L'alimentation des Noirs Marrons du Maroni : vocabulaire ... - IRD
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NOTE SUR LES NOIRS MARRONS DU BASSIN DU MARONI<br />
Les <strong>Noirs</strong> <strong>Marrons</strong> installés dans le bassin <strong>du</strong> fleuve <strong>Maroni</strong> 1 sont les <strong>des</strong>cendants <strong>des</strong> esclaves qui,<br />
aux XVIIe, XVIIIe et XVIIIe siècles, s'enfuirent <strong>des</strong> plantations coloniales hollandaises <strong>du</strong> Surinam et se<br />
réfugièrent en forêt. Ils ont formé trois groupes ethniques: Aluku (Boni), Ndjuka et Paramaka.<br />
Les Ndjuka, de loin les plus nombreux2, sont principalement sur la rive surinamienne <strong>du</strong> Moyen<br />
<strong>Maroni</strong> et sur son affluent le Tapanahoni. A partir de leurs territoire clanique, ils se sontéten<strong>du</strong>sdans les îles<br />
et sur la rive guyanaise <strong>du</strong> fleuve qu'ils occupent et cultivent depuis le XVIII o siècle. Ces installations n'ont<br />
cependant pas le même statut que leurs villages ancestraux. Les Aluku3, issus de révoltes plus tardives, en<br />
majorité protégésoucitoyensfrançais, occupent la rive guyanaise <strong>du</strong> Lawa (Haut-<strong>Maroni</strong>) et <strong>du</strong> Bas-<strong>Maroni</strong>.<br />
Ils ontessaimé dans les trois principales villes deGuyane: Saint-Laurent, Kourou et Cayenne. Les Paramaka,<br />
les moins nombreux, occupent, à hauteur <strong>du</strong> Bas-<strong>Maroni</strong>, <strong>des</strong> îlots dont l'appartenance est incertaine.<br />
La fragmentation <strong>du</strong> relief qui limite l'exploitation <strong>des</strong> sols aux berges fluviales et les difficultés de<br />
déplacement en forêt, <strong>du</strong>es à l'absence de voies de communication terrestres, ont déterminé une occupation<br />
continue de l'espace, au long <strong>du</strong> fleuve et de ses affluents.<br />
Marquées par une même origine culturelle où prédominent les influences africaines, les coutumes et<br />
les langues <strong>des</strong> <strong>Marrons</strong> sont très proches.<br />
Ils se sont constitués en sociétés claniques et matrilinéaires, la parenté se transmettant par les femmes:<br />
groupes de résidence utérins, transmission <strong>des</strong> droits fonciers, <strong>des</strong> biens et <strong>des</strong> charges en ligne maternelle.<br />
Les croyanceset pratiquesreligieuses,qui pénètrentla vie sociale <strong>des</strong><strong>Noirs</strong> <strong>Marrons</strong>, reposent sur une<br />
métaphysique régie par deux valeursdirectrices :d'un part l'autorité protectrice <strong>des</strong> ancêtres sur les groupes<br />
de parenté - ainsi que le culte qui leur est ren<strong>du</strong> - et, d'autre part, Yobia . L'obÛl constitue une vaste catégorie<br />
magico-sacrée au sein de laquelle s'allient le pouvoir <strong>des</strong> ancêtres et celui <strong>des</strong> esprits et forces de la nature.<br />
C'est <strong>du</strong> domaine de Yobia que relèvent les cultes <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> divinités, les phénomènes de possession ainsi<br />
que l'ensemble <strong>du</strong> système thérapeutique et <strong>des</strong> techniques magiques ou divinatoires.<br />
L'économie <strong>des</strong> <strong>Marrons</strong> combine l'exploitation <strong>des</strong> ressources <strong>du</strong> milieu naturel (chasse, pêche,<br />
cueillette), l'agriculture de subsistance et les activités rémunérées.<br />
. En raison de la pauvreté <strong>des</strong> sols, l'agriculture est de type rotatif sur brûlis. Elle ne concerne que <strong>des</strong><br />
finages situés en bor<strong>du</strong>re de rivière et nécessite assez souvent <strong>des</strong> déplacements par voie d'cau. Ce mode de<br />
pro<strong>du</strong>ction, combiné aux règles d'organisation sociale, favorise une bi voire une poly-localité : villages<br />
claniques traditionnels, sièges <strong>des</strong> activités socio-polltiqucs et religieuses et habitations temporaires sur les<br />
lieux de culture tkampuï.<br />
La terre est la propriété collective de groupes de parenté; les indivi<strong>du</strong>s n'y exercent que <strong>des</strong> droits<br />
d'usage sur <strong>des</strong> défriches. La dévolution de ces droits s'effectue en ligne maternelle.<br />
Chez les Ndjuka4, les espaces aux alentours <strong>des</strong> grands villages constituent <strong>des</strong> territoires contrôlés<br />
par les groupes claniques qui y sont installés, les droits fonciers <strong>des</strong> matrilignages étant inscrits dans les<br />
structures villageoises. Par contre, les éten<strong>du</strong>esde forêt primaire situéesle long<strong>du</strong> flcu vc <strong>Maroni</strong>, à partir<strong>du</strong><br />
lieu-dit Tapudam et de l'embouchure <strong>du</strong> Lawa, sont considérées comme ne relevant que de l'autorité<br />
suprême<strong>du</strong> gaanman, chefde la tribu-nation'i. Elles peuvent être exploitées par tout ressortissant de l'ethnie.<br />
C'est le déboisement par abattage et brûlis qui fonde les droits d'usage, en particulier celui de mise culture.<br />
Ce droit est transmissible en ligne utérine: le premier occupant, à sa mort, le leguera à sa famille maternelle,<br />
avec toutefois une prérogative en faveur de ses propres enfants. Ce droit est, par nature, inaliénable et imprescriptible:<br />
même si l'abattis reste en friche <strong>du</strong>rant plusieurs années, il ne s'effacera pas.<br />
L'exploitation <strong>des</strong> ressources naturelles offertes par une parcelle, qu'il s'agisse de chasse, de pêche ou<br />
de cueillette, est, en principe, libre mais un privilège est réservé aux bénéficiaires<strong>du</strong> droit d'usage (indivi<strong>du</strong>s,<br />
lignages, clans) avec lesquels un accord doit être établi.<br />
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