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i8 SALLUSTE .<br />
redouter ni viole~~ce ni guerre . Il me laisse, comme vous<br />
voyez, dénué <strong>de</strong> tout, couvert d'humίliation, et réduit á me<br />
trouver plus en sûreté parto~~t ailleurs que dans ms Rtats .<br />
J'avais toujours pensé, sénateurs, et mon père me l'a souvent<br />
répété, que ceux qui cultivaient avec soin votre amitié<br />
s imposaient <strong>de</strong> pénibles <strong>de</strong>voirs, mais que d'ailleurs ils étaient<br />
á l'abri <strong>de</strong> toute espèce <strong>de</strong> danger (9) . Ma famille, autant qu'il<br />
fut en soi pouvoir, vous a servis dans toutes vos guerres ; maintenant<br />
que vous êtes e~~ paix, c'est á vous, sénateurs, á pourvoir<br />
á notre stlreté . Flous étions <strong>de</strong>ux frêres ; mon pére nous<br />
en donna un troisième dans <strong>Jugurtha</strong>, croyant nous l'attacher<br />
par ses bienfaits . L'un <strong>de</strong> nous <strong>de</strong>ux est mort assassiné ; l'autre,<br />
qui est <strong>de</strong>vant vos yeux, n'a échappé q~~'avec peine á sès mains<br />
fratrici<strong>de</strong>s . Hélas! que me reste-t-il à faire? á qui recourir <strong>de</strong><br />
préférence dans mon malheur? Tous les appuis <strong>de</strong> nia famille<br />
sont anéantis . Mon père a payé son tribut á la nature ; mon<br />
frére a succombé vict~~ne d'un parent cruel qui <strong>de</strong>vait plus<br />
qu'un autre épargner sa vie ; mes alliés, mes amis, tous mes<br />
parents enfin, ont subi chacun <strong>de</strong>s tourments divers . Prisonniers<br />
<strong>de</strong> <strong>Jugurtha</strong>, les uns ont été mis en croix, lés autres<br />
livrés aux bêtes ; quelques-uns, qu'on laisse vivre, traînent au<br />
fond <strong>de</strong> ~~oirs cachots, dans le <strong>de</strong>uil et le désespoir, une vie<br />
plus affreuse que la mort . (lua~id je conserverais encore to~~t<br />
ce que j'ai perdu, . quand mes appuis naturels ne se seraient<br />
pas tournés contre moi, si quelque malheur imprévu était<br />
venu fondre sur ma tête, ce serait encore vous que j'implorerais,<br />
sénateurs, vous á qui la majesté <strong>de</strong> votre empire fait un<br />
<strong>de</strong>voir <strong>de</strong> maintenir partout le bon droit et <strong>de</strong> réprimer l'in-<br />
eςατ~ασι ίη imperίo vestro , sιcuti viλetis, extorrem patria, domo , inopem et<br />
ρκραr~αm miserüs ε (fecit ut ulιivis tιriius quam in meo r~gn~ essenι .<br />
Ego sic esistumaham, μatres conscriμti, υ~ prcedicantem aιιdiveram patreτk<br />
meum, qui vestram amicitiam ~~lerent, cos multum laborem suscίpere ; ~etcrum<br />
ea omnibus masume tutos esse . Quod ίη familia πο~trα fιιί[, praestitίt uti<br />
in omnilιus lιellis vobis a<strong>de</strong>sset : nos υιί per otium tulï simus, in mαηυ νesira<br />
est, paires conscrίpti~Pater ηο~ dons 1'ratres reliquit; iertiιιm, Jugιιrlbam, bene -<br />
lîciίs suis ratus nobis conjunctum fore . Alter eorunι πeεα~ιι~, alterius ipse ego<br />
manus impias via effugi . Quid agam ? quo potissumuιn infulix accedam ? generis<br />
prasidίa omηia exstiιιcta sunt : parer , uti ιιe~esse erat , natura concessίt; fratrί,<br />
§uem minume <strong>de</strong>cuit, propinquus μer scelus νί~αηι eripuit : adfιnes, amicos,<br />
propinquos ceteros, alium α1ία cla<strong>de</strong>s oρpressiy capti αb <strong>Jugurtha</strong>, ραr~ ίη cru -<br />
rem acti, pars lιestüs objecti; pauci, quibus relicιa anima, clausi in lenebris, cumi<br />
maerore et luctu, morιe graviorem vitam exiguαt. Si omnia quae αυι amίsi, sut<br />
ez necessarüs advorsa fácta sunt , incolumia manerent ; tameu, si ηuid ex τmρεoιίsο<br />
accίdisset , vos implorarem , paires conscripti , gιιibus, pro magnitudine im-<br />
GIIERRE llE 3UGURTHA . 17<br />
j~~süce . Plais aujourd'hui, banni <strong>de</strong> ma patrie, <strong>de</strong> mon palais,<br />
sans suite , dépourv~~ <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> ma dignité, o>~ diriger mes<br />
pas? á qui m'adresser? á quelles nations, á quels rois, quand<br />
votre alliance Fea a tous rendus ennemis <strong>de</strong> ma famille? Sur<br />
quel rivage puis-je abor<strong>de</strong>r o~Y je ne trouve encore les marques<br />
multipliées <strong>de</strong>s hostilités qu'y portérent mes ancêtres? Est-il<br />
quelque peuple qui puisse eompat~r á mes malheurs, s 'il a jamais<br />
été votre ennemi?<br />
~ Telle est , en un mat, sénateurs, la politique que nous a<br />
enseignée ~lasinissa : rc lYe nous attacher ~z'au peupla romain,<br />
~ ne point contracter d'autres alliances, ni <strong>de</strong> nouvelles figues :<br />
~ alors nous trouverions dans votre arnit~é d'assez puissants<br />
~ appuis, ou si la fortune venait á abandonner votre empire,<br />
x c'était avec lii que nous <strong>de</strong>vons périr . » Votre vertu et la<br />
volonté <strong>de</strong>s dieux vous ont rendus puissants et heureux ; tou',<br />
vous est prospère, tout vous est sau~n~s . 11 ne vous e~~ est que<br />
plus facile <strong>de</strong> venger les injures d .e vos alliés . 7but ce que je<br />
gains, c'est que l'amitié peu éclairée <strong>de</strong> quelques c~toyenspour<br />
<strong>Jugurtha</strong> n'égare leurs intentions . J'apprends qu'ils n'épargnent<br />
ni démarches, ni sollicitations, ni importunités auprès<br />
ale chacun <strong>de</strong> Sous, pour abten~r que vous ne décidiez rien en<br />
l'absence <strong>de</strong> <strong>Jugurtha</strong>, et sans l'avoir entendu . Suivant eux,<br />
mes ~mpntationssont fausses, et ma fuite simulée -j'aurais pu<br />
<strong>de</strong>meurer dans mes États . Poissé-je, ô ciel! voir le parrici<strong>de</strong> auteur<br />
<strong>de</strong> toutes mes infortunes réduit á mentir <strong>de</strong> même! Fuissiez-vous,<br />
quelque j~~ur, vous et les dieux immortels, prendre<br />
souci <strong>de</strong>s affaires humaines ! Et cet homme s~ fier <strong>de</strong> l'élévation<br />
ρeτϋ, jus et injurias omnes curx esse <strong>de</strong>cet. 1\υηε vero, exul patria, domo, Bolus,<br />
et omnium honestarum rerum egens, quo accedam ? sut quos aλpellem? nationesαe,<br />
an reges; qui omnes familίae πο~~r~ ~b vestram amicitiam infesti ~υπ~?<br />
an quoquam adïre licet, uhi non majorum meorum lιostilia monumenta plιιrima<br />
sint ? sut quisquam nostri misereri ροίe~~, qui α1ίηυαηλο c~bis hο~ιί~ ι'οίt?<br />
! Ι'ostremα, 6ία~ίηï~ια nos ϊtα instiιuit, paires couscripti, ιιe quem colerenιus<br />
nisi popuIum romanum ; πe sociefates, ne fce<strong>de</strong>ra πονα acciρeremus ; αb~η<strong>de</strong><br />
magna pra•sidia nolιis in vestro amicitia inre : si 1ιιιίε imperio fcrιuna mutaretαr,<br />
υηα n~bis occi<strong>de</strong>nλιιm esse . ~irtute αε dis νο1eηιί1ιυ~ τιια~ηί e~ιί~ et ομυlenti<br />
; omnia seconds et olιedientia sunt : ηυο ΣαcίΙίιι~ ~οcίοrιιm ίηjαεία~ ειιrαre<br />
licet . Tantum illud vereor, ne quos pricata amicitia ίιι_~r[ίιτ parum ~~gn ils,<br />
transvorsos agat : quos ego audio mαχυπια ope niti, amlιire . Γα[ί ;αre vos siugu-<br />
Ιο~, πe gιιίλ <strong>de</strong> alιsente, ίncognita cαιι~~α, ~~α[υαG~ ; lingerc me cerlιa, fngam<br />
sίmulare ευί licuerit ίπ regno manere . Quod υ~ίηαιη ί11υm,ειήυ~ ίmpio facinore<br />
in ιια~ miserias projecίus sum, ea<strong>de</strong>m fisc simulantem viλeam! Et atignando αα~<br />
αρυd vos, αυι αριιd <strong>de</strong>os immortales, rerum hπmαηαrυm cura oriatur ! Να; i11e,<br />
qαi ηυηε sceleribus suis ferox atque ρια:ε1αrυ~ est, omαilias malis eτeruńatue,