de travail, elle peut licencier les salariés<br />
concernés.<br />
Elle doit avant cela chercher à reclasser<br />
ces salariés, de manière effective et<br />
sérieuse (se contenter par exemple de<br />
constater que le profil d’un salarié ne<br />
correspond pas aux offres proposées<br />
sur l’intranet de l’entreprise ne suffit<br />
aucunement), par des recherches qui<br />
doivent perdurer du moment où le<br />
licenciement est envisagé jusqu’à sa<br />
notification.<br />
L’employeur doit chercher un poste<br />
de reclassement au sein de toute l’entreprise,<br />
y compris ses établissements<br />
situés dans d’autres régions (ou les<br />
autres entreprises du groupe dans le<br />
cas d’un groupe).<br />
La proposition doit porter sur un emploi<br />
de catégorie équivalente et à rémunération<br />
équivalente.<br />
Si une formation complémentaire est<br />
nécessaire à l’adaptation du salarié,<br />
l’employeur doit la lui proposer.<br />
C’est à l’employeur de prouver qu’il a<br />
effectué toutes les recherches possibles<br />
et que le reclassement était impossible.<br />
A défaut, le licenciement économique<br />
intervenant sera sans cause réelle et<br />
sérieuse.<br />
En cas d’inaptitude, l’employeur doit<br />
tenter de reclasser son salarié et lui<br />
proposer un autre emploi en tenant<br />
compte des indications du médecin<br />
du travail sur les capacités du salarié<br />
à exercer l’une des tâches existantes.<br />
L’emploi proposé doit être aussi similaire<br />
que possible à l’emploi précédemment<br />
occupé, au besoin par la mise en<br />
œuvre d’aménagements, adaptations ou<br />
transformations de postes existants ou<br />
du temps de travail.<br />
L’employeur dispose d’un délai de 1<br />
mois à partir de la réception de l’avis<br />
d’inaptitude médicale pour reclasser<br />
son salarié inapte ou le licencier. Passé<br />
ce délai, il doit reprendre le paiement<br />
du salaire ●<br />
Pierre Lacoin<br />
1 • Articles L. 1233-4 et suivants, article L 6321-1 du Code<br />
du travail / 2 • Cass. Soc. 21.04.2017 : n°15-28640<br />
68 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
OUTILS QUALITÉ<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Comment libérer le potentiel<br />
du digital en santé<br />
par la qualité ?<br />
La <strong>Qualité</strong> nous touche directement, encore plus lorsqu’il s’agit de santé.<br />
Le numérique au service de la santé.<br />
©iStock<br />
Si nous assistons dans la majorité des cas<br />
à une réussite formidable, venant des<br />
bons choix de médicaments ou d’actes<br />
dont nos proches ou nous-même avons<br />
bénéficié, à l’inverse, dans une minorité des<br />
cas, nous subissons les conséquences de la<br />
‘iatrogénie’, ces cas où ce qui a été fait pour<br />
faire du bien a fait du mal. L’OMS situe la<br />
iatrogénie comme troisième cause de mortalité<br />
dans le système de santé après les maladies<br />
cardio-vasculaires et le cancer … et bien<br />
au-dessus par exemple que les accidents de la<br />
route, les suicides, les armes à feu… Il peut<br />
s’agir d’un médicament prescrit alors qu’il<br />
est contre-indiqué dans un cas précis, qui<br />
oblige à re-hospitaliser ; d’un dosage adulte<br />
donné par erreur à votre enfant qui décède<br />
ou reste handicapé à vie ; de l’arrêt prématuré<br />
des anticoagulants qui ruine le résultat d’un<br />
acte chirurgical pourtant réussi, … une<br />
prescription sur dix comporte ce type de<br />
risque aux conséquences lourdes en santé et<br />
en surcoût pour le système de santé : chaque<br />
année en France, des dizaines de milliers de<br />
décès, des centaines de milliers de complications<br />
( ré-hospitalisations, pertes d’autonomie), et 2<br />
Milliards d’Euros de dépenses évitables.<br />
Bien sûr, cette réalité ne remet pas en cause<br />
l’enthousiasme et la reconnaissance que nous<br />
ressentons envers le système de santé et les<br />
professionnels de santé, très compétents et qui<br />
dans l’immense majorité des cas délivrent une<br />
prestation de grande qualité.<br />
Toutefois nous, les qualiticiens, nous devons<br />
nous poser la question : pourquoi ces chiffres<br />
et pourquoi ils restent inchangés depuis des<br />
décennies, malgré les budgets consacrés en<br />
particulier à l’informatisation, malgré les possibilités<br />
de l’Intelligence Artificielle et du Big Data<br />
pour automatiser et améliorer la recherche des<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 69
OUTILS QUALITÉ<br />
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
anomalies, optimiser nos trajets de voiture,<br />
nos recherches d’hébergement, battre les<br />
champions aux échecs, etc ?<br />
LA PREMIÈRE RÉPONSE<br />
EST DANS UNE FORMULE SIMPLE :<br />
‘PAS DE DATA, PAS D’IA’<br />
Le 1 er frein majeur à la qualité de prestation<br />
par le praticien est le manque de données,<br />
et le faible niveau de qualité des données<br />
pourtant nécessaires à une prise en charge de<br />
qualité et à l’apprentissage des solutions IA.<br />
Alors, pourquoi cette insuffisance de données<br />
en santé, quand d’autres secteurs, en<br />
ont ? La cause prédominante fera chaud au<br />
cœur de tout qualiticien : c’est le retard pris<br />
en santé sur certains principes premiers de<br />
la qualité qui empêche ce champ de bénéficier<br />
des technologies nouvelles et de leurs<br />
apports fantastiques.<br />
Lorsqu’on pense aux méthodes qualité qui<br />
ont tant apporté pour la performance de<br />
l’industrie, la qualité des produits, et notre<br />
qualité de vie, on pensera par exemple à la<br />
construction, depuis le code d’Hammourabi<br />
au livre des métiers, de la définition<br />
fine des ‘exigences métiers’ des différentes<br />
professions, à la généralisation du contrôle<br />
qualité puis des sciences statistiques dans la<br />
première moitié du XX e , puis aux 7 outils<br />
de la qualité et cercles de qualité, au TQM,<br />
aux six sigma, à l’EFQM… On ne citera pas<br />
forcément les ‘normes et standards’, qui ont<br />
mauvaise presse, les processus et la systémique,<br />
qu’on a tendance à trouver compliqués…<br />
Et pourtant ! Les savoir-faire liés aux<br />
référentiels les ISO 9000/14000/26000 pour<br />
l’organisation, COBIT pour l’informatique,<br />
le MRP2 pour l’axe production-comptable,<br />
les codes-à-barres et flux de données GS1, les<br />
réglementations pour les prises électriques,<br />
pour les CD, pour les impacts carbone…, ont<br />
accompagné les progrès industriels et organisationnels<br />
grâce à la gestion des données et<br />
à l’inter opérabilité. C’est lorsque la qualité<br />
n’est pas là qu’on s’en rend compte : câbles<br />
différents pour les appareils de marques<br />
différentes, prises électriques différentes<br />
entre les pays, rails de train qui n’ont pas<br />
le même écartement, jouets des enfants qui<br />
comportent des matières cancérigènes…<br />
François Versini, président de<br />
Digilence<br />
Un parcours<br />
dans la<br />
santé<br />
et la chimie<br />
François Versini a été<br />
Directeur <strong>Qualité</strong> du<br />
Groupe Pierre Fabre<br />
de 2005 à 2010, et du<br />
Business ‘Foams’ au<br />
niveau mondial chez Dow<br />
Chemical de 1997 à 2000,<br />
après avoir occupé des<br />
positions de direction<br />
en RH, Production et<br />
Logistique dans ces<br />
mêmes entreprises.<br />
Depuis 2010, il a été<br />
entrepreneur dans<br />
le conseil et l’édition<br />
de logiciel et est<br />
actuellement CEO de<br />
la start-up Keenturtle,<br />
et Directeur du Conseil<br />
Scientifique eSanté de<br />
DigiLence, cabinet conseil<br />
en transformation. Il est<br />
par ailleurs Secrétaire<br />
Général de France<br />
Processus, porteur<br />
en France des notions<br />
processus et systémique.<br />
© DR<br />
© DR<br />
Et quand les logiciels utilisés à l’hôpital<br />
formatent et organisent les data de manière<br />
disparate difficilement réconciliables,<br />
empêchant les traitements de données<br />
qui sont faciles dans les autres secteurs.<br />
La Chimie, la grande distribution, l’alimentaire,<br />
l’automobile, etc ont déployé<br />
depuis longtemps des standards afin que les<br />
logiciels utilisés par les différentes fonctions<br />
d’une entreprise, et par les entreprises qui<br />
collaborent, puissent facilement s’échanger<br />
leurs données, sans ressaisie, avec acuité.<br />
Les standards de données sont construits<br />
non seulement avec des formats optimisés,<br />
mais des logiques qui aident à la bonne<br />
maintenance des bases de données. Il<br />
s’agit de l’une des plus belles réussites des<br />
concepts de qualité et de processus, dont<br />
on est peu conscients !<br />
La santé est un des seuls grands secteurs<br />
où les standards ont été peu déployés au<br />
fil de l’informatisation du secteur. L’hétérogénéité<br />
est telle que les systèmes ne se<br />
parlent pas et qu’ils ne pourront pas être<br />
aussi communicants que leurs équivalents<br />
dans les autres secteurs avant 5 à 10 ans.<br />
70 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
OUTILS QUALITÉ<br />
L’Hôpital du Valais, à Sion en Suisse<br />
est le premier acquéreur de la solution.<br />
« Alors, pourquoi cette insuffisance de données en<br />
santé, quand d’autres secteurs, en ont ? »<br />
Les logiciels d’aide à la décision, à base d’IA et de Big Data,<br />
sont obligés d’ici là à de lourds mécanismes de transformation<br />
des data pour arriver à croiser les données des systèmes en<br />
place. D’où les échecs de programme IA des plus grands de<br />
l’informatique, et les progrès lents constatés. La iatrogénie ne<br />
pourra donc être réduite que très graduellement ?<br />
Une bonne nouvelle toutefois : une démarche d’une ampleur<br />
radicalement nouvelle a été menée pour rattraper ce retard ,<br />
‘MaSanté2022’, désormais poursuivie avec des budgets importants<br />
dans le cadre du plan France 2030, qui conditionne les<br />
financements aux éditeurs de logiciel à une labellisation<br />
incluant le respect des standards de données et interfaces ;<br />
au vu des résultats obtenus de 2019 à 2022, on peut avoir bonne<br />
confiance que le chemin a été trouvé pour que les solutions<br />
informatiques et digitales deviennent aussi communicantes et<br />
performantes que dans les autres secteurs, et que l’on puisse<br />
libérer le potentiel de l’IA et du Big Data au service de la<br />
gestion des risques et de la qualité.<br />
On aura alors transformé un cercle vicieux en vertueux : la<br />
qualité du système de santé jusque-là freinée par l’impossibilité<br />
d’utiliser la force de la digitalisation, elle-même freinée par<br />
l’absence de méthodes qualité dans les logiciels existants ;<br />
le rattrapage en matière d’utilisation des méthodes qualité<br />
va permettre à la digitalisation d’amener un progrès déterminant<br />
au service de la gestion des risques et de la qualité<br />
dans le système de santé dans son entier. Ces méthodes qui<br />
changent la donne incluent la modélisation des processus et<br />
des données, les standards de données, la labellisation qualité.<br />
Pas de <strong>Qualité</strong>, pas d’IA… ●<br />
François Versini<br />
De Keenturtle à DigiLence<br />
Keenturtle s’est donné pour mission de<br />
libérer le potentiel de l’IA pour le bon<br />
usage du médicament, et pour la lutte<br />
contre la ‘iatrogénie’.<br />
Son système d’aide à la décision clinique,<br />
PharmaClass, a disrupté le secteur et<br />
est leader en France, Suisse et Belgique,<br />
avec 42 hôpitaux opérationnels, et des<br />
décès, complications et surcoûts évités<br />
chaque jour.<br />
C’est le focus donné aux principes de<br />
maîtrise de la qualité, des processus<br />
et des risques, qui a permis de rendre<br />
utilisables les data nécessaires pour une<br />
IA performante, de détecter et hiérarchiser<br />
les risques sur tout un hôpital, et de<br />
constituer un dispositif qualité à la main<br />
des professionnels de santé.<br />
Keenturtle a choisi de ne pas attendre<br />
que les standards de données soient appliqués<br />
dans les logiciels de prescription,<br />
de biologie, administratifs, etc d’où il est<br />
nécessaire d’extraire les données pour<br />
détecter les risques médicamenteux. Les<br />
technologies de Keenturtle permettent<br />
d’interfacer PharmaClass avec tous les<br />
logiciels présents à l’hôpital et de les<br />
‘référentialiser’ c’est-à-dire les transcodifier<br />
pour les mettre au standard. Ainsi<br />
la solution est portable en tout contexte<br />
informatique malgré l’hétérogénéité<br />
particulièrement forte dans la santé.<br />
La société de conseil où les logiciels de<br />
Keenturtle ont ‘incubé’, EASYstem, a donné<br />
naissance à DigiLence, cabinet conseil<br />
en transformation, qui accompagne les<br />
organisations pour mettre en synergie<br />
la digitalisation, l’intelligence collective,<br />
les notions de processus et systémique et<br />
l’ingénierie de modèles économiques.<br />
Keenturtle poursuit son chemin avec une<br />
gamme de produit hybride de ‘transversale<br />
data’ et sa ‘verticale aide à la décision<br />
clinique’, chacune étant en pointe<br />
dans son domaine grâce à sa synergie<br />
avec l’autre : l’outil de Data Intelligence,<br />
SmartBlend, est poussé au bout de son<br />
potentiel par l’usage pour la iatrogénie<br />
pour étendre l’éventail de données<br />
utilisables ici et maintenant, l’outil du<br />
pharmacien PharmaClass a le potentiel<br />
de détection de risques le plus large du<br />
marché grâce à la richesse de la collecte<br />
de données et la richesse de l’algorithmique<br />
créée pour tirer parti de ces data.<br />
Au bout du potentiel des savoir-faire<br />
qualité et processus.<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 71
OUTILS QUALITÉ<br />
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
©IMT Mines Albi<br />
AVIS D’EXPERT<br />
Apport de<br />
l’Intelligence Artificielle<br />
à la performance<br />
opérationnelle et<br />
environnementale de la<br />
gestion des réseaux d’eau<br />
Les métiers de l’eau sont devenus particulièrement critiques sur trois<br />
aspects : la gestion des réseaux d’eau qui, face à la tension sur la<br />
ressource, doit s’affranchir de tout gaspillage ; la multiplication des<br />
situations climatiques extrêmes qui affectent la disponibilité de la<br />
ressource ; la planification des opérations de maintenance qui doivent<br />
contribuer à la robustesse et la résilience des réseaux. Autant de points<br />
dont dépend la qualité de service attendue pour les usagers, auxquels<br />
les méthodes d’intelligence artificielle (IA) apportent de nouvelles<br />
réponses en ouvrant la voie au pilotage intelligent des réseaux d’eau.<br />
Xavier Lorca, Directeur du centre<br />
Génie Industriel d’IMT Mines Albi<br />
AMÉLIORER LA QUALITÉ DE<br />
SERVICE<br />
Dans le contexte d’une ressource contrainte<br />
mis en évidence pendant l’été 2022, la<br />
gestion des réseaux de distribution d’eau<br />
requiert un point d’attention crucial :<br />
comment diminuer les gaspillages ? En<br />
d’autres termes, comment traquer les<br />
fuites ?<br />
Les méthodes d’IA constituent un levier<br />
pour y répondre. Elles permettent de<br />
passer d’une stratégie historiquement<br />
réactive (actions curatives, correctives ou<br />
préventives), à une méthode prédictive, apte<br />
à anticiper les opérations de maintenance<br />
(la bonne action, au bon moment, au bon<br />
endroit). L’ensemble des données du réseau<br />
historisées (caractéristiques de l’eau, du<br />
terrain et des matériaux, récurrence des<br />
fuites…) sont ainsi collectées, analysées<br />
et modélisées, pour concevoir un système<br />
de prédiction. Basé sur des méthodes<br />
©IMT Mines Albi<br />
Le bâtiment d’IMT Mines Albi<br />
statistiques et d’apprentissage automatique,<br />
sa fonction est double : classifier les<br />
opérations de maintenance et formuler<br />
des préconisations de travaux dans une<br />
double optique de qualité de service et de<br />
maîtrise des coûts.<br />
DES RÉSEAUX MIEUX MAÎTRISÉS<br />
ET GÉRÉS EN SITUATIONS<br />
EXTRÊMES GRÂCE AU TRAVAIL<br />
SUR LES DONNÉES<br />
Les événements extrêmes (sécheresse,<br />
inondations…) affectent la disponibilité<br />
de la ressource eau et impliquent un<br />
changement de paradigme de la part des<br />
opérateurs. Avec des réseaux devenus<br />
infrastructures critiques, ils doivent<br />
pouvoir arbitrer les priorités en disposant<br />
de la bonne information, au bon moment<br />
et en évaluant l’impact souhaité. Exploiter<br />
des données d’un réseau, c’est précisément<br />
maîtriser son fonctionnement en situations<br />
extrêmes et être en capacité de gérer<br />
finement l’allocation de ressources. Cette<br />
démarche se traduit par la création d’un<br />
double numérique du réseau et de scénarios<br />
de crise, permettant de simuler la mise<br />
en contrainte du réseau pour évaluer, en<br />
72 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
OUTILS QUALITÉ<br />
amont, la solution de gestion de crise la<br />
plus adaptée et être prêt le jour J. Un apport<br />
important des méthodes d’IA portera<br />
l’évolution vers un jumeau numérique,<br />
lequel prescrirait les actions à mener<br />
directement pendant la crise. Pour ce<br />
faire, les méthodes d’IA doivent encore<br />
gagner en maturité, tout comme le niveau<br />
d’appropriation de ces technologies par<br />
les décideurs.<br />
UNE PLANIFICATION DES<br />
OPÉRATIONS INTERNES ASSISTÉE<br />
PAR L’IA<br />
Ouvertures et fermetures de compteurs,<br />
dépannages, recouvrement… Les<br />
opérations internes qui jalonnent la vie<br />
des réseaux et ouvrages de production<br />
d’eau potable sont nombreuses.<br />
L’optimisation de leur planification<br />
s’inscrit dans un objectif conjugué de<br />
robustesse, d’utilisation raisonnée des<br />
ressources, de qualité au travail et de<br />
qualité du service rendu. L’étude de cas<br />
sur les données réelles d’un réseau permet<br />
de simuler un processus de planification<br />
des interventions journalières qui prend<br />
en compte les aléas et les urgences en vue<br />
d’assurer le meilleur niveau de service. En<br />
s’appuyant sur des méthodes d’IA centrées<br />
sur le raisonnement, le système de<br />
planification automatise la prise en compte<br />
de nombreux paramètres (ressources et<br />
matériels, dimensionnement, priorisation<br />
et intégration des urgences, …). En<br />
cas d’aléa, il propose des alternatives<br />
organisationnelles. Cette approche permet<br />
de mettre en œuvre une démarche QSE<br />
efficiente et pérenne. Un prototype de<br />
planification assistée développé par le<br />
Centre Génie Industriel d’IMT Mines<br />
Albi et Veolia est en cours d’évaluation en<br />
confrontation avec le système traditionnel<br />
de planification pour en quantifier<br />
l’apport concret.<br />
QUALITÉ DES DONNÉES ET<br />
DIVERSITÉ DES COMPÉTENCES,<br />
DES CONDITIONS À L’EFFICIENCE<br />
DE L’IA<br />
Les méthodes d’IA se divisent en trois<br />
grandes familles applicatives. La première<br />
famille concerne les connaissances : elle<br />
vise à formaliser et structurer dans des<br />
modèles, les données collectées. Une<br />
étape cruciale, qui permet d’identifier, à<br />
partir d’un grand volume de données, les<br />
informations pertinentes et structurantes.<br />
La deuxième famille porte sur la<br />
construction de modèles mathématique<br />
ou logique, déclinés en algorithmes<br />
génériques de résolution systématique.<br />
Enfin, la troisième famille est relative aux<br />
méthodes d’apprentissage automatique<br />
très prometteuses grâce à l’évolution de<br />
la puissance de calcul apportée par de<br />
nouvelles architectures informatique.<br />
Dans le contexte de la gestion des réseaux<br />
d’eau qui génère de nombreuses variables à<br />
observer, la combinaison de ces différentes<br />
méthodes est décisive pour la pertinence<br />
métier des solutions dites « IA centrées ».<br />
Peu de centres de recherche maîtrisent<br />
l’ensemble de ces expertises de la théorie<br />
aux métiers, à l’instar du Centre Génie<br />
Industriel qui avec Veolia, travaille<br />
depuis 2020, dans le cadre du Laboratoire<br />
commun RE-S-EAU, à la mise en œuvre<br />
de solutions de pilotage intelligent des<br />
réseaux d’eau ●<br />
Xavier Lorca<br />
IMT Mines Albi et Veolia ont livré un premier<br />
bilan des travaux de leur laboratoire commun<br />
RE-S-EAU en juin dernier.<br />
©IMT Mines Albi<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 73
OUTILS QUALITÉ<br />
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
MANAGEMENT<br />
Hôpital des Quinze-Vingt :<br />
la responsable <strong>Qualité</strong><br />
du laboratoire témoigne<br />
Lisa Bossu, responsable <strong>Qualité</strong>, assure la mise en place et le suivi des systèmes de management de la qualité<br />
et d’amélioration continue et je suis responsable gestion documentaire au sein du laboratoire de l’hôpital<br />
des Quinze-Vingt. Elle participe activement à l’accréditation du système de management de la qualité du<br />
laboratoire.<br />
©DR<br />
Lisa Bossu, responsable <strong>Qualité</strong> du<br />
laboratoire de l’hôpital des Quinze-Vingt<br />
Lisa Bossu, responsable <strong>Qualité</strong> au<br />
sein du laboratoire de l’hôpital<br />
des Quinze-Vingt, déclare à propos<br />
des enjeux de la qualité et de<br />
la gestion des risques dans un établissement<br />
hospitalier : « Avoir et maitriser son image<br />
de marque, répondre aux demandes du<br />
marché afin de répondre aux demandes<br />
sociétales, fidéliser les patients et le professionnel<br />
médicaux et paramédicaux en<br />
répondant à leurs besoins, innover dans<br />
les recherches et les nouvelles techniques<br />
et Disposer d’un personnel compétent et<br />
impliquer dans les différents projets du<br />
CHNO ». Le système qualité du laboratoire<br />
s’articule autour de la mise en place d’un<br />
système d’amélioration continue. Toute<br />
action permet au laboratoire de satisfaire<br />
ses parties prenantes tout en respectant la<br />
règlementation et les normes spécifiques<br />
au laboratoire. Ainsi, en cas, d’avis négatif<br />
sur Google, concernant le laboratoire. Lisa<br />
Bossu réalise une fiche de réclamation.<br />
Elle ouvre une enquête pour déterminer la<br />
nature de la réclamation. Puis elle propose<br />
des actions à mettre en place afin que cette<br />
situation ne se reproduise pas.<br />
Actuellement, le laboratoire utilise trois<br />
logiciels informatiques. Le logiciel qualité,<br />
Sapanet d’In log Advanced Healthcare<br />
Software, permet de gérer la documentation<br />
du laboratoire, la gestion des consommables,<br />
les non-conformités et les fichiers<br />
de suivis des automates (pannes, rapport<br />
SAV, maintenances...). Le logiciel URT2<br />
de Biorad rend possible le suivi des passages<br />
des contrôles internes et externes<br />
de la qualité. Enfin, le logiciel VSTAFF de<br />
Viskali sert à la gestion des compétences du<br />
personnel du Laboratoire. Par ailleurs, Lisa<br />
Bossu remarque : « pour chaque logiciel, il<br />
est nécessaire d’avoir réalisé une formation<br />
pour savoir les utiliser. Nous réalisons un<br />
maintien des compétences pour les utilisateurs<br />
et une habilitation initiale pour les<br />
nouveaux arrivants. »<br />
En outre, chaque fournisseur d’automates<br />
transmet des contrôles internes au laboratoire.<br />
Sur chaque automate, des contrôles<br />
sont effectués en fonction d’une stratégie<br />
basé sur les risques (risque de contamination,<br />
changement de réactif, changement<br />
de lot…).<br />
De plus, pour chaque paramètre (Glucose,<br />
lipide, phosphore…), le laboratoire réalise<br />
des contrôles externes de qualité (EEQ).<br />
Les EEQ sont des contrôles qui permettent<br />
de vérifier actuellement les performances<br />
du laboratoire. Ils sont envoyés par une<br />
société nationale. Le laboratoire n’a pas<br />
la possibilité de connaitre à l’avance la<br />
valeur attendue du paramètre. Lisa Bossu<br />
cite un exemple : « Le laboratoire X reçoit<br />
une urine du patient 01459. Les renseignent<br />
cliniques sont favorable à une infection<br />
bactérienne. Le laboratoire doit identifier<br />
la bactérie responsable de l’infection urinaire<br />
et doit déterminer un antibiogramme<br />
adapté au patient. » En cas de résultats<br />
L’entrée de l’hôpital des 15-20<br />
74 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
FOCUS SANTÉ/ENVIRONNEMENT<br />
OUTILS QUALITÉ<br />
© DR<br />
mal estimés, le laboratoire doit réaliser<br />
un plan d’action et des actions afin de<br />
maitriser la situation le plus rapidement<br />
possible.<br />
Par ailleurs, Lisa Bossu raconte le processus<br />
d’acquisition des outils : « Pour<br />
les automates, nous réalisons un tableur<br />
Excel, regroupant tous les produits disponibles<br />
sur le marché. Nous avons créé<br />
une cotation numérique de 0 à 5. Chaque<br />
produit est scrupuleusement détaillé afin<br />
de réaliser un choix le plus transparent et<br />
répondant à nos critères de sélection. Les<br />
critères sont principalement : répondre<br />
à leur besoin en termes d’activité, une<br />
marque Française ou de l’union européenne<br />
(CCE), la présence sur le marché<br />
public, l’émission faible de déchet et l’avis<br />
favorable des utilisateurs.<br />
Ces automates sont utilisés pour différentes<br />
applications. Par exemple, l’automate<br />
effectuant des examens de biochimie, le<br />
Cobas C30, réalise le dosage par absorption<br />
dans le Sang, le LCR, les Larmes<br />
des paramètres biochimique tel que la<br />
glycémie, les cholestérols, le calcium,<br />
l’urée… L’automate réalisant des examens<br />
d’immunologie, le Phadia 200, effectue<br />
le dosage d’anticorps dans le sérum et les<br />
larmes. Au total, le laboratoire dispose<br />
d’une vingtaine d’automates…<br />
Etant dans un hôpital d’ophtalmologie, le<br />
laboratoire doit adapter les analyses sur<br />
des matrices (atypique), notamment les<br />
larmes et « les matrices atypiques » sur<br />
des automates pour lequel les méthodes<br />
sont appliquées sur du sang, du sérum<br />
et de l’urine ». De plus, « La difficulté de<br />
travailler avec les larmes, c’est le volume<br />
récolté par œil. Nous travaillons avec les<br />
fournisseurs afin d’adapter le plus possible<br />
les automates et les tubes en fonction de la<br />
quantité moyenne de larmes qu’un patient<br />
pourrait nous donner. » note Lisa Bossu<br />
« Nous travaillons avec des hôpitaux du<br />
monde entier. Nous effectuons des analyses<br />
que personne en France ne réalise. C’est<br />
ce qui fait la renommée de cet hôpital. »<br />
Par ailleurs, le laboratoire a dû s’adapter<br />
en fonction de chaque vague de Covid<br />
depuis 2020. Il teste en priorité les professionnels<br />
de l’hôpital ainsi que les patients<br />
en cas de doute sur leur état de santé. De<br />
plus, l’hôpital des 15-20 a ouvert des lits<br />
spéciaux pour les patients venant d’hôpitaux<br />
autres que le CHNO des 15-20<br />
sortant du coma et qui doivent avoir un<br />
suivi avant leur retour là la maison.<br />
Enfin, cette année, Lisa Bossu a intégré<br />
le conseil d’administration de France<br />
<strong>Qualité</strong> en tant que Référente Nationale<br />
Maîtrise des risques. Elle déclare à propos<br />
de son activité dans l’association : « J’ai<br />
participé à la définition stratégique des<br />
actions à mener pour l’année 2022 et ainsi<br />
déterminer son mode d’organisation. J’ai<br />
également participé à la définition du budget<br />
alloué pour l’année 2022. Je contribue<br />
aussi à apporter une expertise par mon<br />
expérience dans la qualité. De plus, je<br />
participe aux réflexions sur le management<br />
de la qualité par une connaissance<br />
et une maitrise des risques. » ●<br />
Valérie Brenugat<br />
La statue du roi Saint-Louis<br />
L’histoire de<br />
l’Hôpital des<br />
Quinze-Vingt<br />
Fondée par le roi Saint Louis, vers<br />
1260, l’Hôpital des Quinze-Vingt<br />
est alors « la maison des pauvres<br />
aveugles de Paris ». Le nom<br />
de Quinze-Vingt provient de la<br />
numération vicésimale (manière<br />
de compter par vingtaine) utilisée<br />
à l’époque. Lorsqu’elle fut fondée<br />
au XIII e siècle, la Maison des<br />
aveugles de Paris ne le fut pas<br />
comme un hôpital (Hôtel Dieu),<br />
mais comme un lieu de vie où<br />
les aveugles pouvaient vivre en<br />
famille, élever leurs enfants et<br />
pratiquer leur métier. Ce n’est<br />
qu’à la fin du 19 e siècle que<br />
le docteur Fieuzal y crée une<br />
clinique ophtalmologique gratuite<br />
avec l’aide du Général Gambetta.<br />
Elle avait pour vocation de<br />
soigner les yeux des malvoyants.<br />
©DR<br />
QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 75
AGENDA<br />
SALON<br />
FÉVRIER<br />
Du 7 au 8<br />
Paris Space Week<br />
La 10 e édition de Paris Space Week est à la<br />
fois des rencontres d’affaires internationales<br />
et un salon de l’industrie de l’Espace.<br />
Paris Est Montreuil<br />
www.paris-space-week.com<br />
MARS<br />
Du 7 au 10<br />
Global Industrie<br />
La 5 e édition de Global Industrie est le rassemblement<br />
des 4 grands salons industriel<br />
historiques : Midest (sous-traitance industrielle),<br />
Smart Industries (industrie connectée, collaborative<br />
et efficiente), Industrie (technologies<br />
et équipements de production) et Tolexpo<br />
(solutions et équipements pour la tôlerie).<br />
Eurexpo Lyon<br />
https://global-industrie.com<br />
Le 17<br />
ASD Alliance : positionnez-vous<br />
sur les marchés de demain !<br />
Le pôle Astech Paris Région de la région Île<br />
de France, le cluster Altytud de la région des<br />
Hauts-de-France et le cluster aériades de la<br />
région Grand Est proposent un événement<br />
de rencontres d’affaires individuels avec les<br />
décideurs Achat et Innovation des grandes<br />
industries aérospatiales civile et militaire.<br />
Des conférences sur les grands enjeux de ses<br />
secteurs d’activités seront partagées par les<br />
acteurs majeurs et compléteront cette journée.<br />
New Cap Event Center, Paris<br />
www.pole-astech.org<br />
Du 21 au 23<br />
Documation, Solutions RH et<br />
E-Learning-expo<br />
La 27e édition du salon du management de<br />
l’information et des processus documentaires<br />
se tiendra en parallèle du salon des outils et<br />
services dédiés aux dirigeants d’entreprises,<br />
aux responsables des ressources humaines,<br />
de la formation et des systèmes d’information,<br />
Solutions RH. le salon de la formation<br />
et du digital learning, E-Learning-expo, se<br />
déroulera en même temps.<br />
Paris Porte de Versailles<br />
www.documation.fr, www.solutionsressources-humaines.com,<br />
www.elearning-expo.com<br />
Du 21 au 23<br />
BePOSITIVE<br />
À l’heure du défi climatique et de la crise<br />
énergétique, le salon national de la transition<br />
énergétique rassemblera les acteurs<br />
des filières bâtiment durable et énergies<br />
renouvelables autour de 4 secteurs d’exposition<br />
: nouveaux systèmes énergétiques, bois<br />
énergie - Flam’expo, énergie dans le bâtiment<br />
et solutions constructives.<br />
Eurexpo Lyon<br />
www.bepositive-events.com<br />
AVRIL<br />
Du 19 au 20<br />
Systèmes Objets Connectés<br />
Ce salon S.O.C dédié aux acteurs des systèmes<br />
et objets connectés et à leurs clients<br />
est le lieu naturel de rencontres, le carrefour<br />
de ces métiers, la solution aux besoins des<br />
porteurs de projets : télécoms, électronique,<br />
systèmes embarqués, M2M, capteurs, ingénierie<br />
de la donnée, énergétique, analyse,<br />
IA et valorisation, plates-formes, la<br />
cybersécurité et la sécurité physique des<br />
systèmes et objets connectés.<br />
Paris Expo - Porte de Versailles<br />
www.salon-systemes-objets-connectes.com<br />
ÉVÈNEMENT<br />
FÉVRIER<br />
Le 10<br />
Trophée Leader <strong>Qualité</strong> 2023<br />
Ce trophée Leader <strong>Qualité</strong> France (LQF) est<br />
attribué par France <strong>Qualité</strong> à la personnalité<br />
<strong>Qualité</strong> de l’année. La cérémonie se déroulera<br />
de 12h30 à 13h.<br />
Hôtel Ibis Paris 17 Clichy-Batignolles<br />
www.qualiteperformance.org<br />
FORMATION<br />
FÉVRIER<br />
Le 10<br />
Les fondamentaux<br />
de la qualité et de l’ISO 9001<br />
Objectifs :<br />
- Comprendre les enjeux d’une démarche<br />
qualité, et de l’amélioration continue.<br />
- Identifier les responsabilités de chaque<br />
fonction de l’entreprise.<br />
Profils : toute personne désirant comprendre<br />
les enjeux et principes d’une démarche qualité.<br />
Futur auditeur interne et externe. Futur audité.<br />
Paris<br />
www.cegos.fr<br />
MARS<br />
Du 16 au 17<br />
Approfondir sa connaissance des<br />
référentiels qualité<br />
Objectifs :<br />
- comprendre les demandes réelles des différents<br />
référentiels qualité.<br />
- identifier les différences, similitudes et interdépendances<br />
entre référentiels.<br />
Profils : membres des services qualité, développement,<br />
production, maintenance et logistique.<br />
Boulogne-Billancourt<br />
www.ifis.fr<br />
Le 23<br />
Intégrité des données dans les<br />
documents <strong>Qualité</strong><br />
Objectifs :<br />
- Définir une donnée brute dans un document<br />
qualité<br />
- Définir l’intégrité d’une donnée brute<br />
- Moyens mis en œuvre pour garantir cette<br />
intégrité<br />
Public concerné : toute personne intervenant<br />
dans la fabrication de médicaments, produits<br />
pharmaceutiques, dispositifs médicaux, en<br />
R&D, production, contrôle ou fonctions supports<br />
A distance<br />
https://cpe-formation.fr<br />
MAI<br />
Du 31 au 2<br />
Formation Pratique d’Auditeur<br />
Interne : Niveau 1<br />
Objectifs :<br />
-acquérir les techniques et les méthodes opérationnelles<br />
pour conduire des audits internes<br />
et externes de manière efficace.<br />
-élaborer en formation ses supports de questionnements.<br />
-réaliser la synthèse des audits internes et<br />
externes.<br />
-participer à l’amélioration continue de sa<br />
structure.<br />
Profil concerné :<br />
Cette formation <strong>Qualité</strong> s’adresse aux collaborateurs<br />
devant réaliser ou participer à des<br />
audits internes, futurs auditeurs/audités.<br />
Paris<br />
www.demos.fr<br />
Retrouvez toutes les dates<br />
de manifestations sur :<br />
www.qualityandco.com/agendas<br />
76 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
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QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 77
INDEX<br />
Au sommaire du prochain numéro :<br />
DOSSIER<br />
• BPM, GED, dématérialisation, IA, applications,<br />
plateforme…<br />
EXCELLENCE, DÉMARCHE, MANAGEMENT<br />
• La RSE 2.0 : un nouveau modèle responsable à<br />
l’européenne<br />
• De la QVT à la QVCT : quels rôles pour le manager ?<br />
FORMATION, CONSEIL, CERTIFICATION<br />
• L’IA de confiance : un cadre pour une offre<br />
européenne d’IA éthique, fiable et certifiée<br />
• Industries : relocalisation, décarbonation,<br />
digitalisation<br />
PRÉVENTION DES RISQUES, ENVIRONNEMENT<br />
• La prévention, facteur de performance ?<br />
• Risque écologique : quelles solutions ?<br />
CONTRÔLE QUALITÉ INDUSTRIEL<br />
• Comment automatiser son contrôle qualité grâce à<br />
l’IA ?<br />
• Des solutions pour accélérer efficacement sa<br />
stratégie RSE<br />
Index des associations, organismes et sociétés cités :<br />
1792 AVOCATS ...............................................63, 67<br />
AB CERTIFICATION ...............45, 4 e de couverture<br />
AFNOR CERTIFICATION......................................45<br />
AFQP.....................................................................10<br />
AIR FRANCE...................................................38, 58<br />
APIXIT...................................................................30<br />
BLUEKANGO........................................................28<br />
BUREAU VERITAS CERTIFICATION FRANCE ...45<br />
CH DUNKERQUE..................................................66<br />
CSF NSE ...............................................................16<br />
CREDIT AGRICOLE IMMOBILIER.......................12<br />
DIGILENCE...........................................................70<br />
DOCUMATION ........................................................6<br />
ECO CO2................................................................60<br />
FM GLOBAL..........................................................22<br />
FRÉA.....................................................................29<br />
GESIP....................................................................14<br />
GLOBAL INDUSTRIE ...........................................77<br />
HOPITAL 1520......................................................74<br />
IMT MINES ALBI............................................32, 72<br />
LRQA FRANCE .....................................................45<br />
MAINTENANCE & CO ..........................................67<br />
MAP SPACE COATINGS.......................................41<br />
MEDEF..................................................................25<br />
MESURES & TESTS.............................................63<br />
PARIS SPACE WEEK ...........................................44<br />
POSITHOT.............................................................34<br />
PREVENTICA..........................................................4<br />
QUALIOS.......................................2 e de couverture<br />
QUALITY & CO......................................................59<br />
SEPEM..........................................3 e de couverture<br />
SGS FRANCE........................................................45<br />
SOC .......................................................................37<br />
VEOLIA..................................................................72<br />
Retrouvez nos anciens numéros sur :<br />
www.qualite-references.com<br />
78 I QUALITÉ RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023
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SEPEM I NORD<br />
DOUAI<br />
d u 2 4 a u 2 6 j a n v i e r<br />
2 0 2 3<br />
SEPEM I CENTRE-OUEST<br />
ANGERS<br />
d u 1 0 a u 1 2 o c t o b r e<br />
2 0 2 3<br />
SEPEM I SUD-EST<br />
MARTIGUES<br />
d u 6 a u 8 j u i n<br />
2 0 2 3<br />
ITINS <br />
• SEPEM I NORD-OUEST à ROUEN du 23 au 25 janvier 2024<br />
• SEPEM I CENTRE-EST à GRENOBLE en 2024<br />
• SEPEM I EST à COLMAR du 4 au 6 juin 2024<br />
• SEPEM I SUD-OUEST à TOULOUSE du 24 au 26 septembre 2024<br />
RENSEIGNEMENTS :<br />
contact.sepem@gl-events.com I 05 53 36 78 78<br />
QUALITÉ www.sepem-industries.com<br />
RÉFÉRENCES • N°<strong>94</strong>-95 • Septembre 2022 - Février 2023 I 79
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