1978-056 geschiedenis/histoire pharmacie - Kringgeschiedenis - Kava

Eugène SEGERS
Faïences et apothicaireries anciennes
de France
Parler de faïences pharmaceutiques anciennes est un sujet tellement
vaste, dans le domaine duquel tant de découvertes sont encore à faire,
qu'il paraît inexhaustible.
Et cependant, à première vue, il ne s'agit là que « d'objets ». D'objets
qui, toutefois, malgré leur fragilité, malgré le long usage qui en a été fait,
ont été préservés jusqu'à nous. Aussi est-on en droit de se demander comment
ou pourquoi? « Un objet devient éternel dès l'instant où il cesse d'être
utilisé », disait un directeur des Musées du Louvre. C'est là un raccourci
d'explication par trop succinct, et, à la réflexion, il apparaît que la survie
d'un objet, c'est à l'objet lui-même qu'elle est due, à ce qui émane de lui
et s'impose à nous, à notre respect. Et ce quelque chose, c'est ce qui émane
de la main de l'homme qui l'a créé, qui y a mis le meilleur de lui-même.
C'est qu'il faut chercher ce qui en a assuré la survie. La main de l'homme,
songe-t-on au rôle irremplaçable qu'elle joue dans la transmission d'un
message, qui peut se traduire ou s'exprimer dans n'importe quelle matière,
sauvant celle-ci de la destruction. Un Durer, par exemple, songeant un jour
à la Mort s'en est fait une image, a voulu l'exprimer. C'est par sa main que
sa pensée s'est posée sur un support matériel aussi fragile qu'est le papier,
et cette humble feuille, ce dessin, a pu survivre dès cet instant et parvenir
jusqu'à nous. Un autre miracle est de pouvoir, nous, de nos jours, cinq
siècles après Durer, tenir de nos mains cette même feuille de papier que
Durer, de ses doigts, a manipulée.
Les faïences pharmaceutiques anciennes, elles aussi, sortent de la main
de l'homme, elles portent en elles tout l'art qu'ont pu exprimer par elles les
artisans qui les créèrent, elles contiennent un message qui en a fait des
objets éternels.
Les faïences, qu'est-ce, dans l'ensemble des céramiques et des productions
de l'art du feu? Au départ, l'artisan dispose de glaise, d'argile, d'un
four, et de ses doigts. De ceux-ci, il va faire naître, d'une masse amorphe,
les formes les plus élégantes qu'il peut imaginer et créer chevrettes, albarels
et autres pots de pharmacie. A ce premier stade, ces formes sont encore