MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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même temps que les uns s'occuperont de labourer, de<br />
semer, de cultiver, de récolter, d'élever des troupeaux,<br />
d'autres construiront des maisons, d'autres<br />
fabriqueront les meubles, les instruments, les machines,<br />
les outils nécessaires aux divers métiers,<br />
d'autres s'occuperont de faire venir de loin les produits<br />
qui manquent à la contrée ou d'envoyer au loin<br />
ceux qu'elle a en surnombre.<br />
Quels siècles de travail il a fallu pour arriver à<br />
cette organisation dont nous bénéficions aujourd'hui!<br />
Mais l'effort passé vous dispênse-t-il de travailler<br />
vous-mêmes?<br />
Supposez que vous sortiez d'ici sans rien savoir,<br />
que, plus tard, vous n'appreniez pas un métier. Vous<br />
voilà dans la vie : vous ne savez ni lire, ni écrire,<br />
ni compter, dans une société où tout le monde sait<br />
lire, écrire, compter ; vous ne savez pas de métier,<br />
dans une société où, seuls, gagnent leur vie, ceux<br />
qui connaissent bien une profession.<br />
[Inciter les enfants à comparer eux-mêmes<br />
la condition de l'illettré à, celle de l'homme qui<br />
a profité de son temps d'école, la condition du<br />
manœuvre à celle de l'homme qui sait un<br />
métier.]<br />
Et si, sachant un métier, vous ne l'exercez pas,<br />
qu'arrive-t-il ? Que vous n'avez rien à échanger contre<br />
le produit du travail des autres, que vous ne gagnez<br />
pas votre vie:<br />
Je gagne ma vie, cela veut dire: je travaille et mon<br />
travail est assez utile à la société pour .qu'elle doive,<br />
en retour, me donner ce dont j'ai besoin pour vivre<br />
et faire vivre les miens. J'ai gagné (c'est-à-dire j'ai<br />
mérité et j'ai reçu, comme salaire dû en échange de<br />
mon travail), une somme suffisante pour entretenir<br />
ma vie et celle de ma famille.<br />
Voilà, mes enfants,ce qu'est le travail. Vous comprenez<br />
maintenant pourquoi, quelle que soit sa profession,<br />
l'homme qui travaille est honoré. Il apporte<br />
sa part dans l'effort commun, il rend à la société les<br />
services qu'il en reçoit, au lieu de recevoir d'elle<br />
sans rien apporter en échange.<br />
[Interroger des élèves qui diront aisément<br />
en quoi fait œuvre utile, un agriculteur, un<br />
menuisier, un médecin, un ingénieur, etc.]<br />
Le travail apporte encore d'autres récompenses.<br />
Il donne le goût du métier, parce qu'il donne l'habileté.<br />
Un métier qu'on connaît bien s'exerce avec<br />
plaisir. Outre qu'il assure à l'homme une vie plus<br />
aisée, une maison où l'ordre règne, ou rien n'est<br />
négligé, il développe en lui l'intelligence, la volonté,<br />
le sens pratique. Il est, en un mot, pour l'individu,<br />
le plus sûr artisan du bonheur. Et il est en même<br />
temps le lien de la société tout entière. Il n'y a pas<br />
de société civilisée sans le travail. Et la société est<br />
d'autant plus civilisée que le travail y est mieux<br />
organisé, plus judicieusement divisé, plus équitablement<br />
rémunéré.<br />
Résumé. — 1. Le travail est la loi naturelle de<br />
l'homme. Nous ne pouvons pas nous passer d'activité.<br />
2. Sans le travail, pas de bonheur pour l'homme.<br />
3. Sans le travail, pas de société possible.<br />
4. Tout travail est honorable. Il représente un service<br />
rendu à la société en même temps qu'il permet<br />
à l'homme de gagner sa vie et développe ce qu'il y a<br />
de meilleur en lui.<br />
Questions. — Est-ce une punition que le travail?<br />
Les hommes peuvent-ils vivre sans travailler ?<br />
Montrer que toate valeur, toute richesse, est un<br />
produit du travail ?<br />
Qu'entendez-vous par ces mots : tout travail est<br />
honorable ?<br />
A-t-on le droit de mépriier un genre quelconque<br />
de travail produisant des objets utiles à la société ?<br />
Par le travail, quelles qualités acquiert-on ?<br />
ÉDUCATION MORALE 547<br />
Le fardeau de la paresse.<br />
Gagner ta vie, avoir une tâche, accomplir un devoir,<br />
tu ne veux pas 1 Etre comme les autres, cela<br />
t'ennuie ! Eh bien 1 tu seras autrement. Le travail<br />
est la loi ; tu ne veux pas être ouvrier, tu seras esclave.<br />
Le travail ne vous lâche d'un côté que pour<br />
vous reprendre de l'autre. Ah I tu n'as pas voulu de<br />
la lassitude honnête des hommes, tu vas avoir la<br />
sueur des damnés ; où les autres chantent, tu râleras.<br />
Tu verras de loin, d'en bas, les autres hommes<br />
travailler; il te semblera qu'ils se reposent. Le<br />
laboureur, le moissonneur, le matelot, le forgeron,<br />
t'apparaîtront dans la lumière comme les bienheureux<br />
d'un paradis. Toi, paresseux, pioche, traîne,<br />
roule, marche. Tire ton licou, te voilà bête de somme.<br />
Ah 1 ne rien faire, c'était là ton but. Eh bien! pas<br />
une semaine, pas une journée, pas une heure sans<br />
accablement. Tu ne pourras rien soulever qu'avec<br />
angoisse. Ce qui sera plume pour les autre» sera<br />
pour toi rocher. Les choses les plus simples s'escarperont,<br />
la vie se fera monstre autour de toi. Ah!<br />
aie pitié de toi-même, misérable enfant. Je t'en<br />
conjure, écoute moi. Crois-moi, n'entreprends pas<br />
cette pénible besogne d'être un paresseux.<br />
V . HUGO. — (Les Misérables.)<br />
Hetzel, édit.<br />
La loi du travail.<br />
Que tu fasses une chose ou une autre, que tu sois<br />
avocat, médecin, artiste, ingénieur, caissier, employé,<br />
commerçant, cultivateur, ouvrier, le premier de tous<br />
les devoirs envers ton pays comme envers toi-même,<br />
c'est de travailler. Qu'on le fasse de ses mains ou de<br />
son cerveau, il faut que tout le monde travaille ; et<br />
ceux qui travaillent de leurs mains ne sont pas toujours<br />
ceux qui besognent le plus rudement.<br />
Tous les travailleurs sont également honorables,<br />
quoi qu'ils fassent. Sais-tu quel est l'homme méprisable<br />
? C'est celai qui ne fait rien, c'est l'oisif. Qu'estce<br />
qu'il fait, en effet? 11 se borne à profiter du travail<br />
des autres, sans en accomplir lui-même aucun.<br />
Dis-moi à quoi il ressemble mieux, sinon, comme on<br />
le dit à la campagne, au cochon à l'engrais, auquel<br />
on apporte la mangeaille dans une auge et qui n'a<br />
rien fait pour la gagner. CHARLES BIGOT.<br />
Il me semblerait que je commets un vol, si je passais<br />
une journée sans travailler.<br />
PASTEUR.<br />
Pas de sot métier.<br />
Aimez les métiers, le mien et les vôtres.<br />
On voit bien des sots, point de sot métier,<br />
Et toute la terre est comme un chantier<br />
Où chaque métier sert à tous les autres,<br />
Et tout travailleur sert le monde entier.<br />
JEAN AICARD.<br />
Dignité et bienfaits du travail.<br />
J'ai foi dans le travail... Je ne changerais pas,<br />
quand je le pourrais, notre assujetissement aux lois<br />
physiques, à la faim, au froid, ni la nécessité de lutter<br />
continuellement avec le monde matériel. Quand je le<br />
pourrais, je ne tempérerais pas les éléments de manière<br />
qu'ils ne produisent plus en nous que des sensations<br />
agréables ; je ne rendrais pas la végétation si<br />
riche qu'elle prévînt tous nos besoins, et les métaux<br />
si ductiles qu'ils n'offrissent plus de résistance à nos<br />
forces ou à notre habileté. Un tel monde ne ferait<br />
qu'une race méprisable. L'homme doit son développement,<br />
son énergie surtout, à cette tension de la<br />
volonté, à cette lutte contre la difficulté que nous<br />
appelons effort. Un travail facile, agréable ne fait<br />
pas de robustes esprits, ne donne pas à l'homme le<br />
sentiment de sa puissance, ne le forme pas à la<br />
patience, à la persévérance, à la constance de la<br />
volonté, cette force sans laquelle tout le reste n'est<br />
rien...<br />
CHANNING. — (Œuvres sociales.)<br />
F . BUISSON.<br />
LECTURE EXPLIQUÉE OlJÉCHOT. Premier livre, Cours élémentaire " n f e d u 1 . »