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iologique, mais pas toujours. Pour les juristes, il<br />

y a d'une part la par<strong>en</strong>té, issue du li<strong>en</strong> de filiation<br />

légalem<strong>en</strong>t établi et qui <strong>en</strong>traîne des droits<br />

et des devoirs clairem<strong>en</strong>t définis par la loi (possible<br />

transmission du nom, autorité par<strong>en</strong>tale,<br />

obligation alim<strong>en</strong>taire, obligation de transmettre<br />

au moins une partie de sa succession). D'autre<br />

part, il y a la par<strong>en</strong>talité, à savoir la situation de<br />

personnes qui ne sont ni le père ni la mère d’un<br />

<strong>en</strong>fant mais assum<strong>en</strong>t à son égard des fonctions<br />

éducatives (comme un beau-par<strong>en</strong>t) ; à défaut<br />

d’être le père ou la mère, il n’a pas de droits et<br />

de devoirs <strong>en</strong>vers l’<strong>en</strong>fant car ces droits et devoirs,<br />

actuellem<strong>en</strong>t, ne découl<strong>en</strong>t que du li<strong>en</strong> de<br />

filiation. A côté de cela, se pose la question de<br />

savoir si chacun aurait le droit à connaître ses origines,<br />

sans que cela n’ait de conséqu<strong>en</strong>ces sur le<br />

li<strong>en</strong> de filiation établi. Certains pays germaniques,<br />

comme la Suisse et l’Allemagne, considèr<strong>en</strong>t que<br />

c’est le cas et ont même fait du droit à connaître<br />

ses origines génétiques un droit constitutionnel,<br />

sans li<strong>en</strong> nécessaire avec la filiation.<br />

F. : En Belgique, quelles peuv<strong>en</strong>t être les<br />

conséqu<strong>en</strong>ces de la recherche de paternité<br />

sur la filiation ?<br />

J. S. : Il faut distinguer les cas où un <strong>en</strong>fant n’a pas<br />

de filiation paternelle établie et ceux où il <strong>en</strong> a un,<br />

établi par la présomption de paternité du mari ou<br />

par une reconnaissance qui devra être contestée<br />

avant de pouvoir év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t établir une<br />

« autre » filiation fondée sur le li<strong>en</strong> biologique.<br />

Pour agir <strong>en</strong> justice pour contester une filiation,<br />

il faut remplir des conditions de recevabilité.<br />

D'abord, on a au maximum un an après la découverte<br />

du fait qu’on est le père ou que l’on n’est<br />

pas le père d’un <strong>en</strong>fant (ou que l’on n’est pas le fils<br />

ou la fille de telle personne), pour ouvrir la porte<br />

d'une action <strong>en</strong> justice. Il faut <strong>en</strong>suite que l'<strong>en</strong>fant<br />

et son père légal n'ai<strong>en</strong>t pas de possession d'état,<br />

c'est- à-dire qu'il faut qu'ils ne se soi<strong>en</strong>t pas vécus<br />

TESTS DE PATERNITÉ VERSUS EXPERTISES : OÙ EST LA LÉGALITÉ ?<br />

Lorsque le Tribunal demande une expertise, c'est dans les conditions<br />

de recevabilité qui font que le test pourrait avoir un effet sur une paternité<br />

légale. Ce test est effectué par un médecin légiste, dans des<br />

conditions qui garantiss<strong>en</strong>t la crédibilité des résultats. Ce n'est pas la<br />

même chose que des tests génétiques qui s'effectu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors des<br />

expertises judiciaires (voir les résultats de la google-équation « Test de<br />

Paternité + Belgique »).<br />

Il y a quelques années, les laboratoires officiels acceptai<strong>en</strong>t de faire des<br />

tests <strong>en</strong> dehors des expertises légales. « Ensuite, se rappelle Jehanne<br />

24<br />

comme père et fils ou fille : car on préférera ne<br />

pas remettre <strong>en</strong> question la filiation au nom d'un<br />

li<strong>en</strong> biologique. Ensuite, il faudra prouver que le<br />

père désigné légalem<strong>en</strong>t n’est pas le père biologique<br />

de l’<strong>en</strong>fant, le plus souv<strong>en</strong>t par une expertise<br />

génétique. Si c’est le père biologique qui a introduit<br />

la demande, il devra <strong>en</strong> plus prouver qu'il<br />

est le père car il va être judiciairem<strong>en</strong>t déclaré<br />

comme étant le père.<br />

F. : La Cour Constitutionnelle est-elle <strong>en</strong> train de<br />

faire évoluer ces conditions ?<br />

J. S. : En effet, <strong>en</strong> 2011, une salve d'arrêts de la<br />

Cour Constitutionnelle vi<strong>en</strong>t dire que certains<br />

aspects de ces conditions serai<strong>en</strong>t contraires à<br />

l'égalité, au respect de la vie familiale ou à l'intérêt<br />

de l'<strong>en</strong>fant. Il s'agit d'une transposition de la<br />

jurisprud<strong>en</strong>ce de la Cour Europé<strong>en</strong>ne des Droits<br />

de l'Homme de Strasbourg, qui dit dans plusieurs<br />

arrêts que, quand un li<strong>en</strong> légal ne repose ni sur un<br />

li<strong>en</strong> socio-affectif, ni sur un li<strong>en</strong> biologique, il ne<br />

peut y avoir d'obstacle absolu à la contestation<br />

d’une filiation. Ces obstacles absolus sont, chez<br />

nous, le délai-couperet d'un an ou bi<strong>en</strong> la possession<br />

d'état. La Cour Constitutionnelle belge a<br />

donc remis <strong>en</strong> question certains délais ainsi que<br />

la condition de la possession d'état. Aujourd'hui,<br />

il est difficile de définir exactem<strong>en</strong>t les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

de ces arrêts : les juges ne peuv<strong>en</strong>t plus<br />

appliquer une disposition du Code civil qui a été<br />

déclarée inconstitutionnelle mais pour autant la<br />

loi n’a pas (<strong>en</strong>core ?) été modifiée.<br />

F. : Ainsi, le li<strong>en</strong> biologique ne peut pas systématiquem<strong>en</strong>t<br />

permettre de contester une paternité.<br />

Mais peut-on imposer, au nom de ce li<strong>en</strong>, à un<br />

homme d'être père ?<br />

J. S. : Dans ma pratique, je vois ce que l’on pourrait<br />

appeler des « vols de paternité ». J'ai vu des<br />

hommes <strong>en</strong> consultation, qui me dis<strong>en</strong>t qu'une<br />

femme avec qui ils avai<strong>en</strong>t eu une relation est<br />

FILIATIO - n°6 - avril & mai 2012<br />

v<strong>en</strong>ue les trouver neuf mois plus tard pour leur<br />

dire qu'ils étai<strong>en</strong>t pères. D'un autre côté, il y a<br />

aussi des femmes qui dis<strong>en</strong>t que des hommes les<br />

ont laissé tomber p<strong>en</strong>dant leur grossesse, parfois<br />

même après avoir désiré l'<strong>en</strong>fant. Dans tous les<br />

cas, s'il n'y a pas de père légal, la femme peut imposer<br />

une paternité via une action <strong>en</strong> recherche<br />

de paternité p<strong>en</strong>dant 30 ans, ou, pour les <strong>en</strong>fants,<br />

jusqu’à l'âge de 48 ans (car le délai est susp<strong>en</strong>du<br />

durant leur minorité). Si le tribunal ordonne<br />

une expertise génétique et que la mère établit<br />

qu’il est le géniteur de l’<strong>en</strong>fant, que l'homme le<br />

veuille ou non, on établira la paternité légale, et<br />

l'homme devra payer, comme la mère, pour l'éducation,<br />

la vie quotidi<strong>en</strong>ne et les frais de santé de<br />

l'<strong>en</strong>fant à travers une p<strong>en</strong>sion alim<strong>en</strong>taire, il devra<br />

faire hériter l'<strong>en</strong>fant, etc. Ici, le li<strong>en</strong> biologique va<br />

permettre d'établir une filiation, et cela se passe<br />

parfois de manière douloureuse. A côté de cela,<br />

la loi prévoit que les donneurs de sperme ne peuv<strong>en</strong>t<br />

quant à eux jamais dev<strong>en</strong>ir des pères légalem<strong>en</strong>t<br />

des <strong>en</strong>fants qui sont nés grâce à leur don.<br />

Mais il y a un paradoxe quand certains hommes<br />

vous dis<strong>en</strong>t qu'ils considèr<strong>en</strong>t avoir été utilisés<br />

par une femme un peu comme un donneur de<br />

sperme et qu'on les force à être pères par la suite.<br />

F. : Alors selon vous, qu'est-ce qui doit fonder la<br />

filiation ?<br />

J. S. : Certains p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que c'est la volonté qui<br />

devrait fonder la filiation. Pour moi, cette démarche<br />

s'inscrit dans un mouvem<strong>en</strong>t sociologique<br />

où l'on considère que la volonté des individus<br />

doit primer : mais la volonté va et vi<strong>en</strong>t ;<br />

est-ce que des <strong>en</strong>fants peuv<strong>en</strong>t se construire<br />

ainsi ? Je crois qu'on ne peut pas dire que le<br />

biologique n'a aucune place dans la filiation,<br />

même s'il n'est pas tout.<br />

Sosson, ces personnes v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t chez nous, avocats, et nous devions<br />

leur dire parfois que nous ne pouvions ri<strong>en</strong> faire car ils ne remplissai<strong>en</strong>t<br />

pas les conditions de recevabilité pour agir <strong>en</strong> justice ». Ainsi, <strong>en</strong> Belgique,<br />

les grands laboratoires officiels n'accept<strong>en</strong>t plus de réaliser des<br />

tests ADN <strong>en</strong> dehors des expertises ordonnées par les tribunaux. En<br />

revanche, de nombreux laboratoires privés ont fleuri sur ce marché de<br />

la demande <strong>en</strong> tests ADN, et aucun article de loi ne l'interdit. Pourtant,<br />

ces petits labos rest<strong>en</strong>t discrets : ceux que nous avons contactés ont<br />

refusé de nous donner des chiffres et des indications sur les profils des<br />

personnes qui s'adressai<strong>en</strong>t à eux.

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