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Quartett par Heiner Müller - Odéon Théâtre de l'Europe

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› <strong>Quartett</strong>, la pièce<br />

«nuit <strong>de</strong>s corps». Cette abjection, qu’elle a fuie en la mettant systématiquement en oeuvre, ne libère-t-elle pas la<br />

seule violence capable d’«ouvrir son coeur» ? Comme <strong>de</strong> bien entendu, l’aveu <strong>de</strong> la marquise survient donc après<br />

une métaphore mêlant la pulsion sexuelle à sa dimension mortifère (celle où le rut sans visage et l’arrachement <strong>de</strong><br />

la soie <strong>de</strong>s cuisses sont com<strong>par</strong>és à l’impact <strong>de</strong> la terre sur un cercueil).<br />

(...)<br />

L’Autre<br />

<strong>Müller</strong> ne cesse ainsi d’entrelar<strong>de</strong>r les désespoirs <strong>de</strong> celui pour qui le mon<strong>de</strong> re<strong>de</strong>vient ce qu’il était et <strong>de</strong> ceux pour<br />

lesquels il n’a <strong>de</strong> consistance que dans un futur hypothétique. Entretemps le présent s’échappe et se remplit <strong>de</strong><br />

cadavres dont on perd le sens. La liberté ne serait-elle qu’une «putain» com<strong>par</strong>able à ce qu’est la trahison pour le<br />

possédant ? Et n’accouche-t-elle que d’un «bateau mort dans le ressac du nouveau siècle» ? L’auteur, qui fait dire à<br />

l’ange du désespoir qu’il est «le couteau avec lequel le mort force son cercueil», est aussi celui qui a désigné la mort<br />

comme le masque <strong>de</strong> la révolution – et réciproquement. De la sorte, il n’a peut-être fait qu’insister sur l’Autre qui<br />

travaille tous nos actes et que la raison a cru bon <strong>de</strong> refouler. <strong>Müller</strong>, lui, le désigne. Cette plaie béante, il se gar<strong>de</strong><br />

bien <strong>de</strong> la refermer, sans s’appesantir pour autant sur sa contemplation. D’où ce style resserré et abrupt qui convient<br />

à «<strong>de</strong>s textes solitaires en attente d’histoire», bien décidés à ne concé<strong>de</strong>r aucun clin d’œil au public.<br />

Un fragment du texte dit qu’«un jour, l’Autre viendra à sa rencontre, antipo<strong>de</strong>, le double avec son visage <strong>de</strong> neige».<br />

II ajoute que «l’un (d’eux) survivra». Il ne précise pas lequel. La Mission se termine sur le triomphe <strong>de</strong> la trahison ;<br />

et <strong>Quartett</strong> sur la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la marquise <strong>par</strong>mi l’amoncellement <strong>de</strong>s cadavres et <strong>de</strong>s masques <strong>de</strong> ses figurines<br />

érotiques... La mort, refoulée <strong>par</strong> la raison, n’a quant à elle cessé <strong>de</strong> démasquer ces illusions tout au long <strong>de</strong> la pièce.<br />

Elle l’a fait d’autant plus aisément que le spectacle proposé se jouait à ri<strong>de</strong>aux ouverts, dans le redoublement <strong>de</strong> la<br />

re-présentation.<br />

<strong>Quartett</strong> / 28 sept. › 2 déc. 06<br />

Marc Quaghebeur<br />

... / ...<br />

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