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80 <strong>PICUM</strong><br />
L’accès à l’hébergem<strong>en</strong>t pour les<br />
<strong>en</strong>fants non accompagnés<br />
L’accès au logem<strong>en</strong>t pour les <strong>en</strong>fants non accompagnés<br />
ne devrait <strong>en</strong> principe pas poser de problème<br />
puisque, comme nous l’avons vu dans l’introduction,<br />
ces <strong>en</strong>fants sont placés sous la responsabilité<br />
de l’Etat. De nombreuses ONG ont pourtant signalé<br />
plusieurs cas où des <strong>en</strong>fants non accompagnés<br />
étai<strong>en</strong>t de facto exclus du système de protection<br />
sociale, et se retrouvai<strong>en</strong>t dans des conditions d’exclusion<br />
sociale similaires à celles auxquelles sont<br />
confrontés les <strong>en</strong>fants <strong>sans</strong>-<strong>papiers</strong> vivant avec<br />
leurs par<strong>en</strong>ts. Dans tous les pays étudiés, on r<strong>en</strong>contre<br />
deux cas de fi gure : d’un côté les <strong>en</strong>fants non<br />
accompagnés et <strong>sans</strong>-abri, de l’autre les mineurs<br />
qui quitt<strong>en</strong>t les c<strong>en</strong>tres et se retrouv<strong>en</strong>t à nouveau<br />
à la rue.<br />
Un rapport de la Fédération Europé<strong>en</strong>ne des Associations<br />
Nationales Travaillant avec les Sans-Abri<br />
(FEANTSA) montre ainsi : « Les mineurs non accompagnés<br />
(demandeurs d’asile) <strong>en</strong> <strong>Europe</strong> sont souv<strong>en</strong>t<br />
victimes de conditions de vie précaires à travers l’abs<strong>en</strong>ce<br />
de domicile et le refus de logem<strong>en</strong>t. Ces <strong>en</strong>fants<br />
vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général de pays hors de l’UE, et sont<br />
hébergés le plus souv<strong>en</strong>t dans des auberges, ‘bed<br />
and breakfast’, familles ou foyers d’accueil. Certains<br />
rest<strong>en</strong>t dans ce g<strong>en</strong>re de logem<strong>en</strong>t temporaire plus<br />
longtemps que prévu, d’autres pass<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les<br />
mailles du système et se retrouv<strong>en</strong>t à la rue. » 98<br />
<strong>Enfants</strong> non accompagnés et hors du système<br />
d’aide sociale<br />
Peu d’informations sont disponibles sur les personnes<br />
qui viv<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors du système<br />
d’aide sociale, et les ONG interrogées pour ce<br />
projet n’ont pu apporter que de maigres élém<strong>en</strong>ts<br />
de réponse. Ces <strong>en</strong>fants sont pour la plupart des<br />
mineurs <strong>en</strong>voyés à l’étranger par leur famille, pour<br />
travailler et <strong>en</strong>voyer de l’arg<strong>en</strong>t au pays. 99 Ils ne sont<br />
<strong>en</strong> général pas connus des services sociaux, soit par<br />
choix, parce qu’ils craign<strong>en</strong>t d’être rapatriés, soit<br />
parce qu’ils ne sav<strong>en</strong>t simplem<strong>en</strong>t pas qu’ils ont un<br />
droit d’accès à un système d’aide sociale. La nature<br />
cachée et irrégulière de ce phénomène brouille<br />
<strong>en</strong>core plus les canaux d’informations disponibles<br />
sur ces <strong>en</strong>fants, mais de nombreuses ONG <strong>en</strong> ont<br />
fait m<strong>en</strong>tion.<br />
L’organisation Jeunes Errants, basée à Marseille, a<br />
estimé qu’<strong>en</strong>tre 3000 et 4000 mineurs non accompagnés<br />
étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>voyés <strong>en</strong> France chaque année<br />
depuis des pays comme la Roumanie, le Maroc, la<br />
Chine, l’Afghanistan et le Rwanda, avec pour mission<br />
de gagner de l’arg<strong>en</strong>t pour la famille. Après un tel<br />
voyage, ces <strong>en</strong>fants arriv<strong>en</strong>t, épuisés et désori<strong>en</strong>tés,<br />
à Marseille, Lyon, Paris ou Calais. Ils n’ont pas de<br />
réseau social, ne parl<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général pas le français,<br />
et dorm<strong>en</strong>t donc dans des lieux publics ou dans des<br />
squats.<br />
98 Voir Fédération Europé<strong>en</strong>ne d’Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA), Les <strong>en</strong>fants <strong>sans</strong><br />
domicile <strong>en</strong> <strong>Europe</strong> – Panorama des t<strong>en</strong>dances émerg<strong>en</strong>tes, juin 2007, p. 15 (http://feantsa.horus.be/code/FR/<br />
pg.asp?Page=757).<br />
99 Dans son rapport de 2001 pour l’Offi ce français de la Population et des Migrations (OPM), Angelina Etiemble classe les<br />
mineurs non accompagnés <strong>en</strong> cinq catégories (cette typologie a été consacrée par les chercheurs et auteurs français). Les<br />
<strong>en</strong>fants « mandatés » sont ceux qui ont été <strong>en</strong>voyés à l’étranger par leurs par<strong>en</strong>ts. Voir Étiemble A., « Quelle protection<br />
pour les mineurs isolés <strong>en</strong> France ? », Hommes et Migrations, 2004, N°1251, p. 9-22 (http://www.hommes-et-migrations.<br />
fr/articles/1251/1251.pdf).