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SeSSiOn 1 - AHTeR

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table ronde<br />

peut être transposé ailleurs, et d’ailleurs, de nombreux pays l’admirent.<br />

M.S : Sentez-vous aujourd’hui que les décideurs locaux sont plus sensibles à la cause patrimoniale, et empêchent<br />

des actions préjudiciables ?<br />

Yves Dauge : c’est loin d’être gagné ! Aujourd’hui, on est confronté à une nouvelle histoire patrimoniale.<br />

On a longtemps légiféré sur certains types de patrimoines, mais la question aujourd’hui est de protéger des<br />

territoires avec un patrimoine beaucoup moins identifié, qu’on ne peut définir comme un objet à préserver.<br />

Prenons l’exemple du Val-de-Loire : comment prendre en compte un patrimoine culturel, national, vivant qui<br />

s’étend sur plus de 300 km ?<br />

Ce sont les collectivités locales qui ont désiré cette reconnaissance. Comme Luang Prabang au Laos.<br />

Mais comment ensuite gérer le bien ?<br />

• Besoin d’investir intellectuellement sur la connaissance des patrimoines et leur relation au développement<br />

(universités, etc.) ;<br />

• Transmettre au plus grand nombre, dont les acteurs territoriaux, et introduire cette notion de gestion patrimoniale<br />

dans les schémas de planification ;<br />

• Développer des alliances d’acteurs pour construire des projets de développement avec la connaissance au<br />

cœur des actions.<br />

Beaucoup d’élus ont du mal à comprendre ce processus complexe. On avance, mais ça reste difficile, en France<br />

comme à l’étranger. Les élus de Luang Prabang n’ont par exemple pas toujours la même vision de la valeur<br />

subtile, fragile de ce patrimoine complexe. Comment faire face à un afflux touristique qui va mettre en danger<br />

ce cadre ? Il y a un grand besoin d’outils juridiques, d’administrations compétentes pour résister à des pressions<br />

énormes, et cela nécessite une volonté politique forte. Sans la légitimité de l’UNESCO, à Luang Prabang<br />

ou Val-de-Loire, je ne pourrais pas convaincre les autorités.<br />

M.S : Après 10 ans, quel bilan tirer du Val-de-Loire ?<br />

Y.D : On a créé un nouvel outil de gestion pour ce classement, avec des personnels très compétents. On a lancé<br />

une action qui articule tourisme et connaissance : la Loire à vélo. Quand vous faites ce parcours, sur 280 km en<br />

petits tronçons, vous avez le temps de découvrir le paysage, de sortir des sentiers battus pour rentrer au plus<br />

profond de ce paysage culturel, pour entrer dans les villages, déguster dans les auberges, et pas forcément<br />

voir les châteaux. On a un million de visiteurs sur la Loire à Vélo. On a trouvé un moyen de concilier tourisme et<br />

découverte profonde du territoire. A Luang Prabang, on aurait besoin de guides formés à la notion de « Valeur<br />

Universelle exceptionnelle » du site, pour les transmettre à des visiteurs qui viennent trop souvent groupés,<br />

en masse, dans des grands hôtels, tout ce dont nous ne voulons pas, car l’on voudrait rester dans une relation<br />

personnalisée et articulée à l’économie locale.<br />

M.S : On a affaire à des sites où la fréquentation met en danger les lieux ? Faut-il déclasser ces sites ? Leur<br />

retirer leur « triple A » ? Arrêter de classer systématiquement ? Car aujourd’hui c’est lancé…<br />

Francesco Bandarin : Il faut garder à la fois la pression et les sanctions. Et c’est ce qu’on fait dans la limite du<br />

possible. C’est une question sérieuse, même si on est encore loin du « tout classé ». On commence toutefois<br />

à se demander comment gérer un système aussi vaste que la Convention Patrimoine Mondial, au sein de laquelle<br />

la frénésie d’inscription prend le pas sur la responsabilité de la gestion. Il y aurait beaucoup d’exemples,<br />

bien au-delà de la liste Patrimoine Mondial en péril. Il faudrait pouvoir réorienter les acteurs vers la question<br />

de la responsabilité. Il y a cependant un autre défi, plus difficile, celui du mainstreaming. On ne peut pas tout<br />

sauver – Rem Koolhaas a soulevé à la Biennale de Venise la folie de l’inscription – mais on peut faire en sorte<br />

que toutes les actions -planification, interventions, etc. - intègrent la fonction patrimoniale ou en soient inspirées.<br />

C’est une tâche difficile, mais il faut y arriver, au risque de se retrouver avec uniquement une série<br />

d’objets. Je rejoins la vision d’Yves : il faut intégrer la fonction patrimoniale des territoires. Il n’y a plus de<br />

fracture entre conservation et développement. La preuve en est qu’on soit tous réunis ici. On protège avec des<br />

15<br />

Le patrimoine, moteur de déveLoppement<br />

Heritage, driver of deveLopment

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