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PROLONGATIONS<br />
«TRENTEANSDEMAVIE»<br />
ANTOINE DÉNÉRIAZ en rêvait depuis toujours : l’or de la descente olympique, récompense d’une vie de travail.<br />
ENTRETIEN DU LUNDI<br />
Une valse folle, celle qui suit les titres<br />
olympiques. Mais pas de panique. Antoine<br />
Dénériaz est un homme calme. Alors il répond<br />
avec gentillesse à toutes les sollicitations.<br />
Avant de fêter comme il se doit son titre au club<br />
France, lieu de ralliement du ski français,<br />
« Tonio », tout d’or ceint, s’est posé sur un<br />
sofa, affable et bienveillant.<br />
SESTRIÈRES –<br />
de notre envoyé spécial<br />
«CETTE MÉDAILLE autour du<br />
cou, elle est lourde ?<br />
– Oui mais elle n’est pas lourde à<br />
cause de son poids, elle est lourde<br />
parce que, symboliquement, elle<br />
représente quasiment trente ans de<br />
ma vie, parce que, depuis que je suis<br />
tout petit et sans prétention,<br />
quelque chose me disait qu’un jour,<br />
je serais le meilleur descendeur du<br />
monde et là, c’est fait : j’ai gagné la<br />
plus belle des courses. C’est comme<br />
une immense récompense pour tout<br />
le travail que j’ai fourni pour en arriver<br />
là. Et une récompense qui va<br />
peut-être un peu changer ma vie.<br />
Mais, en même temps, je l’ai bien<br />
cherché.<br />
– Ce numéro 30, le numéro de<br />
votre dossard, va-t-il devenir<br />
légendaire ?<br />
– Je ne sais pas parce que, samedi,<br />
quand j’ai vu que j’étais premier à<br />
l’entraînement, ma première réaction,<br />
ç’a été : "Merde ! Je vais partir<br />
avec le dossard 30." Et puis je me<br />
suis souvenu que j’avais gagné à Val<br />
Gardena avec le même dossard 30,<br />
que c’était donc une pression que je<br />
connaissais et que, quelque part,<br />
j’appréciais aussi partir après tous<br />
les autres.<br />
– Lors de ce dernier entraînement,<br />
malgré un petit coup de<br />
frein avant le dernier saut,<br />
vous aviez tout donné, déjà ?<br />
– Oui, parce que je suis persuadé<br />
qu’aujourd’hui, pour progresser,<br />
pour aller chercher encore plus loin,<br />
il faut être à fond tout le temps. Ce<br />
n’est pas en skiant à 60 % que tu vas<br />
trouver les bonnes trajectoires, que<br />
tu vas tester les sauts, c’est en étant<br />
à 100 %. Simplement pour ne pas<br />
avoir de surprise le jour de la course.<br />
Samedi, j’étais donc à fond alors, en<br />
même temps, j’ai eu peur de trop<br />
freiner, j’avais peur de sortir des<br />
trente premiers et de tout gâcher.<br />
Hier, bizarrement et comme chaque<br />
fois, il y avait quelque chose de supplémentaire<br />
à l’intérieur de moi qui<br />
allait m’aider à être encore plus qu’à<br />
fond.<br />
– Comment s’est passée votre<br />
dernière journée d’avantcourse<br />
?<br />
– Je me suis préparé plutôt calmement,<br />
j’ai fait comme d’habitude : les<br />
séances de kiné, de vidéo, je suis allé<br />
manger avec les autres, comme toujours,<br />
après, j’ai préparé le matériel<br />
tranquillement, j’ai pensé à autre<br />
chose, je ne me suis pas focalisé sur<br />
la course.<br />
– Une bonne nuit, ensuite ?<br />
– Pas vraiment : en fait, je me suis<br />
réveillé vers trois heures et, ensuite,<br />
impossible de me rendormir. Déjà, la<br />
nuitd’avant, je m’étais réveillé aussi,<br />
sans pouvoir retrouver le sommeil.<br />
Ce n’est pas très agréable : tu te<br />
retrouves à somnoler, à tourner à<br />
droite à gauche dans ton lit. Mais<br />
bon ! le matin, ça s’est bien passé,<br />
j’étais plutôt détendu, au petit<br />
déjeuner, j’ai blagué avec tout le<br />
monde et j’ai pris ça comme une<br />
journée comme les autres.<br />
– On a l’impression que vous<br />
avez appris à tout relativiser ?<br />
– J’ai passé la semaine à me dire que<br />
je n’allais pas jouer ma vie le jour de<br />
la descente, que si je gagnais une<br />
médaille, ce serait déjà bien. Parce<br />
qu’en même temps, tout le mondene<br />
peut pas devenir champion olympique<br />
ici et tout le monde a une vie<br />
quand même.<br />
–Comment vous êtes-vous préparé<br />
avant la course ?<br />
– Après la reconnaissance, j’ai parcouru<br />
deux pistes d’échauffement, je<br />
sentais que j’avais de bonnes sensations,<br />
que je n’étais pas tendu, que je<br />
skiais bien. Après, je suis allé,<br />
comme on fait toujours, au restaurant<br />
d’altitude avec Pierre (Dalcin),<br />
avec "Bambou" (Bertrand). On a discuté<br />
normalement. C’était marrant,<br />
il y avait les autres concurrents à côté<br />
et puis je les voyais partir l’un après<br />
l’autre. J’étais concentré, je ne regardais<br />
pas les temps. Je ne cherchais<br />
pas à savoir qui était devant. Il n’y<br />
avait que moi et la descente que<br />
j’allais faire. Et puis, à un moment, je<br />
me suis retrouvé quasiment seul,<br />
j’étais le dernier dans la salle. J’avais<br />
mis ma combinaison, mon casque et<br />
puis je me suis dit : « Bon ben, maintenant,<br />
faut le faire !"<br />
– Quelles sensations ressenton<br />
sur la piste quand tout va si<br />
vite, quand tout va si bien ?<br />
– J’ai senti qu’en ce qui concerne les<br />
trajectoires, je ne faisais aucune<br />
faute, même moins d’erreurs que<br />
lors de l’entraînement de la veille. Je<br />
sentais que j’attaquais au maximum,<br />
que j’allais vite. Par contre, dans la<br />
forêt, il y a eu une courbe en pied<br />
droit qui m’a un peu secoué, je me<br />
suis un peu laissé asseoir, mes skis se<br />
sont mis un peu en travers. J’ai eu<br />
vraiment peur que ce soit la faute qui<br />
gâche tout parce qu’au départ, je<br />
pensais que la course serait hyper<br />
serrée, il y avait quand même de très<br />
gros clients et il me fallait faire la<br />
course parfaite. Alors je me suis dit :<br />
"Merde, fais chier ! "<br />
– Jusqu’au moment de voir le<br />
tableau d’affichage ?<br />
– Sur le coup, je ne savais pas, je ne<br />
trouvais pas le panneau, c’est juste<br />
quand j’ai levé les yeux, que j’ai vu<br />
mon nom et le chiffre 1, que j’ai compris.<br />
À ce moment-là, vous avez des<br />
milliers d’images qui se bousculent<br />
dans votre tête.<br />
– Il y a treize mois, vous l’aviez<br />
entrevu ce titre, non ?<br />
– J’étais dans la civière, à Chamonix,<br />
je venais de me faire un genou, j’ai<br />
dit à "Bill" (Gilles Brenier, le directeur<br />
sportif) que je ne serais donc pas<br />
champion du monde cette année<br />
mais que je serais champion olympique.<br />
C’était une plaisanterie à ce<br />
moment-là.<br />
– Revenir après une telle blessure,<br />
ce n’est jamais simple ?<br />
– Des dou-<br />
'' leurs, j’en ai<br />
connu,<br />
notamment<br />
lors du premier<br />
mois,<br />
un peu<br />
compliqué :<br />
j’avais mal.<br />
Heureusement,<br />
ou<br />
plutôt malheureusement<br />
pour<br />
eux, je me<br />
suis blessé<br />
presque en<br />
m ê m e<br />
temps que Gaétan Llorach et Julien<br />
Lizeroux, il y avait aussi d’autres<br />
skieurs à Hauteville, au centre de<br />
rééducation des sportifs, ça m’a aidé<br />
car j’ai pu m’appuyer sur eux, je me<br />
suis servi de leur expérience, j’ai<br />
regardé comment ils faisaient mais<br />
c’est vrai que le premier mois, je progressais<br />
beaucoup moins vite<br />
qu’eux, je galérais, je me disais que<br />
le pari n’était pas gagné.<br />
– Ce genou qui lâche à Chamonix,<br />
ces treize mois avant de<br />
revenir, c’était finalement<br />
bénéfique ?<br />
– Cette blessure, quelque part et<br />
paradoxalement, m’a rendu encore<br />
plus calme et plus serein. Quand<br />
j’étais à l’hôpital puis en rééducation,<br />
je me disais : "Maintenant que<br />
tu es blessé, il faut penser à autre<br />
chose, il n’y a pas que le ski dans la<br />
vie." Et puis je me disais aussi que si,<br />
ensuite, ça marchait, tant mieux, et<br />
si ça ne marchait pas, j’aurais une<br />
bonne excuse.<br />
– Cet hiver, de retour, vous<br />
avez parlé de courses "terribles",<br />
à Garmisch ou à Wengen.<br />
C’est quoi, une course terrible,<br />
quand on est un<br />
descendeur ?<br />
– À Garmisch, ce n’était pas une<br />
course terrible, c’était une semaine<br />
terrible, j’étais arrivé là-bas hyper<br />
motivé, je me sentais plutôt bien,<br />
j’avais fait<br />
un bon<br />
mois de<br />
décembre,<br />
je pensais<br />
aller vite et,<br />
au premier<br />
entraînement,<br />
j’ai<br />
pris une<br />
tarte et jour<br />
après jour<br />
aussi,<br />
j’étais incapable<br />
de<br />
trouver la<br />
clé de la<br />
piste. Je ne<br />
''<br />
comprenais rien, c’était une semaine<br />
galère.<br />
– Avez-vous alors été saisi par<br />
le doute ?<br />
– Non, justement, cette semaine de<br />
Garmisch m’a aidé, j’arrive maintenant<br />
à me dire que je suis un être<br />
humain, que je peux avoir des jours<br />
sans et des jours avec et que c’était<br />
doncune semaine oùce n’était pas le<br />
vrai Antoine qui skiait, que ça irait<br />
mieux lasemaine prochaine. Comme<br />
à Wengen, quand j’ai passé la ligne,<br />
je me suis dit : "Ça y est, c’est fini,<br />
maintenant, je plie mon sac et je<br />
m’en vais." La semaine d’après,<br />
c’était Kitzbühel et, là, j’ai bien skié.<br />
Aujourd’hui, j’arrive vraiment à ne<br />
pas m’énerver quand les choses vont<br />
mal, à analyser, à me dire qu’une<br />
course ratée, que ce n’est pas grandchose,<br />
que la prochaine sera meil-<br />
FRANCE FOOTBALL MARDI<br />
Rappel prix de vente au numéro, 1 an : 107,60 €<br />
Sur le coup, je ne<br />
savais pas, je ne<br />
trouvais pas<br />
le panneau<br />
(d’affichage),<br />
c’est juste quand<br />
j’ai levé les yeux,<br />
que j’ai vu mon nom<br />
et le chiffre 1<br />
que j’ai compris<br />
20 NUMÉROS<br />
leure.<br />
– Et, hier, c’était le cas. Une<br />
course parfaite parce que,<br />
désormais, vous êtes un coureur<br />
complet…<br />
– Je crois. J’ai longtemps été catalogué<br />
glisseur et je me suis toujours dit<br />
que la glisse, c’était une sorte de don<br />
du ciel. Et, en même temps, je me<br />
disais que, techniquement, je pouvais<br />
travailler, que la technique, ça<br />
s’apprenait, même si je pense qu’à la<br />
base, quand même, j’arrivais à faire<br />
quelques virages. Alors j’ai travaillé<br />
encore plus pour savoirfaire plus que<br />
quelques virages. Maintenant,<br />
j’arrive sur des parties techniques en<br />
descente et ce ne sont plus des<br />
points faibles ou des pertes de<br />
temps. Ce sont des endroits où je<br />
peux rivaliser avec les meilleurs.<br />
– Qu’avez-vous travaillé par<br />
exemple ?<br />
– Souvent, on me reprochait de tourner<br />
en dérapage, de ne pas savoir<br />
tailler des courbes. Je suis d’abord<br />
arrivé par les forces, les qualités que<br />
j’avais, je m’en suis servi pour aller<br />
jusqu’où je pouvais et puis je me suis<br />
rendu compte à un moment que si je<br />
voulais aller encore plus haut, il fallait<br />
travailler autre chose. Alors, c’est<br />
vrai, j’ai appris à tailler des courbes<br />
de l’entrée jusqu’à la sortie du<br />
virage, à me servir des skis, à me servir<br />
des carres, jour après jour, j’ai travaillé,<br />
avec la vidéo, avec tout, et je<br />
pense qu’aujourd’hui, je ne suis plus<br />
uniquement un glisseur. Techniquement,<br />
je suis fort, mentalement aussi<br />
et, aujourd’hui (hier), j’ai l’impression<br />
que tout était réuni.<br />
– Physiquement, avez-vous<br />
aussi beaucoup progressé ?<br />
– Au collège, j’étais dans la<br />
moyenne, je n’avais pas un gabarit<br />
exceptionnel, physiquement, j’étais<br />
comme les autres mais j’avais une<br />
énorme envie de progresser, de<br />
m’entraîner alors j’ai fait des kilomètres<br />
de vélo, des heures de musculation<br />
pour avoir un corps de sportif<br />
de haut niveau. Maintenant,<br />
question endurance, je tiens la route,<br />
musculairement, je suis assez fort<br />
aussi. Mais, encore une fois, à la<br />
base, je ne pense pas être quelqu’un<br />
de très doué physiquement. Mais je<br />
suis quelqu’un qui a simplement<br />
beaucoup travaillé.<br />
– Avec plaisir ?<br />
– C’est vrai, il y a des jours où j’aurais<br />
préféré faire la grasse matinée, me<br />
lever un peu plus tard mais, en fait,<br />
j’aime ça: m’entraîner, aller faire du<br />
vélo… Par exemple, j’aime bien de<br />
temps en temps aller gravir des cols<br />
hors catégorie, ceux des coureurs du<br />
Tour de France. Je monte à mon<br />
rythme mais, en haut, je suis fier de<br />
l’avoir fait. Oui, j’aime me faire mal<br />
de temps en temps.<br />
–Ce rôle deleader dela vitesse,<br />
qu’on vous a plaqué fort jeune<br />
sur les<br />
épaules,<br />
'' ça n’a pas<br />
été trop<br />
dur à porter<br />
?<br />
– Déjà, je ne<br />
me suis<br />
jamais pris<br />
pour un leader<br />
: au sein<br />
de l’équipe,<br />
il y a plein<br />
d’excellentsdescendeurs,<br />
mais, en<br />
même temps, c’est vrai que quand<br />
Luc (Alphand), Jean-Luc (Crétier) ou<br />
Adrien (Duvillard) sont partis, j’étais<br />
encore jeune et tout le monde s’est<br />
mis à croire que j’allais du jour au<br />
lendemain les remplacer. J’avais<br />
beau dire : "Laissez-moi le temps<br />
d’apprendre", j’avais 22, 23 ans, on<br />
était tous jeunes, il y avait Dalcin,<br />
Claude Crétier... c’était parfois assez<br />
pénible car les gens attendaient<br />
beaucoup trop de nous, beaucoup<br />
trop vite.<br />
– Mais avez-vous aujourd’hui<br />
l’impression d’être le successeur<br />
d’un Crétier, d’un<br />
Alphand, d’un Killy ?<br />
OFFRE SPÉCIALE D’ABONNEMENT<br />
POUR<br />
30 €<br />
À tous les gens qui<br />
disaient que le ski<br />
alpin français était<br />
nul, je viens<br />
de prouver<br />
le contraire.<br />
J’espère que ça va<br />
transcender<br />
les autres skieurs<br />
de l’équipe<br />
PLUS DE<br />
27%<br />
DE REMISE<br />
– Je ne suis le successeur de personne,<br />
je fais ma carrière. Tous ceux<br />
qui m’ont précédé sont de grands<br />
champions, médaille ou pas<br />
médaille, victoire en Coupe du<br />
monde ou pas, je les respecte tous,<br />
tous les descendeurs notamment, du<br />
premier au dernier. On est tous dans<br />
la même galère, il y a une atmosphère,<br />
une ambiance comme nulle<br />
part ailleurs. Même si on ne va pas<br />
tous à la même vitesse, le respect est<br />
là. Je n’ai pas envie de succéder à<br />
quelqu’un en particulier, je fais simplement<br />
les meilleures courses que<br />
je peux et puis voilà.<br />
– "Galère" est un mot que vous<br />
employez souvent…<br />
– C’est vrai qu’en descente, on vit<br />
des moments difficiles, qu’on prend<br />
des risques,<br />
qu’on peut<br />
se blesser,<br />
que c’est<br />
une tension<br />
particulière.<br />
Les<br />
gens ne se<br />
rendent pas<br />
forcément<br />
compte que<br />
même si tu<br />
finis 15 ou<br />
20 e , tu as<br />
pris autant<br />
de risques<br />
que les<br />
''<br />
autres, peut-être même plus. C’est<br />
ceque je veux dire, même si "galère"<br />
n’est peut-être pas forcément le mot<br />
juste.<br />
– Clouer le bec aux critiques qui<br />
commençaient à pleuvoir, ça<br />
fait plaisir ?<br />
– Oui et non. Sous le coup de l’émotion,<br />
de la rage que j’avais en moi<br />
depuis quelques jours, j’en ai un peu<br />
voulu à Marielle Goitschel (*). En<br />
même temps, Marielle, ç’a été une<br />
très grande championne, c’est un<br />
nom qui m’a fait rêver, je la respecte<br />
pour ce qu’elle a fait mais c’est vrai<br />
aussi que, parfois, il y a des phrases<br />
qui blessent. Quand quelqu’un dit<br />
que le ski alpin français va mal, qu’il<br />
est incapable de faire des médailles<br />
sauf si les favoris tombent, ça fait<br />
mal.J’y suis peut-être allé un peu fort<br />
mais c’est quelque chose que j’avais<br />
sur le cœur.<br />
– Une revanche et un coup de<br />
fouet pour vos collègues ?<br />
– À tous les gens qui disaient que le<br />
ski alpin français était nul, je viens de<br />
prouver le contraire. J’espère que ça<br />
va transcender les autres skieurs de<br />
l’équipe de France, que cette quinzaine<br />
va être belle. Parce que, maintenant,<br />
il n’y a plus de poids, plus de<br />
critiques qui tiennent, il faut jouer,<br />
parce qu’on est là pour jouer.<br />
– Avez-vous l’impression<br />
d’avoir offert du rêve ce<br />
dimanche ?<br />
– Si j’ai pu donner un peu de rêve aux<br />
gens, je ne sais pas. Je n’ai pas la prétention<br />
de l’avoir fait. Mais, si c’était<br />
(Photo Richard Martin)<br />
le cas, j’en serais heureux et fier.<br />
Depuis que je suis tout petit, il y a<br />
énormément de monde qui m’a fait<br />
rêver. Là, si c’est moi qui peut à mon<br />
tour faire rêver les gens ou les<br />
enfants, ce serait une autre victoire<br />
pour moi.<br />
– Ce lundi, en vous réveillant,<br />
qu’allez-vous faire ?<br />
– Je ne sais pas, je vais sûrement<br />
regarder si la médaille est toujours là,<br />
j’en ai rêvé tellement de fois... et tellement<br />
de fois quand le réveil sonnait...<br />
Je m’apercevais qu’il n’y avait<br />
rien. Là, rien ne va sonner mais il y<br />
aura quelque chose près de mon lit. »<br />
RÉMY FIÈRE<br />
(*) Dans l’aire d’arrivée, devant les<br />
caméras des télévisions françaises,<br />
AntoineDénériaz adéclaré : « Jepense<br />
à Marielle Goitschel. Il faudrait qu’elle<br />
arrête de nous faire chier tous les<br />
quatre ans ! »<br />
REPÈRES<br />
Antoine DÉNÉRIAZ a vingt-neuf ans, il est né le 6 mars 1976 à<br />
Bonneville (Haute-Savoie). Il mesure 1,89 m et frise les 100 kg.<br />
Il est licencié depuis toujours au Ski-Club de Morillon, village où<br />
résident encore ses parents. Il habite Martigny, en Suisse.<br />
Il savait à peine marcher qu’il commençait déjà le ski, grâce à son<br />
père, moniteur et entraîneur au club. À quinze ans, il participa à ses<br />
premières courses FIS (Fédération internationale de ski), puis<br />
décrocha trois ans plus tard, en 1994, sa première sélection pour les<br />
Championnats du monde juniors, aux États-Unis. À dix-neuf ans, il<br />
entra en équipe de France B puis fit ses débuts en Coupe du monde<br />
durant l’hiver 1996. Il obtint son premier bon résultat chez les grands<br />
en décembre 1998, se classant 4 e de la descente de Val-d’Isère.<br />
Il découvrit les Championnats du monde en 1999 à Vail (Colorado), où<br />
il se classa 21 e de la descente.<br />
En manque de résultats, il ne fut pas retenu pour les Mondiaux<br />
suivants et retourna en 2001 en Coupe d’Europe. Mais, en 2002, le<br />
voilà de retour en Coupe du monde. Suit sa première participation<br />
aux Jeux Olympiques, à Salt Lake City (12 e de la descente et 20 e<br />
du combiné).<br />
Le 21 décembre 2002, ce fut le déclic : il fêta à Val Gardena sa<br />
première victoire de Coupe du monde. La piste italienne devint son<br />
jardin puisque, sur ses trois succès actuels, deux ont été réalisés<br />
là-bas, le 3 e l’ayant été à Lillehammer (Norvège) en mars 2003.<br />
En 2003, il termina 9 e de la descente des Mondiaux. Cette saison-là, il<br />
se classa 6 e de la Coupe du monde de la spécialité. Le 7 janvier 2005,<br />
lors du 3 e entraînement de la descente de Chamonix, il se blessa au<br />
genou gauche (rupture du ligament croisé antérieur) et ne revint en<br />
Coupe du monde qu’en ce début d’hiver à Lake Louise, au Canada.<br />
Hier, Antoine Dénériaz, évoluant sur du matériel Atomic, est devenu<br />
en Italie le cinquième Français champion olympique de l’histoire.<br />
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PAGE 4 LUNDI 13 FÉVRIER 2006