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SeSSiOn 1 - AHTeR

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table ronde<br />

Jean-Robert Pitte : Il y a une langue qui est faite pour évoluer, qui doit puiser dans les langues voisines pour<br />

trouver des mots nouveaux, c’est une évidence. Mais il ne faut pas que les mots de la langue soient en contradiction<br />

avec le sens profond de leur héritage, précisément. On est là dans le patrimoine immatériel, et il est<br />

évident que cela doit vivre. Je me suis occupé il y a quelques temps de la reconnaissance du repas gastronomique<br />

des Français en tant que patrimoine immatériel de l’UNESCO, et je remercie l’UNESCO pour avoir compris<br />

qu’il y avait là un aspect sentimental – parce que le patrimoine, c’est du sentiment – important pour les<br />

Français. Il s’agit donc d’un patrimoine majeur qu’il faut sauver et faire vivre, mais qui doit évoluer.<br />

M.S : Après cet échange fort intéressant, y a-t’il des questions dans la salle ?<br />

Philippe Toussaint, président de Vieilles Maisons Françaises : Vous avez dit tout à l’heure être interloqués par<br />

les résultats des sondages montrés par Gideon Koren. Je voudrais dire à ce sujet que nous avons fait faire par la<br />

SOFRES un sondage il y a quelques années, qui a donné deux résultats principaux : pour la population interrogée,<br />

le patrimoine est d’abord une transmission de valeur, et leur souci était que la population se l’approprie.<br />

Le véritable enjeu était éducatif. On considérait que le rôle premier du patrimoine était d’être un support éducatif<br />

vis-à-vis des jeunes populations. On peut donc se demander si l’on en fait assez à travers le monde pour la<br />

transmission du patrimoine, car il y a une réelle inquiétude, celle que les jeunes générations ne comprennent<br />

plus le sens du patrimoine de leur pays. Le deuxième point relevé par le sondage était que 75% des personnes<br />

interrogées considéraient le patrimoine comme un outil essentiel de développement économique. Je ne crois<br />

donc pas que nous soyons à côté de nos pompes en nous préoccupant de cet aspect.<br />

Mireille Grubert, directrice de l’Ecole de Chaillot : Je voudrais revenir en particulier sur cette soit-disante<br />

opposition entre patrimoine et architecture contemporaine qui a été évoquée. Nous devons veiller à ne pas<br />

mettre l’accent là-dessus, et c’est au fond une réalité qui n’est pas si grave que ça. Nous formons à l’Ecole de<br />

Chaillot des architectes spécialisés dans le patrimoine, mais ce sont des architectes créateurs, et nous le revendiquons.<br />

Je voudrais évoquer l’une de nos actions les plus symboliques, « les leçons inaugurales de l’Ecole de<br />

Chaillot », où nous demandons chaque année à un architecte contemporain de nous dire ce que le patrimoine<br />

et le rapport à l’histoire représentent pour lui dans son activité de création. Et tous les architectes que nous<br />

avons reçus – dont de très célèbres – nous surprennent par l’intérêt qu’ils portent à l’histoire, au patrimoine,<br />

et de manière plus large, au contexte historique ou géographique. Cette fibre-là existe chez les architectes<br />

contemporains et il faut l’exploiter.<br />

Gabriel David, service Formation de la CAPEB : On a vécu en Europe après les deux guerres mondiales une rupture<br />

dans la transmission des savoirs ainsi qu’une accélération de la construction. On parle ici beaucoup des<br />

experts – architectes ou artisans du patrimoine – en oubliant que la formation commence dès l’école. Dans le<br />

cas des artisans du bâtiment, qui ont des cycles de formation courts, ils se retrouvent à leur arrivée sur le marché<br />

face à des réglementations ou des procédés techniques déjà établis. Il s’agit pourtant de personnes qui<br />

ont pourtant soif d’apprendre, en tant que touristes quand ils voyagent. Ils sont donc sensibles au patrimoine<br />

uniquement à l’âge adulte alors qu’ils auraient pu l’être dès l’enfance, par une meilleure éducation au patrimoine.<br />

Il y a donc là une forme de schizophrénie, encouragée par les industriels : on peut vivre des métiers du<br />

bâtiment, mais lorsqu’on décide de s’intéresser au patrimoine, il faut passer par une phase d’acculturation,<br />

d’acquisition de compétences car, en Europe, on a perdu la transmission. C’est quelque chose de grave car les<br />

jeunes peuvent se montrer très intéressés par les métiers du bâtiment quand ils y entrent par le biais du patrimoine.<br />

C’est pour cela qu’avec l’Education Nationale, on éduque le regard, on les sensibilise, mais on pourrait<br />

mettre davantage l’accent sur l’histoire de la construction.<br />

Christiane Schmückle-Mollard (ACMH): Je voudrais témoigner de mon expérience de la restauration d’églises<br />

gothiques en petite couronne parisienne, qui sont comme des maquettes de Notre-Dame de Paris. On me<br />

demande souvent de faire durer les chantiers au moins jusqu’aux Journées du Patrimoine. En effet, dans ces<br />

territoires de banlieue qui font partie du Grand Paris, ces chantiers sont un moyen d’éduquer des populations<br />

qui ne connaissent pas notre culture. On profite des chantiers, des hommes à l’ouvrage, de la beauté des<br />

églises révélée par les travaux pour sensibiliser des populations qui ne sont plus de culture française, mais qui<br />

ont à vivre ensemble avec nous tous. Je pense ainsi que cette manière d’agir en banlieue est très importante.<br />

19<br />

Le patrimoine, moteur de déveLoppement<br />

Heritage, driver of deveLopment

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