Bangladesh, catastrophes climatiques - Groupe URD
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Le <strong>Bangladesh</strong>, comme tant d’autres pays semble ainsi plus fragile économiquement (effet de<br />
domination) et politiquement (pas ou peu de redistribution des fruits de la croissance, 5% par<br />
an) pour faire face à l’ampleur des crises <strong>climatiques</strong> et des <strong>catastrophes</strong> sur son propre<br />
territoire. Par ailleurs, le pays est englué dans d’énormes problèmes de gouvernance, d’inégalité,<br />
de corruption et de bureaucratie qui mettent à mal toutes stratégies de résilience face aux crises<br />
<strong>climatiques</strong> à un niveau national.<br />
Fragilité politique et économique au <strong>Bangladesh</strong>.<br />
Sous domination britannique depuis la fin du XVIIIe siècle, le <strong>Bangladesh</strong> constitue alors le<br />
Bengale oriental de l’Empire des Indes. Lorsque les Britanniques quittent la région en 1947, un<br />
conflit opposant hindouistes et musulmans aboutit à la création d’un État musulman, le Pakistan,<br />
formé de deux parties distinctes que sépare le nord de l’Inde. Le Pakistan oriental est distant de<br />
plus de 1 600km du Pakistan occidental et de la capitale. Très vite, nourri par l’autoritarisme du<br />
pouvoir central et son indifférence au sort des Bengalais lors du passage du cyclone de Bhola, un<br />
mouvement indépendantiste s’affirme et proclame, au terme d’une guerre civile sanglante,<br />
l’indépendance de cette région le 26 mars 1971. La jeune démocratie, soutenue par l’Inde,<br />
adoptera rapidement le nom de <strong>Bangladesh</strong> (« pays du peuple bengali »). Dès 1975 cependant,<br />
l’assassinat du premier Président de la République du <strong>Bangladesh</strong>, Sheihk Mujib Ur-Rahman, à la<br />
suite d’un coup d’état militaire ouvre une longue période d’instabilité politique, marquée par<br />
l’opposition de deux dynasties et deux partis, l’Awami League (Ligue Awami) et le <strong>Bangladesh</strong><br />
Nationalist Party, et pas moins de quatre coups d’Etat.<br />
La Ligue Awami a remporté les élections législatives de décembre 2008 et devrait être en<br />
mesure de rester au pouvoir pour l'ensemble de son mandat. En 2010, la politique économique<br />
devrait s'inscrire dans la continuité de ce qui s’est fait depuis deux décennies. Le gouvernement<br />
continuera notamment à entretenir des relations étroites avec les donneurs multilatéraux (dont<br />
la Banque Mondiale) qui mettent en place un programme d'aide de 3 Mds de dollars sur 15 ans<br />
visant à améliorer la résistance du <strong>Bangladesh</strong> aux <strong>catastrophes</strong> naturelles. A noter, des tensions<br />
entre les deux partis traditionnels, le <strong>Bangladesh</strong> Nationalist Party (BNP) et la Ligue Awami<br />
pourraient de nouveau émerger sous la forme de manifestations. En outre, les risques de<br />
troubles sociaux persistent en raison du maintien d'un taux de pauvreté élevé et de la faible<br />
redistribution des fruits de la croissance. Les tensions politiques et le climat social tendu pèsent<br />
sur l'investissement (adaptation aux changements <strong>climatiques</strong>, réduction des risques, lutte<br />
contre la pauvreté, etc.), alors qu’il pâti déjà des lacunes en termes de gouvernance et<br />
notamment des problèmes persistants de corruption. Dans ce contexte, des stratégies de<br />
renforcement des capacités de résilience des populations à une échelle nationale restent<br />
complexes à mettre en œuvre. La redistribution des fruits de la croissance est largement<br />
insuffisante. La protection sociale 8 est inexistante pour les personnes les plus vulnérables. Or<br />
cette protection sociale 9 (assurance récolte, repeuplement des actifs y compris la fourniture<br />
directe du bétail et les transferts en espèces) 10 pourrait à travers la lutte contre la pauvreté<br />
protéger, promouvoir et transformer les moyens de subsistance et renforcer les capacités de<br />
résilience des individus. Mais pour que la protection sociale résiste aux impacts des<br />
8 La protection sociale: décrit toutes les initiatives de transfert des revenus ou des biens aux plus pauvres, pour les<br />
protéger contre les risques qui touchent leurs moyens de subsistance. Ces transferts doivent permettre la création<br />
d’un statut social et accompagnés une politique de droits pour les personnes marginalisées. La protection sociale est<br />
un champ de possibilités énorme. Ses principaux objectifs sont d'étendre les avantages de la croissance économique et<br />
de réduire la vulnérabilité économique et sociale des pauvres et ainsi que leur niveau de risque. (Source:<br />
Terminologie de l'ONU / SIPC).<br />
9 IDS, Centre for social protection: Climate Change Adaptation, Disaster Risk reduction and Social Protection:<br />
Complementary Roles in Agriculture and rural growth? Working paper, 2009, number 320.<br />
10 Research and analysis from the Institute of Development Studies, Connecting Social Protection and Climate Change<br />
Adaptation., Issue 2, 2007<br />
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