ISABELLE SOUCHETelles étaient rares, réservéesà une élite. Maintenant, noussommes confrontés à une multituded’images. Cette multituden’est pas, à mon sens, négative.Elle permet à chacun dese trouver, de choisir ce qu’il aenvie de regarder. Les gens sedétournent des médias traditionnels,un peu comme s’ilspartaient à la recherche d’euxmêmes.La culture ne peut plusêtre aussi « monolithique » quepar le passé. Si on y réfléchitbien, elle était imposée par unpetit nombre de personnes.Pour être cultivé, il fallait aimertel artiste, tel mouvement, telcourant de pensée. Je penseque tout ça a volé en éclats ouest en train de le faire. On estdans ce moment. Chacun suitsa voie, s’individualise. Cela faitpeur, parce que c’est hors decontrôle. Désormais, tout estla faute des réseaux sociaux,mais avons-nous assez de reculpour avoir une opinion qui soitjuste ? Je suppose que, dansquelques siècles, il y aura deshistoriens spécialistes, d’Instagram,de Facebook, de Youtubeou autres… et qu’ils aurontpeut-être une vision un peu différentede la nôtre, moins négative.En France, on dénigrebeaucoup, c’est souvent excessif.On doit adorer ou détester,c’est une pensée dualiste quine mène à rien, à mon sens.JN1 : Pour en revenir à votreexploration de la création surordinateur, quels ont été lesautres points positifs qui vousont semblé intéressants dansle travail numérique ?I.S. : Tous les réglages inhérentsau traitement de l’image,comme l’opacité, les filtres…La possibilité de dessiner avecbeaucoup de précision, demettre du texte. Maintenant,on a des brosses qui ont lerendu des textures traditionnellescomme le crayon, l’aquarelle,le feutre, l’encre… on peutjouer aussi avec les trames, lescouleurs, la 3D, l’animation, lavidéo, le son… ce qui est formidable,c’est que l’on peut associertous ces différents médiasen restant tranquillement chezsoi, devant son ordinateur.L’ergonomie des logiciels nousentraine naturellement à nousouvrir à des médias auxquelson n’aurait pas forcément penséavant, je trouve que c’est unechance formidable.JN1 : Quel va être la suite devotre travail ?La 3D. Il faut que je me formeun peu mieux dans ce domainepour être à l’aise avec les logiciels.J’ai envie de travaillerl’idée de nature morte abstraiteinspirée de mes souvenirs d’enfants.La mémoire, et plus exactementla réminiscence mepassionne et me fascine.JN1 : Qu’est-ce qui vous donnede l’espoir ?I.S. : L’envie d’explorer, la curiosité,le besoin de se gardermobile pour changer. Être lucideme semble essentiel aussi,il faut identifier les problèmes,les défauts, les points faibles ettravailler sur soi, pour s’améliorer.Je trouve important de sesentir en paix, apaisée, commesi les choses ne pouvaient êtreautrement.INTEVIEW RÉALISÉE EN JUIN 202163
LABORATOIRE DE RECHERCHES CRÉATIVESIMAGE : ISABELLE SOUCHET15