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Catalogue - Institut National d'Histoire de l'Art

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Plats d’argent dits « bouclier <strong>de</strong> Scipion »<br />

et « bouclier d’Hannibal »<br />

par irène Aghion et AriAnnA eSpoSito<br />

Le Cabinet <strong>de</strong>s médailles conserve cinq grands plats d’argent datant <strong>de</strong> l’Antiquité<br />

tardive, dont <strong>de</strong>ux découverts fortuitement dans la vallée du Rhône, à la<br />

fin du xvii e siècle pour le premier, et au début du xviii e pour le second. Il s’agit,<br />

d’une part, du « plat d’Achille » ou « bouclier <strong>de</strong> Scipion », plateau d’argent en<br />

partie doré, <strong>de</strong> 71 cm <strong>de</strong> diamètre et d’un poids supérieur à dix kilos ; d’autre<br />

part, du « bouclier d’Hannibal » dont le diamètre est légèrement supérieur (72,<br />

9 cm) et le poids à peine inférieur 1 .<br />

Le dossier <strong>de</strong> l’acquisition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pièces est conservé dans les archives<br />

du Cabinet <strong>de</strong>s médailles 2 : mémoire <strong>de</strong> Gros <strong>de</strong> Boze rédigé à l’intention <strong>de</strong><br />

l’abbé Bignon, relatant l’achat du « bouclier <strong>de</strong> Scipion » par Louis XIV en<br />

1696-1697 ; lettre <strong>de</strong> Gros <strong>de</strong> Boze au comte <strong>de</strong> Maurepas, ministre <strong>de</strong> la<br />

Marine et <strong>de</strong> la Maison du Roi, et réponse <strong>de</strong> Maurepas confirmant l’achat du<br />

« bouclier d’Hannibal ».<br />

Au moment où il envisage l’achat du « bouclier <strong>de</strong> Scipion »,<br />

Gros <strong>de</strong> Boze adresse un mémoire à l’abbé Bignon au sujet du missorium figurant<br />

déjà dans la collection du roi : « Voici pour ce que je sais par tradition et<br />

par mémoire sur le bouclier <strong>de</strong> Scipion qui est au Cabinet du roi ». Il raconte<br />

qu’en 1636, <strong>de</strong>s pêcheurs d’Avignon retrouvèrent par hasard dans le Rhône<br />

un grand plat recouvert <strong>de</strong> concrétions qui en cachaient le décor et le matériau.<br />

L’objet fut alors vendu à un orfèvre au prix d’une pièce <strong>de</strong> ferraille. Le<br />

nouveau propriétaire « l’ayant nettoyé et repoli, n’osa le produire en entier,<br />

il le coupa en quatre morceaux et les envoya à autant <strong>de</strong> correspondants <strong>de</strong><br />

diverses villes ». Un <strong>de</strong>s morceaux avait été envoyé à Ottavio Mey, négociant<br />

lyonnais, qui <strong>de</strong>vait sa fortune à l’invention d’un procédé pour lustrer la soie.<br />

Il s’était constitué un riche cabinet <strong>de</strong> curiosa et d’antiquités : c’est lui qui fit<br />

l’acquisition <strong>de</strong>s quatre morceaux du « bouclier <strong>de</strong> Scipion » puis les ressouda.<br />

Le père jésuite François d’Aix <strong>de</strong> La Chaise, le confesseur du roi, servit<br />

d’intermédiaire auprès <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, lorsque les héritiers d’Ottavio Mey (mort<br />

en 1690) cherchèrent à revendre la pièce, dont Gros <strong>de</strong> Boze précise « qu’on<br />

[la] qualifiait alors <strong>de</strong> médaillon » ! Louis XIV accepta l’offre, fit remettre<br />

5 000 livres en espèces et gratifia le fils aîné du défunt <strong>de</strong> la charge héréditaire<br />

<strong>de</strong> « porte-manteau <strong>de</strong> Madame la Dauphine, alors duchesse <strong>de</strong> Bourgogne »,<br />

situation en général peu rémunérée mais très honorifique. Gros <strong>de</strong> Boze compare<br />

ensuite les poids et dimensions du « bouclier <strong>de</strong> Scipion » avec ceux <strong>de</strong> la<br />

trouvaille plus récente.<br />

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