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Certificarea pădurilor - Societatea Progresul Silvic

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Revista de <strong>Silvic</strong>ultură şi Cinegetică<br />

Si l’on peut penser, avec vraisemblance, que la réaction<br />

des différentes plantes au facteur acidité/basicité ne<br />

variera pas du fait du changement climatique, il n’en va<br />

pas de même de la réaction des plantes à la xéricité /<br />

humidité du sol, ni à l’engorgement de celui-ci qui se<br />

modifiera en parallèle à la pluviosité et à sa répartition,<br />

ni à la température moyenne, ni aux températures<br />

saisonnières résultant du réchauffement du climat.<br />

Ce dernier s’annonce rapide. Diverses études montrent<br />

qu’il est déjà en marche et tout porte à croire qu’il<br />

risque de s’accélérer par «effet boule de neige». Par<br />

exemple le dégazage massif de méthane depuis les<br />

sols des toundras arctiques et même à partir de l’Océan<br />

Arctique lui-même, déjà observé, accroîtra fortement<br />

l’effet de serre par rapport à l’action du seul CO . 2<br />

Vennetier et Ripert (2010), par des relevés floristiques<br />

en région méditerranéenne et la simulation sur modèle<br />

de sa variation sous l’effet du réchauffement et de la<br />

modification des conditions hydriques, montrent<br />

que les espèces thermo-xérophiles voient leur aire<br />

s’étendre, tandis que les mésophiles perdent du terrain.<br />

Les dépérissements constatés sur Sapin pectiné et Pin<br />

sylvestre dans cette région confirment leur analyse. Et,<br />

curieusement, c’est dans les stations au sol profond, a<br />

priori favorables, que les plantes dépérissent le plus.<br />

Les auteurs attribuent ce fait à la raréfaction de la pluie<br />

qui nuit à la constitution de réserves hydriques dans le<br />

sol, réserves permettant aux plantes de surmonter des<br />

épisodes de chaleur ou de sécheresse.<br />

Pérez et al. (2009), modélisant les aires potentielles de<br />

l’épicéa, du sapin pectiné, du hêtre, et du chêne sessile<br />

en France à l’horizon 2070–2100, montrent que les deux<br />

premières essences ne pourront pratiquement plus<br />

être à leur optimum dans aucune partie du territoire<br />

français, que le hêtre ne trouvera plus de conditions<br />

favorables que dans le Haut-Jura et les Hautes-Vosges,<br />

tandis que le chêne sessile ne pourra plus occuper que<br />

les parties élevées du Massif Central, du Jura et des<br />

Alpes du Nord. Dans les terroirs où ces espèces croissent<br />

normalement jusqu’à maintenant, elles subsisteront<br />

sans doute encore, mais en connaissant des phases<br />

fréquentes et graves de dépérissement, alors que les<br />

espèces qui pourraient potentiellement les remplacer,<br />

souvent le chêne vert et le chêne pubescent, n’auront<br />

pas encore eu le temps de se disséminer à partir de leur<br />

aire actuelle. Les pessières, sapinières, chênaies sessiles<br />

actuelles seront probablement transformées en landes<br />

ou pelouses surmontées de bouquets d’arbres malades<br />

ou moribonds.<br />

La végétation réagira à ces changements avec un<br />

retard de plusieurs années. De plus, les différentes<br />

espèces d’un même groupe écologique risquent de<br />

réagir différemment, faisant en quelque sorte éclater<br />

ces groupes. Les cartographes des stations forestières<br />

vont donc se trouver devant un double problème:<br />

• présence de groupes écologiques dont<br />

l’interprétation en termes de facteurs stationnels<br />

risque d’être erronée;<br />

10<br />

• retard de l’installation de ces groupes par rapport<br />

aux conditions stationnelles réelles.<br />

Ces difficultés iront même probablement jusqu’à situer<br />

une station dans un climat général qui ne sera plus le<br />

sien.<br />

Que faire? Renoncer à l’utilisation de la végétation,<br />

expression locale des conditions écologiques et<br />

se tourner vers des facteurs causaux non sensibles<br />

au changement climatique, notamment le sol et la<br />

géomorphologie.<br />

Les sols évolueront sans doute sous l’influence des<br />

modifications du climat, mais beaucoup plus lentement<br />

que la végétation. Par exemple, sous l’effet d’une<br />

évapotranspiration supérieure à la pluviométrie, les sols<br />

de l’aire climatique méditerranéenne sont plus riches<br />

en cations (Ca, Mg) que les sols de climat tempéré.<br />

Le changement climatique, en faisant remonter en<br />

latitude et en altitude la limite nord de la végétation<br />

méditerranéenne, va enrichir en calcium et en<br />

magnésium des sols jusqu’ici beaucoup plus désaturés<br />

et acides. Mais il faudra sans doute très longtemps avant<br />

que cet effet soit sensible, nécessitant la mobilisation<br />

du calcium et du magnésium à partir des litières<br />

forestières, sans doute relativement rapide, mais aussi à<br />

partir d’une libération de ces éléments par altération de<br />

la roche-mère, processus beaucoup plus lent.<br />

L’identification des sols et leur cartographie ont donc<br />

des chances de refléter encore pour des dizaines<br />

d’années les conditions écologiques auxquelles étaient<br />

jusque-là soumis les arbres de nos forêts. Cependant, à<br />

long terme, le sol se modifiera et les stations forestières<br />

devront donc être redéfinies en fonction de leur<br />

nouvelle végétation et de leur nouveau sol, opération<br />

fort délicate car supposant qu’on atteigne un nouvel<br />

équilibre, mis à quand cette échéance et comment en<br />

être sûr?<br />

Par contre, le facteur géomorphologique paraît très<br />

stable, à moins d’envisager des orages catastrophiques<br />

avec de forts processus d’érosion-colluvionnement.<br />

Conclusion.<br />

Pour les forêts où la cartographie des stations ou<br />

l’élaboration d’un catalogue n’a pas encore été<br />

effectuée, il semble très important d’insister sur le<br />

facteur «géomorphologie», c’est-à-dire situation de la<br />

station sur un plateau, sur une pente, forte ou faible,<br />

d’exposition nord, sud, est ou ouest, ou sur un colluvium<br />

de bas de pente, et de définir soigneusement la rochemère,<br />

riche ou pauvre, plus ou moins facilement<br />

altérable et dont les produits d’altération apportent<br />

richesse ou pauvreté chimiques et des propriétés<br />

physiques spécifiques.<br />

Il est donc conseillé d’adjoindre à chaque équipe<br />

chargée d’élaborer un catalogue de stations<br />

forestières ou de cartographier celles-ci un géomorphologue<br />

professionnel, ou de former l’équipe à la<br />

géomorphologie.

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