Fonctionnalité calendaire dans les cosmogonies anciennes ... - AFEC

Fonctionnalité calendaire dans les cosmogonies anciennes
cle 19 . La découverte des inscriptions oraculaires des Shang a conduit à
établir de manière décisive que la légende des frères Xi fg et He fP par­
courant les quatre orients pour y régler le cours des saisons dans le Yao-
dian était en rapport avec le dispositif rituel des « quatre secteurs » (sifang
V3J5) voué au culte des vents et des puissances atmosphériques soumise au
contrôle du Di •$, le « Seigneur [d'En-haut] », divinité suprême de la reli­
gion Shang 20 . D'autres recoupements, tels que la filiation terminologique
existant entre le souverain Shun de la tradition historique, le nom donné au
grand ancêtre des Shang dans les inscriptions (jun $t, kui H, nao Ig) et les
fondateurs mythiques de cette dynastie dans la littérature transmise, Di Ku
^ # et Di Jun ^H|£, renforcent l'idée que la plupart des éléments qui
composent le récit du Yaodian ont leur origine dans les mythes Shang.
Comme l'a montré Sarah Allan, ce qui se présentait à l'époque Zhou
comme une histoire de la fondation du pouvoir souverain et de sa transmis­
sion de Yao à Shun sur la base de la vertu et du mérite acquis était en réali­
té le fruit d'une transformation de légendes et de mythes anciens contant
l'attribution de l'autorité royale au grand ancêtre des Shang par le Seigneur
d'En-haut 21 .
Pour l'histoire textuelle du Livre des documents, voir la présentation de
E. Shaughnessy dans M. Loewe (éd.), Early Chinese texts. A bibliographical guide,
Berkeley : Early China Spécial Monograph Séries, n° 2, 1993, p. 376-389.
Sur les inscriptions relatives au culte des vents et des quatre secteurs et leur relation
à la terminologie propre au Yaodian, mise en lumière dans les années quarante par Hu
Houxuan WlW-'È., voir S. Allan, The shape ofthe turtle. Myth, art, and cosmos in early
China, Albany : State University of New York press, 1991, p. 67-85 ; Aihe Wang,
Cosmology and political culture in early China, Cambridge : Cambridge University
press, 2000, p. 28-37. Par convention, je traduis le même terme Di par « Seigneur »
quand il s'agit du terme générique et par « souverain » quand il désigne explicitement
une figure ancestrale ou un héros légendaire.
21 Voir S. Allan, The shape ofthe turtle, p. 57-58, et p. 27-36 et 51-54 pour une discussion
sur la terminologie des ancêtres Shang dans les inscriptions oraculaires et les textes
transmis.
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