june-2012
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Legendary pianist and conductor Daniel<br />
Barenboim is bringing the West-Eastern Divan<br />
Orchestra, which he founded with the late,<br />
great Palestinian intellectual Edward Saïd, to<br />
this year’s Proms. Rachel Halliburton met him<br />
GRACE NOTES<br />
QUELQUES NOTES<br />
EN FINESSE…<br />
Le grand chef d’orchestre Daniel Barenboim<br />
sera cette année aux Proms avec son<br />
West-Eastern Divan Orchestra, initiative<br />
musicale fondée avec le regretté intellectuel<br />
palestinien Edward Saïd<br />
if the classical music world were scouting for an<br />
Olympian, it wouldn’t take long for the spotlight to fall<br />
on Daniel Barenboim. True, the traditional Olympic gear<br />
might have to go: the maestro probably wouldn’t take<br />
kindly to Spandex. But in terms of physical dexterity,<br />
technique, and sheer bloody-minded strength, the<br />
70-year-old pianist and conductor is certainly a frontrunner.<br />
This summer, he is bringing his West-Eastern<br />
Divan orchestra – which famously comprises both Arab and<br />
Israeli musicians – to play all Beethoven’s symphonies at<br />
the Proms, with the triumphant Ninth marking the opening<br />
of the Olympics. This will be just the latest in a series of<br />
marathons: in 2002, he staged 10 Wagner operas in 14<br />
days, while this month, he will conduct all of Bruckner’s<br />
symphonies in Vienna, with six of Mozart’s piano concertos<br />
thrown in for good measure. Even his detractors cannot<br />
deny that the man has stamina. ‘They say it’s legendary,’ he<br />
quips when we meet. ‘That means it’s not real.’<br />
Yet the stamina – illusory or not – isn’t what gives<br />
Barenboim’s concerts their energy. Nor is there ever the<br />
sense that he’s presiding over a Beethoven production line,<br />
or exporting Bruckner in bulk for classical music junkies.<br />
Critics talk about his almost improvisatory style, an ability<br />
to make any piece of music – even one as hackneyed as the<br />
fi rst movement of Beethoven’s Moonlight Sonata – shimmer<br />
with new resonances. His 2008 performance of the entire<br />
sonata cycle ‘sounded as radical as Stravinsky’, raved the<br />
Evening Standard. ‘When I play a piece of Chopin or<br />
Beethoven, even one that I’ve known for 60 years, I will still<br />
fi nd out something about it that I’ve never noticed before,’<br />
he declares. ‘Were I then to play it the next day, I would<br />
have more knowledge, but I’d still have to start from scratch<br />
because sound is ephemeral.’<br />
Earlier that day, I’d seen Barenboim in conversation<br />
68 metropolitan<br />
si la musique classique se cherchait un champion<br />
olympique, son choix se porterait vite sur Daniel<br />
Barenboim. Le maestro ne sauterait certes pas de joie à<br />
l’idée d’enfi ler une tenue en Lycra, mais, à soixante-dix<br />
ans, en termes d’adresse, de technique et de puissance<br />
physiques, le pianiste et chef d’orchestre n’a rien à<br />
envier aux meilleurs athlètes. Son célèbre West-Eastern<br />
Divan Orchestra, composé de musiciens arabes et<br />
israéliens, sera cet été à l’affi che du festival Proms, où il<br />
jouera l’intégralité des symphonies de Beethoven, avec<br />
sa triomphante Neuvième en ouverture des Jeux. Un<br />
marathon de plus pour celui qui, en 2002, a mis en scène<br />
dix opéras de Wagner en 14 jours et dirigera ce mois-ci<br />
à Vienne toutes les symphonies de Bruckner et six des<br />
concertos pour piano de Mozart. Même ses détracteurs<br />
en conviennent : l’homme ne faiblit pas. « Ils disent que<br />
mon énergie est légendaire, glisse-t-il, badin, lors de notre<br />
rencontre. Ce qui signifi e qu’elle n’existe pas. »<br />
Ce n’est pourtant pas à son énergie, réelle ou supposée,<br />
que ses concerts doivent leur force. Ce qu’ils ont de plus<br />
remarquable, c’est cette sensation que jamais Barenboim<br />
ne traite Beethoven ou Bruckner comme de vulgaires<br />
produits de gros à livrer en masse aux amateurs de<br />
musique classique. Les critiques s’émerveillent de son<br />
style presque improvisé et de sa capacité à illuminer de<br />
résonnances nouvelles jusqu’aux morceaux les plus joués<br />
et rejoués. Ainsi, la Sonate au clair de Lune de Beethoven,<br />
jouée en 2008 dans le cadre de son cycle de sonates, a fait<br />
s’enthousiasmer un Evening Standard subjugué par ses<br />
sonorités « aussi radicales que du Stravinsky ». « Quand<br />
je joue Chopin ou Beethoven, même un morceau que je<br />
connais depuis soixante ans, j’y trouve toujours quelque<br />
chose de nouveau. Je veux toujours repartir de zéro car le<br />
son est éphémère. »<br />
Plus tôt dans la journée, j’avais aperçu Barenboim en<br />
pleine conversation avec le présentateur du journal télé de<br />
Channel 4, Jon Snow, à la School of Oriental and African<br />
Studies de Londres. Abordant des sujets aussi variés que<br />
le Moyen-Orient ou les problèmes de l’enseignement<br />
musical d’aujourd’hui, cet homme apparaît animé d’une<br />
curiosité fl uide qui, avec sa conviction absolue de l’attrait<br />
démocratique que peuvent représenter des œuvres<br />
complexes et nuancées, en fait une affi che idéale pour<br />
les Proms. Gageons qu’ils seront nombreux à écouter ce<br />
message au Royal Albert Hall, où un nouveau record fut<br />
établi l’année dernière, avec 300 000 visiteurs sur les huit<br />
semaines du festival. Audacieux, le programme de cette<br />
année, avec des œuvres de John Cage ou un concert pour<br />
enfants sur le thème de Wallace et Gromit, devrait assurer<br />
des ventes comparables. Point d’orgue du festival, le West-<br />
Eastern Divan Orchestra, fondé en 1999 par Barenboim<br />
et le regretté intellectuel palestinien Edward Saïd, jouera<br />
symphonies de Beethoven et œuvres de Pierre Boulez.<br />
Si, lors de son entretien avec Snow, le chef d’orchestre<br />
a évoqué sa frustration de voir de nombreux musiciens<br />
étudier leur répertoire sans faire le lien avec les forces<br />
politiques et sociales l’ayant fait naître, n’allez pas<br />
with Channel 4 News presenter Jon Snow, airing his Photography: Rex Features