Le Petit Pointilleux
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ŕ Et regardez : il y a du talc, aussi, dit Klaus, rouvrant le<br />
coffret de maquillage. On va pouvoir se faire des cheveux<br />
blancs.<br />
ŕ Vous croyez qu’Olaf s’apercevra qu’il manque des choses<br />
dans son coffre ? s’inquiéta soudain Violette.<br />
ŕ M’étonnerait. Tu as vu ce souk ? Et des costumes, il en a<br />
tant ! Parions qu’il ne les connaît même pas tous. À mon avis,<br />
on peut lui piquer un déguisement sans qu’il s’aperçoive de rien.<br />
ŕ Bibi ? s’enquit Prunille ; autrement dit : « Et moi ? »<br />
ŕ Hum, réfléchit Violette à voix haute. Tous ces costumes<br />
sont en taille adulte, mais je suis sûre qu’on va te trouver<br />
quelque chose. Tu pourrais peut-être te caser dans un de ces<br />
grands croquenots, tu serais un monstre avec seulement une<br />
tête et un pied…<br />
ŕ Chlich ! coupa Prunille ; ce qui signifiait à peu près : « Tu<br />
plaisantes ? Je suis bien trop grosse pour rentrer dans une<br />
chaussure ! »<br />
ŕ C’est vrai, reconnut Klaus. Te fourrer dans une chaussure,<br />
c’était bon quand tu étais petite.<br />
Il plongea la main dans le coffre et en sortit quelque chose<br />
d’assez court et très poilu, à croire qu’il venait d’attraper un<br />
raton-laveur.<br />
ŕ Et ça, c’est quoi ? dit-il, palpant la chose. Une fausse<br />
barbe, on dirait bien. Vu le format, elle devrait convenir pour un<br />
déguisement de petite taille. Voyons voir.<br />
ŕ Oui, dit Violette, mais surtout, voyons vite.<br />
<strong>Le</strong>s trois enfants virent voir et virent vite. Cinq minutes plus<br />
tard, ils s’étaient changés en êtres entièrement nouveaux.<br />
Bien évidemment, dans leurs jeunes vies, ils s’étaient déjà<br />
déguisés. Pas plus tard que le matin même, Klaus et Prunille<br />
avaient enfilé des blouses blanches pour voler au secours de<br />
Violette, et tous trois avaient le souvenir de joyeuses séances de<br />
déguisements dans la demeure familiale, du vivant de leurs<br />
parents. Mais ces fois-là, c’était pour rire. Cette fois-ci, c’était<br />
différent. Et enfiler des tenues appartenant à l’ennemi aggravait<br />
encore les choses. Oui, cette fois, ils se sentaient presque<br />
comme le comte Olaf et sa bande, tandis qu’en silence et en hâte<br />
ils effaçaient méthodiquement toute trace de leur identité réelle.<br />
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