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L'Essentiel Prépas n° 82 - Mai 2024

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°<strong>82</strong> | MAI <strong>2024</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

ENTRETIEN<br />

Delphine Manceau (Neoma BS)<br />

ENQUETE<br />

Concours des écoles de management :<br />

les oraux jouent la diversité<br />

PORTRAIT<br />

Fouziya Bouzerda (Grenoble EM)<br />

LE DOSSIER DU MOIS<br />

Comment enseigner<br />

la transition environnementale


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

L’UNIVERSITÉ AUX PRISES<br />

AVEC LES TENSIONS<br />

GÉOPOLITIQUES<br />

Le 24 avril dernier au soir, l’amphithéâtre extérieur du campus Saint-Thomas de<br />

Sciences Po a été occupé par une soixantaine d’étudiants du Comité Palestine de<br />

Sciences Po. Devant leur refus d’évacuer les lieux, les forces de l’ordre ont été<br />

appelées par la direction de Sciences Po et ils ont dû quitter les lieux. Avant de<br />

revenir. Et d’être de nouveau expulsés comme pratiquement sur tous les campus<br />

des Sciences Po et de quelques universités. <strong>Mai</strong>s si la tension monte peu à peu<br />

au sein des universités sur fond de conflit Israël / Hamas, nous sommes loin d’être<br />

confrontés aux conflits exacerbés qui traversent les universités américaines et ont<br />

donné lieu ces dernières semaines à l’occupation de campus emblématiques et aux<br />

arrestations d’étudiants par centaines.<br />

La liberté académique attaquée par les politiques. L’arrivée éclair de Gabriel<br />

Attal dans les couloirs de Sciences Po après l’envahissement d’un amphithéâtre par<br />

des étudiants pro Palestiniens et des échanges qui ont pu paraitre de nature antisémite<br />

a cristallisé bien des positions sur ce que doit être la liberté académique. Un<br />

Gabriel Attal a depuis insisté pour que futur l’administrateur provisoire de Sciences<br />

Po ait « dans sa feuille de route la mission de réunir les conditions pour inverser<br />

cette dérive, cette pente, et pour garantir que les principes républicains soient représentés<br />

en tout lieu et tout le temps ». Le premier ministre qui a fait ensuite du<br />

« respect des principes républicains » un critère de recrutement de la future direction<br />

de l’école avant de dire que « le financement de l’État à Sciences Po sera lié<br />

spécifiquement à cette question-là ».<br />

Quelles positions peuvent ou doivent prendre officiellement les établissements<br />

d’enseignement supérieur ? Notamment des Sciences Po ! La<br />

réponse de Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po : « Dans quelle<br />

mesure une université est-elle amenée à prendre position sur des questions de nature<br />

politique et, en particulier, sur des conflits internationaux ? En 1967, aux Etats-<br />

Unis, il y a eu cette discussion à l’université de Chicago au sujet de la guerre du Vietnam.<br />

En a résulté la doctrine Kalven, qui estimait qu’il n’était pas souhaitable que les<br />

universités prennent position. C’est un sujet qui mérite d’être approfondi chez nous<br />

aussi. Il faut, de mon point de vue, distinguer trois choses : les prises de position<br />

institutionnelles, les actions académiques souhaitables pour mettre en perspective<br />

les conflits et, enfin, la capacité individuelle des enseignants-chercheurs à exprimer<br />

leurs points de vue. Je souhaite que Sciences Po engage cette réflexion pour se<br />

doter d’une doctrine claire ». À suivre…<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • 421 000 étudiants étrangers en France<br />

5 • « Kedge est solide financièrement ! »<br />

6 • Skema poursuit son développement<br />

7 • L’Edhec crée « Ascension Edhec »<br />

avec Mehdi Cornillet<br />

9 • L’ESC Clermont BS ouvre son campus<br />

à Marrakech<br />

10 • MBS : de Montpellier à Paris<br />

12 • Excelia BS crée un DBA<br />

13 • Challenge sportif Ecricome :<br />

quatre jours de sport et de fêtes<br />

35 • Les établissements ont un impact carbone<br />

direct faible, mais une forte influence<br />

sur la transition écologique et sociale<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

14 • Réussir ses oraux<br />

ENQUÊTE & PORTRAIT<br />

17 • ENQUÊTE : Concours des écoles<br />

de management : les oraux jouent<br />

la diversité<br />

20 • PORTRAIT : Comment se forge un destin ?<br />

Les quatre vies de Fouziya Bouzerda<br />

ENTRETIEN<br />

32 • Delphine Manceau,<br />

Directrice générale de Neoma BS<br />

38 • Jason Blackstock, Président-fondateur<br />

de How to Change the WorlD<br />

DOSSIER<br />

26 • Comment enseigner la transition<br />

environnementale<br />

DÉBAT<br />

39 • Enseignement supérieur privé :<br />

de la nécessité (ou pas) d’un label<br />

Olivier Rollot,<br />

rédacteur en chef<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse<br />

Photo de couverture : Excelia BS


www.salon-see.com<br />

SAVE THE<br />

DATE !<br />

19 & 20<br />

NOV.<br />

<strong>2024</strong><br />

Cité internationale<br />

universitaire de Paris<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

421 000 étudiants étrangers en France<br />

En 2022-2023, les étudiants étrangers étaient 412 087<br />

à être inscrits dans l’enseignement supérieur<br />

français, en augmentation de 3 % sur un an et de<br />

17 % sur cinq ans selon l’édition <strong>2024</strong> des Chiffres<br />

Clés de la mobilité étudiante de Campus France. Pourtant<br />

la pandémie avait stoppé la croissance de la mobilité<br />

étudiante en général : les données de l’UNESCO montrent<br />

une année 2021 en stagnation (+0,2 %). Les États-Unis et<br />

l’Australie voient même leurs nombres d’étudiants en mobilité<br />

diplômante baisser pour la deuxième année consécutive.<br />

Le principal moteur de la croissance mondiale des flux<br />

étudiants, situé en Asie, s’est bien enrayé. Ailleurs, les<br />

chiffres de l’UNESCO révèlent un impact moins sévère :<br />

les mobilités sont restées possibles à l’intérieur de l’Union<br />

européenne, et ont même progressé dans certains pays<br />

restés ouverts, comme le Royaume-Uni, la Turquie, les<br />

Pays-Bas et la France.<br />

Si la mobilité étudiante rebondit donc en France, dans<br />

le monde, un « nouveau mouvement semble s’esquisser<br />

début <strong>2024</strong>, fondé sur une volonté de « pause » ou de<br />

régulation décidée par les pays eux-mêmes » établit<br />

également Campus France. Le Canada, quatrième pays<br />

de destination dans le monde, vient ainsi d’abaisser de<br />

35 % le plafond des délivrances de visas pour études.<br />

L’Australie annonce également vouloir modérer la croissance<br />

du nombre d’étudiants accueillis, tandis qu’aux<br />

Pays-Bas, un projet de loi envisage l’introduction d’un<br />

numerus fixus pour les programmes de licence enseignés<br />

en anglais. Début <strong>2024</strong>, le Royaume-Uni a introduit<br />

des mesures restreignant la venue des dépendants à la<br />

charge des étudiants internationaux en études dans le<br />

pays, et veut réguler davantage la transformation des<br />

visas d’études en visas de travail. « Des signaux d’autant<br />

plus saisissants qu’ils concernent des pays qui avaient<br />

mis en œuvre les mesures d’attractivité les plus offensives<br />

au sortir de la pandémie. Reste à savoir s’il s’agit<br />

là de mesures d’ajustement face aux problématiques<br />

de logement étudiant et des failles dans le processus<br />

d’admission – arguments fréquemment avancés – ou d’un<br />

véritable changement d’ère ? » s’interroge Campus France<br />

qui explique également que « cette tentation de repli a<br />

en tous les cas déjà commencé à modifier sensiblement<br />

les choix de destination ». Les grands pays d’accueil qui<br />

maintiennent leur modèle ouvert pourraient en bénéficier.<br />

L’Allemagne a ainsi annoncé vouloir doubler la part de<br />

diplômés internationaux qui choisissent de rester dans<br />

le pays après leur formation, pour faire face à sa pénurie<br />

de main-d’œuvre qualifiée.<br />

Rennes SB réaccréditée Equis<br />

8 jeunes sur 10 de 16-25 ans utilisent l’intelligence<br />

artificielle dans leurs études et<br />

leur orientation selon une étude sur la relation<br />

entre les jeunes et l’IA auprès d’un<br />

échantillon de 560 répondants âgés de 16 à<br />

25 ans menée par le site Diplomeo :<br />

• 79 % utilisent un outil d’IA pour leurs<br />

études ou leur orientation et parmi eux,<br />

55 % l’utilisent au moins une fois par<br />

mois, 25 % toutes les semaines et 21 %<br />

une fois par jour ;<br />

• Près de 8 jeunes sur 10 admettent l’utiliser<br />

pour s’aider pendant leurs cours ;<br />

• Seuls 28 % des jeunes interrogés utilisent<br />

l’IA comme outil d’orientation ;<br />

• 44 % des 16-25 ans utilisent l’IA pour les<br />

aider à rédiger leur lettre de motivation<br />

pour une formation.<br />

L’IA est d’abord vue comme un facilitateur<br />

des tâches rébarbatives du quotidien.<br />

Parmi les usages les plus fréquents de l’IA,<br />

les jeunes l’utilisent massivement pour<br />

la production de contenu lié aux études<br />

(61 %), pour trouver de l’inspiration (46 %),<br />

ainsi que pour acquérir rapidement des<br />

connaissances (41 %). Dans le cadre de<br />

leurs études, les 16-25 l’exploitent pour<br />

créer un plan de devoirs ou travaux à la<br />

maison (56 %), corriger les fautes (55 %) et<br />

plus largement pour réviser (39 %).<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

« Kedge est solide financièrement ! »<br />

« L’obsolescence des compétences est de plus en<br />

plus rapide et il faut se former tout au long de<br />

la vie : dans notre promesse les compétences<br />

des kedgeurs sont toujours à jour. » Dans la<br />

dernière ligne droite de son plan stratégique 2020-2025<br />

le directeur général de Kedge, Alexandre de Navailles,<br />

a fait le point sur son activité en France - ouverture du<br />

bachelor à Mont-de-Marsan pour être plus « proche des<br />

familles » - et à l’international où « Kedge a ouvert des<br />

formations à Abidjan, se projette en Inde et a relancé<br />

ses activités en Chine avec, par exemple, un MBA à<br />

Shanghai qui reçoit 45 étudiants ». Cette année l’école<br />

a recruté 4 % d’étudiants en plus. Moins bonne nouvelle<br />

du côté du développement de la formation continue qui<br />

stagne avec des entreprises frileuses et des cadres en<br />

emploi qui n’ont pas besoin de se former.<br />

Au total, 2022-2023 a été une année difficile pour Kedge<br />

confirme Alexandre de Navailles : « Nous avons subi le<br />

coût de l’inflation avec par exemple près de 2,5 millions<br />

de charges en plus sur le chauffage. L’année 2022-<br />

2023 a été une année de transition avec d’excellents<br />

fondamentaux. Sa capacité d’autofinancement est<br />

positive, sa trésorerie très positive. Kedge est solide<br />

financièrement ! »<br />

Une réorganisation académique<br />

Depuis son arrivée à Kedge la rentrée dernière, la doyenne<br />

en charge des affaires académiques, Elisabetta Magnani a<br />

entrepris une large réorganisation de la faculté, notamment<br />

en créant par exemple une direction de prospective et<br />

idéation confiée à Aurélie Dehling, l’actuelle directrice du<br />

PGE, qui explique : « Cette cellule aura pour mission de<br />

comprendre avec un temps d’avance ce qu’apprendre<br />

sera demain ». Elisabetta Magnani qui se voit aujourd’hui<br />

Elisabetta Magnani<br />

et Alexandre de<br />

Navailles font le point<br />

sur leur stratégie<br />

renforcée dans son action par l’arrivée à son côté de<br />

Sylvie Jean, qui élargit son périmètre de directrice<br />

marketing et recrutement en y associant la direction<br />

des programmes et le poste de doyenne associée.<br />

« C’est un aboutissement logique après avoir dirigé les<br />

programmes Grande école de Neoma et emlyon et une<br />

partie de ceux de l’Edhec », confie Sylvie Jean.<br />

De nouveaux program<br />

Désormais accessible en apprentissage dès la deuxième<br />

année, le Kedge bachelor ouvre de nouveaux parcours.<br />

Le parcours « Maths + » est créé pour une trentaine<br />

d’étudiants sélectionnés sur leur moyenne en mathématiques<br />

au lycée. Ils auront la possibilité de poursuivre<br />

pour une partie d’entre eux leur cursus dans une école<br />

d’ingénieurs, le Cesi. Autre parcours avec l’Espi dans<br />

l’immobilier. Par ailleurs le programme Grande école voir<br />

venir à sa tête Céline Hay, jusqu’ici directrice adjointe<br />

du PGE de Skema.<br />

Des innovations nécessaires face à la montée en puissance<br />

de nouveaux acteurs privés pas forcément soumis aux<br />

mêmes règles que les Grande écoles gradées. « Nous<br />

sommes face à un environnement concurrentiel et commercial<br />

nouveau. Il faut identifier où sont les opportunités.<br />

Il nous faut nous réinventer avec la baisse du vivier<br />

des étudiants français. Pour Kedge, Paris est un relais<br />

de croissance pour le bachelor comme les masters »,<br />

analyse Alexandre de Navailles, qui reprend : « Il y a de<br />

grandes opportunités à l’international pour la France<br />

avec 25 écoles françaises dans le top 100 du Financial<br />

Times. Notre stratégie n’est pas d’envoyer nos étudiants<br />

sur des campus mais de former des étudiants locaux.<br />

Pour cela il faut bien asseoir la notoriété de la marque<br />

pour attirer les étudiants internationaux ».<br />

Enfin si la formation continue représente aujourd’hui 10 %<br />

de l’activité, elle doit progresser pour atteindre les 20 %.<br />

« Nous identifiions des opportunités de croissances en<br />

créant de nouveaux programmes. Par exemple avec<br />

notre full-time MBA qui va ouvrir en janvier 2025 à<br />

Paris », conclut Alexandre de Navailles.<br />

Alexandre de<br />

Navailles publie<br />

« Unlock Yourself »<br />

Le directeur général de<br />

Kedge est l’auteur, au côté<br />

du directeur général de LCL<br />

et directeur général adjoint<br />

du groupe Crédit Agricole,<br />

Michel Mathieu de l’ouvrage<br />

conversationnel « Unlock<br />

Yourself, petit traité de la<br />

volonté ». Ils expliquent<br />

notamment que « l’ambition<br />

a changé de nature.<br />

Sous l’effet d’un contexte<br />

géopolitique, économique<br />

et social incertain, et d’une<br />

pandémie qui restera dans<br />

l’Histoire, le rapport au<br />

travail s’est modifié. « Faire<br />

carrière » n’est plus la<br />

panacée, en particulier<br />

pour les jeunes générations.<br />

Les collaborateurs veulent<br />

désormais de l’inspiration,<br />

de la transcendance, un<br />

élan, et questionnent de plus<br />

en plus leur environnement<br />

professionnel ».<br />

« Unlock Yourself, petit<br />

traité de la volonté », Michel<br />

Mathieu et Alexandre<br />

de Navailles, éditions<br />

Débats publics, 18 € et<br />

12,99 € en e-book<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Skema poursuit<br />

son développement<br />

Ecole la plus demandée par les élèves de classes<br />

préparatoires, membre affirmé du top 6 des<br />

écoles, Skema entend bien poursuivre sa trajectoire.<br />

À l’international un nouveau campus va<br />

bientôt ouvrir à Dubaï alors que l’école « continue à se<br />

développer en Chine et a d’autres projets en Australie<br />

mais aussi en Europe », établit la directrice générale<br />

de Skema, Alice Guilhon, fière d’un modèle dans lequel<br />

« Skema est accréditée par les autorités de chaque pays ».<br />

Créer une comprehensive school<br />

« Avec le plan Sky25 nous avons voulu équiper nos étudiants<br />

avec d’autres champs disciplinaires que la gestion<br />

en développant quatre écoles dédiées pour créer une<br />

véritable comprehensive school », rappelle Alice Guilhon.<br />

Un chantier qui a été confié à un spécialiste de l’hybridation,<br />

déjà en pointe à ce sujet lorsqu’il était directeur général<br />

d’Audencia, et de nouveau à la manœuvre en tant que<br />

vice dean de Skema, Christophe Germain, qui explique :<br />

« Skema avait déjà décidé de se développer par académies<br />

et il était évident pour nous de créer ces écoles en<br />

Intelligence artificielle (IA), design, droit et géopolitique<br />

avec toujours une imprégnation business ».<br />

Une double compétence affirmée en partenariat avec des<br />

universités ou des instituts : en 2023 ce sont par exemple<br />

13 étudiants de Skema qui ont réussi l’examen du barreau<br />

après être passés l’école Skema Law School for Business<br />

partenaire de l’Institut polytechnique Hauts-de-France.<br />

Une AI tuteure<br />

« En intelligence artificielle (IA) notre volonté est de transformer<br />

toute notre organisation autant que d’apporter<br />

toutes les compétences à nos étudiants notamment<br />

avec l’école Skema AI for business », explique Nathalie<br />

Hector, la directrice de l’innovation de Skema, qui vient<br />

de signer une chaire avec Microsoft qui apporte son<br />

assistant d’IA, la suite Copilot, à l’ensemble de la faculté<br />

et des étudiants.<br />

Skema utilise également l’IA en lançant « SKEMA AI Tutor »,<br />

une application qui permet à ses étudiants de bénéficier<br />

d’un apprentissage sur mesure, que ce soit avec des<br />

remises à niveau des étudiants, la synthèse des cours<br />

et de la littérature scientifique disponible, la génération<br />

de plans de révision adaptés à chaque profil ou encore<br />

l›auto-évaluation pour se préparer aux examens.<br />

Le nouveau campus de Dubaï<br />

« Depuis le départ de Skema nous avons voulu créer<br />

des plateformes éducatives dans chaque région. Aujourd’hui<br />

aux Émirats arabes unis nous ouvrons un hub<br />

pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie. Dubaï est à<br />

quatre heures de vol de New Dehli avec une population<br />

extrêmement jeune à laquelle nous voulons apporter<br />

notre compétence », décrit le vice dean de Skema, Patrice<br />

Houdayer, dont l’école va s’installer au cœur d’un<br />

campus existant. Un investissement de 1 à 2 millions<br />

d’euros alors qu’à terme un campus propre pourrait<br />

être loué pour former jusqu’à 2 000 étudiants - et déjà<br />

200 en mobilité à la prochaine rentrée – avec l’objectif<br />

de recevoir autant d’étudiants en mobilité que du reste<br />

du monde. Ces derniers y payant des frais de scolarité<br />

de l’ordre de 25 k€ par an.<br />

Dubaï compte déjà aujourd’hui 140 000 étudiants venus<br />

du monde entier et se classe troisième ville au monde<br />

pour l’accueil de talents. « Comme sur nos autres campus,<br />

nous sommes dans le cadre du processus de<br />

reconnaissance de nos diplômes et formations. <strong>Mai</strong>s il<br />

s’agit ensuite également pour nos étudiants d’y trouver<br />

stages et emploi », reprend Patrice Houdayer qui entend<br />

ouvrir des programmes en relation avec le tissu<br />

économique local.<br />

Au service des transitions<br />

Le plan 3D de Skema explicite les objectifs en matière<br />

de diversité, décarbonation et digital avec notamment la<br />

création, en <strong>2024</strong>, des chaires « Diversité et inclusion »<br />

et « Generative AI for Good » puis « Nouvelles mobilités<br />

» en 2025. « Sans renoncer bien sûr à la mobilité<br />

internationale, nous étudions des expériences de slow<br />

travel et nous allons réduire la consommation d’énergie<br />

sur nos campus après avoir réalisé notre premier bilan<br />

carbone en 2022 », explique Isabelle Jauny, directrice de<br />

Skema Transitions. 50 millions d’euros d’investissement<br />

sont prévus pour améliorer encore ce bilan carbone<br />

avec des rénovations de bâtiments.<br />

En termes de recherche, ce seront la moitié des publications<br />

de Skema qui seront consacrés aux objectifs de<br />

développement durable de l’ONU en 202. Skema entend<br />

ainsi favoriser le développement d’un digital au service<br />

du développement durable. Enfin tous les étudiants<br />

seront formés au management de la diversité en 2025.<br />

Le rachat de la Fashion<br />

Institute of Design<br />

and Merchandising<br />

abandonné<br />

L’abandon du rachat par<br />

Skema aux Etats-Unis de la<br />

Fashion institute of design<br />

and merchandising a été acté<br />

il y a quelques semaines.<br />

« Le gouvernement<br />

américain a émis de telles<br />

exigences que nous avons<br />

préféré renoncer » explique<br />

Alice Guilhon quand Patrice<br />

Houdayer, en charge du<br />

dossier, insiste : « Nous<br />

voulions passer l’école d’un<br />

statut for profit à non profit et<br />

cela a inquiété les autorités ».<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

L’Edhec crée « Ascension Edhec »<br />

avec Mehdi Cornillet<br />

On l’avait rencontré à la création puis à l’expansion<br />

de Major Prépa devenu 2Empower,<br />

on le retrouve à la tête d’Empower College.<br />

Mehdi Cornillet est de retour avec une école<br />

qui intégrera, en septembre <strong>2024</strong>, des jeunes issus de<br />

tous milieux sociaux afin de leur permettre, au terme<br />

de leur préparation à un BTS en alternance suivie d’une<br />

troisième année de préparation d’intégrer les Grandes<br />

Écoles de commerce en admission sur titre.<br />

Parallèlement à son parcours principal, Empower College<br />

va proposer également à la rentrée un parcours spécifique<br />

« Ascension EDHEC » à ses meilleurs élèves. « Pouvoir<br />

compter sur le soutien de l’EDHEC dans la création de<br />

cette infrastructure de mobilité sociale par les études<br />

est une chance inestimable pour les futurs étudiants<br />

d’Empower College. Dans le cadre de la mission que<br />

nous nous donnons, à savoir initier 10 000 trajectoires<br />

d’ascension sociale d’ici 2034, la possibilité de travailler<br />

main dans la main avec l’EDHEC est un formidable accélérateur<br />

pour l’émergence de cet établissement d’un<br />

nouveau genre », se félicite Mehdi Cornillet.<br />

Réservé aux étudiants éligibles aux bourses CROUS,<br />

ce cursus spécifique entièrement gratuit leur permettra<br />

d’intégrer l’Edhec International BBA en 3 e année<br />

grâce à la voie d’admission parallèle, après validation<br />

de leur BTS. Cette spécialisation prévoit des modules<br />

complémentaires et des enseignements renforcés<br />

pour maximiser leurs chances de réussite. Les élèves<br />

bénéficieront également du mentorat d’un étudiant et<br />

d’un Alumni EDHEC tout au long de leur cursus, ainsi que<br />

de master classes et de visites.<br />

Nicolas Arnaud<br />

quitte Audencia<br />

pour la Rabat BS<br />

Nicolas Arnaud a été<br />

nommé doyen du collège<br />

Management de l’Université<br />

Internationale de Rabat et<br />

Directeur Général de la UIR<br />

Rabat Business School à<br />

compter de septembre <strong>2024</strong>.<br />

Il succédera alors à Olivier<br />

Aptel de retour en France<br />

pour y prendre la direction<br />

de PSB. Nicolas Arnaud<br />

avait rejoint Audencia en<br />

2009 en tant que professeur<br />

de management et stratégie.<br />

Il a successivement occupé<br />

les postes de cotitulaire<br />

de la chaire Innovations<br />

managériales de l’école, de<br />

directeur du Programme<br />

Grande école depuis<br />

2017 puis de l’ensemble<br />

de ses programmes<br />

depuis septembre 2019.<br />

Il est également<br />

président du Sigem.<br />

Une chaire « Improbable » à ESCP »<br />

Dans la lignée du Design Thinking,<br />

l’« Art thinking » emprunte les codes<br />

de la pratique de l’art contemporain<br />

pour « susciter l’acte de création, afin<br />

de créer l’improbable avec certitude ».<br />

Née à ESCP la pédagogie a déjà formé<br />

des milliers d’étudiants, entrepreneurs,<br />

dirigeants et salariés à travers le monde.<br />

C’est dans sa continuité que la business<br />

school et le groupe Galeries Lafayette<br />

lancent la chaire « Improbable ». « À<br />

ESCP nous sommes ambidextres avec<br />

deux leviers : la performance et la création.<br />

Depuis 2011 nos séminaires « Improbable<br />

» réunissent les deux aspects »,<br />

souligne Léon Laulusa, le directeur de<br />

ESCP. « Notre ambition est de dupliquer<br />

la méthode Art thinking au-delà de<br />

ESCP pour la diffuser dans d’autres institutions<br />

», se projette Sylvain Bureau, directeur<br />

de la chaire et créateur d’une méthode<br />

qui amène les participants à créer<br />

eux-mêmes une œuvre comme ici un<br />

« chargeur d’Iphone vivant ».<br />

TBS Education forme aux<br />

« controverses productives »<br />

Alors que partout la culture de l’affrontement monte en<br />

puissance, une équipe de professeurs de TBS Education<br />

a eu l’idée d’enseigner de manière structurée l’art du débat<br />

contradictoire. L’idée est d’attribuer une opinion par<br />

tirage au sort à une équipe. Celle-ci-défend une position.<br />

L’équipe adverse la met en cause. Chacun a un droit de<br />

réponse. Un jury se réunit alors pour trancher, en évaluant<br />

tout particulièrement la validité des sources utilisées,<br />

en repérant les éléments fallacieux, avec une grille<br />

pour l’aider à se prononcer. « Nous avons démarré sur<br />

la question de la transition écologique. Certains étudiants<br />

pensent qu’il suffit aux entreprises de « verdir »<br />

leurs produits. D’autres prônent des mesures plus radicales.<br />

Les discussions sont souvent conflictuelles »,<br />

observe Aurélien Feix, enseignant-chercheur spécialisé<br />

dans les questions d’éthique et de responsabilité sociale,<br />

à l’origine de ce dispositif original lancé cette année.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

L’ESC Clermont BS ouvre<br />

son campus à Marrakech<br />

L’implantation de l’ESC Business School au Maroc,<br />

à Marrakech, est née d’un constat : l’augmentation<br />

des candidatures émane des étudiants marocains,<br />

associée à l’accélération notable de la population<br />

étudiante du Maroc au cours des 10 dernières années<br />

(162 %). Aujourd’hui 35 % des étudiants internationaux<br />

de l’ESC Clermont Business School sont issus du Maroc.<br />

De plus, au cours des trois dernières années, l’ESC<br />

Clermont Business School a reçu plus de demandes<br />

d’admission de la part d’étudiants marocains que de<br />

places disponibles, soit 94 candidatures refusées.<br />

Le nouveau campus de l’ESC Clermont BS accueillera des<br />

étudiants en deuxième et troisième années du Programme<br />

Grande École. Les spécialisations « Finance » seront<br />

proposées sur ce campus, puis l’offre de formation sera<br />

renforcée par les spécialisations « Management hôtelier<br />

et des entreprises touristiques » et « Sport Business », à<br />

la rentrée 2025. La spécialisation « Management hôtelier<br />

et des entreprises touristiques » sera exclusivement<br />

dispensée sur le campus de Marrakech<br />

Le campus s’étend sur 1 000 m 2 dans des locaux entièrement<br />

neufs. Les installations comprennent 12 espaces<br />

au total, 5 grandes salles de cours équipées pour une<br />

expérience d’enseignement interactive, 2 salles d’examens<br />

; 2 salles de co-working, un InfoLab, ainsi qu’un<br />

espace de convivialité composé d’une cafétéria et d’un<br />

rooftop de 200 m 2 .<br />

REVUE DE PRESSE<br />

• Comment l’Insead<br />

bouscule petit à petit<br />

les grandes écoles de<br />

commerce (Le Monde) :<br />

Le master de management<br />

de l’Insead, créé il y<br />

a trois ans, s’impose<br />

comme un concurrent de<br />

taille pour les grandes<br />

écoles de commerce.<br />

• « Avec Parcoursup,<br />

certaines familles utilisent<br />

le droit pour contester le<br />

jugement scolaire, comme<br />

cela n’avait jamais été<br />

fait » (Le Monde) : Ce sont<br />

ces saisines d’un genre<br />

nouveau qu’étudient la<br />

sociologue de l’éducation<br />

Annabelle Allouch et la<br />

maîtresse de conférences<br />

en droit Delphine<br />

Espagno-Abadie, dans<br />

une enquête universitaire<br />

parue le 5 avril, Contester<br />

Parcoursup (Presses<br />

de Sciences Po).<br />

Rennes SB réaccréditée Equis<br />

Rennes SB a été réaccréditée Equis par<br />

l’EFMD pour une durée de 5 ans. Parmi<br />

les points salués par les auditeurs : la<br />

différenciation portée par son plan stratégique,<br />

la solidité de son positionnement<br />

international et l’ancrage fort de la responsabilité<br />

sociale et environnementale<br />

(RSE) chez Rennes SB. « Cette reconnaissance<br />

est un signal fort dont nous<br />

sommes très fiers, qui atteste de notre<br />

assise solide dans le paysage mondial<br />

des écoles de management d‘excellence<br />

et récompense l’engagement de toute<br />

notre communauté », confie le directeur<br />

général de Rennes SB, Adilson Borges.<br />

Avec près de 90 % des professeurs issus<br />

de l’international et plus de 100 nationalités<br />

qui cohabitent sur ses deux campus<br />

la dimension internationale de l’École est<br />

reconnue comme socle doublement fort :<br />

levier d’attractivité puissant d’une part,<br />

ADN historique « nourrissant l’ouverture<br />

d’esprit de l’École sur les transformations<br />

du monde d’autre part ».<br />

De même, l’engagement de l’école dans<br />

une démarche de responsabilité active est<br />

évalué comme un actif puissant. Ainsi, si<br />

100 % des étudiants sont formés à la RSE,<br />

ils sont également « mobilisés sur des expériences<br />

terrain innovantes à fort impact,<br />

qui les questionnent sur la manière<br />

de renforcer la RSE par l’innovation en<br />

proposant par exemple des solutions durables<br />

et des technologies vertes ».<br />

ESCP lance<br />

« ESCP Extension »<br />

La structure de formation ESCP Extension que lance<br />

ESCP est inspirée des Extension Schools nord-américaines<br />

destinées aux actifs en poste, en mobilité ou<br />

en reconversion professionnelle, qui souhaitent « donner<br />

une accélération à leur transition professionnelle<br />

et participer aux grandes transformations du monde<br />

économique ».<br />

Les deux premiers programmes d’ESCP Extension<br />

s’adressent plus particulièrement à l’encadrement intermédiaire,<br />

confronté au double défi des transformations<br />

écologique et digitale. ESCP Extension se veut accessible<br />

à tous, en particulier aux salariés qui ne se dirigeraient<br />

pas naturellement vers une grande école pour<br />

consolider leur portefeuille de compétences. À cette fin,<br />

ces premières formations d’un coût de 4 850 € ont été<br />

conçues pour être prises en charge par le compte personnel<br />

de formation (CPF) ou s’insérer facilement dans<br />

les plans de développement des compétences des entreprises.<br />

La première promotion démarrera à l’automne<br />

<strong>2024</strong>. D’ici 2026, l’école ambitionne d’accueillir plus de<br />

2000 apprenants chaque année.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

MBS : de Montpellier à Paris<br />

C’est au cœur du quartier latin, boulevard<br />

Saint-Germain dans le bâtiment Eyrolles qui<br />

accueille déjà la New York University (NYU) et<br />

fut le siège de l’ESTP, que MBS (on ne dit plus<br />

Montpellier Business School) s’implantera à Paris en<br />

septembre <strong>2024</strong>. « L’objectif est de booster le territoire<br />

avec une école qui a ses fondamentaux au niveau local<br />

et que nous voulons maintenant exporter au niveau<br />

national puis à l’international », explique André Deljarry,<br />

président de MBS depuis 2019 et de la CCI de l’Hérault<br />

depuis 2011.<br />

« Paris représente une opportunité clé pour nous développer<br />

avec un accès privilégié à l’alternance. Certains<br />

de nos étudiants font aujourd’hui l’aller-retour entre<br />

Pairs et Montpellier et pourront maintenant étudier à<br />

Paris », valide Stéphanie Andrieu, la vice-présidente<br />

de l’école qui a piloté l’installation. MBS y recevra 50<br />

étudiants à la rentrée <strong>2024</strong>, 100 sont possibles, 500<br />

l’objectif dans d’autres locaux alors que près de 50 %<br />

du marché postbac se trouve en Île-de-France. « Nous<br />

avons trouvé avec la NYU un bailleur qui correspond<br />

à nos besoins dans un quartier mythique de paris qui<br />

attire une population internationale avec des projets de<br />

partenariat au-delà d’une relation bailleur-locataire »,<br />

commente Bruno Ducasse, le directeur de l’école qui y<br />

proposera d’abord son MSc in Global Management 100 %<br />

en anglais et un E-Master. Rapidement après, probablement<br />

en janvier 2025, sera dispensé le bachelor Start<br />

pour des étudiants déçus de leur première orientation<br />

postbac. À l’horizon 2026 ce sera au tour du bachelor<br />

et du programme Grande école.<br />

À Montpellier la première pierre du nouveau campus de<br />

30 000 m 2 , Anima, a été posée le 29 mars au sein d’un<br />

par de 30 hectares. Également siège des chambres de<br />

commerce et d’industrie Occitanie et Hérault et des CFA<br />

(centres de formation d’apprentis) Purple, le bâtiment<br />

sera livré en septembre 2026. Avec la volonté de l’école<br />

d’y passer de 3 500 à 5 000 étudiants, 800 logements<br />

étudiants seront construits pour les accueillir. « Nous<br />

serons exemplaires avec un label Bâtiment durable<br />

Occitanie qui garantit aussi bien le choix des matériaux<br />

que la gestion du campus », spécifie Stéphanie Andrieu.<br />

L’association MBS fait partie de la SCI qui va gérer le<br />

campus.<br />

Reste maintenant à finaliser une future implantation<br />

en Europe à une échéance de quelques années alors<br />

que de nombreux nouveaux accords internationaux<br />

ont été signés pour permettre aux étudiants de partir<br />

à l’international.<br />

Neoma et l’IRIS<br />

lancent un certificat<br />

en géopolitique<br />

L’IRIS (Institut de<br />

relations internationales<br />

et stratégiques) et<br />

Neoma BS s’associent<br />

pour créer le Certificat<br />

Executive « Leadership<br />

& Géopolitique » en<br />

octobre <strong>2024</strong>. Cette<br />

formation d’une durée<br />

de 5 jours « donnera aux<br />

décideurs les clés pour<br />

développer une réflexion<br />

stratégique leur permettant<br />

d’exercer un leadership<br />

éclairé dans des contextes<br />

géopolitiques complexes ».<br />

Conjuguant présentiel et<br />

distanciel, elle réunira des<br />

intervenants de renom à<br />

l’image du géopolitologue<br />

Pascal Boniface, directeur<br />

de l’IRIS, et de l’ancien<br />

Premier Ministre, Jean-<br />

Pierre Raffarin.<br />

Les futurs locaux de MBS à Montpellier<br />

L’EPF et MBS créent un programme double diplômant<br />

Toutes deux présentes à Montpellier<br />

l’EPF et MBS lancent un partenariat de<br />

formation ouvert aux étudiants du programme<br />

ingénieur de l’EPF Montpellier<br />

et aux étudiants de MBS dans les programmes<br />

Grande École et MSc à la rentrée<br />

<strong>2024</strong>. « Les entreprises expriment un<br />

besoin croissant d’ingénieurs-managers<br />

en capacité d’apporter des solutions rapides<br />

aux problèmes complexes rencontrés<br />

dans leur organisation. Ces profils<br />

sont particulièrement demandés en raison<br />

de leur polyvalence, de leur rapide<br />

adaptabilité et de leur esprit d’innovation<br />

», analyse Emmanuel Duflos, le di-<br />

recteur général de l’EPF quand Bruno<br />

Ducasse, le directeur Général de MBS,<br />

se projette : « Cet accord ouvre la voie<br />

pour penser d’autres parcours, à double<br />

ou triple compétences, pour former une<br />

nouvelle génération de managers plus<br />

aptes à répondre aux défis que soulève<br />

la transition écologique, sociale et numérique<br />

des entreprises ».<br />

Dans un premier temps, les étudiants<br />

suivront une phase de transfert de crédits<br />

pendant un semestre d’échange, similaire<br />

aux accords d’échange dans le<br />

cadre de mobilités internationales. Cette<br />

première phase sera suivie par l’ouverture<br />

en septembre 2025 d’un parcours double<br />

diplômant spécifique en 4 ans, permettant<br />

aux étudiants de MBS de suivre trois semestres<br />

d’études à l’EPF Montpellier, nécessaires<br />

à l’obtention du diplôme d’ingénieur<br />

généraliste.<br />

Cet accord permettra également aux étudiants<br />

de l’EPF d’intégrer un MSc de<br />

MBS (Big Data, Digital Transformation<br />

& Fintech en ouverture de programme),<br />

leur offrant la même opportunité d’obtenir<br />

à la fois un diplôme d’ingénieur et<br />

un diplôme de management à l’issue de<br />

leur formation.<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Excelia BS crée un DBA<br />

À<br />

la rentrée <strong>2024</strong>, Excelia Business School ouvre<br />

un Doctorate in Business Administration (DBA).<br />

Dans un contexte de transition, il permet à des<br />

managers en exercice, de s’appuyer sur la<br />

recherche académique, pour construire des solutions<br />

organisationnelles concrètes pour transformer les<br />

organisations et accélérer leur contribution aux grands<br />

enjeux de société.<br />

D’une durée de 3 ans, ce DBA se divise entre une première<br />

année de cours théoriques et de méthodologie,<br />

qui conduit à l’obtention d’un « Certificate of Research<br />

in Business and Management », et deux années dédiées<br />

à la rédaction et à la soutenance de la thèse de DBA.<br />

Pendant toute la durée de leur thèse, les apprenants<br />

sont placés sous la supervision d’un enseignant-chercheur<br />

d’Excelia Business School, expert du champ de<br />

recherche qu’ils choisissent d’explorer.<br />

Les zones de recrutement privilégiées pour le DBA<br />

sont notamment le Moyen-Orient, l’Afrique anglophone,<br />

l’Inde et l’Amérique du Nord. Le programme sera dirigé<br />

par l’Associate Dean International Strategy de l’école,<br />

le professeur Karim Ben Slimane.<br />

EN BREF<br />

• L’ISC Paris a conclu un<br />

partenariat avec le Ningbo<br />

China Institute for Supply<br />

Chain Innovation (NISCI),<br />

la branche en Asie du<br />

MIT Global SCALE.<br />

Dès la rentrée <strong>2024</strong>, les<br />

étudiants de l’ISC Paris<br />

de niveau Master auront<br />

la possibilité d’effectuer<br />

un semestre d’études au<br />

NISCI, et les campus de<br />

l’ISC Paris accueilleront<br />

réciproquement des<br />

élèves du NISCI.<br />

• Grenoble Ecole de<br />

Management a été<br />

accréditée une 5 e fois par<br />

AACSB pour la durée<br />

maximale de 5 ans.<br />

• ESCP et l’acteur européen<br />

de data marketing Dékuple<br />

concluent un partenariat<br />

pour « intégrer la pointe de<br />

l’innovation en intelligence<br />

artificielle générative au<br />

cœur du développement de<br />

l’école ». Première pierre<br />

de ce partenariat : la mise<br />

en place d’un dispositif<br />

de formations qui permet<br />

aux collaborateurs d’ESCP<br />

de s’immerger dans le<br />

potentiel de l’intelligence<br />

artificielle générative.<br />

• En septembre <strong>2024</strong><br />

ICN Business School<br />

proposera à ses étudiants<br />

du programme Grande<br />

École de suivre un double<br />

diplôme MSc Technologie<br />

et Management avec<br />

CentraleSupélec.<br />

Classements QS : Sciences Po tout proche d’Harvard<br />

En France le classement QS World University<br />

Rankings by Subject <strong>2024</strong> célèbre<br />

particulièrement cette année les vertus<br />

de Sciences Po. Tout juste classé derrière<br />

Harvard et devant Oxford, Sciences<br />

Po progresse en effet d’une place et devient<br />

cette année la 2 e meilleure université<br />

mondiale dans la catégorie Politics.<br />

Depuis 6 ans désormais, Sciences Po figure<br />

dans le top 3 des meilleures universités<br />

internationales dans cette catégorie.<br />

D’autres bons résultats pour les universités<br />

françaises :<br />

• alors que la catégorie Marketing est dominée<br />

par l’université de Pennsylvanie<br />

devant Oxford et Cambridge, HEC Paris<br />

s’y classe 9 e ;<br />

• Sorbonne Université se place à la 12 e<br />

place dans la catégorie Mathematics<br />

tout juste devant Paris-Saclay mais à<br />

quelques encablures du MIT, Cambridge<br />

et Stanford ;<br />

• Paris-Saclay progresse à la 14 e place<br />

en Physics & Astronomy (17 e en 2023),<br />

catégorie que remporte le MIT devant<br />

Harvard et Oxford ;<br />

• Sorbonne Université se place à la 13 e<br />

place dans la catégorie Natural Sciences<br />

que conduit Harvard devant le MIT et<br />

Oxford ;<br />

12<br />

• en Hospitality & Leisure Management<br />

l’institut Vatel se classe également 13 e<br />

d’un classement accaparé par les écoles<br />

suisses (1 er EHL, 2 e SHMS, 3 e César<br />

Ritz).<br />

Un classement qui est de moins en moins<br />

dominé par les universités américaines et<br />

anglo-saxonnes comme l’explique Simona<br />

Bizzozero, directrice des communications<br />

de QS, qui analyse : « Les États-<br />

Unis ont connu une baisse de 23 % de<br />

leur performance globale, tandis que<br />

le Royaume-Uni et le Canada ont tous<br />

deux vu leur performance diminuer de<br />

8 %, et que celle de l’Australie a diminué<br />

de moins de 5 % ».


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Challenge sportif Ecricome :<br />

quatre jours de sport et de fêtes<br />

Du 29 mars au 1 er avril dernier se déroulait à Rouen<br />

le Challenge sportif Ecricome. L’occasion pour<br />

2 500 étudiants de EM Strasbourg, Kedge, MBS,<br />

Neoma et Rennes SB de se rencontrer. Sur<br />

les stades pour des compétitions d’athlétisme, basket,<br />

cheerleading (spectacles de 15 minutes mêlant danses<br />

et figures acrobatiques), football, handball, rugby, tennis,<br />

volley mais aussi pour la première fois cette année eSport.<br />

Et autour des stades pour supporter leurs équipes avec<br />

forces battements de tambours et encouragements des<br />

cheerleaders. Sans oublier une soirée d’ouverture qui<br />

a permis à chacune des sept équipes (une par campus)<br />

de montrer chacune un spectacle sous les yeux du<br />

parrain de l’édition, le champion du monde et olympique<br />

Olivier Girault, et de la directrice générale de Neoma et<br />

présidente du Concours Ecricome, Delphine Manceau.<br />

Retrouvez toute la récap des quatre jours du challenge<br />

sur la chaîne YouTube du Challenge Ecricome.<br />

Spectacle sur les gradins autant que dans la salle et en dehors du Kindarena de Rouen<br />

pour la soirée d’ouverture du vendredi soir (Photos Challenge Ecricome)<br />

Trois jours de sport de très bon niveau (Photos Challenge Ecricome)<br />

Des coupes et de l’ambiance (Photos Challenge Ecricome)<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Réussir ses oraux<br />

À Audencia, les oraux pour intégrer l’école sont au nombre de trois : un entretien<br />

de personnalité et de motivation ainsi que deux épreuves de langues.<br />

Une formule qui permet de déceler chez les candidats leurs capacités à évoluer<br />

à l’international, leur curiosité et leur authenticité.<br />

L’échéance approche. Les oraux donnant accès<br />

à l’école de commerce nantaise Audencia auront<br />

en effet lieu entre le 10 et le 28 juin. Une étape<br />

souvent redoutée par les admissibles. Et pourtant...<br />

« C’est avant tout un dialogue, une rencontre,<br />

certainement pas un interrogatoire », affirme Frédéric<br />

Bretécher, responsable du développement académique.<br />

Concrètement, comment ça se passe ? Lors d’une<br />

journée d’immersion au sein de l’école, animée par une<br />

soixantaine d’étudiants, les candidats passent les trois<br />

épreuves (deux le matin et une l’après-midi par exemple) :<br />

deux oraux de langue et un entretien de personnalité et<br />

de motivation. C’est celui-ci qui comprend le coefficient<br />

le plus important : 13 contre 4 pour la LV1 (anglais) et<br />

3 pour la LV2 (langue au choix). De fait, c’est ce qui va<br />

en grande partie déterminer s’il y a compatibilité entre<br />

l’école et le candidat. Et les places sont chères. À titre<br />

d’exemple, en 2023, sur les 3 502 admissibles issus<br />

de prépas EC, 510 ont été admis. Un ratio de 400 pour<br />

60 chez les littéraires. Pour faire partie des heureux<br />

élus, pas de secret : il faut se préparer.<br />

De l’importance de la culture générale<br />

À Audencia, on accorde beaucoup d’importance à la<br />

culture générale. Celle-ci est notamment très présente<br />

dans l’offre de formation à travers la possibilité donnée<br />

aux étudiants de choisir de nombreux cours ayant trait<br />

aux humanités. « Nous cherchons à développer chez<br />

nos étudiants des compétences telles que l’ouverture<br />

d’esprit ou la pensée critique. Des compétences recherchées<br />

par les entreprises. Avec un oral axé sur la<br />

culture générale, nous faisons le lien avec la spécificité<br />

de l’école », explique Alexandre Pourchet, directeur du<br />

Programme grande école.<br />

rapidement et de ne pas changer d’avis en cours de<br />

route -, les admissibles ont trente minutes pour préparer<br />

leur exposé. Ils auront ensuite cinq minutes (et pas<br />

une de plus) pour le présenter devant deux membres<br />

du jury, composé d’un professeur d’Audencia et d’un<br />

professionnel, éventuellement ancien élève de l’école.<br />

S’en suivront 25 minutes d’échanges sur le sujet de<br />

culture générale puis sur le parcours du candidat et<br />

sa motivation. « En trente minutes de préparation, le<br />

candidat doit problématiser son sujet, construire un<br />

discours argumenté et cohérent et s’appuyer sur des<br />

références donnant du poids à ses propos. C’est pour<br />

lui l’occasion de se référer à l’actualité, aux enjeux de<br />

l’époque, mais aussi à des pensées philosophiques, à<br />

des auteurs, à son expérience, etc. », relate Alexandre<br />

Pourchet. Il ajoute : « Ce que nous cherchons à déceler,<br />

c’est une richesse intellectuelle, une curiosité mais aussi<br />

une capacité à convaincre et à communiquer. C’est ce<br />

que ces futurs managers auront à faire dans leur vie<br />

professionnelle ». Plusieurs écueils sont possibles et<br />

régulièrement relevés par les membres du jury : une<br />

entrée mal maîtrisée (les trente premières secondes<br />

comptent beaucoup dans l’image que l’on renvoie), pas<br />

assez de contact visuel, une tendance à jargonner, à<br />

vouloir trop en dire, à faire une dissertation...<br />

Frédéric Bretécher<br />

Alexandre Pourchet<br />

Au tout début de l’entretien de personnalité et de<br />

motivation, le candidat pioche au hasard deux sujets.<br />

Le premier est libellé sous la forme d’un mot – l’argent,<br />

l’ambition, la confiance, etc. -, le second sous celle<br />

d’une citation, telle que « le but n’est pas le but, c’est<br />

la voie » (Lao Tseu). Après avoir fait leur choix entre<br />

les deux propositions – il est conseillé de se décider<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Chaque année, les mots et les citations, au nombre de<br />

700 environ dans la base de données, sont revus par<br />

l’équipe pédagogique, certains sont éliminés au profit<br />

d’autres en fonction de l’actualité par exemple, mais<br />

pas seulement. « Ces dernières années, nous avons<br />

augmenté le nombre de citations de femmes afin d’arriver<br />

à un équilibre. Celles-ci ne sont pas toutes d’ordre<br />

philosophique. Nous cherchons avant tout à susciter<br />

une réflexion et à voir comment le candidat ancre celleci<br />

dans une réalité », précise Frédéric Bretécher. Les<br />

sujets des années passées sont disponibles en ligne.<br />

Il est recommandé de s’en inspirer pour se préparer<br />

au mieux à l’exercice. « Nous sommes à un moment<br />

charnière de la vie de l’étudiant issu de prépas, entre<br />

deux années académiques et l’entrée à l’école où les<br />

enseignements sont bien plus pratiques. Cette bascule<br />

s’incarne dans nos oraux car nous recherchons aussi<br />

bien un cerveau qu’un cœur, une personnalité, des<br />

projets, des envies... », déclare Frédéric Bretécher.<br />

pour 15 points sur la note finale, contre 5 pour l’exposé.<br />

Attention à bien se renseigner en amont sur les parcours<br />

pédagogiques proposés par Audencia... Ce sera<br />

pour le jury un des éléments-clés. « Ce qui m’importe<br />

quand je suis face à un candidat, c’est de découvrir<br />

sa personnalité. Il ne doit pas subir l’entretien et nous<br />

servir un discours tout fait, appris par cœur. On attend<br />

de lui qu’il s’engage, qu’il se projette, qu’il démontre<br />

son envie de nous rejoindre et qu’ainsi il nous donne<br />

envie », expose Frédéric Bretécher. Dans une vidéo que<br />

tout un chacun peut visionner sur le site d’Audencia,<br />

Gilles Certhoux, professeur d’entrepreneuriat et jury<br />

d’admission, résume ainsi ses attentes : « de l’authenticité,<br />

de la cohérence et de la rigueur. Par exemple :<br />

ne pas faire de déclaratif sans preuve. Si le candidat<br />

s’intéresse au marketing et au secteur de l’automobile,<br />

il doit être en mesure d’étayer ses propos et d’expliquer<br />

quelle voiture symbolise à ses yeux une réussite sur<br />

le plan marketing ».<br />

Donner envie<br />

Après l’exposé, le candidat sera invité à décrire ses<br />

valeurs, son projet professionnel et le type de scolarité<br />

qu’il souhaite suivre à Audencia. « C’est là où<br />

nous déterminons si nous avons la capacité de bien<br />

l’accompagner, s’il trouvera sa place au sein d’une<br />

école qui met l’accent sur les transitions sociales et<br />

écologiques, s’il a l’ouverture et l’intégrité intellectuelle<br />

que nous recherchons chez nos étudiants », explique<br />

Alexandre Pourchet. À noter que cette partie-là de<br />

l’entretien n’est pas à négliger, loin s’en faut : elle compte<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Les oraux de langue<br />

Concernant les langues, si l’anglais est obligatoire, la<br />

seconde langue est au choix : allemand, espagnol, italien,<br />

langues rares, mais aussi latin ou grec. Dans tous les<br />

cas, le candidat doit d’abord lire un article de journal (ou<br />

un texte ancien) portant généralement sur des thèmes<br />

économiques ou politiques, et là encore préparer un<br />

exposé (durant vingt minutes) puis le présenter dans<br />

la langue de l’épreuve au professeur. « Il ne s’agit pas<br />

ici de paraphraser l’article mais de montrer qu’on en<br />

a compris le sens, les idées générales, que l’on a son<br />

propre point de vue sur le sujet, le tout en s’exprimant<br />

de façon fluide, avec un bon niveau de vocabulaire et<br />

de grammaire », détaille Alexandre Pourchet.<br />

Ces oraux de langue sont également l’occasion pour<br />

le candidat d’échanger avec l’examinateur sur son<br />

parcours et sur son appétence pour l’international.<br />

Cet entretien déterminera en partie son admission, si<br />

tel est son souhait, au sein du parcours pédagogique<br />

d’Audencia dispensé à 100 % en anglais.<br />

Si, depuis plus de dix ans, ces oraux ont fait preuve<br />

de pertinence et d’efficacité quant à la sélection des<br />

candidats, l’équipe pédagogique réfléchit à les faire<br />

évoluer à l’horizon 2025. « Tout en gardant la culture<br />

générale comme axe principal, nous envisageons de<br />

moderniser l’exercice en proposant par exemple un<br />

entretien collectif », confie Alexandre Pourchet. Le<br />

travail de réflexion est en cours. En attendant, les<br />

admissibles aux oraux <strong>2024</strong> devront patienter jusqu’au<br />

4 juillet pour prendre connaissance de leurs résultats.<br />

Anne Dhoquois<br />

Journée d’immersion<br />

On l’a dit, ces oraux se déroulent dans le cadre d’une<br />

Journée d’immersion, animée par des étudiants d’Audencia,<br />

en charge d’organiser la venue des admissibles et<br />

leur séjour (transport, hébergement, repas, etc.) mais<br />

aussi le bon déroulé de leurs oraux. Ils sont également<br />

présents pour répondre à leurs questions, les informer<br />

sur la vie à Audencia, les associations de l’école, etc.<br />

Ladite journée est thématique. L’an dernier, c’est le Far<br />

West qui était à l’honneur. En <strong>2024</strong>, ce sera Hollywood.<br />

« Cette journée, telle que nous l’avons imaginée, est une<br />

autre des spécificités d’Audencia. Les thèmes choisis<br />

ne sont pas anodins. Le Far West faisait référence<br />

à notre positionnement géographique (Nantes) mais<br />

aussi à notre ancrage international. Hollywood, c’est<br />

la Californie, l’un des territoires le plus engagés dans<br />

la transition écologique. <strong>Mai</strong>s c’est aussi le cinéma, la<br />

marque de notre engagement en faveur de la culture »,<br />

explicite Alexandre Pourchet.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

ENQUÊTE<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

PRÉPARER<br />

AUX ORAUX<br />

Un casse-tête pour<br />

les professeurs<br />

alors que les<br />

modalités se<br />

multiplient<br />

Concours des écoles<br />

de management : les oraux<br />

jouent la diversité<br />

La phase ultime<br />

de sélection des<br />

étudiants de<br />

classe prépa à<br />

l’entrée des écoles<br />

de management<br />

prend des formes<br />

très variées. Et<br />

cette année deux<br />

écoles changent<br />

leur méthode de<br />

recrutement.<br />

Les oraux, c’est la dernière étape<br />

mais aussi celle qui est souvent la<br />

plus redoutée des candidats à l’entrée<br />

dans une école de management, même<br />

s’ils abordent de manière stratégique<br />

cette épreuve décisive, programmant<br />

leur fameux « tour de France », dont<br />

les premières destinations font office<br />

de « tour de chauffe ». Si la finalité<br />

de ces oraux est de distinguer les<br />

meilleurs profils, leurs modalités,<br />

elles, diffèrent d’un établissement à<br />

l’autre. Pour ces derniers, c’est un<br />

moyen de se distinguer en offrant une<br />

« expérience candidat » singulière, de<br />

se donner tous les moyens d’évaluer<br />

le potentiel de ceux qui les passent.<br />

Presque immanquablement, figure<br />

au programme un entretien, qu’il<br />

soit qualifié « de sélection », « de<br />

motivation » ou « de personnalité ».<br />

Le fameux « triptyque » d’HEC<br />

HEC fait exception à la règle, préférant<br />

confronter les étudiants admissibles<br />

au « triptyque », un exercice qui<br />

conduit chaque candidat à se<br />

fondre tour à tour dans trois rôles<br />

différents : celui du « convaincant »<br />

qui doit préparer et exposer un<br />

argumentaire sur un sujet donné, le<br />

« répondant » qui doit rebondir à la<br />

suite de cette présentation et, enfin,<br />

l’ »observateur », chargé d’analyser<br />

l’échange et les contributions<br />

respectives des candidats observés.<br />

<strong>Mai</strong>s retour à celles qui proposent<br />

un entretien en bonne et due<br />

forme. A l’Essec, par exemple, il<br />

dure quarante-cinq minutes et<br />

vient compléter les résultats d’une<br />

journée de tests psychotechniques<br />

destinés à évaluer l’aptitude au<br />

management. Sa vocation ? Évaluer<br />

les capacités de communication,<br />

l’ouverture et la curiosité, le<br />

leadership et l’engagement, mais<br />

aussi la connaissance de soi et la<br />

motivation. Une discussion libre entre<br />

les candidats et les trois membres du<br />

jury qui a été enrichie d’une partie plus<br />

structurée.<br />

Eviter les discours formatés<br />

En guise d’entrée en matière, des<br />

écoles proposent en préambule<br />

à l’entretien individuel un petit<br />

exercice de réflexion autour d’une<br />

citation ou d’un mot, comme c’est<br />

le cas à Audencia. La finalité n’est<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

L’arrivée des candidats aux oraux de l’EM Strasbourg<br />

pas de mesurer le « stock » de<br />

connaissances mais plutôt la capacité<br />

à problématiser, à structurer sa<br />

pensée et son argumentation. Même<br />

si s’appuyer sur des exemples<br />

historiques, littéraires, philosophiques<br />

ou géopolitiques ne nuit pas.<br />

A La Rochelle Business School,<br />

l’entretien s’articule autour de deux<br />

exercices spécifiques. Le premier ?<br />

Le « Futurum Vitae », donnant<br />

l’occasion aux étudiants de se projeter<br />

dans le futur, en choisissant parmi<br />

toutes les possibilités de parcours<br />

et d’options proposées par l’école,<br />

qu’il s’agisse des enseignements, des<br />

langues, des séjours à l’étranger ou<br />

des associations étudiantes. Une<br />

expérience prospective qui va jusqu’au<br />

premier emploi, et qui constitue un<br />

prétexte pour apprécier de manière<br />

différente les capacités d’analyse et<br />

d’argumentation, le savoir-être ou<br />

encore la curiosité. Impossible de<br />

réciter un discours appris à l’avance.<br />

Autre exercice couramment mis en<br />

place, le commentaire préparé d’un<br />

article de presse, en guise d’ouverture<br />

à l’entretien. A Toulouse Business<br />

School, les admissibles reçoivent à<br />

l’avance un lien vers trente articles<br />

qu’ils pourront choisir et préparer<br />

deux ou trois semaines à l’avance. Par<br />

ailleurs, les thèmes des articles, qui se<br />

limitaient jusqu’ici à l’actualité sociale,<br />

économique ou géopolitique, seront<br />

désormais diversifiés.<br />

A Grenoble Ecole de Management,<br />

outre la présentation d’un sujet<br />

sur des thématiques géopolitiques<br />

ou économiques et un échange<br />

avec le jury, les admissibles sont<br />

invités à interviewer l’un de leurs<br />

interlocuteurs, représentant de l’école<br />

ou chef d’entreprise.<br />

Une préparation qui débute dès<br />

la première année<br />

Cette diversité des méthodes n’a<br />

pas de quoi déstabiliser étudiants et<br />

enseignants des classes préparatoires.<br />

D’abord parce l’information sur ces<br />

exercices ne manque pas, les écoles<br />

envoyant des émissaires dans les<br />

classes préparatoires pour présenter<br />

leurs oraux, organisant en leur sein<br />

des journées d’entraînement et<br />

invitant les enseignants à faire partie<br />

des jurys. Sans compter les annales<br />

ou les « applis ». De leur côté, les<br />

professeurs sont à l’affût des moindres<br />

changements dans les modalités des<br />

entretiens. Et commencent dès le<br />

début de la première année à distiller<br />

conseils et préparation.<br />

EM Strasbourg<br />

L’ICN invente les oraux « Lego »<br />

Les élèves de classes préparatoires sont<br />

nombreux à le demander : les oraux<br />

doivent illustrer les particularismes de<br />

l’école. Après Kedge c’est au tour de<br />

l’ICN de transformer les oraux des candidats<br />

de classes préparatoires en <strong>2024</strong> dans<br />

cet esprit. Après le fameux jeu de carte<br />

qui proposait aux candidats de raconter<br />

une histoire, c’est une méthode déjà<br />

éprouvée dans beaucoup d’entreprises en<br />

séminaires dans le monde qui prend le relais.<br />

« Nous allons évaluer la créativité<br />

de nos candidats en les faisant d’abord<br />

réfléchir à base d’une épreuve de Lego<br />

Serious Play de 10 minutes pour définir<br />

par exemple ce qu’est un manager. Les<br />

30 minutes suivantes seront plus classiques<br />

tout en s’appuyant sur l’épreuve<br />

Lego » explique Kamel Mnisri, professeur<br />

à l’ICN qui a été formé à la méthode.<br />

Une dynamique inspirée du recrutement<br />

dans l’entreprise danoise comme<br />

l’explique son directeur pour la France,<br />

Sylvain Munnier, également ancien de<br />

l’ICN : « Quand j’ai postulé chez Lego<br />

et que je suis allé passer les entretiens<br />

j’avais très bien préparé les questions sur<br />

l’entreprise. <strong>Mai</strong>s ce qu’on m’a demandé<br />

c’est d’illustrer ce que je ferai chez<br />

Lego en deux minutes avec les briques ».<br />

Il s’agit de focaliser son esprit pour engager<br />

une conversation avec des briques qui<br />

offrent des possibilités quasi-illimitées !<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENQUÊTE MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Kedge présente son « révélateur »<br />

KEDGE Business School a modifié son<br />

processus d’admission pour les concours<br />

<strong>2024</strong> de son Programme Grande École en<br />

créant «Le Révélateur» autour d’un jeu de<br />

cartes. Le nouvel entretien, d’une durée<br />

totale de 30 minutes, doit permettre aux<br />

candidats de se « révéler pleinement ».<br />

Il s’articule autour du tirage au sort de<br />

cinq cartes, chacune visant un thème<br />

spécifique :<br />

1. Carte Trait d’Union (un des 17 Objectifs<br />

de Développement Durable<br />

- ODD) : Cette carte servira de fil<br />

conducteur pour l’ensemble de l’entretien,<br />

encourageant le candidat à faire<br />

des liens pertinents avec le développement<br />

durable.<br />

2. Carte Autoportrait : Elle permettra<br />

au candidat de présenter son parcours<br />

de manière originale et synthétique, à<br />

travers un mot tiré au sort.<br />

3. Carte Trait d’Actions : Cette carte invite<br />

le candidat à parler d’actions originales<br />

liées à sa compréhension des<br />

ODD, démontrant ainsi sa créativité et<br />

son esprit entrepreneurial.<br />

4. Carte Trait de Pensée : Le candidat<br />

devra argumenter pour ou contre une<br />

affirmation donnée, illustrant ainsi son<br />

esprit d’analyse.<br />

5. Carte Trait d’Esprit : Elle présente<br />

un paradoxe, mettant à l’épreuve la<br />

réactivité, l’adaptabilité et la vivacité<br />

d’esprit du candidat.<br />

L’entretien, d’une durée de 30 minutes,<br />

se déroule en plusieurs phases<br />

distinctes :<br />

1. Installation du Candidat (1 minute) :<br />

Préparation et installation du candidat<br />

pour l’entretien.<br />

2. Présentation du Jury (2 minutes) :<br />

Introduction des membres du jury,<br />

offrant un contexte et un cadre pour<br />

l’entretien.<br />

3. Tirage des Cartes (1 minute) : Le<br />

candidat tire cinq cartes, dont celle de<br />

l’ODD (Objectif de Développement<br />

Durable) qui guidera l’entretien.<br />

4. Présentation avec la Carte Autoportrait<br />

(3 minutes) : Le candidat utilise<br />

cette carte pour se présenter de manière<br />

originale, s’appuyant sur un mot<br />

tiré au sort.<br />

5. Traitement des Autres Cartes (20<br />

minutes) : Exploration approfondie des<br />

cartes restantes, permettant au candidat<br />

de démontrer ses compétences et<br />

sa personnalité.<br />

6. Conclusion (3 minutes) : Moment<br />

pour le candidat de poser des questions<br />

au jury ou d’aborder des sujets<br />

non évoqués précédemment.<br />

Les candidats seront évalués sur cinq<br />

critères principaux :<br />

Originalité des Propos : Aptitude à présenter<br />

des idées novatrices.<br />

Qualité Oratoire : Compétences en communication<br />

et en expression.<br />

Esprit d’Analyse : Capacité à raisonner<br />

et à analyser les situations.<br />

Esprit Concret : Aptitude à appliquer<br />

des idées dans des contextes pratiques.<br />

Capacité à Faire du Lien avec la<br />

Culture ODD : Compétence à relier ses<br />

idées et réflexions aux Objectifs de Développement<br />

Durable.<br />

Cette nouvelle méthode d’entretien vise<br />

à évaluer de manière plus approfondie le<br />

potentiel des candidats à s’intégrer et à se<br />

développer au sein du Programme Grande<br />

École, en adéquation avec les valeurs et<br />

les engagements de KEDGE en matière<br />

de développement durable.<br />

Avec «Le Révélateur», KEDGE Business<br />

School se distingue une fois de<br />

plus en proposant une approche d’entretien<br />

unique qui permet non seulement<br />

de mieux cerner les candidats, mais aussi<br />

de les préparer à relever les défis d’un<br />

monde en constante évolution. C’est une<br />

étape de plus vers une éducation qui valorise<br />

l’innovation, l’adaptivité et la responsabilité<br />

sociale.<br />

Jean-Marc Engelhard<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

FOUZIYA<br />

BOUZERDA<br />

Directrice générale<br />

de Grenoble Ecole<br />

de Management<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Les quatre vies<br />

de Fouziya Bouzerda<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Directrice<br />

générale de<br />

Grenoble EM depuis<br />

bientôt deux ans,<br />

Fouziya Bouzerda a<br />

eu avant toute une<br />

vie loin des écoles<br />

de management.<br />

Avocate, adjointe<br />

au maire de Lyon,<br />

présidente de<br />

l’organisme en<br />

charge transports<br />

lyonnais, les quatre<br />

vies d’une directrice<br />

pas comme les<br />

autres.<br />

« Quels moments ont plus<br />

particulièrement marqué ma vie ? Il<br />

y en a au moins trois ! Tout d’abord,<br />

dès mon plus jeune âge, la volonté de<br />

devenir avocate. ». Issue d’un milieu<br />

modeste d’origine algérienne, Fouziya<br />

Bouzerda comprend très jeune qu’il<br />

lui faut être une excellente élève pour<br />

« être respectée, s’épanouir, gagner<br />

sa liberté » : « J’avais l’impression<br />

que mes parents étaient moins bien<br />

traités que d’autres. Devenir avocate<br />

offrait ainsi une excellente opportunité<br />

de me défendre et de défendre les<br />

autres, tout en luttant contre l’injustice<br />

sociale que j’ai connue et en soutenant<br />

l’émancipation des autres face au<br />

déterminisme social ».<br />

Sa formation d’avocate<br />

Élevée dans un quartier populaire<br />

de Lyon, Gerland, dans une cité<br />

que les habitants surnomment le<br />

« ghetto », elle ne regrette pourtant<br />

rien de son enfance - « Il régnait<br />

une solidarité très forte entre les<br />

habitants » - et s’appuie sur son<br />

niveau scolaire - « Quand vous êtes<br />

une excellente élève les professeurs<br />

vous accompagnent » - pour ne<br />

plus subir l’injustice sociale. Suivent<br />

donc des années de formation qui la<br />

conduisent à l’université Lyon 3 où elle<br />

obtient deux DEA (diplôme d›études<br />

approfondies) en droit privé et en<br />

sciences criminelles : « J’avais choisi<br />

des DEA d’excellence qui comportaient<br />

plus de professeurs que d’étudiants.<br />

J’y ai bénéficié de la très bonne qualité<br />

des enseignants qui m’ont toujours<br />

soutenue alors qu’entrait en vigueur<br />

le nouveau code pénal ». <strong>Mai</strong>s Lyon<br />

3 est aussi une université marquée à<br />

l’extrême droite à l’époque et, comme<br />

s’en souvient Fouziya Bouzerda,<br />

« Des tags GUD étaient très présents<br />

alors que l’université était étiquetée<br />

révisionniste ».<br />

Parallèlement, en tant qu’étudiante<br />

celle-ci doit travailler pour financer<br />

son cursus : « J’ai fait de la vente à<br />

mi-temps et quand j’allais au bal de<br />

la faculté de droit c’était pour tenir<br />

le vestiaire, pas pour danser ! Ce<br />

sont des expériences qui forgent<br />

le caractère ! ». Elle se révèle alors<br />

également écrivain public dans son<br />

quartier : « J’ai toujours eu cette<br />

capacité à m’investir beaucoup avec<br />

la volonté d’aider les autres, une<br />

personnalité certainement influencée<br />

par mon rôle de sœur aînée de la<br />

famille ».<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Grenoble EM<br />

Avocate au barreau de Lyon<br />

Nous sommes en 1997. Une fois<br />

diplômée, Fouziya Bouzerda passe<br />

l’examen du barreau et devient<br />

tout naturellement avocate à Lyon :<br />

« Je me souviens avoir entendu<br />

« Bouzerda ? Cela risque de faire<br />

fuir le client » ». Suivent quatre ans<br />

de pratique au sein d’un cabinet au<br />

bout desquels elle tombe enceinte :<br />

« Alors que j’approchais des neuf<br />

mois de grossesse, mon patron m’a<br />

annoncé qu’il me licenciait parce que<br />

j’étais enceinte ! Aujourd’hui ce serait<br />

pénalement répréhensible ! C’est à ce<br />

moment-là que je prends ma deuxième<br />

grande décision : je ne travaillerai plus<br />

jamais pour un patron ! »<br />

Toute jeune mère – elle le sera de<br />

nouveau en 2006 -, Fouziya Bouzerda<br />

crée donc en 2002 son propre<br />

cabinet d’avocats spécialisé dans<br />

le droit immobilier et le droit public<br />

des affaires. L’urbanisme est en effet<br />

une spécialité qui l’a particulièrement<br />

intéressée, surtout après avoir rédigé<br />

l’un de ses deux mémoires de DEA<br />

sur le « Droit pénal de l’urbanisme »<br />

et effectué un stage à la chambre de<br />

l’urbanisme du tribunal administratif de<br />

Lyon pendant sa formation d’avocat :<br />

« Avec le soutien d’un magistrat, je me<br />

suis plongée dans le sujet et ai rédigé<br />

des jugements sur ce secteur à la fois<br />

très technique et très prometteur ».<br />

Un sujet qu’elle enseignera d’ailleurs<br />

longtemps à l’université Lyon 3, mais<br />

qu’elle abandonnera à son entrée en<br />

politique faute de pouvoir concilier<br />

ses mandats avec ses obligations<br />

d’enseignante.<br />

Elle y fait une entrée remarquée<br />

en traitant rapidement un dossier<br />

de grande ampleur : « L’un de mes<br />

associés décède en montagne, je<br />

suis alors appelée à plaider dans une<br />

affaire d’effondrement d’un barrage<br />

à Béziers. Et alors que j’hésite à<br />

me lancer, un second associé me<br />

dit « Fouziya fais toi confiance » ».<br />

Un conseil qu’elle suivra, avant de<br />

travailler intensément pour « asseoir<br />

sa légitimité » et remporter une<br />

affaire de plus de 30 millions d’euros.<br />

Ainsi, pendant près de vingt ans, elle<br />

parcourt la France pour plaider dans<br />

diverses régions.<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

L’entrée en politique<br />

Parallèlement à ses activités<br />

d’avocate, Fouziya Bouzerda<br />

consacre une partie de son temps<br />

à des activités associatives et<br />

fonde « Rhône-Alpes Diversité » et<br />

« Femmes au cœur de l’économie » :<br />

« En raison de mon parcours, j’avais<br />

un rôle model qui n’était pas facile<br />

à incarner, mais je tenais à soutenir<br />

l’émancipation dans une démarche<br />

collective ». Dans le cadre de son<br />

parcours ascendant, elle crée<br />

l’évènement « Diversité en action » qui<br />

réunit des femmes et des entreprises<br />

au Centre des congrès de Lyon avec<br />

le soutien du journal « Le Progrès » :<br />

« Harry Roselmack, David Pujadas,<br />

Gilles Bouleau ou encore Nikos Aliagas<br />

sont venus nous accompagner<br />

bénévolement ».<br />

C’est également à cette période<br />

qu’a lieu une rencontre qui sera<br />

déterminante : « Dans le cadre de<br />

l’association, j’interpelle les élus<br />

lyonnais, dont le maire, Gérard<br />

Collomb et face à leurs réponses<br />

insatisfaisantes, je décide de me<br />

présenter aux élections municipales ».<br />

Nous sommes en 2008. Fouziya<br />

Bouzerda « découvre ce qu’est<br />

l’engagement : entre confrontation<br />

et capacité à convaincre ». Très<br />

soutenue par son mari et entourée pas<br />

sa famille pour toutes les questions<br />

logistiques, elle est élue sur une liste<br />

centriste qui s’oppose alors à Gérard<br />

Collomb : « Cet engagement politique<br />

n’était pas dans mon projet, mais cela<br />

me correspondait très bien avec un<br />

mélange d’engagement, de conviction,<br />

de charisme et de résilience ».<br />

Aux côtés de Gérard Collomb<br />

D’abord opposante, Fouziya Bouzerda<br />

se rallie à Gérard Collomb pour les<br />

municipales de 2014 : J’envisageais<br />

de ne pas me représenter car je<br />

ne me sentais plus en phase avec<br />

mon groupe politique. Cependant,<br />

je refusais de compromettre mes<br />

convictions politiques. C’est à ce<br />

moment-là que Gérard Collomb<br />

m’a approchée. Il m’a dit que si je<br />

décidais d’arrêter, « je manquerais<br />

à la politique », et m’a garantie une<br />

indépendance politique tout en<br />

m’offrant le choix le choix de ma<br />

délégation : « Si vous nous rejoignez,<br />

vous aurez la liberté d’occuper le<br />

poste que vous souhaitez dans mon<br />

exécutif. - D’accord, mais sachez que<br />

ce n’est pas parce que je suis une<br />

femme que je vais nécessairement<br />

m’intéresser à la petite enfance ! ».<br />

Fouziya Bouzerda reçoit Bruno Bonnel, secrétaire général<br />

pour l’investissement, dans les locaux de Grenoble EM<br />

Elle devient alors adjointe à la vie<br />

économique et au commerce à la Ville<br />

de Lyon ainsi qu’au sein de la toute<br />

nouvelle métropole de Lyon. Par la<br />

suite, avec l›élection du Président de<br />

la République Emmanuel Macron en<br />

2017 – « Je le rencontre et me retrouve<br />

dans ses valeurs » - et la nomination<br />

de Gérard Collomb au ministère de<br />

l’Intérieur, de nouvelles perspectives<br />

s’ouvrent.<br />

Fouziya Bouzerda devient alors<br />

vice-présidente de la métropole en<br />

charge de l’économie et de l’insertion<br />

de la métropole de Lyon puis, en 2017,<br />

prend la présidence du SYTRAL,<br />

l’autorité organisatrice des mobilités<br />

des territoires lyonnais.<br />

Grenoble EM<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Grenoble EM est en pointe sur les learning games<br />

Grenoble EM<br />

La présidence du SYTRAL<br />

Le SYTRAL est une institution majeure<br />

en Rhône Alpes. Avec l’opérateur<br />

Keolis il dessert 263 communes<br />

sur un territoire de plus 1,8 million<br />

d’habitants pour un budget annuel<br />

qui dépasse le milliard d’euros.<br />

C’est dire si l’arrivée d’une femme,<br />

non ingénieure, à sa présidence<br />

exécutive est une gageure. Un défi<br />

qui incitera Fouziya à s’immerger<br />

dans tous les dossiers pour les<br />

maîtriser parfaitement ! « Pendant des<br />

semaines, ma table de chevet était<br />

constituée de piles de documents de<br />

bureaux d’études et de contrats de<br />

délégation de service public - quatre<br />

piles de 1m50 chacune - que je lisais<br />

pour comprendre comment s’articulait<br />

un réseau de transports au regard de<br />

nouveaux enjeux ». Dans un article qui<br />

lui est consacré, Le Monde explique<br />

qu’elle « s’y est investie au point<br />

de surprendre les ingénieurs, qui<br />

s’étonnent de sa maîtrise des dossiers<br />

techniques ».<br />

Pendant trois ans, elle se consacrera<br />

principalement à un dossier<br />

crucial pour le territoire, tant pour<br />

les déplacements que pour la<br />

décarbonation : « C’est une chance<br />

extraordinaire d’être libre de ses<br />

choix en étant doté de moyens<br />

considérables. Nous avons ainsi<br />

expérimenté de nouveaux matériels<br />

électriques, pour renouveler les 1 000<br />

bus, lancé la 1 re navette autonome<br />

mondiale… ».<br />

Durant son mandat, elle va affronter<br />

certaines tensions et manifestations,<br />

dont une occupation de forains qui<br />

bloquaient la ville : « Je suis allé les<br />

rencontrer en leur présentant des<br />

solutions tout en refusant de les<br />

laisser installer de force une grande<br />

roue. Fermeté et perspectives à<br />

construire ensemble me semblent<br />

complémentaires. Dans la mesure<br />

du possible, j’essaie toujours de dire<br />

« oui » lorsque c’est possible plutôt<br />

que les traditionnelles réponses<br />

négatives de confort. C’est lorsque<br />

la contradiction et la sincérité<br />

sont présentes que nous pouvons<br />

vraiment faire la différence et susciter<br />

l’adhésion ! ». Plus difficile, elle va<br />

devoir gérer toute la période du Covid<br />

en 2020 : « Nous devions assurer la<br />

continuité du service public, d’une<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Avec ses salles « hyflex » Grenoble EM a été en pointe<br />

dans l’enseignement à distance pendant les années Covid<br />

Grenoble EM<br />

part, et la protection des chauffeurs<br />

et des usagers, d’autre part. Lorsque<br />

je sillonnais la métropole de Lyon<br />

complètement désertée de ses<br />

habitants confinés pour visiter les<br />

dépôts de bus, j’avais l’impression<br />

de me retrouver dans le film « I’m a<br />

legend » ».<br />

La succession de Gérard<br />

Collomb<br />

En 2019, alors qu’approchent les<br />

élections municipales de 2020 la<br />

question de la succession de Gérard<br />

Collomb se pose, Ce dernier choisira<br />

un candidat comme tête de liste<br />

qui échoue à gagner la ville. « Cela<br />

n’en reste pas moins un homme<br />

visionnaire, qui a su se concentrer<br />

pendant 20 ans sur le développement<br />

de sa ville en reconnaissant et<br />

en valorisant l’engagement et les<br />

compétences », se remémore-t-elle<br />

en soulignant la « relation faite de<br />

respect et d’admiration mutuelle »<br />

qu’ils avaient su nouer. De ces<br />

années, elle conserve le souvenir d’un<br />

« Collomb au faîte de sa puissance »<br />

qui est reçu à l’étranger comme un<br />

chef d’état et qui contribue de manière<br />

significative à l’élection de notre<br />

président de la République. Parmi<br />

les multiples anecdotes, le déjeuner<br />

avec le fils de l’empereur du Japon,<br />

couronné quelques mois plus tard et<br />

la participation à un voyage au Japon<br />

pour la cérémonie, ou la déambulation<br />

organisée avec le Prince Charles<br />

et Camillia, aux Halles de Lyon Paul<br />

Bocuse pour découvrir la gastronomie<br />

lyonnaise et la Fête des Lumières<br />

devenu un événement à la portée<br />

mondiale.<br />

Et pour elle, une vie sur un fil entre ses<br />

responsabilités politiques, la gestion<br />

Fouziya Bouzerda<br />

en cinq dates<br />

2 juin 1971 : Naissance dans<br />

le 7 e arrondissement de Lyon<br />

1997 : Prête serment pour<br />

intégrer le barreau de Lyon<br />

2002 : Crée son propre<br />

cabinet d’avocat<br />

2014 : Entrée dans l’équipe<br />

municipale au côté du maire<br />

de Lyon, Gérard Collomb.<br />

1 er septembre 2022 :<br />

Nommée directrice<br />

générale de Grenoble EM<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

du SYTRAL, sa vie privée et toujours<br />

son cabinet d’avocat : « Je changeais<br />

de casquette 25 fois par jour mais je<br />

tenais absolument à rester avocate<br />

pour préserver mon indépendance ».<br />

Une nouvelle vie : Grenoble Ecole<br />

de Management<br />

En 2022, une nouvelle opportunité se<br />

présente à elle. Alors que Grenoble<br />

Ecole de Management (GEM) semble<br />

enlisée dans des difficultés internes<br />

et financières, un cabinet de<br />

recrutement international propose<br />

à Fouziya Bouzerda de prendre la<br />

direction de l’établissement « Ce<br />

cabinet était convaincu que je<br />

pouvais accompagner la transition<br />

de l’école, comme je l’avais fait avec<br />

les transports au SYTRAL que j’ai<br />

transformé en établissement public<br />

local à l’occasion de la loi sur les<br />

mobilités repensées jusqu’en 2040 et<br />

de ma capacité à adresser des univers<br />

différents. Après avoir rencontré<br />

et échangé avec le Président de<br />

l’école, le conseil d’administration et la<br />

chambre de commerce et d’industrie,<br />

j’ai rapidement accepté cette offre.<br />

Les décisions les plus importantes de<br />

ma vie, je les ai prises en une fraction<br />

de seconde comme celle de créer mon<br />

cabinet ou de m’engager en politique.<br />

Il est essentiel de sortir de sa zone de<br />

confort et d’embrasser de nouveaux<br />

défis pour continuer à évoluer, de ne<br />

jamais cesser d’apprendre. Tous les<br />

choix que j’ai faits l’ont été au regard<br />

de mes valeurs avec lesquelles je ne<br />

transige jamais ».<br />

Après le départ de Loïck Roche,<br />

directeur général de GEM, pendant<br />

l’été, suivi de celui de son adjoint,<br />

le regretté Jean-François Fiorina,<br />

Fouziya Bouzerda prend les rênes<br />

de l’école à la rentrée 2022. Une<br />

nomination à la surprise générale,<br />

la plupart des directeurs d’écoles<br />

étant issus du milieu académique,<br />

sans expérience politique. « Je<br />

connaissais déjà l’école et son<br />

écosystème incroyable. GEM est à la<br />

fois un univers totalement différent<br />

de ceux que je connaissais et assez<br />

similaire paradoxalement. J’y ai<br />

reçu un accueil bienveillant avec<br />

beaucoup d’attentes », se souvientelle<br />

un peu moins de deux ans après<br />

son arrivée, heureuse de « boucler<br />

ainsi la boucle pour former des<br />

jeunes qui transformeront le monde<br />

économique ». En deux ans, elle<br />

aura déjà profondément modifié le<br />

portefeuille de programmes et su<br />

« très bien s’entourer avec un COMEX<br />

en ordre de marche et une relation de<br />

confiance avec sa gouvernance ».<br />

Décidément passionnée par ce<br />

nouveau défi, elle décide même<br />

d’abandonner son cabinet d’avocat.<br />

<strong>Mai</strong>s ne retournera-t-elle pour autant<br />

jamais en politique ? Après le décès<br />

de Gérard Collomb, dont elle est la<br />

suppléante, elle a en tout cas fait son<br />

retour au conseil municipal de Lyon<br />

et au conseil métropolitain. Suscitant<br />

bien des commentaires : « Je n’ai pas<br />

démissionné par égard pour Gérard<br />

Collomb et j’ai sans doute sous-estimé<br />

l’attente que cela générerait. <strong>Mai</strong>s<br />

soyons clairs : on ne peut pas être<br />

et avoir été et ma séquence actuelle<br />

reste GEM ! »<br />

Des étudiants de GEM contemplent Grenoble<br />

Grenoble EM<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Comment enseigner<br />

la transition<br />

environnementale<br />

L’enseignement des transitions environnementales<br />

est devenu une priorité dans l’ensemble des écoles<br />

de management. Illustration par les exemples<br />

Excelia BS<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

La publication en 2022 du rapport<br />

du paléoclimatologue Jean<br />

Jouzel Sensibiliser et former<br />

aux enjeux de la Transition<br />

écologique et du Développement<br />

durable dans l’Enseignement<br />

supérieur a marqué une nouvelle étape<br />

dans la stratégie d’enseignement de la<br />

transition écologique dans l’enseignement<br />

supérieur. Deux ans après, la question<br />

est traitée partout mais de plus en plus<br />

dans une démarche « solution » plutôt<br />

qu’« alerte » telle que l’avaient conçu<br />

les créateurs de la Fresque du climat.<br />

« Notre rôle est de donner confiance à<br />

nos étudiants ainsi que les moyens d’agir,<br />

tout en renforçant leurs connaissances<br />

et en nous appuyant sur des savoirs<br />

scientifiques », insiste Delphine Manceau,<br />

la directrice générale de Neoma.<br />

C’est l’ambition de son nouveau dispositif<br />

« NEOMACT », bâti en lien avec les 17<br />

objectifs de développement durables<br />

des Nations Unies. Ce dispositif met les<br />

étudiants dans l’action dès leur entrée à<br />

l’école, avec un parcours qui s’étale tout<br />

au long du cursus. « C’est un parcours<br />

très riche qui va de la détermination de<br />

son propre éco-profil jusqu’à la certification<br />

« 2 TONNES », en passant par le<br />

suivi obligatoire de formations dans ce<br />

que l’on a appelé la NEOMACT Academy.<br />

Nous intégrons aussi des projets citoyens<br />

dans lesquels nos étudiants s’impliquent<br />

au sein d’associations d’intérêt général au<br />

niveau local, national ou international »,<br />

détaille la directrice (lire son entretien<br />

complet plus avant). Comme Neoma la<br />

plupart des écoles de management se<br />

sont mises en ordre de bataille pour proposer<br />

à leurs étudiants un enseignement<br />

de la gestion augmenté de considérations<br />

environnementales.<br />

HEC REPROGRAMME SON<br />

PGE À L’AUNE DES GRANDES<br />

TRANSITIONS<br />

Un nouveau programme Grande école<br />

à HEC c’est un événement ! Plusieurs<br />

années de travail ont permis de recentrer<br />

le PGE sur les questions de transition<br />

environnementale en 2023. « L’ADN de<br />

l’école est d’être orientée « solutions » et<br />

nous avons réfléchi à comment amener<br />

nos étudiants à savoir mieux s’adapter<br />

en se rendant plus sur le terrain dans<br />

les entreprises de notre écosystème »,<br />

résume Eloïc Peyrache, le directeur général<br />

d’HEC en amont de la présentation<br />

de son PGE qui entend s’affirmer comme<br />

une « École de management, de sciences<br />

sociales, et des données ». Un directeur<br />

qui insiste sur les fondamentaux d’une<br />

« école de l’excellence mais aussi de la<br />

L’objectif du<br />

rapport Jouzel<br />

L’objectif du rapport<br />

Jouzel était de « faire en<br />

sorte que chacun dispose<br />

des connaissances et de<br />

compétences à même de<br />

lui permettre d’agir pour<br />

la transition écologique en<br />

tant que citoyen et en tant<br />

que professionnel ». Tout<br />

en « respectant l’autonomie<br />

des établissements et la<br />

liberté académique », le<br />

rapport Jouzel préconisait<br />

que la transition écologique<br />

fasse « partie intégrante des<br />

parcours de formation ».<br />

Le séminaire de rentrée qu’ESCP consacre aux transitions environnementales<br />

ESCP<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Des classements<br />

Excelia est exemplaire en matière d’enseignement<br />

de la responsabilité sociale et environnementale (RSE)<br />

Excelia BS<br />

En 2020 le Times Higher<br />

Education a lancé son<br />

premier Impact Ranking<br />

fondé sur les ODD (objectifs<br />

de développement durables)<br />

de l’ONU. Transition<br />

environnementale,<br />

responsabilité sociétale des<br />

entreprises, contribution à<br />

la paix dans le monde, 17<br />

indicateurs y sont pris en<br />

compte et ont célébré l’action<br />

des universités australiennes<br />

et néo-zélandaises. En<br />

France ce sont Les Echos<br />

qui ont créé le premier<br />

classement dédié aux écoles<br />

les plus engagées dans la<br />

transition écologique.<br />

diversité, de l’entreprenariat avec plus<br />

de 300 entreprises incubées et bien<br />

sûr d’une recherche que nous mettons<br />

à la disposition dans la société dans une<br />

institution « non-profit » ».<br />

Pendant deux ans Yann Algan, le doyen<br />

de la Grande école d’HEC, et Julie Thinès,<br />

sa responsable académique, ont travaillé<br />

à la refonte du curriculum du PGE. « La<br />

maitrise des grands enjeux doit passer<br />

pour nos étudiants par une connaissance<br />

pluridisciplinaire en sciences du<br />

management, en sciences sociales et en<br />

sciences de données. Ainsi ils doivent<br />

pouvoir dépasser le seuil esprit critique<br />

pour apporter des solutions dans un esprit<br />

entrepreneurial », explique Yann Algan.<br />

Une rénovation à laquelle ont participé<br />

les étudiants – on les a vus revendicatifs<br />

ces dernières années – mais qui répond<br />

avant tout à la demande des entreprises.<br />

« Nous voulons aligner les planètes en<br />

répondant à la fois aux demandes de<br />

nos étudiants et à celles d’entreprises<br />

qui sont engagées dans une profonde<br />

mutation industrielle », définit Yann Algan.<br />

Les 400 étudiants qui arrivent chaque<br />

année en première année vont toujours<br />

commencer leur année par un séminaire<br />

de trois jours à Chamonix. « Il s’agit de<br />

les faire travailler ensemble après deux<br />

années assez solitaires en classe préparatoire,<br />

leur faire faire du sport et leur<br />

faire prendre conscience des grands<br />

enjeux climatiques tout en créant un<br />

esprit de promotion », insiste Julie Thinès.<br />

Ce parcours dit « Engagement »<br />

vise à « faire grandir les responsables<br />

du monde de demain en les incitant à<br />

réfléchir à leur engagement au service<br />

de la préservation des écosystèmes et<br />

de la cohésion de la société, au sens de<br />

leur travail et au rôle et à la responsabilité<br />

des organisations ».<br />

DES CAS EN ENTREPRISES<br />

Si un cours sur les enjeux climatiques<br />

démarre toujours en première année, de<br />

nombreux autres aspects sont dorénavant<br />

traités au travers de cas dans les<br />

entreprises. « Nous sortons des seuls<br />

enjeux, sur lesquels il y a consensus et<br />

qui ont déjà été bien traités en classe<br />

préparatoire, pour parler de la transformation<br />

de l’entreprise », résume Julie<br />

Thinès. « Nous avons doublé le nombre<br />

d’heures de cours consacrées aux questions<br />

d’ESG. En comptabilité les cours ne<br />

sont plus seulement là pour donner des<br />

informations financières mais aussi pour<br />

établir comment l’entreprise affecte la<br />

société ou le climat », établit Yann Algan.<br />

Pendant leur première année, les étudiants<br />

suivent également 30 heures<br />

d’un parcours d’engagement dans des<br />

entreprises de l’économie sociale et<br />

solidaire (ESS) pour « créer du vécu et<br />

de l’expérience » et notamment dans<br />

les dimensions ESG (environnement,<br />

social et gouvernance). La mission doit<br />

Le label DD&RS<br />

La labellisation DD&RS<br />

est accordée aujourd’hui à<br />

près de 50 établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

en France pour « valoriser<br />

nationalement et<br />

internationalement au<br />

meilleur rapport bénéfices/<br />

coûts les démarches de<br />

développement durable<br />

et de responsabilité<br />

sociétale des établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

et de recherche ».<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

impérativement impliquer les étudiants<br />

dans des actions concrètes de terrain<br />

telles que des maraudes, des distributions<br />

alimentaires, des opérations de dépollution,<br />

ou encore de l’aide aux devoirs.<br />

Cette expérience a pour objectif de « faire<br />

gagner les étudiants en maturité sur les<br />

fractures et la diversité sociales, et de<br />

leur faire découvrir différentes causes<br />

et formes d’engagement ».<br />

AUDENCIA : L’ÉCOLE GAÏA<br />

RENCONTRE SON PUBLIC<br />

Lancée en septembre 2021 l’école Gaïa<br />

propose un programme de 240 heures<br />

au sein de la première année de master<br />

1 qu’ont déjà suivi 300 étudiants. « Aucune<br />

autre école ne peut en dire autant<br />

et bientôt la totalité des spécialisations<br />

du PGE intégrera des modules Gaïa », se<br />

félicite son directeur, José <strong>Mai</strong>llet, qui<br />

se projette : « Nous allons maintenant<br />

viser des salariés qui travailleront sur la<br />

transformation de leur entreprise tout en<br />

se formant. Un peu comme un cabinet<br />

de conseil qui est également capable<br />

de former ».<br />

D’ici à cinq ans 4 000 personnes devraient<br />

être ainsi formées alors qu’un espace<br />

dédié va être créé pour recevoir l’école<br />

à Nantes. À l’international Gaïa installe<br />

des bureaux à Sao Paulo et signe un<br />

partenariat avec TSIBA en Afrique du Sud.<br />

Enfin Gaïa développe une collection de<br />

cas pédagogiques traitant du marketing<br />

sous l’angle des transitions : la Gaïa Case<br />

Collection. Un site, gaia.audencia.com,<br />

est dédié à l’école.<br />

EXCELIA BS ÉCOLE DE LA RSE<br />

S’il est une école ancrée dans les questions<br />

de développement durable c’est bien<br />

Excelia. L’engagement en responsabilité<br />

sociale et environnementale (RSE) et<br />

développement durable (DD) d’Excelia<br />

a commencé bien avant que les autres<br />

écoles s’en préoccupent, dès 1999 avec<br />

la création de la première formation dédiée.<br />

En 2005 nait la formation Humacité<br />

puis Climacité en 2020. « La RSE et le<br />

développement durable irriguent près<br />

de 80 % des cours délivrés et 40 % de<br />

TASK : un TOEFL du développement durable<br />

Le certificat d’’évaluation des connaissances<br />

en matière de durabilité de Sulitest, le<br />

TASK, fête sa première année avec<br />

un déploiement dans plus de 50 écoles<br />

et universités de 11 pays (en France, au<br />

Canada, aux États-Unis, en Égypte, en Irak,<br />

en Inde, en Afrique du Sud, en Allemagne,<br />

au Royaume-Uni, à Taïwan et aux Pays-<br />

Bas), dont 35 institutions faisant partie<br />

du programme Change Leader. TASK<br />

permet à ces institutions « d’identifier les<br />

disparités de résultats entre les différentes<br />

cohortes d’étudiants et les domaines<br />

d’amélioration, afin de se perfectionner<br />

dans l’enseignement à la durabilité et de<br />

mieux préparer leurs étudiants à devenir<br />

des acteurs du changement ». À ce jour,<br />

12 120 personnes ont passé TASK.<br />

« Notre objectif avec le TASK ? Créer<br />

l’équivalent du TOEFL pour la mondialisation<br />

ou du PIX pour le digital ! », définit Jean-<br />

Christophe Carteron, fondateur du test<br />

avec son associé Aurélien Decamps, qui<br />

s’exclame : « On ne devrait pas diplômer<br />

des étudiants qui n’ont pas conscience<br />

des conséquences de leurs actes ».<br />

Comme le Sulitest le TASK valide des<br />

connaissances basées sur les objectifs<br />

de développement durable (ODD) de l’ONU.<br />

Des ODD qui ne se limitent pas aux seules<br />

transitions écologiques mais ont un spectre<br />

beaucoup plus large en prenant aussi en<br />

compte des problématiques sociétales.<br />

Neoma s’est inscrite dans l’enseignement des transitions<br />

avec son dispositif NEOMACT<br />

« Nous avons une vision systémique<br />

au-delà des seules questions de climat<br />

et d’énergie. On l’a bien vu, se limiter aux<br />

questions environnementales sans prendre<br />

en compte les questions de société cela<br />

débouche sur des crises comme celle des<br />

Gilets jaunes », insistent Jean-Christophe<br />

Carteron et Aurélien Decamps, s’inspirant<br />

de la « Théorie du donut » de l’économiste<br />

anglaise Kate Raworth, qui entend<br />

repenser l’économie pour « parvenir à<br />

répondre aux besoins humains de base<br />

et la préservation de l’environnement ».<br />

Composé de 112 questions à passer en 80<br />

minutes TASK est le fruit d’un long travail<br />

avec les établissements partenaires,<br />

France Université, la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE), l’EFMD organisations<br />

étudiante. « Le Sulitest est un bon outil<br />

de sensibilisation. Le TASK doit devenir<br />

une norme internationale qui se plugge<br />

dans les cursus. Il s’agit de mesurer<br />

le niveau de chaque étudiant pour<br />

déceler l’effet réel qu’ont eu les cours,<br />

stages ou encore activités associatives<br />

dédiés au développement durable »,<br />

détaille Jean-Christophe Carteron.<br />

S’il est destiné à une communauté plus<br />

large – particuliers comme entreprises<br />

- le TASK sera d’abord passé dans<br />

plus de 20 établissements « change<br />

leaders » qui se sont engagés à le faire<br />

passer à 75 % de leurs étudiants.<br />

Neoma BS<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

nos travaux de recherche. Aujourd’hui<br />

nous souhaitons aller plus loin pour avoir<br />

une reconnaissance internationale plus<br />

forte », signifie Tamyn Abdessemed, le<br />

directeur d’Excelia BS, qui a déployé<br />

toute une feuille de route sur la « bonne<br />

diffusion de bonnes pratiques et d’outils<br />

pédagogiques dans l’ensemble des<br />

formations ». Et également une spécialisation<br />

sur les questions de l’eau avec le<br />

développement de sa « Blue Education<br />

Experience » en 2023.<br />

Avec le réchauffement climatique la question<br />

la plus cruciale que devront traiter<br />

les managers dans les années à venir est<br />

celle de l’eau (objectifs de développement<br />

durable 6 et 14 de l’ONU). « 77 % des<br />

entreprises se disent exposées à des<br />

risques importants liés à l’eau selon de<br />

la CDP. La gestion de l’eau va être un défi<br />

majeur pour les particuliers comme les<br />

entreprises », explique Valérie Fernandes,<br />

associate Dean Faculté et développement<br />

académique d’Excelia, qui a demandé à<br />

plus de 1 200 personnes de la communauté<br />

d’Excelia, personnels, étudiants, alumni,<br />

de s’exprimer à ce sujet. Pour près de deux<br />

tiers des répondants l’amélioration de la<br />

gestion de l’eau est le sujet prioritaire.<br />

LA « BLUE EDUCATION<br />

EXPERIENCE »<br />

De ces réflexions est née à la rentrée<br />

2023 la « Blue Education Experience »<br />

(BlueEdX), un parcours académique dont<br />

l’objectif est de « faire explorer la transition<br />

environnementale par le prisme de<br />

l’eau ». « Son fil conducteur passe par un<br />

élargissement du socle de connaissances<br />

de nos étudiants qui seront entrepris par<br />

des actions concrètes - stages, learning<br />

expeditions, missions Humacité et<br />

Climacité – avec une certification « Blue<br />

Education Passport »», résume Tamyn<br />

Abdessemed. 10 % des cours ECTS du<br />

programme Grande école sont ainsi dédiés<br />

à la gestion de l’eau avec de nouveaux<br />

modules de sciences de l’environnement<br />

sur la thématique de l’eau : « Enjeux du<br />

changement climatique le cas de l’eau »<br />

et « Climatologie, eau et environnement ».<br />

HEC a revisité son programme Grande école en 2023<br />

pour mieux enseigner les transitions<br />

LA DURABILITÉ ET L’INCLUSIVITÉ<br />

PILIERS DE L’ACTION DE KEDGE<br />

Kedge mène depuis longtemps une politique<br />

ambitieuse en termes de responsabilité<br />

sociétale et environnementale<br />

(RSE) avec la création, dès 2007, d’une<br />

direction de la Responsabilité sociétale<br />

et environnementale et la réalisation<br />

de son, 1 er bilan carbone. En 2012 les<br />

équipes de Kedge créent le test dédié,<br />

le Sulitest. Les programmes suivent le<br />

mouvement : dès 2016 Kedge a lancé le<br />

1 er MSc en Sustainable Finance et à la<br />

rentrée 2022 le MSc Business Transformation<br />

for Sustainibility.<br />

Aujourd’hui, cinq cours fondamentaux<br />

du Programme Grande Ecole sont dédiés<br />

aux enjeux de la transition sociale et<br />

écologique ainsi que des électifs. Les<br />

étudiants sont particulièrement mobilisés<br />

sur tous ces sujets : 78 % des projets<br />

associatifs qu’ils proposent intègrent<br />

des critères DD&RS. Et même 50 % pour<br />

les projets de start-up.<br />

UN « ESCP TRANSITION<br />

NETWORK »<br />

Classée première du Premier classement<br />

des grandes écoles les plus engagées<br />

dans la transition écologique et sociétale<br />

(et 3 e en 2023) publié par Les Echos Start<br />

en octobre 2021, ESCP revendique un<br />

rôle tout particulier. La soutenabilité y est<br />

HEC Paris<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

un sujet depuis 1992 et la création d’un<br />

premier cours avant toutes les autres<br />

écoles. Aujourd’hui c’est tout un département<br />

en soutenabilité qui a été créé<br />

autour de ces questions avec quinze<br />

professeurs. ESCP est ainsi passée d’un<br />

stade d’innovations locales avec des<br />

spécialisations à une volonté de dispenser<br />

des cours à tous avec un socle commun.<br />

Un « ESCP Transition Network » réunit<br />

par ailleurs professeurs, alumni, en appui<br />

des projets de l’école.<br />

Les écoles de management ont créé leur référentiel DD&RS<br />

Pour adapter le programme de leurs écoles<br />

à l’urgence des enjeux de transition, la<br />

Conférence des directeurs des écoles<br />

françaises de management (Cdefm) et<br />

la Cefdg (Commission d’évaluation des<br />

formations et diplômes de gestion) ont<br />

présenté un juin 2023 deux référentiels<br />

DD&RS : un au niveau bachelor et un autre<br />

au niveau master, chacun contenant six<br />

objectifs associés à des compétences<br />

spécifiques. Pour le niveau master il faut :<br />

Inscrire l action managériale dans une<br />

vision prospective des enjeux ;<br />

avoir un regard critique sur l’impact<br />

social et environnemental d’un produit/<br />

service et d’une organisation ;<br />

piloter la mesure de la performance<br />

écologique et sociale ;<br />

transformer les modèles économiques<br />

pour les rendre plus circulaires ;<br />

mettre en œuvre une démarche de<br />

management éthique et inclusif ;<br />

engager les collaborateurs et les parties<br />

prenantes et co-agir en responsabilité.<br />

TBS EDUCATION, SOCIÉTÉ<br />

À MISSION<br />

En 2022 TBS Education a adopté le<br />

statut de « société à mission ». C’est<br />

dans ce cadre que tous ses cours ont<br />

intégré les objectifs de développement<br />

durable de l’ONU après une révision de<br />

leurs maquettes pédagogiques. De même<br />

40 % de ses publications de recherche<br />

intègrent le sujet et un centre d’excellence<br />

réunit les professeurs concernés.<br />

« Nous sommes pionniers dans cette<br />

dimension DD&RS depuis quinze ans.<br />

Ce sont par exemple nos associations<br />

étudiantes qui organisent chaque année<br />

les Assises nationales étudiantes du<br />

développement durable (ANEDD) », définit<br />

la directrice générale de TBS Education,<br />

Stéphanie Lavigne. Pour aller plus loin<br />

elle a créé une direction de la transition<br />

sociétale qui « prend en charge toutes<br />

les questions d’inclusion, de transition<br />

environnementale, de vivre ensemble ou<br />

encore de lutte contre les stéréotypes ».<br />

De plus TBS Education s’engage dans le<br />

développement d’un campus éco-responsable<br />

et a déjà signé une charte sur la mobilité<br />

qui prévoit le versement d’indemnités<br />

kilométriques pour ceux de ses personnels<br />

qui choisissent de venir sur nos campus<br />

à vélo. Les transports en commun sont<br />

gratuits pour tous ses étudiants. Quant à<br />

leur mobilité internationale elle se régule<br />

bien avec moins d’allers-retours et « un<br />

repli sur les pays européens ».<br />

Sébastien Gémon<br />

Kedge se veut exemplaire sur tous ses campus (ici Marseille)<br />

Kedge BS<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Delphine Manceau<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE NEOMA BS<br />

« La transformation de nos enseignements pour<br />

y intégrer toujours plus les enjeux climatiques<br />

et sociétaux est une question centrale »<br />

Les transitions environnementales<br />

et sociétales sont devenues un sujet<br />

majeur dans l’enseignement des écoles<br />

de management. Chacune d’elles<br />

s’empare du sujet tout en travaillant<br />

à des normes communes. Des<br />

questions de responsabilité sociale et<br />

environnementale (RSE) dans lesquelles<br />

Neoma est particulièrement investie<br />

nous explique sa directrice générale,<br />

Delphine Manceau.<br />

Olivier Rollot : On le sait, les transitions<br />

environnementales et sociétales occupent<br />

aujourd’hui une place centrale dans la<br />

réflexion des acteurs de l’enseignement<br />

supérieur. Comment cela se traduit-il dans<br />

les programmes de Neoma ?<br />

Delphine Manceau : Ces sujets sont absolument<br />

essentiels. En tant qu’école, nous avons un rôle central<br />

à jouer mais ce rôle a changé. Alors que nous devions<br />

sensibiliser les étudiants il y a quelques années, les<br />

jeunes sont aujourd’hui très informés quand ils nous<br />

rejoignent, mais ils sont aussi parfois assez angoissés<br />

et se demandent ce qu’ils peuvent faire. Or, penser que<br />

tout est fichu à 20 ans et que « c’est trop tard pour agir »,<br />

c’est vraiment terrible !<br />

Notre rôle est désormais de leur donner confiance<br />

ainsi que les moyens d’agir, tout en renforçant leurs<br />

connaissances et en nous appuyant sur des savoirs<br />

scientifiques. C’est l’ambition de notre nouveau dispositif<br />

NEOMACT, bâti en lien avec les 17 objectifs de développement<br />

durables des Nations Unies. Ce dispositif met<br />

les étudiants dans l’action dès leur entrée à l’école, avec<br />

un parcours qui s’étale tout au long du cursus. C’est un<br />

parcours très riche qui va de la détermination de son<br />

propre éco-profil jusqu’à la certification « 2 TONNES »,<br />

en passant par le suivi obligatoire de formations dans ce<br />

que l’on a appelé la NEOMACT Academy. Nous intégrons<br />

aussi des projets citoyens dans lesquels nos étudiants<br />

s’impliquent au sein d’associations d’intérêt général au<br />

niveau local, national ou international.<br />

Enfin, nous avons aussi choisi de renforcer cette dimension<br />

dans la vie associative avec un nouveau statut<br />

obligatoire au sein de toutes les associations étudiantes :<br />

le « Référent TSE ». C’est un poste à responsabilité, au<br />

même titre que président, trésorier ou secrétaire général<br />

de l’association. Avec la mission de piloter la démarche<br />

TSE de son association étudiante et participer aux<br />

organes de gouvernance de l’école sur ces sujets de<br />

transformation sociétale et environnementale.<br />

La transformation de nos enseignements pour y intégrer<br />

toujours davantage ces nouveaux enjeux climatiques et<br />

sociétaux est également une question centrale. Ici aussi,<br />

j’estime qu’en tant qu’école nous avons un rôle à jouer<br />

pour accompagner nos professeurs qui se sont fortement<br />

emparés des enjeux écologiques. C’est pourquoi nous<br />

Neoma BS<br />

NEOMACT<br />

NEOMACT est un parcours<br />

mettant les étudiants dans<br />

l’action sur les enjeux<br />

environnementaux, sociaux et<br />

sociétaux et qui leur permet<br />

par exemple de choisir un<br />

projet à impact dans lequel<br />

s’investir. Cet engagement<br />

est ensuite reconnu par<br />

des crédits ECTS.<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

avons déployé depuis la rentrée un dispositif de formation<br />

pluridisciplinaire de toute notre faculté aux enjeux de<br />

transition. On y trouve notamment des masters classes<br />

animées par des professeurs référents mais aussi des<br />

ressources en e-learning, l’organisation d’ateliers, des<br />

mises en situation ou encore des événements dédiés.<br />

Dans ce domaine, nous croyons particulièrement aux<br />

vertus du partage entre pairs.<br />

O. R : Avez-vous créé des programmes<br />

entièrement dédiés à la question ?<br />

D. M : Oui, nous avons lancé en septembre 2023 un<br />

nouveau MSc in Sustainability Transformations. Avec ce<br />

cursus, nous formons de véritables chefs d’orchestre<br />

des transitions, capables d’impulser et d’accompagner<br />

le changement au cœur des organisations. Les<br />

obligations règlementaires des entreprises en matière<br />

de performance extra financière n’ont jamais été aussi<br />

fortes. Alors, elles ont besoin de s’appuyer sur des<br />

collaborateurs qui maitrisent la complexité de ces sujets,<br />

qui sont capables de créer les conditions du changement<br />

tout en sensibilisant les différentes fonctions. Et c’est ce<br />

type de profils que nous formons avec ce nouveau MSc.<br />

O. R : Faites-vous passer à vos étudiants la<br />

Fresque du Climat ou des tests comme le<br />

Sulitest ou le tout nouveau TASK ?<br />

D. M : Oui, nous proposons plusieurs initiatives dans ce<br />

sens. D’abord, avec la certification TASK que nous déployons<br />

dans notre MSc in Sustainability Transformations<br />

et dans notre MSc Analyse Financière Internationale.<br />

Certains de nos professeurs l’ont également suivie,<br />

cette fois pour identifier les terrains d’application les<br />

plus adéquats de cette certification dans les cours.<br />

En parallèle, tous nos étudiants suivent l’atelier « 2<br />

TONNES ». Nous allons même plus loin puisque certains<br />

M2 sont formés à devenir eux-mêmes animateurs d’ateliers<br />

« 2 TONNES », ce qui est souvent valorisé par les<br />

entreprises recruteuses. D’ailleurs, ils ont eu l’occasion<br />

de mettre à l’œuvre cette compétence dès la semaine<br />

« IMPACT NOW » fin janvier <strong>2024</strong>, durant laquelle ils ont<br />

animé les ateliers « 2 TONNES » auprès des étudiants<br />

de 1 re année. Nous avons toujours défendu les vertus<br />

du Peer-Learning et souhaitons les mobiliser sur ces<br />

enjeux cruciaux.<br />

O. R : Comment vos étudiants réagissent-ils<br />

à ces sujets ? Remarquez-vous de l’écoanxiété<br />

?<br />

D. M : La dernière consultation nationale étudiante (CNE)<br />

2023 souligne que pour 62 % des étudiants, l’écologie<br />

est le premier sujet d’inquiétude. Un constat auxquels<br />

les étudiants de Neoma n’échappent pas. C’est justement<br />

pour lutter contre cette éco-anxiété qu’il est essentiel de<br />

dépasser la sensibilisation et de leur donner les moyens<br />

de passer à l’action. Agir est le meilleur remède à l’anxiété,<br />

on sent qu’on peut changer les choses à son niveau !<br />

Or, nos jeunes ont plus que jamais besoin d’avoir confiance<br />

dans leur capacité d’action et de transformation des<br />

entreprises et de la société. Avec des dispositifs terrain<br />

comme NEOMACT c’est que ce que nous recherchons :<br />

leur montrer concrètement, par l’expérience et par l’action,<br />

qu’ils peuvent avoir un impact, qu’ils ont la capacité de<br />

transformer les organisations et qu’ils peuvent pleinement<br />

faire partie de la solution.<br />

O. R : Allez-vous les former aux futurs<br />

« rapports de durabilité » des entreprises<br />

qui seront obligatoires en 2025 ?<br />

D. M : Naturellement, d’autant que cette nouvelle directive<br />

concernera plus de 50 000 entreprises à travers l’Europe.<br />

Nos futurs diplômés intègreront le marché de l’emploi au<br />

moment où ces rapports seront devenus obligatoires.<br />

Il est donc essentiel qu’ils en maitrisent les contours.<br />

Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur l’expertise<br />

d’EY, partenaire de notre nouveau MSc. D’autant<br />

que le champ d’application de ces futurs rapports de<br />

durabilité se révèle large et complexe puisqu’il couvre<br />

Le nouveau campus<br />

de Reims<br />

À Reims, tout le projet de<br />

nouveau campus a été conçu<br />

autour d’une « ruche »<br />

qui sera le cœur de la vie<br />

étudiante. Un lieu de vie<br />

« animé et studieux à la<br />

fois », où doit se créer la<br />

rencontre entre les étudiants<br />

et tous les services de l’école.<br />

Les lieux sont essentiels pour<br />

créer une ambiance, un climat<br />

interne, et de la sérendipité.<br />

Des lieux éphémères verront<br />

le jour dans un forum central,<br />

en fonction de l’actualité de<br />

chaque moment de l’année.<br />

En ce qui concerne les fresques, nous avons choisi<br />

pour le moment de nous concentrer dans nos cursus<br />

sur la Fresque de l’économie Circulaire, la Fresque de<br />

l’alimentation et la Fresque du numérique. La Fresque du<br />

climat a été également déployée mais plutôt en interne<br />

dans certains services. Bref, au-delà de nos étudiants et<br />

des professeurs, c’est bel et bien toute la communauté<br />

Neoma qui est mobilisée !<br />

Neoma BS<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

à la fois la prise en compte stratégique des enjeux de<br />

durabilité, l’identification des impacts, des risques et<br />

des opportunités pour l’organisation ainsi que sa performance.<br />

C’est une chance pour nos étudiants de pouvoir<br />

bénéficier du regard de professionnels aguerris qui les<br />

accompagnent pendant leur formation.<br />

O. R : La recherche est également un élément<br />

important dans la stratégie des écoles. Des<br />

chercheurs de Neoma se dédient-ils à ces<br />

questions ? Des chaires d’entreprise ?<br />

D. M : Oui bien-sûr, la recherche réalisée reflète nos<br />

engagements. À titre d’indicateur, près de 40 % de notre<br />

production de recherche porte actuellement sur ces<br />

sujets de transition.<br />

Nous comptons dans nos pôles d’excellence de recherche<br />

pluridisciplinaires le pôle « The World We Want » qui<br />

regroupe plus de 50 professeurs. Il se structure autour<br />

des 17 objectifs de développement durable définis par<br />

les Nations Unies. Les recherches qui y sont produites<br />

analysent comment les entreprises et les organisations<br />

peuvent contribuer à bâtir une société plus respectueuse<br />

de l’environnement et plus inclusive.<br />

Ce pôle abrite notre « Chaire Bioéconomie et Développement<br />

Soutenable », organe décodeur de la transition<br />

écologique. Depuis 2012, les chercheurs de cette chaire<br />

travaillent à l’identification de solutions face aux grandes<br />

problématiques que rencontrent les entreprises pour<br />

sortir de l’ère des ressources fossiles notamment. La<br />

Chaire est très reconnue et développe de très beaux<br />

projets de recherche valorisés par l’ANR, les instances<br />

européennes…<br />

O. R : La question passe également par<br />

l’exemple. Neoma va bâtir bientôt un<br />

nouveau campus à Reims. Quelle sera son<br />

imprégnation carbone ?<br />

D. M : Sur ces sujets, il est indispensable qu’une école<br />

soit exemplaire et fasse ce qu’elle prône. C’est pourquoi<br />

la prise en compte des enjeux de transitions a été au<br />

cœur de nos réflexions sur ce futur campus rémois.<br />

Cela passe par de nombreux aspects comme faire<br />

systématiquement le choix de matériaux de construction<br />

durables, veiller à laisser une place centrale aux<br />

surfaces végétalisées, penser les infrastructures sous<br />

l’angle de la sobriété énergétique. Ce sera un campus de<br />

référence sur le plan environnemental, avec des labels<br />

internationaux reconnus comme LEED, WELL et E+C.<br />

O. R : Plus largement Neoma calcule-t-elle<br />

son impact carbone ? Jusqu’au scope 3 ?<br />

D. M : Oui, nous l’avions déjà calculé en 2021 (mais en<br />

se basant sur l’année avant Covid), en intégrant les<br />

scopes 1, 2 et 3 qui mesurent nos émissions directes<br />

mais également indirectes. Et nous nous apprêtons à<br />

nous relancer dans cette démarche en janvier, cette fois<br />

encore sur les trois scopes, pour mesurer le chemin<br />

parcours en quelques années.<br />

Aujourd’hui, en veillant notamment à nos pratiques de<br />

déplacement et à nos usages énergétiques, nous affichons<br />

une trajectoire positive de réduction des émissions de<br />

5 % par an, ce qui est encourageant.<br />

O. R : Les déplacements internationaux des<br />

étudiants comme des professeurs ont un<br />

impact carbone important. Comment les<br />

gérez-vous ?<br />

D. M : Nous restons très attachés à la mobilité internationale<br />

de nos étudiants car elle représente une expérience<br />

centrale dans leur parcours étudiant, résolument<br />

transformante sur la compréhension d’autres cultures<br />

et de l’altérité, et dont les bénéfices leur serviront tout<br />

au long de leur vie. <strong>Mai</strong>s je parle ici de mobilité de longue<br />

durée, de plusieurs mois. Nous raisonnons « carbone<br />

utile vs carbone futile », en évitant les déplacements à<br />

l’autre bout du monde pour une semaine.<br />

En parallèle, nous avons choisi aussi de développer notre<br />

portefeuille de destinations d’échange en Europe pour<br />

permettre à nos étudiants d’opter pour une mobilité plus<br />

douce s’ils le souhaitent. On le sait tous, ils sont de plus<br />

en plus sensibles à ces questions et veulent faire des<br />

choix éclairés. Alors pour les accompagner en toute<br />

transparence, nous veillons également à indiquer sur<br />

chaque proposition d’échange l’impact carbone associé.<br />

Le pôle Wellness<br />

Dès 2017, Neoma a créé un<br />

pôle Wellness qui apporte<br />

notamment des réponses à<br />

la question clef « comment<br />

gérer sa vie en tant que<br />

jeune adulte autonome ».<br />

Il s’agit d’apprendre à gérer<br />

son temps, son sommeil,<br />

de réfléchir à ses habitudes<br />

alimentaires... Toute une<br />

semaine « wellness » est<br />

dédiée à cet apprentissage<br />

quelques semaines après<br />

l’entrée à l’école des<br />

étudiants. L’enjeu est<br />

de les « accompagner<br />

avec bienveillance<br />

pour qu’ils deviennent<br />

pleinement autonomes,<br />

apprennent à s’organiser,<br />

et prennent leur envol ».<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Les établissements ont un impact<br />

carbone direct faible,<br />

mais une forte influence sur<br />

la transition écologique et sociale<br />

Les établissements d’enseignement supérieur et la recherche (EESR) jouent un rôle crucial dans la<br />

transformation écologique et sociétale. Non seulement forment-ils les futurs leaders et innovateurs, mais<br />

ils sont également des laboratoires vivants où se développent des solutions pour un avenir durable. Une<br />

nouvelle étude du cabinet HEADway Strategy fait le point.<br />

Chaque jour, dans les laboratoires ou dans le<br />

cadre de projets étudiants, des idées novatrices<br />

de pratiques écologiques naissent et<br />

sont mises à l’épreuve. Les laboratoires de<br />

recherche explorent des solutions, qu’elles soient politiques,<br />

culturelles, économiques, juridiques, sociales,<br />

ou en lien avec la technologie. Elles s’incarnent dans la<br />

transformation des pratiques des citoyens, des organisations,<br />

du secteur public et des entreprises.<br />

En tant que centres de formation, ces institutions<br />

préparent la prochaine génération à affronter les défis<br />

environnementaux avec des compétences et des<br />

connaissances spécialisées. Les étudiants peuvent être<br />

formés à intégrer des pratiques durables dans tous les<br />

domaines. Ainsi, ces futurs professionnels doivent être<br />

équipés pour adopter des approches responsables<br />

dans leurs carrières, pour influencer positivement les<br />

communautés qu’ils rejoindront.<br />

En s’engageant dans des collaborations avec des entreprises,<br />

le secteur public ou associatif, les établissements<br />

étendent leur impact au-delà des campus. Ces<br />

partenariats permettent de transférer les innovations<br />

vers la société, contribuant ainsi à une adoption plus<br />

large de pratiques durables.<br />

En juin 2023, HEADway Strategy publiait une première<br />

étude sur la maturité de la transition écologique et<br />

sociale dans les établissements d’enseignement supérieur<br />

et de recherche en France. Il a semblé important<br />

à HEADway Strategy de réaliser une nouvelle étude,<br />

publiée le jeudi 23 mai <strong>2024</strong>, afin de préciser l’influence<br />

des établissements sur l’environnement. Cette étude,<br />

qui détaille les émissions de GES, l’influence sur les<br />

limites planétaires, et les initiatives d’adaptation et<br />

d’atténuation, vise à fournir aux décideurs du secteur<br />

des clés pour renforcer leur engagement écologique.<br />

Pour mener cette étude, HEADway Strategy a utilisé<br />

une expertise acquise à travers plus de 25 missions sur<br />

la transition écologique et sociale dans l’enseignement<br />

supérieur, une analyse documentaire et des entretiens<br />

avec 20 dirigeants et responsables RSE.<br />

Impact des EESR sur l’environnement<br />

Les EESR représentent environ 0,3 % des émissions<br />

directes de gaz à effet de serre (GES) en France, soit<br />

environ 1,46 million de tonnes de CO 2 par an. Ces émissions<br />

proviennent en premier lieu des déplacements quotidiens<br />

et internationaux des étudiants et du personnel, puis<br />

de la consommation énergétique des campus, et des<br />

achats divers, incluant les équipements et les fournitures<br />

scientifiques​. Chaque étudiant génère environ 500 kg de<br />

Le futur bâtiment de Neoma à Reims bénéficiera<br />

des labels internationaux LEED, WELL et E+C<br />

35<br />

Neoma BS


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

CO 2 par an uniquement pour ses études, représentant<br />

environ 25 % de l’empreinte carbone annuelle de 2<br />

tonnes par personne ciblée par la Stratégie Nationale<br />

Bas Carbone​.<br />

Enjeux de biodiversité et limites planétaires<br />

Outre les émissions de GES, les EESR contribuent également<br />

à la dégradation de la biodiversité et au dépassement<br />

des limites planétaires. L’étude souligne que<br />

six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées,<br />

notamment celles liées à l’intégrité de la biosphère, aux<br />

cycles biogéochimiques, et à l’usage des sols​, et que<br />

l’influence de l’ESR s’exerce sur la plupart d’entre elles.<br />

Au-delà des émissions de gaz à effet de serre, les principales<br />

causes incluent, d’une part, l’artificialisation des<br />

sols due à la construction de campus et les déplacements<br />

motorisés affectant la biodiversité. D’autre part,<br />

l’utilisation de certains produits dans les laboratoires<br />

scientifiques​et l’usage du plastique créent de nouvelles<br />

pollutions chimiques.<br />

Initiatives pour l’atténuation des impacts<br />

Pour atténuer leur impact environnemental, de nombreux<br />

EESR ont mis en place diverses initiatives. Les plus notables<br />

concernent la gestion énergétique des campus,<br />

avec des actions comme la rénovation énergétique,<br />

l’installation de systèmes de chauffage et d’électricité<br />

intelligents, et l’augmentation de la durée de vie des<br />

équipements grâce à des stratégies de remise à niveau<br />

et de maintenance​. Des efforts sont également faits pour<br />

intégrer des critères environnementaux et sociaux dans<br />

les appels d’offre et pour favoriser l’achat durable​. La<br />

réduction de l’utilisation du plastique, la mise en place de<br />

tri sélectif, et la promotion d’une consommation frugale<br />

sont également des mesures courantes​.<br />

Des initiatives plus rares incluent la mutualisation des<br />

services avec les communautés locales, l’installation de<br />

panneaux solaires, et la gestion efficace des déchets.<br />

Des établissements travaillent aussi sur l’extension<br />

de la durée de vie des équipements par la réparation<br />

et la remise à niveau, réduisant ainsi la nécessité de<br />

nouveaux achats.<br />

Stratégies d’adaptation<br />

L’adaptation aux changements climatiques est un domaine<br />

où les initiatives restent insuffisantes, explique<br />

cette nouvelle étude d’HEADway Strategy. Pourtant, des<br />

solutions efficaces et peu coûteuses existent, comme<br />

la végétalisation des espaces, l’installation de volets et<br />

de toits blancs pour réduire la chaleur, et l’amélioration<br />

de l’isolation des bâtiments​. D’autres mesures incluent<br />

Iéseg School of Management<br />

la création de points d’eau extérieurs et la mise en place<br />

de sols clairs et perméables pour mieux gérer la chaleur<br />

et les phénomènes extrêmes tels que les inondations<br />

et les incendies​.<br />

Quelques EESR ont également commencé à adopter<br />

des pratiques d’adaptation plus spécifiques, telles que<br />

l’installation de systèmes de ventilation améliorés, l’utilisation<br />

de matériaux de construction résistants au feu,<br />

et la construction de protections contre les inondations.<br />

Ces mesures visent à renforcer la résilience des campus<br />

face aux phénomènes climatiques extrêmes​.<br />

Rôle crucial des contenus de formation et de<br />

la recherche<br />

Les programmes de formation intégrant les enjeux de<br />

transition écologique dans la plupart de leurs cours, la<br />

formation des enseignants aux enjeux environnementaux<br />

dans leurs matières, et la création de nouvelles formations<br />

spécialisées sont des exemples concrets de cette<br />

influence. Les établissements adaptent souvent leurs<br />

cursus pour inclure des modules dédiés mais intègrent<br />

plus rarement ces enjeux dans les cours existants, or c’est<br />

ce qu’attendent le plus les entreprises et les étudiants.<br />

La formation des enseignants joue également un rôle<br />

crucial. Cela inclut des formations continues, des ate-<br />

Pour rénover leur campus<br />

à Lille, les équipes de<br />

l’Iéseg ont fait appel à une<br />

paysagiste et ont travaillé<br />

main dans la main avec les<br />

écologues de la Ville de<br />

Lille et de la LPO (Ligue de<br />

Protection des Oiseaux)<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

liers et des ressources pédagogiques spécifiques,<br />

permettant aux enseignants de rester à jour avec les<br />

dernières avancées et meilleures pratiques en matière<br />

de durabilité.<br />

La création de nouvelles formations spécialisées est<br />

une autre facette de cet engagement. Des programmes<br />

dédiés à la transition écologique dédiés à un secteur ou<br />

un domaine d’études sont développés pour répondre à la<br />

demande croissante de compétences spécifiques dans<br />

le domaine de la durabilité. Ces programmes visent à<br />

former des experts capables de concevoir ou de mettre<br />

en œuvre les stratégies de durabilité des organisations.<br />

La collaboration avec des entreprises est de plus en<br />

plus courante, par exemple sous forme de chaires<br />

de recherche, de projets de recherche ou de postes<br />

en stage ou apprentissage. Elles peuvent enrichir les<br />

programmes académiques avec des cas pratiques<br />

et des projets réels, mais également être poussées à<br />

adopter des pratiques plus durables.<br />

Un rôle de leader<br />

Les EESR ont un rôle majeur à jouer dans la transition<br />

écologique. Bien que leurs émissions directes de GES<br />

soient relativement faibles comparées à d’autres secteurs,<br />

leur influence indirecte à travers l’éducation et<br />

la recherche est forte. Les initiatives d’atténuation et<br />

d’adaptation, bien que prometteuses, doivent être renforcées<br />

et généralisées. Pour cela, HEADway Strategy<br />

continue d’accompagner ces établissements dans leurs<br />

efforts pour une transformation durable. En formant des<br />

citoyens et professionnels éclairés et en menant des<br />

recherches innovantes, en lien avec leur écosystème,<br />

les EESR peuvent devenir des leaders de la transition<br />

écologique et sociale.<br />

Paul Archer<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Jason Blackstock<br />

PRÉSIDENT-FONDATEUR DE HOW TO CHANGE THE WORLD<br />

« Les universités ont de nouvelles possibilités de collaborer<br />

à l’échelle mondiale afin de préparer leurs étudiants<br />

à relever les défis de la transition écologique »<br />

Entreprise sociale consacrée à la<br />

formation, How to Change the World<br />

donne aux jeunes les moyens de<br />

poursuivre une carrière en lien avec les<br />

questions de la transition écologique<br />

qui les passionnent. Pour impulser<br />

son développement à l’international,<br />

l’entreprise vient de signer un<br />

partenariat avec HEADway Advisory<br />

en France. Jason Blackstock, son<br />

président-fondateur, revient avec nous<br />

sur sa vision.<br />

1 500 jeunes formés<br />

Depuis sa création plus<br />

de 1 500 jeunes issus de<br />

plus 50 facultés ont suivi<br />

le cours « How to Change<br />

the World » et plus de 300<br />

enseignants ont délivré le<br />

cours, dont plus de 90 %<br />

sont des alumni du cours.<br />

Comme l’indique le nom de votre<br />

organisation, vous ne manquez pas<br />

d’ambition ! <strong>Mai</strong>s comment envisagez-vous<br />

concrètement de changer le monde ?<br />

Tout le monde, mais surtout les étudiants qui font des<br />

études de commerce ou d’ingénierie, va changer le<br />

monde d’une certaine façon. Ils auront un impact grâce<br />

aux entreprises qu’ils créent ou dans lesquelles ils<br />

travaillent, grâce aux infrastructures qu’ils conçoivent<br />

et créent... Ils sont déjà en train de changer le monde.<br />

Ce que nous faisons, et c’est pourquoi nous avons retenu<br />

un naming aussi audacieux, c’est que nous amenons les<br />

gens à réfléchir au changement qu’ils veulent opérer, à<br />

comment prendre le talent qu’ils ont en tant qu’étudiant<br />

et le canaliser en profit des personnes dont ils veulent<br />

changer la vie.<br />

Pour faire court, nous changeons le monde grâce aux<br />

étudiants et jeunes diplômés qui suivent nos formations,<br />

en leur donnant les moyens d’avoir un impact positif<br />

grâce aux connaissances et aux compétences qu’ils<br />

possèdent déjà.<br />

Vous avez travaillé au sein de prestigieux<br />

établissements (Harvard, Oxford, UCL).<br />

Dans quelle mesure ce parcours a-t-il été<br />

déterminant dans la création de How to<br />

Change the World ?<br />

How to Change the World est le fruit d’un long voyage.<br />

J’ai commencé ma carrière dans la Silicon Valley et il<br />

m’a fallu une bonne dizaine d’années pour comprendre<br />

comment appliquer mes compétences et connaissances<br />

aux questions du développement durable qui<br />

me tenaient à cœur. À Harvard, j’ai fini par travailler<br />

sur le développement durable et avec le GIEC [Groupe<br />

d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat].<br />

En passant par toutes ces grandes institutions, j’ai constaté<br />

que les nouvelles générations étaient de plus en plus<br />

désireuses d’avoir un impact et ce dès le début de leur<br />

carrière, mais qu’il y avait très peu de cours ou de formations<br />

pour les aider à comprendre comment appliquer<br />

leurs compétences aux causes qui leur tiennent à cœur.<br />

Ainsi, lorsque j’ai rejoint l’UCL pour créer un nouveau<br />

département, c’était une occasion en or pour créer une<br />

nouvelle formation au carrefour de plusieurs disciplines.<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Aujourd’hui, tous les ingénieurs et étudiants en commerce<br />

de l’UCL suivent le cours « How to Change the World »,<br />

qui leur apprend à appliquer leurs connaissances et<br />

compétences aux défis de développement durable qui<br />

les passionnent. Les étudiants et partenaires extérieurs<br />

avaient tellement apprécié le cours que nous avons<br />

décidé d’en faire un spin-off et de l’offrir dans le monde<br />

entier grâce à nos partenaires.<br />

La dimension RSE est de plus en plus<br />

présente dans les plans stratégiques des<br />

établissements d’ESR. Quels sont les freins<br />

qui les empêchent d’aller plus loin ?<br />

L’interdisciplinarité et une approche basée sur des cas<br />

concrets sont deux éléments vers lesquelles les établissements<br />

reconnaissent qu’ils doivent tendre, mais<br />

le cloisonnement disciplinaire des modèles traditionnels<br />

et les méthodes d’enseignement académiques nous<br />

posent un défi inhérent.<br />

Dans le monde universitaire, nous sommes très doués<br />

pour comprendre un problème spécifique et générer<br />

des connaissances que nous pouvons ensuite partager<br />

aux étudiants en cours. Cependant, le développement<br />

durable n’est pas une discipline isolée. Prenons l’exemple<br />

du triple bilan (personnes, planète et profit) : cela recoupe<br />

nécessairement plusieurs domaines : le business pour le<br />

profit ; les sciences de la vie pour la planète ; les sciences<br />

sociales et l’économie pour les personnes. Sans parler<br />

de la technologie, qui est transverse aux trois volets.<br />

Autrement dit, le développement durable est intrinsèquement<br />

interdisciplinaire et l’un des défis pour les<br />

facultés est qu’il n’y a pas assez d’opportunités de<br />

travailler de façon transversale, en particulier au niveau<br />

de la pédagogie. Cela nous mène à un autre défi : pour<br />

les problématiques du développement durable il n’y a<br />

pas de solutions toutes faites. Les microplastiques, la<br />

pollution de l’air, et le changement climatique sont autant<br />

de problèmes complexes qui impliquent les personnes, la<br />

planète et le profit. Nous devons donc faire évoluer nos<br />

approches pédagogiques pour offrir aux étudiants plus<br />

d’expériences pratiques leur permettant d’appliquer les<br />

fondamentaux qu’ils apprennent dans leurs cours traditionnels<br />

aux problématiques de développement durable.<br />

Quelles sont les spécificités de votre<br />

approche pédagogique ?<br />

Vous vous douterez que notre approche est très interdisciplinaire<br />

et basée sur des cas réels. Nous fournissons<br />

à des groupes d’étudiants de diverses filières<br />

des problèmes complexes issus du monde réel. Le défi<br />

lancé est de résoudre une problématique de la durabilité<br />

pour une communauté quelque part dans le monde. La<br />

première réaction des étudiants est souvent de dire<br />

« on ne sait pas comment faire ! ». <strong>Mai</strong>s bien sûr qu’ils<br />

ne savent pas faire ; ils n’ont pas encore eu l’occasion<br />

de suivre un processus leur permettant de décomposer<br />

les situations du monde réel en problèmes plus cadrés<br />

et pour lesquels ils ont déjà les compétences.<br />

Les étudiants échangent avec les parties prenantes et<br />

discutent de l’impact du problème sur la communauté,<br />

ce qui leur permet d’acquérir une compréhension des<br />

enjeux ainsi que des compétences et des connaissances<br />

qu’ils peuvent apporter pour développer des solutions.<br />

Autre point important : peu de temps est consacré aux<br />

cours magistraux. La quasi-totalité du cours est basée<br />

sur la pédagogie de projet et du coaching, et les étudiants<br />

doivent s’habituer au fait que les réponses ne se trouvent<br />

pas dans un manuel. C’est de l’apprentissage itératif, de<br />

la conception centrée sur l’humain, dont les cadres de<br />

réflexion sont transmis par le coaching et le mentorat,<br />

et non pas en cours magistral.<br />

Vous venez de signer un partenariat avec<br />

HEADway Advisory. Quelles sont vos<br />

aspirations pour cette relation et pour le<br />

développement de How to Change the World<br />

en France ?<br />

La pandémie nous a poussé a digitalisé notre offre de<br />

formation, et dans un premier temps nous nous sommes<br />

beaucoup développés au Canada où plus de 50 % des<br />

grandes universités (celles avec plus de 10 000 étudiants)<br />

proposent notre programme au sein d’au moins une de<br />

leurs facultés. Il s’agit donc de l’apprentissage expérientiel<br />

en ligne à grande échelle, ce qui peut sembler paradoxal.<br />

Or, nous avons trouvé la recette et fait nos preuves en<br />

travaillant avec des universités de premier plan telles que<br />

McGill, l’Université de Toronto, Waterloo, Queens, etc.<br />

L’un de nos objectifs est de favoriser la diversité dans<br />

nos programmes, en donnant aux étudiants l’occasion<br />

de collaborer au-delà des frontières. Avec HEADway<br />

Advisory, nous trouvons un partenaire parfait pour le<br />

monde francophone, notamment grâce aux relations<br />

qu’ils ont déjà établies avec des établissements d’ESR.<br />

En effet, nous cherchons à diversifier l’offre des langues<br />

dans lesquelles nous proposons nos programmes, et<br />

nous avons ici la possibilité de collaborer non seulement<br />

avec les universités françaises, mais aussi avec les<br />

universités francophones du monde entier.<br />

Propos recueillis par Jack Pettifer<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

Enseignement supérieur<br />

privé : de la nécessité<br />

(ou pas) d’un label<br />

Alors que les consultations entre le ministère de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche (MESR) et les acteurs de l’enseignement supérieur, public comme privé,<br />

privé lucratif comme non lucratif, ont pris fin, la question de la création d’un nouveau label<br />

pour l’enseignement supérieur privé reste en suspens. Un rapport parlementaire fait le point.<br />

La commission des affaires culturelles<br />

et de l’éducation représentée<br />

par les députées Béatrice<br />

Descamps (Alliance centriste)<br />

et Estelle Folest (Refondation républicaine)<br />

vient de présenter son rapport d’information<br />

sur « L’enseignement supérieur<br />

privé à but lucratif ». Une nouvelle pierre<br />

à mettre sur l’édifice d’un label qui serait<br />

établi sur la base du volontariat et s’appliquerait<br />

à chaque formation, et non par<br />

groupe, a priori.<br />

L’état des lieux<br />

Alors qu’il représente aujourd’hui 26,1 %<br />

des effectifs étudiants, le secteur privé a<br />

absorbé près de la moitié de la croissance<br />

des effectifs depuis 2011 : sa croissance<br />

est de presque 72 % contre 11 % dans le<br />

public. Dans ce cadre la majorité (56 %)<br />

des établissements privés sont sous statut<br />

associatif, un peu plus du tiers (36 %) relèvent<br />

d’un statut de société commerciale<br />

et moins de 6 %, sont des organismes<br />

consulaires établit le rapport.<br />

Selon les données du MESR le privé lucratif<br />

représenterait 8 % de la population<br />

étudiante totale, soit 226 000 étudiants.<br />

Un chiffre que les rapporteures<br />

estiment « largement sous-estimé » alors<br />

que Jean-Philippe Ammeux, à qui la direction<br />

générale de l’enseignement supérieur<br />

et de l’insertion professionnelle<br />

(Dgesip) du MESR avait confié une mission<br />

sur l’enseignement supérieur privé<br />

lucratif en octobre 2022, estime de son<br />

côté les effectifs du privé lucratif à environ<br />

15 % de la totalité des étudiants, soit<br />

presque 450 000 étudiants (sur les 767<br />

000 étudiants inscrits dans l’enseignement<br />

supérieur privé). Une différence qui<br />

tient au fait que les statistiques du Système<br />

d’information et études statistiques<br />

(SIES) ne prennent pas en compte la nature<br />

juridique des établissements privés<br />

tous retenus sous l’appellation « établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

privés » (EESP). D’autres sont classés<br />

sous le statut d’établissement d’enseignement<br />

technique privé (EETP), qui se situe<br />

dans la partie du Code de l’éducation<br />

qui concerne l’enseignement scolaire, en<br />

raison de la double vocation, scolaire et<br />

supérieure. Il y a enfin une troisième catégorie<br />

: les établissements à distance.<br />

« L’enseignement supérieur<br />

est libre »<br />

Il n’existe pas à ce jour de définition officielle<br />

de ce qu’est un établissement supérieur<br />

privé à but lucratif, si ce n’est les<br />

éléments du contrôle par le juge administratif<br />

du caractère non lucratif d’un<br />

établissement d’enseignement supérieur<br />

privé dans le cas d’une requalification<br />

de son caractère d’établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général<br />

(EESPIG). S’il préjuge d’une non-lucrativité,<br />

le statut associatif n’est en effet pas<br />

en soi un élément probant. Les auditions<br />

conduites par les rapporteures ont en effet<br />

montré que certains établissements sous<br />

statut associatif, même s’ils n’attribuent<br />

pas de dividendes, génèrent en réalité des<br />

profits en faveur de sociétés strictement<br />

commerciales. « Deux écoles – l’une, vitrine<br />

d’une marque, sous statut associatif,<br />

et l’autre sous statut de société commerciale<br />

– peuvent coexister au sein d’une<br />

marque commune », remarquent-elles.<br />

La loi du 12 juillet 1875 relative à la liberté<br />

de l’enseignement supérieur a posé<br />

les fondements d’un régime libéral. Cette<br />

loi énonce en son article premier le prin-<br />

Inseec Grande école<br />

40


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

DÉBAT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

cipe selon lequel « l’enseignement supérieur<br />

est libre ». En 1977, le Conseil<br />

Constitutionnel a conféré une valeur<br />

constitutionnelle au principe de liberté<br />

d’enseignement. La liberté d’ouverture<br />

des établissements est ainsi reconnue<br />

comme un principe fondamental des lois<br />

de la République. De cette liberté découle<br />

un simple régime de déclaration – et non<br />

d’autorisation – pour toute création d’un<br />

établissement supérieur privé, qu’il soit<br />

lucratif ou non.<br />

Ce que demandent les acteurs<br />

du débat<br />

Elle est en pointe sur le sujet : la Fesic<br />

(Fédération des établissements d’enseignement<br />

supérieur d’intérêt collectif)<br />

considère que « la logique libérale de<br />

la loi de 1875 sur l’enseignement supérieur<br />

privé n’est pas un obstacle à ce que<br />

le législateur donne un cadre juridique<br />

clair, pérenne et équilibré qui garantisse<br />

une plus grande lisibilité et transparence<br />

de ce secteur ». Pour elle « une simple<br />

évaluation facultative et un nouveau<br />

label ne sauraient répondre seuls au<br />

besoin de régulation ». Elle demande notamment<br />

de « mieux protéger l’étudiant<br />

dans les relations contractuelles qu’il<br />

entretient avec son école et garantir<br />

l’accessibilité aux informations relatives<br />

à l’établissement ». Le Fesic souhaite également<br />

l’élaboration d’une charte déontologique<br />

des salons étudiants.<br />

« Il y a un vrai problème de visibilité et<br />

les familles peuvent facilement être trompées<br />

sur l’offre de formation. Il faut une<br />

régulation qui se fasse pour chaque formation.<br />

Il faut qu’on puisse faire la différence<br />

entre les diplômes et les titres »,<br />

requiert Dominique Baillargeat, vice-présidente<br />

de la Cdefi (Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises d’ingénieurs).<br />

Quant à l’Union des Grandes écoles indépendantes<br />

(UGEI), qui réunit acteurs<br />

de l’enseignement supérieur non lucratifs<br />

comme lucratifs, elle estime par la<br />

voix de son président et directeur général<br />

de l’ESTP, Joël Cuny, qu’il « faut avant<br />

tout mieux informer les familles sur ce<br />

qu’est un grade, un visa, un bachelor et<br />

quelles poursuites d’études cela permet<br />

ou pas » tout en insistant pour ne « pas<br />

cascader les labels, le visa doit suffire<br />

pour les écoles qui l’ont déjà ».<br />

Des exigences auxquelles répondent plus<br />

ou moins positivement les grands acteurs<br />

de l’enseignement supérieur privé. « Nous<br />

ne sommes pas contre ce nouveau label.<br />

Aujourd’hui il y a une volonté de professionnaliser<br />

l’enseignement et nous<br />

sommes optimistes quant à la capacité<br />

de ce label à rendre justice à ces aspects.<br />

<strong>Mai</strong>s il ne doit surtout pas être un<br />

moyen de verrouiller un marché. Ce futur<br />

label doit aussi bien prendre en compte<br />

les objectifs de professionnalisation que<br />

les objectifs pédagogiques », stipule Philippe<br />

Grassaud, président de l’association<br />

Entreprises Éducatives pour l’Emploi, qui<br />

regroupe les principaux acteurs de l’enseignement<br />

supérieur privé, et du Groupe<br />

Eduservices (lscom, Pigier ou encore Tunon)<br />

qui compte 40 000 élèves dont une<br />

large majorité d’apprentis.<br />

Les positions du leader mondial de l’enseignement<br />

supérieur, le groupe Galileo,<br />

sont également bien affirmées depuis<br />

mai 2023 avec la publication d’une tribune<br />

de ses président et vice-président,<br />

Marc-François Mignot Mahon et Martin<br />

Hirsch, dans Les Echos pour Mieux<br />

réguler l’enseignement supérieur professionnalisant.<br />

Ils y estimaient notamment<br />

que « l’enseignement supérieur<br />

professionnalisant, en grande partie privé,<br />

a besoin d’une régulation plus forte,<br />

plus respectueuse de ses spécificités et<br />

transparente ». Ils y proposaient donc<br />

la création dans chaque établissement<br />

d’une direction des études et un conseil<br />

pédagogique pour « veiller aux conditions<br />

d’accompagnement des étudiants,<br />

au respect des maquettes pédagogiques,<br />

à la qualité du recrutement des enseignants,<br />

pour produire les indicateurs<br />

pertinents, sous le contrôle d’un conseil<br />

pédagogique, incluant des membres extérieurs<br />

à l’école, provenant du secteur<br />

académique et/ou économique, associant<br />

des représentants des étudiants ».<br />

Idrac BS<br />

41


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

DÉBAT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

La question centrale de<br />

l’apprentissage<br />

Les députées estiment dans leur rapport<br />

que les « l’absence de contrôle pédagogique<br />

et scientifique de la grande majorité<br />

des formations proposées par l’enseignement<br />

supérieur privé lucratif pose<br />

une difficulté d’autant plus aiguë s’agissant<br />

des formations en apprentissage<br />

qui bénéficient du soutien financier de<br />

la puissance publique ». Selon elles les<br />

contrôles effectués par France Compétences<br />

sur les établissements inscrits au<br />

RNCP (Répertoire national des certifications<br />

professionnelles) « n’apportent<br />

que trop peu de garanties sur le plan de<br />

la qualité pédagogique des formations ».<br />

Pour Joël Cuny et l’UGEI, « le développement<br />

– très positif - de l’apprentissage<br />

s’est fait au détriment d’un minimum<br />

de contrôles tels que ceux que les CFA<br />

opéraient avant 2018. Les OPCO (opérateur<br />

de compétences) et France Compétences<br />

devraient plus contrôler les<br />

établissements formateurs ». Et d’analyser<br />

: « L’ambiguïté du système est due<br />

au partage des compétences entre deux<br />

ministères qui tracent chacun leurs objectifs<br />

». Par ailleurs l’UGEI insiste pour<br />

que l’apprentissage soit réservé aux seuls<br />

diplômes et titres titulaires du futur label<br />

afin de « s’assurer de la bonne utilisation<br />

des fonds destinés à l’apprentissage ».<br />

Pour elle il « devrait être obligatoire,<br />

pour tout titre ou formation qui souhaite<br />

être dispensé en apprentissage, de faire<br />

une demande de labellisation en nom<br />

propre y compris (et surtout) pour les<br />

titres loués ».<br />

Quant à Philippe Grassaud il rappelle<br />

que « l’apprentissage permet de basculer<br />

du monde académique au monde de<br />

l’entreprise tout en ouvrant les portes de<br />

l’enseignement supérieur à beaucoup de<br />

jeunes qui n’y auraient pas trouvé leur<br />

place sinon. A contrario on ne peut pas<br />

affecter des enseignants -chercheurs académiques<br />

à ce rôle ! Accompagner les alternants<br />

ce n’est pas leur métier ni dans<br />

leurs compétences ».<br />

Les contours possibles du<br />

futur label<br />

S’il voit finalement le jour le label s’appuierait<br />

sur une série de critères articulés<br />

autour des thématiques suivantes telles<br />

qu’évoquées par le MESR et résumées<br />

dans le rapport parlementaire :<br />

• la stabilité et la pérennité de l’établissement<br />

et de sa gouvernance ;<br />

• la politique de formation (seraient pris<br />

en compte dans ce cadre des critères<br />

tenant à la qualité des ressources humaines,<br />

à travers des indicateurs tels<br />

que le taux d’encadrement et le turn<br />

over des enseignants) ;<br />

• la qualité de l’équipe pédagogique, qui<br />

devrait être majoritairement issue du<br />

monde socio-économique, dont une<br />

équipe permanente qui assure cohérence<br />

et continuité du parcours de formation ;<br />

• la qualité de la pédagogie ;<br />

• la qualité de l’accompagnement de l’étudiant<br />

tout au long de son parcours ;<br />

• la qualité de la politique sociale et<br />

sociétale ;<br />

• la transparence et l’éthique de l’information<br />

délivrée aux jeunes et leurs<br />

familles.<br />

Alors que la question de l’opérateur en<br />

charge du futur label est cruciale, le<br />

Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation<br />

de la recherche et de l’enseignement<br />

supérieur) a proposé la mise en place<br />

d’une « commission du label », destinée<br />

à « conduire une évaluation exigeante<br />

et flexible, adaptée à la diversité et<br />

au grand nombre des formations<br />

proposées ». Cette initiative vise à<br />

« répondre efficacement et rapidement<br />

aux demandes de labellisation, reflétant<br />

ainsi les préoccupations des familles ».<br />

Le Hcéres entend ainsi « travailler de<br />

concert avec les ministères, les acteurs<br />

de l’enseignement supérieur, les branches<br />

professionnelles et l’ensemble des parties<br />

prenantes pour promouvoir la qualité<br />

PSB<br />

dans l’enseignement supérieur et la<br />

recherche en France ».<br />

<strong>Mai</strong>s tout cela est-il vraiment nécessaire ?<br />

Et tout simplement faisable au vu de la<br />

masse de travail que cela signifierait<br />

pour un évaluateur – lequel ? – pendant<br />

des années. Dans son rapport annuel<br />

le Comité éthique et scientifique de<br />

Parcoursup (CESP) estime en effet<br />

que « l’inscription sur Parcoursup est<br />

lors le seul label que les candidats<br />

comprennent »… Une position partagée<br />

par l’UGEI et Joël Cuny pour lequel il<br />

faut « converger sur un accès à Parcoursup<br />

garant de la qualité des formations ».<br />

<strong>Mai</strong>s justement les rapporteuses estiment<br />

que « la présence de certaines formations<br />

privées en apprentissage sur Parcoursup<br />

pose aujourd’hui problème, en<br />

raison de l’insuffisance des contrôles pédagogiques<br />

associés ». Elles considèrent<br />

donc que « la solution la plus opportune<br />

est de clarifier l’information disponible<br />

sur Parcoursup, et d’en exclure<br />

les formations n’ayant pas fait l’objet de<br />

contrôles garantissant des qualités pédagogiques<br />

». Quid notamment alors des<br />

formations menant au BTS en apprentissage,<br />

qui sont de facto présentes sur Parcoursup<br />

sans que leur qualité ne soit attestée<br />

autrement que par des taux de réussite<br />

auxquels n’ont pas toujours accès les candidats<br />

? C’est sans doute par ce type de<br />

questions qu’il aurait fallu commencer<br />

plutôt que de se lancer dans un chantier<br />

considérable sans moyens suffisants…<br />

Sébastien Gémon<br />

PSB<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

DÉBAT MAI <strong>2024</strong> N° <strong>82</strong><br />

4 QUESTIONS À…<br />

Delphine Le Quilliec, déléguée générale de la Fesic<br />

La Fesic (Fédération des établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

d’intérêt collectif) a, depuis<br />

le début des discussions, porté<br />

le fer contre l’enseignement supérieur<br />

privé lucratif. Alors que<br />

la création d’un label pour l’enseignement<br />

supérieur privé semble<br />

prendre du retard la réaction de<br />

sa déléguée générale, Delphine<br />

Le Quilliec, après la publication du<br />

rapport parlementaire sur « L’enseignement<br />

supérieur privé à but<br />

lucratif »<br />

La création d’un label qui validerait la<br />

qualité des formations de l’enseignement<br />

supérieur privé tarde à se concrétiser.<br />

Où en est-on selon vous ?<br />

La publication du rapport de la mission<br />

parlementaire sur « L’enseignement supérieur<br />

privé à but lucratif » constitue une<br />

première étape qui s’avérait nécessaire :<br />

pour réguler l’enseignement supérieur privé,<br />

il fallait en effet commencer par en<br />

dresser le paysage, l’analyser et identifier<br />

les problématiques qui se posent. Les 22<br />

propositions des rapporteurs rebattent les<br />

cartes en mettant en avant des mesures<br />

qui paraissent plus urgentes à prendre que<br />

la seule création d’un label. Nous saluons<br />

ce travail de qualité qui différencie clairement,<br />

au sein du privé, le modèle des établissements<br />

d’enseignement supérieur privés<br />

d’intérêt général (EESPIG), en contrat<br />

avec le ministère de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche, et les formations<br />

qui relèvent du privé hors contrat<br />

Je note également avec satisfaction la reprise<br />

de nos interrogations quant au dé-<br />

veloppement de sociétés à mission dans<br />

l’enseignement supérieur privé, qui signifie<br />

aussi la financiarisation de ces établissements,<br />

qui doivent passer du statut<br />

d’association à celui de société anonyme.<br />

Le nouveau label peut-il vraiment apporter<br />

une information pertinente supplémentaire<br />

dans le référentiel déjà conséquent<br />

des reconnaissances et certifications des<br />

établissements et des formations ? Comment<br />

lutter contre les promesses non tenues<br />

d’écoles qui séduisent de plus en plus de<br />

jeunes grâce à un marketing qui leur fait<br />

oublier que c’est d’abord la qualité de l’enseignement<br />

et de l’encadrement qui doivent<br />

prévaloir dans leurs choix ? Pour répondre<br />

à ces questions, nous appelons de nos vœux<br />

la mise en place de l’ensemble des propositions<br />

faites par le rapport.<br />

La question de l’information des familles<br />

est cruciale selon vous ?<br />

C’est indispensable, il faut améliorer l’information<br />

apportée aux jeunes et aux familles<br />

afin qu’ils puissent bien mesurer<br />

la valeur du type d’établissement ou de<br />

diplôme qu’il va choisir.<br />

Le schéma de l’enseignement supérieur<br />

que nous avons établi montre bien la distinction<br />

entre l’enseignement supérieur en<br />

contrat (Université, établissements publics,<br />

EESPIG), contrôlé et évalué par le ministère<br />

de l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche, aux missions de service public<br />

reconnues par l’État ; et le supérieur<br />

hors contrat, qui rassemble des établissements<br />

lucratifs ou non, de qualité certifiée<br />

ou non, qui ont fait le choix de ne pas être<br />

en contrat avec l’État. Ces établissements<br />

sont, certes pour certains contrôlés par le<br />

ministère de l’Enseignement supérieur et<br />

de la Recherche (MESR), mais la grande<br />

majorité ne délivre que des titres RNCP<br />

(Répertoire national des certifications professionnelles)<br />

qui ne garantissent pas une<br />

poursuite ou reprise d’études. Il faudrait<br />

maintenant que le MESR s’engage dans<br />

ce type de campagne de communication<br />

qui aidera, sans conteste, les familles à y<br />

voir plus clair.<br />

<strong>Mai</strong>s alors comment faut-il agir pour<br />

réguler l’enseignement supérieur<br />

privé ?<br />

Il faut apporter du contrôle et de la<br />

transparence à un secteur parmi les<br />

moins régulés par l’État en France alors<br />

qu’on touche pourtant à l’essentiel, à la<br />

construction de l’avenir de notre société,<br />

avec la formation des jeunes. Établir un<br />

cadre protecteur pour l’intérêt général et<br />

le droit des étudiants est indispensable.<br />

Parcoursup, par exemple, en tant que principal<br />

outil d’orientation, doit apporter une<br />

information claire, lisible et intelligible aux<br />

jeunes et à leur famille. Or, aujourd’hui<br />

si toutes les formations contrôlées par<br />

le MESR sont bien sur Parcoursup, on y<br />

trouve également les formations en apprentissage,<br />

toutes les formations, y compris<br />

celles qui ne sont pas contrôlées sur<br />

leurs pratiques pédagogiques et l’accompagnement<br />

quotidien de leurs étudiants.<br />

Être présent sur Parcoursup devrait être<br />

une garantie du contrôle du MESR ! Et s’il<br />

y avait un nouveau label, il devrait obliger<br />

les établissements à recruter via Parcoursup.<br />

Cela permettrait d’avoir un cadre commun<br />

à tous les établissements et de fluidifier<br />

la communication.<br />

Le contrôle de France Compétences<br />

sur les formations en apprentissage<br />

n’est pas suffisant ?<br />

La certification Qualiopi délivrée par<br />

France Compétences n’atteste que du respect<br />

d’un processus de formation. Elle ne<br />

contrôle pas la qualité du contenu de la formation.<br />

Comment le rappelle notre ancien<br />

président, Jean-Philippe Ammeux, le développement<br />

de l’enseignement supérieur<br />

privé lucratif actuel rappelle celui qui a eu<br />

lieu aux Etats-Unis il y a quelques années.<br />

Avec l’octroi de prêts étudiants sur fonds<br />

fédéraux, sans contrôle rigoureux de la<br />

qualité, les formations privées For-Profit<br />

se sont beaucoup développées. Elles délivraient<br />

des formations qui n’étaient pas à la<br />

hauteur, à des étudiants qui se sont considérablement<br />

endettés pour les financer et<br />

qui n’ont ensuite pas pu rembourser leurs<br />

dettes. La crise de la dette étudiante américaine<br />

était en fait due à 90 % à des institutions<br />

For-Profit. Nous pouvons faire<br />

un parallèle avec la situation actuelle, en<br />

France, avec l’augmentation considérable<br />

des formations en apprentissage, financées<br />

sur fonds publics. Notamment quand les<br />

étudiants signent des contrats qui stipulent,<br />

en tout petit, qu’ils devront financer au tarif<br />

de la formation initiale, s’ils ne trouvent<br />

pas de contrat d’apprentissage dans une entreprise.<br />

Nous appelons à la vigilance sur<br />

la qualité et le sérieux des formations en<br />

apprentissage, un contrôle plus strict des<br />

modalités de la formation et des chiffres<br />

d’insertion professionnelle réels, annoncés<br />

par l’établissement.<br />

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