MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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Sbti HISTOIRE GÉOGRAPHIE<br />
Rochereau avait détendu jusqu'au bout. Nous devions<br />
en outre payer une indemnité, formidable pour<br />
l'époque, de cinq milliards, et il nous fallait subir,<br />
jusqu'à complet paiement de cette somme, la douleur<br />
et l'humiliation de l'occupation du sol fi français par<br />
les Allemands.<br />
Deux millions de nos frères français nous étaient<br />
arrachés; notre frontière de l'Est était ouverte et<br />
Paris plus que jamais menacé ; nos riches régions<br />
industrielles de l'Est se trouvaient à portée des<br />
canons allemands; nos finances étaient épuisées.<br />
C'est l'honneur de la troisième République d'avoir<br />
su relever la France de ses ruines.<br />
b) L'unité allemande constituée. — Le rêve de<br />
Bismarck était réalisé : l'union des Allemands se faisait<br />
sous l'autorité de la Prusse, nation de proie aux<br />
gouvernants sans scrupules. Déjà, le 18 janvier 1871,<br />
dans la Galerie des Glaces de notre palais de Versailles,<br />
le roi Guillaume de Prusse avait reçu des autres souverains<br />
allemands le titre d'empereur. « L'Empire<br />
allemand renaissait, et le sang français cimentait les<br />
fondations de l'édifice. »<br />
Pour fonder définitivement l'unité allemande, l'Alsace-Lorraine<br />
ne fut pas organisée en province prussienne,<br />
mais en Terre de l'Empire, gouvernée par<br />
un représentant de l'Empire au nom de tous les Allemands<br />
.<br />
c) La question d'Alsace-Lorraine toujours posée.<br />
— Mais l'Alsace-Lorraine n'a jamais accepté sa<br />
réunion à l'Allemagne.<br />
Dès le moment où il fut question de céder leur pays<br />
à l'Allemagne, lors de la discussion des préliminaires<br />
de la paix par l'Assemblée de Bordeaux, les représentants<br />
alsaciens-lorrains protestèrent ènergiquement<br />
: « Nous prenons nos concitoyens de France, les<br />
gouvernements et les peuples du monde entier<br />
à témoin que nous tenons d'avance pour nuls et<br />
non avenus tous actes ou traités qui consentiraient<br />
abandon, en faveur de l'étranger, de tout ou partie<br />
de nos provinces de l'Alsace et de la Lorraine. »<br />
Depuis 1871, tous les efforts de l'Allemagne en vue<br />
de germaniser les provinces conquises ont échoué.<br />
Lorsque, en 1874, le gouvernement allemand crut<br />
pouvoir donner aux Alsaciens-Lorrains le droit de se<br />
faire représenter par quinze députés à l'Assemblée de<br />
l'Empire, le Rsichstag, quinze députés protestataires<br />
furent envoyés à Berlin. Ils renouvelèrent solennellement<br />
à la tribune du Rsichstag la protestation de<br />
Bordeaux et quittèrent aussitôt la salle des séances.<br />
Depuis 1871, les Alsaciens-Lorrains ont suivi avec<br />
angoisse le relèvement de la France, espérant toujours<br />
être de nouveau réunis à la mère-patrie. Leur protestation<br />
persistante a toujours fait de l'Empire allemand,<br />
fondé sur la violence et le droit de conquête, un édifice<br />
imparfait.<br />
d) La paix armée imposée à l'Europe. — La<br />
question d'Alsace Lorraine, née de la violation du<br />
droit, a pesé sur toute la politique de l'Europe à la<br />
fin du xi£® siècle et au débat du xx°, « l'Allemagne<br />
maintenant sa conquête et la France maintenant son<br />
droit. »<br />
« La France s'est armée pour être prête à écarter<br />
d'autres attaques. L'Allemagne s'est armée pour garder<br />
sa proie et imposer à jamais aux vaincus le respect<br />
du fait accompli. Elles sont devenues toutes deux<br />
de formidables puissances militaires. Les autres puissances<br />
ont craint d'être faibles en présence de telles<br />
forces; bon gré mal gré, elles se sont armées pour<br />
une querelle qui leur avait été trop indifférente en<br />
1870. Ainsi la question d'Alsace-Lorraine les tenait<br />
toutes sur le pied de guerre. Elle était presque seule<br />
l'origine des armements à outrance, sous le poids<br />
desquels l'Europe pliait et se plaignait. » (DRIAULT<br />
ET MONOD.)<br />
Sila question d'Alsace-Lorraine n'a pas été l'occasion<br />
du conflit actuel, elle en a été une des causes lointaines<br />
et profondes. Elle va se trouver enfin réglée<br />
par la victoire des alliés, et le droit va définitivement<br />
triompher.<br />
GÉOGRAPHIE<br />
COURS ÉLÉMENTAIRE<br />
Les vignes de Bourgogne et de Champagne.<br />
La vigne est une plante frileuse. Elle a besoin,<br />
pour que son fruit mûrisse, d'étés assez chauds, et<br />
surtout d'automnes doux et longs. Elle redoute les<br />
gelées du printemps, qui détruisent en avril ou en<br />
mai ses bourgeons entr'ouverts. C'est donc surtout<br />
une plante du Midi, et nous avons vu déjà qu'elle<br />
fait la richesse du Bordelais et du Languedoc. Comment<br />
se fait-il qu'elle prospère dans des régions situées<br />
plus au nord, et dont l'une même, la Champagne, est<br />
réputée pour avoir des hivers longs et (roids ?<br />
C'est que, en Bourgogne comme en Champagne, la<br />
nature a disposé des coteaux en pente douce, bien<br />
exposés au soleil dont ils ne perdent |jas un rayon,<br />
bien abrités des vents froids du nord et du nord-est.<br />
Le solde ces coteaux n'est pas très riche; il est sec et<br />
pierreux; il ne conviendrait pas à une plante gourmande<br />
comme le blé ou la betterave : c'est la terre<br />
de prédilection de la vigne.<br />
Ces coteaux sont tristes en hiver, lorsque les rangées<br />
de ceps alignent leurs sarments gris, tordus,<br />
noueux. Mais quelle riche parure en été, lorsque la<br />
vigne étale ses larges feuilles vertes 1 Et quelle animation<br />
à l'automne!<br />
Les noms de certains de ces villages bourguignons<br />
sont connus par toute la France, par toute l'Europe,<br />
et même plus loin. C'est que les vins qu'ils produisent<br />
sont uniques au monde parleur légèreté, leur saveur,<br />
leur parfum. Vous nommerai-je quelques-uns de<br />
ces crus célèbres? C'est, dans le Dijonnais, Chambertin,<br />
Vougeot, Pommard; Mercurey dans le Maçonnais,<br />
et Moulin-à-Vent dans le Beaujolais.<br />
En Champagne, on ne pratique pas seulement la<br />
culture de la vigne, mais aussi l'industrie du vin. Les<br />
vins de Champagne ne sont généralement pas vendus<br />
tels qu'ils sont au sortir de la cuve ou du pressoir.<br />
On en fait des vins mousseux en ajoutant au jus du<br />
Eaisin une certaine quantité de sucre candi qui produit<br />
une fermentation et, par suite, du gaz. Mais c'est une<br />
opération très délicate, qui demande un outillage<br />
compliqué, et des ouvriers habiles. Elle est faite, en<br />
général, par des industriels disposant de beaucoup<br />
d'argent, qui achètent les vins de toute une région et<br />
les transforment en Champagne mousseux dans d'immenses<br />
caves creusées dans les coteaux calcaires de<br />
Reims ou d'Epernay. Nos vins de Champagne sont<br />
inimitables. Les Allemands, très ingénieux dans l'art<br />
de la fraude, cherchaient pourtant à les imiter : ils<br />
achetaient même pour cela nos pommes de Normandie.<br />
Ils inondaient le monde de prétendus vins de Champagne<br />
à bon marché : mais je crois qu'ils ne trompaient<br />
personne.<br />
Lorsque, dans leur marche sur Paris, ils arrivèrent<br />
en Champagne, au début de septembre 1914, pensez<br />
avec quel empressement les chefs et les soldats pillards<br />
descendirent dans les caves. Ils burent nombre<br />
de bouteilles. Ils en burent tant que lorsque nos<br />
troupes revinrent victorieuses, après la bataille de<br />
la Marne, elles trouvèrent dans les maisons et les<br />
caves des Allemands ivres ou même ivres-morts, et<br />
firent un grand nombre de prisonniers. Le bon vin de<br />
France avait ces jours-là lutté pour nous.<br />
COURS MOYEN ET COURS SUPÉRIEUR<br />
La vallée de la Saône.<br />
Le couloir formé par la Saône et qui prolonge le<br />
couloir du Rhône est une grande rôute ouverte par<br />
la nature entre le Midi et le nord-est de la France.<br />
Sur lui viennent s'embrancher, par la porte de Bourgogne,<br />
par le seuil de Lorraine, le seuil de Langres,<br />
le seuil de Dijon, le seuil du Charolais, des voies qui<br />
conduisent respectivement en Alsace, en Lorraine,<br />
dans les vallées de la Marne, de la Seine et de la<br />
Loire. C'est donc une grande région de passage, et<br />
la plupart de ses villes importantes (Balfort, Vesoul,<br />
GÉOGRAPHIE : LEMONNIER, ScHRA<strong>DE</strong>Ret GALLOUÉ<strong>DE</strong>C. Cours élément. d^Géo^LPIUE"* 5 1-10