MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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84 e Année. N° 35 19 Mai 1917,<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong><br />
<strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
JOURNAL HEBDOMADAIRE<br />
<strong>DE</strong>S INSTITUTEURS ET <strong>DE</strong>S INSTITUTRICES<br />
On s'abonne à Paris, chez MM. Hachette et Clibraireséditeurs,<br />
boulevard Saint-Germain, 79; dans les départements,<br />
chez tous les libraires ou sans frais dans tous les<br />
bureaux de poste.<br />
Prix de l'abonnement pour un an :<br />
FRANCE 6 fr.<br />
UNION POSTALE . . . 8 fr.<br />
Prix du numéro : 10 cent.<br />
Let demanda Je changement d'edrtue doivent être accompagniet de Se e. — Lei manuteriti non intérêt ne tont pat rendw.<br />
SOMMAIRE<br />
L'Exposition de l'École de Querre (p. 537). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 MAURICE ROGER.<br />
La Ligue du Pain (p. 539). o 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 D r TOULOUSE.<br />
MON FRANC PARLER : Comment seront distribuées les Allocations pour Cherté de vie<br />
(p. 540). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 ANDRÉ BALZ.<br />
v<br />
C 1. Le Pikin de VEmpereur. — 2. En Alsace-Lorraine : de l'École à la Caserne.<br />
T TTTÏÏH ATRF ) I • Corneille au Collège. — 4. Un premier Vol. — Le Livre d'or des<br />
( Femmes (p. 541). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 LEO.<br />
Pour les Institutrices (p. 544). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 C. REYMOND. '<br />
Revue de la Presse. — Correspondance. — Actes officiels. — Annonces. 0 0 0 0 0<br />
L'Exposition de l'École et la Querre<br />
Ce n'est pas une exposition banale que celle<br />
qui, du 6 au 20 mai, attirait une foule considérable<br />
à la Ligue de l'Enseignement et au<br />
Cercle de la Librairie. Dès les premiers pas, on<br />
était pris. Rien qui pût nous distraire du drame<br />
qui pèse sur notre pensée ; rien non plus qui ne<br />
rappelât l'intime union de tous, jeunes et vieux,<br />
dans une égale volonté de servir.<br />
Aux murs, des tableaux, des photographies,<br />
des affiches, des circulaires, toute une riche<br />
documentation ; et, combien plus riche encore<br />
et plus suggestive, l'incomparable collection<br />
de cahiers, d'historiques, de monographies, témoins<br />
éloquents de ce que fut l'école, depuis<br />
août 1914, pour les enfants de France.<br />
C'est, en effet, la vie de l'école qui apparaît<br />
là, en pleine lumière, la vie des petits Français<br />
et de leurs maîtres, surtout de leurs maîtresses,<br />
aux heures tragiques où tous les ressorts de<br />
l'être sont tendus vers le but suprême : résister,<br />
vaincre. Dans ces humbles cahiers, parfois impersonnels<br />
comme des procès-verbaux, le plus<br />
souvent frémissants de passion comme des mémoires,<br />
on retrouve toutes les émotions dont<br />
une longue guerre renouvelle incessamment le<br />
pathétique.<br />
Voici la mobilisation : les ma"' '^s, et avec<br />
eux les pères, dans une seule é .u, 87 sur 108,<br />
ont rejoint le régiment. Il fan* réconforter les<br />
petits et aussi les recueillir, aï la mobilisation<br />
coïncide avec l'ouverture des vacances. Les<br />
maîtres maintiennent les écoles ouvertes et,<br />
avant toute invitation, entreprennent l'œuvre de<br />
guerre. Quand, en août, le directeur de l'enseignement<br />
de la Seine les visite, il trouve les ouvroirs<br />
organisés, les premiers envois prêts à<br />
partir. Il a tenu à rendre hommage à la spontanéité<br />
de ces dévouements. Une note affichée<br />
dans la belle section de la Ville de Paris l'atteste,<br />
précieux témoignage d'un chef qui sait<br />
rendre justice à son personnel.<br />
Mais, dans beaucoup de petites communes,<br />
la vie était paralysée. Dans l'une, plus de pain.<br />
Le maire s'entend avec l'instituteur et le voilà<br />
promu boulanger; il cherchera du blé, le fera<br />
moudre et un habitant le cuira. La situation<br />
est sauvée. Je cite cet exemple au hasard ; on en<br />
pourrait trouver d'autres et par centaines. En<br />
octobre, les classes régulières doivent recommencer.<br />
Oui, mais si 1 école a été réquisitionnée?<br />
Et l'on se met à la recherche de locaux;<br />
on les trouve, on s'y installe, médiocrement,<br />
mais qu'importe ?<br />
Et l'on s'organise pour la guerre ; les institutrices,<br />
les intérimaires remplacentles absents;<br />
là, comme ailleurs, on improvise, et là, comme<br />
ailleurs, l'ingéniosité triomphe des difficultés.<br />
L'enseignement reprend, ou plutôt il continue,<br />
et tous ces cahiers, qui n'ont pas été fabriqués<br />
pour l'exposition, en apportent le témoignage.<br />
Oh ! certes, ils sentent la poudre ; à lire ces<br />
dictées, à feuilleter ces dessins où les petits ont<br />
librement traduit leurs préoccupations, on voit<br />
où se porte leur pensée, et qu'elle ne quitte<br />
guère la ligne de feu ; mais, tout de même, dans<br />
la fièvre du présent, l'école continue à préparer<br />
l'avenir.<br />
A l'activité des petites associations scolaires,<br />
à l'entr'aide déjà si fortement organisée, la<br />
guerre ouvre un champ agrandi. Non seulement<br />
les écoliers prennent une large part aux journées,<br />
mais il n'estpas d'école qui ne possède son atelier<br />
où l'on tricote fébrilement; il n'en est pas<br />
qui ne puisse s'enorgueillir des sommes recueillies.<br />
Toutes les villes n'ont pas réuni 4 millions<br />
comme Paris, mais combien touchantes ces<br />
Partie générale. ssg
538 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> L'INSTRUC'I ION <strong>PRIMAIRE</strong><br />
humbles offrandes recueillies dans les petites L'Ecole s'emploie à seconder la bataille éco<br />
écoles de village. Pour une fois, on éprouve de nomique. La Banque réclame les louis d'or et<br />
l'émotion à lire un bilan.<br />
les petits écoliers se lancent en chasse, et,<br />
Et quand les petits n'ont rien à donner, ils quand sonne l'hallali, ils inscrivent de jolis<br />
donnent leur cœur. Ecoutez ce récit que je chiffres au tableau, 4b0 000 francs, dans le seul<br />
signale, sans en citer l'auteur, ne voulant nom département du Loiret. Puis vient la collecte<br />
mer personne, faute de pouvoir nommer tout le des vieux papiers, celle des chiffons. Il faut lire,<br />
monde.<br />
rue Récamier, lé récit de ces campagnes. Tout<br />
L'autre jour, raconte une institutrice, unlong train<br />
de blessés était arrêté devant eux. Suspendus aux<br />
barrières, ils regardaient anxieusement les croix<br />
rouges de3 wagons, les bfas en écharpe...<br />
Nous n'avions rien à offrir, n'ayant pas su le passage<br />
du convoi.<br />
Alors, sans que j'aie dit un mot, ces tout petits se<br />
mirent à chanter. Leurs voix puériles, sous le<br />
souffle inconnu qui haussait soudain leurs âmes,<br />
arrivèrent jusqu'aux blessés qui, surpris, puis émus,<br />
se montrèrent aux portières...<br />
est utilisé, y compris le centre d'intérêt, l'éducation<br />
ménagère, devenus d'actifs et ingénieux<br />
instruments de propagande. L'apostolat des<br />
maîtres est multiplié par celui des. enfants,<br />
petits apôtres ardents, convaincus et convaincants.<br />
L'école baigne dans la réalité. Oh! ce n'est<br />
pas sans inconvénient. 11 y a des fissures dans<br />
la fréquentation. C'est la cueillette des pommes,<br />
c'est la nécessité de remplacer aux champs le<br />
Et l'institutrice, après avoir noté que lés père ou le grand frère. Que de témoignages sur<br />
blessés sourirent à ce spectacle, ajoute : « Les ce qu'ont fait nos écoliers pour la vie même de<br />
petits, eux, ne riaient pas. »<br />
la nation !<br />
L'accueil des réfugiés tient une piace impor Que de choses encore à mentionner, et les<br />
tante dans l'historique de mainte école. « Nous écoles sous les obus, écoles de Reims daos les<br />
avons eu le bonheur de recevoir des petits Bel caves, écoles des villes bombardées, etc..., dont<br />
ges. » D'ailleurs, que ce soit des Serbes, des le travail soulève l'admiration par son ampleur<br />
Belges, de petits réfugiés du Nord, la joie est et son calme, et ces écoles de l'Alsace recon<br />
toujours la même d'accueillir des malheureux. quise, etc...<br />
Bientôt, entre ceux delà-bas et les enfants de A chaque pas, le champ d'émotion s'élargit et<br />
l'école, un lien plus étroit s'établit. Les écoles cette consultation nous découvre des trésors<br />
vont être les marraines des poilus. A ceux qui inépuisables dans ces milliers de petites âmes<br />
ne connaissent ce lien touchant que par les d'enfant, dans l'innombrable dévouement de<br />
annonces de certains illustrés, j'aurais con leurs maîtres. Mais voici, au-dessus d'une porte,<br />
seillé une visite à l'.Exposition. Les correspon un drapeau qui nous est cher. Voici la noble et<br />
dances de marraines et de filleuls y tiennent flère Belgique, voici les écoles de son exil, voici<br />
une place énorme.<br />
son école de Port-Villez où elle a su réaliser,<br />
Au début, c'est un peu froid ; mais la formule pour la rééducation des mutilés, un établisse<br />
«je ne reçois jamais rien de personne», à peu ment qu'hier encore venaient admirer les re<br />
près constante,indique la joie de correspondre présentants de tous les peuples alliés. Voici, plus<br />
désormais avec quelqu'un. Bientôt l'intimité loin, un autre peuple exilé, le peuple serbe, créant<br />
s'établit ; les photographies s'échangent ; on se sur notre sol les organes de sa régénération.<br />
connaît. Et alors, les petits de s'intéresser à Et voici enfin l'Italie qui, rue Récamier, expo<br />
tout ce qui concerne la vie, la famille du poilu, sait les admirables envois de l'Umanitaria de<br />
et, le poilu, à tout ce qui touche l'école et ses Milan et de quelques autres villes, l'Italie, qui,<br />
marraines : l'une n'a pu écrire : elle a eu la rou dans une salle spéciale, au Cercle de la Libraigeole.<br />
Pendant plusieurs lettres, le filleul en<br />
rie, nous montrait l'œuvre d'éducation entre<br />
parle, de cette rougeole. Elle lui tient à cœur.<br />
prise, la bataille à peine terminée, par le com<br />
Il faut bien du temps pour le rassurer. Tant,<br />
mandement suprême, des écoles ouvertes pour<br />
14 000 enfants, dans les terres du Frioul et du<br />
pour le malheureux, séparé des siens, — il est<br />
Trentin, enfin redevenues italiennes.<br />
des régions envahies — il est doux de pouvoir<br />
penser à un enfant qui pense à lui, fût-ce pour<br />
On se doutait bien que l'effort avait été grand :<br />
s'inquiétét.<br />
L'exposition permet d'en mesurer l'importance<br />
Le poilu reçoit des paquets. « C'est tout notre avec exactitude. Et encore, il faut savoir que cet<br />
cœur qui les prépare », écrit un enfant; en ensemble, à la fois d'une inspiration si diverse<br />
échange, il envoie une fleur, un trèfle à quatre et si semblable, n'est pas tout, que, par delà cet<br />
feuilles, une image ; en grand frère, il donne effort, il y a eu d'autres efforts, par delà ces<br />
aussi des conseils : « L'instruction c'est la vie. » dévouements, d'autres dévouements, que ce<br />
Il donne des exemples. «J'ai été blessé deux qu'on aperçoit est moindre que ce qu'on ne voit<br />
fois, écrit l'un d'eux, mais je suis heureux d'avoir pas. Spectacle réconfortant et qui nous venge<br />
versé mon sang pour mon pays. ><br />
des égoïsmes çà et là impudemment manifestés.<br />
Leçon de courage que viennent renforcer Quels espoirs et quelle leçon pour l'avenir!<br />
tous les actes d'héroïsme conservés au livre d'or La guerre finie, tout rentrera dans l'ordre. Il<br />
de l'école, historique et martyrologe des anciens ne faut pas que, pour l'école, cela signifie fermer<br />
élèves et des maîtres, leçon que gravent en les fenêtres qui donnent sur le dehors, ne lui<br />
traits ineffaçables des lettres comme celle-ci : laisser d'autre horizon que les murs blanchis et<br />
... Je sens mon cœur se gonfler d'une immense le tableau noir. Pendant la guerre, l'école a été<br />
pitié. Pauvres mamans! pauvres petit! enfants I<br />
pauvres femmes! Comme je voudrais vous les garder<br />
tous ces hommes que je commande et que j'emmènerai<br />
à l'attaque! Si je le pouvais, je leur ferais un<br />
rempart de ma poitrine.<br />
Lettre émouvante, scellée de sang : l'institu<br />
ouverte à la vie; la formule si rebattue et si<br />
vague s'est trouvée réalisée. Qu'après la guerre,<br />
l'école ne se retranche pas du réel. Ainsi<br />
prendra-t-elle, dans la restauration de notre<br />
prospérité, la part qui lui revient.<br />
teur qui l'écrivit était tué le lendemain.<br />
MAURICE ROGER.
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 539<br />
La Ligue du Pain<br />
« La guerre sous-marine nous cause des pertes<br />
effrayantes qui déterminent, dans le public,<br />
une anxiété croissante. » Qui dit cela?<br />
C'est lord Beresford, lequel ajoute : « Si les<br />
Anglais connaissaient la situation exacte, ils<br />
commenceraient à économiser sérieusement. »<br />
M. Helfferich, parlant devant une Commission<br />
du Reichstag, a affirmé que, dans un<br />
espace de deux mois, les submersibles allemands<br />
ont coulé 1 million de tonnes de bateaux<br />
britanniques et que l'Angleterre ne disposant<br />
que de 7 à 10 millions de tonnes, elle<br />
ne pourrait pas tenir longtemps. Sans doute,<br />
le gouvernement allemand parle ainsi pour<br />
exalter le courage de nos ennemis, qui ont besoin<br />
d'être remontés. Mais il faudrait bien se<br />
garder de dédaigner cette menace, qui inquiète<br />
vivement des hommes comme Lloyd George.<br />
Et le roi d'Angleterre a dû adresser à son peuple<br />
une proclamation exhortant chacun à la<br />
plus stricte économie.<br />
L'instituteur est tout désigné pour porter la<br />
bonne parole dans les plus petits pays" de<br />
France, préparer l'opinion, faire accepter de<br />
tous les privations nécessaires, faciliter les<br />
moyens qui doivent être pris — et notamment<br />
l'établissement dès cartes de denrées, qui sont<br />
la mesure la plus efficace et la plus équitable.<br />
L'instituteur s'attachera à former, dans chaque<br />
commune, avec les personnes les plus ouvertes,<br />
les plus dévouées à l'intérêt public, une<br />
association des bonnes volontés, une Ligue du<br />
Pain, dont il deviendra l'âme.<br />
Il faut d'abord intensifier la production du<br />
sol. Sans doute la saison est avancée ; mais il<br />
reste bien du travail à faire aux champs —<br />
notamment pour les légumes. — Et il faut<br />
aussi prévoir et organiser dès maintenant la<br />
récolte de 1918 afin qu'elle soit aussi large que<br />
possible, assez abondante pour que nous nous<br />
suffisions, car il n'est pas sûr que les Etats-<br />
Unis puissent aider toute l'Europe, qui sera,<br />
l'année prochaine, à deux doigts de la famine.<br />
Il faudra d'abord trouver des semences et des<br />
plants, puis recruter la main-d'œuvre, et enfin<br />
employer toutes les terres incomplètement<br />
exploitées. C'est aux municipalités.à demander<br />
sans relâche aux autorités ce qui leur manque,<br />
à obtenir qu'on ne réquisitionne pas abusivement,<br />
qu'on leur fournisse des hommes et notamment<br />
des prisonniers.<br />
Localement, on trouvera partout les bonnes<br />
volontés à utiliser, si on sait les encourager.<br />
Les enfants des écoles, les femmes et tous ceux<br />
qui ont quelques loisirs devront se faire les<br />
aides des paysans. C'est aux notables à donner<br />
le bon exemple. Il faudra décider et obtenir<br />
que chacun ne pense plus qu'à une chose : faire<br />
produire le sol, assurer la vie de la France.<br />
Celui qui, le pouvant,n'aide pas à ce travail sacré<br />
dans la mesure de ses forces, est un mauvais<br />
citoyen. Celui qui, ayant un champ, ne le cultive<br />
pas ou le cultive mal est indigne de le posséder.<br />
On devra, en outre, convaincre les travailleurs<br />
de l'utilité d'employer, autant que possible,<br />
des méthodes plus productives, des machines<br />
— si l'on peut en avoir — le travail en<br />
commun, des procédés plus scientifiques. On<br />
aura à lutter contre les préjugés qui réduisent<br />
la production. Il faudra se mettre en rapport<br />
avec les techniciens de l'agriculture et l'instituteur<br />
servira de vulgarisateur. On déconseillera<br />
les mauvaises pratiques, l'abatsge des animaux<br />
trop jeunes, des femelles. On prônera l'élevage<br />
des lapins et des volailles, là pêche et la<br />
chasse.<br />
Chacun s'ingénie à gaspiller le blé. On le<br />
donne même aux chevaux. Le pain est le seul<br />
aliment dont le déchet est normal, escompté,<br />
régulier. Il est rare que chacun ne laisse pas<br />
une croûte de pain à chaque repas. Si l'on évalue<br />
le déchet à 10 gr. pour seulement la moitié<br />
des Français, soit 20 millions de personnes,<br />
cela fait, par repas, une perte de 200 000 kilos<br />
de pain, environ 500 tonnes par jour. Celui donc<br />
qui, aujourd'hui, jette une bouchée de pain,<br />
doit être montré au doigt et clidtié par le mépris<br />
public.<br />
Il faut obtenir'que le taux de blutage soit<br />
élevé et que la farine de blé soit mélangée avec<br />
d'autres céréales.<br />
La viande est un alimentplus précieux encore.<br />
Je ne sais à quelle mesure s'arrêtera définitivement<br />
le Gouvernement pour en restreindre la<br />
consommation. Mais le devoir de chaque citoyen<br />
est simple et précis. Ne jamais — sauf<br />
maladie — manger de viande plus de cinq fois<br />
par semaine, pas plus d'une fois par jour, pas<br />
plus de 150 gr. par repas. Encore est-ce là un<br />
maximum qu'on est libre de réduire presque à<br />
zér,o, caries légumes secs peuvent remplacer la<br />
viande. J'indiquerai bientôt commentcomposer<br />
sur cette donnée des rations basées sur nos<br />
connaissances scientifiques.<br />
Le lait est l'aliment des enfants, des vieillards<br />
et des malades. L'adulte en bonne santé doit<br />
s'en abstenir le plus possible. Une bonne soupe<br />
le matin remplacera avantageusement le café<br />
au lait, formé de deux produits dont l'un est<br />
l'aliment irremplaçable des petits et des faibles<br />
et l'autre est acheté à l'étranger.<br />
En général, on utilise mal les denrées à la<br />
cuisine. Ainsi, pour la viande, le boucher la<br />
« pare « trop, à la maison on jette encore des<br />
déchets. Tout doit être mangé, surtout le gras.<br />
Les déchets et les os doivent servir à la préparation<br />
des graisses pour remplacer le beurre<br />
dans la cuisine.<br />
Pour les légumes, on les pèle trop, on les<br />
lave trop. En principe, toute l'eau de cuisson<br />
doit être conservée, parce qu'elle contient des<br />
produits nutritifs. On fera aussi des conserves.<br />
On parle beaucoup des marmites norvégiennes!<br />
1 Le système est excellent, car il économise<br />
le combustible; et les aliments cuits<br />
lentement n'en sont que plus savoureux.<br />
Yoilà les choses essentiel'es qu'il faut apprendre<br />
à tous. Jamais l'instituteur, en fondant<br />
cette Ligue du Pain, n'aura eu à transmettre de<br />
notions plus utiles au bien public, au salut<br />
immédiat du pays.<br />
D R TOULOUSE.<br />
1. Voir FAUSSEMAGNE et LAUGIEB, La marmite noryô<br />
fjienrie, brochure in-16 illustrée, 30 cent., Hachette et Cie_
540 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
MON FRANC PARLER<br />
Comment seront distribuées les Allocations pour Cherté de vie<br />
Quelques commentaires sur le décret du 4 mai. — Intérimaires et suppléants. — Les charges<br />
de famille. — Mobilisés, évacués et rapatriés. — La. question des enfants.<br />
Le droit d'option. — L'ancien régime et le nouveau.<br />
Vous avez pu lire comme moi le décret qui a<br />
paru à l'Officiel le 4 mai 1 et qui règle les conditions<br />
d'après lesquelles seront distribuées les<br />
allocations pour cherté de vie. Mais vous ne serez<br />
pas fâché, j'en suis sûr, de trouver ici les<br />
règles suivies pour cette répartition par le<br />
ministère de l'Instruction publique.<br />
Il est à remarquer, tout d'abord, que les intérimaires<br />
et les suppléants n'auront aucune part du<br />
gâteau.— Qu'est devenu, direz-vous, l'amendement<br />
Bouffandeau quilesadmettait, eux aussi, au<br />
bénéfice de cesallocations? —Eh bien,cetamendement<br />
est resté en route, écarté par un tir de<br />
barrage de nos sénateurs.Pourtant,nevousfrappez<br />
pas ! Le ministre des Finances a pro mis d'accepter<br />
un relèvement du taux de leurs indemnités.<br />
Les crédits promis permettront de porter à<br />
4 francs par jour l'indemnité des suppléants et<br />
à 125 francs par mois celle des intérimaires.<br />
A qui vont donc aller les indemnités de vie<br />
chère? —Aux instituteurs qui figurent régulièrement<br />
dans les cadres, c'est-à-dire aux stagiaires<br />
et aux titulaires. Par application du<br />
décret ces allocations seront donc :<br />
De 120 francs pour les célibataires ayant moins<br />
de 2 000 francs de traitement ;<br />
180 francs pour fonctionnaires mariés sans<br />
enfants ayant moins de 3000 francs;<br />
280 francs pour fonctionnaires (1 enfant)<br />
ayarit moins de 3600 francs;<br />
380 francs pour fonctionnaires (2 enfanls)<br />
ayant moins de 3 600 francs ;<br />
480 francs pour fonctionnaires (3 enfants)<br />
ayant moins de 4 S00 francs.<br />
Et ainsi de suite en ajoutant 100 francs par<br />
enfant pour tout fonctionnaire dont le traitement<br />
ne dépasse pas 4500 francs. Il ne peut<br />
être question, bien entendu, que des enfants<br />
âgés de moins de seize ans et effectivement à la<br />
charge de leurs parents.<br />
Autre question. Gomment sera fixé le maximum<br />
de ces divers traitements — 2 000, 3 000,<br />
3 600, 4 500 — au-dessus desquels on perd tout<br />
droit à ces allocations?<br />
On prendra le traitement net de l'instituteur,,<br />
déduction faite des retenues pour pensions.<br />
On y ajoutera l'indemnité de logement ou, s'il<br />
est logé, le minimum de l'indemnité accordée<br />
aux instituteurs qui ne sont pas logés. Si la<br />
somme ainsi obtenue n'atteint pas 2 000 francs<br />
pour les célibataires, 3 000 francs pour les instituteurs<br />
mariés sans enfants, 3 600 francs pour<br />
ceux qui ont un ou deux enfants 4 500 francs<br />
pour ceux qui ont plus de deux enfants, le droit<br />
à l'allocation est acquis.<br />
Vous avez dû remarquer que l'indemnité de<br />
résidence n'entre pas en ligne de compte dans<br />
ce calcul. Il en résulte d'abord que toutes les<br />
institutrices stagiaires ou titulaires, de 4° et de<br />
•i e classe, qui sont souvent célibataires, bénéficieront<br />
de ces indemnités. Elles seront égale<br />
1. Voir Manuel général du 12 mai, p. 526.<br />
ment acquises à la plupart des instituteurs<br />
mariés, à l'exception de ceux qui, par suite des<br />
suppléments qu'ils touchent soit pour la direction<br />
des écoles, soit pour les cours complémentaires,<br />
atteignent ou dépassent le maximum<br />
de 3 600 ou de 4 500 francs.<br />
Autre remarque qui intéresse particulièrement<br />
les familles nombreuses.<br />
Les maxima ne doivent jamais être dépassés<br />
par l'indemnité de cherté de vie. Je prends,<br />
par exemple, un instituteur célibataire qui a<br />
un traitement de 1 800 francs. Je lui retranche<br />
les retenues pour pension (1 800 — 90= 1 710) ;<br />
j'y ajoute son indemnité de logement (1 710 +<br />
190 = 1 900). Il ne recevra, par suite, qu'une<br />
allocation de 100 francs et non de 120 francs<br />
de manière à atteindre, mais non à dépasser<br />
les 2 000 francs prévus dans le décret.<br />
Au contraire, ces maxima peuvent être dépassés<br />
par les allocations attribuées pour charges<br />
de famille. Exemple : Un instituteur qui a<br />
deux enfants à sa charge et dont les émoluments<br />
totaux n'atteignent que 3 400 francs, soit<br />
200 francs au-dessous du maximum fixé, n'en<br />
touchera pas moins 180'francs pour indemnité<br />
de vie chère et 200 francs pour charges de<br />
famille ; soit u n total de 3 780 francs, c'est-àdire<br />
qu'il dépassera de 180 francs le maximum.<br />
Et les mobilisés? Ceux-là ne toucheront pas<br />
l'indemnité de vie chère. La loi du 5 août 1914<br />
ne permet de leur accorder — en sus du<br />
traitement civil — que des indemnités pour<br />
charges de famille. Mais ces indemnités-là leur<br />
restent acquises.<br />
Pour les évacués et rapatriés, l'indemnité<br />
d'évacuation n'entrera pas en compte dans le<br />
calcul du maximum. Us pourront, par conséquent,<br />
la cumuler avec l'indemnité de cherté<br />
de vie. Mêmes mesures bienveillantes seront<br />
prises pour les pensions desveuves et les demitraitementsque<br />
conservent celles dontles maris<br />
ont été tués à la guerre.<br />
Il y avait enfin au ministère de l'Instruction<br />
publique, avant le décret du 4 mai, un crédit<br />
pour venir en aide aux instituteurs chargés de<br />
famille. On leur accorde le 'droit d'option.<br />
Ils pourront choisir entre les allocations nouvelles<br />
et les anciennes. L'allocation ancienne<br />
était de 40 francs par enfant de moins de vingt<br />
ans au-dessus de trois enfants. L'allocation nouvelle<br />
n'est accordée que pour les enfants de<br />
moins de seize ans. Il est possible crue, parfois,<br />
les intéressés aient avantage à réclamer l'application<br />
de l'ancien régime.<br />
Tous le° cas ont-ils été prévuspar le décret? Il<br />
serait téméraire de l'affirmer, mais la grande majorité<br />
des fonctionnaires bénéficiera, sans aucun<br />
doute, de ces dispositions. Quantaux antres,s'il<br />
y en a. la porte reste ouverte à leursréclamations<br />
que l'administration ne manquera pas d'examiner<br />
avec sa bienveillance coutumière.<br />
ANDRÉ BALZ.
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 541<br />
= = = = = — REVUE LITTÉRAIRE —<br />
Par LÉO<br />
1. Le Pékin de l'Empereur. — 2. En Alsace-Lorraine : De l'École à la Caserne.<br />
3. Corneille au Collège. — 4. Un premier Vol.<br />
5. Le Livre d'Or des Femmes.<br />
I. — Le Pékin de l'Empereur.<br />
Deux camarades de régiment.— Un enragé joueur<br />
de cor. — La brouille. — A la veille de la bataille<br />
de Craonne. — « Triomphante » retraite de<br />
Blùcher. — Fidèle jusqu'au bout.<br />
Les événements qui ont pour théâtre le chemin<br />
des Dames et le plateau de Graonne, ont<br />
donné à M. G. Lenôtre l'occasion d'évoquer<br />
devant nous quelques scènes de la petite histoire<br />
qui souvent confine à la grande.<br />
« Le chemin des Dames » fut établi sous<br />
Louis XV pour faciliter les déplacements des<br />
trois filles du roi qui allaient souvent rendre<br />
visite à Mme de Narbonne, au château de la<br />
Bove. Cette route traverse, sur une longueur de<br />
18 kilomètres, le plateau de Graonne et descend<br />
dans la vallée de l'Ailette pour atteindre les<br />
bois de Vauclerc.<br />
On se rappelle que ce plateau fut, en 1814, le<br />
théâtre d'une sanglante bataille livrée par<br />
Napoléon aux Prussiens de Blùcher. Dans ces<br />
parages vivait alors u n gentilhomme campagnard,<br />
M. de Bussy qui, sorti de l'Ecole militaire<br />
en même temps que Bonaparte, avait été<br />
envoyé avec lui à Auxonne comme lieutenant<br />
d'artillerie. Bussy n'avait pas gardé un très bon<br />
souvenir de son camarade:<br />
« Logé à la caserne, le lieutenant de Bussy<br />
occupait une chambre au deuxième étage du<br />
pavillon des officiers; il y pissait le meilleur<br />
de son temps à sonner du cor de chasse, à<br />
grand renfort de couacs et de fausses notes,<br />
ce qui exaspérait le camarade Bonaparte, logé<br />
au troisième étage, et que ce charivari empêchait<br />
de travailler. Certain jour, on se rencontre<br />
dans l'escalier: «Mon cher, dit le petit<br />
Corse, vous devez bien vous fatiguer avec<br />
votre maudit cor. — Pas du tout. — Eti bien,<br />
vous fatiguez beaucoup les autres. — Je suis<br />
maître chez moi. — Si vous continuez, Bonaparte<br />
pourra vous montrer sa tactique de<br />
combat. » Un duel fut décidé ; mais le conseil<br />
du régiment intervint. Il fut convenu que Bussy<br />
userait discrètement de son instrument et que<br />
Bonaparte se montrerait endurant. Tout de<br />
même, Bussy avait gardé ça sur le cœur ; il ne<br />
se souciait pas de servir sous les ordres de son<br />
ancien camarade, qu'il n'arait jamais revu ni<br />
sous le Consulat, ni sous l'Empire. »<br />
Les choses en étaient là quand, en 1814, à la<br />
veille de la bataille de Craonne, l'empereur fit<br />
mander à son quartier général son ancien<br />
camarade d'Auxonne.<br />
« Eh bien 1 Bussy, lui dit-il en l'apercevant,<br />
sonnez-vous toujours du cor? — Oui, Sire, et<br />
toujours aussi faux. » La vieille querelle aurait<br />
recommencé si l'on n'avait eu mieux à faire.<br />
L'empereur, tout de suite en confiance, expose<br />
la situation à son camarade de régiment : Blùcher<br />
et les Russes tiennent le plateau; demain,<br />
à l'aube, les troupes françaises escaladeront les<br />
hauteurs; l'artillerie canonneral'isthme d'Heurtebise,<br />
tandis que Ney, au nord, du côté de<br />
Vauclerc, et Nansouty, au sud, au-dessus de<br />
Vassoigne, donneront l'assaut à la montagne.<br />
Tel est le plan. « — Connaissez-vous bien le<br />
plateau de Craonne, Bussy? — Parbleu, sire,<br />
c'est mon terrain de chasse. »> Et l'ancien<br />
lieutenant, qui avait mille fois arpenté ces<br />
champs et ces bois, monta à cheval et alla<br />
explorer les positions ennemies. Au jour, la<br />
bataille s'engageait : Bussy, en veste de chasse<br />
de velours vert, ne quittait pas l'empereur,<br />
déjeunait avec lui, assistait, frémissant d'enthousiasme,<br />
aux tentatives furieuses de Ney et<br />
de Nansouty pour gravir, sous la mitraille, les<br />
pentes du plateau. A une heure, la ferme<br />
d'Heurtebise était enlevée. Sacken et Woronzof<br />
cédaient sous la poussée de nos troupes, qui<br />
chassaient l'ennemi jusqu'à l'extrémité du<br />
Chemin des Dames. La nuit seule interrompit<br />
cette poursuite de 18 kilomètres. Blùcher qui,<br />
d'avance, avait qualifié son plan de bataille<br />
« d'admirable manœuvre » devant infailliblement<br />
« donner le coup de grâce à l'armée française<br />
», Blùcher se repliait sur Laon, laissant<br />
les Russes aux prises avec nos soldats. Il déclara<br />
que cette retraite était pour lui o un éclatant<br />
triomphe » et qu'elle rentrait dans ses<br />
géniales combinaisons... Déjà !<br />
Bussy, continue M. Lenôtre, à qui revenait<br />
une grande part du succès, ne rentra pas chez<br />
lui après la victoire. Promu colonel d'artillerie<br />
— un bel avancement — il n'avait eu ni le<br />
temps ni l'occasion de se fournir d'un uniforme :<br />
c'était en veste de chasse qu'il suivait partout<br />
l'état-major impérial, et les grognards, en le<br />
distinguant dans cet équipage, parmi les maréchaux<br />
dorés et les escortes rutilantes, l'appelaient<br />
« le pékin de l'empereur ». Il resta fidèle<br />
jusqu'au bout, et, dans les heures suprêmes de<br />
Fontainebleau, Napoléon, abandonné de tous,<br />
eut pour pieux témoin de ses larmes, de ses<br />
rages et de son désespoir, son ancien commensal<br />
d'Auxonne, avec lequel il avait failli « se<br />
couper la gorge » au temps de ses vingt ans.<br />
2. — En Alsace-Lorraine :<br />
De l'École à la Caserne.<br />
Une conférence à 'la Sorbonne. — Les petits Alasciens<br />
à l'école primaire. — Le dressage prussien<br />
Dans une conférence qu'il a faite à la Sorbonne,<br />
M. Benjamin Vallotton nous a exposé les<br />
péripéties émouvantes du drame alsacien-lorrain<br />
depuis l'annexion. Chemin faisant, il nous<br />
a montré quels procédés avait employés le caporalisme<br />
prussien, pour militariser l'enfant de<br />
telle sorte, qu'il glisse de l'école à la caserne<br />
sans avoir l'impression de changer de milieu.<br />
A l'école primaire, nous dit il, l'instituteur<br />
est un soldat dressé à la prussienne. On y vise
842 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong>- <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
en tout cas. On y arrive peu à peu, à mesure<br />
que meurent les vieux maîtres, les témoins.<br />
L'inspecteur, un vrai, un pur, donne des ordres,<br />
tient en main tous les fils, élabore les programmes,<br />
en surveille l'exacte exécution. C'est<br />
lui le colonel. Le général est à Strasbourg. Le<br />
généralissime est à Berlin. L'instituteur n'est<br />
qu'un modeste sergent, le dresseur. Les petits<br />
écoliers, c'est la Mannschaft, la pâte qu'on pétrit<br />
vigoureusement. On se lève d'un bloc; on s'assied<br />
d'un bloc; on prie par ordre. On ne dit, on<br />
ne répète que ce que le maître a dit. Défense<br />
d'argumenter,d'objecter. Rien d'humain puisque<br />
tout est pangermanique. L'empreinte! Les livres<br />
de géographie, d'histoire, de littérature sont<br />
rédigés afin que soient magnifiées l'Allemagne,<br />
les autorités allemandes qui ne se trompent<br />
jamais, étant nommées et inspirées parle vieux<br />
Dieu en personne.<br />
Fréquemment, comme modèle d'écriture, le<br />
Deutschland ùber ailes. Vienne le jour anniversaire<br />
d'une tête couronnée, d'une victoire, les<br />
écoliers, groupés en vêtements du dimanche<br />
autour d'un buste, écoutent la conférence du<br />
maître qui parle du commerce allemand, des<br />
colonies allemàndes, de l'avenir allemand qui<br />
est sur terre et sur mer. Hoch! Hoch! Hoch!<br />
Le maître lève sa baguette et l'on chante en<br />
vers ce qui vient d'être exprimé en prose.<br />
Viennent les leçons de gymnastique, des<br />
gosses, haut comme cela, tapent la semelle, esquissent<br />
un pas de parade, manœuvrent, s'immobilisent.<br />
Celte emprise mécanique suitl'enfant partout,<br />
jusqu'au jour de l'entrée au régiment. Le régiment<br />
n'est lui-même qu'une masse numérotée,<br />
matrieulée, au sein de laquelle l'individu vacille<br />
et disparaît. On ne pense plus. Tous les regards<br />
sont noyés dans l'obéissance. On ne s'immobilise<br />
plus, on se pétrifie. Un homme pareil à un autre<br />
homme, une section à une autre section, une<br />
compagnie à une autre compagnie, chacun physiquement<br />
et mentalement pareil.<br />
Que sous cette formidable machine qui afonctionné<br />
près d'un demi-siècle, l'Alsace et la Lorraine<br />
aient gardé leur vie propre et leur individualité.<br />
c'estun phénomène quitientdu miracle.<br />
Et M. Vallotton est en droit de conclure : «Par<br />
leur obstination à demeurer fidèles, elles ont<br />
une fois de plus prouvé que le droit est la force<br />
suprême. Par la vertu de leurs souffrances, auxquelles<br />
s'ajoutent aujourd'hui tant d'autres<br />
souffrances montées des pays crucifiés, elles<br />
rendent impossible le hideux triomphe de la<br />
violence et du crime. »<br />
3. — Corneille au Collège.<br />
Souvenirs d'un lycéen de Rouen. — Ce qu'on enseignait<br />
dans les collèges de Jésuites. — Corneille<br />
lauréat. — Grandeur et décadence du vers latin.<br />
Corneille fitses études au collège des Jésuites,<br />
devenu depuis lycée impérial de Rouen, aujourd'hui<br />
lycée Corneille. M. Auguste Dorchain<br />
rappelle à ce sujet comment, en entrant à SOD<br />
tour dans cette vieille maison, il fut d'avance<br />
consolé des rigueurs de l'internat par le langage<br />
affable que lui tint le proviseur : « Allons,<br />
ne sois pas triste, mon petit bonhomme. Ne saistu<br />
pas que cette maison était autrefois le collège<br />
où Corneille fit ses études, le grand Corneille?<br />
Oui, dans les classes où il a travaillé, tu travailleras;<br />
dans les cours où il a joué, tu joueras et<br />
tu prieras le dimanche dans la vieille chapelle<br />
où il a prié. »<br />
C'est ainsi qu'Auguste Dorchain se mit sous<br />
la protection du grand Corneille sur lequel il<br />
nous donne aujourd'hui, dans la Revue hebdomadaire,<br />
des études d'un vif intérêt.<br />
« Ce fut à neuf ans, nous dit-il, en 16iS, que<br />
le petit Pierre commença de suivre les classes,<br />
en cinquième, classe la plus élémentaire. A<br />
treize ans et quelques mois, il entrait en première,<br />
c'est-à-dire en rhétorique. Après sa logique<br />
(philosophie) et sa physique (science), il<br />
quitta les bancs du collège en 1622 au début<br />
de sa dix-septième année. »<br />
On sait quel était l'enseignement que donnaientalors<br />
lesJésuites: presquepasdesciences,<br />
pour toute philosophie des controverses scolastiques,<br />
beaucoup de grec et de latin, seule langue<br />
que dussent même parler entre eux les élèves.<br />
« Quant à la langue française, elle n'était pas<br />
du tout enseignée, mais il suffisait de ce grec<br />
et de ce latin pour former à Rouen un Corneille<br />
'et un Fontenelle, comme à La Flèche un Descartes,<br />
comme plus tard à Paris, au collège<br />
d'IIarcourt, un Diderot, et au collège Louis-le»<br />
Grand un Voltaire. »<br />
On n'a pas conservé les « Bulletins » de Corneille,<br />
et c'est dommage, mais on sait qu'en<br />
troisième il obtint un prix de versification latine.<br />
Le volume est conservé à la Bibliothèque<br />
nationale. C'estun Ilérodien, texte grec, avec<br />
la traduction latine d'Ange Politien et des notes<br />
d'Henri Estienne.<br />
Deux ans plus tard, en rhétorique, c'est encore<br />
le prix devers latins qui lui échoit. Cette fois,<br />
le livre, conservé dans la famille de Corneille,<br />
est un in-folio qui porte l'attestation signée du<br />
préfet des études avec le nom du lauréat. Rieia<br />
ne prouve mieux, au surplus, les qualités de<br />
Corneille écolier que la reconnaissance et l'amitié<br />
fidèles qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie<br />
à ses excellents maîtres.<br />
On ne fait plus aujourd'hui de vers latins au<br />
lycée de Rouen. En 1873, ajoute M. Dorchain,<br />
dans cette même cour d'honneur, à la même<br />
place où Corneille avait reçu son prix, Jules<br />
Simon fut acclamé par les élèves parce qu'il<br />
venait de rayer du programme... les vers latins"<br />
4. — Un premier Vol.<br />
Les impressions du départ. — En plein ciel.<br />
Le jeu de puzzle. —La descente.<br />
Notre collaborateur André Lichtenberger, en<br />
ce moment mobilisé au Maroc, a obtenu du général<br />
Gouraud l'autorisation d'effectuer son<br />
premier vol sur u n triplan Voisin. Il décrit<br />
ainsi, dans VOpinion, ses impressions :<br />
Quelques tours d'hélice... Un ronflement...<br />
Une rafale de vent... Nous roulons en bondissant<br />
sur l'herbe. Nous ne bondissons plus... Là<br />
en bas, les vaches deviennent grosses comme<br />
les moutons, et puis comme des sauterelles...<br />
Nous sommes dans le ciel.<br />
Je ne vous infligerai pas l'analyse de mes<br />
sensations. Vous seriez capables de maudire
le pensum déjà trop connu. A l heure actuelle,<br />
deux minutes après le départ, passé le premier<br />
ahurissement qui résulte du choc du vent et du<br />
bourdonnement du moteur, rien ne paraît plus<br />
« naturel » qu'une promenade en aéro. Aucun<br />
vertige, aucun mal de mer, aucun sentiment de<br />
risque. On se sent bien plus chez soi dans le<br />
ciel que dans la trépidation d'une automobile.<br />
On reconnaît avec amusement, là, en bas, le petit<br />
puzzle d'étendues vertes ou bleues, de carrés<br />
et de rubans, que tous les périodiques illustrés<br />
ont reproduit .avec la légende : « photographies<br />
prises en avion ». On est bien. On rêve de se<br />
promener comme cela en famille, avec nounou<br />
et le petit dernier. C'est commode. C'est joli.<br />
C'est pratique. Ça flatte l'imagination et ça<br />
évite la poussière. 11 faudra seulement inventer<br />
un paravent et un silencieux. On apprend commodément<br />
la topographie. On nargue des cigognes.<br />
On dépiste les profondeurs marines.<br />
On voudrait que ça dure...<br />
Mais ça ne dure pas. Car hélas! l'aimable<br />
lieutenant qui me pilote doit me déposer sur<br />
le sol avant de repartir pour Casablanca. Nous<br />
commençons donc à descendre vers ces deux<br />
petits cubes blancs qui sont les baraques du<br />
champ d'atterrissage. Alors se place la seule<br />
sensation inattendue du voyage et vraiment<br />
cocasse. Tant que l'on est en haut, faute de<br />
points de repère, on a l'impression de flotter<br />
presque immobiles, refoulés par un vent violent,<br />
tandis qu'à mesure qu'on se rapproche<br />
de terre, voici que tout à coup les objets se<br />
mettent à filer avec une rapidité fantastique.<br />
Et l'on se dit malgré soi : « Quelle drôle d'idée<br />
a ce jeune homme de battre un rapide à la<br />
course juste au moment où il serait raisonnable<br />
de se poser doucement! »<br />
Mais déjà le contact est repris avec la prairie.<br />
Sautillant, l'oiseau géant court encore quelques<br />
secondes, et s'arrête. Il faut descendre, serrer<br />
les mains, remonter en auto. Et malgré les admirables<br />
travaux réalisés par le service des<br />
ponts et chaussées au Maroc, il faut constater<br />
que les routes du ciel sont encore beaucoup<br />
plus moelleuses et moins poudreuses que celles<br />
que nous lui devons.<br />
5. — Le Livre d'or des Femmes.<br />
Héroïnes de guerre. — Celles qu'on connaît et les<br />
autres. — Comment récompenser le dévouement<br />
des femmes.<br />
« La femme et la guerre », tel est le titre<br />
d'une étude que M e Henri Robert vient de publier<br />
daDs la Revue de Jean Finot. Sur ce livre<br />
d'or figurent naturellement celles qui forent<br />
des combattantes, « celles qui attendirent l'ennemi<br />
sans faiblir, malgré sa réputation bien<br />
méritée de n'épargner ni les femmes, ni les enfants,<br />
ni les vieillards. »<br />
Au premier rang, nous dit-il, Miss Edith<br />
Cavell, la martyre ! Ah ! L'Allemagne aura beau<br />
faire, ce crime féroce restera pour elle comme<br />
une souillure. Le souvenir impérissable de<br />
cette âme courageuse et pure restera poui<br />
l'Allemagne comme le plus grand crime qu'ait<br />
vu commettre cette guerre sans merci. Edith<br />
Cavell, se dressant, frêle et intrépide, contre<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 543<br />
ses bourreaux, figurera parmi les plus touchantes<br />
des immortelles gardiennes de l'Idéal.<br />
La reine Elisabeth de Belgique, la reine ambulancière,<br />
compagne du roi-soldat qui, après<br />
avoir traversé la Manche pour mettre ses enfants<br />
à l'abri des obus, est revenue auprès du<br />
souverain sans royaume pour partager ses<br />
peines et ses dangers.....<br />
Mme Carton de Wiart, qui brava von Bissing,<br />
bourreau de sa patrie, et s'improvisa en quelque<br />
sorte ministre volontaire de la misère nationale,<br />
jusqu'au jour où elle connut la rigueur<br />
des geôles allemandes.<br />
Mme Mâcherez, le « maire de Soissons », qui<br />
fut la providence de la cité et remplaça les<br />
hommes... absents.<br />
Emilienne Moreau, qui, sous la mitraille,<br />
accueillit au chant delà Marseillaise les Anglais<br />
entrant victorieux'dans Loos, et fit le coup de<br />
feu pour aider les soldats à abattre des ennemis.<br />
Deux religieuses : Sœur Julie, du régiment des<br />
Sœurs de Saint Charles — comme elle disait<br />
fièrement — qui arracha ses blessés aux Allemands<br />
dans Gerbéviller. Gerbéviller! naguère<br />
village français, aujourd'hui ruines douloureuses!<br />
— et Sœur Gabrielle qui, dans Clermont<br />
en Argonne, sut forcer l'admiration et le respect<br />
du Kaiser.<br />
Et cette petite Denise Cartier qui, horriblement<br />
mutilée par la bombe d'un avionallemand,<br />
à Paris, en septembre 1914; s'écria : « Ne dites<br />
pas à maman que c'est grave pour ne pas<br />
l'effrayer ! » N'est-il pas émouvant de voir une<br />
petite fille « faiblette et tendre chose » s'élever<br />
à un pareil oubli de soi-même?<br />
Toutes celles-là, ajoute Henri Robert, vous<br />
les connaissez, mais: pensez à toutes les autres,<br />
à la grande foule anonyme des héroïnes obscures,<br />
à toutes celles qui risquèrent leur viepour<br />
porter à travers les lignes des nouvelles<br />
importantes, qui bravèrent les balles et les<br />
obus pour ne pas abandonner leurs foyers<br />
envahis. Celles-là, il faut renoncer à les connaître<br />
toutes et, de même qu'Athènes avait voué<br />
un temple « au dieu inconnu, » nous devons,<br />
pour les célébrer, élever une colonne à l'héroïne<br />
française.<br />
Après avoir énuméré les sacrifices des femmes<br />
pendant la guerre et les services qu'elles<br />
ont rendus, M e Henri Robert estime qu'après<br />
avoir été à la peine, il faudra qu'elles soient à<br />
l'honneur. De nouvelles carrières s'ouvriront<br />
devant elles. Leur salaire devra désormais<br />
être égal à celui de l'homme et, comme on<br />
augmentera leur responsabilité, il faudra, en<br />
conséquence, leur accorder des droits nouveaux.<br />
« Donnons, nous dit-il, aux femmes,<br />
libre accès à la vie politique. Je ne vois nul<br />
inconvénient à ce que les femmes soient électives<br />
aussi bien pour le Conseil municipal que<br />
pour le Parlement et j'admets volontiers, si<br />
elles ont le droit de voter, qu'elles puissent<br />
être élues. Je suis convaincu que les femmes<br />
exerceraient leurs droits politiques d'une façoc.<br />
aussi intelligente que les hommes. »<br />
LKO.
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
Pour les Institutrices 1<br />
14. — Les « A rrangements »<br />
(Suite)<br />
Le meilleur arrangement est celui qui ne TOUS<br />
coûte que votre temps et votre peine; mais il n'est<br />
possible que quand la vieille robe à rajeunir comporte<br />
plus d'étoffe<br />
que la forme nouvelle<br />
choisie. Prenons<br />
par exemple<br />
la robe fig. I empruntée<br />
à un journal<br />
de modes du<br />
printemps dernier;<br />
ce qui lui donne<br />
un aspect démodé,<br />
c'est l'excès d'am<br />
pleur de la jupe,<br />
faite de deux hauts<br />
volants en forme;<br />
il suffira de supprimer<br />
une partie<br />
Il suffit de réduire l'ampleur des<br />
volants de la fig. I pour donner à<br />
cette robe la silhouette à la mode.<br />
de cette ampleur, en recoupant chacun<br />
des volants, pour ramener cette<br />
robe à la silhouette actuelle (fig. II).<br />
Dans la fig. III, les deux parties<br />
du costume doivent être transformées;<br />
la jupe et la basque de la<br />
jaquette sont trop amples du bas<br />
et trop ajustées du haut, trop « en<br />
forme » pour les lignes droites de<br />
la mode actuelle; jupe et basque<br />
sont trop courtes.<br />
On se rapprocherait, en somme,<br />
suffisamment de l'aspect des jupes<br />
actuelles, en diminuant le biais de<br />
la jupe, de façon qu'elle soit plate<br />
devant (fig. IV) et derrière, et en<br />
formant des plis aplatis au fer, avec<br />
les godets de côté, tant à la jupe qu'à la basque de<br />
la jaquette (fig. IV) de façon que la jupe n'ait plus<br />
que 2 m. à 2 m.-50 dans le bas. Mais ce n'est là<br />
qu'un à peu près; si on veut « mettre tout à fait à<br />
la mode » ce costume tailleur, on coupera le haut de<br />
la jupe au niveau où arrive le bord de la basque et<br />
on remplacera cette partie, taillée « en forme », par<br />
•un haut de jupe de huit centimètres plus long que la<br />
partie supprimée, en voile de laine, assorti au costume<br />
tailleur (ou de tout autre étoff# d'une tout<br />
autre couleur, si cette fantaisie vous agrée et ne paraît<br />
pas singulière dans le milieu où vous vivez. A<br />
ce haut de jupe taillé en droit fil et froncé à la taille<br />
(fig. V), on assortira une blouse qui en paraîtra le<br />
prolongement (fig. V).<br />
Voilà la jupe arrangée. ^<br />
Il s'agit maintenant de supprimer les » godets »<br />
•que forme, à droite et à gauche de la jaquette, sur<br />
les hanchis, la partie de la basque qui rejoint le<br />
panneau plat du devant au panneau plat du dos.<br />
Pour cela décousez à la taille la basque de la ja<br />
l. Voir Manuel général, n" 6, 8.<br />
-24, 27, 29, et 33.<br />
Ménagez un panneau plat à lajupe<br />
devant et derrière, les godets aplatis<br />
au fer : la fig. III démodée devient<br />
très portable, fig. IV.<br />
10, 12, 14, 16, 18, 20,<br />
quette, coupez le panneau devant à la hauteur d'une<br />
ceinture haute que montre la fig. VI. Avec les morceaux<br />
enlevés pour ré luire l'ampleur du bas de la<br />
jupe, préparez une bande de 12 cent, de large et de<br />
10 cent, plus longue que le tour de la taille, faufilez<br />
le haut de cette bande replié d'un cent., au bas du<br />
corps de la jaquette séparé de sa basque. Autant<br />
que possible, et radicalement si vous avez assez de<br />
ussu, supprimez le biais de la basque sur les coutures,<br />
ajoutez à cette basque par des coutures verticales,<br />
avec les morceaux prélevés sur le haut de la<br />
jupe coupé, un rectangle de la hauteur de la basque,<br />
large de 20 cent, sur chaque hanche. Ne vous inquiétez<br />
pas des coutures, pourvu qu'elles soient placées<br />
de façon symétrique à la basque de droite et à<br />
la basque de gauche : vous les dissimulerez par des<br />
plis ou par des groupes de plis (fig. VI).<br />
Une haute ceinture lâche en tissu, faite avec les<br />
restes provenant du haut de la jupe et des pointes<br />
enlevées pour réduire l'ampleur<br />
de cette jupe, sera placée sur la<br />
bande qui réunit la jaquette à sa<br />
basque et allonge celle-ci de 10 cent.<br />
Si vous êtes obligée de faire des<br />
coutures pour obtenir une ceinture<br />
de dimensions suffisantes, vous les<br />
basque ;<br />
3° Li jupe sera<br />
allongée de 5 à 8<br />
cent. ;<br />
4° La basque sera<br />
allongée de 10<br />
cent. ;<br />
5° La silhouette<br />
générale sera droite<br />
conformément à la<br />
mode actuelle.<br />
L'ingéniosité de<br />
nos lectrices saura<br />
s'inspirer de ces<br />
exemples d'arrangements<br />
pour en<br />
imaginer d'autres<br />
exactements appror<br />
priés pour chacune<br />
d'elles à la robe<br />
qu'elles veulent<br />
transformer.<br />
dissimulerez par des motifs soutachés<br />
Couvrez (fig. d'une VI). doublure légère<br />
l'envers de la ceinture plate qui<br />
réunit le corps de la jaquette à la<br />
basque.<br />
Résultat :<br />
1° La jupe sera presque et paraîtra<br />
tout à fait taillée en droit<br />
fil;<br />
2° Il en sera de même pour la<br />
V VI<br />
Pour mettre la fig. III tout à fait<br />
à la mode, coupez la jupe, sous la<br />
basque, faites un haut de jupe<br />
froncé, semblable à la blouse, profitez-en<br />
pour allonger la jupe, allongez<br />
par une haute ceinture la jaquette,<br />
remplacez les parties en forme do<br />
la basque. paT des morceaux droit fil.<br />
Les plis de la basque dissimuleront<br />
les coutures.<br />
C. REYMOND.
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 545<br />
— — — — REVUE <strong>DE</strong> LA PRESSE _ _ _ _<br />
Pour la restauration de nos Bois.<br />
Le Rappel, sous la plume de M. Georges<br />
Baume, nous rappelle les ravages causés dans<br />
nos forêts, par la guerre dans les pays envahis,<br />
et par les besoins de nos armées à l'arrière.<br />
Si nous roulons que notre pays, bouleversé par la<br />
bataille, reprenne le cours de sa destinée, nous devrons<br />
lui rendre tous ses élément» d'équilibre. C'est<br />
à peu près une étendue de 500000 hectares de bois<br />
que la guerre aura ravagés. Or, pour la reconstitution<br />
de ces bois, la plupart des propriétaires ne<br />
pourront rien, parce qu'ils se trouvent isolés, incertains<br />
des méthodes à appliquer. Ils devront s'a-ssocier<br />
ou «'abandonner à la direction de l'Etat. Quelques<br />
syndicats, d'ailleurs, se sont déjà formés.<br />
Dans les cadres sanglants de la guerre, c'est à un<br />
renouveau que nous allons assister, et dont aucun<br />
de'nous n'a jamais encore vu sur la terre les apparences.<br />
Mais la vie est plus forte que la mort. Dans<br />
les tendres rameaux de nos bois renouvelés, les<br />
oiseaux viendront vite bâtir leurs nids, et, au pied<br />
des arbustes, des petites fleurs sauvages ouvriront<br />
leurs yeux étonnés.<br />
Ravitailler et Batailler.<br />
M. Henry Bérenger insiste avec raison, dans<br />
Paris-Midi, sur les deux devoirs qui s'imposent<br />
avec une égale force, à l'arrière et à l'avant:<br />
Pendant que nos armées marchent de l'avant pour<br />
libérer le territoire, souvenons-nous qu'elles ne peuvent<br />
avancer que dans la proportion où nous leur<br />
fournissons du matériel de guerre et des approvisionnements.<br />
11 nous faut donc continuer, à mesure que l'armée<br />
avance et consomme, de lui fournir toutes les armes<br />
et tous les vivres nécessaires à sa consommation.<br />
Ravitailler, tout est là pour l'arrière, comme batailler<br />
est l'essentiel pour l'avant, ta France ne<br />
vaincra que si ceux qui ravitaillent ne font pas attendre<br />
ceux qui bataillent.<br />
Que personne ne perde donc son temps à pérorer<br />
sur les va et-vient de la bataille ni sur les mérites<br />
des généraux ou les difficultés du terrain ! Il y a une<br />
besogne plus urgente à accomplir pour les civils :<br />
c'est de produire le blé, les vêtements, le charbon,<br />
l'acier, les moyens de transport, les outillages —<br />
tout oe qui est indispensable pour vivre et pour<br />
vaincre.<br />
Le général Pétain et les Sports.<br />
D'après le Petit Journal, le général Pétain a<br />
été de tout temps grand ami des sports et il en<br />
a donné des preuves quand il était colonel du<br />
33° d'infanterie à Arras.<br />
Dès cette époque — c'était en 1910 — Pétain ne<br />
pensait qu'à la guerre. Il sentait toute l'importance<br />
de l'entraînement physique de ses officiers.<br />
— Voyez les chevaux d'armes, on les garde constamment<br />
en condition, on leur mesure leur nourriture,<br />
on les entraîne ; pourquoi n'en fait-on pas<br />
autant pour les officiers? La résistance physique<br />
d'un chef a au moins autant d'importance que ses<br />
connaissances militaires ».<br />
Toujours sous l'empire de ses idées d'entraînement,<br />
le colonel avait l'habitude de sauter à la<br />
corde tous les matins, avant de faire sa toilette.<br />
Aussi, à Arras, un congé fut-il donné par un propriétaire<br />
affolé par les plaintes des voisins du militaire.<br />
Ceux ci, en effet, trouvaient que ce sport<br />
était peut-être excellent, mais fort désagréable pour<br />
ceux qui habitaient à l'étage au-dessous. Ce fut pour<br />
éviter leur colère que le colonel loua une maison<br />
avec un jardin. / '<br />
Une École normale française en Suisse.<br />
C'est à un professeur du lycée Louis-le-Grand,<br />
évacué du camp d'IIolzminden et interné en<br />
Suisse, qu'on doit cette intéressante innovation.<br />
Dès son arrivée, nous dit M. Philippe Godet, dans<br />
les Débats, M. Chaton fut frappé de rencontrer,<br />
parmi ses compagnons d'internement, nombre d'artisans<br />
mutilé» qui jamais ne pourront reprendre le<br />
métier qu'ils exerçaient avant la guerre. Mais il fit<br />
réflexion qu'avec une préparation bien comprise, plusieurs<br />
de ces hommes, d'esprit vif, naturellement<br />
bien doués,pourraient être mis en état de servir leur<br />
pays dans l'enseignement et combler des vides dans<br />
les écoles primaires de France. Ne pourrait-on, à cet<br />
effet, instituer en Suisse, pour la durée de la guerre,<br />
une sorte d'école normale, où l'on formerait des instituteurs<br />
primaires?<br />
Cette idée fut accueillie avec empressement par le<br />
ministère françaisde l'instruction publique. L'« Œuvre<br />
universitaire suisse des étudiants prisonniers de<br />
guerre » s'y intéressa d'emblée avec la plus active<br />
sympathie. Une sélection fut faite parmi les internés,<br />
dont on retint une cinquantaine. C'est parmi les<br />
internés aussi que M. Chaton trouva quelques excellents<br />
maîtres, pleins de zèle pour l'œuvre commune.<br />
La petite ville de Neuchâtel, paisible, studieuse,<br />
foyer universitaire très vivant, fut choisie comme<br />
siège de l'établissement. Et 1' « Ecole normale d'internés<br />
français » s'y trouve installée dans les meilleures<br />
conditions.<br />
Ces pauvres Neutres !<br />
Louis Forest nous rappelle, dans le Matin,<br />
que, l'an dernier, il y eut une période critique<br />
pour l'Allemagne, le commencement de la fia<br />
par la faim. Mais ces bons neutre» allèrent aux<br />
Etats-Unis chercher de quoi ravitailler les ennemis.<br />
Aujourd'hui, les Etats-Unis refusent de se<br />
prêter à ce petit jeu.<br />
On nous annonce qu'ils ne veulent plus rien envoyer<br />
aux marchands qui, contre de l'or, ont tranquillement<br />
vendu aux Allemands un an de guerre. A cette<br />
nouvelle, certains neutres pâlissent . Ils se croient<br />
de très honnêtes gens puisqu'ils n'ont fait qu'entretenir<br />
le crime. Vont-ils être privés eux-mêmes ?<br />
Alors, devant leurs coffr»s-forts bondés, ils se plaignent<br />
à tous les échos du châtiment immérité qu'on<br />
leur inflige et qui consiste à constater qu'en soi le<br />
métal, même le plus précieux, n'a aucune valeur<br />
alimentaire et qu'il n'est pas possible de se nourrir<br />
en avalant des marks, même en or.<br />
La main-d'œuvre scolaire et les paysans.<br />
Les cultivateurs, nous dit Crainquebille, dans<br />
l'Œuvre, ont souvent tort de se défier des<br />
jeunes gens des villes qui offrent leurs services<br />
pour les travaux des champs :<br />
Le service de la main-d'œuvre scolaire au ministère<br />
de l'agriculture fait très justement tous ses efforts<br />
pour faire disparaître ces préventions. Il nous<br />
communique aujourd'hui une attestation d'un agriculteur<br />
de la Manche qui décerne à un jeune Parisien,<br />
élève de mathématiquss spéciales au collège<br />
Sainte-Barbe, les meilleurs éloges..<br />
Il est évident que les jeunes citadins qui ont de la<br />
bonne volonté s'appliquent à leur ouvrage avec un<br />
soin d'autant plus minutieux qu'ils ont à cœur de<br />
montrer aux paysans ce dont ils sont capables.<br />
Il serait donc à souhaiter que les excellentes intentions<br />
de notre jeunesse scolaire fussent récompensées<br />
comme elles le méritent.
546<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> L'INSTRRCT'ION <strong>PRIMAIRE</strong><br />
C. A. à l'enseignement du travail manuel. — E.<br />
P . A V . (NIÈVRB). — P.. A C . (LOIR-ET-CHER). —<br />
« Quelles sont les conditions à remplir pour se présenter<br />
à l'examen du G. A. à l'enseignement du<br />
travail manuel? Quelles sont les épreuves à subir?<br />
Possédant ce diplôme, à quels emplois peut-on prétendref<br />
»<br />
Las candidats doivent être âgés de vingt et un<br />
ans révolus au 31 décembre de l'année da l'examen<br />
et produire le brevet supérieur, le baccalauréat ou<br />
le diplôme de fin d'études secondaires ou être diplômés<br />
des écoles nationales d'arts et métiers, des<br />
instituts on laboratoires techniques des universités.<br />
L'inscription a lieu à l'inspection académique de<br />
chaque département un mois avant l'ouverture de la<br />
session.<br />
L'examen comprend les épreuves suivantes : 1°<br />
Pour les aspirants : a) Une composition de mathématiques<br />
et de mécanique appliquée (5 heures); —<br />
b) Une épreuve pratique d'électricité industrielle; —<br />
c) Un croquis d'atelier avec mise au net; — d) Un<br />
travail d'atelier (bois ou fer au choix du candidat)<br />
avec mise en action d'un moteur ou d'une machineoutil<br />
et appréciation du rendement. — 2° Pour les<br />
aspirantes : a) One composition d'économie domes-<br />
-tique et d'hygiène (4 heures); — b) Une épreuve de<br />
dessin d'art et composition appliquée aux travaux<br />
féminins (4 heures); — c) Une épreuve de coupe,<br />
couture et manipulation ménagère (blanchissage, repassage<br />
ou cuisine) 5 heures; — d)Une épreuve facul<br />
tative de modes avec mention spéciale au diplôme.<br />
Les professeurs des écoles normales et des écoles<br />
primaires supérieures pourvus de ce titre et chargés<br />
de cet enseignement reçoivent une indemnité annuelle<br />
de 300 à 600 francs. Les institutrices possédant<br />
le diplôme ont de grandes chances d'obtenir la<br />
direction d'un cours complémentaire avec un supplément<br />
de 200 à 500 francs, plus l'indemnité de résidence<br />
complète. On n'exige pas d'autre titre pour<br />
l'enseignement du travail manuel dans les lycées et<br />
collèges de jeunes filles.<br />
Auteurs et programmes du B. S. — M. J. C. A<br />
h. S. (VAR). — « Quelle est actuellement la liste<br />
des auteurs français et étrangers exigés à l'examen<br />
du brevet supérieur? Les programmes limitatifs<br />
sont-ils toujours en vigueur?»<br />
Aucune modification n'a été apportée à la liste<br />
des auteurs français et étrangers établie pour 1914<br />
et valable encore pour 1918.<br />
1° Les auteurs français du brevet supérieur, prix :<br />
4 francs, chez Hachette.<br />
2° Les auteurs allemands du brevet supérieur,<br />
prix : 1 £r 50, chez Hachette.<br />
3» Les auteurs anglais du brevet supérieur, prix :<br />
1 fr. 50, chez Ilachette.<br />
4° Les auteurs italiens n'ont pas été réunis en<br />
brochure spéciale : Arioste. Roland furieux, chap. IX,<br />
octaves 11-57. — Goldoni. Il ventaglio. Edit. Menghini,<br />
Florence, Sansoni (le premier acte). — Parini.<br />
La Caduta. — Alfani. I tre amori del cittadino,<br />
Florence, Barbéra (la dernière partie),<br />
Les programmes limitatifs fixés par académie on<br />
même par département,, restent en vigueur.<br />
Engagement décennal. — R . L . A C . (MAROC). —<br />
I. A U. (VAR). — « Quelle est la durée de l'engagement<br />
universitaire souscrit par les élèves des écoles<br />
normales ? »<br />
Cet engagement décennal est réalisé après dix<br />
années de services effectifs comptées à partir de la<br />
première délégation, ea qualité de stagiaire. Toute<br />
fois, il est probable que l'on tiendra compte aux<br />
instituteurs mobilisés de la durée du service militaire<br />
supplémentaire. La réalisation de cet engagement<br />
peut être retardée de trois ans par suite de<br />
congèsrégulièrement obtenus même pour convenance<br />
personnelle. (Circulaire ministérielle du 15 février<br />
1897.)<br />
Dessin au brevet élémentaire. — M. C. A E.<br />
(AUBE). — « En quoi consiste l'épreuve de dessin<br />
à l'examen du brevet élémentaire ? »<br />
L'épreuve de dessin comprend: 1° pour les aspirantes<br />
: un dessin à vue ou un arrangement décoratif<br />
simple, ou 2° pour les aspirants : exécution à<br />
main levée d'un croquis coté d'un objet de formes<br />
très simples (2 heures). (Arrêté du 18 janvier 1887,<br />
art. 147, modifié par l'arrêté du 5 août 1915). Un<br />
croquis coté ne peut être demandé aux aspirantes.<br />
Démission et réintégration. — R. B. A CASA<br />
BLANCA. — « Un instituteur démissionnaire peut-il<br />
obtenir sa réintégration dans une autre région f<br />
En cas de nomination, lui sera-t-il tenu compte de<br />
ses services antérieurs? »<br />
Rien ne s'oppose à ce que cet instituteur soit<br />
nommé dans une autre région si l'enquête à laquelle<br />
il sera procédé sur ses services anterietrs et sur la<br />
cause de sa démission, lui est favorable. « Le premier<br />
service est compté à tout fonctionnaire réintégré.<br />
» (Art. 27 de la loi du 9 juin 1853). 11 s'agit de<br />
ses droits à la retraite. — « Le fonctionnaire démissionnaire,<br />
révoqué ou destitué, s'il est readmis dans<br />
un emploi assujetti à la retenue, subit de nouveau<br />
la retenue du premier mois de son traitement et<br />
celle du premier douzième des augmentations ultérieures.<br />
» (Décret du 9 novembre 1853, art. 25). Le<br />
ministre, après examen du dossier, décide si la réintégration<br />
aura lieu dans la classe précédente.<br />
Demande d'emploi. — C. A B. (M. ET F.). —<br />
« Quelles sont les formalités à remplir par un candidat<br />
à un emploi dans l'enseignement primaire<br />
public ? »<br />
Ce candidat doit adresser à l'inspecteur d'académie,<br />
par l'intermédiaire de l'inspecteur primaire de<br />
la circonscription, le dossier suivant : 1° une demande<br />
d'emploi sur une feuille de papier timbré à<br />
60 centimes, avec l'indication des lieux qu'il a habités<br />
et des fonctions qu'il a remplies depuis dix ans ;<br />
2° son acte de naissance; 3° son brevet de capacité.<br />
Si l'inspecteur d'académie, à la suite-de son enquête,<br />
croit pouvoir lai donner satisfaction, il lui indiquera<br />
le médecin assermenté qui lui fera subir la visite<br />
prescrite par l'arrêté du. 3 juillet 1911.<br />
Produits du jardin. — T. A V. (CALVADOS). —<br />
« Admis à la retraite, je cesserai mes fonctions à<br />
bref délai. A qui appartiennent les produits du<br />
jardin que j'ai ensemencé et cultivé ? »<br />
Votre successeur aura droit à la récolte s'il est<br />
installé an moment de sa maturité; mais logiquement<br />
il devra vous rembourser les frais de semence<br />
et de culture que vous avez supporté».<br />
Bébit de tabac. —G. A F . (VOSGES). — « Quel est<br />
le dossier à produire à l'appui d'une demande de<br />
bureau de tabac ? »<br />
1° Demande au ministre des Finances, sur papier<br />
timbré à 60 centimes, indiquant l'âge, le domicile et<br />
les titres; 2° état authentique ou copie certifiée des<br />
services militaires ou civils; 3° bulletin de naissance<br />
du pétitionnaire ; 4° bulletin de mariage ou celui de<br />
ses père et mère, suivant que les services invoqués<br />
sont ceux du mari ou bien du père ; 5° bulletin de<br />
décès du mari et des père et mère du pétitionnaire;<br />
6° bordereau des hypothèques et justification de<br />
dettes non hypothécables ; 7° extrait des rôles des<br />
contributions payées par le postulant ou certificat de<br />
non inscription sur les rôles; 8° quittance de loyer;<br />
9° déclaration écrite faisant connaître si le pétitionnaire<br />
s'engage à gérer personnellement le débit qu'il<br />
sollicite, ou, on cas de négative, indiquant les motifs<br />
de son refus. Les bureaux d'un revenu supérieur à<br />
1 000 francs sont réservés aux veuves des fonctionnaires<br />
qui jouissaient d'un traitement supérieur i<br />
2 000 francs.<br />
F . MUTKLET.
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 547<br />
ACTES OFFICIELS<br />
LE LIVRE D'OR <strong>DE</strong> L'ENSEIGNEMENT <strong>PRIMAIRE</strong><br />
Cent vingt-cinquième page.<br />
(iSuite 1 .)<br />
Légion d'honneur.<br />
Bichon (Marcel), instituteur adjoint à Vincennes (Seine),<br />
capitaine : « A pris une part brillante aux opérations du<br />
I er novembre 1916. Sous un bombardement d'une extrême<br />
violence, a porté sa compagnie en avant dans un ordre<br />
parfait, et, par des dispositions énergiques, a contribué à<br />
enrayer complètement un» forte attaque allemande. A été<br />
grièvement blessé au cours de l'action. » (Journal officiel<br />
du 26 décembre 1916.)<br />
Ribeyre (Jean), professeur à l'école normale de Moulins'<br />
sous lieutenant au ... régiment d'infanterie : « Officier très<br />
brave. Le 17 septembre 1916, s'est élancé vaillamment à<br />
l'assaut et a été très grièvement blessé alors qu'il pénétrait<br />
dans une tranchée allemande, à la lête de sa section.<br />
Amputé du bras gauche. » (Journal officiel du 1" mars<br />
1917.)<br />
Médaille militaire.<br />
Briole (Edmond), ex-instituteur à Trets ( Bouches-du-<br />
Rhône), sergent au ... régiment d'infanterie : « Sous-officier<br />
très dévoué, ayant une haute conception du devoir.<br />
Blessé grièvement le 25 août 1914, en contribuant à repousser<br />
une contre-attaque ennemie ; a cooservé le commandement<br />
de sa section jusqu'au lendemain et n'a quitté son<br />
poBte que sur l'ordre de son commandant de compagnie.<br />
Impotence fonctionnelle de la main droite. » (.Journal officiel<br />
du 5 janvier 1917. •<br />
Comiti (Joseph), instituteur à Sotta (Corse), caporal au<br />
... régiment d'infanterie : «Très bon gradé. Grièvement<br />
blessé le 9 avril 1916, à son poste de combat. Enuclèation<br />
de l'œil droit. »<br />
Vauqtiois, instituteur adjoint à Sézanne (Marne) :<br />
a Excellent gradé. A été atteint de blessures multiples et<br />
graves, le 9 avril 1916, au cours d'une attaque ennemie. »<br />
Distinguished conduct medal.<br />
Monnier (Georges), instituteur adjoint à Clichy (Seine) :<br />
« Interprète, a été décoré par le Gouvernement britannique<br />
de la « Distinguished Conduct Medal. »<br />
Cent vingt-sixième page.<br />
TUÉ A L'ENNEMI :<br />
FOUSTÉ, instituteur adjoint à Fleurance (Gers).<br />
MORT <strong>DE</strong>S SUITES <strong>DE</strong> SES BLESSURES :<br />
POTONNIER (Pierre), élève de l'école normale delà Seine,<br />
sorti en 1914. /<br />
l. Voir le n° précédent.<br />
BLESSÉS :<br />
CASTILLON, délégué à l'école primaire supérieure de Mirande(Gers).<br />
LAPALU, ex-élève de l'école normale d'Auch.<br />
MORE AU, à Cogna t-Lyonne (Ailier).<br />
RAYNATJD (Louis), à Istres (Bouches-du-Rhône).<br />
SÉGUFFIN, du Gers, en congé (blessé pour la seconde fois).<br />
Citations à l'ordre de l'armée.<br />
Génin (Eloi), professeur à l'école primaire supérieure de<br />
Toulon, sergent an ... régiment d'infanterie: a Sous-officier<br />
plein d'entrain, de saDg-froid et de bravoure au combat.<br />
En 1914, à V. ., sous le feu intense de l'ennemi, s'est<br />
mis debout en terrain découvert pour mieux- commander<br />
ses hommes. Blessé au bras, a, pour prêcher l'exemple,<br />
fait le coup de feu ; blessé une seconde fois, a crié : Si je<br />
meurs, c'est pour la France. Est mort des suites de ses<br />
blessures. »<br />
Sac (Albert), professeur à l'école primaire supérieure de<br />
Valréat (Vaucluse), sous-lieutenant au ... régiment d'infanterie<br />
coloniale : « Excellent officier plein d'entrain et<br />
de dévouement, très -courageux, a pris le commandement<br />
delà compagnie de mitrailleuses, le 30 novembre 1916, les<br />
autres officiers ayant été mis hors de combat, et a su, par<br />
son sang-froid et son ascendant sur ses subordonnés, maintenir<br />
l'ordre et le calme dans son unité brusquement désorganisée.<br />
»<br />
Autres citations.<br />
Abeillé, ex-élève de l'école normale d'Auch, aspirant au<br />
...régiment d'infanterie: «Belle attitude au feu, lors des<br />
attaques de mai ; a été tué, le 10 juin, au moment où il<br />
indiquait à un homme un point dangereux à surveiller. »<br />
(Ordre de la division.)<br />
Abril (Louis), élève de l'école normale de Draguignan :<br />
« A assuré, du 25 au 30 juin 1916, avec le plus grand calme<br />
et le plus grand sang-froid, son service de guetteur, malgré<br />
la mitraille et les obus. » (Ordre du régiment.)<br />
Béchet,secrétaire de l'inspectionacadémique de l'Ariège,<br />
capitaine au 60 e régiment territorial d'infanterie: «Sous<br />
un très violent bombardement de mines, a conservé intacte<br />
sa ligne de surveillance, exaltant le moral de ses hommes<br />
par son action personnelle et ses décisions. Venu au front<br />
snr sa demande. »<br />
Boursaud, instituteur adjoint à Mourieux (Creuse),<br />
sergent au ... régiment d'infanterie : a Très bon sousofficier.<br />
A été grièvement blessé pendant un combat, le<br />
20 septembre 1914, en remplissant volontairement les fonctions<br />
d'agent de liaison de compagnie. » (Ordre de la division.)<br />
(A suivre.)<br />
PETITES ANNONCES DU " <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> "<br />
Nos lecteurs sont avisés que les « Petites Annonces » ne seront publiées que<br />
si elles portent l e visa du commissaire de police. Voir les n° s . 26, 27, 2 8.<br />
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Orthographe et Ecriture 1 .<br />
A Douaumont, la 25 février 1916.<br />
Dès le petit matin, le bombardement, qui n'a pas<br />
cessé de la nuit entière, redouble d'intensité.<br />
C'est un déluge de schrapnels, de 77, de 105, de<br />
305, de 420 peut-être.<br />
Du plus loin, on entend Tenir les monstrueuses<br />
marmites à travers le ciel qu'elles disloquent. Leur<br />
vacarme est comparable à celui d'un train qui traverse<br />
à toute allure une gare sonore.<br />
« Voilà le métro », 'disent les hommes en leur langage<br />
pittoresque.<br />
A droite, à gauche, de tous côtés, les cratères<br />
s'accumulent, les arbres des jardins s'éparpillent, le<br />
sol bout comme l'eau d'une chaudière; des gerbes<br />
de cailloux, de terre, de débris informes s'élancent<br />
à l'assaut des rues et retombent en cascades sur nos<br />
épaules. L'une après l'autre, les maisons du village,<br />
avec un bruit épouvantable, croulent. Des tuiles<br />
sont projetées à des centaines de mitres; on aperçoit,<br />
par les blessures béantes, les meubles en loques.<br />
Lieutenant P...<br />
QUESTIONS. — Expliquer : intensité, déluge de<br />
schrapnels, monstrueuses, vacarme, cratères,s'éparpillent.<br />
[Intensité ; degré d'activité, de force. — Déluge<br />
de schrapnels : les schrapnels, ou. obus à balles, tombent<br />
dru comme la pluie lorsqu'elle menace de faire<br />
un déluge. — Monstrueuses : qui ont les proportions<br />
d'un monstre, énormes. — Vacarme : bruit assourdissant.<br />
— Cratères : trous ayant la forme d'entonnoir,<br />
comme l'ouverture des volcans. — S'éparpillent:<br />
se mettent en débris qui volent de tous côtés.)<br />
2. Conjuguer au présent de l'indicatif et au passé<br />
simple les Terbes bouillir et venir.<br />
3. Analyser logiquement la l re phrase.<br />
Composition française.<br />
Une personne de votre famille : papa, frère..., etc.<br />
est sur le front. Dans sa dernière lettre, il vous demande<br />
des renseignements détaillés sur les occupations<br />
de la famille, sur la vie (à. la ville ou au village)<br />
et en particulier sur votre travail et la conduite des<br />
enfants'à, l'école.<br />
SUJET TRAITÉ.<br />
Mon cher papa,<br />
Tu me demandes de te faire un compte rendu<br />
assez détaillé de nos occupations, je vais essayer.<br />
Pour maman, cela ne change guère: le ménage, les<br />
commissions, la cuisine, le lavage, le raccommodage<br />
et que sais-je encore! Je ne la vois jamais se reposer.<br />
Pourtant elle ne se plaint pas de la fatigue et<br />
elle est toujours de bonne humeur. Depuis quelques<br />
jours, la oetite Marie s'est révélée merveilleuse ménagère.<br />
Te souviens-tu que tu lui as écrit pour ses<br />
sept ans qu'elle avait maintenant l'âge de raison ?<br />
Elle a pris ta réflexion à la lettre et il faut voir de<br />
quel air grave elle essuie la vaisselle, épluche<br />
les pommes de terre et met le couvert. Maman<br />
est ravie. Jean et moi, qui sommes les hommes de la<br />
maison, nous avons été fort débrouillards et je<br />
t'avoue que nous en sommes très fiers : nous avons<br />
évité à mamau les queues interminables sous la<br />
neige pour avoir du charbon et les longues courses<br />
pour se procurer du pétrole et des pommes de terre.<br />
1. Pontorson (Manche). Juin 1916.<br />
Sujets de Compositions.<br />
A nous deux, nous avons très bien assuré le ravitaillement<br />
de la maison. Ne crois pas que notre travail<br />
scolaire en ait souffert. Jean est le troisième de sa<br />
classe et moi le quatrième de la mienne. Nous aurions<br />
honte, pendant que tu te bats, d'être des fainéants.<br />
Maman me charge de te dire qu'elle est très<br />
contente de nous et de bien t'embrasser pour nous<br />
tous.<br />
Calcul.<br />
Problèmes. — 1. Une mère et sa fille travaillent<br />
dans un même atelier; la mère fait 3 m. 50 d'ouvrage<br />
par jour; la fille 2 m. 25. Au bout de 18 jours,<br />
la fille reçoit 27 fr. de moins que la mère. Quel est<br />
le prix du mètre de l'ouvrage? Au bout de combien<br />
de temps auront-elles gagné ensemble 310 fr. 50?<br />
SOLUTION. — Nombre de mètres d'ouvrage faits<br />
journellement en plus par la mère : 3 m. 50 —<br />
2 m . 25 = 1 m. 25.<br />
Nombre de mètres d'ouvrage valant 27 fr. : 1 m. 25<br />
X 18 = 22 m . 50.<br />
Prix du mètre d'ouvrage : 27 fr. : 22,5 = i fr. 20.<br />
Argent gagné en 1 jour par les deux femmes :<br />
1 fr. 20 x (3,5 + 2,25) = 6 fr. 90. _ ^<br />
Temps mis pour gagner 310fr. 50 : J ' " ^ —<br />
= 45 jours.<br />
Réponse: 1° 1 fr. 20; 2° 45 jours.<br />
2. Un camion d'artillerie transporte 300 obus<br />
(schrapnels) pesant chacun 5 kg. 315. Il est traîné<br />
par 6 chevaux; la voiture ei les servants forment<br />
une charge d'environ 7 quintaux. Quel poids traîne<br />
chaque cheval?<br />
SOLUTION. — Poids des obus : 5 kg. 315 X 300 =<br />
1594 kg. 5 ou 15 qx 945.<br />
Poids traîné par les chevaux : 15 qx 945 + 7 qx<br />
= 22 qx 945.<br />
Poids traîné par chaque cheval : 22 qx 945 : 6 =<br />
3 qu. 824 par défaut.<br />
Réponse: 3 qx 824.<br />
Couture.<br />
Un ourlet assez large pour y faire une boutonnière,<br />
5 cm. de long.<br />
La boutonnière.<br />
Marque : la lettre P.<br />
Oral-écrit.<br />
Histoire.<br />
Qu'est-ce que Lamartine, Victor Hugo, Pasteur ?<br />
Géographie.<br />
Décrivez la côte de la Manche. Princip aux-s<br />
pects, principaux ports. Dites ce que i ; •'<br />
chacun . a<br />
CONCOURS D'ADMISSION AUX ÉCOLES<br />
NORMALES 1 .<br />
Orthographe.<br />
Soleil couchant à Paris. '<br />
J'étais, hier, vers cinq heures du soir, sur le quai<br />
qui longe l'arsenal, et je regardais en face de moi,<br />
de l'autre côté de la Seine, le ciel rougi par le soleil<br />
couchant. Un demi-dôme de nuages floconneux mon-<br />
1. Seino ; 1916.<br />
N° 35.<br />
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13? EXAMENS ET CONCOURS<br />
tait en se courbant au-dessus des arbres du Jardin<br />
des Plantes. Toute cette route semblait incrustée<br />
d'écaillés de cuivre : des bosselures innombrables,<br />
les unes presque ardentes, les autres presque sombres,<br />
s'étageaient par rangées avec un étrange éclat<br />
métallique, jusqu'au plus haut du ciel, et_, tout en<br />
bas, une bande verdàtre, qui touchait l'horizon, était<br />
rayée et déchiquetée par le treillis noir des branches.<br />
Ç1 et là, des demi-clartés roses se posaient sur<br />
les parés; la rivière luisait doucement, dans une<br />
brume naissante ; on apercevait de grands bateaux<br />
qui se laissaient couler au fil du courant, deux ou<br />
trois attelages sur la plage nue, une grue qui profilait<br />
son mât oblique sur l'air gris de l'orient. Une<br />
demi-heure après, tout s'éteignait ; il ne restait plus<br />
qu'un pan du ciel clair derrière le Panthéon ; des<br />
fumées roussâtres tournoyaient dans la pourpre<br />
mourante du soir et fondaient les unes dans les<br />
autres leur couleur vague. Une vapeur bleuâtre<br />
noyait les rondeurs des ponts et les arêtes des toits.<br />
TAINE.<br />
QUESTIONS. —1. Pouvez-vous faire une remarque<br />
sur la construction générale de la phrase dan» ce<br />
morceau?<br />
2. Expliquer: Une bande verdàtre..., jusqu'à: le<br />
treillis noir des branches.<br />
2. Expliquer : Des demi-clartés roses se posaient<br />
sur les pavés, en justifiant l'emploi du verbe se<br />
poser.<br />
4. Expliquer: Une grue qui profilait..., jusqu'à :<br />
l'air gris de l'orient.<br />
5. Analyse logique : Toute cette voûte semblait<br />
incrustée... jusqu'à: par le treillis noir des branches.<br />
EXPLICATIONS. — 1. La construction de la phrase,<br />
dans cette page, se recommande par sa simplicité :<br />
elle présente presque constamment l'ordre grammatical<br />
(sujet, verbe, compléments). Cette simplicité<br />
s'accommode parfaitement de l'art de la description<br />
et de l'ordre que le poète sait mettre dans sa vision :<br />
il nomme les détails du paysage (sujet), indique leur<br />
action ou leur situation dans l'ensemble (verbe),<br />
précise les circonstances (compléments). Autour de<br />
ces mots principaux se groupent les détails relatifs<br />
aux formes, aux couleurs, aux attitudes (adjectifs et<br />
adverbes). Enfin, cette simplicité n'exclut pas la variété,<br />
par le choix même des mots et les changements<br />
de détail dans la place que l'auteur leur assigne.<br />
Cette page est d'un grand écrivain.<br />
2. Le ciel serein, quand le soleil rient de se coucher,<br />
prend à l'horizon une teinte verdàtre. C'est<br />
comme une bande qui touche l'horizon. Mais les<br />
arbres s'interposent entre l'observateur et ces lointains.<br />
Leurs branches tracent sur ce fond des lignes<br />
qui s'entrecroisent dans un treillis, rayent la bande<br />
rerte et paraissent la découper en fragments inégaux,<br />
la déchiqueter.<br />
3. Au coucher du soleil, la lumière de ses rayons<br />
s'affaiblit ; elle teinte les nuages élevés en rose. Ces<br />
nuages envoient sur le sol comme un reflet de la lumière<br />
solaire (demi-teintes), qui a l'air de se poser<br />
sur les objets qu'elle recourre un instant de ces tons<br />
fugitifs. Nous savons que c'est une couleur d'emprunt<br />
qui va disparaître.<br />
4. Taine décrit un paysage parisien Les bateaux,<br />
les attelages, mais surtout la grue, sont des notations<br />
qui précisent le caractère urbain du paysage, lui<br />
donnent son in iivi dualité, sa « couleur locale »,<br />
comme on dit en littérature. La grue est vue de profil<br />
(profilait). C'est, par conséquent, son mât oblique<br />
(remarquez le rôle de l'adjectif) qui s'impose surtout<br />
à l'attention du poète. Il se détache sur l'air devenu<br />
gris, neu à peu, à l'orient.<br />
5. Cette phrase renferme quatre propositions :<br />
1 oute cette voûte semblait incrustée d'écaillés de<br />
cuivre : indépendante ; 2° des bosselures innombrables.<br />
.. s'étageaient... jusqu'au plus haut du ciel :<br />
indépendante; 3° et. tout en bas, une bande verdàtre...<br />
était rayée et déchiquetée par le treillis noir<br />
des branches : principal" ; 4° qui touchait l'horizon:<br />
relative (par qui), complément, explicatif de bande.<br />
Composition française.<br />
Les écoles n'ont pas cessé de fonctionner pendant<br />
la guerre.<br />
Si vou» vous êtes demandé pourquoi tant de sacrifices<br />
ont été faits pour assurer ce fonctionnement, en<br />
dépit de toutes les difficultés, quelles raisons en<br />
arez-rous trouvées ?<br />
INDICATIONS. — Constatez d'abord le fait, simplement,<br />
avec quelques exemples choisis dans divers<br />
milieux : à la ville et à la campagne, l'école primaire,<br />
le lycée, l'Université elle-même.<br />
Il y a lieu d'en être étonné. Est-ce qu'il ne nous<br />
semblait pas, quand nous réfléchissions à ce que<br />
pourrait être une guerre, arant ce terrible événement,<br />
qu'il devait arrêter toute vie à l'intérieur du<br />
pays ? Et, quand nous avons vu les difficultés de<br />
toute nature que le fonctionnement de la vie scolaire<br />
entraînait, nous n'aurions pas été étonnés que l'on<br />
fermât les écoles : les préoccupations de tous étaient<br />
ailleurs, la plupart des maîtres étaient mobilisés, les<br />
établissements occupés par des formations sanitaires.<br />
C'est qu'il y avait de puissantes raisons pour que<br />
l'on continuât à enseigner la jeunesse. Cherchons<br />
celles qui nous paraissent surtout devoir être mises<br />
en avant. Mais mettons de l'ordre dans nos idées.<br />
1° Au moment où les pères quittaient le foyer, où<br />
les mères elles-mêmes étaient appelées au dehors<br />
pour travailler à la défense nationale, l'enfant allaitil<br />
reiter seul, livré à lui-même? L'école, plus que<br />
jamais, assumait sa tâche d'éducatrice. Les pères, en<br />
partant, lui avaient, pour ainsi dire, confié les<br />
enfants.<br />
2° Et où, mieux qu'à l'école, l'enfant aurait-il senti<br />
la patrie et la grandeur de la tâche que les pères<br />
allaient entreprendre ? Dorénavant, une œuvre s'imposait<br />
à l'école : étudier la France du présent dans<br />
les événements quotidiens de la guerre, et aussi, et<br />
surtout, expliquer cette France par l'étude du passé<br />
dont nous sommes solidaires,pour mieux comprendre<br />
notre payé, pour le faire mieux aimer.<br />
3» Chacun fait son devoir pendant la guerre.<br />
L'enfant, dont le devoir est de s'instruire, aurait-il<br />
été le seul à abandonner la tâche commencée ? C'était<br />
d'autant moins admissible qu'on a senti tout de suite<br />
les exigences de l'avenir. Il faut préparer la France<br />
de demain : des hommes instruits, aptes à l'oeuvre<br />
de reconstitution matérielle et morale, a,u développement<br />
intellectuel et économique, qui doit assurer et<br />
maintenir lerayonnement de la France sur le monde.<br />
L'école a son grand rôle dans cette noble entreprise.<br />
C'est pourquoi nous avons assisté à l'admirable<br />
spectacle d'une Université diminuée de près de la<br />
moitié de son personnel et qui a continué à assumer<br />
la grande œuvre de l'éducation, grâce au dévouement<br />
de ceux qui restaient, en particulier des femmes.<br />
L'institutrice a noblement accepté ce surcroît de besogne<br />
considérable. Elle a fait son devoir à son poste<br />
de combat, comme l'infirmière à l'ambulance, comme<br />
l'ouvrière dans les usines de la défense nationale.<br />
Arithmétique.<br />
Problèmes. — 1. Deux terrains carrés sont tels<br />
que leurs surfaces diffèrent de 675 m a , leurs périmètres<br />
de 36 m.<br />
Le plus grand est vendu, et le prix retiré de cette<br />
vente placé à 3 °/° pendant un certain temps. On<br />
obtient, capital et intérêts réunis, la somme de<br />
28 444 fr. 50.<br />
Si le placement avait été fait à 3 1/2 au lieu de S,<br />
et pendant un an de plus, les intérêts se seraient<br />
élevés à 3 241 fr. 35. On demande: 1" le prix de vente<br />
du mètre carré du terrain ; 2° le temps pendant<br />
lequel il a été placé.<br />
SOLUTION.— La différence des périmètres des deux<br />
terrains carrés étant de 36 m., la différence de longueur<br />
de leurs côtés respectifs est de 36 m.: 4 =<br />
9 m., de sorte que, si nous représentons par à le<br />
côté du plus petit carré, celui du plus grand sera<br />
a + 9.<br />
ARITHMÉTIOUE : FI MANUEI 9 e , ux cents problèmes et questions de théorie du Brevet 1 „<br />
v "* elementairo avec solutions raisonnées «
La surface du petit terrain sera alors a 2 , et celle<br />
du grand (a -f 9) 2 ; or, le carré de la somme de<br />
2 nombres est égal à la somme des carrés de ces<br />
nombres, augmentée de deux fois leur produit. Donc<br />
{a -4- 9)- = a® -f- 9® + 2 x 9 a ^ a* + 81 -f- 18 a,<br />
La différence des deux surfaces est: (a' + 81 +<br />
18 a) — a' = 81 + 18 a. Donc, 81 + 18 a = 675 ;<br />
d'où 18 a = 675 — 81 = 594 ; a = 594: 18 = 33. Le<br />
côlé du petit carré mesure, par conséquent, 33 m.,<br />
et celui du grand carré : 33 m. + 9 m. = 42 m.<br />
Surface du plus grand terrain : 1 m* , x 42 X 42 =<br />
1 764 m 2 .<br />
Désignons par c le prix de rente de ce terrain, qui<br />
devient le capital placé pendant un temps inconnu, et<br />
par i l'intérêt total du premier placement. D'après<br />
l'énoncé : c + » = 28444 fr. 50 (1).<br />
Dans le second placement, le capital est le même.<br />
Le tiux et le temps diffèrent de ceux du premier placement.<br />
Or, pour des capitaux égaux et des temps<br />
égaux, les intérêts sont proportionnels aux taux des<br />
placements. Donc, si au lieu d'avoir été effectué à<br />
3,5 °/0, le second placement l'avait été à 3 %>, il<br />
aurait produit un intérêt de 3 241 fr. 35 X g-g =<br />
:j 241 fr. 35 X 6 = ^ f r. 0 5 x 6 =[2778 fr. 30.<br />
Cet intérêt différerait encore de celui du premier<br />
placement ; il comprendrait, en eflet, outre le premier<br />
intérêt, i, l'intérêt du même capital pendant un<br />
aû, à 3 %. Or, à 3 •/•>, en un an, l'intérêt est les<br />
du capital ; de sorte que l'intérêt, à 3 0 /0, du 2 e pla-<br />
3 3<br />
cernent,'serait égal à. ^ c + i. Donc, JQQ c + i —<br />
2778 fr. 30 (2). Eu retranchant terme à terme l'éga<br />
lité (2) de l'égalité (1), nous obtenons : — j^o 0 )<br />
9_7_<br />
+ [i — i) = 28 444 fr. 50 — 2 778 fc. 30, ou<br />
100<br />
0 = 25 666 fr. 20; d'où c<br />
SUJETS <strong>DE</strong> COMPOSITIONS 139<br />
25 666 fr. 20 x =<br />
26460 fr.<br />
Le prix de vente du terrain est donc 26 460 fr., et<br />
. . , , . 26 460 fr. ,<br />
le prix de vente du m" : —, — = 15 fr.<br />
1 i (34<br />
L'intérêt total était : 28 444 fr. 50 — 26 460 fr. =<br />
1 984 fr. 50, et, comme l'intérêt annuel s'élevait à :<br />
3 fr " Too 26 460 = 793 fr- 8 0 ' l e oa P ital a été placé<br />
pendant: 1 an x 793 go° = 2 a n s V 2 -<br />
: 1° 1 5 fr. ; 2» 2 ans 1/2.<br />
5 28 3<br />
2. Etant données les 3 fractions : trouver<br />
A<br />
la plus grande fraction — telle que les quotients des<br />
D<br />
fractions données par ~ soient des nombres entiers.<br />
B 28<br />
SOLUTION. — Réduisons — à sa plus simple expres-<br />
28 * 7 4<br />
sion ; on a : ' „ = =, et les 3 fractions données<br />
4y : 7 1<br />
5 4 3<br />
rrèductibles sont: ^ ?,> 7•<br />
6 7 4<br />
Soit-g la fraction irréductible cherchée. On aura,<br />
5 A 5 x B<br />
pour la première fraction donnée :<br />
B 6 x A<br />
= q. Pour que le quotient q soit un nombre entier,<br />
il faut évidemment que 6 x A divise le numérateur<br />
5<br />
5 x B. Or, 6 est premier avec 5 (puisque - est irré<br />
ductible) ; donc, 6 divise B, qui, par conséquent, est<br />
égal à un multiple de 6. De même, A étant premie r<br />
avecB ^puisque^ est irréductible^, doit diviser 5. En<br />
somme, B = m. 6 et A = diviseur de 5. Par analogie,<br />
on démontrerait de même que B = m. 7, B = m. 4, et<br />
A = diviseur de 4 fdans ^Ya= diviseur de 3 (dans<br />
3\<br />
-J. Comme on le voit, B doit être un multiple com<br />
mun de 6, 7, 4 (dénominateurs), et A, un diviseur<br />
commun de 5, 4, 3 (numérateurs). Toute fraction<br />
dont les 2 termes rempliront simultanément ces conditions<br />
donnera donc un quotient entier quand elle<br />
sera employée comme diviseur des 3 fractions données.<br />
Pour que cette fraction soit aussi la plus grande<br />
possible, il faudra nécessairement que le numérateur<br />
soit le plus grand possible et le dénominateur le plus<br />
etit possible. Comme A est diviseur commun de 5,<br />
-,3, sa plus grande valeur sera le p. g. c. d. de 5,<br />
4, 3. Ce p. g. c. d. est 1. D'autre part, B est un multiple<br />
commun de 6, 7, 4 ; sa plus petite valeur possible<br />
sera le p. p. c. m. de ces nombres,c'est-à-dire :<br />
3 x 7 x 2» = 84. Ainsi, la fraction £ demandée<br />
JD<br />
" ' 8t<br />
Réponse : ——<br />
^ 8 4<br />
BREVET ÉLÉMENTAIRE 1 .<br />
Orthographe.<br />
Le sacrifice de la Belgique.<br />
On a beau regarder dans l'histoire, on n'y découvre<br />
rien qui monte à sa hauteur. Le magnifique sacrifice<br />
des Thermopyles, qui est peut-être ce que<br />
nous trouvons de plus fier dans les annales de la<br />
guerre, s'éclaire d'une lumière aussi héroïque, mais<br />
moins idéale, parce qu'il était moins désintéressé et<br />
moins immatériel. Lèonidas et ses trois cents Spartiates<br />
défendaient leurs foyers, leurs femmes, leurs<br />
enfants, toutes les réalités qu'ils venaient de quitter.<br />
Le roi Albert et ses Belges, au contraire, n'ignoraient<br />
point qu'en barrant la route à l'envahisseur,<br />
ils sacrifiaient inévitablement leurs foyers, leurs<br />
femmes et leurs enfants. Loin d'avoir, comme les<br />
héros de Sparte,un intérêt impérieux et vital à combattre,<br />
ils avaient tout à gagner à ne combattre<br />
point, et rien à perdre, sauf l'honneur. Il y avait<br />
en balance, d'un côté, les pillages, les incendies, la<br />
ruine, les massacres et l'immense désastre que nous<br />
voyons ; de l'autre, ce petit mot d'honneur qui représente<br />
aussi d'immenses choses, mais des choses qu'on<br />
ne voit point ou qu'il faut être très pur et très<br />
grand pour apercevoir avec une clarté suffisante...<br />
Que tout un peuple, grands et petits, riches et pauvres,<br />
savants et ignorants se soit à ce point délibérément<br />
immolé à une chose qu'on ne voit point, je<br />
l'affirme sans crainte qu'en fouillant dans la mémoire<br />
des hommes on trouve de quoi me contredire,<br />
cela ne s'était pas encore vu. MAETERLINCK.<br />
QUESTIONS. — 1.Expliquer les expressions: 1 ° En<br />
fouillant dans la mémoire des hommes. — 2° Je<br />
l'affirme sans crainte qu'on trouve de quoi me<br />
contredire.<br />
2. Quel est le sens de ces expressions : 1° On a<br />
beau regarder — 2 0 11 y avait en balance?<br />
3. Nature et rôle des propositions dansla deuxième<br />
phrase de la dictée : Le magnifique sacrifice... et<br />
moins immatériel.<br />
4. Analyser grammaticalement : Cela ne s'était<br />
pas encore vu.<br />
5. Nature du verbe perdre: en conjuguer le présent<br />
de l'iodicatif, le paisè simple et le passé composé,<br />
le présent du subjonctif.<br />
1. Paria ; aspirantes; 1" session de 1916.<br />
RÉCITATION Î E. DUHAMEL, Morceaux choisis de récitation. Cours moyen 5 0 C.
140 EXAMENS ET CONCOURS<br />
^EXPLICATIONS. — 1. 1° La mémoire des hommes,<br />
c'est l'histoire de l'humanité qui conserve précieusement<br />
tous les faits, tous les noms dignes d'être<br />
connus, depuis que l'homme pense. Fouiller dans<br />
cette mémoire, c'est chercher l'un de ces faits on de<br />
ces noms connus dans les archives, les vieux textes<br />
où ils sont conservés. — 2» On ne trouvera rien dans<br />
cette histoire qui vienne contredire l'affirmation de<br />
l'auteur, c'est-à-dire rien qui soit aussi beau, aussi<br />
grand que le sacrifice de la Belgique.<br />
2. 1° On peut lire et relire l'histoire, l'étudier avec<br />
attention (on ne rencontre rien qui atteigne la grandeur<br />
morale de ce sacrifice). Avoir beau est un gallicisme<br />
fréquent : j'ai beau faire (quoi que je<br />
fasse). — 2° Cette expression est une image très<br />
juste qui représente l'esprit comme pesant dans les<br />
plateaux d'une balance les motifs et les mobiles<br />
d'action entre lesquels il peut hésiter. Notre verbe<br />
penser a la même origine que peser, ce qui est très<br />
significatif.<br />
3. Cette phrase renferme 4 propositions : 1° Le<br />
magnifique sacrifice des Thermopyles s'éclaire<br />
d'une lumière aussi héroïque, mais moins ideale,<br />
principale; 2° Qui est peut-être ce, proposition relative<br />
(par qui), complément explicatif de sacrifice ;<br />
3° Que nous trouvons de plus fier dans les annales<br />
de la guerre, relative (par que), complément déterminait!<br />
de ce; 4° Parce qu'il était moins désintéressé<br />
et moins immatériel, subordonnéeau verbe s'éclaire,<br />
de la principale, marque la cause.<br />
4. Cela, pronom démonstratif, tient la place, pour<br />
le résumer, de tout ce qui précède, sujet de était<br />
vu; ne... pas, négation composée, modifie était vu;<br />
s' pronom personnel réfléchi, 3 e personne du singulier,<br />
ou neutre, complément d'objet direct da était<br />
vu: — était vu, verbe voir, de sens transitif de<br />
forme pronominale (la forme pronominale est mise<br />
pour la forme passive : cela n'avait pat encore été<br />
vu, changement très fréquent dans notre langue),<br />
3 e personne du singulier, mode indicatif, temps plusque-parfait,<br />
3 e groupe; — encore, adverbe de temps,<br />
complément circonstanciel (de temps) de était vu.<br />
5. Perdu, verbe de forme active et de sens transitif,<br />
3° groupe; indicatif présent : je perds, tu perds,<br />
il perd, nous perdons, vous perdez, ils perdent;<br />
passé simple : je perdis, is, it, imes, ites, irent;<br />
passé composé : j'ai perdu, etc.; subjonctif présent:<br />
que je perde, que tu perdes, qu'il perde, que nous<br />
perdions, que vous perdiez, qu'ils perdent.<br />
Composition française.<br />
La bonne et la mauvaise humeur : avantages de<br />
1 une, inconvénients de l'autre dans la vie de famille<br />
et dans les relations sociales.<br />
INDICATIONS.—Distinguez deux parties: la deuxième<br />
se subdivisant elle-même en deux, que vous pouvez<br />
organiser à votre choix : 1» les avantages de la<br />
bonne humeur dans la vie de famille et dans les relations<br />
sociales; 2° les inconvénients de la mauvaise<br />
humeur dans les mêmes circonstances. Ou bien la<br />
bonne et la mauvaise humeur : 1° Dans la vie de famille;<br />
2° dans les relations sociales. De l'une ou de<br />
l'autre manière, votre développement doit être or<br />
donné. La deuxième partie est plus propremen<br />
la partie morale, didactique : vous y énumérez le<br />
résultats.<br />
La première, vous la ferez descriptive. Au lieu de<br />
vous attarder à des essais de définition, toujours très<br />
difficiles, montrez deux personnages que vous nom.<br />
merez et ferez agir. L'action, c'est-à-dire la vie, est<br />
seule intéressante, aussi bien pour TOUS qui écrivez<br />
que pour votre lecteur.<br />
Vous trouverez peut-être plus facile de traiter en<br />
une fois tout ce qui concerne la bonne humeur. Vons<br />
présentez votre personnage et le montrez successivement<br />
dans sa famille et en société. Puis vous<br />
faites la même chose pour la mauvaise humeur.<br />
Mais prenez bien garde de rassembler à chaquefoisles<br />
traits principaux dans une petite conclusion morale.<br />
Deux lignes vous suffiront pour dire auquel de<br />
vos deux personnages vous désirez ressembler.<br />
Arithmétique.<br />
Problèmes. — 1. Deux volumes ont l'un 192 pages,<br />
l'autre 240 pages. Ils sont formés de fascicules<br />
qui ont tous un même nombre de pages supérieur à<br />
30. Trouver : 1° le nombre de pages des fascicules;<br />
2° le nombre de fascicules de chaque volume.<br />
SOLUTION. — Chaque fascicule contient un nombre<br />
de pages qui est un diviseur commun à 192 et à 240.<br />
51 nous décomposons ces 2 nombres en leursfacteurs<br />
premiers, nous trouvons : 192 = 2 6 x 3 et 240 = 2 l<br />
X 3 X 5. Les diviseurs communs à ces 2 nombres<br />
sont : 2, 4, 8, 16, (puissances de 2) et 3, 6, 12, 24,<br />
48, (formés de 3 et du produit de ce facteur par les<br />
4 premières puissances de 2). Un seul de ces diviseurs,<br />
48, est plus grand que 30 et satisfait aux<br />
conditions de l'énoncé. Ce nombre étant égal à : 2 l<br />
x 3 est en même temps le plus grand commun<br />
diviseur des 2 nombres donnés.<br />
Réponses : 1° Ainsi le nombre des pages de chaque<br />
fascicule est 48; 2° Par suite, le 1 er volume «ara<br />
formé de 1 fasc. (192 : 48) = 4 fascicules et le 2° volume<br />
de 1 fasc. (240 : 48) = 5 fascicules.<br />
2. La distance de Paris à Bordeaux est de 578 km.<br />
Un train express part de Paris à 9 h. 30 du matin<br />
et arrive à Bordeaux à 10 h. 34 du soir. On demande<br />
quelle est la vitesse moyenne de ce train et<br />
à quelle heure arrivera à Bordeaux le train rapide<br />
qui part de Paris 3/4 d'hture avant le précédent et<br />
dont la vitesse moyenne surpasse celle de l'autre de<br />
19-km. D66 par heure.<br />
SOLUTION. Pour parcourir la distance entre Paris<br />
et Bordeaux, l'express emploie 22 h. 34 m. — 9 h.<br />
30 m. = 13 h. 4 m. ou 784 minutes. Sa vitesse<br />
t , 578km. x 60 „ . , .<br />
moyenne est donc : = 4 4 km. 234 à<br />
l'heure.<br />
La vitesse moyenne du rapide est en conséquence:<br />
44 km. 234 + 19 km. 066 = 63 km. 3 et il emploiera<br />
pour parcourir le même trajet : 1 h. x (578 :<br />
63,3) = 9 h. 7 m. 52 sec.<br />
Réponse : Comme il est parti de Paris à : 9 h.<br />
30 m. — 45 m. = 8 h. 45 m., il arrivera à Bordeaux<br />
à : 8 h. 45 m. + 9 h. 7 m. 52 sec. = 17 h. 52 m.<br />
52 sec.<br />
^Librairie HACHETTE et C le , 79, Boulevard Saint-Germain, Paris<br />
J. V 1TAL-LACAZE et GASTON QUÉNIOUX<br />
LE <strong>DE</strong>SSIN<br />
A L'ÉCOLE <strong>PRIMAIRE</strong><br />
RECUEIL<br />
D'EXERCICES PRÉPARATOIRES AU CERTIFICAT D'ÉTU<strong>DE</strong>S<br />
Un volume grand in-16, broché I fr. 25
Masinel général 1916-1917. N» 35 19 Mai 1917.<br />
PARTIE SCOLAIRE<br />
DIRECTIONS ET EXERCICES<br />
©ffOI lAfijfi A ITÏWÏID iv/~r? mr'r'cc [Sous cette rubrique, nous mettrons chaque semaine l'annonce
546 CLASSE D'INITIATION — ÉDUCATION MORALE<br />
Dessin.<br />
D'après l'objet. — 1° Des instruments de musique<br />
entendus au cours des exercices et jeux : violon,<br />
trompette, tambour, mirliton, clairon, etc.<br />
2» Des objets aux lignes courbes : un bol, une<br />
soupière sans couvercle, avec couvercle.<br />
Reconnaissance d'après limage. — Le maître<br />
dessine au tableau les deux oreilles de plusieurs<br />
animaux familiers aux enfants ; ces 2 oreilles tiennent<br />
au crâne, mais le museau n'est pas dessiné : âne,<br />
chien, cheval, lapin, chat, bœuf (avec les cornes), etc. ;<br />
les enfants doivent reconnaître l'animal dont on fait<br />
voir ensuite l'image entière, pour vérification.<br />
Dessin de ces oreilles d'animaux.<br />
Education de la main. — Au moyen de courbes,<br />
dessins, ornements variés sur papier quadrillé.<br />
Education du témoignage (mémoire). — Sur<br />
une assez grande pancarte, dessiner en traits simples<br />
deux oreilles de lapin; 1° une droite, l'autre rabattue ;<br />
après plusieurs secondes, enlever la pancarte; les<br />
enfants dessinent alors exactement ce qu'ils ont vu.<br />
Lecture et Écriture.<br />
La diphtongue ien. — Phonétique. — Mots dans<br />
lesquels on entend ien : chien, bien, lien, vaurien,<br />
rien, le mien, le tien, le sien, viens, Amiens, etc.<br />
ÉDUCATION MORALE<br />
35 E LEÇON.<br />
A L'ÉCOLE<br />
Chant. — Le Forgeron, dans les Chants populaires<br />
(2 E série), de BOUCHOR et TIERSOT.<br />
La loi du travail.<br />
L'obligation au travail I Vous voilà tout effrayés,<br />
n'est-ce pas, mes enfants. Il serait si doux de ne<br />
rien faire I En êtes-vous bien sûrs ? Regardez autour<br />
de vous et regardez-vous, vous-mêmeB. Est-il vraiment<br />
bien agréable de ne rien faire, de rester des<br />
heures, désœuvré, les bras ballantSj le cerveau<br />
inerte ? Si vraiment c'est là un plaisir, d'où viennent,<br />
pour peu que vous demeuriez dans l'inaction,<br />
ces bâillements réitérés, ces regards jetés constamment<br />
sur l'horloge ?<br />
[Provoquer ici le souvenir des sentiments<br />
éprouvés dans les heures d'inaction forcée,<br />
par exemple, au cours d'une maladie. Inciter<br />
les enfants à comparer la classe qui passe<br />
vite, celle où ils s'intéressent aux exercices,<br />
où ils agissent, où ils travaillent, et la classe<br />
qui se déroule interminable, celle où ils se<br />
tiennent à l'écart de l'enseignement, où ils ne<br />
font rien.]<br />
L'ennui guette ceux qui se dérobent au travail,<br />
l'ennui pesant, déprimant, empoisonnant.<br />
Ah ! je le sais, vous allez me dire : « Pour ne pas<br />
travailler, on n'est pas tenu de demeurer inerte. Je<br />
n'aime pas le travail, mais j'aime le jeu ; je n'aime<br />
pas la classe, mais j'aime la récréation. » Vous aimez<br />
le jeu, vous aimez la récréation? Bravo. Mais, savezvous<br />
pourquoi vous les aimez ? C'est qu'ils vous permettent<br />
de remuer vos bras et vos jambes, de gonfler<br />
vos poumons, d'agir et de réagir ; c'est qu'ils<br />
vous permettent ou plutôt qu'ils exigent de vous<br />
l'initiative, l'application, l'adresse, l'effort, c'est-à-dire<br />
tout ce qu'on retrouve dans le travail.<br />
[Choisir un jeu et montrer la somme et la<br />
diversité des efforts qu'il nécessite. Faire la<br />
Mots pouvant être lus et écrits : le chien, un lien,<br />
du bien, un vaurien, tu viens, Lucien.<br />
Phrases. — Le chien de Lucien a été tondu; le<br />
mien n'a pas été tondu ; il s'appelle Mêdor. Mèdor<br />
est mon ami ; quand je lui dis : « Viens », il vient ;<br />
il me défend contre les vauriens ; il a défendu Julien<br />
aussi, parce que Julien m'aime bien.<br />
La terminaison tion. — Phonétique. — Station,<br />
addition, potion, exposition, acclimatation, etc.<br />
Mots et phrases pouvant être lus et écrits : Mon<br />
frère est un grand garçon : il sait faire une addition ;<br />
moi, je suis un petit garçon, mais je bois bien ma<br />
potion. Papa nous conduira au Jardin d'acclimatation.<br />
Julien a mal aux oreilles ; il a les oreillons; il<br />
prend sa potion ; il n'a pas le tympan crevé ; il n'est<br />
pas sourd; il se laisse bien soigner : il guérira.<br />
Récitation.<br />
Les petits lapins.<br />
» Les petits lapins prudents<br />
Dressent toujours une oreille;<br />
Cette longue oreille veille<br />
Quand ils remuent leur nez enfaisant voir leurs dents.»<br />
J. AICARD. — [Le Livre des Petits.)<br />
<strong>PRIMAIRE</strong>:<br />
J.-H.<strong>DE</strong>LANMOY,<br />
Directrice d'école.<br />
même constatation à propos de certains amusements,<br />
la bicyclette, par exemple.]<br />
Le plaisir que vous prenez au jeu vient justement<br />
de ce qu'il satisfait votre besoin d'activité. Nous<br />
sommes faits pour agir, comme pour respirer, manger<br />
et dormir. C'est la loi de nature. Vous imposer<br />
le travail, ce n'est donc pas vous punir, c'est tout<br />
d'abord prémunir vos muscles contre l'engourdissement,<br />
votre cerveau contre l'atrophie.<br />
Et puis, quand on ne fait rien, on fait des sottises.<br />
Vous connaissez le proverbe : L'oisiveté est la mère<br />
de tous les vices. Vous savez, par expérience, combien<br />
il est vrai. Je n'insiste pas.<br />
Enfin, que seriez-vous sans votre travail et sans le<br />
travail des autres ?<br />
Sans le travail des autres, d'abord. Vous l'êtesvous<br />
jamais demandé? Avez-vous jamais réfléchi à<br />
la quantité de gens qui travaillent en ce moment pour<br />
vous ? Il vous faut du pain : est-ce que le pain se fait<br />
tout seul, etc.<br />
[Les enfants détailleront eux-mêmes les travaux<br />
nécessairespoursatisfaire àleurs besoins.]<br />
Donc, sans le travail d'autrui, vous ne pourriez<br />
vivre. Il s'agit du travail d'aujourd'hui. Mais que ne<br />
devez-vous pas au travail accumulé à travers les<br />
siècles, et dont vous récoltez les fruits! C'est par un<br />
labeur ininterrompu que la vie a été arrachée .à<br />
l'état sauvage, et que le travail a été organisé.<br />
La société humaine a remarqué qu'il y a une<br />
infinité de besoins diveri, une variété extrême d'objets<br />
que l'homme doit se procurer, soit en allant les<br />
chercher là où ils se trouvent, fût-ce au bout du<br />
monde ou au fond de la mer, soit en les faisant naître<br />
et multiplier comme les plantes, les fruits, les<br />
produits.de la terre aidée par la culture, soit en les<br />
fabriquant, c'est-à-dire en maniant adroitement, pour<br />
les faire servir à nos uiages, le bois, le fer, les métaux,<br />
la pierre, l'argile, toutes les matières que fournit la<br />
nature. Et la société a dit : parmi ces innombrables<br />
formes du travail humain — travail de l'agriculture,<br />
de l'industrie, du commerce, des transports, de l'art,<br />
de la science — chacun s'appliquera à celle qu'il<br />
aura apprise et qu'il peut faire vite et bien. Tous<br />
travailleront, mais chacun à un seul ouvrage. En<br />
LECTURE COURANTE: TOUTEY, Lectures primaires. Cours élémentaire, 2 e degré. . 9 0 C.
même temps que les uns s'occuperont de labourer, de<br />
semer, de cultiver, de récolter, d'élever des troupeaux,<br />
d'autres construiront des maisons, d'autres<br />
fabriqueront les meubles, les instruments, les machines,<br />
les outils nécessaires aux divers métiers,<br />
d'autres s'occuperont de faire venir de loin les produits<br />
qui manquent à la contrée ou d'envoyer au loin<br />
ceux qu'elle a en surnombre.<br />
Quels siècles de travail il a fallu pour arriver à<br />
cette organisation dont nous bénéficions aujourd'hui!<br />
Mais l'effort passé vous dispênse-t-il de travailler<br />
vous-mêmes?<br />
Supposez que vous sortiez d'ici sans rien savoir,<br />
que, plus tard, vous n'appreniez pas un métier. Vous<br />
voilà dans la vie : vous ne savez ni lire, ni écrire,<br />
ni compter, dans une société où tout le monde sait<br />
lire, écrire, compter ; vous ne savez pas de métier,<br />
dans une société où, seuls, gagnent leur vie, ceux<br />
qui connaissent bien une profession.<br />
[Inciter les enfants à comparer eux-mêmes<br />
la condition de l'illettré à, celle de l'homme qui<br />
a profité de son temps d'école, la condition du<br />
manœuvre à celle de l'homme qui sait un<br />
métier.]<br />
Et si, sachant un métier, vous ne l'exercez pas,<br />
qu'arrive-t-il ? Que vous n'avez rien à échanger contre<br />
le produit du travail des autres, que vous ne gagnez<br />
pas votre vie:<br />
Je gagne ma vie, cela veut dire: je travaille et mon<br />
travail est assez utile à la société pour .qu'elle doive,<br />
en retour, me donner ce dont j'ai besoin pour vivre<br />
et faire vivre les miens. J'ai gagné (c'est-à-dire j'ai<br />
mérité et j'ai reçu, comme salaire dû en échange de<br />
mon travail), une somme suffisante pour entretenir<br />
ma vie et celle de ma famille.<br />
Voilà, mes enfants,ce qu'est le travail. Vous comprenez<br />
maintenant pourquoi, quelle que soit sa profession,<br />
l'homme qui travaille est honoré. Il apporte<br />
sa part dans l'effort commun, il rend à la société les<br />
services qu'il en reçoit, au lieu de recevoir d'elle<br />
sans rien apporter en échange.<br />
[Interroger des élèves qui diront aisément<br />
en quoi fait œuvre utile, un agriculteur, un<br />
menuisier, un médecin, un ingénieur, etc.]<br />
Le travail apporte encore d'autres récompenses.<br />
Il donne le goût du métier, parce qu'il donne l'habileté.<br />
Un métier qu'on connaît bien s'exerce avec<br />
plaisir. Outre qu'il assure à l'homme une vie plus<br />
aisée, une maison où l'ordre règne, ou rien n'est<br />
négligé, il développe en lui l'intelligence, la volonté,<br />
le sens pratique. Il est, en un mot, pour l'individu,<br />
le plus sûr artisan du bonheur. Et il est en même<br />
temps le lien de la société tout entière. Il n'y a pas<br />
de société civilisée sans le travail. Et la société est<br />
d'autant plus civilisée que le travail y est mieux<br />
organisé, plus judicieusement divisé, plus équitablement<br />
rémunéré.<br />
Résumé. — 1. Le travail est la loi naturelle de<br />
l'homme. Nous ne pouvons pas nous passer d'activité.<br />
2. Sans le travail, pas de bonheur pour l'homme.<br />
3. Sans le travail, pas de société possible.<br />
4. Tout travail est honorable. Il représente un service<br />
rendu à la société en même temps qu'il permet<br />
à l'homme de gagner sa vie et développe ce qu'il y a<br />
de meilleur en lui.<br />
Questions. — Est-ce une punition que le travail?<br />
Les hommes peuvent-ils vivre sans travailler ?<br />
Montrer que toate valeur, toute richesse, est un<br />
produit du travail ?<br />
Qu'entendez-vous par ces mots : tout travail est<br />
honorable ?<br />
A-t-on le droit de mépriier un genre quelconque<br />
de travail produisant des objets utiles à la société ?<br />
Par le travail, quelles qualités acquiert-on ?<br />
ÉDUCATION MORALE 547<br />
Le fardeau de la paresse.<br />
Gagner ta vie, avoir une tâche, accomplir un devoir,<br />
tu ne veux pas 1 Etre comme les autres, cela<br />
t'ennuie ! Eh bien 1 tu seras autrement. Le travail<br />
est la loi ; tu ne veux pas être ouvrier, tu seras esclave.<br />
Le travail ne vous lâche d'un côté que pour<br />
vous reprendre de l'autre. Ah I tu n'as pas voulu de<br />
la lassitude honnête des hommes, tu vas avoir la<br />
sueur des damnés ; où les autres chantent, tu râleras.<br />
Tu verras de loin, d'en bas, les autres hommes<br />
travailler; il te semblera qu'ils se reposent. Le<br />
laboureur, le moissonneur, le matelot, le forgeron,<br />
t'apparaîtront dans la lumière comme les bienheureux<br />
d'un paradis. Toi, paresseux, pioche, traîne,<br />
roule, marche. Tire ton licou, te voilà bête de somme.<br />
Ah 1 ne rien faire, c'était là ton but. Eh bien! pas<br />
une semaine, pas une journée, pas une heure sans<br />
accablement. Tu ne pourras rien soulever qu'avec<br />
angoisse. Ce qui sera plume pour les autre» sera<br />
pour toi rocher. Les choses les plus simples s'escarperont,<br />
la vie se fera monstre autour de toi. Ah!<br />
aie pitié de toi-même, misérable enfant. Je t'en<br />
conjure, écoute moi. Crois-moi, n'entreprends pas<br />
cette pénible besogne d'être un paresseux.<br />
V . HUGO. — (Les Misérables.)<br />
Hetzel, édit.<br />
La loi du travail.<br />
Que tu fasses une chose ou une autre, que tu sois<br />
avocat, médecin, artiste, ingénieur, caissier, employé,<br />
commerçant, cultivateur, ouvrier, le premier de tous<br />
les devoirs envers ton pays comme envers toi-même,<br />
c'est de travailler. Qu'on le fasse de ses mains ou de<br />
son cerveau, il faut que tout le monde travaille ; et<br />
ceux qui travaillent de leurs mains ne sont pas toujours<br />
ceux qui besognent le plus rudement.<br />
Tous les travailleurs sont également honorables,<br />
quoi qu'ils fassent. Sais-tu quel est l'homme méprisable<br />
? C'est celai qui ne fait rien, c'est l'oisif. Qu'estce<br />
qu'il fait, en effet? 11 se borne à profiter du travail<br />
des autres, sans en accomplir lui-même aucun.<br />
Dis-moi à quoi il ressemble mieux, sinon, comme on<br />
le dit à la campagne, au cochon à l'engrais, auquel<br />
on apporte la mangeaille dans une auge et qui n'a<br />
rien fait pour la gagner. CHARLES BIGOT.<br />
Il me semblerait que je commets un vol, si je passais<br />
une journée sans travailler.<br />
PASTEUR.<br />
Pas de sot métier.<br />
Aimez les métiers, le mien et les vôtres.<br />
On voit bien des sots, point de sot métier,<br />
Et toute la terre est comme un chantier<br />
Où chaque métier sert à tous les autres,<br />
Et tout travailleur sert le monde entier.<br />
JEAN AICARD.<br />
Dignité et bienfaits du travail.<br />
J'ai foi dans le travail... Je ne changerais pas,<br />
quand je le pourrais, notre assujetissement aux lois<br />
physiques, à la faim, au froid, ni la nécessité de lutter<br />
continuellement avec le monde matériel. Quand je le<br />
pourrais, je ne tempérerais pas les éléments de manière<br />
qu'ils ne produisent plus en nous que des sensations<br />
agréables ; je ne rendrais pas la végétation si<br />
riche qu'elle prévînt tous nos besoins, et les métaux<br />
si ductiles qu'ils n'offrissent plus de résistance à nos<br />
forces ou à notre habileté. Un tel monde ne ferait<br />
qu'une race méprisable. L'homme doit son développement,<br />
son énergie surtout, à cette tension de la<br />
volonté, à cette lutte contre la difficulté que nous<br />
appelons effort. Un travail facile, agréable ne fait<br />
pas de robustes esprits, ne donne pas à l'homme le<br />
sentiment de sa puissance, ne le forme pas à la<br />
patience, à la persévérance, à la constance de la<br />
volonté, cette force sans laquelle tout le reste n'est<br />
rien...<br />
CHANNING. — (Œuvres sociales.)<br />
F . BUISSON.<br />
LECTURE EXPLIQUÉE OlJÉCHOT. Premier livre, Cours élémentaire " n f e d u 1 . »
548 LANGUE FRANÇAISE : COURS ÉLÉMENTAIRE<br />
LANGUE FRANÇAISE<br />
CENTRE D'INTÉRÊT :<br />
Escargots, limaces, vers de terre, vers luisants.<br />
===== COURS ÉLÉMENTAIRE •<br />
Exer.cice de t langage.<br />
Vous connaissez les escargots? — Oui, monsieur.<br />
— A quoi les reconnaissez-vous? — Ils ont une coquille<br />
I — Bien. Et encore? — Ils ont des cornes. —<br />
C'est vrai. Sont-elles comme les cornes de la vache?<br />
— Non, elles sont toutes petites. — Y ayez-vous<br />
toucha? — Non, on ne peut pas. — Pourquoi? —<br />
Ils les rentrent. — Tiens 1 Où donc? — Dans leur<br />
coquille. — Voilà de drôles de cornes. Sont-elles<br />
dures comme les cornes de la vache? — Non, elles<br />
sont toutes molles. — Savez-vous à quoi servent les<br />
cornes de la vache?— C'est pour se défendre. —<br />
Oui; et c'est pour cela qu'elles sont dures. L'escargot<br />
se sert-il de ses cornes pour se défendre, lui<br />
aussi? — Non, ses cornes sont trop petites. — Mais<br />
il pourrait peut-être en donner des coups à. de petites<br />
bêtes, tout de même : aux mouches, aux vers? —<br />
Non, elles sont trop molles. — Alors, pourquoi a-til<br />
des cornes, cet escargot? Vous ne savez pas? Savez-vous<br />
du moins combien il en a? — Oui, il en a<br />
quatre. — Bien! les avez-vous regardées? Sont-elles<br />
de la même grandeur? — Non, il y en a deux<br />
grandes et deux petites. — C'est cela. Eh bien, les<br />
deux petites cornes lui servent de mains. A quoi<br />
vous servent vos mains? — A prendre nos affaires.<br />
— Oui, et quand il fait nuit, que vous n'y voyez<br />
point clair, que faites-vous avec vos mains, pour reconnaître<br />
quelque chose? — On touche. — Vous<br />
touchez, oui : vous tâtez. Et voilà, ce que fait l'escargot<br />
avec ses deux petites cornes. Redites-moi cela.<br />
(Faire dire: Avec ses petites cornes, l'esoargottâte...).<br />
Mais il tâte quoi? Devinez-vous? — La terre. —<br />
Oui, mais aussi? Réfléchissez un peu. Mange-t-il,<br />
l'escargot? — Oui, il mange les feuilles. — Alors?<br />
— Il tâte les feuilles. — Mais oui, pourquoi? — Pour<br />
savoir si elles sont bonnes.— Et les grandes cornes,<br />
vous ne savez pas ce qu'il en fait? Eh bien,au bout,<br />
elles portent des petits yeux. Quand vous verrez un<br />
escargot, regardez-le bien; vous verrez au bout de<br />
ses longues cornes, deux petites boules. — Oui,<br />
monsieur, elles sont toutes rondes. — Ahl vous les<br />
avez vues. Sont-elles grosses? — Oh non! comme la<br />
tête d'une épingle. — A peu près. Mais vous me disiez<br />
qu'il rentre ses cornes dans sa coquille. Quand<br />
les cache-t-il ainsi? — Quand on veut le prendre. —<br />
Et vous lui dites alors?... — Montre tes cornes! —<br />
Et il vous obéit? il les montre tout de suite? —<br />
Non, il les tient cachées. — Devinez-vous pourquoi?<br />
— C'est parce qu'il a peur. — Oui ; c'est donc<br />
pour se défendre. Avez-vous quelquefois cassé sa<br />
coquille? — Oui, monsieur. — Et dedans avez-vous<br />
trouvé des os durs? — Non, c'est tout mou. —<br />
Qu'est-ce qui est tout mou? — Tout son corps — Eh<br />
bien, redisons cela. (Faire dire : le corps de l'escargot<br />
est tout mou.) — Alors, vous savez à. quoi lui<br />
sert sa coquille? — C'est pour se garantir. — Oui,,<br />
on dirait encore : pour se protéger. — Avec son<br />
corps mou, en effet, songez à ce qui lui arriverait<br />
quandil heurterait une pierre, un bois dur? — Il se ferait<br />
mal. — Bien sûr; alors, redites-moi ce que fait<br />
sa coquille? (Faire dire : la coquille de l'escargot le<br />
protège contre les chocs.) — Cherchons encore. —<br />
Voilà une bête qui veut le dévorer? — Elle ne<br />
pourra pas. — Pourquoi? — Parce que la coquille<br />
est dure. — C'est bien. Mais comment l'appellerez<br />
vous, cette bête-là qui veut dévorer l'escargot, qui<br />
veut le tuer? Vous ne trouvez pas? Comment appelez-vous<br />
les Prussiens qui voulaient nous tuer? —<br />
Des enDemis. — Et la bête qui veut manger l'escar<br />
got? — C'est son ennemi. — Est-ce que nous ne pour<br />
rions pas refaire notre phrase de tout à l'heure?- La<br />
coquille de l'escargot le protège contre les chocs et<br />
contre ses ennemis. Très bien; refaisons la phrase<br />
tout entière .. Mais pourquoi ne se sauvn-t-il pas<br />
devant ses ennemis? — Il ne peut pasl — Pourquoi?<br />
— Il n'a pas de pattes 1 — Alors, il no marche pas?<br />
— Si, mais il se traîne. — Sur sa coquille?— Non,<br />
sur sa peau? — Quelle peau? — Sur la peau qui<br />
dépasse la coquillo. — Vous ne savez pas comment<br />
on l'appelle cette peau? On l'appelle son pied,<br />
puisqu'elle lui sert à se déplacer. Va-t-il bien vite?<br />
— Oh! non; tout doucement. — Doucement, non,<br />
mais lentement. Répétez : l'escargot se traîne lentement.<br />
— Et où se traîne-t-il ainsi? — Sur la terre.<br />
— Seulement? — Il monte sur les arbres. — Bah!<br />
mais comment ne glisse-t-il pas? ... Vous n'avez jamais<br />
touché à son pied. — Si, monsieur, cela colle.<br />
— En effet, il a une sorte de bave qui colle aux arbres,<br />
et qui l'empêche de glisser.<br />
Vocabulaire.<br />
RECHERCHE <strong>DE</strong>S NOMS.<br />
I. — L'escargot<br />
Noms à choisir : coquille, pied, paire, organe,<br />
extrémité, ennemi, retraite, dégât, limaçon, colimaçon.<br />
L'escargot s'enferme dans une ... Il «e traîne sur<br />
un ... Sa tête porte deux ... de cornes. Les petites<br />
cornes lui servent à tâter : ce sont les ... du toucher.<br />
Les grandes cornes portent de; yeux à leur ... Le<br />
hérisson, le ver luisant font la chasse aux escargots,<br />
ce sont leurs ... Les escargots se retirent dans les<br />
trous des murs : c'est leur ... Ils dévorent les feuilles<br />
des arbres; ils font des ... dans les jardins. On<br />
les appelle encore des ... ou ...<br />
II. — Limaces, vers de terre, vers luisants.<br />
Noms à choisir: limace, trace, ver de terre, appât,<br />
galerie, issue, anneau, humus, tortillon, obscurité.<br />
La ... ressemble à un escargot qui n'aurait pas de<br />
coquille. Quand elle rampe, elle laisse une ... luisante.<br />
Pour pêcher à la ligne, on fixe au bout du<br />
hameçon un ... : c'est un... Le ver rte terre creuse<br />
dans le sol des ... Pour en sortir, il prépare deux<br />
... Son corps est formé d'... Sa nourriture est<br />
du fumier décomposé : de 1'... Il rejette la nuit de<br />
petits ... de terre. Le ver luisant émet une vive<br />
lumière dans 1'...<br />
RECHERCHE ET ACCORD <strong>DE</strong>S ADJECTIFS.<br />
Adjectifs à choisir : postérieur, antérieur, calcaire,<br />
enroulé, nuisible, allongé, cylindrique, effilé,<br />
meuble, humide, mince, gras, lumineux, répugnant,<br />
gluant, luisant.<br />
Les yeux de l'escargot sont portés par ses cornes<br />
... Ses cornes ... lui servent à tâter le sol, les<br />
feuilles. Sa coquille est Les escargots et les<br />
limaces sont des bêtes ... Le corps du ver de terre<br />
est ....... Sa tête est à l'extrémité ... Il vit dans<br />
les terres ..., ... Le ventre du ver luisant est enveloppé<br />
d'une- peau très ... Entre ses anneaux se trouve<br />
une matière ... qui devient ... pendant la nuit. La<br />
limace est une bête ... Elle secrète un liquide ...<br />
Elle laisse une trace ... sur son passage.<br />
Grammaire.<br />
Revision des déterminatifs : articles et adjectifs.<br />
Analyse.<br />
ETU<strong>DE</strong> DU VERBE. — Revision : imparfait de l'indicatif.<br />
Verbe apprendre.<br />
Dictées de récapitulation.<br />
I. — Un escargot.<br />
Un petit escargot semblait collé au tronc d'un<br />
vieux poirier. Sous sa coquille jaune, son pied s'étalait;<br />
avec ses deux petites cornes antérieures, il tâtait<br />
l'écorce; ses deux cornes postérieures se redressaient;<br />
ses yeux regardaient sur le haut de l'arbre.<br />
Lentement, il grimpait. Je le saisis,: vivement, les<br />
cornes, la tête, le pied rentrèrent dans la coquille.<br />
QUESTIONS ET EXERCICES. — Comment appelle-t-on<br />
encore un escargot? — Un escargot s'appelle encore<br />
LECTURE COURANTE : GUÉCHOT. Par l'Effort, formation de la volonté, ^""d^tudes. 1-20
LANGUE FRANÇAISE : COURS ÉLÉMENTAIRE ET COURS MOYEN S49<br />
un limaçon,.LUIcolimaçon. — Où sontplacées les cornes<br />
antérieures? — Lescornes postérieures? —Les cornes<br />
antérieures sont placées en avant de sa tête; ses<br />
cornes postérieures sont placées en arrière des autres<br />
Terminer les phrases survantes : Quand on étale des<br />
marchandises, on fait un ... (étalage). Les cornes qui<br />
tâtent sont les organes du... (taci). Les cornes qui<br />
se redressent deviennent ... (droites). Un oiseau qui<br />
grimpe est un ... (grimpeur). L'écolier qui rentre à<br />
l'école fait sa ... (rentrée). — Analyser : un (petit<br />
escargot); sa (coquille); deux (petites cornes); les<br />
(cornes). — Conjuguer le Terbe saisir à. l'imparfait<br />
de l'indicatif.<br />
II. — Les limaces.<br />
Les limaces sont des bêtes répugnantes ; de leur<br />
corps mou s'échappe un liquide gluant. Elles rampent<br />
sur le sol, sur les plantes; elles montent aux<br />
arbres. Elles laissent una trace luisante sur leur<br />
passage. Elles dévorent les carottes, les choux, les<br />
salades, les fruits. Ces animaïlx font beaucoup de<br />
dégâts dans nos jardins, mais le hérisson leur fait la<br />
chasse toute la nuit.<br />
QUESTIONS ET EXERCICES. — Ecrire À l'imparfait de<br />
l'indicatif les phrases: Les limaces rampent, etc. ;<br />
elles montent, etc. ; elles laissent, etc. — Rechercher<br />
dans la dictée: trois adjectifs possessifs, un-adjectif<br />
démonstratif, un adjectif indéfini, un article contracté.<br />
— Remplacer par d'autres mots, ayant à peu<br />
près le même sens: répugnantes: repoussantes;<br />
gluant: collant; luisante: brillante; dégâts; ravages.<br />
— Compléter les phrases suivantes : les<br />
limaces font des dégâts : ce sont des animaux ...<br />
(nuisibles). Le hérisson nous rend service en dè'ruisant<br />
les limaces : c'est un animal ... (utile). Il faut<br />
le ... (protéger).<br />
Récitation.<br />
Mes petits oiseaux.<br />
Mes oiseaux, à moi, ca sont<br />
Mieux que pinson et fauvette<br />
Deux enfants, un brun, un blond.<br />
Mes oiseaux, à moi, ce sont :<br />
Un garçon, une fillette.<br />
Ils ont un joli babil,<br />
Quand le matin les éveille ;<br />
Voix d'oiselets en avril,<br />
Ils ont un joli babil,<br />
Qui caresse mon oreille.<br />
ils ont toujours soif ou laim<br />
De tartines, fruits ou crème;<br />
Leurs souhaits n'ont point de fin.<br />
Ils ont toujours soif ou faim ;<br />
L'oiseau butine de même.<br />
Le vent berce les oiseaux<br />
Dans le nid qui les abrite ;<br />
Sur la branche ou les roseaux,<br />
Le vent berce les oiseaux,<br />
Pour qu'ils s'endorment plus vite.<br />
Je berce mes oiselets<br />
D'une chanson maternelle ;<br />
Dans leurs nids chauds et mollets,<br />
Je berce mes oiselets;<br />
Ils s'endorment sous mon aile.<br />
Mme MESDKEUR.<br />
***<br />
Composition française.<br />
I. — Devant un escargot.<br />
Donner aux enfants l'idée du récit suivant, en leur<br />
disant, par exemple: « Le petit Paul, au jardin,<br />
voulut cueillir une fleur. En s'approchant, il vit, sur<br />
la tige de la fleur, un gros escargot qui montrait ses<br />
cornes : il eut peur ». Ensuite, on les invite à imaginer<br />
les détails de la scène, à se représenter la fleur,<br />
l'enfant, l'escargot. On leur suggère les gestes ; on<br />
fait mimer la scène par l'un d'eax, au besoin. Le<br />
maître encourage la recherche des expressions; il<br />
fait rectifier ou rectifie lui-même les locutions vicieuses<br />
; il fait répéter les phrases obtenues ; il sti<br />
mule l'activité des élèves moins bien doués: il faut<br />
que cette préparation tienne la classe en action, animée,<br />
vivante.<br />
SUJET TRAITÉ.<br />
L'autre soir, après dîner, le petit Paul se promenait<br />
au jardin avec sa maman.<br />
Dans une plate-bande, il aperçut une jolie tulipe.<br />
Il s'approcha et tendit la main vers la fleur pour la<br />
cueillir.<br />
Tout à coup, il poussa un cri d'effroi : «Maman 1 »<br />
La maman regarda. Elle vit un gros escargot tout<br />
blanc au bas de la tige de la fleur. Il allongeait sa<br />
tête et montrait ses cornes.<br />
Elle se mit à rire. « Tu as peur d'un escargot »,<br />
dit-elle. Elle saisit la bête entre les doigts et la jeta<br />
dans l'allée, aux pieds de Paul.<br />
« Ecrase-la avec ton sabot ».<br />
Paul mit le pied sur l'escargot, qui s'aplatit en<br />
bouillie.<br />
II. — Pour pêcher à la ligne.<br />
INDICATIONS. — Voir exercice précèdent.<br />
SUJET TRAITÉ.<br />
Jeudi dernier, j'avais envie d'aller pêcher à la<br />
ligne.<br />
Je courus au jardin. Je cherchai un endroit frais,<br />
à l'ombre du mur.<br />
Avec ma pelle, je creusai un trou dans la terre<br />
humide. Bientôt, je vis des vers qui se tordaient<br />
au milieu de la terre remuée. Je les saisis et je les<br />
déposai au fond d'une boîte. Ils so dressaient le<br />
long des parois et cherchaient à s'échapper par dessus<br />
les bords. J'en emportai une bonne provision.<br />
= COURS MOYEN = = = = =<br />
Vocabulaire.<br />
RECHERCHE <strong>DE</strong>S NOMS.<br />
Faire entrer dans une phrase chacun des noms<br />
suivants : mollusques : les escargots, les limaces sont<br />
des mollusques ; les mollusques sont des animaux<br />
dont le corps est mou et souvent protégé par une<br />
coquille ; certains mollusques sont comestibles; racine<br />
m ou, etc. ; — appendice ; la tête de l'escargot<br />
est munie de quatre appendices ; l'intestin présente<br />
un appendice dont l'inflammation est dangereuse ;.on<br />
supprime,on coupe un appendice; même racine que<br />
pendre; — tentacule: les tentacules sont des organes<br />
du toucher; la plupart des mollusques ont des tentacules<br />
; — tact : la peau est l'organe du tact ; les<br />
aveugles ont le tact très délicat; on fait l'éducation<br />
du tact, on le développe, etc. ; — tentacule et tact ont<br />
la même racine : tact ; — spire : la coquille de l'escargot<br />
présente des spires; — une spire est un tour<br />
complet de l'hélice ; — manteau : le manteau de l'escargot<br />
secrète la matière calcaire qui forme la coquille<br />
; le corps de l'escargot est enveloppé par le<br />
manteau ; racine mante, — mucus : l'escargot secrète<br />
un mucus ; avec son mucus, il humecte du calcaire<br />
et fabrique un mortier q ai bouche l'ouverture<br />
de sa coquille, en hiver ; même racine que mucosité;<br />
— lombric : le lombric est le nom du ver<br />
de terre; le lombric creuse des galeries souterraines;<br />
— segment: le corps du lombric est divisé en<br />
segments ; les segments du lombric sont munis de<br />
poils; on divise en segments ; on réunit, on rassemble<br />
des segments, etc. ; même racine que section :<br />
— tronçon : les tronçons du lombric, séparés, con?<br />
tinuent à vivre ; on partage, on diTise en tronçons ;<br />
racine : tronc ; — soies : les soies sont les membres<br />
du lombric ; les soies du lombric sont raides, cour<br />
tes,brillantes ; même racine que soierie;— issue: les<br />
galeries creusées par le lombric ont deux issues ;<br />
on pratique, on bouche, on obstrue .une issue;<br />
même famille que aller; — ameublissement : le lombric<br />
favorise l'ameublissement des terres; l'ameublissement<br />
des terres s'obtient par le labour, le<br />
binage, etc.; même racine que mouvoir; — humus<br />
; le lombric se nourrit de l'humus du sol :<br />
l'humus est du fumier décomposé; — résidu : la<br />
nuit, le lombric sort'de terre et rejette les résidus<br />
(GRAMMAIRE • MAQUET, FLOT et R OY. Cours de langue française. Cours pre'paratoire. 6 0 C.
550 LANGUE FRANÇAISE : COURS MOYEN ET COURS SUPÉRIEUR<br />
de sa digestion ; les petits tortillons de terre sont les<br />
résidus de la digestion du lombric ; on rejette, on<br />
recueille des résidus, etc. ; — lampyre : le nom<br />
scientifique du Ter luisant est lampyre ; la femelle<br />
du lampyre émet une lueur phosphorescente dans<br />
l'obscurité ; le lampyre est un inEecte et non pas un<br />
ter.<br />
Grammaire.<br />
Révision des mots invariables : la préposition. —<br />
Distinction de en, préposition, et en, pronom personnel.<br />
Verbes irrèguliers : devoir, pouvoir. — Etude et<br />
emploi des formes; dût-il m!en coûter; dutsiezvous<br />
; jpuisse-t il ; puissent mes conseils, etc.<br />
Dictées.<br />
I. — Trott et l'escargot.<br />
Au jardin, Trott contemple une rose sous toutes<br />
ses faces avec orgueil et ravissement. Elle est joliment<br />
belle, cette rose... Tout à coup, les yeux de<br />
Trott s'arrondissent et deviennent fixes. Il reste<br />
bouche bée et devient tout rouge. En voilà une horreur<br />
! Sur la rose, il y a un colimaçon qui se promène,<br />
un vilain colimaçon qui laisse derrière lui une<br />
trace baveuse. Il tourne la tête à gauche, à droite,<br />
rentre ses cornes, les ressort... Il ne se gêne pas,<br />
vrai aient ! Trott avance sa main, la retire... Enfin,<br />
il pose le doigt sur la coquille. Quelle chance ! L'escargot<br />
a eu peur. Il s'est recroquevillé tout entier<br />
au fond de sa maison. Plus rien ne passe. Trott<br />
respire plus librement. Mais c'est égal, il n'aime pas<br />
ces bêtes, non, vraiment, pas du tout. Qu'est-ce qu'il<br />
faut en faire ? L'écraser sous son pied ? Pouah I rien<br />
que l'idée d'entendre craquer la coquille, puis de<br />
sentir sous sa semelle la chair molle de la bête lui<br />
donne mal au cœur. ANDRÉ LICHTENBERGBR.<br />
INDICATIONS. — Expliquer: Trott contemple; —<br />
avec orgueil et ravissement; — bouche bée ; — recroquevillé;<br />
— plus rim ne passe.<br />
QUESTIONS ET EXERCICES. — Quelle impression<br />
éprouve le petit garçon en présence de l'escargot?<br />
— Le petit garçon a peur de l'escargot qu'il trouve<br />
horr.bie, c'est-à-dire effrayant par sa laideur. —<br />
Quels sont les passages du texte qui nous font connaître<br />
cette impression ? — Trott avance sa yïiain,<br />
puis la retire; il avait donc peur d'y toucher. Quand<br />
l'escargot rentre dans sa coquille, l'enfant est heureux<br />
; il se dit : quelle chance / Il respire plus librement.<br />
— Ecrire au pluriel la phrase : Il tourne la<br />
tète à gauche, etc. — Conjuguer le verbe s'est recroquevillé<br />
au plus-que-parfait de l'indicatif. — Analyser<br />
: Trott contemple une rose sous toutes ses<br />
faces.<br />
II. — Le ver luisant.<br />
En nos climats, peu d'insectes rivalisent de renommée<br />
populaire avec le ver luisant, la curieuse bestiole<br />
qui, pour célébrer ses petites joies de la vie, s'allume<br />
un phare au bout du ventre. Qui ne le connaît au<br />
moins de nom? Dans les chaudes soirées de l'été,<br />
qui ne l'a vu errer parmi les herbages, pareil à une<br />
étincelle tombée de la pleine lune? L'antiquité grec<br />
que le nommait lampyre, signifiant porteur de lanterne<br />
sur le croupion. Il a six courtes pattes dont il<br />
sait très bien faire usage ; c'est un trotte-menu.<br />
Malgré ses innocentes apparences, c'est un carnas<br />
sier, un giboyeur exerçant son métier avec une rare<br />
scélératesse Sa proie réglementaire est l'escargot,<br />
un escargot de médiocre volume, atteignant à peine<br />
celui dune cerise. HENRI FABRE.<br />
INDICATIONS — Expliquer : rivalisent de renommée<br />
populaire ; — l'antiquité grecque; — le croupion ;<br />
un trotte-menu ; — innocentes apparences; —<br />
scélératesse; — sa proie réglementaire.<br />
QUESTIONS ET EXERCICES. — Qu'est-ce qu'un phare ?<br />
C'est une tour qui porte à son sommet un feu<br />
servant à éclairer, à guider les navigateurs pendant<br />
la nuit; — une bestiole? — Une petite bête.— Indiquer<br />
un synonyme de renommée: réputation, célébrité;<br />
— ventre: abdomen; — errer: rôder; —<br />
carnassier : Carnivore. — Citer les homonymes de<br />
ver, et faire entrer chacun d'eux dans une phras» :<br />
vert, verre, vers, vair. — Conjuguer le verbe savoir<br />
à la l ro personne du singulier du passé simple, du<br />
futur et du présent du subjonctif. — Analyser : en<br />
(nos climats) ; —pour (célébrer) ; —parmi (les herbages)<br />
; — malgré (ses innocentes apparences); en<br />
montrant les mots qu'ils unissent.<br />
***<br />
Composition française.<br />
I. — Un escargot.<br />
Le maître se procure quelques escargots qu'il fait<br />
observer par les élèves.<br />
Description d'un escargot ; sa coquille ; son pied ;<br />
sa tête : ses cornes. — Comment il vit ; les dégâts<br />
qu'il cause.<br />
SUJET TRAITÉ.<br />
L'escargot est un curieux animal. Ce qu'on remarque<br />
d'abord, dès qu'on l'aperçoit, c'est sa coquille.<br />
Elle est tantôt jaune, tantôt grise, tantôt blanche,<br />
mais sa forme ne varie guère. On dirait une sorte de<br />
bonnet en pierre qui s'enroulerait en spirale.<br />
Quand on tient l'escargot entre les doigts, c'est à<br />
peu près tout ce qu'on aperçoit : la petite bête rentre<br />
presque tout entière dans sa maison. On a beau lui<br />
crier : « Montre tes cornes ! » elle se garde bien<br />
d'obéir. Mais qu'on la dépose sur un sarment de<br />
vigne ou une branche de poirier, aussitôt elle met le<br />
nez à la fenêtre. Elle étale un large pied, qui ressemble<br />
à une semelle, et qui se termine par une tête<br />
assez grosse, munie de quatre cornes. Les deux cornes<br />
antérieures sont plus courtes : elles lui servent<br />
àtâter le terrain, avant de se mettre en route. Les<br />
deux autres, situées en arrière, se terminent par de<br />
petits renflements de la grosseur d'une tête d'épingle<br />
: ces renflements sont les yeux.<br />
L'escargot vit dans les jardins. Quand il fait<br />
chaud, il va se nicher dans les trous des murs, au<br />
pied des arbres, sous les feuilles. Après une pluie<br />
douce, ou bien le soir à la fraîcheur, il sort de sa<br />
retraite. Lentement, lentement, il rampe sur son<br />
pied charnu ; il broute les feuilles des légumes ; il<br />
grimpe aux arbres fruitiers ; il dévore les fleurs,<br />
les graines, les fruits; il cause de sérieux dégâts.<br />
II. — Un mauvais Français.<br />
Un dimanche, le père Menon traverse la place du<br />
village. — Son de tambour : il écoute. — Ce qu'il<br />
entend: les cultivateurs invités à déclarer àla mairie<br />
la quantité de blé qu'ils possèdent. — Ce que lui dit<br />
un voisin: « Tu as cinquante sacs de blé. — Oui:<br />
mais je ne les déclarerai pas. — Pourquoi? — Je<br />
veux les garder pour moi. » Réflexions.<br />
INDICATIONS. — Raconter la scène; montrer le fermier<br />
traversant la place, la foule qui l'entoure. Paire<br />
entendre le son du tambour, la publication ; rapporter<br />
les paroles des deux amis. Indiquer ce que vous<br />
en pensez. Pourquoi ce blé que l'on achète? Pour<br />
nos soldats. Songez à ce que leur doit le père Menon.<br />
Sans eux, à quoi il aurait été exposé : son blé confisqué,<br />
sa maison incendiée, lui-même égorgé peutêtre?<br />
Rappeler les dévastations et les atrocités commises<br />
par les Allemands. Qui l'a défendu ? Les<br />
morts, les blessés ; ceux qui ont souffert l'hiver dans<br />
les tranchées. Pour qui les morts ont-ils donné leur<br />
vie? Pour qui les autres ont-ils souffert, souffrentils<br />
encore ? N'est-ce pas pour lui?<br />
Et pour les récompenser,il les condamne à souffrir<br />
de la faim. Quel égoïsme révoltant 1<br />
= = = COURS SUPÉRIEUR<br />
Vocabulaire.<br />
(Voir Cours moyen.)<br />
Qu'est-ce qu'une luciole? — Que signifie : des appendices<br />
rétractiles? Rechercher, en s'aHant du dictionnaire,<br />
les différents sens de : hélice? — manteau? —<br />
GRAMMAIRE : DUSSOUCHET, Cours de grammaire française. Cours élémentaire. . . . 7 5 C«
L A N G U E FRANÇAISE : C O U R S S U P É R I E U R 551<br />
limaçon ? — Qu'est-ce qu'un gastéropode? — Comment<br />
est formé ce mot? — Pourquoi le ver luisant<br />
n'est-il pas un ver? Expliquer l'expression : rentrer<br />
dans sa coquille? Indiquer les différents sens de ce<br />
mot. — Pourquoi compare-t-on un égoïste au limaçon<br />
? — On dit que le ver luisant anesthésie sa victime<br />
: pourquoi ? Grammaire.<br />
Revision du nom. Formation du féminin et du<br />
pluriel; exceptions.<br />
Emploi des temps de l'indicatif : le futur et le<br />
futur antérieur.<br />
Dictée.<br />
La retraite allemande.<br />
A peine sortons-nous de Noyon que la désolation<br />
commence : les ponts ont sauté, la campagne est<br />
prise sous les inondations provoquées volontairement<br />
par les Allemands, des entonnoirs de mine ont<br />
creusé des trous profonds trempés d'eau.<br />
Nous traversons deux ou trois villages à peine<br />
touchés; les maisons ont l'air de tenir debout, mais<br />
elles sont solitaires, tout est silence, abandon,<br />
ruines... Notre lieuienant nous explique les drames<br />
palpitants qui bouleversèrent ces humbles logis...<br />
Avant le saccage final, les Allemands dècilèrent de<br />
renvoyer à Noyon les enfants au-dessous de quinze<br />
ans, les mères de famille et les vieillards âgés ie<br />
soixante-dix ans ; ils emmenèrent pêle-mêle tout le<br />
reste : jeunes filles, jeunes femmes, pères de famille.<br />
.. On évoque les scènes déchirantes qui durent<br />
se passer derrière ces fenêtres basses, en ce jour sinistre.<br />
.. Et le calvaire enduré par de pauvres créatures<br />
humaines chassées comme du bétail ou emmenées<br />
comme des esclaves!...<br />
En y songeant, la haine traverse le cœur: oh 1<br />
non..., il ne faudra jamais oublier ces crimes-là!...<br />
L'auto, embourbé,/ cahoté, avance péniblement<br />
dans une route de cauchemar; des clos entiers qui<br />
durent être des vergers charmants, sont transformés<br />
en cimetières d'arbres. Les victimes mutilées n'offrent<br />
plus que leur tronc et montrent leurs pauvres<br />
cadavres étendus, si longs, si tristes !...<br />
« Quand nos soldats français, nos paysans, ont vu<br />
ce sacrilège, nous dit notre lieutenant en baissant<br />
instinctivement la voix, ils ont pleuré I »<br />
YVONNE SABCEY.<br />
QUESTIONS ET EXERCICES. — Expliquer : drames<br />
palpitants. — Un drame, est au sens propre, une<br />
pièce de théâtre; — mais ce mot désigne encore, quand<br />
il s'agit d'événements de la vie réelle, une scène<br />
émouvante. C'est le sens du texte. Des palpitations<br />
sont des mouvements violents et déréglés du cœur.<br />
Un drame palpitant est un drame qui produit sur les<br />
acteurs et même surles spectateurs des palpitations,et<br />
par conséquent, quiles trouble, qui les émeut profondément;<br />
— le saccage : le saccage est la dèvattation,<br />
le pillage, la « mise 4 sac» d'une ville, d'un domaine;<br />
,— sinistre : le sens étymologique de sinistre était :<br />
qui est à gauche; aujourd'hui, ce mot signifie : qui<br />
présage le malheur; — une route de cauchemar :<br />
un cauchemar est un rêve pénible avec la sensation<br />
d'un poids qui oppresse et, en général, un rêve<br />
effrayant ; une route de cauchemar est une route si<br />
pénible à parcourir que l'on se croit en proie à un<br />
rêve horrible ; — sicrilège (racine, sacré) : un sacri<br />
lège est une violation d'une chose sacrée : les arbres<br />
doivent être l'objet de notre respect, par leur beauté,<br />
par la vie qui les anime : les détruire sans raison,<br />
c'est méconnaître ce qu'il y a de respectable, de<br />
sacré, dans la vie, dans la beauté.<br />
Quels sont les sentiments qui animent cette page?<br />
— Des sentiments d'indignation contre les barbares<br />
allemands; de pitié pour les victimes, créatures<br />
humaines, arbres mutilés; de haine contre les envahisseurs.<br />
Quel est le nom correspondant à cahoté ? Indiquer<br />
son homonyme. Le nom correspondant à cahoté est<br />
cahot ; un cahot est un saut que fait une voiture en<br />
roulant sur un terrain inégal; son homonyme est<br />
chaos : confusion, désordre complet.<br />
Nature et fonction des propositions dans la phrase:<br />
Et le calvaire enduré, etc.<br />
***<br />
Composition française.<br />
Un fermier vient de perdre par maladie un de ses<br />
animaux. Il ordonne à son domestique de l'enfouir<br />
profondément. Le domestique se contente de le recouvrir<br />
d'une couche de terre peu épaisse. Quelque<br />
temps après, épidémie dans le troupeau du fermier;<br />
le vétérinaire appelé reconnaît une maladie charbonneuse.<br />
Il fait son enquête : les lombrics ont ramené<br />
à la surface du sol des germes de l'épidémie.<br />
« Maudits lombrics ! » s'écrie le domestique, qui a<br />
entendu ces explications. — Que pensez-vous de cette<br />
exclamation ?<br />
INDICATIONS. — Nous distinguerons plusieurs parties<br />
dans ce travail :<br />
1° La mort d'un animal, chèvre, mouton, ou autre;<br />
les ordres du fermier, la négligence du domestique.<br />
Nous ne nous attarderons pas à décrire la perte<br />
de l'animal; nous l'indiquerons seulement. Mais il<br />
sera intéressant de montrer le domestique au travail.<br />
Il est négligent, probablement paresseux : ce défaut<br />
doit se lire dans son attitude, à ses gestes, ses paroles<br />
; attachez-vous à le faire ressortir dans le portrait<br />
que vous en tracerez.<br />
2® L'épidémie éclate ; montrez plusieurs bêtes<br />
atteintes successivement, les inquiètudés du fermier,<br />
la visite du vétérinaire. Constatations de ce dernier.<br />
Son étonnement, ses recherches... Sans doute, il<br />
interroge le fermier. Celui ci n'aurait-il point enterré<br />
un animal aux environs? Sa découverte.<br />
3° Alors, il montre le rôle des lombrics: comment<br />
ils creusent leurs galeries; l'humus dont ils se nourt<br />
rissent; les déjections qu'ils viennent rejeter à la<br />
surface du sol (petit tortillon de terre); microbes<br />
infectieux ramenés ainsi sur les herbes; un animal<br />
passe par là : leur inoculation.<br />
4° Notre domestique écoute, et comme il se sent<br />
coupable, sa colère éclate : « Maudits lombrics ! »<br />
Pourquoi cette exclamation? Evidemment, pour<br />
rejeter sur les lombrics la responsabilité de l'accident<br />
que son maître déplore. Les lombrics ne s'en<br />
portent pas plus mal. Mais comment qualifier ces<br />
paroles? Ne nous éclairent-elles pas sur la valeur<br />
morale de l'individu? Elles témoignent de sa lâcheté,<br />
car le courage lui manque pour accepter la responsabilité<br />
de sa négligence ; et sa lâcheté l'entraîne à<br />
feindre, à mentir : car il sait bien que, seul, il est<br />
coupable. Et sans doute, les lombrics ne peuvent<br />
souffrir de son mensonge, mais en cherchant à donner<br />
le change, à tromper son maître, il manque de<br />
sincérité. 11 est coupable envers lui-même : mentir,<br />
c'est faillir au respect que l'on se doit, à sa dignité<br />
personnelle; mais, en outre, mentir pour cacher une<br />
faute, c'est refuser d'ouvrir les yeux sur ses torts,<br />
c'est se montrer trop indulgent pour soi-même, et<br />
ainsi, en échappant à l'expiation qui, seule, pourrait<br />
racheter line erreur, c'est se préparer à d'autres<br />
erreurs.<br />
II. — Un ver luisant.<br />
Le soir d'une charge; des blessés râlent étendus<br />
entre les tranchées. Il pleut ; l'un d'eux se ranime.<br />
11 se traîne, sans bruit, entre les cadavres, tâchant<br />
de regagner nos lignes Au-dessus de sa tête, les<br />
obus éclatent; le froid le saisit, l'engourdit II s'affaisse<br />
dans l'herbe, il perd connaissance. Quand il<br />
revient à lui, le jour n'est pas encore levé. La nnit<br />
est profonde : où sont les Français? Il souffre atrocement<br />
; le découragement s'empare de lui. Soudain,<br />
un point lumineux attire son attention ; il fait quelques<br />
pas, s'appuyant sur les mains. Un ver luisant<br />
est là, tout proche. Impressions du blessé : cette<br />
chétive lueur lui semble douce, lui rappelle le pays,<br />
lui conseille l'espoir. Il fait appel à toute son énergie,<br />
il reprend sa marche...<br />
MOULIN,.<br />
Instituteur.<br />
GRAMMAIRE : DuSSOUCHET. Cours sup. et compl-, Brevet élém., Théorie, {3! RédacHons'. 1 -80
552 ARITHMÉTIQUE : COURS ÉLÉMENTAIRE ET COURS MOYEN<br />
L'ARITHMÉTIQUE<br />
ET LE SYSTÈME METRIQUE<br />
PAR LA PRATIQUE<br />
• C O U R S É L É M E N T A I R E<br />
Leçons de la semaine. — 1. Le dividende et le diviseur<br />
ont le même nombre de chiffres décimaux. — 2. Les<br />
nombres 95 à 99. — 3. Le centimètre carré. — 1 dm 5 vaut<br />
100 cm". — 4. Calcul de la surfaco du parallélogramme.<br />
I. — Notions élémentaires d'arithmétique.<br />
Diviser par un diviseur ayant le même nombre<br />
de chiffres décimaux que le dividende. — On divise<br />
une •propriété de 3 192 M 2 35 en lots de<br />
245 m- 35. Combien pourra-t-on faire de ces lots?<br />
Solution et étude de l'opération. — Pour déterminer<br />
le nombre de lots, il s'agit de chercher combien<br />
de fois 245 m 2 55 sont contenus dans la surface<br />
totale 3 192 m 2 35 soit 1 lot (3 192,35 : 245,55).<br />
Remarquer que, dans ce cas particulier, les deux<br />
termes de la division expriment des unités de même<br />
ordre : on supprime donc les deux virgules avant d'effectuer<br />
l'opération ; cette dernière revient donc à<br />
chercher combien de fois 24 555 dm 2 sont contenus<br />
dans 319 235 dm 2 , opération que l'on a déjà, étudiée.<br />
On trouvera au résultat : 13 lots. Remarque : Si on<br />
désirait trouver un quotient à 0,i ou à 0,U1 près, on<br />
continuerait l'opération, comme il a été expliqué précédemment.<br />
Exercice de réflexion. — Chercher un exemple<br />
de division dans lequel le diviseur a plus de chiffres<br />
décimaux que le dividende. Montrer comment on<br />
peut ramener ce cas à celui que l'on vient d'étudier.<br />
II. — Calcul mental.<br />
Les nombres 95, 96 et 99. — Décomposer ces<br />
nombres ainsi qu'il a été fait les semaines précédentes<br />
:<br />
Le cinquième de 95 (cinquième de 50 + cinquième<br />
de 45) = 19; d'où : 95 = iy x 5.<br />
La moitié de 96 (moitié de 80 + moitié de 16) = 48.<br />
Le quart de 96 (quart de 80 + quart de 16) = 24.<br />
Le huitième de 96 (huitième de 80 + huitième de<br />
16) = 12.<br />
Le sixième de 96 (sixième de 60 + sixième de 36)<br />
= 16.<br />
Le tiers de 96 (tiers de 90 4- tiers de 6) = 32.<br />
D'où : 96 = 48 + 48 ou 43 x 2; ou 24 x 4; ou<br />
12 x 8; ou 16 X 6; ou 32 x 3.<br />
La tiers de 99 (tiers de 90 + tiers de 9) = 33.<br />
Le neuvième de 99 (neuvième de 90 + neuvième<br />
de 9) = 11.<br />
D'où : 99 = 33 + 33 + 33 ou 33 x 3 ; ou li x<br />
9; ou 9 x li.<br />
III. — Notions pratiques et connaissances<br />
usuelles.<br />
Le centimètre carré. — Rappeler que le mètre<br />
carré est un carré ayant 1 m. de côté; que le dm 2 est<br />
un carré, ayant 1 dm. de côté. En déduire : 1 cm-,<br />
est un carré ayant 1 cm. de côté. En faire tracer un<br />
sur le cahier; faire constater : a) que c'est un carré;<br />
b) que chacun de ses côtés mesure 1 cm.<br />
Indiquer des objets ayant environ 1 cm' 2 de surface.<br />
Vérifier. Tracer 2 cm 2 côte à côte; chercher<br />
des objets ayant environ 2 cm- de surface; ayant plus<br />
de 1 cm 2 et moins de 2 cm 2 , etc...<br />
1 dm 2 = 100 cm'-. — Tracer sur le cahier 1 dm 2 .<br />
Diviser ce carré en 10 bandes ayant 1 cm. de hauteur;<br />
puis montrer que chacune de ces bandes peut<br />
être diTisée en 10 carrés de 1 cm. de côté, c'est-àdire<br />
que chaque bande contient 10 cm 2 . Les 10 bandes<br />
ou le dm 2 contiendront donc 10 fois 10 cm 2 ou<br />
100 cm-. Le cm- est donc la centième partie du dm^.<br />
Vérifier : calculer la surface d'un carré ayant 10 cm.<br />
de côté. (Voir n° 33, Manuel général.)<br />
La surface du parallélogramme. — Chercher la<br />
surface d'un parallélogramme, c'est calculer combien<br />
il contient de m 2 , de dm 2 ou de cm*. Faire découper<br />
un grand parallélogramme en carton. Marquer la<br />
hauteur par un pli, montrer par le découpage suivant<br />
cette hauteur qu'un parallélogramme a même surface<br />
qu'un rectangle de même base et de même hauteur.<br />
Généraliser : la surface du parallélogramme<br />
est égale au produit de sa base par sa hauteur.<br />
IV. — Applications pratiques du calcul.<br />
PREMIÈRE ANNÉE.<br />
Deviner. — I. a) Un champ ayant la forme d'un<br />
parallélogramme de 86 m 2 80 de surface a coûté<br />
347 fr. 20. Quel est le prix du m 2 de ce champ? —<br />
R. : 4 fr.<br />
b) On a acheté 2 près, l'un a une surface de<br />
74 m- 58, l'autre de 49 m» 85 Quelle est la surface<br />
totale des 2 prés? — R. : 124 m 2 43.<br />
c) On a acheté 2 près, l'un a une surface de<br />
79 m" 37, l'autre de 48 m 2 95. On a payé ces deux<br />
prés 641 fr. 60. On demande : quelle est la surface<br />
totale des deux prés? quelle est la valeur du m 2 ? —<br />
R. : 1" 128 m 2 32; S tr.<br />
II. a) Une propriété contenant 445 m' 2 50 doit être<br />
divisée en plusieurs lots de terre. Si chaque lot doit<br />
avoir une surface de 74 m 2 25, combien y aura-t-il<br />
de lots de terre? — R. : 6 lots.<br />
b) Une propriété contenant 10 lots de terre ayant<br />
chacun une surface de 68 m s 75 a été payée 2406 fr. 25.<br />
Quelle est la surface totale de cette propriété? Quelle<br />
est la valeur du m : de terrain? — R. : 1° 687 m 2 50 ;<br />
2° 3 fr. 50.<br />
c) Une propriété contenant 685 m 2 20 doit être divisée<br />
eu plusieurs lots de terre. Si chaque lot de<br />
terre doit avoir une surface de 85 m 2 65, combien y<br />
aura-t-il de lots de terre? A raison de 2 tr. 50 le<br />
m 3 , quelle sera la valeur de la propriété entière? —<br />
R. : 1° 8 lots; 2° 1 713 fr.<br />
Calcul amusant. — Un champ ayant la forme d'un<br />
parallélogramme a une surface de 1 248 m'; un autre<br />
champ de forme rectangulaire a une surlace de<br />
124 800 dm a . Lequel de ce3 deux champs est le plus<br />
grand?<br />
<strong>DE</strong>UXIÈME ANNÉE.<br />
Calcul mental. — i. Une feuille de papier a<br />
15 cm. de larg. et 20 cm. de long. ; Quelle est sa<br />
surface : 1° en cm 2 ? 2° en dm 2 ?<br />
2. Un jardin a 20 m. de long, et 10 m. de largeur.<br />
Quelle est sa surface : 1° en m 2 ? 2° en dm ! ?<br />
3 a en cm 2 ?<br />
3. Un terrain ayant la forme d'nn parallélogramme<br />
d'une surface de 100 m 2 a coûté 1 200 fr. Quelle est<br />
la Taleur d'un m 2 de ce terrain? d'un dm s ?<br />
CALCUL ÉCRIT. — 1. Un terrain ayant la forme<br />
d'un parallélogramme de 976 m 2 40 de surface a<br />
coûté 5370 fr. 20. Quel est le prix du m 2 de ce terrain<br />
? — R. : 5 fr. 50.<br />
2. Un champ ayant la forme d'un parallélogramme<br />
a 78 m. 50 de long, sur 56 m. 40 de largeur. Quelle<br />
en est la surface : 1° en m 2 ? 2° en dm 1 ? 3° en cm 2 ?<br />
— R. : 1° 4 427 m 2 40; 2" 442 740 dm 2 ; 3»<br />
44 274 000 cm 2 .<br />
3. Un champ ayant la forme d'un parallélogramme<br />
de 87 m. 50 de long, sur 64 m. 50 de largeur a coûté<br />
50793 fr. 75. Quelle est la valeur d'un m 2 de ce terrain?<br />
d'un dm 2 ? — R. : 9 fr.; 2° 0 fr. 09.<br />
4. A raison de 0 fr. 15 le dm 2 , quelle est la valeur<br />
d'une terre ayant la forme d'un parallélogramme<br />
de 54 m. 20 de long, et de 48 m. 60 de largeur? —<br />
R. : 39 611 fr. 80.<br />
Exercice de réflexion. — Quelle différence y a-til<br />
entre la surface et le prix de deux terrains dont<br />
l'un est un parallélogramme, l'autre un rectangle,<br />
chacun ayant les mêmes dimensions?<br />
= = = = = C O U R S M O Y E N =,<br />
Leçons de la semaine. — 1. L'escompte des effets<br />
de commerce. — 2* Calculer mentalement intérêts et escompte<br />
pour 6, 4 ou 3 mois ou pour plusieurs années. —<br />
3- Calcul du volume de la sphère.<br />
1. — Notions élémentaires d'arithmétique.<br />
L'escompte des effets de commerce. — Lorsqu'on<br />
fait un achat et qu'on paye de suite, on dit<br />
PROBLÈMES : G. M'.NUEL. Deux cents Problèmes 1» »
-que l'achat est fait au comptant (cas général de la<br />
vente au détail). — Au contraire, lorsque l'on paye<br />
un ou plusieurs mois après l'achat, celui-ci est fait<br />
à crédit et le paiement dit à terme. — Quand les<br />
paiements doivent avoir lieu à des dates convenues,<br />
lés commerçants emploient des effets de commerce,<br />
écrits par lesquels le débiteur (acheteur) reconnaît<br />
sa dette au créancier (vendeur) et s'engage à la lui<br />
payer à une époque déterminée. — Les effets de commerce<br />
les plus usités sont le billet à ordre et la lettre<br />
de change. — Donner un modèle de chacun de<br />
ces effets de commerce. — L'échéance est le jour où<br />
le billet doit être payé ; mais le créancier peut avoir<br />
besoin de son argent avant cette époque, il peut<br />
alors vendre son effet à un banquier qui lui paye le<br />
montant de l'effet, diminué cependant de l'intérêt de<br />
cette soramn pendant le temps qui reste à courir<br />
jusqu'à l'échéance. La valeur nominale est la somme<br />
inscrite sur un effet de commerce. — L'escompte est<br />
la retenue faite par le banquier — La valeur actuelle<br />
est la somme que donne le banquier en échange<br />
de l'effet de commerce ; cette valeur est égale à la<br />
valeur nominale diminuée de l'escompte.<br />
II. — Calcul mental.<br />
Calculer mentalement intérêts et escompte pour<br />
6,4 ou 3 mois ou pour plusieurs années. — Quel<br />
est l'escompte à 4 0/0 d'une somme de 300 fr. pendant<br />
6 mois ? pendant 4 mois ? pendant 3 mois? —<br />
a) Pour 1 an on 12 mois, l'escompte est de 12 fr.,<br />
pour 6 mois,il est la moitié ou 6 fr. : b) pour 4 mois,<br />
il est le tiers ou 4 fr. ; c) pour 3 mois, il est le<br />
quart, ou 3 fr. Donc, oour calculer l'intérêt ou l'escompte<br />
pour 6, 4 ou 3 mois, on prend la moitié, le<br />
tiers ou le quart, de l'intérêt annuel.<br />
Exercices d'application. — Quel escompte subiront<br />
les sommes suivantes :<br />
Pour 6 mois? pour 4 mois? pour 3 mois?<br />
300 fr. à 6 0/0 200 fr. à, 6 0/0 400 fr. à 2 0/0.<br />
400 fr. k 3 0/0 600 fr. à 5 0/0 700 fr. à 4 0/0.<br />
800 fr. à 4 0/0 800 fr. à 3 0/0 900 fr. à 6 0/0.<br />
Pour lanet3moig? pour 1 an et 4 mois? pour 2 ans et 6 mois?<br />
1 200 fr. à 5 0/0 1 800 fr. à. 5 0/0 600 fr. à 3 0/0.<br />
1500 fr." à 6 0/0 900 fr. à 4 0/0 1 500 fr. à 4 0/0.<br />
600 fr. à 4 0/0 2 400 fr. à 3 0/0 2 700 fr. à 6 0/0.<br />
III. — Problème à étudier.<br />
Calculer Vescompte au taux de 5 0/0 d'un billet<br />
de 2860 fr., payable dans 45 jours ?<br />
Discussion du problême.<br />
Analyse. — Que demande-t-on ? L'escompte subi<br />
pour 45 jours. Cet escompte est égal aux 45/360<br />
(ou au 1/8) de l'escompte annuel; l'escompte pour<br />
un an aurait été égal à. 5/100 de la valeur du billet;<br />
par conséquent, l'escompte du billet pour 45 jours<br />
est égal à : 2 860 fr. x 5/100 X 1/8, d'où :<br />
SOLUTION. — L'escompte pour 1 an aurait été les<br />
5/100 de la valeur du billet ou 2860 fr. x 5/100 =<br />
143 fr. ; l'escompte pour 45 jours est donc égal aux<br />
45/360 de 143 fr. ou au 1/8 = 143 fr. x 1/8 =<br />
17 fr. 875 et l'escompte subi sera de 17 fr. 85.<br />
Remarques et recommandations. — L'escompte<br />
?e calcule comme l'intérêt. — Faire remarquer que<br />
45 jours étant le 1/8 de 360 jours, il est préférable,<br />
pour résoudre le problème plusrapidement.de prendre<br />
le 1/8 de l'escompte pour 1 an. Rappeler s'il est<br />
nécessaire, que 180 j. = 6 mois ou 1/2 année; que<br />
120 j. = 4 mois ou 1/3 d'année; 90j. = 3 m. ou<br />
1/4 d'année; 60 j. = 2 mois ou 1/6 d'année; 240 j.<br />
= 8 mois ou 2/3 d'année, etc... Rappeler également<br />
que l'escompte est le 1/100 du capital à. 1 0/0 pour<br />
1 an ou 360 j. ; à 6 0/0 pour 60 j. ; à 4 0/0 pour<br />
90 j.; à 3 0/0 pour 120 j. ; à 5 0/0 pour 72 j.<br />
PROBLÈMES INVERSES. — 1. Un billet de 2860 fr.,<br />
payable dans 45 jours a subi un escompte de<br />
17 fr. 875. Quel a été le taux de l'escompte ?<br />
2. Calculer le temps d'échéance d'un billet de<br />
2 860 fr. qui a subi un escompte de 17 fr. 875, au<br />
taux de 5 0/0 ?<br />
ARITHMÉTIQUE : COURS MOYEN 553<br />
•3. Quelle est la valeur nominale d'un billet qui,<br />
escompté à 5 0/0, a subi un escompte de 17 fr. 875<br />
pour 45 jours?<br />
4. Quelle est la valeur actuelle d'un billet de<br />
2 860 fr. payable dans 45 jours et escompté à 5 0/0?<br />
Exercices de réflexion. — 1. Quels avantages<br />
présentent l'emploi des effets de commerce pour le<br />
débiteur ? pour le créancier?<br />
2. Pourquoi le banquier prélève-t-il un escompte<br />
sur la valeur nominale de l'effet? — Que peut légitimement<br />
réclamer un acheteur qui paye comptant<br />
ses achats?<br />
Exercices et problèmes d'application.<br />
PREMIÈRE ANNÉE.<br />
Calcul de l'escompte. — CALCUL MENTAL. — 1.<br />
Quel est l'escompte d'un effet de 320 fr. à 6 0/0 pour<br />
60 j.? (R. : 1/100 de 320 fr. = 3 fr. 20); pour<br />
30 j.? (R. : Moitié de 3 fr. 20 = 1 fr. 60); pour<br />
90 j. 7 (R. : 3 fois la moitié = 4 fr. 80); pour 120 j. ?<br />
(R. : 2 fois 3 fr. 20 = 6 fr. 40).<br />
2 Calculer l'escompte d'un effet de 900 fr. à 5 0/0<br />
en 72 j. — R. : 9 fr. ; en 144 j. ? — R. : 18 fr. ; en<br />
36 j.? — R. : 4 fr. 50.<br />
3. Quel est l'escompte d'un effet de 2 400 fr. à<br />
40/0 en 90 j. ? —R. : 24 fr. ; en 30 j. ? — R. : 8 fr. ;<br />
en 45 j.? — R. : 12 fr.<br />
CALCUL ÉCRIT. — 1. Quel escompte devra retenir<br />
un banquier pour un billet de 1500 fr., payable<br />
dans 120 j., l'escompte étant calculé à 6 0/0? — R. :<br />
30 fr.<br />
2. Quel'escompte devra retenir un banquier sur<br />
un billet de 1200fr. payable dans 45 jours, l'escompte<br />
étant calculé à. 5 0/0? — R. : 7 fr. 50.<br />
3. Un billet de 2 400 fr., payable dans 90 j., est<br />
escompté à 6 0/0. Calculer le montant de l'escompte.<br />
_:(Seine-Inférieure.) — R. : 36 fr.<br />
Calcul de la somme remise par le banquier. —<br />
1. On présente à, l'escompte à 6 0/0 un billet de<br />
1830 fr. payable daDs 90 jours. Quelle somme recevra-t-on?<br />
— R. : 1 802 fr. 55.<br />
2. Quelle somme donnera-t-on au porteur d'un<br />
billet de 1280 fr. payable,dans 90"j. et escompté au<br />
taux de 5 0/0? [Seine-Inférieure.) — R. : 1 264 fr.<br />
<strong>DE</strong>UXIÈME ANNÉE .<br />
Calcul de l'escompte. — 1. On escompte, le<br />
3 septembre, un billet de 12 6 40 fr., payable le<br />
27 décembre delà même année. Calculer cet escompte<br />
à 4 fr. 50 0/0. (Somme.) — R. ; Escompte ?.nnuel:<br />
568 fr. 80; escompte pour 115 j. : 181 fr. 70.<br />
2. On escompte le 1 er août, à 6 0/0, un billet de<br />
3 720 fr., payable le 15 octobre suivant. Calculer<br />
l'escompte prélevé par le banquier. (Creuse.) —R. :<br />
Escompte annuel : 223 fr. 20 ; pour 75 j. ; 46 fr. 50.<br />
Calcul de la somme versée ou valeur actuelle.<br />
— 1. Que vaut, le 13 janvier, un billet de 612 fr.,<br />
payable le 9 avril suivant, le taux étant de 4 1/2 0/0?<br />
— R. : Escompte annuel: 27 fr. 54; escompte pour<br />
86 j. : 6 fr. 579, ou 6 fr. 55; valeur actuelle du billet:<br />
605 fr. 45.<br />
2. Quelle somme recevra un commerçant qui fait<br />
escompter deux billets à 5 0/0, l'un de 2 520 fr. pour<br />
36 j., l'autre de 1 440 fr pendant 90 j.? (Seine.) —<br />
R. : Escompte du 1 er billet pour 33 j. : 12 fr 60 ;<br />
valeur actuelle du l or billet: 2 507 fr. 40; escompte<br />
du 2" billet pour 90 j. : 18 fr. ; valeur actuelle du<br />
2 e billet: 1422 fr. ; somme que recevra le commerçant:<br />
3 929 fr. 40.<br />
3. Un marchand a vendu un coupon de drap de<br />
48 m. à raison de 12 fr. 50 le mètre. Il fait une traite<br />
du montant de cette vente, payable le l or avril. Il la<br />
négocie avant l'échéance, le 11 janvier, avec escompte<br />
à 5 0/0. Quelle somme a-t-il reçue? (Seine Inférieure.)<br />
— R. : Valeur de la vente du montant de la<br />
traite : 600 fr. ; escompte annuel 30 fr. ; pour 80 j. :<br />
6 fr. 65 ; Somme reçue : 593 fr. 35.<br />
Calcul du taux de l'escompte. — 1. Un billet de<br />
8 4(10 fr., payable dans 90 jour?, a subi un escompte<br />
de 94 fr. 50. Quel est létaux de l'escompte? (Aisne).<br />
ARITHMÉTIQUE : LEMOÎNE. Arithmétique, Cours élémentaire et moyen
554 ARITHMÉTIQUE : COURS MOYEN ET COURS SUPÉRIEUR<br />
— R. : Escompte annuel : 378 fr. ; taux de l'escompte :<br />
378 fr. x 100/8400 = 4 ir. 50 0/0.<br />
2. Le 10 mars, on a négocié un billet de 4 320fr.,<br />
payable le 24 avril; le banquier a remis 4298 fr. 40.<br />
Calculer le taux de l'escompte. (Marne. ) — R. :<br />
Pour 45 j., l'escompte a été de 21 fr. 60; pour<br />
360 j., ou 8 fois 45 j., il aurait été de : 21 fr. 60 X 8<br />
= 172 fr. 80; taux de l'escompte: 4 0/0.<br />
3. Le 17 juin, on a présenté à l'escompte un billet<br />
de 3 460 fr., payable le 1 er août, et le banquier a<br />
remis une somme de 3434 fr. 05. Quel est le taux<br />
de l'escompte? (Haute-Marne.) — R. : Escompte<br />
pour 45 j. : 25 fr. 95 ; pour un an : 207 fr. 60 ; taux<br />
de l'escompte : 6 0/0.<br />
Calcul de la date de l'échéance. — REMARQUE. —<br />
Gomme le temps qui reste à couiir depuis le .jour de<br />
l'escompte jusqu'au jour de l'échéance de l'effet dépasse<br />
rarement 90 jours, il est préférable de prendre<br />
comme unité le jour au lieu de l'année. — 1. Un<br />
billet de 355 fr., escompté à 6 0/0, a subi un escompte<br />
de 4 fr. 26 Dans combien de jours était-il payable ?<br />
(Haute-Loire.)— R. : Escompte pour 360 j. : 21 fr.30 ;<br />
temps : 72 jours.<br />
2. Une traite de 150 fr., escomptée à 5 0/0, est<br />
réduite à 148 fr. 50. A combien de mois était son<br />
échéance? (Bouches-du Rhône.) — R. : Escompte<br />
annuel : 7 fr. 50; escompte subi: 1 fr. 50; temps:<br />
72 jours, ou 2 mois 12 jours.<br />
3. Un commerçant fait escompter, le 24 avril, à<br />
4 0/0, un billet de 375 fr. Le banquier lui remet<br />
372 fr Quelle était l'échéance du billet? (Oise.) —<br />
R. : Escompte annuel : 15 fr. ; escompte subi: 3 fr.;<br />
temps : 72 j,, c'est-à-dire le 6 juillet.<br />
4. Sur un billet de 1540 fr., escompté à § 0/0,<br />
un banquier donne, le 25 mai, 1518 fr. 44. Quelle<br />
était la date de l'échéance ? (Cantal.) — R. :<br />
Escompte pour 360 j. : 92 fr. 40; escompte subi :<br />
21 fr. 56; temps: 84 j . ; date de l'échéance: le<br />
17 août.<br />
Calcul de la valeur nominale d'un effet. — A)<br />
CONNAISSANT L'ESCOMPTE. — 1. Quelle est la valeur<br />
nominale d'un billet payable dans 3 mois, sachant<br />
que l'escompte, à 5 0/0, a été de 15 fr. ? (Jura.) —<br />
R. : Escompte annuel: 60 fr. ; valeur nominale du<br />
billet : 1 200 fr.<br />
2. Quel est le montant d'un billet payable dans<br />
40 jours, sur lequel on a retenu 4 fr. 20 d'escompte,<br />
a\i taux de 6 0/0? (Yonne.) — Remarque : les calculs<br />
de ces problèmes devront être effectués mentalement.<br />
— R. : 40 j. étant le 1/9 de 360 j., l'escompte<br />
pour un an aurait été de 4 fr. 20 x 9 = 4 fr. 20 X<br />
10 — 4 fr. 20 = 4'2 fr. — 4 fr. 20 = 37 fr. 80 ; l'escompte<br />
étant les 6/100 du montant du billet, la valeur<br />
nominale de celui-ci sera, par conséquent, égale<br />
aux 100/6 du montant de l'escompte, soit 37 fr. 80<br />
X 100/6 = 3 780 fr., dont le 1/6 = 630 fr.<br />
B ) CONNAISSANT L A VALEUR ACTUELLE. — 1. Pour<br />
un billet payable dans 3 mois, le banquier me remet<br />
792 fr. Quelle est la valeur inscrite sur le billet, l'escompte<br />
étant de 4 0/0? (Nièvre.) — R. : "Valeur<br />
actuelle de 100 fr. : 100 fr. — (4 fr. x 3/1 ou 1/4)<br />
= 99 fr. ; valeur nominale du billet : 792 fr. x 100/99<br />
= 800 fr.<br />
2. Un eflet de commerce, payable dans 45 jours,<br />
est escompté au taux de 5 0/0 par an. Sa valeur<br />
actuelle est 1 351 fr 50 ; on demande quelle est sa<br />
valeur nomin*ie. (Gorrèze.) — R. : Valeur actuelle<br />
de 100 tr. : 99 fr. 375 ; valeur nominale de l'effet :<br />
1 360 fr.<br />
3. Un banquier, a^ant escompté à 3 0/0'un billet<br />
pour la durée comprise entre le 12 juin et le 16 septembre,<br />
a remis au porteur une somme de 1 240 fr.<br />
Quelle est la valeur nominale du billet ? (Côtes-du-<br />
Nord.) — R. : Valeur actuelle de 100 fr. : 99 fr. 20;<br />
valeur nominale du billet: 1 250 fr.<br />
IV- — Notions élémentaires de géométrie<br />
et de système métrique.<br />
Calcul du volume de la sphère. — Rappeler ce<br />
que c'est qu'une sphère (voir Manuel, n° 26) ; comment<br />
on calcule : a) la longueur de sa circonférence ;<br />
b) sa surface; c) son volume. En déduire: surface<br />
de la sphère = 4 (R* x 3,1416) ; volume de la sphère<br />
= surface x le tiers du rayon, ou volume = 4 (R*<br />
4 7i R3<br />
X 3,1416) R/3, ou<br />
EXERCICES ET PROBLÈMES D'APPLICATION. — Calcul<br />
iorit. — 1. Calculer la surface et le volume d'une<br />
sphère dont le diamètre est de 2 dm. — R. : Rayon :<br />
1 dm. ; surface de la sphère : 1 dm ! x (!' X 3,1416)<br />
X 4 = 12 dm 2 5664 ; volume de la sphère : 1 dm» x<br />
12,5664 x 1/3 = 4 dm* 188800.<br />
2. Quel est le volume d'une sphère qui a 1 m. 5708de<br />
circonférence ? — R. : Longueur du diamètre :<br />
0 m. 50 ; rayon : 0 m. 25 ; volume de la sphère : 1 m s<br />
X (0,25 x 0,25 x 3,1416) x 4 x (0,25/3) =<br />
0 m 3 065450.<br />
3. Une boule pleine en cuivre a 1 dm. de rayon.<br />
Quel en est le poids, le décimètre cube de cuivre pesant<br />
8 kg. 79 ? — R. : Volume de la boule en dm» :<br />
4 dm 3 1888; poids de la boule : 8 kg. 79 x 4,1888 =<br />
36 kg. 8195B2.<br />
4. Une boule de fer sphérique a un volume de<br />
523 cm 3 6 ; sachant que le diamètre de cette boule<br />
est de 0 m. 10, quelle est la surface de cette boule<br />
sphérique ? — R. : Rayon : 0 m. 05 ; surface : 1 cm 2<br />
X [(523,6 X 3) : 5] = 314 cm 2 16.<br />
' COURS SUPÉRIEUR = = = = =<br />
I. — Partie générale et théorique.<br />
Leçons de la semaine. — ETU<strong>DE</strong> <strong>DE</strong>S MÉTHO<strong>DE</strong>S COM<br />
MERCIALES POUR LE CALCUL <strong>DE</strong>S INTÉRÊTS ET <strong>DE</strong> L'ESCOMPTE.<br />
— Méthode des nombres et des diviseurs. — Prendre la<br />
formule : I = c(n/36 000. Remarquer que le nombre 3(5 000est<br />
presque toujours un multiple du taux t, on peut donc<br />
simplifier la formule : à 3 0/0 elle devient I = cn/12000 ; à<br />
4 0 0 elle devient I = en/9 000 ; à 4 112 0/0 elle devi ent I =<br />
c»/8000; Â 5 0/0 elle devient I = en/7 200 ; & 6 0/0 elle<br />
devient I = cn/6 000 ; le produit en (capital X nombre de<br />
jour») s'appelle le nombre: le diviseur fixe servant de taux,<br />
s'appelle le diviseur. Pour abréger les calculs, les banquierB<br />
négligent les centimes du capital, suppriment les<br />
deux chiffres à droite du nombre ot les deux zéros de droite<br />
du diviseur: le résultat reste sensiblement le même.<br />
BOR<strong>DE</strong>REAUX D'ESCOMPTE. — Le bordereau d'escompte<br />
est la note détaillée de» effets négoeiés présentés a nn<br />
banquier. Ils doivent comprendre : la valeur nominale de<br />
chaque effet, leur lieu de paiement, les échéances, le nombre<br />
de jours qui reste à courir, ainsi que les nombres si en<br />
emploie la méthode indiquée ci-dessus, les change de place<br />
et les commissions. Remarque : Les banquiers escomptent<br />
rarement des effets ayant pins de 3 mois ou de 90 jours de<br />
date.<br />
MÉTHO<strong>DE</strong> PRATIQUE POUR CALCULBR RAPI<strong>DE</strong>MENT LE NOM"<br />
BRE <strong>DE</strong> JOURS COMPRIS ENTRE <strong>DE</strong>UX DATBS. — Dans le s<br />
questions commerciales et de banque on considère géné"<br />
ralement l'année comme ayant 360 jours, mais le temps de<br />
l'escompte n'excédant jamais de beaucoup 3 ou 6 mois, on<br />
compte exactement le nombre de jours de chaque mois. On<br />
se sert alors du tableau ci-dessous :<br />
du 1 er<br />
janvier<br />
u U<br />
o ©<br />
3 ><br />
t m<br />
~' Y.<br />
l e<br />
au 1 er<br />
mai<br />
^ s<br />
a au 1er<br />
juillet<br />
au 1 er<br />
août<br />
au l* r<br />
septembre<br />
au 1 er<br />
octobre<br />
au 1 er<br />
novembre<br />
au 1 er<br />
décembre<br />
au 1 er<br />
j anvier<br />
— — • •<br />
0 31 59 90 120 151 181 212 243 273 301 334 365<br />
(Pour les années bissextiles, ajouter 1 jour à partir de la<br />
3" colonne). Remarques : 1" si du 1" janvier au 1 er mars, il y<br />
a 59 jours, il y a également 59 jours de n'importe quelle<br />
date de janvier a la même date du mois de mars (du 5 janvier<br />
au 5 mars, du 17 janvier au 17 mars, par ex.) ; 2° du<br />
l ,r avril au 1 er juillet il y a 181 jours — 90 j. = 91 jours ;<br />
3°.si du 1" avril au 1" juillet il y a 91 j., il y a aussi 91 j.<br />
du 12 avril au 12 juillet; du 35 avril au 25 juillet, etc.;<br />
4° du 7 mars au 15 juillet il y a : a) du 7 mars au 7 juillet<br />
181 j. — 59 j. = 122 j ; 6) du 7 juillet au 15 juillet il y a<br />
8 j. ; s) en tout : 130 j. ; d) du 15 mars au 7 juillet il y a :<br />
a) du 15 mars au 15 juillet, 181 j. — 59 j. = 122 j. ; b) du<br />
7 juillet au 15, 8 j. , d'où : du 15 mars au 7 juillet il y a<br />
1*2 j. — 8 j. = 114 jours.<br />
II. — Partie pratique.<br />
Règles d'escompte. — 1. Un commerçant présente<br />
à la négociation les eilets suivants, au taux de<br />
4,5 0/0 le 9 mai :<br />
A R I T H M É T I Q U E : LEMOINE. 160 Leçons d'Arithmét., 2 800 exerc. & problèmes. Ce^; ^Etudes. 1*25
2 340 fr. ( £ l'échéance du<br />
588fr.t 31 mai.<br />
A R I T H M É T I Q U E : C O U R S S U P É R I E U R — H I S T O I R E 555<br />
^ 483 fr l' éc h6ance du<br />
854 fr ! 5 10juin -<br />
INDICATIONS.<br />
Valeurs uomin. Jours. Nombres. Escomptes. Val.actuelles.<br />
2 340 fr. 22 51480 6 fr. 43 2 833 fr. 57<br />
588 fr. 22 12936 1 fr. 62 586 fr. 38<br />
1 285 fr. 32 41120 5 fr. 14 1 279 fr. 86<br />
483 fr. 32 15456 1 fr. 93 481 fr. 07<br />
854 fr. 32 27328 3 fr. 42 850 fr. 58<br />
5550fr. 148320 18fr.54 5 531 fr. 46<br />
Remarques et vérifications : a) La somme des<br />
nombres divisée par le diviseur correspondant au<br />
taux (8 000) donne le total des escomptes ; b) La valeur<br />
nette totale des effets est égale : 1° à la somme<br />
des valeurs actuelles ; 2° à la différence obtenue en<br />
retranchant le total des escomptes du total des valeurs<br />
nominales.<br />
CALCUL DU TAUX. — 2. Trois billets, l'un de 500 fr.<br />
à 49 jours d'échéance; le 2 e de 1224 fr. à 62 jours ;<br />
le 3 e de 915 fr. à 80 jours, sont présentés àl'escompte<br />
par le négociant qui les possède, et on lui paye en<br />
tout 2612 fr. 96; quel est le taux de l'escompte?<br />
(Brev. élém., Dijon.)<br />
INDICATIONS. — Le taux — L'escompte de 1 fr. en<br />
1 jour X Capital qui rapporte autant que 100 fr. en<br />
360 jours (36 000).<br />
L'escompte de 1 fr. en 1 jour = Escompte réel :<br />
Capital qui subirait cet escompte en 1 jour.<br />
a) L'escompte réel =(500 fr. + 1 224 fr. + 915 fr.)<br />
— 2 612 fr. 96 = 26 fr. 04.<br />
b) Le capital qui subirait cet escompte = (500 fr.<br />
X 49) + (1 224 fr. X 62) + (915 fr. x 80) = 173588 fr<br />
c) L'escompte de 1 fr. en 1 jour = 26 fr. 04/173588<br />
Le taux cherché est donc (26 fr. 04/173 588) x<br />
36 000 ou 26 fr. 04 x 36000/173588 = 5 fr. 40 0/0.<br />
Remarque. — Delà solution précédente on déduira<br />
que le taux est égal au produit par 36000 du quotient<br />
obtenu en divisant l'escompte total par la somme<br />
des nombres qui correspondent aux différents billets.<br />
Autre solution: supposer un taux de 1 0/0.<br />
Bordereau d'escompte. — Etablir le bordereau<br />
d'escompte des quatre effets suivants, présentés à<br />
l'escompte le 8 avril.<br />
1° Un billet de 970 fr. payable à Marseille le 23 mai.<br />
2° Un billet de 1 480 fr. payable à Nantes le 28 avril.<br />
3° Un billet de 712 fr. payable à Nantes le 7 juillet.<br />
4° Un billet de 835 fr. payable à Lille le 16 mai.<br />
Le banquier prélève un escompte de 6 0/0 et une<br />
commission de 1/8 0/0. En outre, il retient 1/2 0/0<br />
de change de place pour le 1 er billet et 1/4 0/0 pour<br />
les autres.<br />
BARQUE X . . . , PARIS<br />
SOMMES<br />
910<br />
1.480<br />
712<br />
835<br />
3.997<br />
BOR<strong>DE</strong>REAU des effets présentés à l'escompte par M.<br />
28<br />
12<br />
3.951 4 0<br />
VILLES<br />
Marseille.<br />
Nantes...<br />
Lille.<br />
ÉCHÉANCES<br />
16<br />
Mai ....<br />
Avril...<br />
Juillet...<br />
Mai ....<br />
Escompte 6 0/0 =<br />
Clianaes.<br />
Commission 1/8 0/0.<br />
P a r i s ' u 8 a v r i l ,9 ' T -<br />
NOMBRES<br />
43.650<br />
29.600<br />
64.080<br />
31.730<br />
169.060<br />
/169 060\<br />
V 6000 )<br />
VALEUR AU COMPTANT le 8 Avril.<br />
CHANGES<br />
Taux Prod.<br />
ORRY,<br />
Instituteur.<br />
12 42<br />
HISTOIRE<br />
POUR LES TROIS COURS.<br />
Bismarck.<br />
Bismarck était le ministre du roi de Prusse, Guillaume<br />
I er . Il avait pour son pays et pour son roi de<br />
grandes ambitions : il voulait réunir en un vaste<br />
empire les quarante Etats qui composaient l'Allemagne,<br />
et faire au roi de Prusse le chel de cet empire.<br />
Malheureusement, tous les moyens lui étaient<br />
bons pour atteindre ce but, et ceux qu'il employa le<br />
plus souvent furent la ruse et la violence.<br />
Deux pays pouvaient s'opposer aux ambitions de<br />
Bismarck : l'Autriche et la France. Bismarck vint en<br />
France et vit Napoléon III à Biarritz ; souvent il se<br />
promenait avec lui sur la plage, au bord de l'Océan;<br />
il lui fit des promesses trompeuses; il lui laissa espérer<br />
la rive gauche du Rhin s'il consentait à laisser<br />
écraser l'Autriche par la Prusse. L'empereur français<br />
se laissa tromper par le rusé Prussien. 11 ne fit<br />
rien pour empêcher l'Autriche d'être écrasée par la<br />
Prusse de Bismarck. Celui-ci, libre d'un côté, se<br />
tourna alors contre la France et chercha le prétexte<br />
d'une guerre.<br />
L'occasion vint. Il n'y avait plus de roi en Espagne,<br />
et on offrit cette couronne à un parent du roi de<br />
Prusse. La France aurait vu d'un mauvais oeil un<br />
Prussien sur le trône d'Espagne. Elle demanda au<br />
roi de Prusse d'empêcher son cousin d'accepter. Le<br />
roi de Prusse consentit. Mais, avec une in;istance<br />
maladroite,la France fit demander an roi de Prusse,<br />
qui se trouvait dans une ville d'eaux, à Ems, de déclarer<br />
que jamais il ne donnerait son consentement<br />
si son cousin posait encore sa candidature. Le roi<br />
Guillaume I" refusa de prendre cet engagement, et<br />
fit dire à notre ambassadeur qu'il n'avait plus rien à<br />
ajouter concernant cette affaire. Bismarck, qui était<br />
à Berlin, reçut du roi la dépêche lui racontant ces<br />
faits. Avant de la communiquer aux journaux, il la<br />
falsifia, écrivant que « le roi avaii refusé de recevoir<br />
l'ambassadeur français ». Et il fit écrire dans ces<br />
journaux des article» violents, disant que l'ambassadeur<br />
français avait été mis à la porte par l'adjudant<br />
de service, et que c'était une juste punition de son<br />
insolence. Bismarck voulait ainsi irriter les Français<br />
et les amener à déclarer la guerre, car il savait l'armée<br />
française faible et l'armée prussienne archiprête.<br />
Sa fourberie réussit.<br />
La guerre déclarée, Bismarck la conduisit avec<br />
une extrême violence. Son idée était qu'il fallait<br />
« faire le plus de mal possible à la population civile,<br />
pour l'obliger le plus vite possible à demander<br />
la paix. » Idée odieuse à tout homme qui a dans le<br />
cœur quelque sentiment de justice et de générosité !<br />
Idée qui a continué à guider les Allemands dans la<br />
guerre actuelle, et qui a fini par soulever contre eux,<br />
dans un mouvement d'indignation et de dégoût, tout<br />
le monde civilisé. Bismarck déjà ordonnait le sac<br />
des villes, les destructions inutiles et impitoyables<br />
Hestinées à frapper l'ennemi de terreur; il faisait<br />
fusiller sans jugement les simples citoyens qui, sans<br />
être enrôlés dans l'armée régulière, défendaient leur<br />
pays. Il se réjouissait d'affamer Paris assiégé et de<br />
savoir que les petits enfants y mouraient de faim.<br />
Bismarrk fut un homme de talent et un grand patriote.<br />
Son nom n'en reste pas moins odieux à tous<br />
ceux qui détestent la fourberie, l'abus de la force et<br />
qui pensent que dans la guerre même, les cruautés<br />
inutiles, les violences à l'égard des non combattants,<br />
sont indignes des hommes de notre temps.<br />
Le traité<br />
de Francfort et ses conséquences.<br />
a) La France affaiblie. — Le traité qui mit fin à<br />
la euerre de 1870, signé dans une ville d'Allemagne,<br />
à Francfort, entre Thiers et Bismarck, nous imposait<br />
des conditions terribles. Nous devions céder à<br />
l'Allemagne l'Alsace avec Strasbourg et Mulhouse,<br />
toute la partie nord de la Lorraine avec Metz. Thiers<br />
put nous conserver Belfort. Que le colonel Denfert-<br />
HISTOIRE : GAUTHIER et <strong>DE</strong>SCHAMPS, Cours élémentaire d'Histoire de France, u 6 tfbiêaSx rteS ' 60 c.
Sbti HISTOIRE GÉOGRAPHIE<br />
Rochereau avait détendu jusqu'au bout. Nous devions<br />
en outre payer une indemnité, formidable pour<br />
l'époque, de cinq milliards, et il nous fallait subir,<br />
jusqu'à complet paiement de cette somme, la douleur<br />
et l'humiliation de l'occupation du sol fi français par<br />
les Allemands.<br />
Deux millions de nos frères français nous étaient<br />
arrachés; notre frontière de l'Est était ouverte et<br />
Paris plus que jamais menacé ; nos riches régions<br />
industrielles de l'Est se trouvaient à portée des<br />
canons allemands; nos finances étaient épuisées.<br />
C'est l'honneur de la troisième République d'avoir<br />
su relever la France de ses ruines.<br />
b) L'unité allemande constituée. — Le rêve de<br />
Bismarck était réalisé : l'union des Allemands se faisait<br />
sous l'autorité de la Prusse, nation de proie aux<br />
gouvernants sans scrupules. Déjà, le 18 janvier 1871,<br />
dans la Galerie des Glaces de notre palais de Versailles,<br />
le roi Guillaume de Prusse avait reçu des autres souverains<br />
allemands le titre d'empereur. « L'Empire<br />
allemand renaissait, et le sang français cimentait les<br />
fondations de l'édifice. »<br />
Pour fonder définitivement l'unité allemande, l'Alsace-Lorraine<br />
ne fut pas organisée en province prussienne,<br />
mais en Terre de l'Empire, gouvernée par<br />
un représentant de l'Empire au nom de tous les Allemands<br />
.<br />
c) La question d'Alsace-Lorraine toujours posée.<br />
— Mais l'Alsace-Lorraine n'a jamais accepté sa<br />
réunion à l'Allemagne.<br />
Dès le moment où il fut question de céder leur pays<br />
à l'Allemagne, lors de la discussion des préliminaires<br />
de la paix par l'Assemblée de Bordeaux, les représentants<br />
alsaciens-lorrains protestèrent ènergiquement<br />
: « Nous prenons nos concitoyens de France, les<br />
gouvernements et les peuples du monde entier<br />
à témoin que nous tenons d'avance pour nuls et<br />
non avenus tous actes ou traités qui consentiraient<br />
abandon, en faveur de l'étranger, de tout ou partie<br />
de nos provinces de l'Alsace et de la Lorraine. »<br />
Depuis 1871, tous les efforts de l'Allemagne en vue<br />
de germaniser les provinces conquises ont échoué.<br />
Lorsque, en 1874, le gouvernement allemand crut<br />
pouvoir donner aux Alsaciens-Lorrains le droit de se<br />
faire représenter par quinze députés à l'Assemblée de<br />
l'Empire, le Rsichstag, quinze députés protestataires<br />
furent envoyés à Berlin. Ils renouvelèrent solennellement<br />
à la tribune du Rsichstag la protestation de<br />
Bordeaux et quittèrent aussitôt la salle des séances.<br />
Depuis 1871, les Alsaciens-Lorrains ont suivi avec<br />
angoisse le relèvement de la France, espérant toujours<br />
être de nouveau réunis à la mère-patrie. Leur protestation<br />
persistante a toujours fait de l'Empire allemand,<br />
fondé sur la violence et le droit de conquête, un édifice<br />
imparfait.<br />
d) La paix armée imposée à l'Europe. — La<br />
question d'Alsace Lorraine, née de la violation du<br />
droit, a pesé sur toute la politique de l'Europe à la<br />
fin du xi£® siècle et au débat du xx°, « l'Allemagne<br />
maintenant sa conquête et la France maintenant son<br />
droit. »<br />
« La France s'est armée pour être prête à écarter<br />
d'autres attaques. L'Allemagne s'est armée pour garder<br />
sa proie et imposer à jamais aux vaincus le respect<br />
du fait accompli. Elles sont devenues toutes deux<br />
de formidables puissances militaires. Les autres puissances<br />
ont craint d'être faibles en présence de telles<br />
forces; bon gré mal gré, elles se sont armées pour<br />
une querelle qui leur avait été trop indifférente en<br />
1870. Ainsi la question d'Alsace-Lorraine les tenait<br />
toutes sur le pied de guerre. Elle était presque seule<br />
l'origine des armements à outrance, sous le poids<br />
desquels l'Europe pliait et se plaignait. » (DRIAULT<br />
ET MONOD.)<br />
Sila question d'Alsace-Lorraine n'a pas été l'occasion<br />
du conflit actuel, elle en a été une des causes lointaines<br />
et profondes. Elle va se trouver enfin réglée<br />
par la victoire des alliés, et le droit va définitivement<br />
triompher.<br />
GÉOGRAPHIE<br />
COURS ÉLÉMENTAIRE<br />
Les vignes de Bourgogne et de Champagne.<br />
La vigne est une plante frileuse. Elle a besoin,<br />
pour que son fruit mûrisse, d'étés assez chauds, et<br />
surtout d'automnes doux et longs. Elle redoute les<br />
gelées du printemps, qui détruisent en avril ou en<br />
mai ses bourgeons entr'ouverts. C'est donc surtout<br />
une plante du Midi, et nous avons vu déjà qu'elle<br />
fait la richesse du Bordelais et du Languedoc. Comment<br />
se fait-il qu'elle prospère dans des régions situées<br />
plus au nord, et dont l'une même, la Champagne, est<br />
réputée pour avoir des hivers longs et (roids ?<br />
C'est que, en Bourgogne comme en Champagne, la<br />
nature a disposé des coteaux en pente douce, bien<br />
exposés au soleil dont ils ne perdent |jas un rayon,<br />
bien abrités des vents froids du nord et du nord-est.<br />
Le solde ces coteaux n'est pas très riche; il est sec et<br />
pierreux; il ne conviendrait pas à une plante gourmande<br />
comme le blé ou la betterave : c'est la terre<br />
de prédilection de la vigne.<br />
Ces coteaux sont tristes en hiver, lorsque les rangées<br />
de ceps alignent leurs sarments gris, tordus,<br />
noueux. Mais quelle riche parure en été, lorsque la<br />
vigne étale ses larges feuilles vertes 1 Et quelle animation<br />
à l'automne!<br />
Les noms de certains de ces villages bourguignons<br />
sont connus par toute la France, par toute l'Europe,<br />
et même plus loin. C'est que les vins qu'ils produisent<br />
sont uniques au monde parleur légèreté, leur saveur,<br />
leur parfum. Vous nommerai-je quelques-uns de<br />
ces crus célèbres? C'est, dans le Dijonnais, Chambertin,<br />
Vougeot, Pommard; Mercurey dans le Maçonnais,<br />
et Moulin-à-Vent dans le Beaujolais.<br />
En Champagne, on ne pratique pas seulement la<br />
culture de la vigne, mais aussi l'industrie du vin. Les<br />
vins de Champagne ne sont généralement pas vendus<br />
tels qu'ils sont au sortir de la cuve ou du pressoir.<br />
On en fait des vins mousseux en ajoutant au jus du<br />
Eaisin une certaine quantité de sucre candi qui produit<br />
une fermentation et, par suite, du gaz. Mais c'est une<br />
opération très délicate, qui demande un outillage<br />
compliqué, et des ouvriers habiles. Elle est faite, en<br />
général, par des industriels disposant de beaucoup<br />
d'argent, qui achètent les vins de toute une région et<br />
les transforment en Champagne mousseux dans d'immenses<br />
caves creusées dans les coteaux calcaires de<br />
Reims ou d'Epernay. Nos vins de Champagne sont<br />
inimitables. Les Allemands, très ingénieux dans l'art<br />
de la fraude, cherchaient pourtant à les imiter : ils<br />
achetaient même pour cela nos pommes de Normandie.<br />
Ils inondaient le monde de prétendus vins de Champagne<br />
à bon marché : mais je crois qu'ils ne trompaient<br />
personne.<br />
Lorsque, dans leur marche sur Paris, ils arrivèrent<br />
en Champagne, au début de septembre 1914, pensez<br />
avec quel empressement les chefs et les soldats pillards<br />
descendirent dans les caves. Ils burent nombre<br />
de bouteilles. Ils en burent tant que lorsque nos<br />
troupes revinrent victorieuses, après la bataille de<br />
la Marne, elles trouvèrent dans les maisons et les<br />
caves des Allemands ivres ou même ivres-morts, et<br />
firent un grand nombre de prisonniers. Le bon vin de<br />
France avait ces jours-là lutté pour nous.<br />
COURS MOYEN ET COURS SUPÉRIEUR<br />
La vallée de la Saône.<br />
Le couloir formé par la Saône et qui prolonge le<br />
couloir du Rhône est une grande rôute ouverte par<br />
la nature entre le Midi et le nord-est de la France.<br />
Sur lui viennent s'embrancher, par la porte de Bourgogne,<br />
par le seuil de Lorraine, le seuil de Langres,<br />
le seuil de Dijon, le seuil du Charolais, des voies qui<br />
conduisent respectivement en Alsace, en Lorraine,<br />
dans les vallées de la Marne, de la Seine et de la<br />
Loire. C'est donc une grande région de passage, et<br />
la plupart de ses villes importantes (Balfort, Vesoul,<br />
GÉOGRAPHIE : LEMONNIER, ScHRA<strong>DE</strong>Ret GALLOUÉ<strong>DE</strong>C. Cours élément. d^Géo^LPIUE"* 5 1-10
GÉOGRAPHIE — LEÇON <strong>DE</strong> CHOSES<br />
Dijon, Chalon) doivent leur prospérité à leur situation<br />
sur une route de commerce ou i un carrefour.<br />
a) Le milieu physique. — La vallée de la Saône<br />
était jadis occupée par un lac, qui a laissé des dépôts<br />
calcaires, marneux ou sablonneux dans la haute vallée<br />
actuelle de la Saône, dans la plaine de Bourgogne<br />
et dans la Bresse. La partie méridionale fut<br />
par la suite recouverte par un vaste glacier descendu<br />
des Alpes, ce qui a laissé dans la Dombes actuelle<br />
une couche d'argile.<br />
La haute vallée de la Saône (300 à 400 m. d'altititude)<br />
se prolonge par la large porte de Bourgogne<br />
qui livre passage au canal du Rhône au Rhin et au<br />
chemin de fer de Paris à Mulhouse. Par le seuil de<br />
Lorraine (canal de l'Est) et le seuil de Langres (canal<br />
de la Marne à la Saône), elle sej rattache au plateau<br />
lorrain et au bassin parisien. Elle a un climat plutôt<br />
continental, avec des différences très sensibles entre<br />
les hivers rudes et les étés chauds.<br />
La plaine de Bourgogne est dominée à l'est par<br />
les derniers plateaux du Jura, et à l'ouest par le rebord<br />
des coteaux bourguignons (Côte-d'Or). Ces coteaux<br />
d'ailleurs ne constituent pas un obstacle sérieux<br />
pour les communications. Par des seuils faciles, ils<br />
livrent passage à des canaux (de Bourgogne, du<br />
Centre) et des chemins de fer (Paris-Lyon, Dijon-<br />
Moulins) qui conduisent vers Paris et la Loire. Le<br />
climat est plus doux que dans la Haute-Saône : la<br />
chaleur des étés et la douceur des automnes permettent<br />
la culture da maïs et la maturation du r*isin<br />
sur les côtes calcaires bien exposées.<br />
La plaine de Bresse est une sorte de cuvette au<br />
sous-sol peu perméable recouvert d'un riche limon.<br />
La Dombes est recouverte d'un limon argileux imperméable<br />
(apporté jadis par les glaciers) à la surface<br />
duquel les eaux s'accumulent en nappes. Nous<br />
avons déjà parlé des efforts tentés pour augmenter<br />
la salubrité et le rendement de cette région.<br />
Toutes ces régions sont reliées par le sillon fluvial<br />
de la Saône. La Saône, née à 400 m., a une pente<br />
très faible, un débit assez abondant, de fortes crues<br />
déterminées par les pluies d'hiver et les orages d'été.<br />
Elle rend de grands services à la navigation. A<br />
cause de la lenteur de ses eaux, elle gèle facilement,<br />
mais la batellerie ne se trouve arrêtée que pendant<br />
une quinzaine de jours par an.<br />
b) Les ressources. — Au point de vue agricole,<br />
la haute plaine de la Saône et la Dombes argileuse<br />
sont des régions de fertilité médiocre. Les plaines<br />
bourguignonnes et bressanes sont au contraire des<br />
pays riches (vigne sur le versant occidental des hauteurs<br />
de la rire droite de la Saône, blé, betterave,<br />
maïs dans les riches alluvions de la vallée, prairies<br />
d'élevage sur les rives de la rivière).<br />
L'industrie est développée aux deux extrémités du<br />
couloir (usines de Belfort alimentées en combustible<br />
par le petit bassin houiller de Ronchamp, centre industriel<br />
de Lyon), et dans sa partie moyenne (Chalon,<br />
annexe et débouché de la région industrielle du<br />
Creusot).<br />
Le couloir de la Saône est devenu une grande<br />
voie commerciale grâce an. développement de son<br />
réseau navigable (Saône, sur laquelle s'embranchent<br />
les canaux du Centre, de Bourgogne, de la Marne à<br />
la Saône, de l'Est, du Rhône au Rhin) et de son reseau<br />
ferré (grande voie Dijon-Lyon, avec des lignes<br />
transversales vers Nancy, Balfort, Nevers, Moulins,<br />
la Suisse et l'Italie).<br />
c) Les villes — Les régions purement agricoles<br />
se dépeuplent aa profit des centres industriels; la<br />
haute plaine de la Saône et la Dombes sont peu<br />
peuplées; par contre, la population est très dense<br />
dans le territoire de Belfort et le département du<br />
Rhône.<br />
En dehors de Lyon, dont nous avons déjà parlé,<br />
Dijon doit son importance à sa situation, au croisement<br />
de plusieurs grandes voies naturelles; Belfort<br />
et Chalon à leur industrie; Vesoul, Mdcon, Bourg à<br />
leurs marchés agricoles.<br />
J . LECLAIRE,<br />
Inspecteur primaire.<br />
LEÇON <strong>DE</strong> CHOSES<br />
La carpe. — Les poissons.<br />
MATÉRIEL <strong>DE</strong> LA LEÇON. — Planchette et clous (stabilisateur),<br />
fuseau, écailles de poissons, poissons (si<br />
possible), gravures représentant des carpes et d'autres<br />
poissons. Hameçons et lignes.<br />
Premier entretien. — SOMMAIP.E. — La carpe<br />
est un poisson. Rôle de la queue et des nageoires.<br />
Les écailles de la peau. La bouche de la carpe. La.<br />
vessie natatoire. Les branchies. Comment se nourrit<br />
la carpe. La ponte des œufs. Les arêtes.<br />
DÉVELOPPEMENT. — La carpe est un poisson. Elle<br />
vit dans les étangs et dans les rivières dont les eaux<br />
coulent lentement. Malgré son dos arrondi, elle aune<br />
forme qui fait songer à celle d'un fuseau. Sa queue<br />
est terminée par une nageoire verticale qui agit à la<br />
façon d'une godille, rame unique que les marins emploient<br />
à l'arrière de leur bateau. Lorsque le soleil<br />
est brûlant et que des mouches volent à quelque distance<br />
delà surface de l'eau, un brusque coup de queue<br />
permet à la carpe de sauter et de capturer la proie. Des<br />
nageoires sont situées, sur le dos, sous le ventre etsur<br />
les côtés. Elles permettent à la carpe de se maintenir<br />
dans l'eau comme un carton qu'on y plonge<br />
verticalement, et non à plat. Ce sont des stabilisateurs<br />
comparables à deux paires de clous qu'on enfoncerait<br />
dans une planchette pour la faire tenir<br />
debout.<br />
Quand on veut tenir une carpe à la main, on éprouve<br />
de la difficulté. La main glisse. Eh bien I l'eau glisse<br />
de même à la surface de la peau lorsque la carpe<br />
avance dans la rivière. Cette peau est recouverte<br />
d'écaillés qu'on peut détacher facilement en les frottant<br />
à revers avec un couteau. C'est le travail que<br />
fait la cuisinière qui veut préparer un plat de poissons.<br />
En tenant entre les doigts des écailles de carpe,<br />
on sent qu'elles sont minces et résistantes. Elles sont<br />
en os. Elles sont placées partiellement l'une sur<br />
l'autre comme les tuiles d'un toit.<br />
La bouche de la carpe porte des dents qui se ressemblent<br />
toutes. Elles sont soudées, principalement<br />
sur les os des mâchoires. Lorsque la peau de l'animal<br />
est enlevée, on aperçoit les muscles, qui sont très<br />
développés dans la partie voisine de la queue. Grâce<br />
à sa queue, la carpe peut plonger en dirigeant sa tête<br />
vers le bas, ou aller vers la surface de l'eau en la<br />
dirigeant en haut.<br />
Dans l'intérieur du corps, la carpe a un appareil<br />
curieux, une vessie natatoire ouverte, sac rempli<br />
d'air qui augmente ou diminue de volume selon que la<br />
carpe monte ou descend dans l'eau.<br />
La carpe fait constamment des mouvements de la<br />
bouche : elle avale l'eau. Mais n'imaginez pas que<br />
c'est pour la boire. Cette eau avalée sort par deux<br />
fentes situées de chaque côté du corps et qu'on appelle<br />
les ouïes. Lorsqu'une ménagère veut s'assurer de l'état<br />
de fraîcheur d'un poisson, elle soulève les opercules<br />
ou couvercles qui bouchent les ouïes. Si les lamelles<br />
ou branchies qu'elle découvre sont rouges ou rosées,<br />
le poisson est frais; si elles sont noires et si elles<br />
dégagent une mauvaise odeur, le poisson est avarié.<br />
Les branchies, qui ressemblent assez à un peigne,<br />
sont les organes de respiration du poisson. Le poisson,<br />
en effet, n'a pas de poumons. Le sang noir venu des<br />
organes traverse lç cœur et vient se purifier dans les<br />
branchies au contact de l'air dissous dans l'eau. Il<br />
est facile de voir que l'eau contient de l'air : il suffit<br />
de chauffer une petite casserole sur une bougie. Au<br />
bout de quelques instants, les bulles d'air se dégagent<br />
et montent à la surface où elles crèvent.<br />
Un poisson mis dans de l'eau bouillie périrait vite<br />
puisqu'il ne pourrait plus respirer.<br />
Quand on sort un poisson de l'eau, la circulation<br />
de l'eau dans les fentes des branchies se trouve arrêtée<br />
et le poisson meurt asphyxié. Le pêcheur le saii<br />
bien : lorsque sa ligne est trop faible pour soutenir<br />
Cfipiwrpç . p I cnnilY 1 ompendium scientifique, Appareils et produits p' éxé- 1 en I ^ crk<br />
* LCt/uuA, cuter les expér. des 50 leçons de sciences du C r * moyen. France *
LEÇON <strong>DE</strong> CHOSES — POUR LES MÉNAGÈRES<br />
le poisson complètement hors de l'eau, il manœuvre<br />
pour que les ouïes ne remplissent plusieurs fonctions,<br />
et au bout de quelques minutes, le poisson meurt.<br />
Le pêcheur dit qu'il noie le poisson : en réalité, il le<br />
noie dans l'air.<br />
La carpe se nourrit de yers, de graines, de larves<br />
et d'insectes. Elle croît très rapidement. Vers l'âge<br />
de cinq ans, une carpe pèse deux kilogrammes environ.<br />
Des pêcheurs en ont pris qui pesaient de six à<br />
dix kilogrammes, et même davantage. Elles ont de<br />
nombreux ennemis, surtout quand elles sont jeunes.<br />
Le brochet les attaque alors et les dévore.<br />
Les carpes se multiplient d'une manière étonnante.<br />
Les femelles pondent des milliers d J œufs(plus de deux<br />
cent mille), qu'elles déposent à la belle saison, en<br />
avril ou en mai, dans les eniroits remplis d'herbes<br />
et de roseaux, et à l'écart des courants.<br />
Les arêtes de la carpe sont résistantes : ce sont des<br />
os. On dit que la carpe est un poisson osseux.<br />
Au contraire, quand vous mangerez delà raie, vous<br />
trouverez que les arêtes sont molles, comme du cartilage<br />
de veau.<br />
Deuxième entretien. — SOMMAIRE ET INDICATIONS.<br />
— On pêche les poissons dans les rivières et dans la<br />
mer. Les grandes pêches ont pour but la capture de<br />
la morue, du hareng, des sardines, des anchois, des<br />
maquereaux. Elles enrichissent la Hollande.<br />
La France prend part aussi à. la grande pêche arec<br />
les marins de Dunkerque, de Boulogne, de Fécamp,<br />
de Saint-Malo et de Granville. La pêche à la morue<br />
a lieu sur le banc de Terre-Neuve, pendant la saison<br />
d'été.<br />
Les lignes sont amorcées avec des intestins de<br />
morue. On prépare les morues à bord des navires dé<br />
pêche. Les têtes servent à la nourriture des pêcheurs;<br />
le ioie est mis de côté pour la fabrication de l'huile.<br />
Les morues sont ensuite couvertes de sel et rangées<br />
dans des tonneaux : on les appelle alors des morues<br />
vertes. Elles sont ensuite séchèes au soleil et vendues<br />
aux épiciers.<br />
Les harengs sont des poissons qui èmigrent. Ils<br />
semblent venir des mers du Nord pour pénétrer ensuite<br />
dans la Manche et l'Atlantique. Certains savants<br />
prétendent que les harengs n'émigrent pas. Dans les<br />
temps ordinaires, ils habiteraient les grandes profondeurs<br />
de la mer, puis, à l'époque de la ponte, remonteraient<br />
à la surface. On vend des harengs frais, des<br />
harengs salés et des harengs fumés (harengs saurs).<br />
Les sardines se pèchent sur les côtes de Bretagne<br />
etd'Espagne. On les prépare à l'huile pour les conserver.<br />
Les anchois de Provence soat préparés comme<br />
les sardines. — Pour compenser les 1 causes de destruction<br />
des poissons, on a imaginé la pisciculture<br />
(surveillance des œufs, de l'èclosion, et de l'alimentation<br />
des alevins). — Sur nos marchés, on trouve<br />
des perches, poissons carnassiers à couleurs brillantes,<br />
des bars ou loups de mer; des dorades, des rougets<br />
aux couleurs rouges et roses : ils portent à leur mâchoire<br />
inférieure deux barbillons qui sont des organes<br />
de toucher; des thons : ils peuvent atteindre trois<br />
mètres; des colins, des merlans, dont la chair peu<br />
coûteuse est estimée. Ou trouve aussi des poissons<br />
plats : les soles, qui vivent sur les fonds sablonneux<br />
ou vaseux, tournant vers lehautleur côté coloré pour<br />
être confondues avec le sable; leur tête est déformée,<br />
l'oeil gauche est venu du côté droit. Les plies et les<br />
limandes ressemblent à la sole, quant à la forme du<br />
corps; leur chair est moins estimée. — Les anguilles<br />
ont leur corps très allongé; elles sont capables de<br />
ramper dans les herbes hors de l'eau. A cause de leurs<br />
ouïes étroites, leurs branchies ne se dessèchent pas,<br />
et l'air atmosphérique suffit à leur respiration. Les<br />
anguilles vont pondre dans la mer. — Parmi les poissons<br />
dont les arêtes sont en cartilage, il faut citer<br />
les esturgeons, les requins à bouche ventrale (très<br />
voraces et très redoutables), les raies qui vivent à<br />
demi cachées dans le sable du fond de la mer.<br />
R . BEAUCOURT,<br />
Directeur d'école.<br />
POUR<br />
LÉS MÉNAGÈRES ET POUR LES MAMANS<br />
La toilette de Bébé. — Le bain.<br />
Bébé repose dans sa blanche couchette. Tout à<br />
l'heure un gazouillement appellera Maman et lui dira :<br />
« Viens, je suis éveillé, j'ai besoin de ta chère présence.<br />
* Si elle n'accourt pas, des gémissements,<br />
puis des cris viendront lui dire : « Pourquoi me faistu<br />
attendre, je suis mal à mon aise dans mes langes<br />
mouillés. »<br />
« Patience, Bébé, Maman fait chauffer le bain;<br />
malgré la pénurie de combustible elle n'a pas voulu<br />
te priver de ce qui est pour toi un élément de bienêtre<br />
et de santé. » On économisera sur le chauffage<br />
général, on utilisera l'auto-cuiseur, on se privera soimême<br />
de bains, s'il est nécessaire, mais Bébé ne sera<br />
pas sacifié. Il faut que sa petite peau soit toujours<br />
en parfait état afin que ses fonctions s'accomplissent<br />
sans entraves: la transpiration n'est-elle pas le régulateur<br />
de la circulation et, partant, de la digestion?<br />
« Et vois combien elle t'aime, ta petite mère!<br />
Ses occupations l'appellent au dehors, elle dispose de<br />
peu de temps le matin et pourtant elle ne veut confier<br />
le soin de ta toilette à personne, pas même àtabonne<br />
grand'mère tendre et expérimentée. Non, non, elle<br />
se sent responsable de ta santé. Et puis, tu es son<br />
trésor, elle est avare de tes sourires! »<br />
Tout est prêt. La baignoire bien nette vient de^ recevoir<br />
l'eau dans laquelle le thermomètre accuse 37°.<br />
Voici le linge chaud : serviettes, chemise, couches ;<br />
voici le lange de laine, la brassière et la robe; ici,<br />
plus près, le savon, l'ouate, les éponges, la poudre,<br />
les épingles et la cuvette. « Venez, Bébé mignon 1 »<br />
Il est bien salel Enlevons ces couches souillées, non<br />
sans avoir consulté l'état de leur contenu : c'est le<br />
baromètre de la santé de notre chéri. Nettoyons la<br />
souillure du petit corps avec cette éponge spéciale<br />
trempée dans la cuvette et non dans la baignoire.<br />
Maintenant, déshabillons Bébé, glissons notre main<br />
gauche en gouttière sous son petit dos et son cou,<br />
avec notre main droite soutenons les petites cuisses<br />
par-dessous en les rapprochant l'une de l'autre : le<br />
voilà dans son bain. Abandonnons les cuisses sans<br />
déranger notre main gauche et débarbouillons.D'abord<br />
un tampon d'ouate pour la toilette de la petite frimousse<br />
: Bébé fait la grimace! Un autre pour les<br />
parties délicates du bas-ventre. Maintenant, pour la<br />
tête, cette éponge fine imprégnée d'un savon spécial,<br />
peu mordant. Rinçons bien, nous ne voudrions pas<br />
que notre enfant ait l'affreux « toquet ». Il reste à<br />
faire l'ablution générale avec une éponge plus volumineuse<br />
et le même savon. Nous sortons Bébé du<br />
bain avec les mêmes précautions que nous avons<br />
prises pour l'y mettre. Vite, enveloppons-le dans une<br />
serviette bien chaude avec laquelle nous frictionnons<br />
légèrement la tête et le dos. Essuyons minutieusement,<br />
puis avec une flanelle, faisons une friction à<br />
l'eau de Cologne, sur le dos et la poitrine. Voyez<br />
comme Bébé se détend. Un peu de poudre de lycopode<br />
dans les replis grassouillets, aux cuisses, à<br />
l'aisselle, au cou. Vite, passons la chemise chaude<br />
sur laquelle nous avons enfilé à l'avance brassière de<br />
laine et brassière de piqué. Garnissons le petit<br />
ventre de sa bande de flanelle. Serrons convenablement<br />
le petit corps au moyen du corselet de molleton<br />
destiné à soutenir l'emmaillotage.<br />
C'est le moment de tendre Bébé pour lui donner<br />
de bonnes habitudes et économiser le linge. Maintenant,<br />
fixons sur le corselet une couche bien chaude,<br />
plièe en pointes. Nous tournerons nne pointe autour<br />
de chaque cuisse et nou» passerons la troisième entre<br />
les petites jambes. Epinglons le piqué préservateur,<br />
boutonnons le lange de laine sur le corselet et replionsle<br />
sans aucun souci de maintenir les petites jambes.<br />
Une robe coquette, un bavoir. Mais Bébé a soif :<br />
« Vite, petite mère, le doux festin. » M. BOUTIER,<br />
Institutrice.<br />
GYMNASTIQUE : Manuel d'exercices physiques et de jeux scolaires 1.50
<strong>DE</strong>SSIN<br />
Elément naturel. — Le cyclamen. — Cette<br />
plante est fort commune dans les pays de montagnes.<br />
Au printemps, on la trouve à bas prix chez tous les<br />
fleuristes. La feuille, le bourgeon, la fleur sont fort<br />
intéressants à. interpréter. Au cours élémentaire,<br />
on dessinera séparément les différents organes ; dans<br />
la classe de préparation au certificat d'études, ils<br />
pourront être groupés, comme dans la fig. 1.<br />
Objet. — Le bol (fig. 2). — Dessiner de mémoire<br />
un bol placé au-dessous de la ligne d'horizon et décorez<br />
le à votre goût. (C. E., 1916). Nous (Conseillons<br />
<strong>DE</strong>SSIN<br />
de prendre comme motifs de décoration des élémen<br />
végétaux, stylisés très simplement. Par exemple, le<br />
trèfle (fig. 3).<br />
Croquis (fig. 4). — Tracer, à main levée, le géométral<br />
d'un bol: élévation, plan, coupe. Conserver<br />
l'axe et les lignes de rappel. (C. E., adultes, 1917).<br />
a:£/evat/on<br />
renverse<br />
G '• J9em/- coupe<br />
verf/à/e<br />
Arrangements décoratifs, au cours élémentaire.<br />
— i° Décorer un rectangle de 16 cm. de large sur<br />
24 cm. de hauteur, au moyen d'éléments disposés<br />
comme dans la fig. 5. Peindre en trois couleurs/ondamentales<br />
(jaune, rouge, bleu).<br />
2° Décorer un carré de 20 cm. de côté au moyen<br />
d'éléments disposés comme dans la fig. 6. Peindre<br />
en trois couleurs.<br />
Les travaux préparatoires — tracé du quadrilatère<br />
indiqué, division en carrés de 4 cm. de côté, tracé<br />
des lignes de construction — pourront être exécutés<br />
avec l'aide de la règle et du double-décimètre.<br />
F. MICHARD,<br />
Directeur d'école primaire.<br />
<strong>DE</strong>SSIN : G. QuÉNIOUX et LàCAZE, Le Dessin à l'École primaire. Certificat d'étndes . . 1.25<br />
• î
LA LECTURE OU SAMEDI<br />
Premières trouvailles.<br />
Voua connaissez notro grand entomologiste Fabre ? Vous<br />
avez lu ici môme quelques-unes des si curieuses histoires<br />
d'insectes qu'il nous, a contées dans ses livres. Dès sa plus<br />
tendre enfance, il avait le goût et le don do l'observation.<br />
A cinq ans, 11 commence à découvrir, tout seul, le monde<br />
qui l'entoure.<br />
Un jour, les mains derrière le dos, me voilà, marmot<br />
pensif, tourné vers le soleil. L'éblouissante<br />
splendeur me fascine. Je suis_la phalène attirée par<br />
la clarté de la lampe. Est-ce avec la bouche, est-ce<br />
avec les yeux que je jouis de la radieuse gloire?<br />
Telle est la question de ma curiosité scientifique<br />
naissante. Lecteur, ne souriez pas : le futur observateur<br />
déjà, s'exerce, expérimente. J'ouvre toute grande<br />
la bouche et je ferme les yeux. La gloire disparaît.<br />
J'ouvre les yeux et je ferme la bouche. La gloire<br />
reparaît. Je recommence. Même résultat. C'est fait:<br />
je sais pertinemment que je vois le soleil avec les<br />
yeux. Oh 1 la belle trouvaille 1 Le soir, j'en fis part<br />
à la maisonnée. La grand'mère sourit tendrement de<br />
ma naïveté ; les autres s'en moquèrent. Ainsi va le<br />
monde.<br />
Autre dècouyerte. A la tombée delà nuit, aumilieu<br />
des broussailles du voisinage, certain cliquetis attirait<br />
mon attention, sonnant très faible et très doux dans<br />
le silence du soir. Qui bruit de la sorte? Est-ce un<br />
oisillon qui pépie dans son nid? C'est à voir, et au<br />
plus vite. Il y a bien le loup, à cette heure sorti des<br />
bois, m'a-t-il été dit; allons tout de même, mais pas<br />
loin, rien que là, derrière ce fourré de genêts.<br />
Longtemps je faisle gnet, mais en vain. Au moindre<br />
bruit des broussailles ébranlées, le cliquetis cesse.<br />
Le lendemain je recommence, et le surlendemain.<br />
Cette fois, mon tenace affût réussit. Pafl la main est<br />
lancée; je tiens le chanteur. Ce n'est pas un oiseau,<br />
•c'est une sorte de sauterelle... Dès maintenant, je<br />
sais, par observation, que les sauterelles chantent. Ma<br />
découverte ne fut pas divulguée, crainte de risée,<br />
comme m'en avait valu mon histoire du soleil.<br />
Ohl les belles fleurs qu'il y a là, dans un champ,<br />
tout à côté de la maisonl Elles semblent me sourire<br />
de leur grand œil violet. Plus tard, à.leur place, je<br />
70is des bouquets de grosses cerises rouges. J'y<br />
goûte : c'est mauvais, et de plus il n'y a pas de noyau.<br />
Que peuvent être ces cerises? Sur la fin delà saison,<br />
le grand-père vient avec une bâche bouleverser mon<br />
LA LECTURE DU SAMEDI<br />
champ d'ooservaùon. 11 bOi t ae dessous leri e, par<br />
corbeilles et par sacs, une sorte de racine blonde.<br />
L'objet m'est connu; il abonde à la maison. C'est la<br />
pomme de terre. Pour toujours prennent place en<br />
ma mémoire sa fleur violette et son fruit rouge.<br />
L'œil toujours en éveil sur la bête et sur la plante,<br />
ainsi s'exerçait tout seul, sans y prendre garde, le<br />
futur observateur, marmouset, de six ans.<br />
(J.-.H. FABRE. — Souvenirs entomologiques,<br />
Delagrave.)<br />
Un grenadier.<br />
C'est le 16 mars 1917, à la 2° compagnie du 89 e régiment<br />
d'infanterie, après dix heuresde bombardement...<br />
L'élément du nord de la tranchée, isolé par les<br />
éboulements, est tenu par une escouade de grenadiers,<br />
sous les ordres du caporal Mirloup.<br />
Mirloup avait reçu, dès le début, un éclat à la<br />
jambe droite. Mais, sachant parfaitement ce que signifiait<br />
cette débauche de projectiles, il était resté.<br />
— Caporal 1 Voulez-vous que je vous mène au<br />
-poste de secours ?<br />
— Nonl Aidez-moi à mettre mon pansement I...<br />
Les Boches vont sortir, il faut les recevoir !<br />
A dix-huit heures, le feu de l'artillerie s'arrête. Il<br />
ne fait plus qu'un faible jour C'est le moment des<br />
coups de main. Les habits feldgrau montent sur la<br />
plaine. Mirloup les laisse s'avancer : » Aux grenades,<br />
les amis !... »<br />
Rraccl... Une succession d'explosions... Une<br />
épaisse fumée. Les Fritz rentrent dans leur trou. Ils<br />
en ressorttent bientôt plus nombreux. Même jeu.<br />
Alors, de la tranchée allemande, on voit des fusées<br />
monter dans le ciel et épanouir leurs gerbes étincelantes.<br />
Les 77 tombent sur notre vaillante petite troupe.<br />
Mirloup reçoit un nouvel éclat, cette fois à la jambe<br />
gauche. Il sent couler le sang chaud. Comment faire<br />
une ligature ? Plus de pansement. Et puis il est nuit<br />
noire. Impossible de voir ce qu'on fait. Et puis...<br />
l'ennemi revient.<br />
— Le plus grave, raconte Mirloup, c'est que je ne<br />
pouvais plus me tenir debout. Alors, je me suis assis<br />
sur un coin de banquette, adossé au merlon, une<br />
caisse de grenades devant moi. Et comme les Boches<br />
approchaient, je me suis mis à. passer les grenades<br />
aux camarades, toutes prêtes à être frappées et<br />
«balancées»... {L'Événement).<br />
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