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J. R. R. TOLKIEN LE SEIGNEUR DES ANNEAUX La Communauté ...

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CHAPITRE QUATRE<br />

UN RACCOURCI VERS <strong>LE</strong>S CHAMPIGNONS<br />

Au matin, Frodo se réveilla tout dispos. II était couché dans un berceau formé par un arbre vivant aux<br />

branches entrelacées qui pendaient jusqu'à terre, son lit était de fougère et d'herbe, profond, doux et étrangement<br />

odorant. Le soleil brillait à travers les feuilles frémissantes. Il se leva d'un bond et sortit.<br />

Sam était assis sur l'herbe à l'orée du bois. Pippin, debout, étudiait le ciel et le temps. II n'y avait<br />

aucune trace des Elfes.<br />

- Ils nous ont laissé des fruits, de la boisson et du pain, dit Pippin. Viens déjeuner. Le pain est presque aussi<br />

bon qu'hier soir. Je ne voulais pas t'en laisser, mais Sam a insisté.<br />

Frodo s'assit à côté de Sam et commença à manger.<br />

- Quel est le programme pour aujourd'hui? Demanda Pippin.<br />

- Marcher jusqu'à Châteaubouc aussi vite que possible, répondit Frodo et il reporta son attention sur la<br />

nourriture.<br />

- Crois-tu que nous verrons quelque chose de ces Cavaliers? demanda gaiement Pippin. (Au soleil du matin,<br />

la perspective d'en voir toute une troupe ne lui paraissait pas très alarmante.)<br />

- Oui, sans doute, répondit Frodo, qui n'aimait guère ce souvenir. Mais j'espère arriver de l'autre côté de la<br />

rivière sans qu'ils nous voient.<br />

- As-tu tiré quelque chose de Gildor à leur sujet?<br />

- Pas grand chose seulement des allusions et des énigmes, dit Frodo évasivement.<br />

- L'as-tu interrogé sur le humage?<br />

- Nous n'en avons pas parlé, dit Frodo, la bouche pleine.<br />

- Vous auriez dû. Je suis sûr que c'est très important.<br />

- Dans ce cas, je suis sûr que Gildor aurait refusé de l'expliquer, dit Frodo avec brusquerie. Et maintenant<br />

laisse-moi un peu la paix! Je n'ai pas envie de répondre à une kyrielle de questions pendant que je mange. Je veux<br />

penser!<br />

- Seigneur! dit Pippin. Au petit déjeuner?<br />

Il s'écarta vers l'extrémité de la prairie.<br />

Dans l'esprit de Frodo, la claire matinée traîtreusement claire, pensait-il n'avait pas changé la crainte de<br />

poursuite, et il réfléchissait aux paroles de Gildor. <strong>La</strong> voix joyeuse de Pippin parvint jusqu'à lui. II courait en<br />

chantant sur le gazon.<br />

«Non, je ne pourrais pas, se dit Frodo. Une chose est d'emmener mes jeunes amis se promener avec moi dans<br />

la Comté jusqu'à ce que nous ayons faim, que nous soyons fatigués et que la nourriture et le lit soient doux. Les<br />

emmener en exil où la faim et la fatigue pourraient être sans remède, en est une tout autre même s'ils sont<br />

volontaires pour venir. L'héritage est à moi seul. Je ne crois pas que je devrais même emmener Sam»<br />

II regarda Sam Gamegie et s'aperçut que celui ci l'observait. Alors, Sam! dit-il. Qu'en penses-tu? Je vais<br />

quitter la Comté aussi vite que possible en fait, je suis décidé maintenant à ne pas même attendre un jour au<br />

Creux-de-Crique si je peux l'éviter.<br />

- Bien, monsieur!<br />

- Tu veux toujours venir avec moi?<br />

- Oui.<br />

- Cela va être très dangereux, Sam. Ce l'est déjà. II est très probable qu'aucun de nous n'en reviendra.<br />

- Si vous ne revenez pas, monsieur, moi non plus, ça c'est certain, dit Sam.<br />

- «Ne le quitte pas! qu'ils m'ont dit. Le quitter! que j'ai dit. Je n'en ai pas la moindre intention. Je vais avec<br />

lui-même s'il grimpe à la lune, et si jamais un de ces Cavaliers Noirs cherche à l'arrêter, ils auront à compter avec<br />

Sam Gamegie, que j'ai dit. Ils ont ri.<br />

- Qui cela ils, et de quoi parles-tu?<br />

- Les Elfes, monsieur. On a bavardé hier soir, et ils paraissaient savoir que vous partiez, alors je n'ai pas vu<br />

la nécessité de le nier. Des gens merveilleux, les Elfes, monsieur! Merveilleux!<br />

- C'est bien vrai, dit Frodo. Tu les aimes toujours, maintenant que tu les as vus de plus près?<br />

- Ils semblent être un peu au-dessus de mes sympathies ou de mes antipathies, pour ainsi dire, répondit<br />

lentement Sam. Ce que je pense d'eux a l'air d'importer peu. Ils sont tout à fait différents de ce à quoi je m'attendais<br />

si vieux et si jeunes, et si gais et si tristes, pourrait-on dire.<br />

Frodo regarda Sam avec étonnement, s'attendant presque à voir quelque signe extérieur du curieux<br />

changement qui semblait s'être emparé de lui. Cela ne sonnait pas comme la voix de l'ancien Sam Gamegie, assis<br />

là, mais cela ressemblait à l'ancien Sam Gamegie, hormis une expression inhabituellement pensive.<br />

- Vois-tu la nécessité de quitter la Comté maintenant maintenant que ton désir de les voir s'est déjà réalisé?<br />

demanda t’il.<br />

- Oui, monsieur. Je ne sais comment l'exprimer, mais après cette nuit, je me sens différent. II me semble voir<br />

devant moi, en quelque sorte. Je sais que nous allons suivre une très longue route, jusque dans l'obscurité, mais je<br />

ne peux pas retourner. Ce n'est plus pour voir des Elfes, ni des dragons, ni des montagnes que je veux... je ne sais

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