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Michaïl Prokhorov : riche et encore

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9<br />

14<br />

Le Courrier de Russie<br />

Du 12 au 26 novembre 2010<br />

www.lecourrierderussie.ru<br />

Guide<br />

Bienvenue dans le Neuvième Cercle. Dernier<br />

cercle avant l’antre de l’Ange déchu. Péché<br />

de trahison. Médée, c’était l’Inacceptable.<br />

Par amour pour un homme, elle trahit son<br />

père <strong>et</strong> son peuple, jalousie <strong>et</strong> colère, elle<br />

assassine ses enfants. Magicienne surpuissante,<br />

elle transgresse l’ultime tabou,<br />

incarne le Mal <strong>et</strong> le chaos, Titan dévorant<br />

sa progéniture, monstre suprême. L’ombre<br />

continue de planer, la sorcière fascine <strong>et</strong> dégoûte.<br />

Le mythe est repoussoir, construit la norme sociale en miroir inversé.<br />

Jusqu’au spectacle Médée. Épisodes, zong-opéra. Le poète Liokha<br />

Nikonov <strong>et</strong> le m<strong>et</strong>teur en scène Giuliano di Capua relisent la tragédie<br />

: Euripide a menti, accusé l’étrangère pour préserver l’unité de<br />

la Grèce. La princesse de Corynthe est Géorgienne, confl it ossète en<br />

fi ligrane, la fi lle du roi rival est victime d’hommes bouchers, menteurs<br />

<strong>et</strong> lâches, qui l’accablent parce qu’elle a refusé de se soum<strong>et</strong>tre. Inscrite<br />

dans un présent tout proche, la Médée de c<strong>et</strong> opéra punk, pétersbourgeois<br />

<strong>et</strong> époustoufl ant, est victime sacrifi cielle, bouc émissaire <strong>et</strong><br />

furie, révolutionnaire, prophétesse de terribles augures. Médée fi gure<br />

inverse, aux ailes trop grandes, condamnée.<br />

Médée. Épisodes, opéra punk, le 27 novembre, à 19h, TsDKh,<br />

Krimskiï Val, 10.<br />

www.teatrodicapua.com/medea/p<br />

Conception : Vera Gaufman<br />

Texte : Julia Breen<br />

Réalisation : Galina Kouzn<strong>et</strong>sova<br />

Bienvenue dans le Huitième Cercle. Vous êtes<br />

chez les menteurs, les voleurs. Trompeurs,<br />

mauvais conseillers <strong>et</strong> faux-monnayeurs. Alchimistes.<br />

Performers <strong>et</strong> artistes contemporains,<br />

expérimentateurs invétérés. Le fossé<br />

capitale/province est toujours partout présent.<br />

Parfois, il est presque infranchissable. Alors on<br />

salue chaleureusement l’initiative éphémère <strong>et</strong> fragile<br />

de ce « musée vivant de la performance » au Centre<br />

municipal d’art contemporain de Voronej. La performance comme essence<br />

de l’art contemporain. Et au-delà. L’art ne peint plus des héros,<br />

mais s’approche, au contraire, au plus près de l’humain trop humain,<br />

colle au réel, abolit au maximum la distance. L’art classique observait<br />

depuis l’extérieur, façonnant l’obj<strong>et</strong> sur des canons formels quand<br />

l’art contemporain se veut expression des profondeurs de l’être, inverse<br />

le point de vue. La performance en est l’aboutissement, la représentation<br />

est abolie, l’acte devient spectacle, au moment même où<br />

il a lieu. Tout le XXe 8<br />

siècle dans un concept.<br />

« Musée vivant de la performance », du 12 au 19 novembre, Centre<br />

municipal d’art contemporain, oul. 20 l<strong>et</strong> Oktyabria, TTs Evropa,<br />

5-iï <strong>et</strong>aj, Voronej.<br />

7<br />

Bienvenue dans le Septième<br />

Cercle. Coupables du péché<br />

de violence. Une violence<br />

nécessaire, lieu de<br />

possibles, zone réservée,<br />

territoire neutre, sans loi,<br />

hors codes de la communauté,<br />

rituel initiatique, pour<br />

s’apprivoiser. Iouriï Bykov, c’est la<br />

« nouvelle vague russe ». Son dernier fi lm, Jit’<br />

(2010), pose à la morale la question de la survie,<br />

aux limites du Bien <strong>et</strong> du Mal, que rest<strong>et</strong>-il<br />

de l’humain confronté à l’extrême. Un type<br />

partait simplement à la chasse, mais, témoin<br />

d’une scène, se r<strong>et</strong>rouve à tirer un inconnu des<br />

pattes de bandits qui le poursuivent. Il faut fuir,<br />

à deux. Contraints par l’urgence de faire avec<br />

<strong>et</strong> ensemble, jusqu’à se r<strong>et</strong>rouver confronté au<br />

choix ultime, lui ou moi, un seul vivra. Tenter<br />

de maintenir des principes, s’accrocher à une<br />

abstraction, une certaine idée de soi, système<br />

de valeurs <strong>et</strong> éthique pour fi nir mal, broyé.<br />

Ou vivre peinard, serein, sans scrupules <strong>et</strong><br />

surtout sans questions. Bykov fi lme l’humain<br />

imparfait, en équilibre instable entre lui <strong>et</strong> luimême,<br />

ne tire surtout pas de conclusion. Il a<br />

une croyance, pourtant, absurde <strong>et</strong> folle, fi ne<br />

espérance, peut-être dans la justice. Car celui<br />

qui reste en vie n’est pas forcément le vainqueur.<br />

Jit’, Iouriï Bykov (2010), première russe le<br />

11 novembre.<br />

6<br />

DÉPART<br />

Bienvenue dans le Sixième Cercle. Hérétiques,<br />

athées <strong>et</strong> épicuriens. Andreï<br />

Plakhov est critique, commentateur cinéma<br />

attitré du quotidien Kommersant,<br />

membre du jury à Berlin, Locarno, Tokyo,<br />

San Sebastian. Winzavod lui ouvre le programme<br />

« Cinéma avec Andreï Plakhov ». La<br />

graine <strong>et</strong> le mul<strong>et</strong>, Abdellatif Kechiche, indéniablement très grand<br />

fi lm. Une vraie histoire. Qui dit toutes les histoires. Admirablement<br />

inscrite dans un milieu <strong>et</strong> une époque <strong>et</strong> parle en même temps de<br />

partout <strong>et</strong> toujours, de noblesse <strong>et</strong> de bassesses, d’humanité en profondeur,<br />

amours contrariées, générations sourdes. Les vieux ont sacrifi<br />

é <strong>et</strong> cru bon de se taire, ils ont espéré, les gamins les renient <strong>et</strong><br />

leur crachent au nez sur un sol étranger, veulent tout, tout de suite.<br />

Assimilation dévoreuse. Et puis la grâce, le temps d’un instant, autour<br />

d’un couscous, générosité pure <strong>et</strong> entière, abandon, folie, une<br />

fl eur des villes née dans la boue rayonne, inonde de soleil la grisaille,<br />

brûle de fraîcheur <strong>et</strong> d’énergie vitale. Et au même moment l’autre qui<br />

s’éteint, usé, vieil arbre déplacé, racines tronquées. Dans une danse.<br />

Kinoteatr s Andreem Plakhovym : La graine <strong>et</strong> le mul<strong>et</strong>, A. Kechiche<br />

(2007), le 15 novembre, à 20h. Tsurtsum kafe, Winzavod,<br />

4-iï Syromiatnitcheskiï per., d. 1/8, str. 6.<br />

www.winzavod.ru<br />

Vous ne savez plus que faire de votre temps libre ? J<strong>et</strong>ez<br />

les dés <strong>et</strong> lancez-vous dans un voyage insolite à travers<br />

les neuf cercles de l’Enfer. Vos guides, fi ns connaisseurs<br />

des ténèbres, vous feront goûter leurs plaisirs inattendus.<br />

Suivez leurs conseils, vous ne serez pas déçus. À la prochaine<br />

au purgatoire !<br />

4Bienvenue dans le Quatrième Cercle.<br />

Après avoir fait fortune, vous partez<br />

investir en Sibérie. Au passage prenez<br />

des informations à la nouvelle fondation<br />

de l’oligarque <strong>Prokhorov</strong>. Allez<br />

directement au purgatoire.<br />

Bienvenue dans le Huitième<br />

Cercle. Testez votre effi cacité<br />

au musée vivant de la performance.<br />

8<br />

Bienvenue dans le Troisième<br />

Cercle. Goûtez les plats<br />

bourguignons au restaurant<br />

Kaï. Passez votre tour. 3<br />

Bienvenue dans le Neuvième<br />

Cercle. Vous êtes<br />

terrorisés par la magicienne<br />

Médée lors de<br />

l’opéra punk. Passez votre<br />

tour.<br />

9<br />

ARRIVÉE<br />

BIENVENUE AU PUR-<br />

GATOIRE. PASSEZ UNE<br />

SEMAINE CHAUDE !<br />

7<br />

Bienvenue dans le Septième<br />

Cercle. Découvrez<br />

les limites entre le bien <strong>et</strong><br />

le mal en regardant Jit’, le<br />

dernier fi lm de Iouriï Bykov.<br />

Bienvenue dans le Cinquième Cercle. Les coléreux<br />

<strong>et</strong> les mélancoliques. Tulpan, c’est la première<br />

fi ction du réalisateur de documentaires Sergueï<br />

Dvortsevoï. Dvortsevoï vient du Kazakhstan, <strong>et</strong><br />

5<br />

son fi lm, il souffl e comme la steppe. C’est lent<br />

<strong>et</strong> immédiat, immense <strong>et</strong> simplissime. La steppe<br />

est le lieu d’un présent éternel, où l’histoire<br />

n’existe pas. Où rien n’évolue, ne progresse, ne<br />

change, où le rythme est celui du soleil, de l’herbe <strong>et</strong><br />

des brebis. Aza revient chez lui, démobilisé après le service dans la Flotte.<br />

Enfant de berger, il vise l’impossible <strong>et</strong> s’y attelle : bâtir une maison, installer<br />

l’eau <strong>et</strong> l’électricité, devenir propriétaire, écrire une Histoire. Caïn<br />

dans le monde d’Abel, Aza est toute la vanité <strong>et</strong> par là la grandeur de<br />

l’existence humaine. Pour posséder des moutons, il faut se marier. Mais<br />

la seule jeune fi lle à 300 kilomètres à la ronde c’est Tulpan. Et Tulpan<br />

ne veut pas épouser Aza. Parce qu’il a les oreilles décollées. Le fi lm en a<br />

mis, du temps, à se faire, en a épuisé, des équipes de tournage. Parce que<br />

Dvortsevoï laisse la réalité s’écrire d’elle-même dans ses cadres. Parce<br />

que dans la steppe, le quotidien est parabole. Voyage dans un autre espace-temps.<br />

Tulpan (2007), Sergueï Dvortsevoï.

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