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J. R. R. TOLKIEN LE SEIGNEUR DES ANNEAUX La Communauté ...

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Le seigneur des anneaux<br />

PREMIERE PARTIE<br />

<strong>La</strong> communauté de l’anneau<br />

Livre I<br />

CHAPITRE DEUX<br />

L'OMBRE DU PASSÉ<br />

Page 29 sur 211<br />

mouillés. II s'en étonna, car il avait presque oublié le soleil. Alors, pour la dernière fois, il leva le regard et le<br />

menaça du poing.<br />

«Mais, comme il baissait les yeux, il vit loin devant lui les sommets des Monts Brumeux, d'où descendait la<br />

rivière. Et il pensa soudain: "Il doit faire frais et ombreux sous ces montagnes. Là, le soleil ne pourrait m'observer.<br />

Les racines de ces montagnes doivent être des vraies racines, il doit y avoir là des grands secrets enterrés qui n'ont<br />

jamais été découverts depuis l'origine»<br />

«Il monta donc de nuit jusqu'aux hautes terres, et il trouva une petite caverne d'où coulait la sombre rivière,<br />

et il se glissa comme un ver dans le cœur des montagnes et disparut de la connaissance de quiconque. L'Anneau<br />

descendit avec lui dans les ombres, et même celui qui l'avait fabriqué, quand son pouvoir eut commencé de<br />

décliner, ne put rien en savoir»<br />

- Gollum ! S’écria Frodo, Gollum? Voulez vous dire que c'est la même créature Gollum qu'a rencontrée<br />

Bilbo? Quelle horreur!<br />

- Je pense que c'est une triste histoire, dit le magicien, et elle aurait pu arriver à d'autres, et même à certains<br />

Hobbits que j'ai connus.<br />

- Je ne peux pas croire que Gollum fût apparenté avec les Hobbits, de si loin que ce soit, s'écria Frodo avec<br />

quelque chaleur. Quelle idée abominable!<br />

- Ce n'en est pas moins vrai, répliqua Gandalf. Sur les origines des Hobbits, en tout cas, j'en sais plus long<br />

qu'eux-mêmes. Et même l'histoire de Bilbo suggère la parenté. II y avait bien des choses très semblables dans le<br />

fond de leurs pensées et de leurs souvenirs. Ils se comprirent remarquablement bien, bien mieux qu'un Hobbit ne<br />

comprendrait, mettons, un Nain, un Orque ou même un Elfe. Pensez aux énigmes qu'ils connaissaient l'un et l'autre,<br />

pour commencer.<br />

- Oui, dit Frodo. Encore que, d'autres que les Hobbits posent des énigmes, et d'un genre assez semblable. Et<br />

les Hobbits ne trichent pas. Gollum avait tout du long l'intention de tricher. Il essayait simplement d'endormir la<br />

vigilance du pauvre Bilbo. Et sans doute cela amusait-il sa méchanceté de commencer un jeu de nature à lui fournir<br />

une victime facile qui, en cas de défaite, ne pourrait lui faire aucun mal.<br />

- Ce n'est que trop vrai, je le crains, dit Gandalf. Mais il y avait autre chose, je crois, qui vous échappe<br />

encore. Même Gollum ne fut pas entièrement ruiné. Il s'était révélé plus résistant que l'un des Sages mêmes ne<br />

l'aurait deviné comme l'aurait pu un Hobbit. Il y avait un petit coin de son esprit qui lui appartenait encore, et la<br />

lumière vint par-là, comme par un interstice dans les ténèbres: une lumière venue du passé. Il lui fut en réalité<br />

agréable, je présume, d'entendre à nouveau une bonne voix, qui faisait surgir des souvenirs de vent, d'arbres, de<br />

soleil sur l'herbe et de pareilles choses oubliées.<br />

Mais cela, naturellement, ne ferait qu'irriter davantage en fin de compte le mauvais de lui-même à moins qu'il<br />

ne pût être dominé. A moins qu'il ne pût être guéri (Gandalf soupira): Il y a peu d'espoir de cela pour lui, hélas! Et<br />

pourtant pas nul espoir. Non, même s'il posséda l'Anneau si longtemps, presque de temps immémorial pour lui. Car<br />

il y avait longtemps qu'il ne l'avait beaucoup porté: dans la ténébreuse obscurité, il en était rarement besoin. Il ne<br />

s'était certainement jamais évanoui»<br />

Il est encore mince et solide. Mais la chose lui rongeait l'esprit, naturellement, et le tourment était devenu<br />

presque insupportable.<br />

«Tous les "grands secrets" de sous les montagnes s'étaient révélés n'être que nuit vide: il n'y avait rien de plus<br />

à découvrir, rien qu'il valût la peine de faire, uniquement de mauvais et furtifs repas et des souvenirs pleins de<br />

ressentiment. Il était totalement misérable. Il avait horreur des ténèbres et il détestait encore davantage la lumière, il<br />

haïssait tout, et l'Anneau plus que toute autre chose.<br />

- Que voulez vous dire? Demanda Frodo. Assurément, l'Anneau était son trésor et la seule chose dont il se<br />

souciât? Mais s'il le détestait, pourquoi ne s'en est-il pas débarrassé, ou pourquoi n'est-il pas parti, le laissant là?<br />

- Vous devriez commencer à comprendre, Frodo, après tout ce que vous avez entendu, répondit Gandalf. Il le<br />

détestait et il l'aimait, comme il détestait et aimait sa propre personne. Il ne pouvait s'en débarrasser. Il n'avait plus<br />

aucune volonté en la matière.<br />

«Un Anneau de Pouvoir a soin de lui-même, Frodo. Il peut glisser traîtreusement du doigt, mais son gardien<br />

ne l'abandonne jamais. Tout au plus joue t’il avec l'idée de le repasser aux soins de quelqu'un d'autre et cela<br />

seulement de bonne heure, quand l'Anneau commence à avoir prise. Mais, pour autant que je sache, seul dans<br />

l'histoire Bilbo a dépassé le stade du jeu et a vraiment agi. Il lui a fallu toute mon aide, d'ailleurs. Et même ainsi, il<br />

n'y aurait jamais renoncé ou ne s'en serait jamais défait. Ce n'était pas Gollum, Frodo, mais l'Anneau lui-même qui<br />

décidait des choses. C'est l'anneau qui l'a quitté, lui.<br />

- Comment! Juste à temps pour rencontrer Bilbo? Dit Frodo. Un Orque ne lui eût-il pas mieux convenu?

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