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JEUX OLYMPIQUES DESCENTEHOMMES<br />
LE POINT<br />
● ON ATTENDAIT MATHIEU CRÉPEL et son fameux 1 440 o , c’est<br />
finalement Gary Zebrowski qui a atteint la finale du half-pipe. La cheville<br />
douloureuse, le Tahitien a tenté le tout pour le tout lors de l’ultime<br />
run, mais il est tombé et ne se classe finalement que sixième.<br />
(Photo Jérôme Prévost)<br />
HIER, ILS ONT DIT<br />
● LES SAUTS DE<br />
LARS BYSTOEL<br />
ont été un peu<br />
moins longs que<br />
ceux de ses<br />
principaux<br />
concurrents mais le<br />
Norvégien a<br />
bénéficié de<br />
meilleures notes<br />
techniques. Après<br />
avoir créé une<br />
première surprise<br />
en s’imposant à<br />
Innsbruck lors de<br />
la Tournée des<br />
quatre tremplins,<br />
Bystoel a récidivé<br />
en décrochant le<br />
titre olympique du<br />
petit tremplin.<br />
(Photo Murad<br />
Sezer/AP)<br />
● CHAMPION OLYMPIQUE EN TITRE, grand favori du 1 500 m,<br />
l’Américain Apolo Anton Ohno s’est classé troisième… de la finale B. Le<br />
médiatique homme à la barbichette a manqué son entrée dans ces JO et<br />
laissé la vedette au Coréen Ahn Hyun-soo, vainqueur du 1 500 m.<br />
(Photo Kevork Djansezian/AP)<br />
● AU REVOIR,<br />
GEORG. Pour ses<br />
cinquièmes Jeux<br />
Olympiques, le<br />
légendaire lugeur<br />
allemand Georg<br />
Hackl n’a pu<br />
prendre que la<br />
septième place.<br />
Triple champion<br />
olympique (1992,<br />
1994, 1998),<br />
encore deuxième<br />
voilà quatre ans,<br />
Hackl se retire à<br />
trente-neuf ans.<br />
(Photo Mladen<br />
Antonov/AFP)<br />
EN DIRECT DE L’ÉQUIPE SUR<br />
● Antoine DÉNÉRIAZ (ski alpin, champion olympique de descente) : « Dès que<br />
j’ai mis les bâtons dans les portillons, je me suis dit qu’il fallait prendre des risques.<br />
J’étais à la limite partout. Je ne pensais pas avoir une telle avance. Je ne réalise pas<br />
encore. Samedi, je vais participer au super-G. J’ai fait, d’ailleurs, des meilleurs résultats<br />
en super-G cette saison. Je vais être libéré, alors pourquoi pas… »<br />
● Jean-FrançoisLAMOUR (ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative,<br />
après la victoire olympique d’Antoine Dénériaz en descente) : « C’est un<br />
grand moment. Surtout c’est un beau moment pour Antoine qui était blessé. Il avait<br />
dit qu’il seraitprêt, et il a été prêt. Ce qui me rend fier c’est qu’il fait le meilleur temps<br />
en qualifications et qu’il a confirmé. Il avait un esprit de conquérant. Il a prouvé qu’il<br />
est un grand champion. Il ne semblait non pas sûr de lui mais déterminé. Il faut<br />
désormais s’habituer à voir des Français gagner en descente. »<br />
● Luc ALPHAND (ski alpin, vainqueur de la Coupe du monde en 1997 ; rallye,<br />
vainqueur du Dakar en 2006) : « Je suis heureux d’avoir vécu un tel moment, c’est<br />
une énorme victoire. C’est beau, c’est magique. C’est comme pour l’arrivée de Crétier<br />
(1998), de Montillet, le doublé Vidal-Amiez (2002). Génial ! »<br />
● Guy FORGET (capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis) : « C’était un<br />
week-end parfait. Les Allemands étaient favoris. On est arrivés avec un capital<br />
confiance entamé. Ils (les joueurs français) ont gagné contre des joueurs qui les<br />
avaient battus il y a quinze jours à Melbourne. Ils sont allés puiser au fond d’eux.<br />
C’est vrai, parfois j’ai des mots durs mais j’essaie aussi de leur donner des conseils<br />
tactiques, de les valoriser. »<br />
● Yannick NIANGA(rugby, troisième-ligne de l’équipe de France de rugby) : «On<br />
a eu du malà terminerle match.Certains ont parléde problèmesphysiques,d’autres<br />
de panique. On fera le point dans quinze jours (face à l’Italie). Mais le match a été<br />
gagné, et cela contre une équipe d’Irlande venue au complet. Après notre défaite<br />
contre l’Écosse,on a été vexés parcequ’on est des compétiteurs.Notre objectif reste<br />
toujours la Coupe du monde 2007. »<br />
■ EN DIRECT DE « L’ÉQUIPE » SUR RTL, TOUS LES DIMANCHES DE 19 H 30<br />
À20H30<br />
SKI ALPIN<br />
13 h 05, la délivrance<br />
De son réveil à 7 h 30 à l’aube d’une longue nuit, retour sur la journée magique du champion olympique.<br />
SESTRIÈRES –<br />
de nos envoyés spéciaux<br />
SURTOUT NE RIEN CHANGER. Ne<br />
pas penser que tout à l’heure, peutêtre…<br />
Oublier ce qui viendra après.<br />
Essayer simplement de faire comme<br />
si c’était un dimanche comme les<br />
autres qui commençait. Il est 7 h 30<br />
au village olympique. L’heure du<br />
réveil pour les Français. Vincent<br />
Espie, le préparateur physique,<br />
guette avec curiosité « ses » descendeurs.<br />
Comme toujours, Antoine<br />
Dénériaz est le premier au petit déj’.<br />
Avant de manger seul et beaucoup, il<br />
offre un grand sourire en réponse au<br />
« Bien dormi ? » de Vincent. La descente<br />
olympique se profile maintenant<br />
dans moins de quatre heures<br />
mais rien ne semble pouvoir perturber<br />
le géant de Morillon. Serein jusqu’au<br />
bout, même dans ces<br />
moments de grands chamboulements.<br />
À 8 h 30, « Tonio » chausse les skis<br />
au pied du Village pour rejoindre en<br />
télésiège le sommet de la Kandahar<br />
Banchetta et attaquer la reconnaissance.<br />
Il est appliqué et attentif,<br />
comme d’habitude mais pas plus. Il<br />
ne s’attarde d’ailleurs pas. Il a en<br />
théorie jusqu’à 11 heures pour<br />
s’imprégner une dernière fois de la<br />
piste mais à 10 h 30, il a déjà terminé<br />
son échauffement et pousse la porte<br />
du restaurant d’altitude où les<br />
skieurs patientent jusqu’au grand<br />
départ. Dans un coin bleu avec<br />
Pierre-Emmanuel Dalcin, Yannick<br />
Bertrand, et Cédric Daniel, le kiné.<br />
« Là, on essaye d’évacuer le stress,<br />
raconte Cédric.On déconne. On parle<br />
de tout et de rien. » Plutôt pas de ski,<br />
évidemment. Et pour les conneries,<br />
Antoine n’est jamais le dernier.<br />
Dossard 30, le Français a du temps. Il<br />
laisse donc les premiers ouvrir le bal<br />
dominical et se retrouve tout seul<br />
dans le resto. Mais quand, aux alentours<br />
du dossard 20, il passe la tête<br />
dans l’aire de départ, il ne sait rien de<br />
cequi s’est passé jusque-là. Il ne veut<br />
rien savoir. Il préfère rester dans son<br />
monde. « À partir de ce moment-là,<br />
il a son petit rituel, sourit le kiné qui<br />
l’attend là-haut. Plus ordonné que<br />
lui, ça n’existe pas. Du sous-pull aux<br />
lunettes, tout est réglé comme il<br />
faut. » C’est là que « Tonio »<br />
retrouve « Moineau », Pascal<br />
Lemoine son technicien, qui a préparé<br />
ses skis. Entre eux, il n’est pas<br />
besoin de mots. La complicité est ailleurs.<br />
Au point qu’Antoine ignore<br />
quelle paire il chaussera dans<br />
quelques minutes, juste avant de<br />
pénétrer dans le cabanon.<br />
« J’ai faim,<br />
la médaille,<br />
ça ne nourrit pas ! »<br />
C’est l’heure. Un officiel lui remet<br />
son dossard. Un dernier regard vers<br />
« Moineau ». Un dernier mot. «On<br />
va la gagner, cette course », lui<br />
glisse Pascal. « Allez, au boulot », se<br />
marre Antoine. Il pose maintenant<br />
ses skis face à la pente. Il n’y a plus<br />
que Cédric le kiné et lui. « Souvienstoi,<br />
c’est ton jour », répète Cédric. Il<br />
est maintenant seul. Il est 13 h03. Il<br />
pousse comme jamais et s’en va<br />
écrire l’histoire.<br />
1’48’’80 plus tard, Antoine Dénériaz<br />
est champion olympique de descente.<br />
La suite ne lui appartient plus.<br />
Il n’aura que le podium et la Marseillaise<br />
pour commencer à réaliser. Il<br />
n’aura que quelques secondes pour<br />
une longue étreinte avec ses<br />
coaches, ses frères de descente, avec<br />
ses parents. Inlassablement, il<br />
«J’enaichialé»<br />
JEAN-LUC CRÉTIER, champion olympique de descente en 1998,<br />
a vécu le grand frisson hier. Et prédit d’autres prouesses de Dénériaz.<br />
SESTRIÈRES –<br />
de notre envoyé spécial<br />
« HUIT ANS APRÈS VOUS, un Français croque le titre<br />
olympique en descente… Ça vous inspire quoi ?<br />
– Quedu bonheur !Une émotion indescriptible,un pied pas<br />
possible. Même maintenant (quatre heures après l’arrivée),<br />
je suis encore tout tourneboulé. En bas, j’en ai chialé. Avec<br />
Franck (Piccard), on sanglotait de joie comme des gosses.<br />
C’est ça qui est beau : malgré ce qu’on a pu vivre dans nos<br />
carrières, un gamin comme Antoine arrive à nous donner la<br />
chair de poule, à nous faire sentir à nouveau ces frissons.<br />
– Et pourtant, les résultats du ski alpin français cet<br />
hiver n’incitaient pas à une franche espérance ?<br />
– Ça dépend pour qui. À la différence de nos glorieux aînés<br />
«C’estlebonheur»<br />
CAROLE MONTILLET, alors en plein entraînement en vue de<br />
sa descente, mercredi, a suivi à la télé l’exploit de son frère de glisse.<br />
SAN SICARIO –<br />
de notre envoyée spéciale<br />
MAIS QUE FONT-ELLES, ces Françaises<br />
scotchées à cette télé ? On ne<br />
leur a jamais dit que c’était mauvais de<br />
regarder si près un écran ! Dorfmeister,<br />
Kostelic, Paerson ont quitté depuis<br />
longtemps l’aire d’arrivée de cette première<br />
descente d’entraînement à San<br />
Sicario. Mais Carole Montillet et Ingrid<br />
Jacquemod sont encore là. Figées. Le<br />
souffle suspendu à la descente<br />
d’Antoine Dénériaz qui, à quelques<br />
kilomètres d’elles, à Sestrières, est en<br />
train d’accomplir le chef d’œuvre de sa<br />
vie.<br />
Un cri strident. Un deuxième. Un ange<br />
passe. Puis soudain, c’est l’explosion<br />
de joie. Elles s’enlacent, s’embrassent,<br />
pleurent. Antoine est champion olympique<br />
de descente. « On aurait manqué<br />
ça pour rien au monde, jubile<br />
Ingrid Jacquemod. C’est énorme ! Il a<br />
mis une pilule à tout le monde. »<br />
Carole Montillet a les yeux humides<br />
derrière ses lunettes de soleil. Au<br />
début, « j’ai chialé à cause du stress ».<br />
Après le deuxième intermédiaire, « j’ai<br />
chialé d’envie, de bonheur », dit-elle.<br />
« Seul le sport peut faire vivre de telles<br />
émotions, poursuit Carole, la mieux<br />
placée pour savoir ce qu’Antoine a pu<br />
ressentir. Je ne sais pas si je vais m’en<br />
qui n’ont pas cessé de bastonner à droite et à gauche, nous,<br />
on y croyait. Ça m’a un peu énervé tout ce dénigrement.<br />
D’accord,les résultats n’étaient pas géniaux, mais on sentait<br />
qu’il ne manquait pas grand-chose. On est peut-être des<br />
sales merdeux, mais on ne leur doit plus rien à nos glorieux<br />
anciens. En huit ans, on a deux titres olympiques en descente.<br />
C’est qu’on n’est pas si nuls que ça.<br />
– En fin de carrière, vous avez côtoyé Antoine en<br />
équipe de France. Pressentiez-vous à cette époque<br />
un destin aussi fort ?<br />
– C’est difficile à dire. Je crois qu’il a développé son potentiel<br />
petit à petit jusqu’à la consécration de Sestrières. Et ce<br />
n’est pas fini. Avec la confiance qu’il va retirer de ce titre, il<br />
claquera d’autres trucs, c’est certain. Je sais ce qui l’attend<br />
maintenant : sa vie va changer. » – F. Be.<br />
remettre. C’est le bonheur. Il le mérite.<br />
Maintenant, je sais ce quil’attend avec<br />
les sollicitations, tout ça, mais ce n’est<br />
que du bonheur, oui. Sa prochaine<br />
course (le super-G) n’est que dans une<br />
semaine (le 18) et il va avoir du temps<br />
pour réaliser qu’il est champion olympique.<br />
» Carole est insatiable. Elle<br />
brosse le portrait de son successeur au<br />
sommet de l’olympe. « C’est un mec<br />
hyper gentil, simple, qui n’a jamais<br />
baissé les bras. Il s’est blessé, a eu des<br />
hautsetdesbas maisn’apas abandonné.<br />
Il attire la sympathie. Son nouveau<br />
statut lui va bien. C’est un beau champion<br />
olympique. »<br />
ANNE LADOUCE<br />
ILS ONT DIT<br />
Killy : «Ilestnotrefierté»<br />
● Jean-Claude KILLY (triple champion olympique, descente, slalom et géant, en<br />
1968) : « Il a inscrit un trait de gloire entre ciel et neige, sur un coup de génie, très<br />
certainement bien préparé. Dire que c’est magnifique est sans doute d’une<br />
incroyable platitude. Mais que dire de plus ? C’est superbe ! Il a poursuivi une bien<br />
belle tradition française. Il est notre fierté, car il a su s’imposer le jour J, après une<br />
longue période de doute due à de nombreuses blessures. Il a été courageux. Cela<br />
devient une spécialité française d’être présent lorsque l’on n’est pas favori. Cette<br />
position lui a sans doute permis de se préparer en toute tranquillité, à l’inverse de<br />
ses adversaires, qui avaient la pression. Il a couru comme un milord. J’étais dans la<br />
tribune officielle à Sestrières, et le premier à me féliciter a été le président du CIO,<br />
JacquesRogge, commesi j’avaistriomphé sur lepiste.Onm’areproché d’avoir eula<br />
dent dure avec le ski français. Ce n’est pas à plus de soixante ans que je vais me tirer<br />
une balle dans le pied : j’ai besoin que nous ayons de bons coureurs en 2009 quand<br />
la France et Val-d’Isère organiseront les Championnats du monde ! » –A.L.<br />
● Jean-Pierre VIDAL (champion<br />
olympique de slalom 2002) : « C’était<br />
magique, Tonio a été extraordinaire<br />
pour gérer l’événement. Il a montré<br />
qu’on était capable de réussir. Cela va<br />
nous enlever un peu de pression. Et<br />
puis, c’est la victoire de la passion. On a<br />
certainement moins de moyens que les<br />
Autrichiens, mais on a en plus des<br />
hommes des entraîneurs capables de se<br />
surpasser lors des grands événements.<br />
Antoine nous l’a prouvé… »<br />
● Luc ALPHAND (vainqueur de la<br />
Coupe du monde 1997) : « C’est<br />
encore plus fort que la victoire deJean-<br />
Luc (Crétier) à Nagano, parce qu’à<br />
l’époque j’étais encore dans le truc…<br />
Avec Antoine, je partage plein de<br />
choses,on a couruensemble, on saitce<br />
que ça représente de remporter une<br />
descente, même si ça ne m’est jamais<br />
arrivé aux Jeux. Tous ces efforts à fournir,<br />
la concentration, le travail, les<br />
heures passées… Antoine, il revient<br />
d’une blessure au genou, ça aussi, je<br />
sais ce que c’est. »<br />
● Franck PICCARD (champion<br />
olympique de super-G en 1998) :<br />
« J’apprécie beaucoup sa sérénité, son<br />
humilité. Il n’a pas calculé et c’est sa<br />
force. Par rapport aux Suisses et aux<br />
Autrichiens surtout, qui laissent beaucoup<br />
de jus dans la saison pour gagner<br />
leur sélection pour les Jeux, nous, en<br />
France c’est plus tranquille pour la<br />
qualification. On doit garder de la fraîcheur.<br />
L’énergie, il faut en posséder<br />
encore au départ pour une course<br />
unique. Antoine l’avait. »<br />
● Michel VION (champion du<br />
monde du combiné 1982 et ancien<br />
DTN) : « C’est exactement le genre de<br />
victoires dont l’équipe de France a<br />
besoin. Pour recréer un esprit, une<br />
symbiose…»<br />
● Émile ALLAIS (double médaillé de<br />
bronze olympique, slalom et combiné,<br />
en 1936) : « C’était presque parfait. Ça<br />
m’a rendu heureux ! Le moral de nos<br />
skieurs n’était pas brillant mais avec<br />
cette médaille d’or, ça va repartir. Sa<br />
victoire est méritée parce que sur une<br />
piste aussi technique il n’y a pas de<br />
secret : le meilleur gagne à la fin. »<br />
décline son bonheur dans toutes les<br />
langues, devant tous les micros et les<br />
télés qui l’oppressent. Puis en conférence<br />
de presse avant de se soumettre<br />
au contrôle. Sa course est terminée<br />
depuis deux heures et demie<br />
mais il n’a toujours pas eu le temps<br />
de souffler.<br />
À 15 h 30, il sort enfin, et de loin le<br />
dernier, du contrôle antidopage.<br />
« Pas facile de faire pipi sur commande<br />
avec toutes ces émotions »,<br />
avoue-t-il. Quelques autographes,<br />
une ou deux photos encore devant<br />
les anneaux olympiques en mordant<br />
sa médaille, un petit sandwich en<br />
guise de hors d’œuvre (« J’ai faim et<br />
lamédaille, même à pleines dents,ça<br />
ne nourrit pas ! ») et le voilà parti, en<br />
navette spéciale, accompagné de<br />
Maurice Adrait, l’intendant des<br />
Bleus, pour le village olympique.<br />
16 h 15, repas rapide avec les<br />
membres de l’équipe qui l’ovationnent,<br />
douche et départ pour le Club<br />
France où ses parents et amis patientent.<br />
À 17 h 45, dès son arrivée au<br />
restaurant qui, sur les hauteurs de la<br />
station, sert de point de ralliement<br />
aux Français, il est happé par France<br />
2 pour l’ouverture, en direct, de<br />
Stade 2. La conférence de presse<br />
pour les journaux et les radios commence<br />
ensuite à 18 heures, il<br />
enchaîne avec des directs sur<br />
Europe 1 et RMC Infos, un entretien<br />
particulier pour L’Équipe, un enregistrement<br />
avec Claire Chazal pour le JT<br />
de TF1… Vite, il est demandé en<br />
direct sur unplateau pour le 19/20 de<br />
France 3, suivi de « En direct de<br />
L’Équipe », sur RTL, en compagnie<br />
du ministre des Sports. Il ouvre le<br />
journal de la 2, puis « Tout le Sport »<br />
sur France 3. Ouf ! Il peut enfin, dans<br />
un coin réservé, s’attabler avec sa<br />
famille et Jean-François Lamour, et<br />
profiter d’un moment de calme. Pendant<br />
ce temps, pêle-mêle, Luc<br />
Alphand, Carole Montillet, le hurdler<br />
britannique Colin Jackson, consultant<br />
de la BBC, ou encore le Prince<br />
Albert de Monaco, venus tout exprès<br />
saluer ce bon Antoine, prennent<br />
l’apéritif ensemble. Même Marc<br />
Girardelli est là. Nicolas Burtin,<br />
aussi, son ancien compagnon de<br />
chambrée venu en express de<br />
Megève pour prolonger la nuit. Pour<br />
certains, du Club France au Tabata,<br />
elle durera jusqu’à l’aube. Parce qu’il<br />
est des journées qui ne devraient<br />
jamais se terminer…<br />
PATRICK LAFAYETTE<br />
et BENOÎT LALLEMENT<br />
SESTRIÈRES. –<br />
1’48’’80 de descente<br />
et Antoine Dénériaz<br />
touche l’or<br />
olympique.<br />
Une poignée de<br />
secondes pour<br />
une éternité<br />
de bonheur.<br />
(Photo Richard Martin)<br />
● Gérard ROUGIER (directeur technique<br />
national de la FFS) : « Vendredi<br />
soir, j’ai annoncé à Mauro (Cornaz,<br />
l’entraîneur de Dénériaz) qu’Antoine<br />
serait champion. Il a fait une course<br />
géniale de maîtrise. C’est la récompense<br />
de la persévérance. Cette<br />
médaille d’or est pour toute l’équipe<br />
deFrance.Quandonycroit,on yarrive.<br />
On a une équipe très performante et<br />
les Jeux ne font que commencer. »<br />
● Michael WALCHHOFER (AUT, 2 e<br />
de la descente hier) : « Quand Bode<br />
Miller est parti, je crois que mon cœur<br />
aurait pu s’arrêter. C’était extrêmement<br />
excitant, jusqu’à ce qu’Antoine<br />
montre à tout le monde ce dont il était<br />
capable. »<br />
● Bruno KERNEN (3 e ,SUI):« C’est<br />
un rêve qui se réalise et peu importe le<br />
métal. J’ai lu dans un livre de psychologie<br />
qu’on est plus heureux avec le<br />
bronze que l’argent car le deuxième,<br />
lui, a la déception de ne pas être champion.<br />
»<br />
● Bode MILLER (USA, 5 e ) :<br />
« Antoine Dénériaz ? Je le hais. Non,<br />
plus sérieusement, je ne suis pas surpris,<br />
ou alors si je dois l’être, c’estde ne<br />
pas avoir su mieux skier que lui ou<br />
Walchhofer qui sont de purs glisseurs.<br />
Aujourd’hui, il y a pas mal de coureurs<br />
qui ont merveilleusement skié, et<br />
Antoine a simplement skié encore<br />
mieux que tous ceux-là. »<br />
● Hermann MAIER (AUT, 6 e ):«À<br />
chaque fois que je prends le départ<br />
d’une descente olympique, c’est un<br />
Français qui gagne. »<br />
● Marco BUECHEL (LIE, 7 e ) :<br />
« J’avoue que je ne l’attendais pas là,<br />
mais je suis content que ce ne soit pas<br />
un des “Usual Suspects” qui l’ait<br />
emporté…»<br />
PAGE 2 LUNDI 13 FÉVRIER 2006